Un dimanche soir, Père Élie, confortablement installé dans son fauteuil, leva brusquement la tête de son journal. Il eut la conviction soudaine qu’il avait oublié quelque chose d’important dans le sanctuaire, mais sans pouvoir se rappeler quoi.
Arrivé devant l’édifice religieux, il mit la clé dans la serrure, ouvrit la porte, pénétra dans l'intérieur sombre de la nef et se dirigea vers le sanctuaire.
Il s’aperçut que ce qu’il avait oublié c'était tout simplement de tirer le rideau des Portes Royales, mais ce qu’il vit en même temps le remplit d’effroi : un ange éblouissant de lumière avec une épée flamboyante à la main, se tenait debout à côté de l'autel ! Il fut si effrayé qu’il tourna le dos, prit la fuite et qu’en un instant il se retrouva dans le narthex de sa grande église !
Et là une voix impérative se fit entendre:
« Attends! »
Père Élie, abasourdi, en resta comme pétrifié.
« Ne crains pas, continua la voix devenue très douce, je suis l'Ange-Gardien du temple. Lorsqu'un autel dans un temple a été consacré et sanctifié, le Seigneur, le Tout-Puissant, le Roi des rois et Seigneur Vainqueur, place un Ange-Gardien qui veille jour et nuit à côté de l'autel. »
En entendant avec un mélange de stupeur et d’émerveillement ces paroles de l’ange qui lui étaient adressées, bien qu’elles fussent dites d’une voix très adoucie, le prêtre demeurait encore dans le narthex, comme paralysé, tournant toujours le dos au sanctuaire.
« Allez, reviens, et s'il te plaît, ferme les portes Royales, tu as oublié de les fermer et tu es parti en les laissant ouvertes. » lui dit l’Ange.
La peur disparut alors du cœur du prêtre, faisant place à l’apaisement. Il comprit l'importance de ce qu’il avait oublié. L’Ange se déroba alors aux yeux de Père Élie. Celui-ci, s’en était d’abord retourné vers le sanctuaire, obéissant à contrecœur, cependant, en ce moment, il se tenait sans crainte mais avec respect près des Portes Royales. Il s’empara alors du rideau et lentement, avec une lenteur révérencieuse le tira pour séparer le lieu sacré de la nef.
Ceci fait, il ne pouvait s’empêcher de se demander : « Ne suis-je pas victime de mon imagination? Est-ce que je rêve? N’est-ce pas une hallucination ? ».
Et voilà qu’en réponse à son questionnement, il entendit une myriade de voix angéliques qui psalmodiaient « Axion Esti ». Ce fut plus que n’en pouvait supporter le pauvre prêtre, au son de ce doux chant du chœur des anges il perdit connaissance et s’effondra.
Quand, après un certain temps, il retrouva ses esprits, il se releva, rentra chez lui mais n’en parla à personne. Ce n’est que quinze ans après, qu’il a raconté l'incident, peu de temps avant sa mort.
Ainsi donc il avait eu la révélation, lui, l’humble prêtre de paroisse, que dans chaque église, près de l'autel, il y a un ange, qu’on ne voit pas, mais qui nous regarde et nous garde en silence …
Adaptation par Maxime d'après la source:
«Ορθόδοξοι Ιεραπόστολοι»
Ενοριακή Νεανική Εστίας Ι.Ν. Αγίου Ελευθερίου οδού Αχαρνών