Saint Martin le Confesseur, pape de Rome, était originaire de la région de Toscane en Italie. Il reçut une éducation raffinée et entra dans le clergé de l'Église romaine. Après la mort du pape Théodore I (642-649), Martin fut choisi pour lui succéder.
A cette époque la paix de l’Église était troublée par l'hérésie monothélite (la fausse doctrine selon laquelle dans le Christ il n'y a qu'une seule volonté à la fois divine et humaine). Les disputes sans fin des Monothélites avec les Orthodoxes eut lieu à tous les niveaux de la population. Même l'empereur Constant (641-668) et le patriarche Paul de Constantinople (641-654) excommunié pour hérésie par le Pape Théodore furent des adeptes de l'hérésie monothélite. L'empereur Constant II (641-668), en réaction contre cette intervention du pape et craignant qu'une rupture ouverte avec Rome n'aggravât la situation politique, devenue plus que jamais précaire à la suite de la conquête de l'Egypte par les Arabes, publia un Credo hérétique par édit (τυπος) en 648, et le rendit obligatoire pour toute la population avec interdiction de débattre davantage des deux natures et des deux volontés du Christ sous peine de châtiment sévère.
On commença alors à poursuivre et à persécuter les Orthodoxes, surtout les moines et les amis de Saint Maxime Le très saint confesseur de la vraie foi.
A l’annonce de ce Credo hérétique à Rome en l'an 649, St Martin, ferme soutien de l'Orthodoxie, inspiré par Saint Maxime le Confesseur venu lui rendre visite, convoqua le concile de Latran à Rome pour condamner l'hérésie monothélite.
Dans le même temps Saint-Martin envoya une lettre au patriarche Paul, le persuadant de revenir à la confession de la foi orthodoxe. L'empereur furieux ordonna au commandant militaire Olympius de traduire St Martin en justice. Mais Olympien craignait le clergé et le peuple de Rome, venu pour le Concile, et il envoya un soldat pour assassiner le saint Hiérarque. Lorsque l'assassin s’approcha de St Martin, il fut aveuglé. Olympius terrifié s'enfuit en Sicile, et fut bientôt tué dans une bataille.
En 654 l'empereur envoya un autre chef militaire, Théodore, à Rome. Il accusa St Martin d'être en correspondance secrète avec les ennemis de l'Empire, les Sarrasins, et de blasphémer envers la Très Sainte Mère de Dieu, et d’occuper le trône de pape de Rome de manière non canonique.
Malgré les preuves apportées par le clergé et les laïcs romains de l'innocence de Saint Martin, le commandant militaire Théodore avec un détachement de soldats s’empara de St Martin de nuit et l’emmena à Naxos, l'une des îles des Cyclades en mer Égée. St Martin passa une année entière sur cette île très peu peuplée, souffrant de privation et d'abus de la part des gardes. Puis ils envoyèrent le confesseur épuisé à Constantinople pour le procès.
Ils furent contraints de transporter le malade sur une civière, mais les juges sans pitié lui ordonnèrent de se lever pour répondre à leurs questions. Les soldats durent soutenir le saint affaibli par la maladie. De faux témoins s'avancèrent à la barre pour calomnier le saint, l'accusant de trahison dans ses relations avec les Sarrasins. Les juges partiaux ne prirent même pas la peine d'entendre la défense du Saint qui, dans la douleur, déclara : «Le Seigneur sait de quelle grande bonté vous feriez preuve en me faisant mourir rapidement."
Après ce procès, on fit sortir le saint en haillons devant une foule qui le conspuait en hurlant «Anathème sur le Pape Martin!" Mais ceux qui savaient bien qu’on infligeait injustement ces souffrances à ce saint Pape se retirèrent en larmes. Enfin, la sentence fut proclamée : St Martin devait être déchu de son rang et exécuté. Ils enchaînèrent le saint à moitié nu et le traînèrent en prison, où on l’enferma avec les voleurs qui furent plus miséricordieux envers le saint que les hérétiques.
Au milieu de tout cela l'empereur alla visiter le Patriarche Paul à l’agonie et lui fit part du procès de St Martin. Le hiérarque se détourna de l'empereur et lui dit: «Malheur à moi! Voilà une autre raison de mon jugement » et il demanda qu’on arrêtât les tourments de St Martin. L'empereur envoya un nouveau magistrat et d'autres personnes pour interroger le saint en prison. Le saint répondit: «Même si on m’estropiait, je n’aurais pas de relations avec l'Eglise de Constantinople tant qu'elle demeure dans ses fausses doctrines." Les tortionnaires furent étonnés de l'audace du confesseur, et ils commuèrent sa condamnation à mort en exil à Chersonèse en Crimée.
Le saint mourut, épuisé par la maladie, la faim et les privations le 16 Septembre 655. Il fut enterré en dehors de la ville dans l'église des Blachernes de la Toute Sainte Déipare, et plus tard les reliques du saint confesseur Martin furent transférées à Rome.
L'hérésie monothélite a été condamnée au sixième Concile Œcuménique en 680.
Quant à Saint Maxime, il fut arrêté, un peu avant Martin, avec son fidèle disciple Anastase et un autre Anastase, apocrisaire (légat) du pape et l’on sait comment le grand confesseur et martyre fut également emprisonné, persécuté, torturé et mutilé pour la défense de la vraie foi.
Tu as renforcé l’Église par la vraie doctrine, sage hiérarque Martin. Tu as proclamé les deux natures du Christ, et blâmé l'hérésie. Supplie le Seigneur de nous accorder sa grande miséricorde.
Kondakion - Ton 8
Grand Prêtre et maître des mystères, tu as fait couler des flots de sainte doctrine. Tu as défendu la vraie doctrine des deux natures et volontés de Christ. Intercède pour ceux qui t'implorent : "Réjouis-toi, bienheureux Père Martin"