Les lèvres mensongères font horreur à l'Éternel, tandis que ceux qui agissent avec fidélité lui sont agréables. Proverbes 12:22 «C'est ce qui sort de l'homme qui le rend impur. En effet, c'est de l’intérieur, c'est du cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées, les adultères, l'immoralité sexuelle, les meurtres, les vols, la soif de posséder, les méchancetés, la fraude, la débauche, le regard envieux, la calomnie, l'orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et rendent l'homme impur.» Marc 7:20-23 Un témoin fidèle ne ment pas, tandis qu’un faux témoin dit des mensonges. Proverbes 14:5 « Vous, vous avez pour père le diable et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement et il ne s'est pas tenu dans la vérité parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, il parle de son propre fond, car il est menteur et le père du mensonge. » Jean 8:44 Si les paroles distinguées ne conviennent pas à un fou, les paroles mensongères conviennent d’autant moins à un noble. Proverbes 17:7 « Écarte de ta bouche la fausseté, éloigne de tes lèvres les détours ! Proverbes 4:24 Craindre l'Éternel, c'est détester le mal. L'arrogance, l'orgueil, la voie du mal et la bouche perverse, voilà ce que je déteste. » Proverbes 8:13 « Pierre lui dit : «Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, au point que tu aies menti au Saint-Esprit et gardé une partie du prix du champ? […] Comment as-tu pu former dans ton cœur un projet pareil? Ce n'est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu.»Actes 5:3-4Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les enchanteurs, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l'étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort.Apocalypse 21.8
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dimanche 5 février 2012

"Ne restons pas à la surface des Écritures" : De la nécessité de la "fidélité littérale"

La valeur de la pratique littérale selon Maurice Blondel
par P. André Borrely

"Pour intituler ce paragraphe, j'aurais pu emprunter à saint Isaac le Syrien une très belle formule : Ne restons pas à la surface des Écritures. Il y a, dans L'Action de 1893, une notion que l' œcuménisme gagnerait grandement à redécouvrir et à placer au centre même de ses préoccupations si du moins celles-ci visent non pas l'union des Églises, mais l'unité de l’Église. C'est ce que Blondel appelle une fidélité littérale (p.405). Il parle également, et pour le donner en exemple, du fidèle de la lettre (p.409). La grande tentation, la grande faiblesse de l'homme d'aujourd'hui est sans doute de croire qu'il doit purifier l'esprit de la lettre tenue pour inévitablement assujettissante. Mais la lettre, c'est ce que je lis dans le Nouveau Testament, ce sont les tropaires de l'Office byzantin que chante cette chaire de théologie qu'est la chorale de l'église. Et ce que Blondel appelle la pratique littérale consiste notamment à ne pas essayer de contourner la lettre, de l'interpréter de telle manière qu'on finit par la vider de sa substance. Celui que Blondel appelle le fidèle de la lettre, c'est le chrétien qui refuse de ne voir dans la lettre qu'hyperbole poétique ou orientale, c'est celui qui renonce à énerver le texte, au sens étymologique de ce verbe, c'est-à-dire à lui enlever son nerf, sa force, en cherchant à donner au texte une signification prétendument spirituelle consistant notamment à désincarner l'esprit, ce qui est le moyen par excellence de tourner le dos à la mentalité sapientielle des hommes de la Bible. Pour ne prendre qu'un exemple, je n'ai jamais compris comment le protestantisme peut concilier la théologie de la Sola Scriptura dont, sauf erreur de ma part, fait partie intégrante l'épître aux Éphésiens, et nier que le mariage chrétien soit un mystère sacramentel. Loin de nous aliéner, la lettre, parfois choquante, brutale, surprenante, nous permet pourtant d'accéder à la liberté véritable, si peu que nous nous y soumettions en voyant en elle la condition nécessaire de notre divinisation. Concrétisons ces affirmations à partir de quelques textes d'abord néotestamentaires, ensuite extraits de l'Office byzantin.


 Texte n°1 : Jn. 1, 12-13
A tous ceux qui l'ont accueillie, elle leur a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, aux croyants en son Nom, elle qui fut engendrée non point des sangs*, ni d'un vouloir de chair, ni d'un vouloir d'homme, mais de Dieu.

Il s'agit de la Parole. Les plus anciens témoins du texte du Prologue ne sont que quatre, mais deux d'entre eux datent du 2ème siècle (Tertullien et saint Irénée de Lyon), un troisième est un manuscrit latin du 4ème siècle, et un quatrième est une version syriaque. Ces quatre témoins ont le singulier et non pas le pluriel. On a de bonnes raisons de penser que le singulier est le texte véritable dans la mesure où il est le plus antique. D'autre part, nous savons qu'Irénée, à travers Polycarpe de Smyrne - ville qui n'est pas loin d’Éphèse, où saint Jean a achevé sa vie - se situait dans la filiation spirituelle remontant à l'Apôtre préféré du Seigneur.

Le prologue du quatrième évangile nous dit ici que si l'homme consent à recevoir par la foi le Fils de Dieu consubstantiel et coéternel au Père et au saint Esprit, et cependant devenu l'un de nous, il reçoit du Fils une participation à la génération éternelle du Fils par le Père. Seule est intelligible la lecture littérale de l'expression devenir enfants de Dieu, dès lors que le texte relie étroitement cette expression à l'affirmation que la Parole incarnée est engendrée de Dieu de toute éternité. Le mot enfant doit être pris au pied de la lettre, c'est-à-dire qu'il doit être compris comme une participation divinisante à la génération éternelle du Fils par le Père.

La Parole divine venue ici-bas épouser notre humanité n'est pas engendrée par la chair et le sang, mais directement par Dieu le Père dès avant les siècles. Et les hommes qui consentent à croire en elle ont deux générations : une génération charnelle, au sens biblique de cet adjectif, c'est-à-dire coupée de Dieu, et une génération divinisatrice qui les délivre de la chair et du sang. Engendré de toute éternité par le Père, le Fils, lorsqu'il naît ici-bas, ne saurait être engendré par un père terrestre, humain.. C'est bien ce qu'indique d'une autre manière Matthieu lorsqu'il achève ce que j'aime appeler le livret de famille de Jésus en disant : ...Jacob engendra Joseph, époux de Marie, de laquelle naquit Jésus appelé le Christ (Mt 1,16). Engendré de toute éternité par le Père, le Λόγος devenu l'un de nous ne peut être ici-bas le fils que de Marie et Joseph l'époux de celle que l'hymne acathiste appelle 1' épouse inépousée : Νύμφη Ανύμφευτε."

Note :
*Le langage de l'auteur du Prologue johannique exprime les croyances des hommes de l'Antiquité qui pensaient que la conception de l'homme s'effectuait par le mélange du sang paternel avec celui de la mère.

mardi 22 mars 2011

Le péché originel (4) De l’Immaculée conception par P. André Borrely - De l'Augustinisme [7]


"Sur la théologie augustinienne du péché originel, qui a amené l'Eglise catholique-romaine au dogme de l'Immaculée Conception, il ne faut pas chercher de réflexion critique dans l'œuvre de Maurice Blondel. Sur ce chapitre, le philosophe d'Aix s'est trouvé, mutatis mutandis, dans une situation précritique un peu comparable à celle de Kant reconnaissant que le scepticisme empiriste du philosophe anglais David Hume l'avait réveillé de (son) sommeil dogmatique. Né en 1861, c'est-à-dire 7 ans seulement après que le pape Pie IX eût défini le dogme de l'Immaculée conception, et mort en 1949, c'est-à-dire quelques mois avant que le pape Pie XII ne définisse le dogme de l'Assomption, Maurice Blondel ne s'est jamais réveillé de ce qu'en lisant Le Buisson ardent de Boulgakov, on est tenté d'appeler, à la suite de Kant, mutatis mutandis, son sommeil dogmatique. Je doute même fort qu'en ce temps-là, les deux hommes aient jamais entendu parler l'un de l'autre. Certes, Boulgakov a écrit Le Buisson ardent en août 1926, mais c'était en russe et Constantin Andronikof n'en a publié la traduction qu'en 1987. Dans La philosophie et l'esprit chrétien, le philosophe d'Aix se borne à reproduire la doctrine mariale classique de l'Eglise romaine, toujours proclamée par elle, notamment le dogme de 1854 sur l'Immaculée Conception, et qui se situe dans le contexte et la continuité de la théologie augustinienne du péché originel. Dans le premier tome de La philosophie et l'esprit chrétien publié après sa mort, en 1950, Blondel écrit, par exemple, au sujet de la Mère de Dieu: ... immaculée que n'a pas touchée le péché originel... co-rédemptrice (p. 98).Et, à la page suivante (p.99) Blondel appelle de ses vœux la définition doctrinale du dogme implicite de l'Assomption, sans se demander pourquoi les chrétiens d'Orient disent Dormition et non pas Assomption. Car les deux concepts sont loin d'être synonymes : le mot dormition indique qu'avant d'être glorifiée jusque dans son corps, la Mère de Dieu a expérimenté la mort à la suite du Christ, la servante n'étant pas plus grande que son divin Maître ; au contraire, le mot assomption, lui, reste muet quant à la question de savoir si la Mère de Dieu a connu ou non la mort, ou bien si l'Immaculée conception, telle que l'a affirmée la théologie mariale de l'Occident chrétien en 1854, a rendu inutile voire impensable la mort de celle qui, comme le rappelle Blondel, fut exempte du péché originel. De fait, la définition doctrinale formulée par Pie XII en 1950 est aussi muette que le mot Assomption.
Jusqu'à Vatican II, le Bréviaire romain, au deuxième Nocturne des matines, citait le pape Pie XII en ces terme : "Nous proclamons, nous annonçons officiellement et nous établissons comme un dogme révélé par Dieu que la Mère de Dieu immaculée, la toujours-vierge Marie, une fois accompli le cours de sa vie terrestre, a été élevée, corps et âme, à la gloire céleste" (Pronuntiamus, declaramus et definimus divinitus revelatum dogma esse. Immaculatam Deiparam semper virginem Mariam, expleto terrestris vitae cursu, fuisse corpore et anma ad caelestem gloriam assumptam.).
Le dimanche 12 décembre 2004, je me trouvais en Ukraine, à quelque 50 km de Lviv au monastère stoudite d'Ouniv, où le P. Lev Gillet, le "moine de l'Eglise d'Orient", renouvela ses vœux monastiques entre les mains du métropolite Sheptytskyi. Le dépliant francophone que je trouvai à la librairie du monastère désignait celui-ci de la façon suivante: "La vie des moines à la Laure de la St.Assomption d'Ouniv et la naissance d'autres monastères". Fallait-il entendre Dormition et ne situer la latinisation qu'au niveau de la traduction française ou bien l'expression ukrainienne correspondante signifiait-elle elle-même Assomption et non Dormition, ce qui signifierait que la latinisation est allée plus loin? Je posai la question à Halyna Korpalo, la très gentille étudiante qui m'avait amené dans sa voiture. Sa réponse me donna toute satisfaction. En effet, m'expliqua Halyna, les Gréco-catholiques ne parlent que très rarement de Nèbovzyattya, dont le sens étymologique est: assomption (vzyattya) au ciel (nèbo) Ils parlent plutôt, notamment pour la fête du 15 août, d'Ouspènnya ou d'Ouspinnya, dont le sens est très exactement celui de Dormition. La traduction du dépliant était donc erronée et la théologie mariale des Grecs-catholiques d'Ukraine est parfaitement orthodoxe. "(à suivre)

(article paru dans la revue "Orthodoxes à Marseille" n°134 de déc.-janv. 2010-2011
et retranscrit par Maxime le minime avec la permission de Père André Borrely)