Les lèvres mensongères font horreur à l'Éternel, tandis que ceux qui agissent avec fidélité lui sont agréables. Proverbes 12:22 «C'est ce qui sort de l'homme qui le rend impur. En effet, c'est de l’intérieur, c'est du cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées, les adultères, l'immoralité sexuelle, les meurtres, les vols, la soif de posséder, les méchancetés, la fraude, la débauche, le regard envieux, la calomnie, l'orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et rendent l'homme impur.» Marc 7:20-23 Un témoin fidèle ne ment pas, tandis qu’un faux témoin dit des mensonges. Proverbes 14:5 « Vous, vous avez pour père le diable et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement et il ne s'est pas tenu dans la vérité parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, il parle de son propre fond, car il est menteur et le père du mensonge. » Jean 8:44 Si les paroles distinguées ne conviennent pas à un fou, les paroles mensongères conviennent d’autant moins à un noble. Proverbes 17:7 « Écarte de ta bouche la fausseté, éloigne de tes lèvres les détours ! Proverbes 4:24 Craindre l'Éternel, c'est détester le mal. L'arrogance, l'orgueil, la voie du mal et la bouche perverse, voilà ce que je déteste. » Proverbes 8:13 « Pierre lui dit : «Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, au point que tu aies menti au Saint-Esprit et gardé une partie du prix du champ? […] Comment as-tu pu former dans ton cœur un projet pareil? Ce n'est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu.»Actes 5:3-4Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les enchanteurs, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l'étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort.Apocalypse 21.8
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samedi 25 mars 2017

POUR NE PAS OUBLIER L'HEURE QU'IL EST… même au milieu du Carême

Confessions d’un économiste « repentito »


Il y a 12 ans, John Perkins publiait un livre choc, Confessions of an Economic Hit Man (Confessions d’un économiste tueur à gages). Le livre a fait partie du top des meilleures ventes selon la liste publiée par le New York Times, mais il est resté assez confidentiel en Europe bien que traduit en Français dans une édition canadienne (Ariane) de 2004 sous le titre : Confessions d’un assassin financier(1), – ici le lien avec le téléchargement libre de cette première version en version française -.
Ces confessions expose des révélations sur la manipulation des économies du monde par la puissance américaine des États-Unis. A l’heure du net, la popularité d’un Julian Assange ou d’un Edward Snowden surpasse de loin celle de John Perkins, cependant J. Perkins doit être considéré comme un des pionniers dans le monde des lanceurs d’alertes (whistleblowers) avec cette publication.
Un Etat au service d’une «corporatocracy»
Dans la première version des «Confessions» J. Perkins soutient qu’une élite aux États-Unis souhaite construire une gouvernance mondiale. Les présidents Lyndon Johnson et Richard Nixon en auraient déterminé l’objectif et les moyens d’action. Ainsi au sein des institutions internationales des groupes de consultants ont été mis en place. Ils utilisent les organisations financières internationales pour créer les conditions permettant d’assujettir les nations à la gouvernance mondiale. L’endettement encouragé auprès d’organismes comme le FMI et la Banque mondiale rend possible cette stratégie. Des consultants rédigent des tonnes de rapports qui justifient le recours par ces Etats à des prêts internationaux énormes. Une fois déduites les sommes destinées à la corruption des élites locales, l’argent en question alimente les comptes en banques de grandes sociétés d’ingénierie et de construction américaines.
Un responsable de la Directeur des pêches de la Mauritanie, en stage à l’IFREMER alors que je travaillais dans le service d’études économiques de cet institut de recherche, m’avait expliqué exactement la même mécanique, déjà en 1990.
Généralement les besoins en liquidités sont surévalués par les rapports, et progressivement les Etats ciblés se révèlent incapable de payer leurs dettes. Vient ensuite la perte de souveraineté par ingérence directe dans les affaires du pays. Les créanciers mobilisent alors des experts en « redressement financiers »  et appliquent des «conditionnalités» (2)  sur les politiques menées dans le pays… Programme d’austérité, de limitations budgétaires, de fermetures des écoles… On a bien vu tout ça et plus encore : l’accès à d’éventuelles richesses pétrolières et autres ressources naturelles, l’établissement de bases militaires comme aussi l’exigence de loyauté politique devant s’exprimer, par exemple, par un vote favorable dans les instances des Nations unies . Déjà en 2004 J. Perkins qualifiait cette méthode de mafieuse et ils caractérisait les exécutants de ces basses oeuvres par le vocable d’ économistes tueurs à gages. Les assassins financiers/économiste tueur à gages, écrit John Perkins, sont «des professionnels grassement payés qui escroquent des milliards de dollars à divers pays du globe. Leurs armes principales : les rapports financiers frauduleux, les élections truquées, les pots-de-vin, l’extorsion, le sexe et le meurtre. »
J. Perkins désigne le dollar comme la pierre angulaire de cette stratégie de contrôle global -qualifié d’ «Empire global» ; c’est le dollar en tant que principale monnaie internationale qui assure la pérennité du processus. En effet, tous ces prêts octroyés à fonds perdus provoqueraient la banqueroute de tout autre créancier ; mais il n’en va pas de même pour les États-Unis car ils ont acquis la capacité d’imprimer des dollars sans contraintes (de dépôt en or comme ce fut le cas dans le SMI de Bretton Woods). La valeur de la monnaie américaine telle une promesse repose sur la confiance vis-à-vis du pays, l’idée que le reste du monde se fait de sa puissance. Ainsi le statut d’Empire global importe au premier chef pour le pays plus même que ses réalités économiques. C’est à partir de cet effet de réputation que les États-Unis peuvent ainsi accumuler une immense dette nationale, – début 2003 quand J. Perkins écrivait, il s’agissait de 6 trillions de dollars, maintenant ce chiffre a dépassé les 20 trillions-, en contre partie des dollars en circulation dans l’économie monde… L’auteur envisageait déjà la fragilité du processus et un possible effondrement de ce système si d’une part une nouvelle monnaie internationale devait remplacer le dollar comme monnaie de transaction et d’autre part les créanciers des États-Unis demandaient le remboursement de leur dette dans une autre monnaie. Nous savons en 2016 que l’Euro n’est pas un candidat crédible!
Pour revenir à la pratique, J. Perkins expliquait que si des oppositions apparaissaient risquant de faire échouer les plans économiques mis en place par les «assassins financiers» alors des véritables tueurs à gages, – «les chacals» (3) – prenaient le relais et assassinaient les personnes gênantes. On peut comprendre ainsi l’assassinat de S. Allende, il a payé de sa vie sa résistance comme bien d’autres. Les enquêtes au long court révèlent parfois aussi de telles pratiques. Ce fut le cas pour l’assassinat du patron du groupe italien ENI, Enrico Mattei en 1962.. La vérité sur cette affaire a pu se révéler seulement 35 ans après les faits et la mort de C. De Margerie patron de Total a fait resurgir de l’oublie les révélation sur l’affaire Mattéi.  Muriel Boselli a pubié récemment  L’énigme Margerie, enquête sur la vie et la mort d’un magnat du pétrole français » chez  Robert Laffont (présentation ici) . Elle révèle toutes les incongruités et les incohérences dans les événements et les compte-rendu de cette nuit tragique. d’octobre 2014 (4) .
Si l’opposition aux intérêt des USA était trop forte et que les exemple ne suffisaient pas, précise J. Perkins, en dernier recours, une stratégie d’impérialisme classique était mise en oeuvre. La propagande pouvant transformer à souhait la réalité pour rendre nécessaire et acceptable l’engagement militaire. Cette stratégie fait échos à bien des épisodes historiques, du Chili à l’Irak comme le fait observer J. Perkins. On peut aussi ajouter à l’illustration la Yougoslavie et l’instrumentalisation de l’épisode du prétendu massacre de Racak qui fut déterminant pour l’entrée en campagne de l’OTAN (5). Ce livre revient sur l’événement qui a déclenché l’agression de la Serbie et du Kosovo par l’OTAN  : le prétendu massacre de Racak. S’appuyant sur une analyse de la presse et des médias ainsi que sur des interviews de témoins et d’acteurs clés, le journaliste d’investigation déconstruit avec précision l’opération de désinformation nouée à Racak, en la situant dans le contexte de l’évolution des relations internationales ayant mené au conflit. Cette opération parachèvement la destruction de la Yougoslavie et marque définitivement l’Europe (ici un commentaire du livre)
L’Economie une discipline à portée de manipulations 
Dans les pages de ce blog, le thème des manipulations dans les analyses économiques n’est pas nouveau. Ces manipulations on les a vues agir en finance, dans les procédés de désindustrialisation mais aussi avec brio dans le domaine des risques pays. L’économie Ukraine devait apparaitre sous son jour le plus prometteur… La promesse dure toujours! L’obligation était de démontrer le potentiel pour une future croissance et la solidité par rapport aux régions voisines, el Bélarus devant faire figure de tête de turc systématique (cf. sur viableco dans Peut-on l’écrire?  (6))
Dans l’ouvrage de J. Perkins, les manipulations concernent la justification de l’endettement d’un pays sous le prétexte d’un potentiel gain en terme de croissance (croissance du PNB). J. Perkins souligne à juste titre l’ambiguïté des notions PNB ou de PIB. Elles ne tiennent pas compte des dynamiques inégalitaires, c’est un point largement relevé depuis par T Piketty le Capital au XXI’siècle. Le produit global d’un pays peut croître si les riches s’enrichissent et les pauvres s’appauvrissent. On voit que le fardeau des dettes, des restructurations, des prises de risque des banques reportées sur les budgets publics peuvent se transformer en fardeau d’austérité pour les populations. On sait combien elle prive les citoyens les plus pauvres, mais aussi les classes moyennes, de soins de santé, d’éducation et d’autres services sociaux pendant des décennies. La Grèce subit cette thérapie qui tue (cf. Travaux de Stuckler et Basu)  On peut aussi voir le film Debtocratie qui a pour sous-titre édifiant «le pouvoir par la dette» (ici en lien).
En économiste, devenu honnête par remord (repentito), J. Perkins souligne aussi les limites des recours à des méthodes de modélisation économétrique pour calculer l’impact d’un investissement sur le développement économique. Ces raisonnements se drapent de scientificité et l’économie accède dans cette ordre d’idée à un statut de science dure… Les économistes ont été séduits par ce tournant qui les valorisaient, pensaient-ils. Il y a tant à critiquer sur les méthodes économétrique conçues pour des environnements statiques quand elles sont utilisées dans des processus de développement… Il s’agit tout simplement d’une arnaque méthodologique. Les gros rapports et les calculs complexes (qui feraient honte aux vrais mathématiciens) s’affirmaient comme un gage institutionnel de crédibilité dans des institutions où des experts incompétents, crédules mais peut-être aussi complices oeuvraient. Nous en connaissons aussi en Europe… Ils ont porté les modèles de gravitation aux nues pour expliquer combien l’Euro assurerait des records de croissance en Europe. Maintenant les plus avisés, prennent le contre-pied subitement de tant de déclarations qu’ils ont pu faire, sans gêne ni honte. Ils nous disent que l’UEM n’est pas viable (7). Qui va les prendre au sérieux sinon les tueurs à gages qui hantent toujours nos espaces publics en Europe et leurs personnels liges qui font mine de s’étriper dans les combats électoraux?
J. Perkins un instrument de la théorie du complot ?
On se doute assez facilement que le département d’État américain n’a eu de cesse d’affirmer que les thèses de J. Perkins n’avaient aucun fondement et qu’il n’était qu’un théoricien de la conspiration de plus. A quoi il répondait que l’élite qui travaille pour la gouvernance mondiale (Empire global selon son expression) est une simple association d’intérêts et de croyances communes, non de comploteurs maléfiques. Certes les croyances communes sont le fruit d’une convention globale dont l’émergence est à questionner. Du point de vue économique elle est à relier à l’emprise de l’économie standard et à sa lecture biaisée du libéralisme qui tracent ainsi les caractéristiques du neo-libéralisme zoologique évoqué régulièrement dans ce blog (Ici ). Dans la dimension sociétale, allant de pair avec l’accaparement des ressources et leurs marchandisations, on assiste à une généralisation du processus en y incluant l’humain, instrument, objet d’échange et de marchandage. La science est censée rendre inéluctablement et à la portée de tous ceux qui ont les capacités (moyens monétaires) pour tirer parti de cette transformation sociale. L’Europe est devenue le champ d’expérimentation privilégié de cette transformation. C’est peut-être ce que John Perskin n’avait pas encore totalement repéré en 2004.
A cette heure, une nouvelle publication de ses confessions s’imposait tant les pages de 2004 s’éclairent de la réalité depuis dans de multiples facettes.
Pour J. Perkins, l’invasion de l’Irak en 1990 procède du shéma qu’il nous décrit. L’objectif étant de détrôner Saddam Hussein qui n’avait pas accepté de soumettre son pays et qui manifestait des velléités critiques de l’ordre monétaire établi. La défense de la souveraineté coûte cher. La presse habilitée a pris depuis le pli avec un vocabulaire bien rodé pour dénoncé les contrevenants : ils sont des dictateurs qui usent et abusent du nationalisme pour se maintenir au pouvoir et persécutent leur peuple. L’Occident et à sa tête l’exceptionnalisme des USA doivent défendre les droits de ces peuples opprimés. On a encore eu le 4 octobre une version caricaturale dans une contribution mélodramatique du dénommé R. Goupil ( un Chacal qui provoque ainsi?) à qui le journal le Monde à ouvert ses pages. N’est pas lanceur d’alertes authentique qui veut!
Les témoignages critiques de J. Perkins rejoignent les lanceurs d’alertes que sont E. Snoden et J. Assange, dans le même combat. Le combat contre l’idéologie de la Destinée manifeste visant à justifier l’expansionisme américain. Des cinéaste on aussi pris le bâton de la résistance comme Oliver Stone qui a mis en film l’épopée de E. Snowden…jusqu’en Russie (ici le triller à voir )
Ce qui a alarmé J. Perskin dans la période contemporaine, ce n’est pas tant la répétition des dynamiques externes de chaos à travers le monde pour que la gouvernance mondiale impose son contrôle, mais sa dynamique interne ; les populations américains et européennes sont maintenant soumises à la même thérapie qui était réservée aux peuples non alignés et aux pays du Tiers Monde. C’est peut-être le seul point où la globalisation est synonyme de plus d’équité: il n’y a plus de populations épargnées seulement des populations qui risquent d’être insoumises …à mater.
La prédation est en cours de généralisation à l’heure où des régions du monde affichent des visées multipolaires,…combien la provocation est forte. Combien l’Eurasie et la route de la soie sont des gros mot qui fâchent!  One road one belt (OROB) vs One world , un combat de titans ( Ici quelques commentaire dans un ITW sur dans viableco sous le titre :  L’intégration de l’Eurasie : un non sujet conventionnel ?).
Le chantier de la démystification
J. Perkins avait été recruté par le NSA (National Security Agency (NSA)) et il travailla pour une société privée de conseil, la firme de consultants Chas. T. Main (en) de Boston pour mener à bien ses missions. Il avait eu très vite conscience qu’il était bien trop payé pour les compétences qu’il avait à développer: pondre ces fameux rapports destinés à justifier des demandes de prêts et l’attribution de contrats à des sociétés américaines. Son témoignage évoque aussi celui d’une autre lanceur d’alerte connu, le journaliste allemand Udo Ulfkotter.  En 2014, Udo Ulfkotte a pubié l’ouvrage Bought Journalists (« Gekaufte Journalisten »), dans lequel il met en lumière que la CIA et d’autres services secrets paie des journalistes pour exposer des événements dans un sens prédéterminé (ici un ITW) Il  dénonce les manipulations auxquelles il devait se soumettre en tant que journaliste et rédacteur de journal (voir aussi dans Viableco Un tout petit monde )
Nos savons depuis que les mobilisations de la NSA sont multiples pour assurer une surveillance mondiale. L’analyse de J. Perkins gagne ainsi de plus en crédibilité. Elle est une pierre à l’édifice que bâtissent ensemble les lanceurs d’alertes, nouveaux résistants du XXIe siècle.
L’arme fatale pour la bataille de la révélation
La différence entre J. Perkins et E. Snoden ou J. Assange est que les deux derniers apportent la preuve de leur énoncé en ce sens ils sont beaucoup plus dangereux pour la pérennité des mécanismes en question et le «soft power» des USA. Leurs dénonciations valident d’un même mouvement les critiques de donneurs d’alerte comme J. Perkins ou U. Ulfkotte. Alors que J. Perkins et U. Ulfkotter peuvent continuer à vivre relativement sans trop de soucis dans leur pays même en critiquant et en dénonçant. Ils sont simplement dénigrés et accusés de complotisme. Il n’en va pas de même pour J. Assange et E. Snowder ; l’expatriation même ne suffit pas. Le premier a dû se réfugier dans l’ambassade d’Equateur et ne peut en sortir depuis plus de 6 ans et l’autre a eu la chance de pouvoir s’enfuir pour Moscou, nouvelle terre de la dissidence – chose qu’Alexandre Soljenitsyne avait bien anticipé en son temps- et d’y recevoir un visa de séjour. Pourquoi cette différence si radicale de traitement? Parce que l’accusation formulée à l’encontre de Ulfkotte et Perkins, de complotisme ne tient pas évidement  pour les deux informaticiens qui fournissent des preuves (cables et email). Ils portent ainsi un coup fatal à l’establishment qui se drape sous cette justification pratique. Les informaticiens sont ainsi des individus dangereux car ils révèlent avec des preuves à l’appui.
Donner à voir et en montrer des preuves crédibles est dans la guerre médiatique qui est menée une arme fatale. C’est le vol de ces preuves qui fait accuser E. Snowden de trahison d’Etat et met sa vie en danger. Dire aux USA n’est pas s’exposer vraiment, mais prouver est un acte majeur parce qu’il a une portée englobante. Il rend crédible un ensemble de critiques et permet à une pensée de démystification de cheminer en discréditant le qualificatif habituel de complotisme. Si complot il y a à la NSA pour organiser une surveillance généralisée, alors tout est possible et les économistes tueurs à gages sont aussi possibles, comme aussi les pressions sur les journalistes et bien d’autres choses encore.
La bataille de la révélation devient une bataille cruciale , c’est grâce à elle que se nouent des futurs possibles qui défont les pronostics. Le Brexit est le produit de révélations et par effet de seuils, ces révélations ont le pouvoir de faire changer le monde.
Les mensonges en cascades, sur l’avenir de la GB pour faire peur sans parler de l’assassinat de la députée (sacrifice gratuit sans effet?) qui signerait bien une action de dernière minute, face à la panique.
Il n’a pas fallu longtemps pour que les résultats économiques infirment les Cassandres du Brexit. Les déclarations du FMI signent une nouvelle fois la caricature de l’incohérence de ses propos:
– En février 2016 le FMI signalait des menaces sur la croissance en GB cas de BREXIT et
-En octobre 2016 le FMI assigne à la GB la meilleure prévision de croissance des pays du G7!
Il y a là économiquement de l’incompréhensible pour l’observateur qui pourrait s’y perdre… Sauf que la révélation de Snowden et Assange qui rend crédibles Perkins, Ulfkotte et bien d’autres. Elle offrent une explication crédible face ces incohérences à répétition.
L’incrédibilité de la pensée standard et les postures idéologiques européennes associées apparaissent aussi au grand jour, les paradoxes se dénoncent (cf. Viableco Deutsche Bank marqueur définitif du paradoxe européiste ). La solidité financière de l’Allemagne est battue en brêche par le drame de Deutsche Bank. L’année précédente c’était Volkswagen (et aussi sur Viableco  Trucage du logiciel en Allemagne du micro ou macro) qui avait exposé ses turpitudes pour fausser la concurrence. Les ingénieurs avaient inventé un système pour fausser les mesures de la pollution et les avaient adaptés sur les voitures de la célèbre marque allemande. L’économie allemande du mensonge montre son vrai visage alors qu’elle se voulait exemplaire, modèle et guide en Europe.
En Europe aussi la révélation a eu lieu et il faut commencer à compter avec elle. Je reste persuadée qu’en la matière le rôle joué par les Grecs et leur gouvernement aussi faible et soumis qu’il ait été contraint de devenir, a été déterminant dans le processus de révélation. Ils ont joué ensemble un grand rôle (de théâtre) pour donner à voir.
Comment ne pas être sensible au grotesque de la propagande allemande reprenant les accents de la propagande nazie anti-grecque? Comprendre alors l’horreur du dénigrement arbitraire car économiquement utile. La Grèce pillée une nouvelle fois pour satisfaire l’avidité des créanciers et des banques allemandes. Lesquels avaient fait de mauvais paris immobiliers mais ne voulaient pas en porter ni le risque ni le coût. Tel est bien le constat, mais à cette heure il est encore aggravé par le fait que cet épisode n’a pas suffi aux apprentis sorciers allemands de la finance pour s’arrêter de jouer au Casino. L’addiction en jeu (hasard moral) est trop forte dans un système où l’impunité est avérée. Voilà encore une fois la DB en situation de provoquer un cataclysme en Europe et d’emporter avec elle l’Euro, Dieu suprême des eurolâtres . Le gouvernement allemand rage car son discours fabriqué de discipline et de rigueur exemplaire fait de plus en plus rire jaune!
Les événements de Grèce, la soumission de l’état démocratiquement élu et de son Parlement ont constitué des faits qui ont marqué les Anglais attachés à la démocratie parlementaire. Je reste persuadé que cet épisode a pesé en faveur de la victoire du Brexit. Alors la Grèce aura joué un point crucial dans le grand échiquier. Est- ce suffisant pour réhabiliter l’image du gouvernement Tsipras ? On peut facilement imaginer qu’il a subit tous les harcèlements que J. Perkins nous décrits…et des menaces aussi. Le témoigne de l’ex-Ministre des Finances de Grèce, l’économiste Y. Varoufakis en atteste en post face de la nouvelle édition de l’ouvrage de J. Perskins. A mon sens ce n’est pas un hasard.
When I read Confessions of an Economic Hit Man, I could not have known that, some years later, I would be on the receiving end of the type of ‘economic hit’ that Perkins so vividly narrated. The New Confessions resonates with my experiences of the brutish methods and gross economic irrationality guiding powerful institutions in their bid to undermine democratic control over economic power. Perkins has, once again, made a substantial contribution to a world that needs whistle-blowers to open its eyes to the true sources of political, social, and economic power.” —Yanis Varoufakis, former Minister of Finance, Greece
Le harcèlement d’Etat n’est pas un délit reconnu devant les tribunaux internationaux à proprement parler! Mais il reste que les déclarations et preuves des lanceurs d’alertes mises bout à bout dans une chaine de révélation, contribuent à ce que le public porte lui un jugement crucial. Alors seulement il pourra prendre sa part dans le cours de l’Histoire et gagner la guerre de l’information.
Annexe :
Présentation des «Nouvelles confessions» de J. Perkins dans une ITW – More Confessions Of An Economic Hit Man: « This Time, They’re Coming For Your Democracy » Submitted by Sarah van Gelder via YesMagazine,
Perkins vient juste de republier ses confessions : The New Confessions of an Economic Hit Man avec des mises à jours complémentaires qui mettent l’accent sur l’ampleur qu’a pris cette doctrine des économistes tueurs à gages. Elle a court maintenant au sein des pays développés et des villes américaines sont sur les listes des victimes. Une combinaison de dettes, d’austérité imposée, de sous investissement et de privatisation dans un contexte de démocratie captive (entrave aux élection démocratique des gouverneurs). 12 ans après ses premières confessions Perkins participe au combat la promotion «du monde que les prochaines générations désireraient hériter“. Sarah van Gelder (SvG) l’a interviewer chez lui dans la région de Seattle pour le magazine YES .
Nous traduisons ici les échanges
SvG Qu’est ce qui a changé depuis que vous avez écrits la première version des Confessions d’un économiste tueur à gages?
John Perkins (JP): les choses ont juste bien empiré dans les 12 dernières années. Economiste tueur à gages et chacals se sont très fortement multipliés y compris aux Etats Unis et en Europe.
A mon époque on était limité à ce qu’on appelait le Tiers Monde ou les pays en voie de développement mais maintenant la cible est partout.
Et en fait, le cancer de l’empire corporatiste s’est métastasé dans ce que j’appellerais une économie globalisée, défaillante en train de mourir. C’est une économie qui est basée sur la destruction des ressources mêmes dont elle dépend ainsi que sur son l’armée. C’est devenu totalement mondial et c’est un échec.
-SvG Comment est on passé à une telle économie de tueurs à gages? Quel bénéfice passé pour nous pour finalement figurer aussi parmi les victimes?
JP : L’économie de tueur à gages a pu être intéressante dans le passé et était promue pour faire l’Amérique plus riche et vraisemblablement améliorer encore le niveau de vie des américains. Cependant comme ce processus s’est développé au sein des États-Unis et en l’Europe, nous avons assister à un accroissement énorme de la concentration de la richesse chez les plus riches aux détriments des tous les autres. Pour donner une échelle, les 62 individus les plus riches du monde possèdent autant d’actifs que la moitié de la population mondiale.
Nous bien sûr aux États-Unis nous avons vu comment notre gouvernement était frileux, il ne fonctionne simplement plus. Il est contrôlé par les grandes sociétés et elles ont vraiment pris la relève. Elles ont compris que leurs nouveaux débouchés et leurs nouvelles ressources à capter, étaient maintenant aux États-Unis et en Europe. Les événements terribles et incroyablement qui sont arrivés en Grèce, en l’Irlande et en Islande, arrivent maintenant ici aux États Unis. Nous observons cette situation paradoxale où nous pouvons avoir statistiquement de la croissance économique et en même temps un nombre de saisies accrues sur les habitations et le chômage.
SvG Est-ce la même sorte de dynamique de la dette qui conduit les gestionnaires à céder en urgence les rênes aux groupes privés? Dans un sens la même chose que vous aviez mis en évidence dans les pays du Tiers-Monde?
JP Oui quand j’étais un économiste tueur à gages, une des choses que nous faisions était d’accroitre l’endettement des pays ciblés, mais en fait l’argent des prêts n’allait jamais dans le pays. Il allait dans nos sociétés pour construire des infrastructures dans ces pays. Et quand ces pays ne pouvaient plus payer leur dette nous les incitions à privatiser leurs réseaux hydrographiques, leurs systèmes d’eaux usées, leurs systèmes électriques. Maintenant nous voyons que la même chose arrive aux États-Unis. Flint dans le Michigan est un très bon exemple de cela. Ce n’est pas un empire américain, c’est un empire d’entreprise protégé et soutenu par l’armée des États-Unis et la C.I.A.. Mais ce n’est pas un empire américain, il n’aide pas les Américains. Il nous exploite de la même façon que nous avons eu l’habitude d’exploiter d’autres pays dans le monde entier.
SvG En effet il me semble que les Américains commencent à saisir ce point. Quel est votre sentiment sur la volonté des autorités publiques de faire quelques chose?
JP Je voyage autour des États-Unis et dans le monde entier, et je vois que les gens commencent vraiment à se réveiller. C’est un fait acquis. Nous comprenons que nous vivons sur une station spatiale très fragile et faute de navette nous ne pouvons pas en descendre. Nous devons la maintenir en état, nous devons nous en occuper alors que nous sommes entrainés dans un processus de destruction. Les grandes sociétés détruisent, mais elles-mêmes sont dirigés par des individus qui peuvent être vulnérables à nos actions. Si nous estimons que le marché se tient dans un espace démocratique, alors nous devons agir comme il se doit.
SvG je veux développer ce thème un peu plus : il me semble que beaucoup sociétés ne vendent pas aux consommateurs ordinaires directement mais à d’autres entreprises ou aux gouvernements. Ces sociétés ont alors un système de rémunération imbriquées tel que si une personne ne fonctionnent pas selon la norme dans le système, elle est simplement remplacés par un autre exécutant.
Perkins : J’ai récemment fait différentes conférences d’entreprise. Et à maintes reprises je me suis rendu compte au bout d’un certain temps que beaucoup de participants veulent laisser un héritage vert. Ils ont des enfants, ils ont des petits-enfants, ils comprennent que nous ne pouvons pas continuer comme ceci.
Ainsi ils nous disent, « Partons de là, mobilisons des mouvements de consommateurs grand public. Ce dont j’ai besoin c’est de recevoir des centaine de milliers de courriers électroniques de clients disant : «j’aime vos produits mais je ne vais pas continuer à les acheter tant que vous ne paierez pas vos travailleurs un prix décent en Indonésie ou ailleurs, ou bien que vous ne nettoyez pas l’environnement ou encore autre chose». Alors je pourrais faire remonter à la direction et à mes actionnaires principaux, aux gens qui réellement décident si je suis gardé ou viré.
SvG: je suis d’accord mais comme vous le savez avec ces entreprises, il y a une grande inertie depuis des décennies. Seilement de maigres changement à la marge. Si vous y regarder de plus pres, il s’agit de continuer un processus qui fait rentrer énormément de profit.
JP:Je pense que nous avons vu d’énorme changements. Dans les 5 dernières années on a vue le marché de la nourriture bio devenir important. Il y a 20 ans on ne pouvait pas l’imaginer. On a vu aussi des femmes avoir des positions plus élevées dans les entreprises, de même pour les minorités. Nous devons continuer cette tendance. On a vu l’étiquetage de beaucoup de produits, certes les OMG ne sont pas encore inclus mais les calories et les capacités nutritionnelles oui. Et ce que nous devons faire c’est  convaincre les entreprises d’avoir d’autres objectifs. Nous devons leur faire comprendre ce que doit être leur activité : respecter l’intérêt public et assurer des gains raisonnables à des investisseurs. Nous avons besoins d’investisseurs mais au delà de ça chaque entreprises doit servir l’intérêt public, servir la terre et les générations futures.
SvG : Je voudrais aborder avec vous la question du Traité Trans-Pacifique ainsi que les autres accords de commerce. Y a t il un moyen pour qu’on y prenne en compte ces éléments ou bien va t on continuer ainsi à engranger des profits dans la sphère des entreprises au dépend des démocraties locales?
JP: Ils sont ravageurs, ils donnent la souveraineté aux entreprises au dépend des gouvernements. C’est ridicule. Nous avons assisté à des épisodes terribles en Amérique Centrale, des gens tentant de résister dans un système mis en faillite du fait de nos accords de commerce et nos politiques envers l’Amérique Latine. Nous avons vu à nouveau la même chose dans les pays du Moyen Orient et de l’Afrique. Ces vagues de migrants qui envahissent l’Europe en provenance du Moyen Orient sont la conséquence des problèmes terribles que nous avons créés du fait de la voracité des grosses compagnies. Je viens juste de revenir d’Amérique Centrale et ce que nous nommons un problème d’immigration n’est en fait juste qu’un problème d’accords de commerce. Ils ne sont pas autorisés à protéger leur marché avec des droits de douanes en vertu des accords commerciaux —NAFTA et CAFTA—en revanche les USA ont eux la possibilité de subventionner leurs fermiers. Ceux-ci on alors un avantage compétitif qui détruit l’économie des partenaires et bien d’autres choses encore. C’est ainsi qu’on fabrique un problème d’immigration.
SvG : Parlez-vous de la violence que les populations d’Amérique Central fuient et combien elle est lié au rôle qu’y joue les USA?
JP : Il y a 3 ou 4 ans, la CIA a orchestré un coup d’Etat contre le gouvernement démocratiquement élu du Honduras, le président Zalaya qui s’était dressé devant Dole, Chiquita et quelques autres grandes compagnies basées aux Etats Unis. Il avait voulu relever le salaire minimum à un niveau raisonnable. Il prônait aussi quelques réformes agraires qui auraient assuré à son peuple de pouvoir vivre de son travail sur leurs terres et non dépendre que des sociétés multinationales qui en gèrent l’exploitation. Le big business n’a pas pu supporter. Il n’a pas été assassiné mais il a été destitué par un coup d’Etat et a du partir en exil tandis qu’un dictateur brutal l’a remplacé. Actuellement le Honduras est l’un des plus violents et meurtriers pays de l’hémisphère.
C’est effrayant ce que nous avons fait. Et quand ça arrive à un Président, ça envoie un message à tous les autres président de l’hémisphère et en fait dans le monde entier : Ne vous opposer pas à nos objectifs! Ne gêner pas les grands intérêts. Préférez coopérer et enrichissez vous-mêmes, vos familles et vos amis dans le processus plutôt qu’être vous retrouvés renversés ou assassinés. Le message est très fort.
SvG Je voudrais aborder l’époque où vous étiez en Equateur parmi les populations indigènes. Je me demande si vous pouvez nous dire comment cette expérience vous a changé?
JS Il y a plusieurs années, je fut volontaire dans les forces de maintien de la paix basées en Amazonie chez le peuple indigène des Shuars. J’ai failli mourir, ma vie a été une nuit par un shaman : je sortais juste d’une école de commerce , c’était en 68 ou 69 et je n’avais aucune idée de ce qu’était un shaman. Mais il a changé ma vie en m’aidant à comprendre que ce qui me tuait était un système de pensée (Mindset) – qu’ils appelait « un rêve»
J’ai passé ensuite pas mal d’années à étudier ce sujet et j’ai travaillé avec différents groupes indigènes et ce que j’ai appris c’est le pouvoir de la pensée -du système de pensée-. Les shamans nous enseignaient ainsi que les peuples indigènes. Et une fois que vous changiez votre système de pensée vous pouvez facilement réorganiser la réalité objective autour.
Ainsi à la place du système économique que nous avons maintenant celui d’une économie de la mort, nous pouvons changer le système de pensée et très vite passer à une économie de la vie
(Viableco : changer les conventions est la clef d’un monde économique viable !)
SvG: Alors quel est le mécanisme avec lequel un changement dans la prise de conscience peut modifier les choses sur le terrains?
Perkins: Bien, à mon sens, le meilleur catalyseur pour se faire serait de changer les entreprises. Nous devons dépasser les objectifs fixés par Milton Friedman en 1970 qui statut que la seule responsabilité des entreprise est de maximiser des profits sans considération sur l’impact en terme de coûts sociaux et environnementaux. On peut changer les entreprise en leur disant que nous n’allons pas continuer à leur acheter des produits si elles ne change pas leur objectifs. Qu’elles ne se contentent plus de se fixer des objectifs de maximisation sans regarder les coûts sociaux et environnementaux. Qu’elles engrangent un bénéfice raisonnable pour leurs investisseurs mais qu’elles servent la population décemment sinon on n’achètera plus rien chez elles.
.
SvG : Vous citer Tom Paine dans votre livre «Si il doit y avoir des périodes troubles que ce soit de mon temps pour que mes enfants aient la paix» Pourquoi avez vous décidé de mettre cette citation?
JP : Bien, j’ai pensé que Tom Paine formulait ainsi brillamment sa pensée. Il avait compris combien elle pouvait avoir un impact sur les gens et il a écris cette pensée en décembre 1776.
Washington avait alors perdu presque toute les batailles et tous les combats, il n’avait plus aucun soutien du Congres et ils ne lui donnaient plus d’armement ni de munitions ni même des draps ou des chaussures …et il était coincé dans Forge Valley. Paine a réalisé qu’il devait écrire quelque chose pour rallier des gens et qu’il n’y a rien qui rassemble plus les gens que de penser à propos de leur enfants.
Pour moi nous sommes à cette même étape. J’ai une fille et un petit fils de 8 ans. Que les difficultés se concentrent sur moi, OK Mais créons un monde où ils vont avoir envie de vivre et faisons comprendre que mon petit fils de 8 ans ne pourra avoir un monde soutenable d’un point de vue environnemental mais aussi socialement juste et viable sans que tous les enfants sur la planète l’aient aussi.
Et ce point est nouveau, il était commun de nous soucié de notre propre communauté, peut-etre un peu plus de notre pays. Mais nous n’avions pas à nous soucier de monde. Ce que nous savons maintenant est que nous ne pouvons pas avoir la paix partout dans le monde, et en particulier aux USA…si chacun ne l’a pas.
Video Interview de John Perkins pour le magasine YES :
Viableco : Inverser le cours de la financiarisation pour une société meilleure et non fondée sur l’unique recherche d’une maximisation des profits qui détruit l’environnement social et économique
Notes
(1) Il ne fallait pas perturber plus les esprits en pleine campagne pour le Oui à la constitution européenne…qui s’est traduit par un NON majoritaire mais un Oui de fait, dès l’élection de Nicolas Sarkosy à la présidence, parce que l’Europe l’exigeait.
(2) pour un débats sur le sujet on se reportera aux pubications de journée organisée sur L’aide au développement : à quelles conditions ? Les conditionnalités de l’aide: analyse critique et perspectives Journée d’étude proposée par l’AITEC, Oxfam France-Agir Ici En partenariat avec la Plate-forme Dette et développement -16 janvier 2007 (ici les actes)
(3) ce terme reprend le titre d’un film « The day of the Jasqual»  de Fred Zinnemann de 1973 réalisé à partir de l’ouvrage the Chacal . (titre original : The Day of the Jackal aussi) un thriller historique de Frederick Forsyth, publié en 1971 .
(4) On pourra aussi se reporter à un article d’Agoravox qui permet de replacer ces drames dans leurs contextes politico-historiques.
(5) F. Saillot a réalisé une investigation détaillée dans l’ouvrage RACAK De l’utilité des massacres (Tome 2) ed. L’Harmathan 2010
(6) «L’Ukraine 2014 est d’abord une énorme erreur d’évaluation économique, l’inflexibilité d’une convention qui s’amplifie depuis près de 23 ans. Les experts n’ont jamais pu exposer la situation économique réelle. L’Europe entière a été prise dans son propre piège des informations tronquées et calibrées dans un contexte incertains en soutien aux IDEs (Investissements directs étrangers). Impossible d’anticiper convenablement, sur des bases ainsi faussées, échecs industriels et commerciaux, erreurs et chaos qui en résultent.» dans Peut-on l’écrire ?
(7) «Dans sa forme actuelle, l’UEM n’est pas viable à long terme. La crise actuelle l’a poussée à ses limites, et la prochaine crise risque de la faire exploser», écrivent donc les auteurs d’une étude sous la supervision de Jacques Delors et c’est d’ailleurs lui-même qui en signe la préface.. ( voir dans Viableco Deutsche Bank, marqueur définitif du paradoxe européiste ?)

voir ARTICLES PRÉCÉDENTS parus sur mon blog


jeudi 18 février 2016

L'ISLANDE, LES BANQUES ET LA DÉMOCRATIE


Vous n’aviez pas le droit de savoir que les banquiers 
peuvent aller en prison
Joe Clifford – Information Clearing House - 4 février 2016

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La crise et l’effondrement de 2008 se sont produits parce que de très grandes banques avaient spéculé sur des prêts frauduleux et risqués, qui se sont cassé la figure. Quand l’effondrement s’est produit, les banques se sont tournées vers le gouvernement fédéral, qui a aussitôt adhéré à l’idée que les banques sont bien trop grosses pour faire faillite, et les contribuables ont subventionné les banques pour des trillions de dollars. Personne ne sait combien au juste a coûté ce renflouement, mais voici une liste partielle des banques que vous avez généreusement tirées d’affaire :

Citigroup - $ 2.513 trillions   (1 trillion = 1 million de millions)
Morgan Stanley - $ 2.041 trillions
Merrill Lynch - $ 1.949 trillions
Bank of America - $ 1.344 trillions
Barclays PLC - $ 868 milliards
Bear Sterns - $ 853 milliards
Goldman Sachs - $ 814 milliards
Royal Bank of Scotland - $ 541 milliards
JP Morgan Chase - $ 391 milliards 
Deutsche Bank - $ 354 milliards
UBS - $ 287 milliards
Crédit Suisse - $ 262 milliards
Lehman Brothers - $ 183 milliards
Bank of Scotland - $ 181 milliards
BNP Paribas - $ 175 billion
Wells Fargo - $ 159 milliards

Dexia - $ 159 milliards
Wachovia - $ 142 milliards
Dresdner Bank - $ 135 milliards

Société Générale - $ 124 milliards
« Tous les autres emprunteurs » - $ 2.639 trillions (voir plus haut)
Les contribuables n’ont pas été consultés et n’ont même pas été autorisés à donner leur avis, et ceci n’est qu’un exemple de la célérité avec laquelle les gouvernements peuvent répondre aux desiderata de la classe riche. Bien qu’il ait été de notoriété publique que les banques avaient menti, spéculé sur des prêts frauduleux et blanchi l’argent des cartels de drogue, personne n’a été poursuivi ni inculpé de rien, alors que des millions de citoyens se voyaient ruinés. Les banques, qui avaient commis toute une variété de forfaits, se sont juste adressées au gouvernement et lui ont demandé, le carnet de chèque à la main : combien voulez-vous pour éviter la prison à nos responsables ? Et le gouvernement leur a répondu en les condamnant à une amende, ce qui revient à rien puisque les banques se contentent de repasser l’amende aux consommateurs, lesquels paient ainsi une seconde fois.
Les « corporate medias » ont délibérément omis d’informer le public de la façon dont d’autres pays, notamment l’Islande, ont fait face à leurs crises. Si on vous l’avait dit, vous auriez pu exiger que nous nous conduisions comme les Islandais, mais quand on ne sait pas, on n’exige rien. L’Islande est un des pays qui ont été le plus durement touchés par l’effondrement des banques, mais là, ils ont affronté le problème tout autrement que nous. La première différence importante est que l’Islande a décidé que si les banques avaient spéculé et consenti des prêts dangereux et stupides, ce n’était pas la responsabilité des contribuables de renflouer des banques irresponsables pour leur stupidité, et par conséquent, elle les a laissées faire faillite.
Le monde de la finance a prédit que cela causerait à l’Islande des difficultés irréversibles, et les financiers lui ont annoncé qu’elle ne se relèverait jamais de ce défi, mais les citoyens ont persisté. Malgré toutes les mises en garde, les Islandais ont été, à deux reprises, invités à voter et à dire s’ils voulaient sauver les banques ou les laisser faillir. De très fortes pressions ont été exercées sur les votants par le secteur financier, mais les citoyens ont tenu bon et voté démocratiquement qu’il fallait laisser déclarer les banques en faillite. À nous, en revanche, on n’a pas offert le luxe d’un vote démocratique. L’argent a simplement été pris dans la poche des contribuables et donné aux banques. Les Américains, qui croient naïvement vivre en démocratie, n’ont pas eu l’autorisation de voter pour dire s’ils voulaient faire ce cadeau aux grandes banques ou pas. On les a mis devant le fait accompli.
Donc, quand l’Islande a refusé de renflouer gracieusement les banques, elles ont fait faillite. Assurément, l’Islande a eu à faire face à des problèmes économiques, mais si on compare leur économie avec celle du reste du monde, on s’aperçoit par exemple qu’ils ont l’économie la plus forte d’Europe. En outre, pendant les temps difficiles, l’Islande a évité de recourir à un programme d’austérité et maintenu tous ses programmes sociaux, permettant ainsi aux citoyens de dépenser, ce qui a, évidemment, stimulé l’économie. Les prophéties apocalyptiques ne se sont pas réalisées et, aujourd’hui, l’Islande est plus forte que jamais.
Mais les Islandais ne se sont pas contentés de cela : ils ont pris une mesure plus audacieuse encore. Ils ont décidé de poursuivre en justice les dirigeants des banques qui étaient responsables de l’effondrement de 2008, ce qui, à ce jour, a conduit 26 banquiers en prison. Un concept franchement nouveau que celui de tenir des banquiers pour responsables de ce qu’ils font, comme le sont les citoyens ordinaires ! C’est un genre de choses qui n’arrive pas ici. Les banques se contentent d’acheter leur impunité. Mais la petite Islande a adopté un autre comportement et elle a trouvé 26 banquiers coupables de fraude, qui vont passer un total de 74 ans en prison. Et elle n’en a pas fini avec les inculpations.
Ah, que les USA seraient démocratiques, s’ils mettaient les banquiers sur le même plan que le reste des citoyens, et, ah, qu’il aurait été démocratique de laisser les citoyens US voter et décider s’ils voulaient payer les dettes des banques à leur place ! Mais, malheureusement, dans ce pays, les banquiers sont nos supérieurs, et ils n’ont pas de comptes à rendre. Donc, les USA sont, en réalité, bien moins démocratiques que l’Islande. La petite Islande offre une grande leçon aux gros États-Unis, mais qui se préoccupe ici d’égalité devant la loi et du droit à voter pour se faire entendre ? Pas le gouvernement fédéral, c’est certain. Nous n’avons même pas le droit de savoir ce que font d’autres gens ailleurs, comme par exemple en Islande. Quelles andouilles nous sommes !
Traduction c.l. pour Les Grosses Orchades

mercredi 22 octobre 2014

LA RÉALITÉ DE LA DÉSASTREUSE SITUATION DES BANQUES …



"LA FETE EST FINIE POUR LES BANQUES CENTRALES, L'ESPAGNE A RATE UN EMPRUNT
: "A partir de décembre 2011, la BCE a prêté 1019 milliards d'euros aux banques européennes. Les banques italiennes ont utilisé cet argent pour acheter des obligations de l'Etat italien. Elles en sont gavées. Les banques espagnoles ont utilisé cet argent pour acheter des obligations de l'Etat espagnol. Elles en sont gavées. Les banques portugaises ont utilisé cet argent pour acheter des obligations de l'Etat portugais. Elles en sont gavées. Etc.
Malheureusement, la fête est finie. Malheureusement, les banques européennes n'ont plus d'argent. Aujourd'hui, les banques européennes sont incapables d'acheter les obligations de leur Etat.
Jeudi 16 octobre, les banques espagnoles ont été incapables d'acheter toutes les obligations émises par l'Etat espagnol. Lire l'article : "L'Espagne rate un emprunt obligataire." L'Espagne est en faillite. Et les banques espagnoles sont en faillite.
Aujourd'hui, huit pays européens sont dans ce cas.
La BCE est la seule à pouvoir agir. Pour éviter le défaut de paiement des huit pays européens en faillite, il ne reste plus que la BCE. Pour éviter le défaut de paiement des huit pays européens en faillite, la BCE va lancer ses rotatives à plein régime : la BCE va noyer les banques européennes sous des flots de liquidité. Avec cet argent, les banques européennes vont pouvoir acheter les obligations émises par leur Etat.
Et la bulle continuera à gonfler.
Le temps presse : les obligations des Etats européens périphériques sont en train d'exploser". Lire ici Bloomberg. Revue de Presse par Pierre Jovanovic ©  www.jovanovic.com 2008-2014

dimanche 28 septembre 2014

"Confession d'un tueur à gages économique» Interview par Michael Nevradakis, Truthout |

«Mon péché a été d'arnaquer les gens partout dans le monde»,
 John Perkins,
 auteur de "Confessions d'un tueur à gages économique»,
 Transitions Bookplace à Chicago,
le 3 Février, 2006 (Photo: Peter Thompson / The New York Times)
John Perkins, auteur de Confessions d'un tueur à gages économique, explique comment la Grèce et d'autres pays de la zone euro sont devenus les nouvelles victimes de «tueurs à gages économiques." 

Faire des aveux n’est pas une chose nouvelle pour John Perkins. Son livre bien connu, Confessions d'un tueur à gages économique, a révélé comment les organisations internationales telles que le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, tout en déclarant publiquement «sauver» les pays et les économies qui souffrent, au contraire appâtent te ferrent leurs gouvernements: avec la promesse d’une croissance incroyable, en faisant miroiter de nouveaux projets d'infrastructure et un avenir de prospérité économique - qui se produiront si ces pays font des emprunts énormes à ces organisations. Cependant, loin de parvenir à une croissance économique galopante et au succès, ces pays subissent alors au contraire le fardeau écrasant et paralysant de la dette. 

C'est là que les «tueurs à gage économiques" arrivent: des hommes d'apparence ordinaire, issus de milieu semble-t-il ordinaire, qui se rendent dans ces pays et imposent les politiques d'austérité sévères prescrites par le FMI et la Banque mondiale comme «solutions» aux difficultés économiques qu'ils connaissent aujourd'hui. Des hommes comme Perkins ont été formés pour presser jusqu'à la dernière goutte de la richesse et des ressources de ces économies hoquetantes, et continuent de le faire à ce jour. Dans cette interview, qui a été diffusé sur Radio Dialogos, Perkins parle de la façon dont la Grèce et la zone euro sont devenues les nouvelles victimes de ces «tueurs à gage économiques".

Michael Nevradakis: Dans votre livre, vous racontez ce que vous avez été pendant de nombreuses années, un «tueur à gages économique" comme on dit. Qui sont ces tueurs à gages économiques, et que font-ils? 

John Perkins : Essentiellement, mon travail consistait à identifier les pays qui avaient des ressources dont nos groupes voulaient s’emparer, ce qui pouvait être des choses comme du pétrole - ou cela pouvait être des marchés - cela pouvait être des systèmes de transport. Il y a tellement de choses différentes qui pouvaient les intéresser. Une fois que nous avions identifié ces pays, nous organisions des prêts énormes pour eux, sans que l'argent cependant n’aille jamais vraiment vers ces pays car au lieu de cela il était prévu qu’il aille à nos propres entreprises pour construire dans ces pays certes des projets d'infrastructures, des choses comme des centrales électriques et des autoroutes mais qui ne bénéficiaient en réalité qu’à quelques personnes riches ainsi qu’à nos propres sociétés, mais pas à la majorité des gens qui n’ont pas les moyens d’investir dans ces choses là et sur qui pourtant on fait peser le poids d’une dette énorme. Cela ressemble beaucoup à la Grèce qui a aujourd'hui une dette phénoménale. 

"[Les pays endettés] deviennent alors les serviteurs de ce que j'appelle la corporatocratie ... nous avons aujourd'hui un empire mondial, et ce n'est pas un empire américain. Ce n'est pas un empire national ... C'est un empire industriel, et ce sont les grandes entreprises qui gouvernent. "

Et une fois que ces pays sont liés par cette dette, nous y retournons, généralement sous la forme du FMI - et dans le cas de la Grèce aujourd'hui, c'est le FMI et l'UE [Union européenne] - et nous avons des exigences énormes envers ces pays : augmentation des impôts, réduction des dépenses, vente des services du secteur public à des entreprises privées, des choses comme les compagnies d'électricité et de distribution d'eau, les systèmes de transport, et donc la privatisation de tous ces services de ces pays qui en fait deviennent nos esclaves, les esclaves d’organisations comme le FMI, dans votre cas de l'Union européenne, et en fait des organisations comme la Banque mondiale, le FMI, l'Union européenne, sont des outils des grandes corporations, ce que j'appelle la "corporatocratie." 

Michael Nevradakis: Et avant de revenir au cas spécifique de la Grèce, nous allons parler un peu plus de la manière dont ces tueurs à gages économiques et ces organisations comme le FMI fonctionnent. Vous avez expliqué, bien sûr, comment ils viennent et travaillent pour plonger ces pays dans une dette massive, que l'argent va dans et va droit arrière. Vous avez également mentionné dans votre livre ces prévisions de croissance trop optimistes qui sont vendues aux politiciens de ces pays, mais qui n'ont vraiment aucune ressemblance avec la réalité.

John Perkins : Exactement, nous aimerions montrer que si ces investissements sont réalisés dans des secteurs comme les systèmes d'énergie électrique, l'économie devrait avoir des taux de croissance incroyablement élevés. Ce qui se passe en fait c’est que, lorsque vous investissez dans ces grands projets d'infrastructure, vous voyez de la croissance économique, cependant vous vous apercevez que la plupart de cette croissance profite aux riches qui deviennent plus riches mais pas à la majorité des gens et c’est ce que nous voyons aujourd'hui aux Etats-Unis. 

"Dans le cas de la Grèce, ma réaction a été que "la Grèce a été frappée de cette façon. " Cela ne fait aucun doute". 

Par exemple, lorsque nous pouvons montrer la croissance économique, la croissance du PIB, mais en même temps, le chômage peut augmenter ou ne pas diminuer, et les saisies sur les maisons peuvent augmenter ou rester stables. Ces chiffres tendent à refléter les très riches, car ils ont un énorme pourcentage de l'économie, statistiquement parlant. Néanmoins, nous voudrions montrer que lorsque vous investissez dans des projets d'infrastructure, votre économie se développe, et même nous aimerions montrer que la croissance est beaucoup plus rapide qu’on aurait jamais pu le prévoir, et pourtant, elle a été utilisée uniquement pour justifier ces prêts horrible et incroyablement invalidants. 

Michael Nevradakis: Y a-t-il un thème commun eu égard aux pays généralement choisis pour cibles ? Sont-ils, par exemple, riches en ressources ou ont-ils une importance stratégique pour les pouvoirs en place? 

John Perkins : Oui, tout à fait. Les ressources peuvent prendre de nombreuses formes différentes: ce peut être des ressources matérielles comme des minéraux ou du pétrole; ce peut être également un emplacement stratégique; une autre ressource possible c’est un grand marché ou la main d’œuvre n’est pas chère. Ainsi, différents pays présentent des conditions différentes. Je pense que ce que nous voyons en Europe aujourd'hui n'est pas quelque chose de différent, et cela inclut la Grèce. 

Michael Nevradakis: Qu'est-ce qui se passe une fois que ces pays qui sont devenus des cibles sont débiteurs ? Comment ces grandes puissances, ces tueurs à gages économiques, ces organisations internationales reviennent et obtiennent leur «livre de chair», si vous voulez, des pays qui sont lourdement endettés? 

John Perkins : En insistant pour que les pays adoptent des politiques qui vendront aux grandes compagnies. leurs systèmes d’entreprises de services publics appartenant à l'État, comme la distribution de l'eau et le traitement des eaux usées, peut-être les écoles, les systèmes de transport, même les prisons… Privatiser, privatiser. Nous permettre de construire des bases militaires sur leur sol. Beaucoup de choses peuvent être faites par ces pays, mais de fait ils deviennent les serviteurs de ce que j'appelle la corporatocratie. Vous devez vous rappeler que nous avons aujourd'hui un empire mondial, et ce n'est pas un empire américain. Ce n'est pas un empire national. Il n'aide pas beaucoup le peuple américain. C'est un empire industriel, et ce sont les grands groupes qui gouvernent. Ils contrôlent la politique des États-Unis, et dans une large mesure, ils contrôlent une grande partie des politiques des pays comme la Chine, dans le monde entier. 

Michael Nevradakis: John, à la recherche spécifiquement maintenant le cas de la Grèce, bien sûr vous avez parlé de votre conviction que le pays est devenu la victime de tueurs à gages économiques et de ces organisations internationales. . . quelle a été votre réaction lorsque vous avez pris connaissance de la crise en Grèce et les mesures qui devaient être mis en œuvre dans le pays? 

John Perkins : J'ai suivi la Grèce pendant une longue période. J'étais à la télévision grecque. Une société de film grecque a fait un documentaire intitulé "Apologie d'un tueur à gages économique», et j'ai aussi passé beaucoup de temps en Islande et en Irlande. J'ai été invité en Islande pour encourager les gens là-bas à se prononcer sur un référendum sur le non remboursement de la dette, et je l'ai fait et je les ai encouragés à ne pas rembourser, et ils ont voté dans ce sens, et, de ce fait l'Islande se porte plutôt bien maintenant économiquement par rapport au reste de l'Europe. Ailleurs en Irlande, j'ai essayé de faire la même chose, mais le peuple irlandais a apparemment voté contre le référendum, mais il y a eu de nombreux rapports sur l’importance de la corruption. 

"Cela fait partie du jeu: convaincre les gens qu'ils ont tort, qu'ils sont inférieurs. La corporatocratie est incroyablement bonne pour ça..». 

Dans le cas de la Grèce, ma réaction a été que «la Grèce a servi de cible». Cela ne fait aucun doute à ce sujet. Bien sûr, la Grèce a fait des erreurs, vos dirigeants ont fait quelques erreurs, mais le peuple n'a pas vraiment fait ces erreurs, et maintenant les gens sont invités à payer pour les erreurs commises par leurs dirigeants, souvent de mèche avec les grandes banques. Ainsi, les gens font d'énormes quantités d'argent à partir de ces prétendues «erreurs», et maintenant, les gens qui n'ont pas fait les erreurs sont invités à en payer le prix. Cela se retrouve dans le monde entier: Nous l'avons vu en Amérique latine. Nous l'avons vu en Asie. Nous l'avons vu dans de nombreux endroits à travers le monde. 

Michael Nevradakis: Cela nous conduit directement à la question suivante que je voulais poser : D'après mes observations, au moins en Grèce, la crise a été accompagnée par une augmentation de l'auto-accusation ou le dégoût de soi ; il y a ce sentiment en Grèce que beaucoup de gens ont que le pays a fauté, que les gens ont fauté. . . il n’y a à presque plus de protestation en Grèce, et bien sûr il y a une énorme "fuite des cerveaux" - beaucoup de personnes quittent le pays. Est-ce que tout cela vous parait semblable, lorsqu’on les compare, à d'autres pays dans lesquels vous avez eu une expérience personnelle? 

John Perkins :  Bien sûr, cela fait partie du jeu: convaincre les gens qu'ils ont tort, qu'ils sont inférieurs. La corporatocratie est incroyablement efficace pour cela, elle était à l’œuvre au cours de la guerre du Vietnam, pour convaincre le monde que les Nord-Vietnamiens étaient mauvais; aujourd'hui ce sont les musulmans. C'est une politique d'eux contre nous: Nous sommes bons. Nous avons raison. Tout ce que nous faisons est correct. Vous avez tort. Et dans ce cas, toute cette énergie a été dirigée en direction du peuple grec pour leur dire "vous êtes paresseux, vous n'avez pas ce qui convient, vous n'avez pas suivi les bonnes politiques», alors qu'en réalité, une très grande partie de la responsabilité doit être mises sur le compte de la communauté financière qui a encouragé la Grèce à emprunter cette voie. Et je dirais que nous avons quelque chose de très similaire qui se passe aux États-Unis, où les gens sont ici amenés à croire que c’est parce qu'ils ont été stupides que leur maison est saisie, qu'ils n’ont pas fait le bon choix et qu’ils sont surendettés. 

«Nous savons que l'austérité ne fonctionne pas dans ces situations."

La réalité des faits est que leurs banquiers les ont invités à le faire, et partout dans le monde, nous avons appris à faire confiance à des banquiers - ou nous en avions l'habitude. Aux États-Unis, nous n'aurions jamais cru qu'un banquier nous incite à acheter une maison de $ 500,000 si en fait, nous ne pouvions vraiment nous permettre d’acheter qu’une maison de 300.000 dollars. Nous pensions qu'il était dans l'intérêt de la banque de nous en dissuader. Mais cela a changé il y a quelques années, et les banquiers ont dit que c’était possible. 

« Serrez vous la ceinture, car dans quelques années, cette maison vaudra un million de dollars, vous allez faire beaucoup d'argent ». . . en fait, la valeur de la maison a diminué; le marché s’est effondré; les banques ont saisi ces maisons, les a reconditionnées, et les ont vendues à nouveau. Double coup dur. On a dit aux gens « Vous avez été stupides, vous avez été trop gourmands, pourquoi avez-vous acheté cette maison chère? » Mais en réalité, les banquiers leur ont dit de le faire, et nous avons grandi en croyant que nous pouvons faire confiance à nos banquiers. C’est quelque chose de très similaire à plus grande échelle qui s'est passé dans de nombreux pays à travers le monde, y compris la Grèce. 

Michael Nevradakis: En Grèce, les principaux partis politiques traditionnels sont, bien sûr, très majoritairement en faveur des sévères mesures d'austérité qui ont été imposées, mais nous voyons aussi que le monde des affaires et les médias sont également massivement en faveur de ces mesures. Est-ce que cela vous surprend? 

John Perkins : Non, cela ne me surprend pas et pourtant c'est ridicule parce que l'austérité ne fonctionne pas. Nous en avons la preuve maintes et maintes fois, et peut-être la plus grande preuve était à l'opposé, aux États-Unis pendant la Grande Dépression, lorsque le président Roosevelt a lancé toutes ces politiques pour remettre les gens au travail, et réinjecter de l'argent dans l'économie. C'est ce qui fonctionne. Nous savons que l'austérité ne fonctionne pas dans ces situations. 

"Ce que je ne réalisais pas pendant toute cette période, c'est à quel point la corporatocratie ne veut pas d'une Europe unie."

Nous devons également comprendre que, aux États-Unis par exemple, au cours des 40 dernières années, la classe moyenne a été en déclin sur une base réelle du dollar, alors que l'économie a augmenté. En fait, c'est arrivé à peu près dans le monde entier. Au niveau mondial, la classe moyenne est en déclin. Le gros business a besoin de reconnaître – il ne l'a pas encore fait , mais il lui faut le faire - que l’intérêt à long terme ne sert à personne et que la classe moyenne est le marché. Et si la classe moyenne continue d'être en déclin, que ce soit en Grèce ou aux Etats-Unis ou dans le monde, en fin de compte les entreprises en paieront le prix ; ils n'auront pas de clients. Henry Ford a dit: «Je veux payer mes ouvriers suffisamment pour qu'ils puissent sortir et acheter des voitures Ford. » C'est une très bonne politique. C'est sage. Ce programme d'austérité va dans la direction opposée et c’est politique stupide. 

Dans votre livre, qui a été écrit en 2004, vous avez exprimé l'espoir que l'euro pourrait servir de contrepoids à l'hégémonie mondiale américaine, à l'hégémonie du dollar américain. Vous attendiez-vous à ce que nous voyons aujourd'hui dans l'Union européenne avec l'austérité qui n'est pas seulement en Grèce mais aussi en Espagne, au Portugal, en Irlande, en Italie, et aussi plusieurs autres pays? 
Ce que je ne savais pas que pendant toute cette période, c'est combien la corporatocratie ne veut pas d'une Europe unie. Nous devons comprendre cela. Ils peuvent être assez contents avec l'euro, avec une monnaie unique - ils sont heureux dans une certaine mesure de l'avoir tant que les marchés sont ouverts - mais ils ne veulent pas de règles et de règlements standardisés. Avouons-le, les grands groupes, la corporatocratie, profite du fait que certains pays en Europe ont des lois fiscales beaucoup plus clémentes, que certains ont des lois environnementales et sociales beaucoup plus clémentes, et ils peuvent jouer des uns contre les autres. 

"[Rafael Correa] ... doit être conscient que si vous vous élevez trop fortement contre le système, si les "tueurs à gages économiques" ne sont pas contents, s’ils n'obtiennent pas ce qu’ils recherchent, les chacals viendront et vous assassineront ou vous renverseront par un coup d'Etat ". 

Que se passerait-il pour les grandes compagnies si elles ne disposent pas de leurs paradis fiscaux dans des endroits comme Malte ou d'autres lieux? Je pense que nous devons reconnaître que ce que la corporatocratie a vu au premier abord, c’est un euro solide, et une union européenne semblait être une très bonne chose, mais au fur et à mesure que cela avançait, ils ont pu voir que ce qui allait se passer, c'est que les lois sociales et environnementales et les règlements allaient être normalisés. Ils ne voulaient pas cela, ainsi dans une certaine mesure ce qui se passe en Europe s’est produit parce que la corporatocratie veut l’échec de l'Europe, au moins à un certain niveau. 

Michael Nevradakis: Dans votre libre vous citez ​​les exemples de l'Équateur et d'autres pays, qui, après l'effondrement des prix du pétrole à la fin des années 80 se sont retrouvés avec des dettes énormes et cela, bien sûr, a conduit à des mesures d'austérité massives… et cela semble très similaire à ce que nous voyons maintenant en Grèce. Comment le peuple de l'Équateur et d'autres pays qui se trouvent dans des situations similaires peuvent éventuellement résister? 

John Perkins : L’Équateur a élu un président assez remarquable, Rafael Correa, qui a un doctorat en économie d’une université des États-Unis. Il comprend le système, et il a compris que l'Équateur a assumé ces dettes quand j'étais un tueur à gages économique et que le pays était gouverné par une junte militaire qui était sous le contrôle de la CIA et les Etats-Unis. Que la junte s’est chargée de ces énormes dettes, a mis l'Equateur dans un position de dette profonde auquel le peuple n’adhérait pas . Quand Rafael Correa a été élu démocratiquement, il a immédiatement dit: «Nous ne payons pas ces dettes ; le peuple n’a pas accepté ces dettes ; peut-être que le FMI devrait payer les dettes et peut-être la junte, qui avait bien sûr disparu depuis longtemps – ayant déménagé à Miami ou ailleurs - doivent payer les dettes, peut-être John Perkins et les autres tueurs à gages économiques devraient payer les dettes, mais pas le peuple". 

Et depuis lors, il a renégocié et ramené les dettes à la baisse en déclarant: «Nous pourrions être prêts à payer certaines d'entre elles. » C'était un geste très intelligent ; il y a eu des choses semblables qui ont été faites à des moments différents dans des endroits comme le Brésil et l'Argentine, et plus récemment, à la suite de ce modèle, l'Islande, avec un grand succès. Je dois dire que Correa a eu quelques vrais reculs depuis… comme tant d'autres présidents, il doit être conscient que si vous vous élevez trop fortement contre le système, si les tueurs à gages économiques ne sont pas heureux, s’ils n'obtiennent pas leur profit, les chacals viendront vous assassiner ou vous renverser par un coup d'Etat. Il y a eu une tentative de coup d'Etat contre lui; il y a eu un coup d'État dans un pays qui n'est pas trop loin de lui, le Honduras, parce que ces présidents se sont levés. 

Nous devons réaliser que ces présidents sont dans des positions très, très vulnérables, et, finalement, nous le peuple devons nous lever, parce que les dirigeants sont limités dans leur action. Aujourd'hui, dans de nombreux endroits, les dirigeants ne sont pas seulement vulnérables ; une balle n’est plus nécessaire pour faire tomber un leader. Un scandale - un scandale sexuel, un scandale de drogue - peut faire tomber un leader. Nous avons vu cela se produire pour Bill Clinton, pour Strauss-Kahn du FMI; nous avons vu cela se produire un certain nombre de fois. Ces dirigeants sont très conscients du fait qu'ils sont dans des positions très vulnérables: S’ils s’élèvent ou vont à l'encontre du statu quo avec trop de force, ils vont être mis hors jeu, d'une façon ou d'une autre. Ils sont au courant de cela, et il nous incombe à nous gens du peuple de vraiment défendre nos propres droits. 

Michael Nevradakis:  Vous avez mentionné l'exemple récent de l'Islande. . . quelles autres mesures que le référendum qui a eu lieu, le pays eut-il adopter pour sortir de cette spirale de l'austérité et pour revenir à la croissance et à une perspective beaucoup plus positive pour le pays? 

John Perkins : On a investi de l'argent dans des programmes qui remettent les gens au travail et on a aussi mis à l’épreuve certains des banquiers qui ont causé les problèmes, ce qui a été un grand relèvement moral pour le peuple. Donc, l'Islande a lancé des programmes qui disent «Non, nous n'allons pas aller dans l'austérité, nous n'allons pas rembourser ces prêts, nous allons mettre de l'argent dans ce qui redonne du travail au peuple » et, finalement, c'est ce qui motive une économie, et les gens à travailler. Si vous avez un chômage élevé, comme vous l’avez aujourd'hui en Grèce, un chômage vraiment très élevé, le pays va toujours être en difficulté. Vous devez faire baisser le chômage, vous devez embaucher des gens. Il est donc important de remettre les gens au travail. Votre taux de chômage est d'environ 28 pour cent; c'est énorme, et le revenu disponible a diminué de 40 pour cent et il va continuer à baisser si vous avez un chômage élevé. Donc, la chose importante pour une économie est d'obtenir l'emploi et de retrouver un revenu net disponible de sorte que les gens investissent dans leur pays et en biens et en services. 

Michael Nevradakis:  En conclusion, quel message aimeriez-vous partager avec les gens de la Grèce, alors qu’ils continuent d’expérimenter et de vivre à travers les résultats très durs des politiques d'austérité qui ont été mises en place dans le pays depuis les trois dernières années? 

John Perkins : Je veux faire appel à l'histoire de la Grèce. Vous êtes un pays fier, fort, un pays de guerriers. La mythologie du guerrier dans une certaine mesure provient de la Grèce, et il en va de la démocratie ! Et se rendre compte que le marché est une démocratie aujourd'hui, et comment nous dépensons notre argent nous fait choisir notre bulletin de vote. La plupart des démocraties politiques sont corrompues, y compris celle des États-Unis. La démocratie ne fonctionne pas vraiment sur ​​une base gouvernementale parce que les corporations sont aux commandes. Mais elle travaille sur une base de marché. J'encourage les gens de la Grèce à se défendre : Ne pas payer ces dettes; avoir vos propres référendums; refuser de les payer; aller dans la rue et faire la grève. 

Et donc, je voudrais encourager le peuple grec à continuer à le faire. Ne pas accepter cette critique que c'est de votre faute, que vous êtes à blâmer, que vous avez à souffrir d’austérité, d’austérité, d’austérité. Cela ne fonctionne que pour les gens riches; cela ne fonctionne pas pour la personne moyenne ou la classe moyenne. Construisez cette classe moyenne; ramenez de l'emploi; rendez un revenu net convenable pour le citoyen moyen de la Grèce. Battez-vous pour cela ; Arrangez-vous pour que cela arrive; défendez vos droits; honorez votre histoire de combattants et les dirigeants de la démocratie, et montrez le au monde! 

Le podcast de l'interview originale comme il a été diffusé sur Radio Dialogos est disponible à dialogosradio.org
Michael Nevradakis est un étudiant préparant un doctorat en études des médias à l'Université du Texas à Austin il bénéficie d'une bourse Fulbright des États-Unis. Actuellement basé à Athènes, en Grèce. Michael est aussi l'hôte de Dialogos radio, une émission de radio hebdomadaire sur les entrevues et  reportages d'actualité en Grèce.
(Copyright, Truthout.org. Translated with permission"version française avec l'autorisation de l'auteur par Maxime le minime de la source)