Si quelqu'un, en effet, veut aimer la vie et voir des jours heureux, qu'il préserve sa langue du mal et ses lèvres des paroles trompeuses, qu'il se détourne du mal et fasse le bien, qu'il recherche la paix et la poursuive. 1 Pierre 3:10-11 Les lèvres mensongères font horreur à l'Éternel, tandis que ceux qui agissent avec fidélité lui sont agréables. Proverbes 12:22 «C'est ce qui sort de l'homme qui le rend impur. En effet, c'est de l’intérieur, c'est du cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées, les adultères, l'immoralité sexuelle, les meurtres, les vols, la soif de posséder, les méchancetés, la fraude, la débauche, le regard envieux, la calomnie, l'orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et rendent l'homme impur.» Marc 7:20-23 Un témoin fidèle ne ment pas, tandis qu’un faux témoin dit des mensonges. Proverbes 14:5 « Vous, vous avez pour père le diable et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement et il ne s'est pas tenu dans la vérité parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, il parle de son propre fond, car il est menteur et le père du mensonge. » Jean 8:44 Si les paroles distinguées ne conviennent pas à un fou, les paroles mensongères conviennent d’autant moins à un noble. Proverbes 17:7 « Écarte de ta bouche la fausseté, éloigne de tes lèvres les détours ! Proverbes 4:24 Craindre l'Éternel, c'est détester le mal. L'arrogance, l'orgueil, la voie du mal et la bouche perverse, voilà ce que je déteste. » Proverbes 8:13 « Pierre lui dit : «Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, au point que tu aies menti au Saint-Esprit et gardé une partie du prix du champ? […] Comment as-tu pu former dans ton cœur un projet pareil? Ce n'est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu.»Actes 5:3-4Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les enchanteurs, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l'étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort.Apocalypse 21.8
Affichage des articles dont le libellé est P. Henri Boulad. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est P. Henri Boulad. Afficher tous les articles

mercredi 12 avril 2017

Père Boulad : "Si jamais il n’y a pas un changement en profondeur en France avec les prochaines élections, nous allons vers une guerre civile"




Vu de L’Égypte, que pensez-vous de l’Europe ?

L’Egyptien a une profonde admiration pour l’Europe. Et pas seulement l’Egyptien, mais le monde arabe. Il est fasciné par l’Europe. Il y a deux ans, je lisais un article dans une revue koweitienne, un article en arabe intitulé : « Un jour, on regrettera l’Europe ». Cet article constatait que l’Europe était en train de se faire démolir de l’intérieur par l’immigration et affirmait que si l’Europe s’écroulait, ce serait une catastrophe, non seulement pour l’Europe, mais pour tous.

L’Islam a vis-à-vis de l’Europe un sentiment ambivalent : fascination et rejet. Amour et haine. En psychologie, on connait cela, l’ambivalence. L’Islam a d’autant plus de haine et de rejet qu’il admire l’Europe, car il voudrait être comme elle. Mais il n’y arrive pas, à cause des contraintes de la religion dans laquelle il se débat, qui l’empêche d’ouvrir son esprit et d’entrer dans ce processus des valeurs de droits de l’homme, de démocratie et de réflexion critique. Alors, ce qu’on n’arrive pas à imiter et à être, on le démolit, par dépit face à un défi qu’on n’arrive pas à relever. Le monde arabe est complexé par rapport à son retard culturel et civilisationnel. Alors beaucoup de musulmans veulent être comme les Européens, mais comme ils n’y arrivent pas, ils réagissent par la haine et le dépit. Je souhaiterais citer l’exemple d’une enseignante française, qui a pendant 20 ans enseigné dans cinq lycées des quartiers chauds musulmans des banlieues autour de Paris. Elle a tout essayé, elle a donné le meilleur d’elle-même pour enseigner la culture et la langue française, les valeurs de la république, l’histoire. Elle dit avec beaucoup de peine et de dépit qu’elle n’a reçu en contrepartie que rejet, refus, haine, rancœur, agressivité de ses élèves. Pas un seul lycée mais cinq ! La troisième génération qui était censée s’intégrer ne veut pas de la France ! Ce qu’ils veulent c’est l’argent, le bien-être, la couverture sociale, mais ils ne veulent absolument pas être Français. Je comprends tout à fait la réaction de l’Australie qui dit : vous êtes les bienvenus chez nous si vous voulez vous intégrer, mais si vous ne voulez pas, rentrez chez vous immédiatement. C’est ce que l’Europe n’arrive pas à faire, n’a pas le courage de faire, c’est pour cela qu’elle est en train de s’autodétruire. Il y a un livre d’Erice Zemmour très connu maintenant en France qui s’appelle le suicide français. Eric Zemmour est un auteur brillant, il y en a beaucoup d’autres qui sont dans la même perspective. La France est en train de se suicider. Mais le peuple ne comprend pas, ne réagit pas, se laisse faire. Seul un courant de la droite est conscient du danger, réagit, et aussitôt on veut le faire taire en le traitant d’islamophobe et de raciste. C’est là que je dénonce l’idéologie de la gauche libérale comme une idéologie mortifère qui veut tuer et détruire ce qui est beau, bien et positif. Une culture de la mort si je puis dire. Je ne sais pas si j’ai répondu à la question, mais vu de L’Égypte et de l’Orient, l’Europe est une chance extraordinaire, qui fascine à bon droit, car l’Europe a apporté au monde la civilisation. Mais avec ce complexe d’infériorité d’une religion qui n’arrive pas à sortir de la pétrification dans laquelle elle est, et sa civilisation qui n’arrive pas à se développer, le monde arabe est ambivalent par rapport à L’Europe.

Comment voyez-vous la crise actuelle en France et le problème de l’immigration ?

Cette crise tient à deux facteurs. Tout d’abord, elle est liée à l’idéologie de la gauche libérale qui détruit la France de l’intérieur depuis des décennies pour des raisons obscures, surtout d’ordre financier et économique, liées à la mondialisation. Le deuxième facteur est l’islamisation exponentielle de la France qui est parmi les pays occidentaux les plus atteints par ce phénomène. Je pense que la gauche et l’Islam font bon ménage, on appelle cela l’islamo-gauchisme, en visant à déstabiliser la société française, la vider de toute identité, de tout dynamisme, pour remplacer cette identité par l’Islam. Pour dire les choses simplement, d’ici quelques années la France et l’Europe seront musulmanes par le triple jeu de l’immigration, de la démographie et des conversions, l’Islam étant une religion par nature conquérante et prosélyte.

Nous avons le devoir d’accueillir l’étranger et de lui donner le maximum de possibilités pour s’intégrer, pour qu’il construise le pays en même temps que lui-même. Mais lorsque cet immigré refuse de s’intégrer, il n’y a plus qu’une seule solution, c’est de le mettre à la porte. Ou tu es content ici, alors fais l’effort de t’intégrer en apprenant la langue et en assumant la culture, ou bien tu ne veux pas, alors rentre chez toi.

Les gouvernements qui se succèdent en France semble encourager l’immigration malgré ce rejet de la France, la police est dépassée lorsque l’on brûle les voitures et les magasins. C’est un désastre à tous les points de vue, la gauche libérale est un échec retentissant en France et ailleurs.

Que doivent faire les chrétiens face à cette situation de crise de l’Europe ?

Les chrétiens devraient étudier et analyser la situation de l’Europe et de l’Eglise en toute objectivité pour la comprendre. Toute action suppose au préalable une analyse. On ne peut pas résoudre un problème si on ne l’a pas bien posé. Il faut sortir du politiquement correct, sortir du bourrage de crâne des grands médias pour étudier en toute objectivité la question de l’Eglise, de l’Islam, et de l’Europe. Cela suppose que l’on fasse venir des personnes susceptibles de donner un éclairage différent que celui de l’opinion manipulée. Les chrétiens devraient donc d’abord procéder à une analyse et une connaissance en profondeur. Deuxièmement, à une action concertée.

Que faire dans le contexte actuel ?

Il faut agir non seulement pour protéger les chrétiens d’Orient et d’Egypte, mais aussi pour protéger les musulmans ouverts et modérés, qui veulent réformer l’Islam, mais qui ne peuvent pas s’exprimer car eux aussi sont opprimés. Donc la question n’est pas tant « chrétiens contre musulmans », il ne s’agit pas que les chrétiens européens s’occupent seulement des chrétiens persécutés, car les chrétiens du Moyen-Orient sont solidaires des musulmans qui souffrent de l’Islam oppressant qui les étouffe ! C’est au nom de mon amour pour les musulmans que je veux les libérer du « fascisme islamique » tel que décrit par un auteur musulman, Hamed Abdel-Samad, dans son livre paru très récemment en français, dont le titre est justement « Le fascisme islamique ».

Il faut libérer la parole, libérer l’homme, lui donner son humanité, la possibilité de s’exprimer. Le sortir de ce carcan religieux étroit qui est celui de l’Islam, et dont il n’arrive pas à se débarrasser. Il s’agit moins d’aider les chrétiens d’Egypte et du Moyen-Orient que d’aider à promouvoir un discours libre et vrai, accès sur la liberté, l’homme, la démocratie, les valeurs. C’est là qu’un dialogue est nécessaire avec des personnes qui peuvent vous orienter et conseiller.

L’Eglise catholique elle-même est tombée dans le piège, et elle y est toujours. 

Elle ne veut pas comprendre un autre langage que celui de ces « experts » en Islam formés à Oxford, Paris, Berlin, ou à Washington, qui ne connaissent l’Islam que de façon très théorique, académique, qui ne veulent pas comprendre qu’il y a un autre dialogue possible, nécessaire et impératif avec l’Islam, qui n’est pas celui qu’ils ont mené jusqu’à présent et qui a été un échec total et une impasse. Car depuis 50 ans qu’on a instauré ce dialogue après Vatican II, on est au point zéro, et on a même reculé.

Quel message souhaiteriez-vous adresser au Français ?

Un sursaut, un refus, un rejet de cette manipulation dont ils font l’objet. D’ailleurs, il semble que les Français sont de plus en plus conscients, il y a un réveil depuis quelques mois qui se fait en France, vers une revendication d’identité. Ils refusent de laisser leur identité française et leur culture se dissoudre. Il y a dans le peuple français, avec toute la bonté, la douceur et l’accueil qui le caractérise, un nerf, une volonté de vie et de survie, de révolte. Si jamais il n’y a pas un changement en profondeur en France avec les prochaines élections, nous allons vers une guerre civile, car je ne pense pas que les Français vont se laisser marcher sur les pieds, se laisser écraser et effacer de la carte de l’Europe et du monde. La France est un très grand peuple, une culture qui est la mienne, que j’ai reçue depuis ma petite enfance, que j’admire, qui est une richesse extraordinaire. Je trouverais dommage que la culture française s’écroule, que l’Europe disparaisse elle aussi, car la France et l’Europe sont un message, à l’avant-garde de la pensée, de l’art, de la culture, de la philosophie. Ce serait catastrophique que cela soit remplacé par l’Islam. Je n’ai rien contre les musulmans, mais j’en veux beaucoup à l’Islam, dont les musulmans sont les premières victimes. Victimes de ce fascisme islamique décrit par l’auteur musulman Hamed Abdel-Samad dont j’ai parlé avant.

Après vous être débarrassés du communisme et du nazisme, ce serait tragique de tomber dans un fascisme bien pire que les précédents car il se réfère à Dieu lui-même, ce qui fait que ce serait plus difficile de l’éradiquer. Donc une fois qu’il aura pris racine, vous aurez ce que nous avons connu pendant des siècles chez nous au Moyen-Orient et que je connais dans ma propre famille qui a vécu le massacre de 20.000 chrétiens en 1860, qui a fait que mon grand-père s’est réfugié en Egypte.

LES COPTES UNE ÉGLISE DE MARTYRS

vendredi 7 avril 2017

Islamisme et/ou islam ?

Le Père Henri Boulad* répond à la lettre des 120 érudits musulmans qui accusent l’État islamique d’avoir sali l’Islam

526x297-wUb

Le 27 octobre dernier, le monde entier avait déjà découvert, horrifié et impuissant, que des otages occidentaux étaient l’un après l’autre décapités par les jihadistes de l’Etat islamique. En Algérie, l’otage français Hervé Gourdel venait de subir la même tragique fin.

Dans ce contexte, 120 érudits musulmans publièrent une longue lettre ouverte de 22 pages adressée à Abu Bakr Al-Baghdadi, le chef autoproclamé des djihadistes de l’Etat islamique, accusant l’État islamique d’avoir sali l’Islam.

Des hauts dignitaires de l’islam qui condamnent les meurtres, tortures et exactions commises par les djihadistes au nom de l’Islam, cela ne peut que m’apporter joie et soulagement. Mais j’ai rapidement eu quelques doutes sur la sincérité des auteurs de cette condamnation.

Car je ne suis ni coupable d’ignorance, ni de sous estimation de la place de la taqiyya dans l’islam, et je ne suis pas un bisounours.

Le Père Henri Boulad a bien voulu étudier cette lettre accusatoire (dont l’effet, nous le voyons chaque jour, est nul), et y apporter une première réponse qu’il nous a proposé de publier sur Dreuz info. 

La voici. 

Je remercie le Père Boulad pour sa contribution, et François Sweydan qui a pris l’initiative de lui transmettre ma demande. – Jean-Patrick Grumberg.


Islamisme et Islam – Henri Boulad, s.j.

Il y a quelques années, le grand juriste Égyptien Saïd el-Achmaoui publiait son fameux livre Al Islam al-siyâssi (L’Islam politique) traduit en français sous le titre de L’Islamisme contre l’islam*. Dans cet ouvrage, Achmaoui cherche à montrer que l’islamisme est une déviation, une perversion du véritable Islam, dont l’orientation est uniquement spirituelle et religieuse.

L’islamisme, c’est l’islam
Je prendrai ici le contre-pied de la position de Achmaoui en affirmant que L’ISLAMISME, C’EST L’ISLAM. Cette affirmation n’a rien d’arbitraire ou de fantaisiste. Elle ne relève pas d’un parti pris ou d’une provocation, ni d’une prise de position fanatique ou intolérante, ni d’une approche volontairement négative ou réductrice.
Je pense au contraire que cette affirmation est parfaitement cohérente avec l’histoire et la géographie, avec le Coran et la Sunna, avec la vie de Mohammad et l’évolution de l’Islam, avec ce que l’Islam dit de lui-même.
Je refuse la position de ceux – musulmans ou chrétiens – qui se voilent la face, jouent à la politique de l’autruche, tournent autour du pot, refusent de voir la réalité en toute objectivité, ou prennent leurs désirs pour des réalités, au nom du dialogue et de la tolérance.
On dira que le problème de l’Islam est plus complexe, que ma position est simpliste, simplificatrice et tend à l’ « amalgame », comme on dit aujourd’hui.
Je suis tout à fait conscient de la variété des Islams. J’ai même fait des conférences sur « Les six Islams » où je déploie l’éventail des différentes tendances, depuis l’Islam ouvert, libéral, modéré et laïcisant, jusqu’à l’Islam le plus radical, en passant par le soufisme, l’Islam des confréries et l’Islam populaire.
Je suis parfaitement au courant de toute la tendance actuelle de l’Islam laïc et laïcisant, moderne et modernisant. Je pense malgré tout que ce courant n’est guère représentatif de l’Islam officiel, de l’Islam orthodoxe et classique, de l’Islam sunnite tel qu’il s’est toujours manifesté, tel qu’il s’est toujours voulu, tel qu’il se veut encore aujourd’hui.
D’où le rejet par l’Islam officiel de tous les penseurs et intellectuels qui, cherchant à réinterpréter l’Islam à la lumière de la modernité, se font taxer d’hérétiques, d’apostats ou de déviationnistes.
L’islamisme n’est ni une caricature, ni une contrefaçon, ni une hérésie, ni un phénomène marginal et aberrant par rapport à l’Islam classique orthodoxe sunnite.

L’islamisme, c’est l’Islam à découvert, l’Islam sans masque et sans fard

Je pense au contraire que l’islamisme, c’est l’Islam à découvert, l’Islam sans masque et sans fard, l’Islam parfaitement conséquent et fidèle à lui-même, un Islam qui a le courage et la lucidité d’aller jusqu’au bout de lui-même, jusqu’à ses dernières implications.

L’islamisme, c’est l’islam dans toute sa logique, dans toute sa rigueur.
L’islamisme est présent dans l’Islam comme le poussin dans l’oeuf, comme le fruit dans la fleur, comme l’arbre dans la graine.

Mais, qu’est-ce que l’islamisme ?

L’islamisme, c’est l’Islam politique, porteur d’un projet et d’un modèle de société visant à l’établissement d’un État théocratique fondé sur la charia, seule loi légitime – parce que divine – telle que révélée et consignée dans le Coran et la Sunna, une loi qui a réponse à tout.
Il s’agit là d’un projet global et globalisant, total, totalisant, totalitaire.
CAR L’ISLAM EST UN TOUT : une foi et un culte, un horizon et une morale, un mode de vie et une vision du monde. Intransigeant, il offre le salut ou la perdition.
L’Islam est LA vérité qui ne supporte pas le doute et ses adeptes forment « la meilleure des communautés ».

L’Islam se veut à la fois religion, état et société, une religion et un Etat

L’Islam se veut À LA FOIS RELIGION, ETAT ET SOCIETE, « dîn wa dawla » (« une religion et un État »). Et c’est ainsi qu’il a été tel depuis ses plus lointaines origines.
L’Hégire, qui marque le passage de la Mecque à Médine et le début de l’ère musulmane, signifie que l’Islam cesse d’être une simple religion pour devenir État politique et société. L’Hégire est le moment où Mohammad cesse d’être un simple chef religieux pour devenir chef d’État et leader politique.

Religion et politique seront désormais indissolublement liés.

« L’Islam est politique ou n’est rien » (Khomeiny).
La « soumission » à Allah – qui est le sens même du mot « islam » – est aussi bien exigée du croyant que de l’État. Le pouvoir politique se voue donc entièrement à une mission religieuse. C’est l’annexion de la politique par la religion.

L’idée d’un Islam laïc – et démocratique – est en soi une hérésie

Ce qui frappe dans l’Islam, c’est son EXTRAORDINAIRE COHÉSION. Car dans l’Islam se mêlent indissolublement, inextricablement le sacré et le profane, le spirituel et le temporel, le religieux et le civil, le public et le privé. L’Islam couvre et embrasse tous les aspects de la vie et de la société. C’est en ce sens que je disais plus haut que l’Islam est global et globalisant, total, totalisant et totalitaire. 

L’idée d’un Islam laïc – et démocratique – est en soi une hérésie. Il contredit l’essence même de l’Islam.

L’ISLAM EST UN CREUSET FUSIONNEL INTENSE qui engendre un tissu social fortement structuré et donne à une société consistance, cohésion et continuité. D’où son extraordinaire capacité d’intégration. L’Islam a toujours été intégrateur, jamais intégré ; toujours assimilateur, jamais assimilé. Une seule exception : l’Espagne… En fait, ce recul n’a été possible que par les moyens que nous connaissons.
Autres atouts de l’Islam : SA GRANDE SIMPLICITÉ. Simplicité de son dogme, de sa morale, de ses principes. SA SOUPLESSE, son élasticité, sa capacité quasi infinie d’adaptation, à partir d’un noyau dur, solide, irréductible.
C’est cette souplesse de l’Islam qui explique en partie sa foudroyante expansion tant en Afrique (subsaharienne 35 %) qu’en Asie. Ce dernier continent, dans lequel le christianisme a pénétré six siècles avant l’Islam, ne compte que 12 % de chrétiens (mais en expansion avec la Chine aujourd’hui), alors qu’on évalue à près de 33 % le nombre de musulmans (Estimation 2009 du Pew Research Center).

Un dernier point : LE JIHAD

Les textes sont clairs : il s’agit bel et bien d’un combat par l’épée 

Le jihad n’est pas un aspect marginal, un accessoire de l’Islam. Il constitue une des principales obligations du croyant. On a voulu interpréter ce terme de façon réductrice, comme si le jihad n’était qu’un combat spirituel et intérieur, un combat contre les passions et les instincts. Non, les textes sont clairs : il s’agit bel et bien d’un combat par l’épée et ce n’est pas un hasard si l’Arabie Saoudite et tel ou tel groupe islamiste représente un glaive sur son écusson (voir Coran : 2.216-217 ; 3.157-158 ; 3.169 ; 8.17 ; 8.39 ; 8.41 ; 8.67 ; 8.69 ; 9.5 ; 9.29 ; 9.41 ; 9.111 ; 9.123 ; 47.35 ; 59.8).
Il y a dans l’Islam l’idée de force, de puissance. L’Islam est la religion de la force. Il s’impose souvent par la force et ne cède en général qu’à la force. C’est un fait : historiquement l’Islam s’est souvent étendu par la contrainte et la violence. Il n’est que de consulter les ouvrages de Bat-Ye’or pour s’en convaincre. D’ailleurs, l’Islam ne divise-t-il pas le monde en deux : « la demeure de l’Islam et celle de la guerre », « Dar al-Islâm wa dâr al-harb » ?
L’Islam a pour ambition et pour prétention de convertir l’humanité entière. Il est par essence planétaire, universel, à l’instar du christianisme. C’est la prétention de ces deux religions à l’universalité qui explique leur incompatibilité et leur rejet réciproques. Pour le musulman, il n’y a qu’une seule vraie religion, l’Islam : « Inna-dîn ‘ind-Allah al-Islâm » (« La religion d’Allah c’est l’Islam »).
Le musulman a en lui la certitude d’avoir raison, de posséder la vérité. Cette conviction a pour conséquence la froide détermination d’aboutir, de réussir un jour à conquérir le monde, envers et contre tout. Rien ne l’arrêtera.
Car l’Islam compte avec le temps. Il a le temps, il a tout le temps, il a toute l’éternité. Il y a dans l’Islam la patience infinie du bédouin suivant sa caravane.
© Henri Boulad, s.j pour Dreuz.info.

* Le père Henri Boulad est né à Alexandrie en 1931. Il est issu par son père d’une famille syrienne chrétienne qui vivait à Damas depuis des siècles et qui a dû fuir vers l’Egypte lors de massacres perpétués contre les chrétiens en 1860 au cours desquels 20.000 chrétiens ont été tués. En 1950, Henri Boulad entre à l’âge de 19 ans au noviciat des jésuites à Bikfaya au Liban. De 1952 à 1957, il vit en France ou il fait une formation littéraire à Laval puis en philosophie à Chantilly, au cours de laquelle il découvre Teilhard de Chardin. Après un cycle d'études théologiques de 1959 à 1963 au Liban, il est ordonné prêtre en 1963. En 1965, il obtient un doctorat en psychologie à l'université de Chicago. Revenu dans son pays en 1967, il devient supérieur religieux des jésuites d'Alexandrie, puis provincial des jésuites du Proche-Orient, et enseigne la théologie au Caire. Il est fortement engagé au service des déshérités, chrétiens et musulmans. En 1982 puis une nouvelle fois en 1996, il est décoré par la France pour son œuvre éducative et son engagement auprès des plus démunis. Cet engagement se poursuit jusqu’à aujourd’hui avec notamment son implication dans Caritas.