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« Chers Frères prêtres et concélébrants,
Du 19 au 26 juin a eu lieu à Kolymbari, en Crète, le Saint et Grand Concile panorthodoxe, ainsi qu’il a été appelé. Je connais votre intérêt pour ce qui s’est passé lors de ce Concile, puisque vous me l’avez demandé au cours d’entretiens privés. Or, je vous avais dit que je vous répondrai à tous par une réponse générale. C’est ce que je fais maintenant, ce qui est mon devoir et mon obligation en tant que votre évêque.
1. En premier lieu, je dois dire ce que vous savez, c’est-à-dire que notre Église s’exprime conciliairement (synodika). Et vous-mêmes, avec votre troupeau, les chrétiens laïcs, vous constituez une Assemblée (synodos), et laquelle ! C’est la divine Liturgie qui est appelée « assemblée » (synodos) puisqu’elle est l’œuvre du peuple (leitos). Vous savez que sans l’élément laïc, vous ne pouvez célébrer la divine Liturgie. Cette Assemblée, la divine Liturgie est réellement « grande et sainte ». « Sainte », car en elle, par votre propre prière – celle du prêtre – qu’accompagnent les chrétiens fidèles pendant l’hymne « Nous Te chantons… », vient le Saint-Esprit, non seulement sur les Dons qui se trouvent sur le saint Autel, pour les transformer en le Corps et le Sang du Christ, mais aussi sur toute l’Assemblée des fidèles. C’est ainsi qu’il est dit dans la prière de la Consécration : « Envoie Ton Esprit Saint sur nous et sur les Dons ici offerts ». Et la divine Liturgie est une « Grande » Assemblée parce que malgré le fait que dans nos villages, il peut se produire que celle-ci ne soit constituée que de cinq femmes âgées, « des milliers d’archanges et des myriades d’anges… » sont présents à l’office, comme nous le disons dans la prière correspondante. Ainsi, l’Église convoque toujours des assemblées et elle a beaucoup tardé, ces dernières années, à se rassembler en Concile.[…]
2. Frères dans le sacerdoce, comme nous le savons par l’histoire des Conciles de notre Église, un Concile se rassemble pour condamner une hérésie et naturellement pour régler différentes questions d’ordre et de cheminement de notre Église. Mais, principalement, notre Église se préoccupe particulièrement de la foi de ses enfants, qu’elle formule clairement dans ses Conciles, dissociant celle-ci de l’erreur et de l’hérésie. On entend parler déjà depuis de nombreuses années de l’hérésie de l’œcuménisme, une construction religieuse qui veut l’unité de tous, en dépit des différences dogmatiques. Les racines de cette hérésie se trouve dans le syncrétisme de l’Ancien Testament, qui a été combattu passionnément par ses prophètes. Oui ! Les combats des prophètes de l’Ancien Testament sont des combats contre l’œcuménisme. Par cette hérésie, que ses connaisseurs appellent à juste titre « pan-hérésie », ont été influencés nombre de nos orthodoxes. Ils disent en effet qu’il existe des clercs de haut degré qui sont enthousiastes des mouvements oecuménistes et qui les soutiennent dans leurs paroles. […]
3. Mais, paradoxalement, il semble que le Concile de Crète n’a condamné aucune hérésie, ni qu’il ait parlé d’hérésies, qu’il qualifie « d’Églises ». Ici, mes très pieux prêtres, je m’arrêterai pour procéder à une clarification du terme « Église ». Il s’agit d’un mot qui signifie en général le rassemblement, la réunion, l’assemblée des personnes. Ce mot a été utilisé dans l’antiquité. C’est ainsi que les anciens parlaient de « l’ecclesia du peuple ». Dès le début, le christianisme pour manifester sa foi et exprimer ce qu’il faisait, a accepté sans crainte et librement des expressions séculières et politiques, tels que les mots « « royauté », « force » que nous entendons dans l’office divin (« Car à Toi appartient la force, à Toi conviennent la royauté, la puissance et la gloire… »). Pour ce qui concerne notre relation avec Dieu, nous l’exprimons par le mot « foi », et encore mieux par le mot « Église ». Non pas par le mot « religion ». Lorsque nous disons « foi », nous comprenons toute notre vie, toute notre relation avec Dieu. Nous comprenons toute notre famille sacrée que nous appelons « Église ». […]
6. Je ne vous ai pas parlé, mes Pères, de tous les sujets du Concile de Crète, mais d’un seul seulement, le plus sérieux peut-être, parce qu’il est ecclésiologique. Au sujet de ce texte du Concile qui concerne le thème que j’ai exposé, intitulé « Relations de l’Église orthodoxe envers le reste [et non « l’ensemble » selon la traduction française officielle, ndt] du monde chrétien, l’érudit métropolite de Naupacte dit précisément dans son exposé à l’Assemblée de la hiérarchie de l’Église de Grèce au mois de novembre de cette année : « Ce que je puis dire est que ce texte n’est non seulement pas théologique, mais aussi qu’il n’est pas clair, n’a pas de perspectives et de bases claires, qu’il est diplomatique. Comme cela a été écrit, il se distingue par une ambiguïté diplomatique créatrice. Et comme texte diplomatique, il ne satisfait ni les Orthodoxes, ni les hétérodoxes (…) Le texte soulève de nombreux problèmes, malgré certaines bonnes formulations générales. […]
7. Nombreux sont ceux qui demandent : Reconnaîtrons-nous ce Concile ? Cela sera décidé par tous les les hiérarques de notre Église de Grèce. Notre archevêque Jérôme, accorde toujours la liberté de parole pour chaque point de vue qui s’exprime et il accepte toutes les positions. Nous l’en remercions. Mais nous savons, par l’histoire des Conciles, que beaucoup de sessions avaient lieu lors des Conciles œcuméniques lesquelles duraient des années. L’Église de Roumanie a décidé que les textes du Concile de Kolymbari en Crète peuvent être modifiés sur certains points, être développés par un futur saint et grand Concile de notre Église, être parachevés, et permettre ainsi un accord panorthodoxe. Parce que maintenant, au Concile de Crète, quatre Patriarcats n’ont pas participé, à savoir Antioche, Russie, Bulgarie et Géorgie. Ceci se produisait dans l’histoire des Conciles, nous le répétons. Il y avait beaucoup de sessions qui duraient des années. Et ces sessions étaient par la suite considérées comme un seul Concile.
8. Peut-être, Pères, ce que je vous ai dit peut paraître pour vous des points de détails, cela peut vous sembler quelque peu étrange, et vous pouvez peut-être m’accuser d’attribuer de l’importance aux mots et aux expressions. Cependant, mes Pères, notre foi orthodoxe s’exprime avec la précision des mots, qui sont chargés d’un profond sens théologique. Et comme nous le savons, notre Église a livré de grandes luttes pour la formulation correcte des dogmes de notre foi. Nous avons besoin de beaucoup de prière et de réflexion. Non d’actes précipités. J’attendrai, chers concélébrants et frères, vos questions, objections et désaccords sur ce qui a été dit, et nous parlerons à nouveau du Concile de Kolymbari en Crète. Priez pour moi.
Avec mes meilleurs souhaits et l’amour en Christ,
+ Le métropolite de Gortyne et de Megalopolis Jérémie »