Les lèvres mensongères font horreur à l'Éternel, tandis que ceux qui agissent avec fidélité lui sont agréables. Proverbes 12:22 «C'est ce qui sort de l'homme qui le rend impur. En effet, c'est de l’intérieur, c'est du cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées, les adultères, l'immoralité sexuelle, les meurtres, les vols, la soif de posséder, les méchancetés, la fraude, la débauche, le regard envieux, la calomnie, l'orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et rendent l'homme impur.» Marc 7:20-23 Un témoin fidèle ne ment pas, tandis qu’un faux témoin dit des mensonges. Proverbes 14:5 « Vous, vous avez pour père le diable et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement et il ne s'est pas tenu dans la vérité parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, il parle de son propre fond, car il est menteur et le père du mensonge. » Jean 8:44 Si les paroles distinguées ne conviennent pas à un fou, les paroles mensongères conviennent d’autant moins à un noble. Proverbes 17:7 « Écarte de ta bouche la fausseté, éloigne de tes lèvres les détours ! Proverbes 4:24 Craindre l'Éternel, c'est détester le mal. L'arrogance, l'orgueil, la voie du mal et la bouche perverse, voilà ce que je déteste. » Proverbes 8:13 « Pierre lui dit : «Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, au point que tu aies menti au Saint-Esprit et gardé une partie du prix du champ? […] Comment as-tu pu former dans ton cœur un projet pareil? Ce n'est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu.»Actes 5:3-4Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les enchanteurs, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l'étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort.Apocalypse 21.8
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lundi 18 septembre 2017

Plus de personnes en Russie pour voir saint Nicolas que de musulmans du monde entier à La Mecque

Durant les deux mois du séjour des reliques de St Nicolas à Moscou et à Saint-Pétersbourg, environ deux millions et demi de personnes sont venues les vénérer.


« On a considéré un temps que la plus grande concentration de pèlerins était celle observée à La Mecque. Mais j’ai cherché à savoir combien de personnes vont à La Mecque par an, or il se trouve qu’elles sont environ deux millions. Plus de personnes en Russie sont venues voir saint Nicolas que de musulmans du monde entier viennent à La Mecque. Je ne sais pas combien de millions de personnes seraient venues vénérer les reliques si elles étaient restées toute une année. Ce fut un facteur spirituel très important pour l’affermissement de la foi dans le peuple. Les gens faisaient la queue pendant six, huit, dix heures pour vénérer la relique. Cette année, l’été a été très pluvieux, il y a eu de fortes pluies, mais les gens restaient debout sans broncher » a raconté le patriarche Cyrille aux représentants de l’Église catholique romaine. Il a souligné que des représentants de toutes les classes de la société étaient venus vénérer les reliques de saint Nicolas.


« Lorsque j’ai accompagné les reliques à Saint-Pétersbourg, j’ai dit qu’aucune action de diplomatie ecclésiastique ou de diplomatie tout court n’aurait pu faire plus pour le rapprochement de l’Orient et de l’Occident que ne l’a fait la translation en Russie des reliques de saint Nicolas. Ce simple fait que nous avons en commun des reliques, des objets sacrés, est devenu évident pour les orthodoxes de Russie, et cela ne peut pas ne pas laisser de traces » a constaté Sa Sainteté. (source)





lundi 9 août 2010

De l'Himalaya jusqu'au Christ [8] : Récit d'une ascension par le moine rassophore Adrien [fin]

La révélation d'un Dieu personnel


Dans le sépulcre stérile de Moscou un nouveau monde a commencé à s'ouvrir à moi. L'oppression de la ville pesait peu sur moi, je me suis aperçu que le royaume céleste de Dieu et de ses saints était vraiment plus proche que les dalles grises des bâtiments qui dominent la ville. J'ai visité la Laure Saint-Serge et pour la première fois j’ai pu vénérer les reliques d'un saint. Dans ces "ossements" il semblait y avoir plus de vie que dans toute la Californie du sud. Mon séjour a culminé avec la Nativité au Metochion de Valaam. Je me sentais comme entouré par ce qui semblait être des gens ordinaires, mais qui conservaient un pied dans le ciel. Le christianisme peut être une religion à la foi intangible, mais il me semblait en recevoir une vérification tangible partout où je me tournais.



Quelques jours plus tard, j'ai quitté Moscou. Avant mon départ, ma sœur m'a adressé des paroles de reproche : «Mon cher, si tu as pu passer trois mois chez les bouddhistes, tu peux au moins en passer un chez les orthodoxes.» C’est exactement ce que j'ai fait. Retardant mon retour, je ne suis revenu en Californie que deux mois plus tard. A la veille de l'Annonciation j’ai pris cette route en si mauvais état en direction du monastère Saint Germain d'Alaska. La première chose qui m'a frappé, en venant tout juste de San Diego, a été le fait que ces moines étaient des anachronismes au XXe siècle. Qui a entendu cet appel à renoncer au confort et possessions, en ces temps? On était au milieu du Carême, et il était clairement visible que ces hommes étaient en plein combat spirituel. La sobriété imprégnait le monastère. Ils semblaient prêts à mourir pour la vérité, et ce n'était pas quelque chose que j'avais vu chez IBM, ni à l'école d'art ni au Japon. Il y avait de la souffrance en ces lieux, mais étaient-ils prêts à tout donner pour la seule chose nécessaire? Après tout ce que j'avais vu, je n'avais toujours pas une foi ferme en Dieu, mais je savais que ces moines avaient vu quelque chose et je le désirais.



Le Samedi de Lazare est arrivé. En ce jour l'Eglise commémore la résurrection d'entre les morts après quatre jours de Lazare par le Christ. Je fus réveillé tôt pour assister, dans un monastère voisin, à la liturgie suivie d'un repas. Mais à peine réveillé, je suis retombé aussitôt dans le sommeil. Quand je me suis levé de mon lit, j'ai trouvé le monastère entièrement vide. Pas une âme ne restait. Comme je traversais le monastère, un verset m’est venu à l’esprit : «Voici l'Époux qui vient, à minuit, et Heureux ce serviteur qu'il trouvera en train de veiller ». Et c’était exactement ce qui s'était passé à la fois physiquement et spirituellement. Dieu avait frappé et m'avait offert une fête, mais j'étais resté réticent. Dieu m’avait-Il définitivement fermé la porte ? J'ai commencé la descente de la montagne, espérant être pris en auto-stop jusqu’au couvent. Comme je marchais je méditais sur les événements de la matinée, et il semblait évident que Dieu m'avait permis de rester à la traîne pour me tirer de mon indécision. Enfin je percevais ce qu'on entend par un Dieu personnel. Pourquoi une force impersonnelle m’enverrait-elle un message aussi clair pour le salut de mon âme? Si elle était impersonnelle, pourquoi s’occuperait-elle de ce qui m'était arrivé ? L'amour ne peut exister qu'entre des personnes. Une force ne peut pas aimer (et je vous mets au défi d'essayer d'aimer une force impersonnelle). C'est pourquoi j’en suis venu à la conclusion que Dieu devait être une personne. Comme j’en arraivais à cette déduction, j'ai entendu une voiture se rapprochant de moi par derrière : c’était notre seul voisin sur la montagne. Je lui ai signalé mon désir de descendre et par une étrange "coïncidence" il est arrivé qu’il allait faire ses courses, comme il avait l’habitude de le faire une fois par semaine, au magasin qui voisinait le couvent. Je suis arrivé à temps pour la Liturgie.



Deux ans ont passé et je suis maintenant un moine rassophore, un anachronisme, si vous voulez. Mes combats n'ont pas cessé, mais mes jours d'errance arrivent à leur terme. J'ai parfois pleuré sur mon passé gaspillé, mais quand je regarde de plus près, je vois la main de Dieu me guider à travers même les étapes les plus stériles à première vue. Maintenant, Il m'a amené ici pour une raison, mais qui doit encore être révélée...
(Version française de Maxime le minime

samedi 7 mars 2009

Triomphe de l'Orthodoxie


Pour le Dimanche du Triomphe de l'Orthodoxie que l'on n'ose plus appeler que "Dimanche de l'Orthodoxie" pour - "politiquement correct" oblige - ne pas blesser nos frères chrétiens, faussant par là-même le sens de cette Fête primordiale (au sens du début du Grand Carême mais également comme fondement de la foi chrétienne orthodoxe) St Cosmas Le mélode représente bien la cohérence de tous les éléments de ce grandiose capteur solaire de la Lumière Divine qu'est la Tradition orthodoxe. Tout est lié et indissociable : hymnographie, théologie, iconographie, prière, ascèse, vie spirituelle. Il n'y pas de séparation. Il y a Unité et cohérence.

Né à Damas, Cosmas le Mélode, le Moine, de Jérusalem, ou encore de Maï ouma, devait appartenir à une famille pauvre. Il fut adopté, encore jeune, par le père de Jean Damascène, alors haut fonctionnaire chrétien du calife arabe de Damas, et fut élevé avec Jean par un asekretis (fonctionnaire impérial), captif originaire de Constantinople, précepteur et hymnographe. Vers 726, il entre, avec Jean, à Saint-Sabbas, près de Jérusalem, un monastère de grand rayonnement regroupant des moines grecs, syriens, arméniens et coptes. Il est ordonné évêque de Maïouma, petite ville proche de Gaza, vers 734. Défenseur des icônes au temps du premier iconoclasme, dédicataire de la Source de la connaissance de Jean Damascène, Cosmas est, avec ce dernier et André de Crète, à la base de la renaissance hymnographique des VIle et VIlle siècles, qui vit paraître le nouveau genre du canon. Mort à Maïouma, il fut rapidement canonisé (fêté d'abord le 15 janvier, puis le 14 octobre).

Pour l'Eglise orthodoxe point n'est besoin malgré ce que penchent à croire quelques grands hiérarques qui tendraient à devenir de grands hérésiarques à force de confondre, comme à Rome, César et Dieu, point n'est besoin d'emprunter à droite et à gauche pour colmater les brèches et remplir les manques, point besoin de ratisser large pour remplir des églises de plus en plus désespérément vides.

"Rome, l'unique objet de mon ressentiment !" ???

Il pourrait tout de même s'agir de ressentiment... non pas en tant que règlement de compte personnel mais en tant que la dite Eglise "catholique" romaine a non seulement la prétention de représenter mais également est, effectivement, de manière consensuelle, l'image échangeable et reçue médiatiquement, aux yeux du monde entier, de ce qu'est l'Eglise, de ce que sont les Chrétiens et le Christianisme...
Et l'on peut avoir légitimement du mal à accepter que Rome, qui prend autant qu'elle le peut le devant de la scène chaque fois qu'il est possible, partout et par tous les moyens, et depuis des siècles, représente aux yeux du monde le Christ et ses disciples...

Mais il s'agit plus que d'image... On pourrait se moquer de ce que pensent les éternels malveillants qui ne se nourrissent, eux, pour le coup, que de ressentiment bien épais et tenace. Pour ces derniers il n'est d'image, de parole, de geste, de pensée, d'action se réclamant du Christianisme qui ne soit systématiquement combustible pour leur bûcher inquisitorial. Il en sera toujours ainsi. Pas de problème majeur (quoique...)

Mais il y a plus grave. Et il s'agit ici de propagation et de témoignage de la foi, de la vérité, de la véritable foi chrétienne.
Et là, la responsabilité est bien plus grande devant les hommes et... devant Dieu.

Pour y revenir, comment peut-on appliquer le précepte évangélique donné par le Christ Lui-même :
"Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu." (Matthieu XXII-21) quand on est un véritable état avec tous ses appareils, organisations, fonctionnements, financements, stratégies etc. ? Comment est-ce Dieu possible ?

Quelle que soit l'importance visible d'un certain type de résultats, de réalisations - notamment caritatives - recevables positivement par le monde, il y aura forcément un moment où quelque chose sera biaisé, tordu, détourné de l'essentiel et irrecevable et ce qui sera renforcé n'appartiendra pas à Dieu mais à un prince de ce monde, le pape de Rome et finalement au prince de ce monde.
Parce que ça convient à tout le monde (ou presque...) d'avoir un Représentant, un Interlocuteur Valable, un Responsable, une Référence en personne, un Maître à penser, une Star de la société du spectacle, bref une idole, et pour l'autre côté de la pièce inévitablement, une tête de turc.
Le monde entier veut un pape, un chef, une tête, et le monde entier transforme en pape tout ce qui représente "valablement" quelque chose. Il y a un pape pour tout

Comment nos deux vénérables Patriarches de Moscou comme de Constantinople ne le perçoivent-ils pas ? Et s'ils le perçoivent pourquoi persistent-ils dans l'erreur à vouloir se placer en concurrence entre eux et avec celui qu'ils considèrent comme leur modèle et homologue sans en avoir encore les moyens ? Tout ce qu'ils peuvent gagner (mais tant pis pour eux) - et nous faire perdre (mais ça, ça nous regarde et c'est grave) - c'est d'être assimilé à ce qu'il y a de pire chez le Souverain Pontife...

Quelque chose ne va pas :
Rien ne va plus à Rome et ça ne date pas de la communion retrouvée avec Mr Willamson qui comme son ex-nouveau chef (?) mélange Dieu et César.
Réintégrer les "Intégristes" c'est de la récup' de temps de crise, pas plus ni moins. On ratisse large, tous azimuts et on cherche à s'approprier tout ce qui semble pouvoir l'être pour boucher les fuites (et ça ne date pas d'aujourd'hui...) : après les syndicats ouvriers, le yoga, le zen, les charismatiques, et les emprunts des icônes, des chants, des textes théologiques, des prières, des offices entiers de l'Orthodoxie en citant à peine ses sources, ou en faisant comme si cela avait appartenu à tous de tout temps (la fameuse référence à l'Eglise indivise), ou en omettant carrément.
Tiens voilà encore une drôle d'application de la Parole du Christ
" Tout ce qui est à toi est à moi" (Luc 15)

Mais tout de même ce précepte du Seigneur :"Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu.", quand est-ce qu'on l'applique ?
Je suis sûr que tout s'éclaircira quand ce sera mis en œuvre.




dimanche 1 février 2009

Paix,diaspora et division dans l’Église, Règle 28 du 4° Concile œcuménique...


La lettre publiée ci-dessous est datée du 18 mars 2002.
Elle fut en partie publiée en anglais sur le site Orthodox Christian Laity.
Le présent texte français est une traduction privée, effectuée à partir de l’original en russe, elle était parue sur le site de l'OLTR qui organise le 13 février une table ronde sur "La primauté dans l’Église orthodoxe"
Cette lettre après relecture et dans un souci autant de vérité, de paix, de justice que d'efficacité d'organisation de l'Eglise semble toujours suffisamment d'actualité pour que comme le site Orthodoxy today nous en fassions le rappel en dehors de tout souhait que les Orthodoxes de l'ouest se placent à tout prix dans une "tradition russe" (qu'ils se classent "Hors Frontières", "Moscou" ou "Exarchat")
"A Sa Sainteté Bartholomée
Patriarche œcuménique
et Archevêque de Constantinople-Nouvelle Rome

Votre Sainteté, Bien-aimé Frère et concélébrant en Dieu,

Nous vous saluons fraternellement et vous souhaitons de nombreuses grâces et miséricordes de la part de Dieu et de Notre Sauveur. 

Nous avons reçu le message de Votre Sainteté N° 129 du 11 avril 2002 sur la situation de l'Archevêché des paroisses orthodoxes russes en Europe occidentale. En lisant cette lettre, nous avons été très troublés par le très grand nombre de reproches amers et d'accusations injustes que vous y formulez. Toutefois, nous souhaitons suivre le précepte du très sage Salomon (Proverbes 17, 9) "qui recherche l'amitié, oublie les torts ; y revenir sépare de l'ami". Ne souhaitant pas mettre à l'épreuve inutilement le sentiment d'amour fraternel entre nos Églises, nous n'allons pas nous arrêter en détail sur l'examen de ces expressions peu heureuses car nous pensons qu'il s'agit plutôt de fâcheux malentendus provenant, à notre avis, d'une compréhension erronée des problèmes que vous avez soulevés. Voilà pourquoi nous pensons qu'il est plus utile de passer immédiatement à l'évaluation de l'interprétation de la règle 28 du quatrième Concile œcuménique proposée par Votre Sainteté, interprétation avec laquelle nous sommes en désaccord catégorique.

Cette règle définit réellement le domaine de responsabilité du siège patriarcal de l’Église de Constantinople en le délimitant par les diocèses anciens d'Asie (proconsulaire), de Thrace et du Pont, c'est à dire les provinces qui appartiennent maintenant à la Turquie, la Bulgarie et la Grèce. Il n'en découle pas du tout que doive être soumise au Patriarcat de Constantinople "toute province qui ne relève pas d'un autre siège patriarcal".

Il apparaît évident que cette interprétation inexacte provient ici d'une interprétation erronée du terme "chez les étrangers" (en tis varvarikis) et du contexte de cette expression. Une telle interprétation erronée suppose qu'il s'agit ici non pas des peuples barbares vivant soit dans l'empire romain soit au-delà de ses limites, mais des entités administratives (définies par l’État) peuplées surtout de barbares. Or, il ne fait aucun doute que cette expression recouvre non pas les provinces mais les peuples, elle n'est pas utilisée au sens administratif et politique mais au sens ethnique. Cela découle de façon évidente des considérations que nous développons ci-dessous.

Comme vous le savez, à l'époque hellénistique et byzantine, le terme "varvaros" se rapporte aux représentants des peuples dont la langue, la culture et les mœurs ne sont pas grecques. Ainsi, Saint Grégoire de Nysse, dans son troisième discours contre Eunome, parle de "philosophie barbare" (varvariki filosofia), Eusèbe de Césarée parle des "barbarismes dans la langue grecque" (idiomata varvarika), Saint Épiphane de Chypre des "noms barbares" (varvarika onomata) et le maître de Saint Jean Chrysostome, Libanius, de "coutumes barbares" (iti varvarika). De même, l'Apôtre Paul entend par "barbare" toute personne ne parlant ni latin ni grec – langues officielles (cf 1 Cor. 14, 1) "Si donc je ne connais pas le sens de la langue, je serai un barbare (varvaros) pour celui qui parle et celui qui parle sera un barbare (varvaros) pour moi". De tels "barbares" pouvaient vivre aussi bien à l'extérieur qu’à l'intérieur de l'empire romain. L'Apôtre Paul prêchait pour les barbares (Rom. 1,14) sans franchir les limites de l'empire. Les Actes des Apôtres (28,2 et 4) nomment les habitants de l'Ile de Malte "des barbares", bien que cette île fasse partie de l'empire, et cela, uniquement parce que la langue locale est le punique. En ce qui concerne le terme "varvarikon", il est certes employé pour désigner les territoires situés en dehors des limites de l'empire romain. C'est dans ce sens que ce terme est utilisé par exemple dans le 63ème (52ème) canon du Concile de Carthage, où il est dit qu’en Mauritanie il n'y avait pas de conciles parce que ce pays se trouve à l'extrémité de l'Afrique, il est limitrophe d'une terre barbare (to varvariko parakitê). Néanmoins, ce terme peut aussi se rapporter à tout ce qui est barbare, et à ce titre – aux territoires qui, bien que peuplés des barbares, entrent dans la composition de l'empire.

C'est justement dans ce sens que ce terme est utilisé dans le canon de Chalcédoine. On n'y parle pas de peuples barbares en général, mais seulement de peuples bien déterminés, des peuples des provinces susmentionnées (ton proirimenon diikiseon), c’est à dire des barbares vivant dans les diocèses du Pont, de l'Asie et de Thrace qui faisaient partie intégrante de l'empire romain d'orient. Ainsi le canon soumet au siège de Constantinople les évêques des barbares vivant dans les limites ecclésiales de ces trois diocèses.

Tous les commentateurs des canons, Alexis Aristène, Jean Zonaras et Théodore Balsamon, de même que l'auteur du Syntagma alphabétique, Matthieu Blastaris, entendent par l'expression "en varvarikis" justement les peuples barbares et, qui plus est, uniquement les peuples soumis à la juridiction de ces trois diocèses, soulignant que les peuples barbares des diocèses voisins n'étaient pas soumis par cette règle à la juridiction de Constantinople, mais ils restaient sous la juridiction d'autres Églises orthodoxes. Seuls sont soumis à l'Evêque de Constantinople, écrit Aristine, les métropolites du Pont, d'Asie et de Thrace, et c’est de lui qu’ils reçoivent la consécration épiscopale ; il en est de même pour les évêques des barbares dans ces diocèses, car le diocèse de Macédoine, d'Illyrie, de Théssalie, du Péloponnèse et de tout l’Epire et les peuples barbares dans ce diocèse se trouvaient alors sous l'autorité de l’évêque de Rome (Syntagma d'Athènes 2, 286 ; Kormtchaïa, Edition 1816, p. 73). C'est l’évêque de Constantinople qui est chargé de la consécration épiscopale des peuples barbares qui se trouvent dans les diocèses précités, écrit Zonara, car les diocèses restants, c'est à dire : de Macédoine et de Théssalie, d'Ellade et du Péloponnèse, d'Epire et d'Illyrie étaient alors soumis à l’évêque de la Rome ancienne (Syntagma d'Athènes 2, 283, 284). Nous pouvons lire dans le Syntagma de M. Blastaris : l’évêque de Constantinople a aussi le droit de sacrer les évêques des peuples barbares limitrophes de ces diocèses, comme les Alains et les "Rous" car les premiers sont limitrophes du diocèse du Pont et les seconds du diocèse de Thrace (Syntagma d'Athènes VI, 257). Dans ce dernier cas, il s'agit d'une pratique ecclésiale tardive (le témoignage de Blastaris se rapporte au XIVe siècle) selon laquelle sont incluses dans la juridiction de l’Église de Contantinople les terres barbares attenantes aux trois diocèses mentionnés. Il est par ailleurs souligné que la juridiction de l'évêque de Constantinople a été étendue à ces territoires justement du fait de leur voisinage avec la province canonique définie par la 28e règle du Concile de Chalcédoine, bien que dans le texte même des règles la possibilité d'un tel élargissement ne soit pas prévue.

Ainsi les commentateurs anciens et faisant autorité confirment que le Concile de Chalcédoine n'a donné à l’évêque de Constantinople un droit sur les territoires "barbares" que dans les limites de trois diocèses, dont seul le diocèse de Thrace se situe en Europe. Aristène et Zonaras, par exemple, indiquent clairement qu'en Europe le droit pour l’évêque de Constantinople d'envoyer des évêques pour les barbares s'étend seulement au diocèse de Trace, car les autres diocèses sont soumis à l’évêque de Rome. En ce qui concerne les frontières de l’Église de Constantinople en Asie, Balsamon écrit, dans l’interprétation du canon 28 du IVe Concile œcuménique : "Sache qu'on appelle pontiques les métropolites riverains de la Mer Noire jusqu'à Trébizonde, asiatiques les métropolites près d'Ephèse, de la Lycie, de Pamphilie et des environs, mais pas en Anatolie, comme disent certains. En Anatolie, c'est celui [l’évêque] d'Antioche qui possède le droit d'ordonner" (Syntagma d'Athènes II, 284).

Il convient également de constater qu'il ne s'agit pas dans ce canon de la diaspora mais des peuples "barbares" autochtones vivant non pas dispersés mais sur leurs propres terres. Ils sont devenus chrétiens surtout à la suite d'activités missionnaires : leur christianisme ne vient pas de leur patrie étrangère comme c'est le cas pour la diaspora. Et voilà pourquoi, on s'éloigne de la réalité historique et on mélange des concepts différents si on étend le champ d'application d’un canon concernant les peuples autochtones, devenus chrétiens par suite d'activités missionnaires, au phénomène de la diaspora composée de personnes qui partent en terre étrangère et qui ont été élevés dans la tradition orthodoxe de leur patrie.

Ainsi l'affirmation de Votre Sainteté disant que par le 28e canon de Chalcédoine "entrent dans le domaine de responsabilité du Patriarche œcuménique l’Europe occidentale et toutes les terres nouvellement découvertes d'Amérique et d'Australie" est une affirmation qui semble être entièrement inventée et privée de tout fondement canonique. En effet ces terres éloignées n'ont aucun lien avec les trois diocèses mentionnés dans le canon et n'en sont même pas limitrophes, et, d’autre part, la majorité des fidèles des Églises sur ces territoires ne sont pas des indigènes mais des représentants de peuples traditionnellement orthodoxes avec leurs traditions religieuses qu'ils souhaitent conserver. Pour ce qui est de l’appartenance juridictionnelle des territoires canoniques appartenant à l’Église de Rome avant le schisme de l’an 1054, aucune décision ayant autorité pan-orthodoxe n'a été prise par l’Église.

Tout cela est étayé aussi par des faits historiques indiquant que jusque dans les années vingt du vingtième siècle il n'y avait aucune autorité de fait du patriarche de Constantinople sur toute la diaspora orthodoxe dans le monde entier, et qu’il ne prétendait pas non plus à une telle autorité. A titre d'exemple, en Australie la diaspora orthodoxe était initialement desservie par Jérusalem et le patriarcat de Jérusalem y envoyait des prêtres. En Europe occidentale, dès le commencement, les paroisses et les communautés orthodoxes dépendaient canoniquement de leur Églises mères et non pas de Constantinople, de même que dans d'autres parties du monde où pour suivre l’enseignement du Christ (Matthieu 28, 1-20) des missionnaires zélés des Églises locales orthodoxes, y compris celle de Constantinople, prêchaient l 'Evangile et baptisaient les aborigènes qui devenaient enfants de l’Église, qui les avait éclairés par le baptême.

Pour ce qui est de l'Amérique, dès 1794, l'Orthodoxie sur ce continent a été représentée exclusivement par la juridiction de l’Église russe qui en 1918 regroupait 300 000 orthodoxes de nationalités différentes (Russes, Ukrainiens, Serbes, Albanais, Arabes, Aléoutes, Indiens, Africains, Anglais) ; y appartenaient également les grecs orthodoxes recevant l'antimension pour leurs paroisses de la part des évêques russe. Une telle situation était reconnue par toute les Églises locales qui pour les paroisses américaines envoyaient leur clergé dans la juridiction de l’Église orthodoxe russe. Le patriarcat de Constantinople aussi s'en tenait à cette même pratique. Par exemple, lorsque en 1912 les Grecs orthodoxes d'Amérique adressèrent une requête pour l'envoi d'un évêque grec à Sa Sainteté le Patriarche de Constantinople Joachim III, le Patriarche ne l’a ni envoyé lui-même, ni n’a adressé cette requête à l’Église orthodoxe de Grèce mais il a recommandé d'en référer à l'Archevêque Platon d'Aléoutie et d'Amérique du Nord afin que cette question soit tranchée par le Saint Synode de l’Église orthodoxe russe.

Le pluralisme juridictionnel en Amérique du Nord a commencé en 1921, lorsqu’a été créé l’"Archevêché grec d’Amérique du Nord et du Sud" sans l’accord de l’Église orthodoxe russe, qui n'en avait pas été informée. C'est justement à ce moment-là qu'apparaît ce que vous décrivez : "En dépit des Saints Canons, les Orthodoxes, en particulier ceux qui vivent dans les pays occidentaux, sont divisés en groupes ethnico-raciaux. Les Églises ont à leur tête des évêques choisis pour des considérations ethnico-raciales. Souvent ces derniers ne sont pas seuls dans chaque ville et parfois n'entretiennent pas de bonnes relations et se combattent ", ce qui "est une honte pour toute l'orthodoxie et la cause de réactions défavorables qui se retourne nt contre elle". Comme nous le voyons, la faute de cette triste situation n'incombe pas à l’Église russe. Au contraire, s'efforçant de faire entrer l'orthodoxie américaine dans le sillage canonique, en tant qu'Église Mère, en 1970, elle a accordé l'autocéphalie à son Église Fille. Par cet acte, l’Église russe a agi dans les limites de sa juridiction canonique, ayant en vue une future décision panorthodoxe concernant le rétablissement d'une Église orthodoxe locale unique en Amérique. Nous pouvons remarquer que, déjà en 1905, un projet de création de cette Église avait été présenté au Saint Synode par le saint Patriarche Tikhon qui était alors l’Archevêque d'Aléoutie et d'Amérique du Nord.

Il est triste de constater que la Très Sainte Église de Constantinople n'a pas soutenu l’acte de 1970 et n'a pas contribué à l'union tant souhaitée. Jusqu'à présent, cela reste une cause de discorde et de mécontentement qu’éprouvent de nombreux Orthodoxes en Amérique en ce qui concerne leur statut.

Malgré l'affirmation de Votre Sainteté, à savoir "qu'aucun autre siège patriarcal n'a reçu le privilège ni le droit canonique" pour appliquer sa juridiction en dehors des provinces qui n'appartiennent pas aux territoires canoniques des Églises autocéphales, l’histoire démontre que la 28è règle du IVe Concile œcuménique soumettant à Constantinople les trois diocèses mentionnés ne diminue en rien les droits des autres Églises autocéphales, en particulier dans le domaine de la juridiction ecclésiastique sur le territoire des terres étrangères. Ainsi l’Église de Rome désignait les évêques dans presque toute l'Europe, Thrace exceptée, l’Église d'Alexandrie dans les pays au Sud de l’Egypte et par la suite sur presque tout le continent africain, celle d'Antioche à l'Est, en Géorgie, en Perse, en Arménie, en Mésopotamie ; la juridiction de Constantinople, quand à elle, pendant longtemps après le Concile est restée confinée aux frontières qu’étaient celles des diocèses d'Asie, du Pont et de Thrace avant ce Concile.

Historiquement, il convient également de constater qu’aussi bien la primauté d'honneur établie par la règle 3 du IIe Concile œcuménique, que les pouvoirs juridictionnels dans les trois diocèses ont été donnés à l’Église de Constantinople uniquement pour des raisons politiques, à savoir parce que la ville où se trouvait son siège a acquis le statut politique de capitale, est devenue "la ville de l’empereur et du sénat". Ainsi le 28ième canon stipule : "Nous prenons la décision au sujet de la préséance de la Très Sainte Église de Constantinople, la Nouvelle Rome. Les pères en effet ont accordé avec raison au siège de l'ancienne Rome la préséance parce que cette ville était la ville impériale. Mus par ce même motif, les 150 évêques aimés de Dieu ont accordé la même préséance au Très Saint Siège de la Nouvelle Rome, pensant à juste titre que la ville honorée de la présence de l'empereur et du sénat et jouissant des mêmes privilèges civils que Rome, l'ancienne ville impériale, devait aussi avoir le même rang supérieur qu'elle dans les affaires d'église, tout en étant la deuxième après elle". Nous n'avons pas pour le moment l'intention de nous lancer dans une discussion sur ce thème. Toutefois, il convient de ne pas oublier un fait évident : la situation actuelle de Constantinople après la chute de l'empire byzantin ne justifie absolument pas un recours trop insistant à ce canon, sans parler d'interprétations excessivement élargies à son sujet.

L'inclusion dans la juridiction de la Très Sainte Église de Constantinople de nouvelles provinces outre celles voisines de ces trois diocèses, qui a eu lieu au cours de l’histoire, n'est pas, d'après nous, liée à la règle 28 du IVe Concile œcuménique. Les raisons en furent tout à fait autres. Ainsi, les provinces mentionnées par Votre Sainteté d'Illyrie, d'Italie du Sud et de Sicile ne relevaient pas "toujours" de la juridiction du Patriarcat de Constantinople mais furent enlevées de force à l’Église romaine et transmises à l’Église de Constantinople par l'empereur iconoclaste Léon l’Isaurien, sans référence aucune au 28ième canon du Concile de Chalcédoine. Une des plus importantes raisons de ces actes de Léon l'Isaurien était que l’Église de Rome s'opposait à la politique iconoclaste de l' empereur byzantin dont le pouvoir politique s'étendait au territoire indiqué.

En ce qui concerne l’Église russe, elle était initialement soumise à l’Église de Constantinople non pas en vertu du canon 28 du IVe Concile œcuménique mais en vertu du principe général, selon lequel les peuples convertis se soumettent à l’Église mère qui les a christianisés tant qu'ils ne réunissent pas les conditions nécessaires à l'autocéphalie. En devenant église autocéphale, l’Église russe a reçu les mêmes droits de mission, au-delà de son territoire canonique, que les autres Églises orthodoxes locales dans la mesure où, comme cela fut montré ci-dessus, les Saints canons ne donnent aucune préséance à quelque Église que ce soit pour la réalisation de ce droit.

Telle est l'authentique tradition panorthodoxe dans cette question et la Très Sainte Église de Constantinople l’avait toujours respectée jusqu'au moment où le Patriarche Mélétios IV a élaboré la théorie de la subordination de toute la diaspora orthodoxe à Constantinople. C'est précisément cette théorie, à l’évidence anti canonique, qui apparaît, pour employer une expression de Votre Sainteté, "hostile à l’esprit de l’Église orthodoxe, à l'unité de l’orthodoxie et à l'ordre canonique". Elle est précisément l’expression "d'une intention expansionniste qui n'a pas de fondements canoniques et qui est inacceptable sur le plan ecclésiologique". En prétendant à un pouvoir spirituel universel, elle ne correspond pas à la tradition canonique orthodoxe et à l’enseignement des Saints Pères de l’Église, et représente un défi direct à l’unité orthodoxe. En effet, il n'y a aucune raison de convenir avec l’affirmation que l’ensemble de la diaspora orthodoxe ne se trouve point sous la juridiction spirituelle du Patriarcat de Constantinople uniquement parce qu'il "tolère cette situation temporairement et pour des raisons d'économie". Cette dernière phrase a particulièrement suscité notre incompréhension et notre inquiétude car elle semble indiquer l’intention de la Très Sainte Église de Constantinople de continuer à mener à l'avenir une politique unilatérale d'expansionnisme étrangère à l'esprit d’amour fraternel et de conciliarité. A cet égard, il convient de rappeler une remarque juste du Patriarche Diodore de Jérusalem de bienheureuse mémoire figurant dans la lettre à Votre Sainteté N° 480 du 25 juillet 1993, à sa voir que seul le Concile Panorthodoxe a le droit de résoudre la question complexe de la diaspora. Ajoutons encore que ni la Très Sainte Église Orthodoxe de Roumanie ni la Très Sainte Église Orthodoxe de Pologne ne partagent la vision des problèmes de la diaspora orthodoxe exposée par Votre Sainteté : c'est ce qui ressort des rapports de ces Églises aux réunions de la commission préparatoire pour le Saint et Grand Concile en 1990.

Compte tenu de ce qui précède, nous sommes tout à fait en droit de contester l'affirmation de Votre Sainteté, à savoir que l'Exarchat des Paroisses Russes en Europe est" une des formes de la sollicitude pastorale obligatoires" de l’Église de Constantinople. La thèse de subordination obligatoire de cet Exarchat à la juridiction du Patriarcat de Constantinople est réfutée par l'histoire même de cette structure ecclésiastique. Rappelons que dans les documents officiels de l’Église de Constantinople concernant la situation des paroisses russes en Europe occidentale il est reconnu que leur Église Mère est l’Église Orthodoxe Russe, et que le système établi d'administration de ces paroisses a un caractère provisoire. Il en est question sans ambiguïté dans le Tomos du Patriarche Photius du 17 février 1931. Commentant ce document, le Très Saint Patriarche Photius écrit dans une lettre au Métropolite Serge, Locum Tenens du Trône patriarcal, N° 1428 du 25 juin 1931 : "la situation doit rester dans cet état provisoire jusqu'à ce que, Dieu aidant, soit rétablie l’unité de la Sainte Église Sœur de Russie". Dans ce même sens, Sa Sainteté le Patriarche Athénagoras, dans une lettre à l'Exarque des paroisses russes, l'Archevêque Georges d'Eudociade, N° 671 du 22 novembre 1965, témoignant du fait que "l’Église Russe s’est libérée des divisions et a acquis une organisation interne et a acquis une liberté d'action pour les affaires hors frontières ", annonce la suppression de l'Exarchat des paroisses russes de l'Europe occidentale "qui avait un caractère provisoire" et lui recommande de s'unir au Très Saint Patriarche de Moscou qui "pourra et devra toujours témoigner et manifester son amour paternel pour ces paroisses". La reprise en 1971 par le Patriarcat de Constantinople dans sa juridiction, du diocèse des paroisses russes en Europe et sa transformation en Exarchat par le Tomos du 19 juin 1999, n'a en rien changé le caractère provisoire de la situation actuelle de l'Archevêché russe dans la mesure où ce tomos, dans son premier paragraphe, se réfère au tomos du Patriarche Photius. Ainsi, la Très Sainte Église de Constantinople elle-même, dans ces documents officiels, a reconnu sans ambiguïté le droit à l’union de l'Archevêché des paroisses russes en Europe occidentale avec l’Église Mère – l’Église Orthodoxe Russe sans y voir la manifestation" d'un état d'esprit extrêmement sécularisé et erroné "ou" d’une conception ethnico-raciale erronée".

En ce qui concerne les propos de Son Éminence le Métropolite Cyrille de Smolensk et Kaliningrad mentionnés par Votre Sainteté, propos tenus pendant son séjour à Paris du 10 au 12 février 2001, ce thème a déjà été évoqué au cours d'une série de négociations par les délégations des Patriarcats de Constantinople et de Moscou à Zurich le 19 avril 2001 et dans une lettre du Métropolite Cyrille au Métropolite de Philadelphie Méliton, N° 2062 du 17 juillet 2001. De passage à Paris, Son Éminence le Métropolite Cyrille a été invité par l'Archevêque Serge d’Eucarpie à une rencontre avec le Conseil de l’Archevêché. A cette rencontre, l’hiérarque de notre Église n'a fait aucune proposition particulière, toutefois, lorsqu’on a demandé au Métropolite quelle était sa vision de l’avenir de l’Archevêché, il a exposé la position de notre Église qui n'a jamais été dissimulé et à laquelle nous sommes irrévocablement attachés. Cette position est la suivante : l'existence d'une structure ecclésiastique isolée des paroisses russes en Europe est le résultat de la tragédie du peuple russe provoquée par la révolution. A l'heure actuelle, quand enfin les conséquences de la révolution sont surmontées, le retour des paroisses de l'émigration au sein du Patriarcat de Moscou serait tout à fait normal. Cette aspiration au rétablissement de l'unité spirituelle de notre peuple est reflétée dans la déclaration que vous avez évoquée, faite par le Saint Synode de l’Église Orthodoxe Russe le 8 novembre 2000 où il est question des enfants "qui habitent en dehors des limites d e l’État russe ", (mais pas "en dehors des limites de l’Église russe" comme cela est cité de manière inexacte dans Votre lettre). Cela nous attriste toujours de constater que le souhait légitime et naturel de rassembler à nouveau nos propres ouailles vivant dispersées pour des raisons historiques et politiques connues, fasse l'objet d'attaques si brutales et injustes et ne recueillent pas de compréhension auprès du Primat d’une Église qui a subi une tragédie semblable.

La question de la diaspora orthodoxe est un des plus importants problèmes des relations inter orthodoxes. Etant donné sa complexité et le fait qu'il ne soit pas suffisamment régularisé, il entraîne de graves complications dans les relations entre les Églises et sans aucun doute diminue la force du témoignage orthodoxe dans le monde contemporain. Néanmoins, nous espérons vivement que les efforts soutenus et insistants des Églises Orthodoxes locales permettront finalement de trouver une solution panorthodoxe de ce problème lors du Saint et Grand Concile de l’Église Orthodoxe d'Orient. La responsabilité historique en paraît d'autant plus lourde pour les actes dirigés contre l’obtention d'un accord agréable à Dieu concernant cette question clé.

Voilà pourquoi pour le véritable bien aussi bien de l'orthodoxie que de l’Église de Constantinople qui nous est chère par des réminiscences historiques séculaires, nous appelons Votre Sainteté à suivre les préceptes des Saints Pères, exprimés dans le 8 ième canon du IIIe Concile œcuménique, "que les canons des Pères ne soient pas enfreints, ni que sous le prétexte d'actes sacrés ne s'insinue l’orgueil de la puissance mondaine et que, sans nous en rendre compte, nous perdions peu à peu la liberté, que nous a donné par Son propre Sang, Jésus Christ Notre Seigneur, le Libérateur de tous les hommes". Fidèle à la tradition des Saints Pères, nous demandons instamment et sincèrement à Votre Sainteté de renoncer à un état d'esprit faisant obstacle à l’accord ardemment désiré et de déployer des efforts pour convoquer rapidement le Grand et Saint Concile.

Nous demandons à Dieu paix, santé et longue vie pour Votre Sainteté, nous vous donnons à nouveau l’accolade fraternelle et nous continuons à vous respecter et à vous aimer dans le Christ.
+ Alexis,
Patriarche de Moscou et de toute la Russie" 
(Mémoire éternelle! Вечная память!)

vendredi 5 décembre 2008

PATRIARCHE ALEXIS II Mémoire éternelle ! Вечная память ! Αἰωνία ἡ μνήμη !

Seigneur, fais reposer en paix
ton serviteur Alexis,
et place-le dans le Paradis,
où les chœurs des Saints et des Justes
resplendissent comme des astres.
Fais reposer en paix ton serviteur,
en détournant les yeux de ses fautes...


La compassion est toujours plus facile à exercer envers les plus faibles qu'envers les puissants... Il est difficile de concevoir que les puissants parviennent à un moment - celui d'une grande épreuve et à fortiori celui de leur mort - où ils ont simplement besoin aussi de nos prières quels que soient les critiques, les reproches, voire les condamnations dont ils ont pu être l'objet - légitimimement, à juste titre ou non - de notre part. Oui il est toujours plus facile et plus gratifiant - on se sent si bon alors - d'avoir de la compassion et de prier pour les plus faibles que nous, ceux que nous sentons inférieurs à nous, plus faibles...
Pourtant le Seigneur ne nous a-t-Il pas enseigné à aimer même nos ennemis ? Comme c'est difficile de nous associer aux prières de la Divine Liturgie quand le moment vient de prier pour nos hiérarques... Ils déçoivent si souvent nos attentes et nous paraissent si souvent indignes de paître le troupeau qui leur a été confié... Nul doute qu'ils auront des comptes à rendre quelque part à un moment donné car beaucoup leur a été donné et beaucoup leur sera demandé... mais il vient un moment où la détestation doit s'oublier pour faire place à la prière malgré tout... non ?


samedi 3 mai 2008

l'ORTHODOXIE qu'on enseigne à l'école (suite) Quel Patriarcat pour assurer l'avenir?

Pour ceux qui auraient lu le message précédent je voudrais dire que j'ai pris conscience que la formulation de mon message précédent n'était ni assez claire ni très mobilisatrice par son "humeur". Elle était un peu emportée et peut-être même a-t-elle blessé certains et je leur en demande pardon.

Ceci s'explique par le fait que je m'inquiète, comme beaucoup, de l'avenir de l'Orthodoxie en Europe et malgré mon désir d'adhérer à une juste ecclésiologie, donc orthodoxe, j'ai la conviction que l'histoire de l'Eglise ne s'est pas faite seulement par la vertu des Saints et la grâce de Dieu mais également par la main tout ce qu'il y a de plus mondaine de l'homme, autrement dit l'organisation politique entre autres (je ne parle bien sûr ni de conquêtes armées ni encore moins de croisades). Je crains que certaines prises de position, pour légitimes qu'elles semblent, ne fassent fausse route.

J'ai toujours été un fidèle de paroisses du Patriarcat œcuménique, russe - majoritairement - puis grecque, mais mon initiation à l'Orthodoxie s'est faite d'abord au sein du Patriarcat de Moscou et dans cette église, j'ai communié régulièrement pendant les premiers temps ; par ailleurs, plus tard, mes amitiés dans l'Eglise Russe Hors Frontières m'ont aussi amené à me rendre aux offices assez régulièrement et aux liturgies à maintes reprises où le Père Michel (de bienheureuse mémoire) m'a toujours reçu à la communion avec la plus totale bienveillance. Je n’étais bien sûr pas le seul à circuler d’une juridiction à l’autre sans retenue. Bien que fondamentalement anti-communiste et quelquefois sceptique par rapport à la pratique de ceux que l’on appelait, à tort, avec une nuance de mépris les « Sov », j’avais le désir d’embrasser toute l’Orthodoxie car non seulement j’en avais suffisamment appris sur le martyre de l’Eglise Russe restée sur place mais j’avais rencontré suffisamment de fidèles du Patriarcat au cœur pur pour désirer sincèrement rester en communion avec cette Eglise, c'est-à-dire pas seulement son clergé mais ses fidèles. Pour ce qui est de la Russie j’avais été élevé non pas dans la slavophilie mais dans philoslavie si j’ose dire, si bien que j’avais déjà des amis russes athées bien avant ma conversion. L’âme russe si elle est un mythe pour certains ne l’a jamais été pour moi et je sais bien ce qui a pu se maintenir de meilleur de la Russie et traverser le siècle d’horreur passé. Je n’ai donc jamais fait de généralisation abusive de la même façon que je n’ai assimilé tout le peuple allemand au Nazisme. Aussi ai-je accueilli la proposition de naguère du Patriarcat et l’annonce de la réunion des juridictions dans une même église avec joie, j’ose le dire.

J’ai longtemps pensé que, n’étant pas d’origine orthodoxe, j’étais à ma place sous la juridiction du Patriarcat de Constantinople et j’ai souvent défendu celui que je considérais comme mon Patriarcat...> Mais force est de constater que la situation particulièrement difficile, précaire et dramatique voire dangereuse de Constantinople a entraîné le Patriarche à lutter avec des moyens qui n’ont eu malheureusement bien souvent rien à envier aux manœuvres vaticanes. Le Phanar n’aura jamais eu en fait la moindre ressemblance avec le Vatican et toute prétention ou tout rêve de ce genre ne pouvait correspondre en rien à la place historique, religieuse, diplomatique, politique et financière de l’Eglise de Rome. Alors à quoi bon être obligé de chercher toutes sortes de moyens, ni très corrects quelquefois ni très efficaces la plupart du temps, dans cette si misérable situation malgré la solidarité généreuse panhellène de la diaspora, pour chercher à se faire reconnaître et demeurer à tout prix à Istanbul.

Compter sur l’entrée de la Turquie (avec la forte pression américaine… pour déstabiliser l’Europe en construction ?) en Europe en appuyant sa candidature, est-ce que cela aura été suffisant à la reconnaissance du Patriarcat Œcuménique et à la réouverture du séminaire de Halki ? Est-ce que cela aura fait cesser les malveillances voire les attentats ? Etait-ce le bon plan ? Compter sur la reconnaissance par la Turquie de l’Orthodoxie, de bonne volonté ou par la force des conditions préalables à la réception de la Turquie en Europe, est-ce bien encore une option réaliste ? Resterait, mais il est déjà tard et ce ne sera pas facile, à déménager d’Istanbul que l’on peut difficilement, malgré qu'on en ait, appeler encore Constantinople et venir en Suisse ou en Grèce - maintenant plus plausiblement... A mon humble avis c’était la solution la plus réaliste et elle pouvait être fondée, car une ville aussi prestigieux ait été son passé, n’est pas éternellement un siège patriarcal. Il eut préférable et plus efficace pour son rayonnement que ce déménagement ait eu lieu il y a longtemps, cela n’a pas été choisi : par entêtement, faux espoir ou manque de discernement ?

Mon point de vue est que si la Turquie se moque comme d’une guigne du prestige historique, religieux et moral du Patriarcat œcuménique, c’est qu’elle pense pouvoir le faire sans problème sérieux internationalement et qu’il n’y a donc aucun effort à faire dans le sens d’une reconnaissance. Dont acte. Cela signifie que désormais « Constantinople » ne pèse pas tellement lourd sur la scène internationale et que les pauvres Orthodoxes sont plus dans la position de le soutenir que d’être soutenu par lui.

Je pose alors la question : Particulièrement nous, Orthodoxes archi minoritaires dans des terres hétérodoxes voire antichrétiennes, n’avons-nous pas intérêt à nous regrouper sous la protection d’une juridiction un peu moins dans l’insécurité que celle de Constantinople et cette proposition de Moscou n’était-elle pas l’occasion de prendre refuge dans une Eglise dont le poids est plus estimable (inutile de pinailler avec les chiffres car il en est de même avec Rome : peu importe le nombre de pratiquants réels, l’importance demeure intacte internationalement) d’autant qu’il était offert de préserver une originalité à chaque communauté ralliée ? Et après tout, s'il existe réellement des raisons de se méfier d'un possible totalitarisme moscovite ne serait-il pas audacieux mais habile de faire comme le camarade Trotski le préconisait : de l'"entrisme" ?

Si j’osais, mais je vais oser malgré l’effroi que je vais susciter peut-être (chez ceux qui ont la condescendance de me lire bien sûr), je dirais à ceux qui suspectent toujours et partout le clergé de Moscou d’être encore à la solde du KGB, je dirais ceci : si l’Eglise de Moscou organise aussi bien les églises occidentales, avec le même soutien logistique et de formation, que le PCUS s’occupait des cellules des PC d’occident, eh bien, ma foi ! nous aurions quelque chose de solide et de fiable, qui ferait largement le poids. Ce n’est certes pas très joli de comparer le Corps du Christ avec une organisation idéologique, certes, mais je ne parle que d’efficacité et de représentativité, car relisez, je vous prie, ce projet de programme d’enseignement de l’Histoire, tirez en les leçons et vous constaterez qu’il vaudrait mieux tenir compte assez vite, avant qu’il ne soit trop tard, du peu de considération qui est échu au monde orthodoxe. Ce qui peut se traduire par (lisez aussi les programmes de Géographie !) la Russie ce n’est plus grand-chose, ce qui compte c’est l’Inde et la Chine, quant aux autres pays « orthodoxes » que dire de l’importance de la Grèce, de la Bulgarie, de la Roumanie, de la Serbie ! etc….

N’est-il pas temps de nous regrouper en un lieu spirituel qui représente vraiment quelque chose aux yeux du monde tout simplement pour que nous puissions exister encore un peu plus longtemps ?
J’ai une autre raison peu ecclésiale je vous l’accorde mais religieuse tout de même de préconiser l’orientation moscovite : quid de l’Islam et de sa progression sur nos terres ? La Russie ne serait-elle pas la mieux placée de par son expérience multiséculaire de coexistence des religions pour nous aider à maintenir et à gérer dans des limites acceptables l’existence de l’Islam dans un cadre revendiquant clairement la primauté de ses origines chrétiennes ?
Enfin une dernière raison moins religieuse encore : faire exister et consolider un axe Paris-Berlin-Moscou ne serait-il pas la meilleure stratégie de construction d’une Europe vraiment européenne et assez forte pour prendre la place qu’elle mérite dans le monde face à l’Amérique et à l’Asie ? Dans ce sens, tisser des liens étroits avec le Patriarcat de Moscou ne serait-ce pas le plus adéquat des gestes à redonner à l’Europe « de l’Atlantique à l’Oural » son identité chrétienne ?