Les lèvres mensongères font horreur à l'Éternel, tandis que ceux qui agissent avec fidélité lui sont agréables. Proverbes 12:22 «C'est ce qui sort de l'homme qui le rend impur. En effet, c'est de l’intérieur, c'est du cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées, les adultères, l'immoralité sexuelle, les meurtres, les vols, la soif de posséder, les méchancetés, la fraude, la débauche, le regard envieux, la calomnie, l'orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et rendent l'homme impur.» Marc 7:20-23 Un témoin fidèle ne ment pas, tandis qu’un faux témoin dit des mensonges. Proverbes 14:5 « Vous, vous avez pour père le diable et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement et il ne s'est pas tenu dans la vérité parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, il parle de son propre fond, car il est menteur et le père du mensonge. » Jean 8:44 Si les paroles distinguées ne conviennent pas à un fou, les paroles mensongères conviennent d’autant moins à un noble. Proverbes 17:7 « Écarte de ta bouche la fausseté, éloigne de tes lèvres les détours ! Proverbes 4:24 Craindre l'Éternel, c'est détester le mal. L'arrogance, l'orgueil, la voie du mal et la bouche perverse, voilà ce que je déteste. » Proverbes 8:13 « Pierre lui dit : «Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, au point que tu aies menti au Saint-Esprit et gardé une partie du prix du champ? […] Comment as-tu pu former dans ton cœur un projet pareil? Ce n'est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu.»Actes 5:3-4Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les enchanteurs, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l'étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort.Apocalypse 21.8
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lundi 8 avril 2024

L'enseignement de l'oraison mentale pour tous de notre saint Père St Grégoire Palamas

"Seigneur éclaire mes ténèbres"

 Il faut savoir que le calme, l'oraison mentale ne s'adresse pas seulement aux ascètes mais aussi à tous les chrétiens, et c'est ce que nous a enseigné saint Grégoire. Alors qu'il parlait un jour à un geronda, simple, gentil mais opposé à la position de saint Grégoire selon laquelle tout le monde devrait prier mentalement, ce vieil homme a dit que les gens dans le monde ne peuvent pas le faire parce qu'ils ont beaucoup de travail et d'enfants, de travail, etc. Cependant, lorsqu'il revint dans sa cellule, un ange du Seigneur lui dit "Tu n'as pas raison, Grégoire a aussi raison" et il lui donna le repentir. Parce qu'il a maintenant reçu une révélation de Dieu, selon laquelle tous les chrétiens, petits enfants et adultes, doivent pratiquer cette prière de Jésus : « Seigneur Jésus-Christ, aie pitié de moi ».
Et saint Côme d'Aetolos a dit cela aussi, et tous nos saints nous apprennent à faire silence, à prier et à prier sans cesse. "Je souhaite", a déclaré Saint Côme, "que tous les chrétiens aient un chapelet dans la main gauche et pratiquent constamment la prière ininterrompue". Et cette philosophie doit s'appliquer à notre Sainte Église orthodoxe, dont nous osons dire qu'en tant qu'Église locale, elle est en fait également en danger avec la visite actuelle d'un autre hérétique, le pape hérétique. Il vient aussi de l’Occident pour nous contaminer et nous ne devons en aucun cas l’accepter. Nous devons nous opposer et protester. Là où le pape est allé, de grands désastres ont suivi. Et peut-être que ce sera le début de grands désastres et de grandes souffrances pour notre pays aussi si nous l'acceptons ici, comme ils l'ont invité comme chef de l'Etat. Car en effet, le Vatican est un État, comme vous le savez, et il a aussi une banque et une industrie militaire et de nombreux scandales d'immoralité.



Demandons à notre Vierge Marie et à saint Grégoire Palamas de nous soutenir dans notre vie spirituelle, dans une prière mentale incessante. Restons fermes, constants et impassibles dans notre foi. Saint Grégoire a été persécuté par l’Église alors au pouvoir, qui utilisait également l’autorité laïque. Et malheureusement, nous voyons la même chose se produire maintenant, et les métropolites envoient la police contrôler les monastères et les églises. C'est génial ce qui se passe ! Nous vivons une situation terrible appelée césarisme. César, l'État, est adoré, et c'est la grande hérésie de ces dernier temps. Et l’Antéchrist viendra comme un leader mondial, comme César et exigera l’adoration de tous. Et maintenant nous avons ses préludes, son avancée, son scellement et la route qui est en train d'être pavée, le tapis rouge qui est malheureusement posé et préparé, tant par les dirigeants religieux que par les dirigeants politiques.
Soyons alertes et vigilants, invoquons le Seigneur et sachons que peu importe ce que décide le Synode, et tous les Synodes ensemble, c'est-à-dire un Synode panorthodoxe, dit “panorthodoxe“, ce qui est décidé n'est pas valable, si les gens pieux ne le ratifient pas. Nous avons toujours eu des synodes prédateurs dans notre Église. C'est-à-dire des synodes qui ne fonctionnaient pas selon Dieu, qui décidaient contre la volonté de Dieu. Nous avons un synode qui a déposé et excommunié saint Jean Chrysostome. Qu’auraient alors dû dire les gens de l’Église ? Le Synode a donc dit "il en est ainsi". Comme certains le disent maintenant, "puisque le Synode l'a dit, c'est ce que nous devons le faire ; et puisque mon spirituel l'a dit, j'obéis". Et ils se cachent derrière une fausse obéissance, parce que l'obéissance est au Christ et non aux gens, même aux Synodes, s'ils ne corrigent pas la Parole de Vérité.
Gardons donc ces choses à l'esprit et veillons à nous purifier par la prière incessante, par la vie spirituelle, par notre participation régulière aux Saints Mystères, afin de garder notre Foi, dont vous voyez qu'elle se perd. Il est temps de revenir, de se repentir pour être sauvé.

Archimandrite Savvas l'agiorite

mardi 4 février 2020

LA TRISTESSE par P. METHODIOS


Extraits d'un ENTRETIEN  avec P. METHODIOS ALEXIOU
 sur St Païssios et St Grégoire Palamas 
à la paroisse roumaine de st Cassien d'Aix en Provence




1. LA TRISTESSE

Beaucoup de gens sont tristes. Beaucoup de chrétiens sont tristes. Il y a donc selon les Pères de l’Église deux espèces de tristesse. La tristesse selon le monde et la tristesse en Dieu. 
La tristesse en Dieu c’est celle que j’ai quand je fais des péchés, quand je fais des choses qu’il ne faut pas faire et je ne me sens pas bien. Alors je demande pardon à Dieu.

Mais ce dont nous allons traiter surtout c’est la tristesse selon le monde. La tristesse que nous vivons dans ce monde. St Grégoire dit que, comme nous sommes des pécheurs, nous avons besoin de cette tristesse. Prendre conscience de nos péchés, faire des métanies, des prosternations et entendre chacun de nous de la part de Dieu : « Aie courage, ne désespère pas. Je suis avec toi, Je t’aime, Je t’accepte, Je te pardonne. » Ça c’est l’expérience quotidienne de tous les saints de l’Église. Cette tristesse, selon Saint Grégoire, et tristesse pour les péchés avec repentir, c’est comme le miel, du miel que nous cueillons d’une pierre stable qui est celle de l’Ancien Testament, du Nouveau Testament, et des textes des Pères de l’Église. Nous sommes contre nous tous, quand nous faisons des péchés. Et c’est bien d’être dans le repentir, Adam et Ève n’ont pas été dans le repentir. Ils se sont toujours justifiés. Ève, le serpent, Adam Ève. Justification. C’est ainsi qu’ils ont quitté le paradis. La miséricorde de Dieu nous amène vers la pénitence. Il faut faire attention, dit Saint Grégoire, à la dureté de notre cœur. Notre cœur souvent reste sans émotion, sans larmes, sans prise de conscience.

La tristesse selon le monde. On est pris dans un esprit de tristesse partout même dans les petites villes. Embouteillages angoisse, travail angoisse, angoisse quand il fait chaud, angoisse quand il fait froid. Mécontentement quand on n’a pas mangé, mécontentement quand on a trop mangé et qu’on est lourd. Jamais content.
Voilà ce que dit St Païssios à propos de la tristesse : « Le diable désire nous voir triste, parce que c’est son travail nous de nous attrister, de nous désespérer. Il ne désire pas notre bonheur. Il cherche notre tristesse et notre malheur et il travaille pour ça sans cesse ». Si nous laissons la place à cette tristesse, à cette angoisse, à ce désespoir « Mon fils fait ça… Mon mari m’a fait ça… Mon cousin m’a fait ça…Mon voisin m’a fait ça… Toujours des problèmes, de la tristesse, toujours de l’angoisse… toujours mécontent, on ne peut pas passer à la joie. La tristesse c’est vraiment une catastrophe. Et ça crée beaucoup de maladies en nous. Il est bien montré que par exemple le cancer peut résulter de l’angoisse. Il faut avoir de l’espoir en Dieu, il faut glorifier Dieu jour et nuit pour ses bienfaits. Et après il y a l’Evlogia, la bénédiction de Dieu qui vient sur nous. Il y a en nous la joie du Christ. La tristesse du diable est grande car il ne veut pas accepter que nous ayons échappé par le repentir, par la confession, par la prière, par l’humilité, par l’amour. Hop ! on échappe des mains du diable. Il nous perd, et nous, nous sommes sur le chemin du salut. Ça c’est très important.

D’après ce que j’ai compris concernant l’homme qui veut être avec le Christ, St Païssios dit : « Il n’y a pas de poison dans son cœur. » il y a beaucoup de gens, beaucoup d’hommes et de femmes qui sont empoisonnés, jour et nuit. Même l’Église ne peut rien faire. Même la Sainte Communion. Ils prennent la Sainte Communion comme une espèce de chose magique. La magie… Les Pères de l’Église disent que si tu prends sans conscience le Corps et le Sang du Christ, un ange prend la grâce de la Sainte Communion et tu restes sans grâce. Et tu as l’impression que tu as communié mais tu n’as pas communié. Parce que tu n’étais pas dans la confiance, tu n’étais pas avec ton cœur à ce moment-là avec beaucoup d’amour et beaucoup d’humilité et beaucoup d’espérance en Jésus Christ. 

La tristesse selon Dieu nous amène en même temps à l’espoir. Notre âme travaille de joie. Il y a en nous l’humilité ; il y a en nous le silence ; nous avons scrupule à juger l’autre ; on n’ose pas juger l’autre et le condamner surtout. Combien de fois on condamne les autres par nos pensées, par nos paroles, par nos regards ou par nos actes, pire encore.
Quand on voit qu’un être humain se sent comme ça, avec cette tendance au jugement, qu’il a  de la tristesse, qu’il a le poison au fond de lui, cela veut dire qu’il n’a pas mis la main sur le Christ. Il n’a pas encore voulu prendre dans son cœur le miel de l’amour du Christ. St Grégoire dit ailleurs : Comment prétends-tu essayer de parler à quelqu’un de la douceur du miel, s’il ne prend pas la moindre petite cuillère pour goûter ce miel. Il ne se passe rien. Donc le tout c’est de goûter, avoir une expérience personnelle, sentir le Christ, sentir ce que veulent dire amour et amitié avec le Christ et avec les êtres humains aussi.

Le couple dans le mariage : moi je dis à ceux qui se marient à l’église : Devenez d’abord de bons amis. Des amis, ayant confiance l’un dans l’autre. Soyez heureux de la présence de l’autre et comme ça vous allez apprendre à pardonner à l’autre, à supporter ses défauts, à l’aider à s’améliorer et tout ce qui suit… très important l’expérience… dans ce cas-là l’homme a toujours une possibilité d’être "à l’aise". Dans notre vie nous avons toujours tendance à nous justifier, « j’ai fait ça mais… j’ai fait ça mais ce n’était pas pour ça ». Non ! Tu ne fais pas ça avec « mais », tu as fait ça ! et tu acceptes avec humilité et rien après ! Ça va te donner l’humilité, ça va te procurer la paix, et tu ne seras plus égoïste.
Donc le Christ nous propose de vivre avec reconnaissance de ses bienfaits, avoir la prière chaque jour comme une consolation et une source d’espoir pour notre vie et avoir aussi quelque chose qu’on oublie: la Doxologie. P. Païssios disait : « Quand tu as la Doxologie dans ton cœur tu attires la grâce divine. » et tu attires la joie , la paix et la lumière. Et la tristesse en Christ vous l’avez compris alors à ce moment-là, va avec la joie, l’espoir et la bénédiction de Notre Seigneur, et dans ce cas-là le diable n’a pas de place. Il s’en va tout de suite. [à suivre]
P. Archimandrite Methodios Alexiou
Recteur de l'Église métropolitaine  St Grégoire Palamas 
de Thessalonique
auteur d'une thèse de doctorat, Université de Paris 4, 1994
Les saints iconophiles durant l'iconoclasme et leur représentation dans l'art byzantin /




dimanche 12 mars 2017

DIMANCHE DE ST GRÉGOIRE PALAMAS


De quels chants de louange célébrerons nous le Hiérarque ? - Il fut la trompette de la théologie, la bouche de la grâce au souffle de feu - le saint calice de l'Esprit, la colonne inébranlable de l'Eglise - la réjouissance du monde, le fleuve de la sagesse - le chandelier de la lumière - l'astre lumineux qui éclaire la création.

De quelles fleurs d'hymnes couronnerons nous le Hiérarque ? - Il fut le serviteur de l'amour de Dieu, l'adversaire de l'impiété - le chaleureux défenseur de la foi, le grand guide et le maître - la lyre harmonieuse de l'Esprit, la langue aux rayons d'or - la source qui verse sur les fidèles les eaux des guérisons, le grand et admirable Grégoire.

De quelles lèvres nous qui sommes nés de la terre acclamerons nous le Hiérarque? - Il fut le maître de l'Eglise, le prédicateur de la lumière de Dieu - le céleste initié de la Trinité - la beauté des moines rayonnant dans l'œuvre et la contemplation - la gloire de Thessalonique, le concitoyen dans les cieux - du grand et merveilleux Démètre qui répand la myrrhe.

(Vêpres du 2ème dimanche du Grand Carême, de St Grégoire Palamas)

jeudi 16 janvier 2014

L'ORTHODOXIE, CETTE INCONNUE [1] par Père André BORRELY

Introduction

 Je ne suis qu'un pygmée juché sur les épaules d'un géant. Mes pauvres paroles ne mériteront votre attention que si elles sont en continuité ininterrompue á travers le temps avec un homme de feu, un père spirituel de premier ordre originaire du Qatar, qui vécut vers le milieu du 7ème siècle, sur la côte occidentale du Golfe Persique. Sacré évêque de Ninive, il renonça à l'épiscopat au bout de 5 mois, préférant aller expérimenter la folie de l'Évangile dans la solitude des montagnes, en plein silence, en plein amour. Ce géant de l'anachοrèse, c'est St Isaac le Syrien. Il me recommande : « Ne transmets à personne ce que tu n'as pas encore compris afin de n’être pas confondu : ton enseignement comparé à ta vie découvrirait ta fraude. » Pour Isaac, comprendre ne signifie pas saisir intellectuellement et demeurer à l'extérieur de ce que l'on prétend connaitre en jonglant avec les concepts comme avec autant de balles de tennis. Pour cet exercice, les vieux professeurs ne se défendent pas trop mal puisque ce fut leur métier d'enseigner á leurs élèves á disserter sur toutes choses, notamment sur celles dont ils sont encore loin d'avoir l'expérience. L'essentiel est que "ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement" (2). Au contraire, pour l'Abbé Isaac, connaître c'est aimer, c'est pénétrer grâce à l'amour.

P. Basile Gοndikakis(3) a pu écrire à son sujet : « Il ne dit rien qui n'ait passé en lui sans qu'il en ait souffert. » C'est le sens du verbe hébreu iada qui évoque les rapports conjugaux et l'idée de pénétration. Pour l'Abbé Isaac, comme pour toute la Tradition orthodoxe, il s'agit non de concevoir, de forger des concepts, mais de recevoir et de sentir. Évagre identifie la théologie et la prière. I1 écrit : « Si tu pries vraiment tu es théologien, et si tu es théologien tu pries vraiment. » De même, le P. Cyprien Kern aimait à définir la chorale de l'église comme une chaire de théologie. On ne cherche pas à démontrer more geometrico, à la manière des mathématiciens, car, dit St Grégoire Palamas : « Toute parole peut contester une autre parole, mais quelle parole peut contester la vie? »

 Dans l'Orthodoxie, le mot théologie n'évoque pas principalement une spécialité scientifique ayant l'ambition d'effectuer l'inventaire du dogme en ayant la prétention de l'enrichir par la spéculation intellectuelle et en le prolongeant rationnellement.

La théologie n'est pas une science, si l'on songe à un effort intellectuel pour construire une synthèse rationnelle du dogme. Le plus grand théologien du Moyen-­Age byzantin, St Grégoire Palamas, n'a pas cherché à édifier un système théologique. Pour l'Abbé Isaac, tout le christianisme s'effondre si l'on cesse de mettre en relation avec l'amour n'importe quelle partie de la vision chrétienne de l'homme.

Si nombre de nos contemporains en sont arńvés à haïr le christianisme, si Gott ist tot comme dit Nietzsche, si Dieu est mort, c'est peut-être parce que tous ces gens dressent le constat que rien de ce dont les chrétiens ont la prétention de témoigner en fait d'expérience religieuse ne fait apparaître un Dieu qui diviniserait l'homme. Il n'y a peut-être pas d'athées mais seulement des agnostiques auxquels il est donné de ne côtoyer que l'incroyance de ceux qui se disent croyants, des croyants non divinisés, qui croient croire et ne manifestent que leur ïncapacité, par manque d'amour, à acquérir le saint Esprit. [à suivre]

(Conférence [retranscrite dans le n°151 de la revue Orthodoxes à Marseille]  de P André Borrély, le 15 novembre 2013, à la Médiathèque municipale de Sanary-sur-mer. 83110 (rue Robert Schumanπ). Le titre est évidemment une réminiscence du livre d'Alexis Carrcl, L'homme, cet inconnu, paru en 1935 dont je ne retiens que le titre, ne partageant nullement la vision de l'homme et du monde exposée par l'Auteur, notamment 1'eugénisme.)
1. Boileau; L'art poétique. Chant I. 
2. Introduction aux Œuvres spirituelles d'Isaac le Syrien. Desclée de Brouwer, 1981.

jeudi 2 février 2012

Du peu de considération réelle de l'Église latine pour St Grégoire Palamas


Voici encore un extrait de l'article de Père André Borrely qui montre encore une fois, avec certes un total esprit d'amour mais avec fermeté et précision, qu'il y a une incompatibilité durable et protéiforme entre théologie latine et théologie orthodoxe, et que tout œcuménisme sincère et honnête doit, de manière incontournable, passer par ces distinctions fondamentales et ... savoir quoi en faire !


"L'évêque d'Hippone et le métropolite de Thessalonique
Dans l'article que j'ai intitulé le bienheureux Augustin, et non pas saint Augustin, j'ai tenté d'expliquer pourquoi le monde orthodoxe a éprouvé et éprouve encore un certain embarras, une certaine hésitation devant l’œuvre de l'évêque d'Hippone. Pour l'Orthodoxie, la glorification d'un chrétien ou d'une chrétienne les chrétiens d'Occident, toujours plus à l'aise dans un langage plus juridique, disent : canonisation – ne saurait être qu'une affaire d 'héroïcité des vertus : encore faut-il que le saint ou la sainte ait été exemplaire par la rectitude de sa pensée sur Dieu, de sa théologie, ce dernier terme étant compris dans un sens fondamentalement sapientiel qu'indique Evagre le Pontique quand il écrit : Si tu es théologien, tu pries vraiment, et si tu pries vraiment, tu es théologien. Et beaucoup plus près de nous, le P. Cyprien Kern définissait la chorale qui chante dans l'église comme une chaire de théologie.

L'essence de la sainteté, pour l'Orthodoxie se situe dans un certain τρόπος ύπαρξης dans un certain mode d'existence, d'une part irréductible à l'héroïcité de l'expérience morale, si admirable et vénérable soit-elle, et d'autre part, ce mode d'existence présuppose une expérience de la théologie comprise non point comme une science mais en tant qu'elle est synonyme de sagesse et de prière.

Mais si l'évêque d'Hippone a mis et continue à mettre mal à l'aise le monde orthodoxe, inversement, saint Grégoire Palamas (1296-1359), métropolite de Thessalonique de 1347 à 1359, n'a jamais été accepté par l'Occident chrétien comme saint et ce refus ne semble pas intéresser le mouvement œcuménique : le protestantisme n'avait pas encore vu le jour lorsque s'opposèrent palamisme et thomisme, et le catholicisme campe sur ses positions médiévales en la personne de théologiens de valeur comme J-M. Garrigues op., Le Guillou (qui se dit par ailleurs ouvert au dialogue œcuménique avec l'Orthodoxie), J-M.R.Tillard; auteur, pourtant, de trois beaux ouvrages – Église d’Églises. Coll. Cogitatio fidei, n°143. Ed. du Cerf. Chair de l’Église, chair du Christ. Aux sources de l'ecclésiologie de communion. Ibidem, n°168; L’Église locale. Ibidem, n°191 dans lesquels Tillard développe une ecclésiologie qui rapproche de l'Orthodoxie la théologie catholique de l’Église. Si les termes d'embarras, d'hésitation peuvent suggérer le refus opposé par le monde orthodoxe à la théologie augustinienne, on pourrait dire que le refus de la théologie palamite par le catholicisme, et a fortiori par le protestantisme, peut être exprimé par le mot allergie. Mais cette dernière est allée plus loin que l'embarras ou l'hésitation à l'égard de saint Augustin. Car, outre l'hostilité envers Palamas, de l'Occident chrétien, augustinien puis thomiste, il y a eu un courant antipalamite au sein même du monde orthodoxe. Le métropolite de Thessalonique aurait pu s'appliquer à lui-même dans une certaine mesure la remarque du Christ en Lc 4, 24 :... aucun prophète n'est accueilli par sa patrie.


Dans son livre La théologie des énergies divines, des origines à saint Jean Damascène Jean-Claude Larchet remarque que la Dogmatique du P. Justin Popovitch ne mentionne jamais saint Grégoire Palamas ni la distinction entre l'essence divine totalement transcendante et imparticipable, et les énergies divines et incréées.

Les marxistes diraient qu'il y eut une alliance objective entre la théologie orthodoxe universitaire d'une certaine époque et, pour des raisons différentes mais finalement convergentes, la théologie catholique qui, elle, continue à rejeter Palamas. Cette tradition anti palamite occidentale n'est pas sans conséquences sur la tiédeur de plus d'un orthodoxe en face de l'engagement dans le mouvement œcuménique. Et ce que J-C. Larchet déplore à juste titre dans l' œuvre de Justin Popovitch, je l'avais moi-même déploré en 1973, en lisant et relisant la Dogmatique de l'Eglise orthodoxe-catholique de Panayotis N. Trembelas. En 1959, les deux premiers tomes de l'ouvrage de Trembelas furent publiés à Athènes par la Fraternité des théologiens ζωή, En 1961, le troisième et dernier tome fut publié par la Fraternité des théologiens Σωτηρ. Les trois volumes furent traduits par Dom Pierre Dumont osb et publiés en 1966 aux Editions de Chevetogne.

Lorsque, au sortir du maquis, le futur Père Cyrille s'en alla à Athènes pour faire des études de théologie en vue de la prêtrise, il eut comme professeur P.N.Trembelas. Or, dans les 1630 pages de la traduction française de cet ouvrage, Trembelas ne cite Palamas que trois fois et uniquement dans le premier volume. Mais le plus intéressant est de noter que le même auteur, dans les trois mêmes volumes se réfère 183 fois au Bienheureux Augustin !* Ainsi donc, le jeune hiéromoine qui arriva de Grèce en 1951 pour se mettre -au service de la paroisse orthodoxe grecque de Marseille avait encore tout à apprendre au sujet du plus grand théologien du Moyen-âge byzantin qu'il allait devoir commémorer chaque année, le deuxième dimanche du Grand Carême, sans qu'à Athènes on ait cru devoir l'y préparer en lui expliquant pourquoi l’Église orthodoxe célèbre, ce jour-là, la glorification du métropolite de Thessalonique.
Mais lorsque, dans les années 70, un de ses paroissiens et futur confrère** dévorait tout ce qui lui tombait sous la main dans le domaine de l'Orthodoxie et des Pères grecs, sans aucun mérite de sa part et ne s'étant donné la peine que de naître 18 ans plus tard, il avait l'avantage sur l'étudiant athénien des années 50 de pouvoir ne lire qu'en 1973 la Dogmatique de Trembelas, et d'abord, en 1969, le bel ouvrage du P. Jean Meyendorff : Introduction à l'étude de Grégoire Palamas.
A ce propos, il est significatif que, dans l'Eglise melkite catholique, on ait supprimé l'office célébré en l'honneur de saint Grégoire Palamas par les Eglises orthodoxes, et qu'on l'ait remplacé par un office en l'honneur des saintes reliques."***

Notes de M. le m. :
*C'est moi qui souligne. C'est le même courant occidentalisant néfaste pour l'Orthodoxie qui a produit tant de douteuses voire fausses  icônes au style saint-sulpicien sans rapport avec la tradition orthodoxe, qui a malheureusement  touché la théologie. On peut constater jusqu'à quel point cette influence, sous prétexte de dialogue interconfessionnel ,  peut être préjudiciable à l'Orthodoxie puisqu’elle peut créer dans le sein même de l’Église un courant anti-orthodoxe qui lui fait perdre toute spécificité et la dénature.
*C'est de lui-même dont parle ici P. André
*** C'est également moi qui souligne. La latinisation des églises orientales est plus insidieuse et profonde qu'il n'y paraît (au regard superficiel d'amateurs ne voyant que couleurs locales et orientalismes), transformant par toutes sortes de détails l'authentique spiritualité orientale en variante exotique locale de la théologie catholique romaine toujours vue comme princeps.


mardi 6 juillet 2010

ANCIEN DIONYSIOS : "L'ennemi intérieur, l'ego" (5) Interview - "Le plus gros problème pour l'humanité est en chaque personne, pas en dehors"

WIE: Il a été dit par certains des plus grands luminaires spirituels que quand on prend le chemin spirituel pour de bon, on se retrouve en face de l'ego d'une manière que l'on n'aurait jamais pu imaginer auparavant. En décrivant leurs rencontres avec l'ego, de nombreux saints l’ont caractérisé comme une force presque diabolique au sein qui ne veut pas de la vie spirituelle, qui ne veut pas Dieu, mais qui veut faire tout ce qui peut faire obstacle à notre illumination, et porter atteinte à notre ferme résolution de rester sur le chemin.

AD Saint Paul écrit magnifiquement sur cet événement, cette lutte à l'intérieur du cœur humain. Il dit en substance : "Il y a une autre loi en moi me dit de refuser la volonté de Dieu, de faire des choses contre Lui, de refuser la grâce. Elle essaie de me retenir dans mon passé, dans mon ancienne vie, pour me faire demeurer loin du Seigneur, pour m'empêcher de suivre le Seigneur." C'est pourquoi j'ai dit que le plus gros problème pour l'humanité est en chaque personne, pas en dehors. Pour cela nous avons besoin de pères spirituels. Pour cela nous avons besoin de médecins spirituels. Nous avons besoin de la chirurgie, nous avons besoin d'une opération; nous avons besoin que quelque chose soit retrancher dans notre cœur.



Nous ne comprenons pas que cet ennemi que nous avons en nous n'est pas notre moi, ce n'est pas notre personnalité. C'est seulement une tentation. C'est la semence du problème de l'ego. Nous unissons notre personnalité, qui est un événement sans prix, avec nos fautes. Nous confondons notre personnalité avec notre péché, nous marions ces deux choses, et nous avons une mauvaise impression de ce que nous sommes. Nous ne savons pas ce que nous sommes, et nous avons besoin de quelqu'un pour nous montrer qui nous sommes, nous avons besoin de quelqu'un pour nous ouvrir les yeux afin que nous puissions au moins voir nos ténèbres.

Il y a un mystique, le plus grand des mystiques, Saint Grégoire Palamas. Pendant trente ans, il n’a eu que cette seule prière: «Éclaire mes ténèbres. Éclaire mes ténèbres." Il ne nomma pas le nom du Seigneur, car il ne se sentait pas digne de le nommer. Il n'a destiné cette prière à personne, mais il a dit cette prière jour et nuit, plus qu’ il respirait. Parce que tout ce qu'il connaissait en lui-même était ses ténèbres. Et il parlait à quelqu'un - à qui d'autre ? Au Christ, qui a dit: "Je suis la Lumière." Mais il ne disait que, «Éclaire mes ténèbres."


WIE: Montre-moi mes fautes?

AD: Ou bien : viens brûler mes ténèbres. Fais du feu en elles et fais de la lumière en elles. La plus grande chose que nous pouvons faire dans nos vies, c'est découvrir que par nous-mêmes nous ne sommes rien. Nous sommes ténèbres. Nous sommes poussière. (à suivre)
(Version française de Maxime le minime
de L'Entretien réalisé par Craig Hamilton in "What is Enlightenment Magazine")