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Vassily Kandinsky, Cosaques (1910-1911, huile sur toile, Londres, Tate) |
Quelqu'un a écrit, à propos de mes chroniques de Pereslavl, qu’elles montraient bien que ce pays surarmé en était resté au néolithique. Il reproche au gouvernement russe une « course aux armements démentielle », alors que les gens ont un très mauvais niveau de vie, et n’ont pas connu, à cause du communisme, le « développement humain » qui fut le nôtre en occident. J’en ai parlé à Kostia, qui m’a répondu : « Laissez les dire, nous nous avons l’espoir, et nous nous soutenons les uns les autres pour le garder. En face, ils ont peut être plus de biens matériels, mais ils sont sur le point de les perdre, et ils n’ont ni foi ni espoir. Les choses s’améliorent petit à petit, on ne peut les changer du jour au lendemain. Poutine est très prudent. On ne peut pas mettre en prison tous les fonctionnaires et tous les gouverneurs corrompus et voleurs, car nous n’aurions pas assez de monde pour les renouveler. En revanche, on peut organiser les choses pour qu’il leur soit beaucoup plus difficile de voler et c’est ce qu’il est en train de faire. Il agit sagement, pas à pas. Peut-être n’est-il pas parfait, mais nous n’en avons pas d’autre. Et où en serions-nous sans lui ? Quand au surarmement, il suffit de comparer l’armement américain au nôtre, et le nombre des bases américaines déployées, pour voir où est l’agresseur, nous faudrait-il attendre gentiment et sans rien faire qu’on nous tombe dessus ? »Il m’a parlé du mouvement cosaque, auquel il est affilié, et m’a appris que c’était un mouvement bénévole qui s’apparentait à une milice populaire. Les cosaques se substituent de plus en plus à la police, et font preuve d’une mentalité incorruptible et d’un patriotisme en béton. Les cosaques sont l’épaule sur laquelle le peuple russe peut s’appuyer. Les cosaques ressuscitent les traditions et font des enfants en pagaille, qu’ils élèvent dans ces traditions. Il croit que les orthodoxes et les cosaques, sont le ferment de la renaissance russe, et déplore l’action corruptrice des médias, au sein desquelles il faudrait faire le ménage, car elles diffusent souvent des informations fausses et tendancieuses, des distractions nocives et dégradantes. Les dessins animés proposés n’apportent rien de bon aux enfants, et les jouets monstrueux qu’on leur vend non plus, il lutte contre cela dans sa propre famille. C’est un idéaliste pragmatique, il faut à ses yeux agir à son niveau, là où on est placé par la vie, et accomplir ce qui nous revient, sans faiblir. J'ai trouvé un encouragement dans ce qu'il me disait, et un sens à ma présence ici.
Laurence Guillon
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