Les lèvres mensongères font horreur à l'Éternel, tandis que ceux qui agissent avec fidélité lui sont agréables. Proverbes 12:22 «C'est ce qui sort de l'homme qui le rend impur. En effet, c'est de l’intérieur, c'est du cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées, les adultères, l'immoralité sexuelle, les meurtres, les vols, la soif de posséder, les méchancetés, la fraude, la débauche, le regard envieux, la calomnie, l'orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et rendent l'homme impur.» Marc 7:20-23 Un témoin fidèle ne ment pas, tandis qu’un faux témoin dit des mensonges. Proverbes 14:5 « Vous, vous avez pour père le diable et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement et il ne s'est pas tenu dans la vérité parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, il parle de son propre fond, car il est menteur et le père du mensonge. » Jean 8:44 Si les paroles distinguées ne conviennent pas à un fou, les paroles mensongères conviennent d’autant moins à un noble. Proverbes 17:7 « Écarte de ta bouche la fausseté, éloigne de tes lèvres les détours ! Proverbes 4:24 Craindre l'Éternel, c'est détester le mal. L'arrogance, l'orgueil, la voie du mal et la bouche perverse, voilà ce que je déteste. » Proverbes 8:13 « Pierre lui dit : «Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, au point que tu aies menti au Saint-Esprit et gardé une partie du prix du champ? […] Comment as-tu pu former dans ton cœur un projet pareil? Ce n'est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu.»Actes 5:3-4Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les enchanteurs, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l'étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort.Apocalypse 21.8
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mardi 13 août 2024

LE ROI, LA DETTE ET LA REVOLUTION Préfiguration de la dette d'aujourd'hui

Het Groote Tafereel der Dwaasheid, Wie redeneeren wil is mis, men vind de Lapis by de gis

Par Marion Sigaut – Janvier 2018 – Source marionsigaut.com

Il est banal de dire que la Révolution française fut un soulèvement populaire contre les privilèges indus de la noblesse et du clergé, et que la prise de la Bastille vit l’émergence du peuple sur la scène de l’Histoire de France.

La France serait devenue, en 1789, un modèle pour le monde, et l’événement aurait été – ainsi l’a promu le musée historique de Berlin à l’occasion du bicentenaire – le « marque-page de l’Histoire », das Lesezeichen der Geschichte.

Il est un peu moins courant de signaler qu’elle fut surtout une entreprise destinée à régler un problème récurrent : celui de la dette publique. Déjà…

À la mort de Louis XIV en 1715, le trésor public était aux abois et le Régent, en arrivant aux affaires, apprit rapidement que les ressources des deux années à venir étaient dévorées d’avance : le roi devait de l’argent partout. Les dernières années de son règne avaient été calamiteuses en guerres ruineuses et catastrophes climatiques.

C’est pour tenter de rétablir la situation que Philippe d’Orléans fit appel au génie de l’écossais John Law, qui s’était proposé de tout régler en introduisant le papier-monnaie.

On connaît la suite : le « système » vit naître des fortunes insensées et une banqueroute spectaculaire, dont on sait peu qu’en fait elle permit l’assainissement des finances publiques. .

En pays catholique qui interdisait l’usure (autre nom du prêt à intérêt), quand le roi voulait de l’argent, il faisait appel aux capitaux des particuliers à qui il versait des rentes viagères, dont les arrérages étaient versés par l’hôtel de Ville.

En 1720, quand le système de Law s’effondra, l’intérêt annuel à payer, (rentes de Livres) était de 45 millions contre 80 millions environ à l’arrivée de l’aventurier aux affaires. Pas mal…

Les rentes que le roi versait à ses créanciers étaient nominales et viagères. Nominales, elles faisaient l’objet d’un contrat passé chez un notaire, et viagères, elles s’éteignaient quand le créancier était mort.

Dans le principe le roi ne faisait pas forcément une mauvaise affaire, la personne susceptible d’avancer des fonds au Trésor étant plus sûrement proche de la retraite que du berceau.

Or il se trouve qu’à partir de 1749, pour donner aux Français le goût de financer le Trésor, on introduisit la rente au porteur. La rente devint donc un effet négociable de gré à gré, on oublia les notaires ce qui renforça le succès des souscriptions.

En 1754, le ministre Moreau de Séchelles (Moreau de naissance, et « de Sechelles » par l’achat d’une terre…) emprunta pour 22 millions qui donneront 2 millions et demi de rentes viagères à rembourser annuellement.

Deux millions et demi de livres à rembourser par an (pour se donner une idée, il faut multiplier par 30 pour avoir des euros ), l’emprunt s’ajoutait bien sûr aux précédents… Les revenus du roi, eux, n’augmentaient pas.

Quand arriva la Guerre de Sept Ans (1756- 1763), il fallut de nouveau emprunter et inventer de nouvelles incitations à confier ses économies au monarque. Pour avoir de l’argent, il faut en promettre. En novembre 1758 fut lancé un nouvel emprunt qui apportait une innovation de taille : la tête sur laquelle était assurée la rente n’était plus celle de l’emprunteur, mais une autre, ou même deux ; en cas de décès, la rente n’était réduite que de moitié.

Et puis, pourquoi bêtement gager son emprunt sur un homme d’affaire chenu, quand on pouvait bien plus avantageusement la gager sur son fils, sa fille, ou même son petit-fils ou sa petite-fille… La durée de remboursement s’allongeait dangereusement.

En 1759, le fugace contrôleur général des Finances, Étienne de Silhouette, eut le temps de calculer que le Trésor royal devait sortir 100 millions de livres annuellement pour rembourser ses emprunts. Les recettes, elles, étaient de 286 millions : le roi dépensait plus du tiers de son budget pour rembourser ses créanciers. Il fallait donc réduire les dépenses ou augmenter les revenus.

L’année 1763 fut une année charnière, essentielle pour comprendre la suite. Elle fut d’abord celle de la défaite de la France dans ce qui peut être considéré comme la vraie première guerre mondiale. La Guerre de Sept ans fut calamiteuse pour notre pays qui perdit notamment le Canada et vit son rival anglais dominer désormais les mers.

1763, ce fut aussi le triomphe de Voltaire dans l’affaire Calas. . Ne minimisons pas l’importance que put avoir ce fait divers de province. En réussissant à faire accroire au public que des fanatiques catholiques avaient injustement supplicié un protestant innocent, le menteur Voltaire avait atteint le but recherché : il avait réussi à faire passer aux yeux du monde la religion catholique comme mortifère et les protestants comme les gentils. Nous verrons ce que ce renversement de l’opinion allait coûter à la France.

1763 vit aussi la fin de la guerre entre les jésuites et les jansénistes par le triomphe de ces derniers. Après un siècle et demi d’invectives, de haine déclarée, de calomnies inventées et déversées par tous les canaux possibles, les magistrats jansénistes avaient enfin obtenu ce qu’ils cherchaient : l’éloignement de ces incomparables intellectuels qu’étaient les jésuites. Quelques reproches qu’on ait pu avoir à leur faire, ils étaient des têtes pensantes parmi les mieux faites, et ils étaient écoutés des rois, qui choisissaient parmi eux leurs confesseurs. Aussi n’est-ce pas par hasard si leur départ fut concomitant avec le succès d’une secte qui allait faire parler d’elle : celle des Physiocrates.

C’est un jeune protestant brillant, Pierre-Samuel Dupont (qui deviendra « de Nemours » sous la révolution pour le différencier d’autres Dupont) qui inventa le mot. La physiocratie, c’était une nouvelle science qui allait révolutionner le monde. Pour dire physiocrate, on disait aussi « économiste ». Ou plus exactement œconomiste. Les tenants de la science de la Nature, maîtresse des échanges et des transactions. Dame Nature à la rescousse des faiseurs d’argent. Des commerçants.

On a un autre mot pour qualifier cette théorie : le libéralisme.

Cela faisait des années que, désireux d’imiter nos voisins anglois (qui avaient décapité leur souverain en 1649, un exemple à suivre ?), les libéraux voulaient convaincre les autorités de laisser faire, laisser passer. Au nom de la Raison (qui s’opposait à la superstition catholique ennemie du prêt à intérêt et de la liberté du commerce), les adeptes de cette secte prétendaient enrichir tout le monde en abolissant tout contrôle, que ce soit la police des grains ou les corporations de métier. On appellera ce mouvement les Lumières, ils eurent le journaliste Diderot et son Encyclopédie comme porte-voix, et le richissime Voltaire comme thuriféraire.

La théorie physiocratique avait été élaborée par un certain François Quesnay proche de la Pompadour et bien en Cour, faux médecin mais vrai charlatan. Ce génial inventeur avait mis au point un tableau dans lequel il démontrait que si on laissait circuler les marchandises dans le royaume comme le sang circulait dans nos veines, on allait porter la richesse partout. Ce drôle prétendit que tout ceci crevait les yeux, il rédigea même l’article « évidence » pour l’Encyclopédie. .

Le nouvelle évidence, qui semblait avoir échappé aux barbares qui précédaient, avait comme credo qu’il fallait abolir les règlements et laisser le libre marché fixer les prix de tout : du pain notamment. Et des salaires. De la substance du peuple.

L’idée était séduisante évidemment, et elle faisait entrevoir au monarque une solution à ses soucis. En laissant courir le prix des subsistances, on augmenterait les revenus de la terre donc des impôts. Ils prétendirent même que le laboureur, assuré d’un plus grand gain, allait produire plus… Combien de physiocrates ont-ils cultivé un champ ?

L’abolition de toutes les entraves au commerce des grains à l’intérieur du royaume fut ordonnée en 1763. La libéralisation de leur exportation suivit d’un an. Le prix du pain ne mit pas un an à flamber, et avec lui le peuple qui se souleva comme un seul homme.

Comment le roi, nous disons le roi en personne, pouvait-il permettre une telle incongruité ? Mais il était là pour protéger le peuple contre la rapacité des marchands, pas pour leur livrer le pays !

Pourtant si, Louis XV avait bel et bien écouté les sirènes libérales, et cru qu’il allait ainsi éponger son déficit.

Ce n’était pas faute d’opposants à ce nouveau système. « Il faut nourrir le peuple et non enrichir quelques marchands ! »avait tonné le magistrat Séguier. « Une foule d’écrivains qui n’a ni la mission ni le pouvoir d’exprimer la volonté publique, prétend être son organe en exaltant le système le plus incongru au sujet de sa subsistance » avait prévenu un autre juge, Le Pelletier.

L’expérience libérale prit fin avec l’arrivée aux pouvoir de l’abbé Terray qui, fin 1769, rétablit la police des grains et interdit l’exportation de blés.

Par la même occasion, il réduisit drastiquement les droits des rentiers en refusant purement et simplement d’honorer certaines dettes, poussant, sans états d’âmes, d’honnêtes créanciers au suicide. . Ce qui ne fit pas rentrer de l’argent dans les caisses : si le roi ne paye pas ce qu’il doit, qui va le renflouer ?

La dette, la dette, comment venir à bout de la dette sans emprunter de nouveau…

L’abbé Terray lança de nouveaux emprunts mais son attitude intransigeante s’était retournée contre lui : ses emprunts furent des échecs. On ne voulait plus avancer ses sous au roi. La mort de Louis XV mit fin à son ministère.

En 1774, le jeune Louis XVI accéda au trône et fut chaudement pressé de recourir aux services d’un excellent commis de l’État, anciennement intendant du Limousin où il s’était distingué : Jacques Turgot.

Un homme fait, beau, majestueux, intelligent, éclairé. Oui, éclairé, un homme des Lumières, de l’Encyclopédie, qui plongea devant le jeune monarque et lui promit la lune :
Point de banqueroute : le roi payera où il doit ;
Point d’emprunts : on en a déjà trop ;
point d’augmentation d’impôts. La coupe en est pleine.

Quel pouvait être sa recette ? Un miracle ? Un don de Dieu ? De la magie ?

Pas du tout : Turgot était le partisan d’un retour efficace, et en grand, au libéralisme, le vrai.

Les mesures libérales prises par Turgot sur tout le territoire sidérèrent le public qui vit tout à la fois vider les greniers à l’orée de l’hiver et interdire à la police d’empêcher le premier venu de rafler chez les producteurs tout le blé que les habitants attendaient au marché du coin.

Plus d’un millénaire de royauté française avait mis sur pied un système tatillon de surveillance et d’interdits, qui obligeait les producteurs à vendre au peuple d’abord, et aux marchands ensuite, s’il restait de quoi acheter. La police des grains était au service du consommateur et elle veillait, elle était là pour ça, que le pain du peuple ne soit jamais l’objet d’enrichissement indu.

Les Lumières venaient de balayer cette odieuse superstition et d’envoyer la police protéger les marchands contre un peuple ignare et plein de préjugés contre le commerce.

À travers tout le royaume éclatèrent des émeutes qui virent le peuple, secondé souvent par la police et soutenu parfois par les autorités locales, désobéir au roi en poursuivant sur les routes et les canaux des convois de grains que des petits malins pouvaient enlever et stocker ailleurs.

Cet épisode s’appelle la Guerre des farines.

Turgot et son ami Condorcet firent montre de la plus grande fermeté : ce sont des malfaisants qui excitaient le peuple, c’était un complot contre la Raison. D’ailleurs le peuple étant ignorant, il ne pouvait savoir ce qui était bon, on allait le lui montrer.

Quand les émeutes atteignirent Versailles et se massèrent sous les fenêtres du roi, ce dernier vacilla. Mais il se ressaisit : il avait promis son soutien à Turgot, quoi qu’il arrive. Il ne pouvait reculer. Il laissa son ministre organiser la répression et pendre trois émeutiers.

Y pensa-t-il dix-huit ans plus tard quand il monta à l’échafaud ?

Turgot continua sa politique libérale en supprimant les corporations, ce qui eut pour effet de faire du contrat de travail un accord libre entre un patron libre et un ouvrier libre, comme le renard libre dans le poulailler libre….

Et à qui vint lui faire remarquer qu’il faisait simultanément monter le prix du pain et baisser les salaires, il répliqua : « Lorsque la cherté élève la denrée au-dessus des facultés du peuple, ce n’est point pour lui-même que souffre l’homme de journée, l’ouvrier, le manœuvre ; ses salaires, s’il était dégagé de tout lien, suffiraient pour le nourrir : ce sont sa femme et ses enfants qu’il ne peut soutenir, et c’est cette portion de la famille qu’il faut chercher à occuper et à salarier. » .

Turgot inventa le travail des enfants.

Le banquier genevois Jacques Necker, pour lors Ministre (ambassadeur) de Genève à Paris, coutumier des salons où son épouse Suzanne s’occupait d’en faire un demi-Dieu, avait publié un texte dans lequel il s’élevait contre l’exportation des blés. Cela fut suffisant pour le faire passer pour un antilibéral, et déclencher les foudres du malheureux Turgot qui vit en lui la cause de la guerre des farines.

Il n’eut pas le dernier mot et le roi finit par le renvoyer le 12 mai 1776, au comble de l’impopularité.

Ce fut le 29 juin 1777 que le roi Louis XVI opéra dans le royaume de France un changement totalement incongru. Il nomma Jacques Necker directeur général des finances. Or il était étranger, banquier et protestant. Merci, Monsieur de Voltaire.

Lui aussi promit la lune au roi en assurant qu’il allait rétablir ses finances, nous allons voir comment. Le 3 décembre 1776 avait débarqué à Quiberon le franc-maçon américain Benjamin Franklin, qui venait plaider la cause des Américains contre l’Angleterre. Et, alors qu’on cherchait partout comment rétablir les finances publiques, il réussit à convaincre l’entourage du roi, puis le roi lui-même, que la France devait soutenir les insurgents et faire pour eux la guerre.

Y a-t-il plus ruineux qu’une guerre ?

La seule façon de s’y enrichir s’appelle la conquête, assortie bien sûr de la victoire. Il ne s’agissait là que de prestige, de grandeur d’âme, qui allait payer ?

Necker avait le génie de l’argent, il allait en trouver. Ah ça ! il savait faire. Et il jura lui aussi ses grands Dieux qu’il n’allait pas augmenter les impôts… « Il fait la guerre sans impôts, C’est un Dieu ! », ironisa Mirabeau.

Là où l’abbé Terray avait échoué, Necker réussit brillamment et rétablit le crédit du roi : les emprunts qu’il lança reçurent un accueil enthousiaste. Il avait mis en pratique un système génial qui mit à contribution sa ville natale de Genève : la rente viagère sur têtes multiples avec tirage au sort de lots.

On gagea les rentes viagères non plus sur la tête de l’emprunteur ou celle de sa descendance, mais sur celle de trente demoiselles genevoises préadolescentes, nées de familles riches et saines à la longévité probable. Si l’une d’elles mourait, il en restait vingt-neuf pour garantir au créancier la continuation du remboursement. Les conditions étaient si intéressantes que le public se rua sur l’aubaine, Necker claquait dans ses doigts et l’argent rentrait. En moins de cinq ans, il emprunta plus de 530 millions de livres, qui s’ajoutèrent au déficit précédent !

Les anciennes rentes viagères sur la tête du créancier duraient environ 20 ans. Les nouvelles en atteindront 60. On se battit pour en avoir et le roi se ruina… Au bénéfice de qui se fit l’opération ?

De Necker certainement qui, sans en avoir l’air – sa femme Suzanne clamait à qui voulait l’entendre qu’il avait renoncé à ses affaires pour s’occuper de celles du roi – avait placé son frère Louis sous un faux nom à la tête de sa fortune qui continua de prospérer.

Au bénéfice de Genève sûrement, où s’étaient réfugiés les protestants chassés de France par la révocation louis-quatorzienne, et qui tenaient une forme de revanche en s’enrichissant aux dépens de son descendant. Mais n’allons pas accuser les protestants d’avoir été les seuls à profiter de l’aubaine, il ne manquait pas de bons Français catholiques pour en faire autant.

Le passage de Necker au ministère fut un gouffre et Mirabeau écrira en 1787 : « Les emprunts qu’a fait M. Necker doivent être considérés au nombre des plus chers, des plus mal organisés et des plus ruineux que la France ait été contrainte de payer. »

Les Français continueront de payer en 1885, cent ans et quatre révolutions plus tard ! .

Necker fut l’homme des intérêts privés contre le Trésor. Sa réputation d’humanisme est totalement surfaite et ne provient que de l’intense propagande de son épouse. Si Necker se posa en adversaire de la très impopulaire exportation des grains, il ne s’opposa pas à la libéralisation du commerce intérieur, non moins impopulaire. Et s’il y eut une catégorie de la population qui l’adula ce fut celle des rentiers qu’il enrichit. Incontestablement.

En 1781, Necker, toujours convaincu de la nécessité d’avoir avec lui l’Opinion, cette nouvelle venue au Panthéon des Lumières, publia un compte-rendu de sa gestion, riche en incontestables économies dans les dépenses publiques, qui connut un succès international et mit beaucoup de monde fort en colère.

Le ministre Maurepas par exemple, ulcéré de n’y avoir pas été mentionné, qui proféra contre cet ouvrage d’auto-congratulation un cinglant : « Je le trouve aussi vrai que modeste. » .

Certes Necker était justifié d’expliquer nombre de ses réformes, mais il l’eût été également d’évoquer les recettes et les dépenses extraordinaires : il omit simplement de mentionner la guerre d’Amérique dans les dépenses et ses emprunts ruineux dans les revenus. Il établissait un état des lieux ne faisant pas apparaître le montant exorbitant de la dette qu’il avait créée…

Le roi le renvoya et les rentiers commencèrent à trembler : allaient-ils toucher leurs rentes ?

Ce fut pendant le ministère de son successeur Calonne que la France et l’Angleterre signèrent un traité de paix assorti d’un article absolument assassin. Le physiocrate Dupont de Nemours était aux commandes. Partisan du libéralisme le plus échevelé, il prépara l’invasion de la France par les productions anglaises à bas prix.

Il ne manquait pas d’arguments : « C’est une erreur dange­reuse que de vouloir fabriquer, chez soi, tout ce qui se fabrique ailleurs ; parce que le commerce ne se soutient que par des échanges, et que ces échanges sont impossibles, quand une nation veut tout donner et ne rien recevoir. »

À propos du commerce, dont tant d’hommes des Lumières déploraient les insupportables entraves il disait, citant l’évangile : « ôtez ses liens et laissez-le aller ». L’allégorie est audacieuse : la citation fait référence au lépreux Lazare, que Jésus ressuscite et sort de sa tombe couvert de bandelettes. Voilà le commerce personnifié en ami de Jésus.

D’ailleurs, pourquoi refuser de laisser entrer les produits de ceux qui savent mieux faire que nous ? Mieux faire que les Français, les Anglais ? Mieux certainement pas. Moins cher, sûrement, et évidemment. Car l’Angleterre, elle, savait faire travailler les enfants.

Le traité Eden-Rayneval fut signé en septembre 1786 : la foudre s’abattit sur la France !

Des milliers d’ouvriers au chômage quittèrent les villes pour errer à la recherche d’un travail. Le roi n’avait même pas les moyens d’envoyer des secours aux villes qui suppliaient qu’on leur vienne en aide. Quand vint l’hiver, on vit des ouvriers à demi nus mendier dans les villes et de village en village pour quémander un morceau de pain. Allait-on mourir de faim au puissant royaume de France ?

On créa partout en urgence des ateliers de charité humiliants pour faire des routes ou détruire de vieux remparts inutiles. Ces hordes de miséreux, hier encore ouvriers incorporés ou paysans pauvres mais vivant dignement, feront les foules de la Révolution. Dans deux ans…

Calonne ne fit pas que laisser envahir la France par des sous-produits du travail mal payé. Il reprit à son compte le projet physiocratique d’augmenter les revenus par une imposition territoriale levée sur tous les revenus fonciers. Sous des dehors de justice fiscale (faire payer tout le monde, qui va être contre à part quelques privilégiés ?) il ouvrait une nouvelle fois le dossier de la libre circulation des grains, moyen efficace d’augmenter les prix, donc le revenu de l’impôt.

Le roi convoqua des notables pour leur demander avis et conseils et l’Assemblée tint séance de février à mai 1787. Calonne ne réussit pas à faire passer entièrement ses vues et il fut renvoyé en avril. Non sans avoir obtenu l’accord des notables, tous propriétaires terriens et intéressés à la chose, sur le principe de la libre circulation des grains.

C’est le 17 juin 1787, deux ans tout juste avant le déclenchement de la Révolution, que le nouveau ministre, Loménie de Brienne, présenta au roi qui la signa, une déclaration faisant de la libre circulation des subsistances, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, l’état habituel du royaume. Combien de temps cette mesure prendrait-elle pour remplir les caisses du roi et combler le déficit abyssal du Trésor ?

Le ciel s’en mêla et la situation empira encore. En juillet 1788, un gigantesque orage désola tout le nord de la France et en août le Trésor, aux abois, suspendit les paiements en numéraire.

Faute de meilleure solution, le roi rappela Necker qui prit des mesures d’urgence pour les subsistances, mais sans rien changer au fond : le commerce en était désormais libre, le pain était une marchandise comme une autre que tout un chacun pouvait acheter, revendre ou stocker selon son inaliénable droit de propriétaire.

L’hiver 1788-1789 fut épouvantable : sans travail et avec du pain à prix prohibitif, des masses de plus en plus nombreuses de miséreux grondaient et réclamaient à cor et à cris ce que toujours les rois avaient protégé et que Louis XVI interdisait désormais : la taxation.

Taxer, c’est fixer un taux. Taxer le pain, c’est en déterminer le prix qui permet au plus pauvre de l’acheter. Les physiocrates avaient décrété que la taxation c‘était du vol, et que seul le « marché », le nouveau Dieu, avait le droit de fixer ce prix en fonction de l’offre et de la demande.

Aux cris scandés par la foule de « taxation ! taxation » les émeutes de la faim secouèrent le royaume du nord au sud. Tenues de faire respecter la loi mais moralement incapables de tirer dans le tas, les autorités locales qui, toujours, avaient protégé le peuple contre l’avidité des marchands, opposèrent une répression particulièrement molle.

Tout devint permis et, inexorablement, la France glissa dans le chaos.

Il ne restait plus au roi, pour résoudre l’insoluble problème de la dette, qu’à convoquer les États-généraux.

Par un tour de passe-passe particulièrement habile, l’hôtel de ville parisien avait réussi à en faire exclure les métiers et seuls les marchands votèrent : les ouvriers parisiens, partisans des corporations et opposants au libéralisme et à la libre circulation des grains, ne furent pas représentés aux États-généraux.

Ceux-ci se réunirent le 5 mai 1789.

Forts de la faiblesse du pouvoir, ils s’autoproclamèrent assemblée nationale constituante par un coup d’État le 17 juin à Versailles.

À Paris où, comme ailleurs, le blé était hors de prix, 10 000 chômeurs étaient occupés en ateliers de charité à casser des cailloux le ventre creux…

Cousin du roi et grand-maître du Grand Orient de France, le duc d’Orléans s’apprêtait à en tirer parti. Le 9 juillet, il réunit chez lui cent députés amis pour préparer la suite. . L’abbé Sieyès qui présidait l’assemblée y prit la parole : « Messieurs, dans l’état désespérant où sont les affaires, il ne reste à la Nation française que la ressource de se mettre sous la protection du grand Prince qui préside à cette illustre Assemblée. »

On était venu se préparer à mettre la régence du royaume entre ses mains.
« Jurons donc tous ici de ne rien négliger pour conduire ce Prince immortel au sommet du Gouvernement. »

On imagine bien qu’un tel rassemblement autour du chef français de la franc-maçonnerie n’est pas le fruit des simples circonstances. Le succès du frère Benjamin Franklin, dont l’intervention fut décisive dans l’engagement héroïque – et totalement inutile de son point de vue – de la France auprès des insurgents (qui s’empressèrent de trahir dès leur victoire acquise), sont à chercher dans le réseau maçonnique en place. Et la présence de Necker à ce rassemblement montre bien que l’affaire était manipulée de loin, dans le temps comme dans l’espace.

Mais laissons là le sujet qui devra faire l’objet d’une étude à part.

Il s’agissait bel et bien de renverser le trône : tous les invités prêtèrent le serment de fidélité demandé par Sieyès et ils préparèrent l’émeute finale pour dans quatre jours.

Et il aurait fallu que le roi, informé de la conjuration, laisse faire ? Quand il sut que Necker en faisait partie, il lui signifia immédiatement son renvoi.

On imagine aisément le choc que la nouvelle déclencha : Necker renvoyé ?

Mais qui allait payer les rentes ?

Qui allait éviter l’inévitable banqueroute qui verrait s’envoler tout espoir de toucher ses sous ?

Pas de banqueroute, surtout pas de banqueroute !

Tout le monde sur le pont !

Aux armes ! Aux armes !

Ce fut le signal de l’insurrection. Prévue pour le 13, elle eut lieu finalement le 14, habilement déclenchée depuis le Palais-Royal, domicile du duc d’Orléans qui fit distribuer aux chômeurs de l’argent et des promesses en tout genre, notamment celle de se faire égorger par les troupes royales qu’on disait en route pour la capitale.

La suite est connue. Les émeutiers allèrent à la Bastille chercher des munitions et massacrèrent ses défenseurs qui, sous la promesse qu’aucun mal ne leur serai fait, leur avaient ouvert les portes… La prise de la Bastille fut d’abord et avant tout une émeute de rentiers qui ont recruté pour leurs basses œuvres des ouvriers au chômage et au ventre vide.

On sait également que le banquier Delessert prit les armes et rejoignit les émeutiers avec ses enfants, ses commis et ses domestiques.

Des banquiers, des rentiers et des chômeurs. On appellera ça « le peuple ».

Arrêtons là et laissons la parole au journaliste Antoine Rivarol, contemporain des événements : « Soixante mille capitalistes et la fourmilière des agioteurs ont décidé la révolution… Ils voulaient que M. Necker régnât pour les payer ; qu’on essayât d’une révolution pour les payer ; que tout fût renversé pourvu qu’on les payât. Ils ne concevaient pas que l’Assemblée nationale fût autre chose qu’un comité des finances… ».

Un peu plus tard, Mirabeau célébrera le « bienheureux déficit » et cette « dette publique qui a été le germe de notre liberté ».

On ne saurait mieux dire. Et quatre ans plus tard le 15 août 1793, au moment où se décidera le populicide vendéen, Cambon dira à la Convention où il présentera son rapport sur la dette publique : « C’est peut-être à l’existence de ces emprunts que nous devons le com­mencement de la Révolution ; le Gouvernement, embarrassé pour acquit­ter les engagements qu’il avait contracté, convoque les États généraux pour y pourvoir. Les portefeuilles regorgeaient d’effets royaux ; les pro­priétaires de ces effets, craignant de perdre leurs capitaux, prirent le masque révolutionnaire et se réunirent aux amis de la République ; dès lors le Palais-Royal fut le lieu de rassemblement des patriotes, et c’est de ce foyer que partit le feu sacré qui enflamma les âmes le 14 juillet et les 5 et 6 octobre 1789. »

Ce sont eux qui le disent.

La révolution a été faite pour les capitalistes qui avaient ruiné les finances royales, et par les foules misérables de malheureux réduits à la misère par l’application des mesures libérales promues par les Lumières, à qui on a fait croire que le roi s’apprêtait à venir les égorger.

Une dernière information pour conclure. .

Des rentes viagères avaient été constituées sur la tête du roi, de la reine et du duc d’Orléans, têtes présumées protégées contre le risque d’une mort prématurée.

Quand elles tombèrent, le nouveau pouvoir éteignit en trois coups successivement 400 000, 200 000 et 250 000 livres de rentes annuelles.

Près d’un million d’économies par an. Il n’y a pas de petit profit.

Marion Sigaut
Historienne, spécialiste de l’Ancien Régime


vendredi 8 novembre 2019

Comment les minorités ont pris le pouvoir sur la majorité…

Réflexions passagères d'un O.o.🤔




Dans les années 60-70 ont éclos comme fleurs au printemps, des mouvements divers et variés de « libération ». Ces mouvements étaient censés défendre pour la plupart des « minorités » opprimées, voire mises en danger quelquefois, n’ayant que peu droit à leur expression eu égard au système démocratique majoritaire qui favorisait logiquement de façon systématique le plus grand nombre.  Il semblait y avoir une injustice à ce que ces « minorités » n’aient pas le même traitement aux yeux de tous que la majorité dont l’opinion prévalait de par le système démocratique. 
C’est ainsi que l’on a vu naître et se développer parmi tous ces « Mouvements de Libération » des groupes dédiés à la défense des homosexuels. Par parenthèse personne ne revendiquait, par exemple dans le FHAR (Front Homosexuel d’Action Révolutionnaire) une quelconque normalité et encore moins, le droit au mariage et à avoir « comme tout le monde » des enfants par tous les moyens. Il s’agissait de mouvements qui au contraire assumaient et revendiquaient une « différence » qu’ils estimaient fièrement comme irréductible à la morale bourgeoise et sa normalisation. Ils revendiquaient absolument leur marginalité et ne demandaient surtout pas à aller devant Monsieur le Maire pour former des couples plus ou moins pérennes. Leur marginalité, conçue la plupart du temps comme congénitale, considérée absolument comme inchangeable, accompagnée d’un refus non moins absolu de la concevoir comme d’origine pathologique (quelle que soit la discipline scientifique) était vécue comme une irréductible différence allant jusqu’à la revendication d’une culture spécifique ayant son histoire, ses héros, ses grands hommes, ses intellectuels, ses artistes etc. développée à travers les siècles. 

Par parenthèse je n'ai jamais compris comment on pouvait réduire à ce point une personne en la définissant avant tout par les tendances de sa sexualité. L'homme n'est donc que ça ?
Réellement ? Bref…

Leur militantisme s’inscrivait dans le désir de l’époque de prendre part à une « révolution » à venir concernant tous les aspects de la vie, dont ce n’était que le début et pour laquelle il fallait « continuer le combat » mais… comme le Grand Soir dans tous les domaines, donc sur tous les fronts, avec comme mot d’ordre « tout, tout de suite » s’est éteint faute de le voir se produire rapidement, alors les soixante-huitards dans les années 80 sont devenus des bobos, ayant plus à l’esprit de réussir à se faire du fric que la lutte des classes, et « Jouir sans entraves » s’est réduit  à gagner le plus possible pour consommer davantage tout en ayant de « bons sentiments » en étant convaincus d’être toujours du bon côté du progrès social sans avoir à le prouver autrement que par de beaux discours égalitaristes et des opinions reconnues comme justes du point de vue de la nouvelle morale pour laquelle les transgressions anciennes étaient devenues de nouvelles normes.

Bref tout cela est bien connu mais ce qui étonne c’est que désormais dans le nouveau système dit « démocratique » toujours dit « représentatif » ce sont désormais les minorités – bizarrement les plus fortunées, les moins mises en danger par le système, les plus libres de leurs mouvements et les plus présentes sur la scène de la société du spectacle – qui  règnent et imposent leurs lois à la majorité, condamnée à une nouvelle normalisation particulièrement intolérante, contraignante, suspicieuse, délatrice voire inquisitoriale, et rapidement répressive qui relève bien plus d’une sorte de théocratie islamiste, d’un totalitarisme soviétique ou fasciste que d’une démocratie progressiste. Une nouvelle aristocratie auto-proclamée (sans les contraintes ni les valeurs de l’aristocratie traditionnelle qu’elle-même a d’ailleurs abandonnées depuis un temps certain) sûre d’elle-même ayant foi en un âge d’or à venir, procuré indubitablement par les progrès considérables des technologies que ses moyens lui permettront seule d’obtenir, est prompte au mépris et à la condamnation de ceux qui auront le tort de ne pas suivre parce qu’ils ne le veulent ou tout simplement ne le peuvent pas. Comment nommer un tel système ?

lundi 23 janvier 2017

D'Alep, Pierre Le Corf envoie une lettre au Président de la République [Vidéo]


"Je sais que certains croient défendre les Syriens en défendant la révolution, la liberté, croyant savoir ce qui se passe ici. Les temps ont changé…"




Si cette guerre et le sort de ceux qui la vivent vous touche, je vous demande de partager cette lettre ouverte au Président de la République qui a été traduite (translated) en English - العربية - German - русский - Spanish - עברית , à chaque média, à chaque politique, à votre boulanger s'il le faut, à quiconque pourrait faire la différence, même à toute petite échelle, car nous pouvons tous apporter quelque chose.

Elle a été remise en mains propres à Mr le Président François Hollande. Je n'ai pas la prétention de vous dire quoi penser, quoi croire, mais j'affirme chacun des points dans cette lettre que j'illustre avec les liens vers des publications que j'ai faites depuis presque 1 an. C'est un témoignage que j'assume et c'est une forte responsabilité au vu du nombre de personnes qui ont essayé de me faire taire et m'on tiré dans les pattes, pourtant je crois que c'est essentiel. J'y ai liés les liens de nombreux témoignages et publications pour les curieux, les courageux, les patients et surtout toute personne sensible à ce qui se passe ici, depuis ici.

Voilà des années maintenant que la France et de nombreux pays construisent une stratégie politique / médiatique pour légitimer leur intervention à distance en Syrie. Aujourd'hui, les élections présidentielles se rapprochent et il est difficilement imaginable, voire infaisable pour des candidats qui souhaitent véritablement être élus, d'affronter à contre courant la machine de persuasion, la propagande orientée, les mensonges qui ont été construits, diffusés au quotidien et en prime time pendant si longtemps. Les esprits sont marqués par une image spécifique de ce conflit. Quoi qu'il en coûte, j'espère que ce témoignage permettra de briser quelques murs, de basculer vers des choix diplomatiques alternatifs au service de la paix, de la levée des sanctions contre le peuple Syrien et surtout que l'on cesse de soutenir des groupes terroristes à tous les niveaux, partout et surtout ici en zone de guerre ou ce sont les civils qui en payent le prix.

Je sais que certains croient défendre les Syriens en défendant la révolution, la liberté, croyant savoir ce qui se passe ici. Les temps ont changé. La réalité, bien que compliquée, est que cette révolution unie de nombreux groupes autour du même masque et même intérêt central, renverser le gouvernement et y instaurer un califat. Ils ne comptent pas apporter la liberté, ils comptent la voler. Ils sont d'ailleurs appuyés financièrement, militairement, politiquement, médiatiquement etc. par de nombreux gouvernements qui n'ont pas dépensé des milliards de dollars pour leurs beaux yeux et un peu d'utopie, logique pourtant.

Ce lundi, les négociations d'Astana. En 2012, avant que le pays ne soit détruit, à feu et à sang, ces négociations avaient été refusées par les groupes armés qui encore aujourd'hui ont des volontés assez peu réalistes et toujours pas au service de la paix.

Notre gouvernement a pris des décisions qui ont condamné des millions de personnes à voyager, à mourir, à tout perdre, ce en notre nom et sans nous consulter sinon nous persuader. Certains souhaitent encore arriver à pérenniser cette guerre, continuer à entrainer la mort pour des objectifs économiques et politiques. Ca ne doit pas arriver, c’est sur et entre nos mains.

We are superheroes

mardi 26 août 2014

À ceux qui pensaient que ça ne pouvait être pire en France…



deux articles faisant le point sur le "changement" de gouvernement en France

LE DÉSARROI DES FRANÇAIS APRES LA CHUTE DU "GOUVERNEMENT DE COMBAT" 
du 26 au 30 août 2014 :

Vous connaissez le principe de la "lutte greco-romaine", sport qu'on ne voit qu'aux Jeux Olympiques? Le Grec veut, le Romain ne veut pas :-) Eh bien quelques semaines seulement après l'installation du fameux "gouvernement de combat" de Mr Valls, le combat a été abrutement stoppé par Valls après la violente "prise" ou étreinte mortelle de Montebourg (portant si bien son nom). Aussi fou que cela puisse paraître, Valls a exigé de Hollande un nouveau gouvernement, mettant sa démission dans la "balance".

Sauf que la balance est désormais faussée, puisque il faudra attendre une ou deux semaines pour que les "fameux sondages de popularité" reflètent à nouveau la baisse radicale du Premier Ministre!

De l'art de se tirer des balles dans le pied.

Le symbole est fort : c'est le ministre de l'Economie, Montebourg, qui a été démissionné. L'économie étant le poste le plus sensible et stratégique actuellement, cette sortie de Montebourg s'explique par le fait qu'il voit, comme vous ici, la liste des licenciements, le nombre de Pme liquidées chaque mois et le chiffre des Français ne pouvant payer leurs impôts. Et il a des chiffres bien plus précis que ceux que vous voyez ici, mais ils ne sont pas communiqués, car ils créeraient un vent de panique total.
Montebourg sait qu'on va dans le mur à ce rythme de privations budgétaires, imposées non pas tant par les Allemands, mais bien par les maîtres américains, vrais patrons de Bruxelles. Alors il a préféré quitter le navire socialiste, sachant que Sapin, l'autre ministre de l'Economie, a été mis là exprès pour l'empêcher de bouger (les deux se sont battus pour savoir qui occupera le 7 étage de Bercy !!!). Sapin étant un bon exécutant de l'UE, comme Hollande et Valls, il hérite de tout. N'oubliez pas, Sapin c'est celui qui a honteusement menti aux Français sur les chiffres du chômage...
Montebourg en sortira mécaniquement grandi, et gagnera la sympathie d'une toute petite partie des Français qui suivent encore la politique avec intérêt, les autres en étant totalement dégoûtés. Et justement, ce point me permet de revenir sur un sondage publié cet été par Valeurs Actuelles, qui montre bien où en est l'état d'esprit de la France:

- 75% des Français ne font plus confiance à l’Etat, ni à la République.
- 88% rejettent catégoriquement les partis politiques.
- 87% jugent que Hollande n’a pas l’étoffe d’un président.
- 61% sont prêts à manifester, alors qu’ils n’étaient que 30% en 2010! 
- 71% ne font pas confiance aux syndicats.
- 12% souhaitent même que l’armée dirige le pays!
- 50% sont pour le rétablissement de la peine de mort (ils n’étaient que 35% en 2011)

Si vous regardez bien les chiffres, les Français veulent le retour d'un De Gaulle, d'un Napoléon même! Traduisez encore plus précisément, 12% d'entre-eux disant clairement vouloir le retour d'un militaire avec une poigne de fer, (ce que les autres expriment aussi, mais pas clairement, puisqu'ils sont 75% à ne plus croire en la validité d'un systéme démocratique et/ou républicain !!!). C'est absolument énorme mais guère étonnant, sachant que cela colle, vous le savez, avec ce qui s'est passé en Allemagne-Weimar et dans la France des Assignats, deux pays ayant utilisé massivement la monnaie de singe en planche à billets. Aujourd'hui, les Français payent le prix de la planche à billets dollar. Une révolution ou bien une dictature se mettra en place, ce n'est qu'une question de temps. Observez bien les événements. Lire ici le sondage de Valeurs Actuelles. Revue de Presse par Pierre Jovanovic © www.jovanovic.com 2008-2014


LA DECLARATION DE PECRESSE, LE DISCOURS DE MONTEBOURG ET LA REACTION DE BFM-WC 
du 26 au 30 août 2014 : Valérie Pécresse avait expliqué sur RTL, à la mi-août bien sûr, que "la France risque la cessation de paiement si ses taux d'intérêt augmentent". Ce qui risque de se passer évidemment à plus ou moins brève échéance, le pays ne pouvant payer des millions de chômeurs pour l'éternité.

Hier après-midi, Montebourg a surtout expliqué qu'il quittait ce gouvernement parce que celui-ci ne voulait pas regarder la verité économique en face, et qu'en tant que "homme qui dit la vérité aux Français", il se devait de retourner dans la vie normale et de ne plus briguer aucun mandat (pour le moment). Sur BFM-WC, le journaliste économique Chiffres a aussitôt tourné Montbourg et son discours en dérision, le faisant passer littéralement pour un imbécile, lançant "sa petite entreprise, sa start-up". Clairement, pour BFM, la situation actuelle des Français est satisfaisante et le pays se trouve sur la bonne voie.

Incroyable!

Bon, notez quand même qu'il a fallu attendre le 25 août 2014 pour qu'un dirigeant politique de ce niveau prenne conscience de ce qui attend la France, alors que pour ma part, je vous préviens avec conviction, patience, mais acharnement depuis... février 2008 !!! Il a fallu 6 ans, six pleines années, pour qu'un ministre socialiste prenne la mesure de la catastrophe et démissionne. Notez aussi que les autres, eux, continuent, les oreillères politiques toujours sur les yeux. Mon Dieu, sauvez la France. C'est le seul espoir réel qui nous reste. Là c'est une Jeanne d'Arc qu'il nous faut. Revue de Presse par Pierre Jovanovic © www.jovanovic.com 2008-2014

samedi 14 décembre 2013

Dialogues des Carmélites, martyres de la Révolution française

Le baptême du sang est le seul Mystère, le plus terrible et le plus sacré qui peut faire fi de l’idéologie œcuméniste et qui unit les croyants entre eux, directement, immédiatement et intimement, quelle que soit leur Eglise, car le martyre les unit d’abord au Dieu-Homme au moment même où ils offrent leur vie pour l’Amour du Christ.(Lisez l'article de Claude qu'il vient de faire paraître sur les saints martyrs)


Toutes les Révolutions et les régimes qui en sont issus sont sans aucun doute du diable, car systématiquement, ils ont versé abondamment le sang innocent des Chrétiens :
Révolution française, révolution bolchévique, révolution islamique, etc.


Les Carmélites de Compiègne sont les soeurs de toutes les moniales
persécutées et martyrisées de toutes les époques et de tous les lieux

 Extrait des Dialogues des Carmélites, Le Salve Regina dans une version antérieure
avec l'orchestre Amazonas Filarmonica, dirigé par Marcelo de Jésus
  et magnifiquement mis en scène par  William Pereira. Costumes par Marcelo Marques.


Une nouvelle version du chef d'oeuvre sera donnée
du 10 au 21 décembre 2013 au Théâtre des Champs-Elysées à Paris
Par le Philharmonia Orchestra, direction Jérémie Rhorer
Chœur du Théâtre des Champs-Elysées

"Une nouvelle production avec Jérémie Rhorer à la direction musicale dans une mise en scène d'Olivier Py.
Basé sur une histoire vraie des Carmélites de Compiègne guillotinées au temps de la Terreur, le chef-d’œuvre de Francis Poulenc s’appuie sur un scénario de Georges Bernanos, lui-même inspiré d’une nouvelle La Dernière à l'échafaud de Gertrud von Le Fort publiée en 1931 . La création de Bernanos bien que se distinguant par certains points de l'histoire des vraies Carmélites est un un chef d'oeuvre de la littérature et un profonde nourriture spirituelle.
Un film franco italien de Philippe Agostini et Raymond Leopold Bruckberger est sorti sur les écrans en 1960.



L’ouvrage du compositeur, non moins préoccupé par la vie spirituelle que les écrivains fut un immense succès lors de sa création (en italien avec un livret du dramaturge italien Flavio Testi) à La Scala, (qui l'avait commandée à Poulenc) en janvier 1957, puis celle de sa première française à l’Opéra Garnier six mois plus tard (notamment par la présence scénique et vocale de Denise Duval et Régine Crespin). Il était pourtant risqué de faire des mystères de la foi un sujet d’opéra, qui plus est majoritairement servi par des voix de femmes. Mais la puissance émotionnelle du texte de Bernanos dont Poulenc conserva l’essentiel, la rigueur dramaturgique et la richesse du langage musical (Poulenc excelle magnifiquement dans l’art de la voix, la faisant passer du récitatif le plus intimiste au lyrisme le plus intense) en font l’un des sommets de l’opéra français du XXe siècle.
Cette évocation profonde et bouleversante du martyre, servie ici pour cette nouvelle production par un plateau de rêve, propose bien deux conceptions du monde qui s’opposent : celui qui croit au ciel et celui qui n’y croit pas… ou plus. Poulenc, à la fois homme profondément « religieux » et compositeur « moderne », a su rendre dans ces Dialogues l’enjeu historique de la foi et du mystère sans en nier les tourments de l’âme et de la chair dans lesquels se mêlent orgueil et humilité, folie et réflexion, peur et don de soi.
Une telle œuvre ne pouvait que littéralement passionner le metteur en scène Olivier Py, dramaturge surdoué, flamboyant et mystique revendiqué."
Opéra en trois actes (1957) de Francis Poulenc
Texte de la pièce de Georges Bernanos avec l'autorisation de Emmet Lavery d'après une nouvelle de Gertrude Von Le Fort et un scénario du R.P. Brückberger et de Philippe Agostini (source)


http://www.livresenfamille.fr/media/zoom/9782912642189.jpg

mercredi 2 octobre 2013

RENAISSANCE DE LA RUSSIE


Je sais, ce n'est pas de saison. Ce n'est pas encore Pâques et il s'en faut ! Mais comme je suis dans une période russophile je ne peux m'empêcher de vous montrer cette image réjouissante

lundi 15 octobre 2012

Punks, Anars et Fols en Christ

St Basile et St Maxime
"Les « fols » viennent rappeler que la prédication évangélique est une « folie », que le salut et la sainteté sont incompatibles avec la satisfaction que donnent la considération sociale et la reconnaissance objective. Ils apparaissent aux époques de « sécularisation », quand le fait d'être chrétien semble dépendre des critères conventionnels et des conceptions du monde qui évalue la vraie vie et la vertu de l'homme avec les mesures de la bienséance et de la déontologie sociales.
Le « fol » est le charismatique qui a une expérience directe du Royaume de Dieu et prend sur lui de manifester prophétiquement l'opposition du « siècle présent » et du siècle du Royaume, la distinction radicale des mesures et des critères. Il refuse pour lui-même la reconnaissance objective de la vertu et de la piété. II porte à ses ultimes conséquences le rejet de la louange et de l'honneur des hommes. Il sait que la vertu individuelle sépare l'homme de Dieu, car elle crée une autosatisfaction, mais il sait qu'elle le sépare aussi des hommes, lesquels n'osent pas lui exposer leur tourment et leur impuissance."
Sur le merveilleux Blog de Claude vous pourrez lire les histoires de quelques uns des ces Fols en Christ :

Ste Xenia de St Petersbourg
La bienheureuse Zina de Vetlouga

Les Saintes Folles-en-Christ de Diveyevo

Sainte et Bienheureuse Xénia de Saint Pétersbourg

La Bienheureuse Pasha de Birsk

Saint Térence le Thaumaturge






Bienheureux Basile

"L'histoire de Théophile et de Marie (autour de 540), que raconte Jean d’Éphèse, est à cet égard tout à fait exemplaire. C'étaient deux enfants uniques, issus de familles aristocratiques d'Antioche. Fiancés l'un à l'autre, et tous deux d'une grande beauté, ils cherchèrent à appliquer dans leur vie la parole évangélique: « Celui qui n'a pas connu le péché, Il L'a fait devenir péché pour nous » (2 Co. 5, 21). Théophile faisait le mime, le bouffon, et Marie portait des vêtements de prostituée. Ils allaient sur les routes, s'affichaient dans les villes comme des comédiens, disaient des plaisanteries, des choses absurdes, et les gens se moquaient d'eux, et parfois les frappaient. Ils cherchaient le mépris des hommes, la parfaite humiliation de leur moi, pour gagner cette liberté ineffable et le goût de la vie, tel qu'il est donné quand meurt l'ultime résistance de l'individualité égocentrique. Lorsqu'une femme demanda un jour à Marie: « Pourquoi, ma fille, te roules-tu ainsi dans le péché ? », celle-ci répondit sans hésiter: « Priez, Madame, pour que Dieu me tire de la boue du péché » 

Saint Syméοn d'Emése
Saint Syméοn était ermite dans le désert au-delà du Jourdain, quand il reçut l'appel de Dieu à vivre comme un « fol ». Il dit à son compagnon 12 d'ascèse: « Par la puissance du Christ je m'en vais me jouer du monde ». Il descendit dans la ville d'Emése. « Il y accomplissait des merveilles, mais pour l'amour de Dieu il faisait semblant d'être fou »: il cachait sa vertu en se dénigrant lui-même et en fuyant toute considération et tout honneur qui auraient pu lui venir des hommes. Car il avait de toute manière des charismes manifestes de sainteté: le charisme des guérisons, le charisme de vision prophétique — la voyance —, le charisme de «prière pure » et le charisme des larmes.
Ainsi, « un dimanche, comme nous le raconte son biographe, il prit des noix et entra dans l'Église au début de la liturgie, jetant des noix et éteignant les cierges. Comme on accourait pour l'en empêcher, il monta dans la chaire et de là se mit à lapider les femmes avec les noix. Quand enfin, avec beaucoup de peine, on l'eut contraint à sortir, il renversa les tables des marchands, lesquels le battirent à mort » . Des actes comme celui-ci témoignent combien il cherchait à refuser d'être honoré, d'être reconnu comme un saint, et d'en avoir la réputation. Il préférait qu'on le considérât comme un moine à moitié fou, sans dignité sociale élémentaire, cette dignité qui conforte et maintient le moi.
Une autre fois il travaillait comme serveur dans une taverne, mais on commençait à vanter sa vertu, et le monde venait au cabaret pour le voir, pour découvrir dans sa personne le type objectif de l'homme vertueux. Alors l'Abbé Syméon, afin de fuir l'honneur et la considération des hommes, fit semblant de convoiter la femme du cabaretier et de vouloir l'agresser pour satisfaire son désir. « Un jour que la femme du cabaretier dormait seule, pendant que son mari servait du vin, l'Abbé Syméon, dit son biographe, survint près d'elle et fit semblant d'enlever ses propres vêtements. La femme se mit à crier. Son mari entra et elle lui dit: « Jette dehors ce maudit. Il a voulu me faire violence. L'homme roua de coups de poing Syméon et le fit sortir de la boutique, dans le froid ». Puis il divulgua la chose dans toute la ville, disant: « Il aurait déshonoré ma femme, s'il avait réussi ».
Pour la même raison Saint Syméon fréquentait les prostituées de la ville et dansait avec elles dans Ies rues, lui qui était moine de l'Église, et il supportait leurs gestes indécents: « Il avait atteint un tel degré de pureté et d'impassibilité qu'il lui arrivait souvent de danser tenant une femme d'un côté et une de l'autre, d'être en leur compagnie au milieu des gens et de jouer avec elles au point que ces femmes sans pudeur mettaient leurs mains dans son sein et le palpaient. Mais le vieillard était comme de l'or pur. En aucune manière elles ne le souillaient ».
St Symeon (par Strato)

Saint Syméοn paraît également aux yeux des hommes transgresser l'ordre canonique de l'Église, les obligations élémentaires du jeûne: « Le juste mangeait souvent de la viande, alors que de toute la semaine il ne prenait même pas de pain. Nul n'avait idée de son jeûne. Mais il trompait le monde en mangeant de la viande devant tous ». Quand arrivaient les quarante jours du grand Carême du saint jeûne, il ne prenait rien jusqu'au jeudi saint. Mais le jeudi saint dès l'aube il s'asseyait sous le porche de l'Église et mangeait. Ainsi ceux qui le voyaient scandalisés de ce que, disaient-ils, il ne jeûnait même pas le jeudi saint ». Cette provocation qui scandalise les gens pieux rappelle le « défi » du Christ abolissant le sabbat, lorsqu'il assume la responsabilité d'ordonner au paralytique de « prendre son lit » (In 5, 1-16), et qu'il couvre les disciples «qui se mettent à arracher des épis et à manger » le jour du sabbat (fit. 12, I-8) ou « qui mangent leur pain avec des mains impures, c'est-à-dire non lavées » (Mc 7, 1-16). En vérité le Christ n'abolit pas la loi, mais Il manifeste le dépassement de la Loi aux frontières du Royaume. Or Saint Syméοn est citoyen du Royaume. Il incarne dans sa personne le dépassement. Et ce dépassement n'est scandale que pour nous qui vivons encore avec la nécessité de la loi, avec la nécessité de la soumission, car nous n'avons pas encore atteint, ou nous ignorons, la « fin » de la loi, qui est la liberté des saints. Syméon à Εmèse semble vouloir faire scandale: il alla un jour jusqu'à entrer dans le bain public des femmes, « comme s'il allait vers le Seigneur de la gloire » note son biographe, l'évêque chypriote Léοn de NéapoIis. «Mais elles l'assaillirent, le frappèrent et le forcèrent à sortir». Il existe des modes éthiques et sociaux de répression, comme la loi, pour les passionnés. Mais il y a aussi la réalité de l'« impassibilité » des saints, cette réalité que Syméon révèle en libérant de l'ombre et de l'étroitesse de la loi notre vision spirituelle.

Cependant, outre ce qu'elle était en fait et au fond, cette tactique paradoxale avait aussi une dimension sociale, comme nous le confirme le biographe de Syméon. Car le saint parvenait à gagner la sympathie et la confiance des pécheurs, des malheureux, des humiliés. Il sauvait des femmes qui vivaient dans la prostitution, il les délivrait de la corruption en leur remettant de l'argent, il les menait jusqu'au mariage légitime même jusqu'à la vie monastique. Il gagnait même les incroyants et les hérétiques. Il les aidait à revenir à la foi droite. « Tel était donc son but D'abord sauver des âmes, soit en se portant vers elles par des voies bouffonnes ou détournées, soit en faisant des miracles, mais comme s'il était hors de sens, soit en donnant des avis, mais comme s'il était fou; ensuite faire en sorte que ne soit pas connue sa vertu, et qu'il ne reçoive des hommes ni louanges, ni honneur ». Il conseillait ainsi un archidiacre la ville: « Je te prie de ne jamais mépriser aucune âme, et singulièrement aucun moine ou aucun pauvre, quand tu les rencontres. Car l'amour sait qu'il y a parmi les pauvres, et surtout parmi les aveugles, des hommes purifiés comme le soleil par leur patience et leur souffrance »
Syméοn eut une fin bienheureuse. « Le Seigneur le prit, après l'avoir glorifié (dans son corps). Alors tous s'éveillèrent comme d'un sommeil. Ils se révélèrent les uns aux autres les merveilles qu'il avait faites pour chacun, et ils se dirent les uns aux autres qu'il avait simulé la folie pοur l'amour de Dieu ». 

Tout à fait parallèle est l'histoire de Saint André le fol en Christ.Il était né Scythe et il vint à Constantinople comme serviteur de Théognoste, qui était premier écuyer de Léon le Sage (886-911). Théognoste lui inculqua la culture grecque et le fit économe de sa maison. Mais André suivit la voie monastique et vécut comme « fol en Christ » environ trente ans. Il mourut à 66 ans, autour de 946. Il était spirituellement attaché à un prêtre de Sainte Sophie de Constantinople, du nom de Nicéphore. C'est à lui qu'il confiait sa dure ascèse. Et celui-ci le soutenait. Mais son biographe raconte aussi qu'il vit lui-même Αndré le « fol » dans sa cellule cachée se transfigurer, rayonner de la lumière de la gloire divine, comme le Christ sur le Thabor."
(extraits du chapitre consacré aux Fols en Christ par Christos YANNARAS dans son beau livre "La liberté de la morale" )


Sainte Tarse ou Tarcisia, folle en Christ contemporaine


Lire également La vie de St Théophile de Kiev Le Fol En Christ, Hiéromoine du Grand-Schème
de la Lavra des Grottes De Kiev, Ascète et Prophète sur le site d'Anne

Anar, punk, performer, quelles différences avec le fol en Christ ?
La tyrannie que veut éradiquer le "fol en Christ", c'est avant tout celle de l'ego avec ses exigences sans limites, l'idole qu'il veut abattre c'est encore une fois celle de son propre ego, qui est tant magnifié à notre époque et ce n'est que dans et depuis  cette âpre ascèse vécue réellement dans sa chair, et qui ne se paye pas de mots, qu'il peut ensuite remettre en question par toutes sortes de provocations toutes les tyrannies, et tourner en dérision tous les docteurs de la loi qui chargent les hommes de fardeaux difficiles à porter, et qu'ils ne touchent pas eux-mêmes de l'un de leurs doigts (Luc 11,46). Ce n'est que depuis son propre abaissement, son auto-dérision, la destruction renouvelée avec vigilance de sa propre image sociale respectable, avec l'assurance de ne pas tomber dans le piège de l'auto-glorification perverse de son humilité,  qu'il peut valablement   mettre en pleine lumière tous les péchés des puissants et à commencer par ceux qui devraient prêcher par l'exemple, ceux que l'on voit sur la scène publique comme les guides spirituels du peuple  c'est à dire le clergé. Rien à voir avec la révolte de l'anar ou du punk qui devrait ôter premièrement la poutre de leur œil, et alors voir comment ôter la paille qui est dans l'œil de leur frère (Luc, 6, 41)

jeudi 27 septembre 2012

Anarchistes vs Fols en Christ ?

St Isidore le thaumaturge
An-archè,
sans commencement...
Qui seul est sans origine ?
Seul celui que nous invoquons sous le nom de Dieu peut être ainsi qualifié, car Il est de tout temps, l’Éternel...
Qu'est-ce donc qu'un anarchiste ?
C'est celui, dit-on communément, qui n'a ni dieu ni maître ? Mais si Dieu n'est plus qu'un dieu, c'est à dire une idole "qui a des oreilles et n'entend pas, une bouche et ne parle pas, des yeux et ne voit pas", une idole faite de mains d'homme, à l'image et à la ressemblance de l'état de déchéance qui est le sien depuis la Chute, alors l'anarchiste n'a pas tort de refuser d'adorer un tel dieu. Et si le maître est un tyran qui prétend à être non seulement obéi mais vénéré voire encensé et adoré, alors quel tort pourrait-on reprocher à celui qui se dérobe à son pouvoir ?


Voici une autre définition du véritable anarchiste selon nous : littéralement c'est celui qui suit la voie de l'An-archè, du seul non-créé, c'est à dire Dieu Lui-même, le vrai Dieu, et non point sa caricature idolâtrée ici et là sous diverses formes mais Celui qui est à la fois l'inconcevable, l'ineffable, l'incommensurable et qui s'est incarné selon un plan conçu de toute éternité, en Jésus de Nazareth, enfant du ventre d'une de nos sœurs humaines, de sorte que celui qui a vu le Fils voit le Père, et s'unisse à  Lui, dans les mystères de sa Vie, sa Passion et sa Résurrection, connaissant à nouveau son image originelle, pour s'y conformer par la ressemblance en y trouvant sa libération de toute idole et de toute tyrannie à commencer par lui-même, soumis qu'il est avant tout à son égocentrisme et à l'aliénation que lui vaut ses diverses dépendances, en vue de son salut. Ceux que dans l’Église Orthodoxe nous appelons des "Fols en Christ" sont sans doute ceux-là les véritables anarchistes.


Jean-Claude LARCHET dans une interview «Fou» pour le Christ parue dans la revue Фома, n° 110, juin 2012, p. 21-­26, rappelle que
[…] L’Église, en tant qu’institution, a tendance à se figer dans le ritualisme et le formalisme, et […]  peut être séduite par le pouvoir, par les richesses et par l’esprit de ce monde. Les prophètes, les startsi, les fous-en-Christ, mais aussi tous les fidèles qui vivent profondément leur foi sont là pour rappeler la véritable réalité de l’Église, qui est le Corps du Christ animé par l’Esprit et non une société humaine ou un État dans l’État. […] les fous-en-Christ, du fait de leur vie publique et du fait qu’ils témoignent par leur genre de vie d’un parfait détachement par rapport à ce monde et à ses lois, expriment d’une manière particulièrement forte que le Royaume de Dieu n’est pas de ce monde (cf. Jean 18, 36). Ils rappellent aussi, contre le ritualisme, le formalisme et le moralisme, que la lettre tue et que c’est l’esprit qui vivifie (cf. 2 Corinthiens 3, 6). Mais le Christ Lui-même, par diverses paroles (comme « les premiers seront les derniers et les derniers les premiers », ou comme les Béatitudes [Matthieu 5, 3‐12]) a souligné que le christianisme obéit à des lois différentes de celles du monde ; et saint Paul a affirmé très clairement que le christianisme est folie pour le monde (cf. 1 Corinthiens 1, 17‐27) et a dit au nom de tous les chrétiens qui vivent profondément leur foi : « nous sommes fous à cause du Christ » (1 Corinthiens 4, 10).


Christos YANNARAS dans un chapitre de son beau livre "La liberté de la morale
écrit également :

Le défi des fols en Christ 
«Ce qui nous condamne ou ce qui nous sauve est notre refus ou notre effort de « transformer » la révolte de notre nature commune en relation personnelle de repentir et de communion; notre refus ou notre effort d'imiter la kénοse du Christ, le renoncement à toute exigence individuelle de justification; notre refus ou notre effort d'assumer volontairement l'échec commun et de le porter à Dieu, d'incarner dans nos personnes la parole de l'Apôtre Paul: « Je supplée dans ma chair à ce qui manque aux afflictions du Christ pour son corps, qui est l'Église » (Col. 1, 24). C'est seulement ainsi que les saints, lesquels vivent le mode trinitaire de l'existence, dépassent la fragmentation de la nature par le péché, transforment le péché en humble accueil des autres, en événement de communion et d'amour. » [...]

«Mais la provocation des « fols » ne crée pas de confusion dans la foi des hommes. Elle n'enténèbre pas non plus la vérité de l'Église. Elle surprend seulement ceux qui ont identifié la foi et la vérité avec la conception sécularisée de la conséquence morale et de la bienséance conventionnelle. Les « fols » ont le charisme et l'audace de déclarer ouvertement que la chute et le péché humains qui nous sont communs à tous, sont la réalité de notre nature, et qu'ils ne sont abolis ni parce qu'existent des cas individuels « améliorés », ni parce qu'ils (la chute et le péché) sont dissimulés sous les apparences sociales.»  [...]


«C'est en ce sens que tout moine de l'Orient orthodoxe est une sorte de « fol en Christ» . Il porte le vêtement de deuil, signifiant par là ouvertement qu'il assume notre chute et notre péché communs. Et il se retire dans l'ascèse combattant pour nous tous cette chute et ce péché. Telle est également la vocation de tout membre de l'Église. Si nous-mêmes persistons à ignorer l'Évangile du salut en identifiant la nouvelle naissance de l'homme avec la reconnaissance sociale de la vertu individuelle, avec cette réussite mondaine qu'est la considération morale, c'est nous qui en portons la faute, cette faute qui nous exclut de la vérité et de la vie.»[...]


«De toute manière, dans le cas des « fols en Christ », leur bouleversante liberté vis-à-vis de toute loi, toute règle, toute limitation, toute déontologie, n'est pas simplement un rappel didactique du danger que nous courons à identifier la vertu et la sainteté avec la bienséance sociale conventionnelle et la conséquence morale égocentrique. Nul n'enseigne jamais vraiment en ne faisant que contester des conceptions et des mode de vie erronés, mais en incarnant lui-même la vérité capable de sauver, La bouleversante liberté des « fois » est avant tout une mort totale, une parfaite destruction de tout élément égocentrique de vie. Cette mort est la liberté qui peut briser et dissoudre toute forme conventionnelle. Elle est la résurrection dans la vie de l'altérité personnelle, dans la vie l'amour qui ne connaît pas de limites et de barrières.»