LA TRISTESSE par P. METHODIOS
Extraits d'un ENTRETIEN avec P. METHODIOS ALEXIOU
sur St Païssios et St Grégoire Palamas
à la paroisse roumaine de st Cassien d'Aix en Provence
1. LA TRISTESSE
Beaucoup de gens sont tristes. Beaucoup de chrétiens sont tristes. Il y a donc selon les Pères de l’Église deux espèces de tristesse. La tristesse selon le monde et la tristesse en Dieu.
La tristesse en Dieu c’est celle que j’ai quand je fais des péchés, quand je fais des choses qu’il ne faut pas faire et je ne me sens pas bien. Alors je demande pardon à Dieu.
Mais ce dont nous allons traiter surtout c’est la tristesse selon le monde. La tristesse que nous vivons dans ce monde. St Grégoire dit que, comme nous sommes des pécheurs, nous avons besoin de cette tristesse. Prendre conscience de nos péchés, faire des métanies, des prosternations et entendre chacun de nous de la part de Dieu : « Aie courage, ne désespère pas. Je suis avec toi, Je t’aime, Je t’accepte, Je te pardonne. » Ça c’est l’expérience quotidienne de tous les saints de l’Église. Cette tristesse, selon Saint Grégoire, et tristesse pour les péchés avec repentir, c’est comme le miel, du miel que nous cueillons d’une pierre stable qui est celle de l’Ancien Testament, du Nouveau Testament, et des textes des Pères de l’Église. Nous sommes contre nous tous, quand nous faisons des péchés. Et c’est bien d’être dans le repentir, Adam et Ève n’ont pas été dans le repentir. Ils se sont toujours justifiés. Ève, le serpent, Adam Ève. Justification. C’est ainsi qu’ils ont quitté le paradis. La miséricorde de Dieu nous amène vers la pénitence. Il faut faire attention, dit Saint Grégoire, à la dureté de notre cœur. Notre cœur souvent reste sans émotion, sans larmes, sans prise de conscience.
La tristesse selon le monde. On est pris dans un esprit de tristesse partout même dans les petites villes. Embouteillages angoisse, travail angoisse, angoisse quand il fait chaud, angoisse quand il fait froid. Mécontentement quand on n’a pas mangé, mécontentement quand on a trop mangé et qu’on est lourd. Jamais content.
Voilà ce que dit St Païssios à propos de la tristesse : « Le diable désire nous voir triste, parce que c’est son travail nous de nous attrister, de nous désespérer. Il ne désire pas notre bonheur. Il cherche notre tristesse et notre malheur et il travaille pour ça sans cesse ». Si nous laissons la place à cette tristesse, à cette angoisse, à ce désespoir « Mon fils fait ça… Mon mari m’a fait ça… Mon cousin m’a fait ça…Mon voisin m’a fait ça… Toujours des problèmes, de la tristesse, toujours de l’angoisse… toujours mécontent, on ne peut pas passer à la joie. La tristesse c’est vraiment une catastrophe. Et ça crée beaucoup de maladies en nous. Il est bien montré que par exemple le cancer peut résulter de l’angoisse. Il faut avoir de l’espoir en Dieu, il faut glorifier Dieu jour et nuit pour ses bienfaits. Et après il y a l’Evlogia, la bénédiction de Dieu qui vient sur nous. Il y a en nous la joie du Christ. La tristesse du diable est grande car il ne veut pas accepter que nous ayons échappé par le repentir, par la confession, par la prière, par l’humilité, par l’amour. Hop ! on échappe des mains du diable. Il nous perd, et nous, nous sommes sur le chemin du salut. Ça c’est très important.
D’après ce que j’ai compris concernant l’homme qui veut être avec le Christ, St Païssios dit : « Il n’y a pas de poison dans son cœur. » il y a beaucoup de gens, beaucoup d’hommes et de femmes qui sont empoisonnés, jour et nuit. Même l’Église ne peut rien faire. Même la Sainte Communion. Ils prennent la Sainte Communion comme une espèce de chose magique. La magie… Les Pères de l’Église disent que si tu prends sans conscience le Corps et le Sang du Christ, un ange prend la grâce de la Sainte Communion et tu restes sans grâce. Et tu as l’impression que tu as communié mais tu n’as pas communié. Parce que tu n’étais pas dans la confiance, tu n’étais pas avec ton cœur à ce moment-là avec beaucoup d’amour et beaucoup d’humilité et beaucoup d’espérance en Jésus Christ.
La tristesse selon Dieu nous amène en même temps à l’espoir. Notre âme travaille de joie. Il y a en nous l’humilité ; il y a en nous le silence ; nous avons scrupule à juger l’autre ; on n’ose pas juger l’autre et le condamner surtout. Combien de fois on condamne les autres par nos pensées, par nos paroles, par nos regards ou par nos actes, pire encore.
Quand on voit qu’un être humain se sent comme ça, avec cette tendance au jugement, qu’il a de la tristesse, qu’il a le poison au fond de lui, cela veut dire qu’il n’a pas mis la main sur le Christ. Il n’a pas encore voulu prendre dans son cœur le miel de l’amour du Christ. St Grégoire dit ailleurs : Comment prétends-tu essayer de parler à quelqu’un de la douceur du miel, s’il ne prend pas la moindre petite cuillère pour goûter ce miel. Il ne se passe rien. Donc le tout c’est de goûter, avoir une expérience personnelle, sentir le Christ, sentir ce que veulent dire amour et amitié avec le Christ et avec les êtres humains aussi.
Le couple dans le mariage : moi je dis à ceux qui se marient à l’église : Devenez d’abord de bons amis. Des amis, ayant confiance l’un dans l’autre. Soyez heureux de la présence de l’autre et comme ça vous allez apprendre à pardonner à l’autre, à supporter ses défauts, à l’aider à s’améliorer et tout ce qui suit… très important l’expérience… dans ce cas-là l’homme a toujours une possibilité d’être "à l’aise". Dans notre vie nous avons toujours tendance à nous justifier, « j’ai fait ça mais… j’ai fait ça mais ce n’était pas pour ça ». Non ! Tu ne fais pas ça avec « mais », tu as fait ça ! et tu acceptes avec humilité et rien après ! Ça va te donner l’humilité, ça va te procurer la paix, et tu ne seras plus égoïste.
Donc le Christ nous propose de vivre avec reconnaissance de ses bienfaits, avoir la prière chaque jour comme une consolation et une source d’espoir pour notre vie et avoir aussi quelque chose qu’on oublie: la Doxologie. P. Païssios disait : « Quand tu as la Doxologie dans ton cœur tu attires la grâce divine. » et tu attires la joie , la paix et la lumière. Et la tristesse en Christ vous l’avez compris alors à ce moment-là, va avec la joie, l’espoir et la bénédiction de Notre Seigneur, et dans ce cas-là le diable n’a pas de place. Il s’en va tout de suite. [à suivre]
P. Archimandrite Methodios Alexiou
Recteur de l'Église métropolitaine St Grégoire Palamas
de Thessalonique
auteur d'une thèse de doctorat, Université de Paris 4, 1994
Les saints iconophiles durant l'iconoclasme et leur représentation dans l'art byzantin /
auteur d'une thèse de doctorat, Université de Paris 4, 1994
Les saints iconophiles durant l'iconoclasme et leur représentation dans l'art byzantin /
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