Les lèvres mensongères font horreur à l'Éternel, tandis que ceux qui agissent avec fidélité lui sont agréables. Proverbes 12:22 «C'est ce qui sort de l'homme qui le rend impur. En effet, c'est de l’intérieur, c'est du cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées, les adultères, l'immoralité sexuelle, les meurtres, les vols, la soif de posséder, les méchancetés, la fraude, la débauche, le regard envieux, la calomnie, l'orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et rendent l'homme impur.» Marc 7:20-23 Un témoin fidèle ne ment pas, tandis qu’un faux témoin dit des mensonges. Proverbes 14:5 « Vous, vous avez pour père le diable et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement et il ne s'est pas tenu dans la vérité parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, il parle de son propre fond, car il est menteur et le père du mensonge. » Jean 8:44 Si les paroles distinguées ne conviennent pas à un fou, les paroles mensongères conviennent d’autant moins à un noble. Proverbes 17:7 « Écarte de ta bouche la fausseté, éloigne de tes lèvres les détours ! Proverbes 4:24 Craindre l'Éternel, c'est détester le mal. L'arrogance, l'orgueil, la voie du mal et la bouche perverse, voilà ce que je déteste. » Proverbes 8:13 « Pierre lui dit : «Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, au point que tu aies menti au Saint-Esprit et gardé une partie du prix du champ? […] Comment as-tu pu former dans ton cœur un projet pareil? Ce n'est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu.»Actes 5:3-4Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les enchanteurs, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l'étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort.Apocalypse 21.8
Affichage des articles dont le libellé est P. Cyprien Kern. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est P. Cyprien Kern. Afficher tous les articles

jeudi 16 janvier 2014

L'ORTHODOXIE, CETTE INCONNUE [1] par Père André BORRELY

Introduction

 Je ne suis qu'un pygmée juché sur les épaules d'un géant. Mes pauvres paroles ne mériteront votre attention que si elles sont en continuité ininterrompue á travers le temps avec un homme de feu, un père spirituel de premier ordre originaire du Qatar, qui vécut vers le milieu du 7ème siècle, sur la côte occidentale du Golfe Persique. Sacré évêque de Ninive, il renonça à l'épiscopat au bout de 5 mois, préférant aller expérimenter la folie de l'Évangile dans la solitude des montagnes, en plein silence, en plein amour. Ce géant de l'anachοrèse, c'est St Isaac le Syrien. Il me recommande : « Ne transmets à personne ce que tu n'as pas encore compris afin de n’être pas confondu : ton enseignement comparé à ta vie découvrirait ta fraude. » Pour Isaac, comprendre ne signifie pas saisir intellectuellement et demeurer à l'extérieur de ce que l'on prétend connaitre en jonglant avec les concepts comme avec autant de balles de tennis. Pour cet exercice, les vieux professeurs ne se défendent pas trop mal puisque ce fut leur métier d'enseigner á leurs élèves á disserter sur toutes choses, notamment sur celles dont ils sont encore loin d'avoir l'expérience. L'essentiel est que "ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement" (2). Au contraire, pour l'Abbé Isaac, connaître c'est aimer, c'est pénétrer grâce à l'amour.

P. Basile Gοndikakis(3) a pu écrire à son sujet : « Il ne dit rien qui n'ait passé en lui sans qu'il en ait souffert. » C'est le sens du verbe hébreu iada qui évoque les rapports conjugaux et l'idée de pénétration. Pour l'Abbé Isaac, comme pour toute la Tradition orthodoxe, il s'agit non de concevoir, de forger des concepts, mais de recevoir et de sentir. Évagre identifie la théologie et la prière. I1 écrit : « Si tu pries vraiment tu es théologien, et si tu es théologien tu pries vraiment. » De même, le P. Cyprien Kern aimait à définir la chorale de l'église comme une chaire de théologie. On ne cherche pas à démontrer more geometrico, à la manière des mathématiciens, car, dit St Grégoire Palamas : « Toute parole peut contester une autre parole, mais quelle parole peut contester la vie? »

 Dans l'Orthodoxie, le mot théologie n'évoque pas principalement une spécialité scientifique ayant l'ambition d'effectuer l'inventaire du dogme en ayant la prétention de l'enrichir par la spéculation intellectuelle et en le prolongeant rationnellement.

La théologie n'est pas une science, si l'on songe à un effort intellectuel pour construire une synthèse rationnelle du dogme. Le plus grand théologien du Moyen-­Age byzantin, St Grégoire Palamas, n'a pas cherché à édifier un système théologique. Pour l'Abbé Isaac, tout le christianisme s'effondre si l'on cesse de mettre en relation avec l'amour n'importe quelle partie de la vision chrétienne de l'homme.

Si nombre de nos contemporains en sont arńvés à haïr le christianisme, si Gott ist tot comme dit Nietzsche, si Dieu est mort, c'est peut-être parce que tous ces gens dressent le constat que rien de ce dont les chrétiens ont la prétention de témoigner en fait d'expérience religieuse ne fait apparaître un Dieu qui diviniserait l'homme. Il n'y a peut-être pas d'athées mais seulement des agnostiques auxquels il est donné de ne côtoyer que l'incroyance de ceux qui se disent croyants, des croyants non divinisés, qui croient croire et ne manifestent que leur ïncapacité, par manque d'amour, à acquérir le saint Esprit. [à suivre]

(Conférence [retranscrite dans le n°151 de la revue Orthodoxes à Marseille]  de P André Borrély, le 15 novembre 2013, à la Médiathèque municipale de Sanary-sur-mer. 83110 (rue Robert Schumanπ). Le titre est évidemment une réminiscence du livre d'Alexis Carrcl, L'homme, cet inconnu, paru en 1935 dont je ne retiens que le titre, ne partageant nullement la vision de l'homme et du monde exposée par l'Auteur, notamment 1'eugénisme.)
1. Boileau; L'art poétique. Chant I. 
2. Introduction aux Œuvres spirituelles d'Isaac le Syrien. Desclée de Brouwer, 1981.

dimanche 9 janvier 2011

L'altérité orthodoxe [3] VS dualisme et juridisme par Père André Borrely

P.André Borrelly
"Dans la lettre qu'ils adressèrent au pape Pie IX en 1848, les Patriarches orientaux écrivaient : «Chez nous, des innovations n'ont pu être introduites ni par les patriarches ni par les conciles, car le protecteur de la religion consiste dans le corps entier de l'Eglise, c'est-à-dire dans le peuple lui-même qui veut conserver intacte sa foi.» Les patriarches voulaient dire que tout laïc a reçu, à son baptême, le sacerdoce royal et prophétique, l'onction chrismale de l'Esprit, et donc que tout laïc est le gardien responsable du dépôt de la foi, de l'expression de la vérité de l'Eglise. Si les évêques ont pour mission de proclamer la vérité ecclésiale, les laïcs, eux, ont pour vocation de recevoir dans une démarche de liberté cette Vérité qui n'est pas quelque chose mais quelqu'un, à savoir le Ressuscité, lequel ne saurait demeurer pour les chrétiens une réalité extérieure qui leur serait assénée par le Magistère. Dans la proclamation épiscopale de la vérité de l'Eglise, tout fidèle doit pouvoir reconnaître la vérité existentielle dont il vit, pétri de grandes expériences.
Nous pouvons indéfiniment nous opposer sur la question de savoir si l'on peut recourir aux concepts de la philosophie aristotélicienne pour expliquer grâce à la théorie de la transsubstantiation le mystère eucharistique, ou bien si, à la fin de la sainte Cène, ce qui reste de pain peut être jeté à la basse-cour. Mais on peut adopter l'attitude de la théologie comprise comme l'envers silencieux de la raison raisonnante, comme intériorisation ascétique, orante et contemplative de l'expérience liturgique. On sera alors amené à faire ce que j'ai fait dans mon église : j'ai placé sur l'autel un carton sur lequel j'ai recopié cette phrase de saint Syméon le Nouveau Théologien: « Frère, ne communie jamais sans verser des larmes. »
Un prêtre de l'émigration russe à Paris, le P. Cyprien Kern avait eu la formule suivante : « La chorale de l'église est une chaire de théologie. » Dans 1'hymnographie liturgique de l'office byzantin, il y a une cohésion organique, mais ce n'est pas un système rationnel. Si, par exemple, vous voulez connaître la doctrine orthodoxe concernant la Mère de Dieu, plutôt que de vous plonger dans des manuels, allez donc à l'église chaque vendredi soir du Grand Carême et suivez l'office dit de l'Acathiste. Dans ses Chapitres sur la prière, Évagre le Pontique écrit : « Si tu es théologien, tu prieras vraiment, et si tu pries vraiment, tu es théologien. » Durant quatre siècles, sous la domination ottomane, les chrétiens étaient mis à mort s'ils étaient soupçonnés d'avoir joué un rôle dans la conversion d'un musulman au Christ : on suréleva donc les fenêtres de sorte que rien ne fût visible ni audible de l'extérieur. Il en fut de même en URSS. En 1996, j'ai entendu le Recteur de l'église de la Dormition, à Kassimov, évoquer la douce mémoire de son père, prêtre mort au Goulag, et comment on célébrait en ce temps-là la nuit de Pâques à voix basse pour ne pas attirer l'attention de la police. C'était l'époque où il était interdit de catéchiser les enfants, alors que l'Etat enseignait dogmatiquement l'athéisme. Et bien, que ce soit dans l'empire ottoman ou en URSS, c'est par la puissance festive et résurrectionnelle de la liturgie, c'est par la chaire de théologie de la chorale paroissiale, que la foi orthodoxe a survécu.
Vladimir Lossky a qualifié la théologie orthodoxe de théologie mystique. C'est exactement le sens du mot théologien quand on appelle saint Syméon le Nouveau Théologien ; c'est comme si on disait : le Nouveau Mystique. Mais ici encore les mots sont piégés. De même qu'il ne faut pas penser à science en parlant de théologie, mais plutôt à prière, célébration liturgique, sagesse, amour de la beauté divine et de la Lumière incréée, de même, mystique ne signifie pas ici un état d'oraison déterminé selon la classification de Thérèse d'Avila. La théologie mystique dont il s'agit est le bouillonnement et le jaillissement de l'expérience que l'Eglise ne cesse de faire du Mystère chrétien. C'est une théologie vécue et vivifiante. La pensée qui la constitue est une pensée en fusion et dynamique, une connaissance vitale, expérimentée et cherchant à se communiquer par le symbole qui évoque, l’icône qui nous parle d'une humanité déifiée et transfigurée, la poésie qui ne conceptualise pas mais évoque, suggère, le chant qui unit le beau et le vrai en une synthèse qui s'adresse à l'homme pris dans son intégralité et non point comme s'il n'était qu'intellect pur ou pure affectivité. Cette théologie est mystique dans la mesure où elle est expérience du Mystère.
Elle exclut deux comportements hélas fort répandus : le dualisme et le juridisme. Le dualisme est responsable d'une multitude de déchirures que l'œcuménisme est jusqu'ici impuissant à raccommoder. Si les chrétiens sont désunis, c'est bien parce qu'ils ont introduit la division entre la sainte Écriture et la Tradition, entre la parole et les rites sacramentels, entre les clercs et les laïcs, entre l'autorité et la liberté, entre la foi et les œuvres, entre le corps et l'âme, entre la pensée et la vie, entre la connaissance et l'amour, entre la foi et la raison, entre la philosophie et la théologie, entre les réalités spirituelles et les choses sensibles, entre la contemplation et l'action, entre la nature et la personne, entre la nature et la grâce, ou entre la nature et le surnaturel. Et ce dualisme paraît s'être prolongé dans la société déchristianisée avec la théorie marxiste de la lutte des bourgeois et des prolétaires. Je me demande même parfois s'il n'y a pas quelque chose de cela dans un certain féminisme." (à suivre)