Sur le site Contrepoints
on peut lire cet extrait d’un article à propos du projet gouvernemental de
« Moralisation de la vie politique »
"EN DÉMOCRATIE, CHACUN CHOISIT SA MORALE[…] Il n’est pas question d’analyser ici les dispositions de la nouvelle loi en préparation, ni de traiter de sa pertinence. Il s’agit de dissocier droit et éthique et de rappeler que si le droit s’impose à tous, y compris aux politiciens, il n’existe aucune règle morale à caractère général et absolu en démocratie.Il est donc tout à fait abusif d’évoquer la « moralisation ». Pourquoi ? Parce que ce régime politique autorise chacun à choisir sa morale en toute liberté. La liberté de conscience permet à chaque personne de choisir ou de ne pas choisir sa religion, son idéologie, les principes qui vont déterminer ses actions.La morale de l’un n’est donc pas la morale de l’autre et personne ne peut considérer qu’une pratique quelconque est immorale de façon absolue. Tout juste peut-elle être contraire à la morale d’autrui.Il n’existe pas en démocratie de morale publique unanimement reconnue. Nous vivons aujourd’hui dans le relativisme moral puisqu’il n’existe plus de religion officielle imposant des contraintes éthiques.[…]" par Patrick Aulnas.
Voilà qui est dit de façon claire et directe et l’on peut en
toute logique s’étonner en effet que La Morale – c’est-à-dire une morale
universelle ou au moins commune à un peuple ou une culture – que l’on a chassée
par la porte fasse son retour par la fenêtre…
Mais en vérité une morale s’est substituée à la précédente
depuis pas mal de temps maintenant. Elle est caractérisée, assez simplement d’ailleurs,
par l’impérieuse obligation – sévèrement sanctionnée en cas de contravention – de considérer
comme nouvelle norme tout ce qui était naguère du domaine de la transgression
et ceci dans tous les domaines. Plus brièvement il est désormais « normal »
de transgresser ce qui était naguère « normal ». Ce qui est considéré
comme faute (voire délit ou encore crime) concerne désormais non seulement tout
acte contraire aux nouvelles bonnes mœurs mais, également, aussi bien l’expression
sous toutes ses formes de la remise en question des nouvelles normes que toute « entrave »
active à la nouvelle situation de liberté désormais acquise « de haute
lutte » par toutes sortes de mouvements « de libération », activistes,
militants et propagandistes depuis au moins les années 70. C’est en gros tout
ce que l’on appelle le « politiquement correct ». Cela entraîne désormais
la promulgation de lois, décrets et injonctions visant à traquer tout ce qui
pour l’époque est « immoral » … On peut même dire qu’une nouvelle
Inquisition s’est désormais installée qui n’a pas tardé à se mettre à l’ouvrage.
Étrangement, alors que tout comportement individuel, particulier,
est donc reconnu par la loi et doit être socialement accepté par tous sans
exception, sans restriction, il demeure un domaine qui ne semble pas touché par
cette libéralisation tous azimuts c’est celui de l’argent.
C’est l’objet de l’article ci-dessus cité dont j’ai extrait
un passage.
Alors pourquoi est-il permis, voire conseillé, de jouir de
tout, à sa guise, sans que l’on admette la moindre contrainte, critique et
encore moins censure sauf de l’acquisition de la richesse et de la réussite
dans son entreprise ? Voilà qui heurte les principes d’un libéralisme cohérent.
Il semble simplement que tous puissent être consommateurs
mais qu’ils doivent le rester sans se singulariser dans le domaine du gain de l’argent.
Du moins au niveau du discours… parce qu’en réalité de nos jours, c’est le
règne du « Pas vu pas pris !» qui domine accompagné immédiatement par
« Après moi le déluge ! » et forcément soutenu par « Du
passé faisons table rase ! ». Bien
entendu c’est le règne de l’hypocrisie et du mensonge.
Dans La Fable des abeilles, plus connue par son
sous-titre, Les vices privés font le bien public (1705), Bernard Mandeville
prend le contre-pied de la pensée classique : ce ne serait pas de la vertu mais
de l’égoïsme de chacun qu’il faut attendre le bien public. Mandeville préfère
les maisons closes aux maisons de charité, fait l’apologie de la cupidité, de
l’exploitation et de la malhonnêteté, et déconsidère l’altruisme, la frugalité
et la mesure.(source)
Il semble que nous soyons dans une époque transitoire qui peine
à se débarrasser de toute cette « pensée classique » qui imposait des
impératifs moraux empêchant de « jouir sans entraves » à son gré. C’est
une époque où l’on a encore mauvaise conscience et où l’on n’est pas encore
vraiment « libéré ». La conscience de la transgression des valeurs du
passé demeure d’ailleurs au point que d’une part, l’on a besoin de militer périodiquement
voire constamment pour s’en détacher en en rejetant violemment toute référence,
et que l’on est obligé de vivre dans une totale hypocrisie, celle des vertus
publiques faisant écran aux vices cachés. Du moins pour ce qui concerne l’argent.
La censure demeure ici. On peut être malhonnête mais il faut être assez habile
pour éviter que cela se sache. Somme toute, et pour faire (peut-être un peu) vite,
le puritanisme anglo-saxon et/ou l’islam colleront assez bien à cette nouvelle
mentalité qui rejette majoritairement la tradition chrétienne (assimilée à la
morale catholique essentiellement) suspectée de tous les maux.
Reste à penser ce que peut faire un chrétien orthodoxe dans
cette situation s'il veut se préoccuper de société… L'Église orthodoxe russe a produit quelques années après l'Église catholique-romaine un document sur une doctrine sociale… et les deux collaborent pour "moraliser" sans doute la vie en société. Est-ce le bon chemin de l'Orthodoxie ?
Maxime le minime