Bien souvent les enfants, ne rêvent que d’être au plus tôt reconnus "grands" et d’atteindre enfin l’âge de l’adolescence et de ses privilèges, aussi s’exercent-ils à observer (dans les deux sens) ce qui leur paraît devoir être considéré par leurs aînés comme faisant partie de leur groupe. Ce qui n’est pas toujours bien profitable à leur âge…
Les adolescents ensuite, ne rêvent que d’être au plus tôt pris au sérieux et attendent impatiemment l’âge adulte et ses privilèges, aussi occupent-ils soigneusement leur temps à adopter les signes et comportements – selon eux distinctifs de cet âge – sans être bien conscients des devoirs et contraintes de cet état tant désiré…
Devenus adultes, ils ne rêvent que d’être enfin débarrassés de leurs occupations laborieuses de la semaine, des contraintes pénibles de leur travail et de leurs relations professionnelles difficiles, ils vivent alors dans l'attente du week-end pour tout oublier dans leurs loisirs de fin de semaine…
Cependant les week-ends ne font oublier que pour deux jours leurs occupations laborieuses de l’année, les contraintes pénibles de leur travail et de leurs relations professionnelles difficiles et il leur tarde d’avoir une sorte de très long week-end et d’être enfin en vacances, bien méritées – car ils en ont assez supporté – pour « profiter » de la vie et de l’argent qu’ils ont gagné, épargné ou emprunté…
Enfin ces mêmes adultes ne rêvent que d’atteindre enfin l’âge de la retraite pour « profiter » de vacances sans fin, multiplier et augmenter leurs loisirs, « profiter » de leurs petits-enfants car ils n’ont pas su « profiter » de leurs propres enfants, considérant qu’ils méritent de ne plus rien faire dans leur vie car, comme le dit la pub, « ils le valent bien ».
Et puis dans le même genre…
Beaucoup de chrétiens (ceux qui ont encore "la foi") de beaucoup de « confessions », pensent avec à la fois arrogance et naïveté, que leurs bonnes actions soigneusement comptabilisées par leurs soins, leur vie vertueuse – «comparée aux autres » – additionnées à ce qu'ils "en ont bavé" en cette vie, leur vaudront bien un verdict favorable au jour à venir du Jugement, et donc une bonne place en Paradis où ils seront non seulement enfin délivrés de tous les soucis accumulés dans cette vie, mais surtout reconnus dans leurs efforts d’avoir été conformes à ce qu’il est convenu de considérer comme juste pour être reçus dans le Royaume de Dieu, car, comme le dit la pub, « ils le valent bien » …
La projection d’une vie meilleure dans un futur incertain voire fantasmé permet de supporter les frustrations et souffrances de cette vie en se persuadant soi-même par toutes sortes de croyances qu’il sera meilleur et bien mérité.
Est-ce là ce qu’un Orthodoxe est appelé à vivre ?
L'Orthodoxe n’est-il pas plutôt censé vivre « Ici et Maintenant », dans le doute total de ses mérites, mais dans la certitude que le Royaume est déjà présent dans cette vie, que ceux que l’on appelle les Saints le vivent pleinement, que nous-mêmes, tout ordinaires que nous soyons, nous pouvons le vivre même si notre aveuglement trop fréquent fait que nous ne l’entrevoyons que de temps en temps de façon brève et éphémère ? Le Christ n’a-t-Il pas vaincu la mort et le diable ? N’est-Il pas venu pour pardonner et sauver les pécheurs, guérir et redonner la santé aux malades de corps et d’esprit, et ressusciter les morts sur cette terre même, là où nous vivons. Le Christ ne nous n’a-t-Il pas demandé de considérer, et de prier et glorifier Dieu comme un Père infiniment miséricordieux, prenant soin de la moindre de ses créatures, se réjouissant du retour de chacun de ses enfants égarés.
Notre Dieu est un Dieu de joie, de fête, de noces. Tout ne commence-t-il pas dans les récits de l’Évangile par une noce ? Et ensuite les vierges sages ou folles, ne sont-elles pas invitées à une noce. Ne sommes-nous pas, nous chrétiens orthodoxes, héritiers légitimes de la vraie foi, appelés à « faire la noce », c’est-à-dire à nous réjouir dans cette vie même et à faire de cette vie une fête là-même où nous vivons. Notre Dieu est celui de l’Amour, de la joie de connaître la voie du Royaume, dès cette vie-même aussi imparfaite qu’elle soit.
Dans notre faiblesse et notre sentiment d'impuissance à contrôler les évènements de notre vie et du monde, puissions-nous participer, dès maintenant comme l'année qui vient et les suivantes, à ces noces du Royaume qui, pour n'être perçu clairement que par instants fugitifs et que par quelques uns d'entre nous, n'en existe pas moins, ici et maintenant. C'est ce que je nous souhaite surtout par les temps mauvais qui courent.
Maxime le plus que minime