Les lèvres mensongères font horreur à l'Éternel, tandis que ceux qui agissent avec fidélité lui sont agréables. Proverbes 12:22 «C'est ce qui sort de l'homme qui le rend impur. En effet, c'est de l’intérieur, c'est du cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées, les adultères, l'immoralité sexuelle, les meurtres, les vols, la soif de posséder, les méchancetés, la fraude, la débauche, le regard envieux, la calomnie, l'orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et rendent l'homme impur.» Marc 7:20-23 Un témoin fidèle ne ment pas, tandis qu’un faux témoin dit des mensonges. Proverbes 14:5 « Vous, vous avez pour père le diable et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement et il ne s'est pas tenu dans la vérité parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, il parle de son propre fond, car il est menteur et le père du mensonge. » Jean 8:44 Si les paroles distinguées ne conviennent pas à un fou, les paroles mensongères conviennent d’autant moins à un noble. Proverbes 17:7 « Écarte de ta bouche la fausseté, éloigne de tes lèvres les détours ! Proverbes 4:24 Craindre l'Éternel, c'est détester le mal. L'arrogance, l'orgueil, la voie du mal et la bouche perverse, voilà ce que je déteste. » Proverbes 8:13 « Pierre lui dit : «Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, au point que tu aies menti au Saint-Esprit et gardé une partie du prix du champ? […] Comment as-tu pu former dans ton cœur un projet pareil? Ce n'est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu.»Actes 5:3-4Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les enchanteurs, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l'étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort.Apocalypse 21.8
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mardi 23 mars 2021

Sortie de la Turquie de la convention contre les violences faites aux femmes… VOUS AVEZ DIT FÉMINISME ?

Et en France…




« J’ai fait observer à Marlène Schiappa que si régression il y avait, c’était bien en raison de l’introduction, sur notre sol, de mœurs étrangères aux nôtres ! »

Bérénice Levet, vous êtes philosophe et vous étiez invitée face à Marlène Schiappa dans l’émission « L’Info du vrai » du 22 novembre, présentée par Yves Calvi. Il y était question de la régression de l’égalité entre les filles et les garçons, en France, dès l’école primaire…Une passe d’armes a frappé le téléspectateur. Pouvez-vous nous raconter ?
L’émission portait sur les suites de la campagne contre le harcèlement et les agressions sexuelles, le risque de voir les choses tourner à la déclaration de guerre contre les hommes – enjeu majeur et totalement nié par la secrétaire d’État – et le rôle que l’école pouvait jouer afin de prévenir et guérir ce destin apparemment fatal des femmes, à en croire la croisade actuelle, d’être la victime de l’autre sexe. Le reportage dans une école primaire alors diffusé n’appuyait guère la thèse d’une régression de l’égalité, tout au contraire. « Les petites filles ne se laissent pas faire », disait la journaliste. Et les enfants interrogés témoignaient d’un humour, d’une distance dont nos belles âmes militantes sont totalement dépourvues. Une petite fille racontait, par exemple : « Les garçons disent parfois qu’on ne sert à rien mais tout de suite après, ils rigolent. »
Lorsqu’on est revenu en studio, pour ma part, j’ai relevé ce point, et surtout je me suis impatientée de ce qu’on continue à peindre la réalité comme si les années 1970 n’étaient pas passées par là. Les garçons et les filles, depuis ces années-là, grandissent dans une atmosphère de parfaite égalité, ce qui ne signifie pas nécessairement d’indifférenciation sexuelle. Là est, me semble-t-il, la confusion qui alimente cette campagne de lutte contre le harcèlement et les agressions. L’enjeu est d’abord la criminalisation des hommes qui s’obstinent à voir des femmes dans les femmes et à n’y être pas indifférents, mais c’est une autre question. 
Pour me contredire et appuyer la thèse d’une régression de l’égalité, Marlène Schippa invoqua des cas empruntés à son expérience municipale précédente. Ainsi avait-elle été sollicitée par une directrice d’école qui se trouvait démunie face à des familles qui interdisaient à leurs petits garçons de donner la main à leurs camarades filles au motif qu’elles étaient impures. La secrétaire d’État cita également le cas, de plus en plus fréquent, de petites filles de sept ou huit ans que leurs parents excluent d’envoyer à la piscine, au nom de l’interdit de montrer son corps devant des petits garçons. J’ai alors fait observer, afin de la contraindre à nommer les choses, que si régression il y avait, si refus de la mixité des sexes il y avait, c’était bien en raison de l’introduction, sur notre sol, de mœurs étrangères aux nôtres. 
Elle s’est d’abord dérobé et m’a objecté que « la Manif pour tous n’avait pas une vision progressiste de la place de la femme » et Marine Le Pen n’aurait pas « particulièrement soutenu le droit à l’IVG » – confondant, au passage, Marine Le Pen et Marion Maréchal-Le Pen, la première ne s’étant pas prononcée, me semble-t-il, contre le droit à l’avortement. Mais Yves Calvi avait entendu mon objection et m’a relayée. Il lui a demandé sans détour si les cas qu’elle avait mentionnés concernaient des familles musulmanes. Elle a bien été obligée de le reconnaître, mais en préférant parler de « familles radicalisées », de « familles salafistes »
On peut reconnaître à Yves Calvi le mériter d’avoir fait son boulot de journaliste en mettant les pieds dans le plat et en poussant Marlène Schiappa dans ses retranchements… mais il a fallu que vous l’y aidiez un peu ! 
Reconnaissons en effet à Yves Calvi de ne s’être pas lui-même complu dans le déni. Je lui en sais gré. Toutefois, sans vouloir me donner le beau rôle, je ne pense pas que, de lui-même, il l’aurait conduite à nommer les choses. Mais il est pleinement conscient de la tentative de dérobade de la secrétaire d’État : « Il s’agissait de familles musulmanes » mais, constate-t-il, « vous ne l’avez pas dit. »
On a le sentiment que personne ne veut aborder la question qui fâche, ou que si elle doit être abordée, il faut absolument la noyer, la relativiser, la généraliser… jusqu’à la perdre de vue, en somme ! C’est bien ce qu’a fait Marlène Schiappa en évoquant les familles de la Manif pour tous, comme si elles étaient comparables aux familles salafistes. 
Naturellement qu’on se refuse à regarder le réel en face et qu’on pratique la politique du deux poids deux mesures. La jubilation, l’ivresse que suscite cette campagne contre le harcèlement et les agressions viennent en très grande partie de ce qu’il s’agit d’incriminer et de criminaliser les hommes blancs hétérosexuels. Quelle aubaine que cette campagne pour ceux qui, précisément, veulent détourner leur regard des inégalités et de la domination bien réelles que subissent les femmes sous l’emprise des mœurs musulmanes dans les territoires perdus de la République et de la nation ! 
Que concluait, il y a quelques semaines encore, Marlène Schiappa de sa traversée dans le quartier de La Chapelle-Pajol en réponse au collectif de femmes qui s’était formé afin d’alerter sur le harcèlement, les insultes, les agressions dont elles faisaient l’objet de la part de migrants ? Que tout allait très bien, « les lois de la République protègent les femmes, elles s’appliquent à toute heure et en tout lieu ».
C’est pourquoi ce néo-féminisme doit être vivement dénoncé. Ces militantes sont totalement absentes des terrains où il conviendrait de porter le fer, dans ces enclaves ayant fait sécession d’avec nos mœurs, nos lois, nos principes, dont le principe de l’égalité et, précieux entre tous, celui de la mixité des sexes. Les femmes qui se dressent vaillamment contre leur assujettissement s’y retrouvent bien seules. On aimerait, cependant, les voir aux côtés de Nadia Remadna, la présidente de la Brigade des mères à Sevran, pour ne prendre qu’un exemple. 
Et c’est dans l’indifférence parfaite qu’elles peuvent apprendre qu’en plein cœur de Paris, dans le XIe arrondissement, il est des boulangeries où les hommes sont systématiquement servis avant les femmes, ainsi que le rapportait, parmi d’autres exemples tout aussi édifiants, Géraldine Smith dans son essai Rue Jean-Pierre Timbaud. Une vie de famille entre barbus et bobos
Lorsqu’il s’est agi des viols de Cologne la nuit de la Saint-Sylvestre 2015, on les cherchait en vain. Et pour cause : les agresseurs étaient musulmans. Entre deux maux – la violence faite aux femmes et la crainte de se rendre suspect d’islamophobie, de faire le jeu du Front national -, les égéries (hommes et femmes) du néo-féminisme n’hésitent pas un instant. Elles sacrifient les femmes. La barbarie peut croître, leur conscience est sauve : elles restent du côté de ceux qu’elles ont définitivement rangés dans le camp des opprimés, des reprouvés, des damnés de la terre. Qu’on se souvienne de Caroline De Haas, si sonore aujourd’hui, de Clémentine Autain…


Propos recueillis par Gabrielle Cluzel

Sortie de la Turquie de la convention contre les violences faites aux femmes… VOUS AVEZ DIT FÉMINISME ?

Et en France…




« J’ai fait observer à Marlène Schiappa que si régression il y avait, c’était bien en raison de l’introduction, sur notre sol, de mœurs étrangères aux nôtres ! »

Bérénice Levet, vous êtes philosophe et vous étiez invitée face à Marlène Schiappa dans l’émission « L’Info du vrai » du 22 novembre, présentée par Yves Calvi. Il y était question de la régression de l’égalité entre les filles et les garçons, en France, dès l’école primaire…Une passe d’armes a frappé le téléspectateur. Pouvez-vous nous raconter ?
L’émission portait sur les suites de la campagne contre le harcèlement et les agressions sexuelles, le risque de voir les choses tourner à la déclaration de guerre contre les hommes – enjeu majeur et totalement nié par la secrétaire d’État – et le rôle que l’école pouvait jouer afin de prévenir et guérir ce destin apparemment fatal des femmes, à en croire la croisade actuelle, d’être la victime de l’autre sexe. Le reportage dans une école primaire alors diffusé n’appuyait guère la thèse d’une régression de l’égalité, tout au contraire. « Les petites filles ne se laissent pas faire », disait la journaliste. Et les enfants interrogés témoignaient d’un humour, d’une distance dont nos belles âmes militantes sont totalement dépourvues. Une petite fille racontait, par exemple : « Les garçons disent parfois qu’on ne sert à rien mais tout de suite après, ils rigolent. »
Lorsqu’on est revenu en studio, pour ma part, j’ai relevé ce point, et surtout je me suis impatientée de ce qu’on continue à peindre la réalité comme si les années 1970 n’étaient pas passées par là. Les garçons et les filles, depuis ces années-là, grandissent dans une atmosphère de parfaite égalité, ce qui ne signifie pas nécessairement d’indifférenciation sexuelle. Là est, me semble-t-il, la confusion qui alimente cette campagne de lutte contre le harcèlement et les agressions. L’enjeu est d’abord la criminalisation des hommes qui s’obstinent à voir des femmes dans les femmes et à n’y être pas indifférents, mais c’est une autre question. 
Pour me contredire et appuyer la thèse d’une régression de l’égalité, Marlène Schippa invoqua des cas empruntés à son expérience municipale précédente. Ainsi avait-elle été sollicitée par une directrice d’école qui se trouvait démunie face à des familles qui interdisaient à leurs petits garçons de donner la main à leurs camarades filles au motif qu’elles étaient impures. La secrétaire d’État cita également le cas, de plus en plus fréquent, de petites filles de sept ou huit ans que leurs parents excluent d’envoyer à la piscine, au nom de l’interdit de montrer son corps devant des petits garçons. J’ai alors fait observer, afin de la contraindre à nommer les choses, que si régression il y avait, si refus de la mixité des sexes il y avait, c’était bien en raison de l’introduction, sur notre sol, de mœurs étrangères aux nôtres. 
Elle s’est d’abord dérobé et m’a objecté que « la Manif pour tous n’avait pas une vision progressiste de la place de la femme » et Marine Le Pen n’aurait pas « particulièrement soutenu le droit à l’IVG » – confondant, au passage, Marine Le Pen et Marion Maréchal-Le Pen, la première ne s’étant pas prononcée, me semble-t-il, contre le droit à l’avortement. Mais Yves Calvi avait entendu mon objection et m’a relayée. Il lui a demandé sans détour si les cas qu’elle avait mentionnés concernaient des familles musulmanes. Elle a bien été obligée de le reconnaître, mais en préférant parler de « familles radicalisées », de « familles salafistes »
On peut reconnaître à Yves Calvi le mériter d’avoir fait son boulot de journaliste en mettant les pieds dans le plat et en poussant Marlène Schiappa dans ses retranchements… mais il a fallu que vous l’y aidiez un peu ! 
Reconnaissons en effet à Yves Calvi de ne s’être pas lui-même complu dans le déni. Je lui en sais gré. Toutefois, sans vouloir me donner le beau rôle, je ne pense pas que, de lui-même, il l’aurait conduite à nommer les choses. Mais il est pleinement conscient de la tentative de dérobade de la secrétaire d’État : « Il s’agissait de familles musulmanes » mais, constate-t-il, « vous ne l’avez pas dit. »
On a le sentiment que personne ne veut aborder la question qui fâche, ou que si elle doit être abordée, il faut absolument la noyer, la relativiser, la généraliser… jusqu’à la perdre de vue, en somme ! C’est bien ce qu’a fait Marlène Schiappa en évoquant les familles de la Manif pour tous, comme si elles étaient comparables aux familles salafistes. 
Naturellement qu’on se refuse à regarder le réel en face et qu’on pratique la politique du deux poids deux mesures. La jubilation, l’ivresse que suscite cette campagne contre le harcèlement et les agressions viennent en très grande partie de ce qu’il s’agit d’incriminer et de criminaliser les hommes blancs hétérosexuels. Quelle aubaine que cette campagne pour ceux qui, précisément, veulent détourner leur regard des inégalités et de la domination bien réelles que subissent les femmes sous l’emprise des mœurs musulmanes dans les territoires perdus de la République et de la nation ! 
Que concluait, il y a quelques semaines encore, Marlène Schiappa de sa traversée dans le quartier de La Chapelle-Pajol en réponse au collectif de femmes qui s’était formé afin d’alerter sur le harcèlement, les insultes, les agressions dont elles faisaient l’objet de la part de migrants ? Que tout allait très bien, « les lois de la République protègent les femmes, elles s’appliquent à toute heure et en tout lieu ».
C’est pourquoi ce néo-féminisme doit être vivement dénoncé. Ces militantes sont totalement absentes des terrains où il conviendrait de porter le fer, dans ces enclaves ayant fait sécession d’avec nos mœurs, nos lois, nos principes, dont le principe de l’égalité et, précieux entre tous, celui de la mixité des sexes. Les femmes qui se dressent vaillamment contre leur assujettissement s’y retrouvent bien seules. On aimerait, cependant, les voir aux côtés de Nadia Remadna, la présidente de la Brigade des mères à Sevran, pour ne prendre qu’un exemple. 
Et c’est dans l’indifférence parfaite qu’elles peuvent apprendre qu’en plein cœur de Paris, dans le XIe arrondissement, il est des boulangeries où les hommes sont systématiquement servis avant les femmes, ainsi que le rapportait, parmi d’autres exemples tout aussi édifiants, Géraldine Smith dans son essai Rue Jean-Pierre Timbaud. Une vie de famille entre barbus et bobos
Lorsqu’il s’est agi des viols de Cologne la nuit de la Saint-Sylvestre 2015, on les cherchait en vain. Et pour cause : les agresseurs étaient musulmans. Entre deux maux – la violence faite aux femmes et la crainte de se rendre suspect d’islamophobie, de faire le jeu du Front national -, les égéries (hommes et femmes) du néo-féminisme n’hésitent pas un instant. Elles sacrifient les femmes. La barbarie peut croître, leur conscience est sauve : elles restent du côté de ceux qu’elles ont définitivement rangés dans le camp des opprimés, des reprouvés, des damnés de la terre. Qu’on se souvienne de Caroline De Haas, si sonore aujourd’hui, de Clémentine Autain…


Propos recueillis par Gabrielle Cluzel

HOMMAGE À LA BEAUTÉ DE NOTRE CULTURE

HOMMAGE À LA BEAUTÉ DE NOTRE CULTURE

vendredi 26 juin 2020

Ès-langue française (Aveux publics, 4)

Un article de Slobodan Despot paru dans la rubrique «Le Bruit du Temps» de l’Antipresse n° 192 du 04/08/2019.


Lorsque nous sommes descendus des montagnes dans la vallée du Rhône, il m’a fallu entrer à l’école. Ni une, ni deux, on m’a placé dans une classe spéciale où je n’avais d’autre devoir que d’apprendre le français. Bien m’en a pris.

Rendez-nous nos classes d’intégration!

On appelait cela les classes d’intégration. Elles ont été supprimées depuis belle lurette, juste au moment, bien entendu, où elles devenaient vitales. En ces lointaines années 1970, la Suisse faisait déjà face à une immigration de masse — mais qui venait de son voisinage immédiat, les pays catholiques du sud de l’Europe. Cela n’en suscitait pas moins des inquiétudes, notamment celle exprimée par l’«initiative Schwarzenbach» «contre l’emprise étrangère» qui fut rejetée par le peuple en 1970. Un demi-siècle plus tard, lorsqu’on voit à quel point ces vagues de Ritals et d’Espingouins sont incorporées dans le tissu national, ces peurs peuvent faire sourire. Mais ces sourires devenus automatiques empêchent en même temps de réfléchir aux changements de nature et de composition des migrations successives. Passons.
A l’époque, les Italiens et les Espagnols venaient grossir la force laborieuse de ce pays dont la population citadine de souche s’orientait déjà vers les activités plus «nobles» (lisez: moins harassantes et mieux payées) de l’esprit (lisez: l’administration, le tertiaire et les professions libérales). Ils gardaient de forts liens avec leurs terres d’origine, mais s’employaient passionnément à s’intégrer à une société qui leur apparaissait comme un modèle rêvé. A leur suite, ce sont les Portugais et les «Yougos» (Albanais compris) qui ont endossé ce rôle d’humbles ouvrières de la fourmilière helvétique. Par-delà les querelles nationales importées et les activités de l’ombre, la réussite des «Kosovars» dans le sport ou les PME montre que la Suisse peut intégrer beaucoup de travailleurs silencieux parce qu’elle a besoin de beaucoup de travailleurs silencieux pour que ses mandarins puissent mandariner en toute quiétude.
Quoi qu’il en soit, le canton du Valais où j’ai grandi abordait l’intégration des enfants d’immigrés de la manière la plus pragmatique: en les plongeant sans sommation dans le bain linguistique. Hop! Si vous êtes ici, c’est que vous l’avez voulu, or ici, on parle français (ou allemand) et l’on se tient comme il faut! On était loin des discours sentimentaux sur l’«altérité», le «déracinement» et de tous les ululements de provenance académique qui, aujourd’hui, enfoncent les nouveaux arrivants dans leur statut de métèques a priori inintégrables et les orientent tout naturellement vers le communautarisme.
C’est par la langue qu’on s’intègre le plus intimement à une culture. A commencer par la langue-organe et ses papilles gustatives. Les enfants s’y font dix fois plus vite que les adultes. Encore faut-il leur enseigner une langue qui leur servira de passeport culturel et d’ascenseur social, plutôt qu’un sabir de rue qui les condamnera à vie à demeurer dans la masse obscure.

Une enfance à l’ombre de la Tour des Sorciers

Le maître qui détermina ma vie

En ce qui me concerne, on m’a placé à l’automne 1974 dans la classe de M. Fernando Santos, au départ de la route de Gravelone, à l’ombre de la Tour des Sorciers, un donjon ventru tout doit sorti de Tolkien où, comme son nom l’indique, on questionna jadis les sujets mal notés. L’immeuble où se logeait notre école était, lui, tout neuf et surplombait la jolie ville médiévale de Sion. La veille de mon premier jour d’école, je n’ai pas pu m’endormir. Je contemplais, sur la commode de ma chambre, mon cartable à bretelles en cuir bleu tout neuf avec des catadioptres oranges en me demandant où il allait m’emmener et quels continents de savoir il me ferait découvrir.
Ma classe comptait une trentaine d’élèves de tous âges, filles et garçons, italo-ibériques pour la plupart. J’étais le seul Slave, et, avec mes sept ans, de loin le plus jeune. Les plus vieux avaient déjà de la moustache. Les filles se sont immédiatement occupées de moi avec une tendresse de grandes soeurs. M. Santos menait cette compagnie bigarrée d’une main de fer. Il était très menu, mais irradiait d’énergie et de résolution. Il avait un nez pointu, un visage triangulaire et des yeux de Wisigoth d’un bleu très clair et très froid. Il était très catholique mais antifranquiste (oui, cela a existé). Tout en lui était abrupt, à commencer par sa prononciation à la Salvador Dalí, si rocailleuse que j’avais décidé le premier jour de ne jamais prrrononcerrrr et encore moins écrrrirrrr cette langue abominable qu’il prétendait m’enseigner.
Selon la tradition familiale, ma mère débarqua peu après le début des cours, furibonde, dans sa classe.
«Monsieur Santos! A ce qu’il me semblait, mon fils devait apprendre le français chez vous. Or il revient à la maison en parlant espagnol!
— Qué boulez-vous, Madammm? Por qué botre Eslobodan pouisse comprrrendrrrr la matièrrrr qué yé lui trrransmets, il doit pourrr commencer mé comprrrendrrrr, moi!»
Je l’ai bien compris, M. Santos. O combien! Il a été le plus grand professeur de ma vie. En une année, une seule, il m’a enseigné l’essentiel de la langue française, jusqu’à des (presque) «zéro faute» dans la dictée de Mérimée.
Il n’épargnait personne et ne reculait pas devant la pédagogie physique. Sa manière de nous tirer le duvet sur la tempe était particulièrement douloureuse. Mais il ne s’épargnait pas non plus. Il avait décidé que j’avais du «potentiel» et que je devais par conséquent trrrabailler encore bien plus que les autres. Le mercredi, au lieu de me renvoyer à la maison, il m’emmenait chez lui, où sa femme préparait la paella. Après quoi, je répétais mon français jusqu’au soir avec leurs propres enfants, Fernand et Isabelle.
Cela n’était encore rien: M. Santos passait également à la maison chez nous, après l’heure du repas, vérifier si je potassais mes manuels.

Ma porte d’entrée dans la littérature française

Il n’y a pas d’âge pour apprendre

Les manuels en question — le Cours supérieur d’orthographe de Bled, Le Français par les textes de Beaugrand et autres — n’étaient évidemment pas «faits» pour mon âge. Les usines à débiles mentaux d’aujourd’hui les réserveraient sans doute aux classes terminales, non sans les agrémenter de dessins infantiles et de mises en garde contre le sexisme, le racisme, la tabagie, l’éco-inconscience, la viandophagie… bref toute la liste des bondieuseries actuelles (1).
L’âge, M. Santos n’en avait cure. Il s’employait à tirer ses élèves vers le haut, par tous les moyens, plutôt que de les laisser mariner dans leur complaisance. La plupart des maîtres que j’ai eus par la suite, heureusement, partageaient cette attitude, en particulier à la Royale abbaye de Saint-Maurice. J’avais sept ans? Et alors? Blaise Pascal n’en avait que seize lorsqu’il publia son traité de géométrie. Il ne s’agissait pas de prendre les enfants pour des génies, loin de là, mais de cultiver des modèles qui provoquent plutôt que des copinages qui confortent. La curiosité et l’esprit de défi-comme-jeu des jeunes humains sont des ressorts prodigieux. Les laisser se faner sur pied en mettant la priorité sur leur «socialisation» (c’est-à-dire sur l’accoutumance à la médiocrité) est un crime contre l’humanité future. Crime dont nous commençons à sentir les effets très concrets, dans l’Europe social-infantilisée.
Le capitalisme ultralibéral, de toute évidence, s’accommode mieux d’une population trop abrutie que d’une population trop instruite. Par la suite, la lecture de Zinoviev, de Naomi Klein, de mon ami Jean Romain, de Michéa et de Brighelli me donnera à penser qu’il y a un véritable complot contre l’intelligence des masses dans le projet libéral-libertaire. Mais toutes ces digressions me détournent du coeur de mon sujet: l’entrée en langue française et le monde de merveilles que j’y ai découvert. J’y reviendrai dans le prochain épisode.
/A suivre/
NOTES
Je ne condamne pas sans preuves. Lorsque ma fille aînée est entrée, à six ans, dans le système scolaire public du canton de Vaud, sa «compétence» linguistique écrite et parlée a spectaculairement régressé par l’effet des programmes et de l’osmose. Elle n’a retrouvé son niveau de français préscolaire que vers l’entrée au lycée.



Les choses par leur nom