Les lèvres mensongères font horreur à l'Éternel, tandis que ceux qui agissent avec fidélité lui sont agréables. Proverbes 12:22 «C'est ce qui sort de l'homme qui le rend impur. En effet, c'est de l’intérieur, c'est du cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées, les adultères, l'immoralité sexuelle, les meurtres, les vols, la soif de posséder, les méchancetés, la fraude, la débauche, le regard envieux, la calomnie, l'orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et rendent l'homme impur.» Marc 7:20-23 Un témoin fidèle ne ment pas, tandis qu’un faux témoin dit des mensonges. Proverbes 14:5 « Vous, vous avez pour père le diable et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement et il ne s'est pas tenu dans la vérité parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, il parle de son propre fond, car il est menteur et le père du mensonge. » Jean 8:44 Si les paroles distinguées ne conviennent pas à un fou, les paroles mensongères conviennent d’autant moins à un noble. Proverbes 17:7 « Écarte de ta bouche la fausseté, éloigne de tes lèvres les détours ! Proverbes 4:24 Craindre l'Éternel, c'est détester le mal. L'arrogance, l'orgueil, la voie du mal et la bouche perverse, voilà ce que je déteste. » Proverbes 8:13 « Pierre lui dit : «Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, au point que tu aies menti au Saint-Esprit et gardé une partie du prix du champ? […] Comment as-tu pu former dans ton cœur un projet pareil? Ce n'est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu.»Actes 5:3-4Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les enchanteurs, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l'étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort.Apocalypse 21.8
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vendredi 26 juin 2020

Ès-langue française (Aveux publics, 4)

Un article de Slobodan Despot paru dans la rubrique «Le Bruit du Temps» de l’Antipresse n° 192 du 04/08/2019.


Lorsque nous sommes descendus des montagnes dans la vallée du Rhône, il m’a fallu entrer à l’école. Ni une, ni deux, on m’a placé dans une classe spéciale où je n’avais d’autre devoir que d’apprendre le français. Bien m’en a pris.

Rendez-nous nos classes d’intégration!

On appelait cela les classes d’intégration. Elles ont été supprimées depuis belle lurette, juste au moment, bien entendu, où elles devenaient vitales. En ces lointaines années 1970, la Suisse faisait déjà face à une immigration de masse — mais qui venait de son voisinage immédiat, les pays catholiques du sud de l’Europe. Cela n’en suscitait pas moins des inquiétudes, notamment celle exprimée par l’«initiative Schwarzenbach» «contre l’emprise étrangère» qui fut rejetée par le peuple en 1970. Un demi-siècle plus tard, lorsqu’on voit à quel point ces vagues de Ritals et d’Espingouins sont incorporées dans le tissu national, ces peurs peuvent faire sourire. Mais ces sourires devenus automatiques empêchent en même temps de réfléchir aux changements de nature et de composition des migrations successives. Passons.
A l’époque, les Italiens et les Espagnols venaient grossir la force laborieuse de ce pays dont la population citadine de souche s’orientait déjà vers les activités plus «nobles» (lisez: moins harassantes et mieux payées) de l’esprit (lisez: l’administration, le tertiaire et les professions libérales). Ils gardaient de forts liens avec leurs terres d’origine, mais s’employaient passionnément à s’intégrer à une société qui leur apparaissait comme un modèle rêvé. A leur suite, ce sont les Portugais et les «Yougos» (Albanais compris) qui ont endossé ce rôle d’humbles ouvrières de la fourmilière helvétique. Par-delà les querelles nationales importées et les activités de l’ombre, la réussite des «Kosovars» dans le sport ou les PME montre que la Suisse peut intégrer beaucoup de travailleurs silencieux parce qu’elle a besoin de beaucoup de travailleurs silencieux pour que ses mandarins puissent mandariner en toute quiétude.
Quoi qu’il en soit, le canton du Valais où j’ai grandi abordait l’intégration des enfants d’immigrés de la manière la plus pragmatique: en les plongeant sans sommation dans le bain linguistique. Hop! Si vous êtes ici, c’est que vous l’avez voulu, or ici, on parle français (ou allemand) et l’on se tient comme il faut! On était loin des discours sentimentaux sur l’«altérité», le «déracinement» et de tous les ululements de provenance académique qui, aujourd’hui, enfoncent les nouveaux arrivants dans leur statut de métèques a priori inintégrables et les orientent tout naturellement vers le communautarisme.
C’est par la langue qu’on s’intègre le plus intimement à une culture. A commencer par la langue-organe et ses papilles gustatives. Les enfants s’y font dix fois plus vite que les adultes. Encore faut-il leur enseigner une langue qui leur servira de passeport culturel et d’ascenseur social, plutôt qu’un sabir de rue qui les condamnera à vie à demeurer dans la masse obscure.

Une enfance à l’ombre de la Tour des Sorciers

Le maître qui détermina ma vie

En ce qui me concerne, on m’a placé à l’automne 1974 dans la classe de M. Fernando Santos, au départ de la route de Gravelone, à l’ombre de la Tour des Sorciers, un donjon ventru tout doit sorti de Tolkien où, comme son nom l’indique, on questionna jadis les sujets mal notés. L’immeuble où se logeait notre école était, lui, tout neuf et surplombait la jolie ville médiévale de Sion. La veille de mon premier jour d’école, je n’ai pas pu m’endormir. Je contemplais, sur la commode de ma chambre, mon cartable à bretelles en cuir bleu tout neuf avec des catadioptres oranges en me demandant où il allait m’emmener et quels continents de savoir il me ferait découvrir.
Ma classe comptait une trentaine d’élèves de tous âges, filles et garçons, italo-ibériques pour la plupart. J’étais le seul Slave, et, avec mes sept ans, de loin le plus jeune. Les plus vieux avaient déjà de la moustache. Les filles se sont immédiatement occupées de moi avec une tendresse de grandes soeurs. M. Santos menait cette compagnie bigarrée d’une main de fer. Il était très menu, mais irradiait d’énergie et de résolution. Il avait un nez pointu, un visage triangulaire et des yeux de Wisigoth d’un bleu très clair et très froid. Il était très catholique mais antifranquiste (oui, cela a existé). Tout en lui était abrupt, à commencer par sa prononciation à la Salvador Dalí, si rocailleuse que j’avais décidé le premier jour de ne jamais prrrononcerrrr et encore moins écrrrirrrr cette langue abominable qu’il prétendait m’enseigner.
Selon la tradition familiale, ma mère débarqua peu après le début des cours, furibonde, dans sa classe.
«Monsieur Santos! A ce qu’il me semblait, mon fils devait apprendre le français chez vous. Or il revient à la maison en parlant espagnol!
— Qué boulez-vous, Madammm? Por qué botre Eslobodan pouisse comprrrendrrrr la matièrrrr qué yé lui trrransmets, il doit pourrr commencer mé comprrrendrrrr, moi!»
Je l’ai bien compris, M. Santos. O combien! Il a été le plus grand professeur de ma vie. En une année, une seule, il m’a enseigné l’essentiel de la langue française, jusqu’à des (presque) «zéro faute» dans la dictée de Mérimée.
Il n’épargnait personne et ne reculait pas devant la pédagogie physique. Sa manière de nous tirer le duvet sur la tempe était particulièrement douloureuse. Mais il ne s’épargnait pas non plus. Il avait décidé que j’avais du «potentiel» et que je devais par conséquent trrrabailler encore bien plus que les autres. Le mercredi, au lieu de me renvoyer à la maison, il m’emmenait chez lui, où sa femme préparait la paella. Après quoi, je répétais mon français jusqu’au soir avec leurs propres enfants, Fernand et Isabelle.
Cela n’était encore rien: M. Santos passait également à la maison chez nous, après l’heure du repas, vérifier si je potassais mes manuels.

Ma porte d’entrée dans la littérature française

Il n’y a pas d’âge pour apprendre

Les manuels en question — le Cours supérieur d’orthographe de Bled, Le Français par les textes de Beaugrand et autres — n’étaient évidemment pas «faits» pour mon âge. Les usines à débiles mentaux d’aujourd’hui les réserveraient sans doute aux classes terminales, non sans les agrémenter de dessins infantiles et de mises en garde contre le sexisme, le racisme, la tabagie, l’éco-inconscience, la viandophagie… bref toute la liste des bondieuseries actuelles (1).
L’âge, M. Santos n’en avait cure. Il s’employait à tirer ses élèves vers le haut, par tous les moyens, plutôt que de les laisser mariner dans leur complaisance. La plupart des maîtres que j’ai eus par la suite, heureusement, partageaient cette attitude, en particulier à la Royale abbaye de Saint-Maurice. J’avais sept ans? Et alors? Blaise Pascal n’en avait que seize lorsqu’il publia son traité de géométrie. Il ne s’agissait pas de prendre les enfants pour des génies, loin de là, mais de cultiver des modèles qui provoquent plutôt que des copinages qui confortent. La curiosité et l’esprit de défi-comme-jeu des jeunes humains sont des ressorts prodigieux. Les laisser se faner sur pied en mettant la priorité sur leur «socialisation» (c’est-à-dire sur l’accoutumance à la médiocrité) est un crime contre l’humanité future. Crime dont nous commençons à sentir les effets très concrets, dans l’Europe social-infantilisée.
Le capitalisme ultralibéral, de toute évidence, s’accommode mieux d’une population trop abrutie que d’une population trop instruite. Par la suite, la lecture de Zinoviev, de Naomi Klein, de mon ami Jean Romain, de Michéa et de Brighelli me donnera à penser qu’il y a un véritable complot contre l’intelligence des masses dans le projet libéral-libertaire. Mais toutes ces digressions me détournent du coeur de mon sujet: l’entrée en langue française et le monde de merveilles que j’y ai découvert. J’y reviendrai dans le prochain épisode.
/A suivre/
NOTES
Je ne condamne pas sans preuves. Lorsque ma fille aînée est entrée, à six ans, dans le système scolaire public du canton de Vaud, sa «compétence» linguistique écrite et parlée a spectaculairement régressé par l’effet des programmes et de l’osmose. Elle n’a retrouvé son niveau de français préscolaire que vers l’entrée au lycée.



Les choses par leur nom

mercredi 14 février 2018

Le projet de médiocratisation totalitaire n'exclut aucun domaine

Cet article est paru sur le site du Point en 2015 mais il est malheureusement toujours d'actualité 
Il montre encore une fois le projet de médiocratisation totalitaire qui s'acharne à transformer le peuple en vulgaires consommateurs matérialistes par d'abjectes bureaucraties locales qui veulent contaminer leur maladive médiocrité native à ceux qu'il ont malignement trompés en se faisant élire avec leur idéologie pourrie et leurs basses manigances politicardes centrées sur leur petite carrière.

Les conservatoires français connaissent des difficultés majeures, non seulement dans leur financement, mais dans leur pédagogie. Brighelli lance un S.O.S.

Jean-Paul Brighelli











Les élèves du conservatoire de musique de Cannes en 2005 (illustration). © AFP/ Pascal Guyot

Je connais de la musique ce qu'une culture scolaire (et un peu familiale) m'a appris. Et je n'ai jamais joué d'un instrument qu'en dilettante - et d'oreille. Dans mon innocence d'autodidacte et d'amateur éclairé, je pensais jusqu'à ce jour que la musique s'enseignait dans les conservatoires, et qu'on y formait les virtuoses et les compositeurs de demain. Illusion : l'enseignement musical lui aussi a été contaminé par l'idéologie pédagogiste qui sévit depuis une trentaine d'années, et les conservatoires ont pris de face les réformes territoriales qui ont amené le désengagement de l'État, les soumettant aux desiderata de roitelets locaux qui connaissent moins Bach ou Haendel que la musique des livres de comptes. À en croire un enseignant spécialiste, l'un des rares à dénoncer un système content de lui et proche de la faillite, c'est Mozart que l'on assassine, chaque jour, dans les lieux censés célébrer sa gloire et détecter les futurs talents. 
Entretien avec Daniel Tchalik, pianiste et professeur d'écriture musicale au conservatoire et à l'académie supérieure de musique de Strasbourg.

Jean-Paul Brighelli : L'écriture musicale, qu'est-ce que c'est ?
Daniel Tchalik : L'écriture musicale est, paraît-il, une discipline "élitiste" et "rétrograde" entre toutes, qui consiste à bâtir une oreille et un goût sûrs par l'étude de disciplines aussi passionnantes que l'harmonie et le contrepoint - bref, à étudier les chefs d'oeuvre du passé en se mettant littéralement à la place du compositeur. Par exemple, en écrivant des pièces "à la manière de" (fugue de Bach, sonate de Mozart, lied de Schumann, prélude à la Debussy, etc.), tout en s'efforçant de respecter chaque fois la cohérence formelle, stylistique et esthétique du langage choisi, l'objectif étant de jouer au faussaire sans se faire prendre par la patrouille ! Autant dire que cela demande du temps, des qualités techniques et une érudition difficilement compatibles avec les "projets citoyens" et autres "modules professionnalisants" qui fleurissent ici et là... 

Douai, Orléans, Yerres, Vichy... la liste des conservatoires en difficulté s'allonge depuis deux ans, dans l'indifférence générale. Comment expliquer une réalité qui paraissait impensable au début de la décennie ?
Avec la décentralisation, l'État s'est délesté de sa part (près de 8 %) du financement des conservatoires régionaux et départementaux au profit des collectivités territoriales qui en assumaient déjà l'essentiel. Étranglées par l'effet ciseau de la hausse des dépenses contraintes et de la baisse des dotations, communes et intercommunalités se voient obligées dès 2015 d'augmenter les droits d'inscription des élèves et de supprimer des postes de professeurs - sans même évoquer le coût financier et humain de l'improbable réforme des rythmes scolaires. Cependant, ces coupes budgétaires ne font qu'entériner un long processus, celui du changement des missions des conservatoires.

Ah ? Vous n'enseignez plus la musique ?
Contrairement à ses collègues de l'Éducation nationale, le professeur des conservatoires est un fonctionnaire territorial ; son employeur est donc le maire. C'est pourquoi, lors de formations pédagogiques étrangement épargnées par la crise, il apprend, au terme de plus de quinze années d'études musicales de haut vol, qu'en tant qu'agent territorial, sa tâche consiste à exécuter le projet politique de l'élu au même titre que ses homologues des espaces verts. Dans la limite d'un mandat électoral, il ne s'agit donc plus tant de transmettre un savoir artistique aux futurs artistes et mélomanes que d'animer la vie de la cité à coups de projets transversaux et de musiques actuelles ainsi que de lutter contre les inégalités sociales à moindre coût, quitte à transformer progressivement l'école d'art en lieu de ressources (traduire : en MJC). Cependant, ces principes éclairés n'en finissent pas de susciter des résistances - d'où l'impérieuse nécessité d'accélérer le changement (si possible maintenant) de ces établissements, sous prétexte que "99 % de nos publics sont de futurs amateurs" ! Pour autant, est-il raisonnable de consigner les élèves en tant qu'amateurs dès le début de leur apprentissage ? On n'ose imaginer le tollé si les instituteurs, pardon, les professeurs des écoles, se mettaient à enseigner aux élèves l'orthographe ou l'arithmétique "adaptées à des amateurs"... Voire : n'y sommes-nous pas déjà ?

Mais comment en est-on venu à tant de démagogie ? 
Dans les années 1960, le compositeur Marcel Landowski, dont on commémore cette année le centenaire de la naissance, est chargé par Malraux de concevoir un vaste plan de création de conservatoires, de lycées musicaux, d'opéras et d'orchestres sur tout le territoire, afin de démocratiser l'accès à l'art. Mais bien avant le terme de cet ambitieux dessein, l'équipe de Jack Lang opère une rupture en jetant le soupçon sur la formation et le patrimoine, valeurs de droite, pour mieux replacer l'individu, sa créativité... et ses déterminismes sociaux au coeur de la politique culturelle - tout comme la loi Jospin a installé l'élève au centre du système scolaire, avec les conséquences que l'on sait. Résultat : une technostructure plus habile à manier les chiffres que les notes de musique s'est emparée de l'institution ; insubmersibles, ses membres n'en finissent plus depuis trente ans de prêcher la vulgate de Philippe Meirieu tout en sachant manier en virtuoses la langue de bois d'un développement culturel que l'on sait avant tout marchand.

Hmm... Propos réactionnaires, élitistes et incompatibles avec les "attentes de la société contemporaine" !
J'assume. Si le progrès consiste, au hasard, à faire recruter et noter les professeurs de conservatoire par le seul directeur ou bien à dissocier obtention du concours et nomination - deux réalités de l'enseignement artistique spécialisé d'aujourd'hui -, il faut assurément craindre comme la peste cette innovation qu'est l'autonomie des établissements, la panacée du gestionnaire inculte et fier de l'être que d'aucuns, à gauche comme à droite, nous annoncent pour l'Éducation nationale de demain. 
Pour le reste, quand un conservatisme bien-pensant joue aux dames patronnesses et se pare des oripeaux du progressisme, plus rien n'empêche les ex-cancres parvenus au pouvoir de faire payer aux professionnels leurs échecs et leurs frustrations passées, sans pour autant omettre de soigner carrière et réseau. Leur seul recours est alors la confusion des esprits, faute de pouvoir opposer une argumentation raisonnée à ceux qui osent les contredire. Qu'on se le dise : le vrai progressisme consiste à permettre à tout élève qui le souhaite de s'élever au plus haut de ses capacités, seul l'État étant en mesure d'oeuvrer à cet idéal régulateur - en commençant par exemple par nationaliser les conservatoires et à les prémunir contre la dérive démagogique et localiste actuelle. Le reste n'est que... pipeau.