Les lèvres mensongères font horreur à l'Éternel, tandis que ceux qui agissent avec fidélité lui sont agréables. Proverbes 12:22 «C'est ce qui sort de l'homme qui le rend impur. En effet, c'est de l’intérieur, c'est du cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées, les adultères, l'immoralité sexuelle, les meurtres, les vols, la soif de posséder, les méchancetés, la fraude, la débauche, le regard envieux, la calomnie, l'orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et rendent l'homme impur.» Marc 7:20-23 Un témoin fidèle ne ment pas, tandis qu’un faux témoin dit des mensonges. Proverbes 14:5 « Vous, vous avez pour père le diable et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement et il ne s'est pas tenu dans la vérité parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, il parle de son propre fond, car il est menteur et le père du mensonge. » Jean 8:44 Si les paroles distinguées ne conviennent pas à un fou, les paroles mensongères conviennent d’autant moins à un noble. Proverbes 17:7 « Écarte de ta bouche la fausseté, éloigne de tes lèvres les détours ! Proverbes 4:24 Craindre l'Éternel, c'est détester le mal. L'arrogance, l'orgueil, la voie du mal et la bouche perverse, voilà ce que je déteste. » Proverbes 8:13 « Pierre lui dit : «Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, au point que tu aies menti au Saint-Esprit et gardé une partie du prix du champ? […] Comment as-tu pu former dans ton cœur un projet pareil? Ce n'est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu.»Actes 5:3-4Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les enchanteurs, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l'étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort.Apocalypse 21.8
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mercredi 28 janvier 2015

L’homme considéré non comme une personne, mais comme un jeu de Lego



La loi de 1905, en « séparant » l’Église de l’État, n’a fait qu’enterrer un cadavre. Depuis longtemps, quand bien même quelque prélat eût eu une quelconque influence sur certaines décisions du pouvoir, et justement parce que le catholicisme était devenu un enrobage idéologique pour la bourgeoisie, l’État contemporain (à partir de 1789) ne relevait pas, dans ses principes, d’une réalité supra-humaine. Le christianisme, depuis longtemps, était dans une position défensive, et il n’avait fait que perdre ses places fortes. 

L’État laïque ne serait donc qu’un constat : celui du reflux de la religion. L’espace qu’il semble libérer est un ensemble vide où s’impose soit la totalité, c’est-à-dire la puissance bienfaisante de l’État, qui veille sur le bien-être des « citoyens », soit le singleton qu’est devenu l’individu, mû par des besoins et des ressentiments. Autant dire que le projet de Jean Bodin (1529-1596) de promouvoir un État « absolu », c’est-à-dire apte à décider et à réaliser, sans limite, ses projets politiques, a enfin éprouvé la pleine puissance de ses potentialités dans l’État laïque contemporain.

Lorsqu’on envisage ces questions de relations entre le politique et le religieux, il faut se garder de comparaisons biaisées. Chez les Anciens, l’évocation d’Antigone, mais aussi l’exemple de toutes les cités et empires de cette période, suffisent à montrer qu’on ne pouvait concevoir le politique, auquel on concédait, bien sûr, une autonomie de fait, sinon de droit, séparé du principe supra-humain.

L’État moderne prétend se suffire à lui-même. Il est un Créon qui, régulièrement, met à la porte une Antigone qui s’obstine à rentrer par la fenêtre. Pourquoi ? Parce que l’homme, évidemment, ne vit pas que de pain. Il a bien tenté de redonner un idéal à sa volonté toute-puissante de biberonner le « peuple ». Mais, entre un messianisme prométhéen exorbitant, qui promet la lune et la poussière d’étoiles, et des civilités néo-kantiennes dont l’inefficacité n’a même pas l’excuse de la bêtise (car les techniciens de l’État sont des spécialistes brillants de la manipulation pédagogique), il n’a fait que mimer le prophétisme et la fraternité chrétienne, tragiquement ou de façon grotesque, sans en atteindre la grandeur. Il s’est souvent révélé à lui-même ce qu’il était : un boucher ou un histrion.

Aussi bien le laïcisme n’est-il qu’une déclinaison, sans doute la plus hypocrite, la plus perverse. Sous le couvert d’éviter la violence, la guerre civile – et il faut lire Michéa pour comprendre que tel est le projet sociétal du libéralisme, depuis les guerres de religions du XVIe siècle –, on vide la société de tout sens, le citoyen n’étant plus, finalement, qu’un numéro, comme l’homme et la femme, selon la théorie du genre, ne seraient, finalement, que des « êtres humains » dont l’identité serait dépendante de choix optionnels. La conception anthropologique du laïcisme, c’est l’homme considéré non comme une personne, mais comme un jeu de Lego.

mardi 4 décembre 2012

Peut-on être chrétien et antiétatiste en France aujourd'hui ?

« La question pourrait surprendre un catholique, habitué à une défense traditionnelle de l'État par le magistère de l’Église. Mais les temps changent. Et le contexte actuel de la sociale-démocratie oligarchique, oblige à repenser les choses. Il est temps que les catholiques et les chrétiens en général, comprennent que soutenir l'État aujourd'hui signifie alimenter le processus même qui les détruit.
A une époque, l'État était peut-être la réponse au chaos généré par les guerres et les prédations. Mais surtout, gouverner était une activité privée et l'État était la propriété d'une dynastie, qui exerçait la responsabilité à long terme de faire fructifier son royaume. Le roi devait laisser à son successeur un royaume prospère et paisible, dans une logique patrimoniale.
Ce qu'on peut notamment regretter, c'est qu'à cette époque l'État employait souvent son pouvoir pour imposer la foi et la morale, détenues en commun par une communauté majoritaire. Or dans nos sociétés mondialisées, le pluralisme religieux est irréversible et il n'y a plus aucune justification d'un tel autoritarisme. Mais le problème c'est que l'État social laïque est devenu lui-même paternaliste et autoritaire, sous des apparences de légitimité démocratique. En réalité, le régime oligarchique de la sociale-démocratie ne supporte aucun véritable pluralisme idéologique, et ne parlons même pas des libertés économiques » LIRE LA SUITE ICI 
(extrait d'un article  sur le site Contrepoints
 de  Damien Theillier
professeur de philosophie et président de l'Institut Coppet)

Un précurseur Antonio Rosmini


Bienheureux Antonio Rosmini,l’antitotalitaire (1797-1855)

Ses œuvres "Les cinq plaies de la sainte Eglise" et "La constitution civile selon la justice sociale"  ont été mises à l’Index des livres interdits. 
Attaqué par les jésuites mais réconforté par les visites de ses amis, dont l’écrivain Alessandro Manzoni, l’abbé Rosmini passe les dernières années de sa vie à Stresa, à la tête des deux congrégations qu’il a fondées, à écrire son œuvre la plus aboutie, “Théosophie”. 
Jugé une première fois par le Vatican en 1854, condamné par Léon XIII, il est acquitté. Il meurt à Stresa le 1er juillet 1855. En 1887, l'Église condamne 40 propositions extraites de ses œuvres, condamnation qui a été levée en 2001.
Benoît XVI a autorisé la Congrégation pour les Causes des Saints à promulguer le 26 juin 2006 le décret de sa béatification qui a eu lieu le 18 novembre 2007


dimanche 25 novembre 2012

La laïcité est une invention spécifiquement chrétienne


 (extrait d'un article du site Atlantico
 "Qu’elles veuillent l’admettre ou non, les sociétés occidentales sont chrétiennes. La laïcité est une invention spécifiquement chrétienne. Le christianisme a inventé la distinction du sacré et du profane, du religieux et du politique, du pouvoir spirituel et du pouvoir temporel. Cette distinction est la marque spécifique et le fondement même de la civilisation chrétienne. C’est ce qui rend celle-ci profondément différente des autres civilisations, à commencer par celle qui se pose actuellement comme sa grande rivale : la civilisation islamique.
La disjonction chrétienne du politique et du religieux constitue la source du succès de l’Occident. C’est d’elle qu’est née la liberté de l’individu, laquelle est à l’origine non seulement des libertés publiques européennes mais encore de la dynamique occidentale. C’est en effet à la désintrication du spirituel et du temporel, à la dissociation du sacré et du profane, qu’il faut rapporter l’invention par l’Europe occidentale – et non par d’autres grandes civilisations – du progrès technique et du développement économique, dont bénéficie aujourd’hui une grande partie de l’humanité. L’avènement de la science et de la technique moderne est certes un miracle européen, mais plus profondément encore un miracle chrétien." LIRE LA SUITE ICI
par  Jean-Louis Harouel, professeur d'histoire du droit et des institutions à l'Université de Paris II. Il est auteur prolifique d’ouvrages de droit, d’économie, d’histoire et notamment de Culture et contre-culture (1994). Il vient de publier Le vrai génie du christianisme.

vendredi 12 octobre 2012

« Le cléricalisme, voilà l'ennemi ! »

Un article de l'historien Jean Besse paru dans le dernier et très riche Messager orthodoxe aux Éditeurs réunis, concernant le cléricalisme fait trop écho à différents messages concernant le danger du pharisaïsme et les "liaisons dangereuses" entre l'Église-institution et l’État que j'ai postés ces temps-ci sur mon blog pour que je ne sois pas tenté de le retranscrire et vous inviter à acheter le n° de la revue si vous n'y êtes déjà abonné. Le voici :

Jean Besse
 "Cette exclamation vindicative de Gambetta, dans le dernier tiers du XIXe siècle, a laissé de profondes traces dans l'esprit et le comportement français. Peu fondée à l'époque οù elle a été prononcée, car confondant volontairement une apparente hostilité à l'influence du clergé catholique avec une réelle animosité antireligieuse, elle semble retrouver un nouveau sens dans la Russie d'aujourd'hui. L'article retentissant de Pierre Avril, correspondant à Moscou du quotidien Le Figaro, dans l'édition du jeudi 1er mars 2012 de ce dernier, en pleine page, sous le titre « L'Église orthodoxe affiche son soutien à Poutine», mérite quelques remarques. La partie la plus notable du texte, à la fois en sous-titre et dans la seconde colonne de la page 2, souligne la «désaffection de la pratique religieuse» révélant la « partie entamée de la légitimité de l'Église» par sa collusion avec le pouvoir post-soviétique. Le «renouveau » symbolisé par les coupoles redorées des sanctuaires serait donc moins éclatant et surtout moins durable qu'on ne le croyait. Si « le patriarche Cyrille tente de compenser» ce recul « par une proximité accrue avec le pouvoir, pas toujours bien comprise par les fidèles » (ibidem), ne faut-il pas en chercher les origines dans l'histoire moscovite des trois derniers siècles, à travers l'action politisante et peut-être purement politique des patriarches Philarète (Romanov), Nikon et Serge ?

 Kiev, jusqu'à l'invasion mongole, avait vécu de la « symphonie byzantine ». Elle était encore proche de son modèle et bénéficiait de son influence. Moscou, après la libération du XVe siècle, pouvait moins s'abreuver à la même source. Son éloignement géographique aux confins de l'Europe, la russité jalouse et méfiante qui en provint et finit par dévier en « vieille foi », l'asiatisme de sa cour, si proche de la Perse et des khanats tatars par tant de traits, développèrent une idéologie religieuse et égocentrique largement étrangère à l'universalisme romain qu'avait maintenu Byzance. Si le clergé remplace l'Église comme norme suprême, ainsi que dans, l'ex-Église hors frontières, la déviance tourne en esprit de chapelle et l'apostolat en chasse gardée.

 Dès lors, il n'est nul besoin de recourir aux cycles hégéliens pour deviner qu'après la tentative d'étouffement de la société civile par le clergé, un retournement violent se produira un jour contre l'Église tout entière, confondue avec ses évêques. Après Nikon, on eut Pierre le Grand et son Saint-Synode acéphale. Après-demain, quel Gambetta russe rassemblera les foules contre un patriarcat tenté par un « Guide Suprême » de la patrie sur le modèle iranien?

 L'Occident, en raison de l'idée papale, pourrait servir d'exemple à éviter. Boniface VIII, qui s'éteignit peu après le rude «attentat d'Anagni» (1303), avait porté à son zénith la théocratie pontificale. La bulle Unam Sanctam avait prétendu l'année précédente que « l'autorité temporelle doit être soumise au pouvoir spirituel ». Quelques années plus tôt, en 1296, il s'était fait le thuriféraire d'un cléricalisme exacerbé ; dans la bulle au titre provocateur Clericis Laïcos, véritable anticipation de l'actuel священноначалие russe (« principe sacerdotal »), il s'était exclamé : « Que les laïcs soient hostiles aux clercs, l'Antiquité nous l'apprend et l'expérience du temps présent l'atteste à l'évidence l » Il en mourut, mais l'Église continua sa route..." Jean Besse (in Le Messager orthodoxe n° 152. I-2012. Éditeurs réunis 91 rue Olivier de Serres75015 Paris)

Le professeur Jean Besse a fait paraître en 2011 un livre  sur la sainte higoumène Catherine de Lesna 



mardi 15 février 2011

Père ANDREW PHILLIPS : La puissance de la prière et du repentir

P.Andrew Phillips
Un entretien de Père André Phillips (prêtre de la paroisse de St John the Wonderworker dans sa ville natale de Colchester dans l' Essex et rédacteur des très riches et incontournables sites http://www.orthodoxengland.btinternet.co.uk et http://www.orthodoxengland.org.uk) fait en 2009 par le Roumain Mihail Bacauanu et retranscrit sur son blog http://sceptik.wordpress.com qui donne l'occasion au Prêtre anglais de ne pas mâcher ses mots une fois de plus pour l'édification de tous.


Bacauanu Mihail - Que Dieu vous bénisse, Père, je vous remercie de m'avoir permis de vous interviewer. La première question serait celle que tout le monde serait tenté de poser à quelqu'un comme vous. Comment êtes-vous devenu orthodoxe ? Je pense que chacun de nous a une «histoire» qui les a fait venir à l’Église. Certains étaient des athées et commencé à croire, d'autres viennent du catholicisme ou du protestantisme. Mais dans votre cas, comme celle de Seraphim Rose également, la "conversion" est d’autant plus surprenante, que cela s'est produit dans un lieu ignorant l'Orthodoxie. Ai-je raison? Je comprends qu’à douze ans vous avez commencé à vous poser des questions sur la vie et qu’un peu plus tard vous êtes parti à la recherche de Dieu dans d’autres confessions chrétiennes, qui se trouvaient près de chez vous. Avez-vous une idée de ce qui vous a fait commencer ce cheminement, cette recherche, et pourquoi l'avez-vous poursuivi ? Pourquoi n'avez-vous pas recherché Dieu à travers la science ou la philosophie?

Père André - Il est vrai qu'il n'y avait pour moi aucune raison logique de rejoindre l’Église Orthodoxe. Je n'ai pas été élevé dans quelque confession chrétienne que ce soit et mon père n'a pas été baptisé du tout. Cependant, quand j'étais enfant, j’étais sensible au monde qui m’entourait et je sentais qu'il y avait un autre monde près de celui-ci. Ce monde était juste au-delà du monde visible, un monde invisible, mais parallèle, qui était plein de bonnes présences et qui était en fait le monde réel, car le monde visible n'était qu'une illusion. En grandissant, j'ai voulu comprendre ce qu’était ce monde et quel rapport il avait à la vie et la mort, d'où je venais et où j’allais Alors j'ai commencé à lire des ouvrages sur toutes sortes d'idéologies, y compris le communisme, mais aussi sur les religions. C’est ainsi que j'ai découvert les Évangiles, que j'ai lus pour la première fois quand j'avais treize ans. Quand j'avais quatorze ans, j'ai réalisé que j'étais chrétien et qu’inconsciemment je l’avais toujours été. Puis j'ai visité différentes églises autour de moi, protestante, anglicane, catholique romaine, mais je ne sentais pas la présence de cet autre monde en elles. Elles étaient toutes les mêmes. J'ai ensuite appris qu'il y avait une église où je n’étais pas allé, l'Orthodoxe. J’ai lu des livres à ce sujet et je me suis dit - c'est là que j'ai toujours été. Ce n'est que lorsque j’ai eu seize ans que j'ai réussi à visiter une église orthodoxe, loin de chez moi. J’ai su dès que je suis entré dans cette église que j’étais enfin à la maison, que c'est là que j'avais toujours été dans mon âme, et que tout mon avenir serait ici dans cette église.

BM - Au cours des derniers mois nous avons assisté à des campagnes athées, qui font la propagande de l'athéisme dans certains pays européens en collant des affiches et des  messages athées sur les autobus et les métros. Il y a des gens ici en Roumanie, qui veulent bannir les symboles religieux des lieux publics, tels que les écoles. Ils veulent aussi que la théorie de Darwin y soit enseignée. Je voudrais vous demander si vous pensez que Darwin avait tort et si vous pensez que ses disciples d'aujourd'hui se trompent ? Et quand je vous demande cela, j'ai à l'esprit que partout où qu’on aille sur terre, spécialement à l'Est, le mysticisme a eu une influence énorme sur la vie des gens, alors que l'athéisme n'a jamais créé quoi que ce soit! Pensez-vous que le Christianisme a apporté quelque chose d'utile pour le monde ou juste des guerres et des luttes pour le pouvoir ?

Athéisme et  Darwinisme

Père André - L'athéisme est aujourd'hui l'idéologie à la mode de ce monde, sous toutes ses formes différentes. Les paresseux ont fait du darwinisme une excuse pour ne pas aller à l’Église et ne pas chercher à se perfectionner. Le darwinisme est un conte de fées, un mythe moderne dans tout ce qu'il dit sur l'humanité. Ses vérités ne concernent que les mondes physique, des animaux, les insectes et de la botanique et de toute façon seulement de manière limitée, parce qu'elles sont théoriques. Dire que l'univers entier est un accident est plus difficile à croire qu'un conte de fées. Si vous pouvez croire cela, alors vous pouvez croire à un conte de fées. Comment quelque chose d'aussi complexe que le cerveau humain pourrait-il n’être que le résultat du hasard ? Comment la présence de milliers de milliards d'étoiles dans le ciel nocturne pourrait n’être que le résultat d'un simple hasard ? Le bon sens nous dit qu'il y a un Créateur. Comme je le disais, le darwinisme et ses théories ne sont qu’une excuse utilisée par des gens pour justifier leurs péchés. Et ils sont encouragés en cela par le diable qui ne veut pas que les gens obtiennent la guérison de leurs péchés en suivant un mode de vie orthodoxe, acquérant la grâce des sacrements, par la prière et le jeûne. Toute cette question du darwinisme est une illusion. Le darwinisme est une théorie qui ne peut avoir été développée que par des esprits qui ne croient pas en Dieu, par des intellectuels et des fantaisistes, qui n'ont pas une compréhension de la réalité de l'âme humaine parce qu'ils ont passé trop de temps avec les animaux. Alors ils ont commencé à penser qu'ils étaient aussi des animaux. Bien sûr, si vous ne croyez pas en l'existence de l'âme immortelle, et que n’avez ni expérience ni vie spirituelles, alors les êtres humains sont des animaux. Il n'est pas surprenant que le darwinisme ait été utilisé par les fascistes et les communistes. Si seuls les plus forts survivent, alors, ils ont dit : nous avons le droit de tuer les plus faibles ou les «races inférieures» - comme Hitler, ou les «ennemis de classe», comme l’ont fait les communistes. Cependant, notre rejet des théories illogiques et irrationnelles du darwinisme ne veut pas dire que nous acceptons les idées étranges des sectaires protestants, qui, ne connaissant pas la Tradition, interprètent la Bible de manière littérale et ne comprennent ni ne connaissent les interprétations de l'Ecriture par les saints Pères de l'Eglise. Pour comprendre les Écritures, vous devez avoir une certaine compréhension de l'auteur de l'Ecriture. C'est l'Esprit Saint, et le Saint-Esprit vit à l’ l’intérieur de l’Église. C'est pourquoi en dehors de l’Église, vous ne pouvez pas comprendre les Saintes Écritures. Le Christ a sauvé le monde. Il est la Vie et la Résurrection. Le fait que certaines personnes mauvaises utilisent notre foi chrétienne pour justifier les guerres et le mal qu’ils font ne veut pas dire que le christianisme est mauvais. Cela signifie que le diable, et ceux qu'il inspire, essayeront toujours de discréditer le Christianisme. Simplement ils utilisent abusivement notre foi chrétienne dans le but de camoufler leurs propres péchés. Si le Christianisme n'avait aucune valeur, ils ne le feraient pas. Le diable, toujours, attaque ce qui est le meilleur et tente de le détruire. Si le Christianisme n'avait aucune valeur, s’il était faux, le diable n'aurait pas pris la peine d'essayer de le corrompre. Le diable n’attaque pas ceux qui ne se repentent pas - ils sont déjà ses amis. Il n'attaque que ceux qui essaient de se repentir - par conséquent, son plus grand ennemi est l'Orthodoxie.

BM - Certains affirment que l'Orthodoxie est un obstacle au progrès et qu’en général, le Christianisme est une religion inquisitoriale, oppressive et xénophobe. A en juger en remontant le temps et jusqu'à l'époque moderne, pensez-vous que l'Orthodoxie ait été un facteur rétrograde?

Progrès matériel et progrès spirituel

P.A - L'Orthodoxie est un progrès - mais du point de vue spirituel. Ceux que le monde appelle «progressistes» sont en fait rétrogrades – régressifs du point de vue spirituel. Ceci est paradoxal parce que nous, chrétiens orthodoxes, avons un système de valeurs radicalement différent de celui du monde, qui « réside dans le péché » (comme dit saint Jean). Nous avons une vision de la vie comme éternelle et immortelle – ils voient la vie comme temporelle et mortelle. Leur idéologie est toute l'idéologie de la mort. Ils disent «vivez dans le confort, profitez de cette vie tant que vous pouvez, vivre de manière aussi égoïste que vous voulez, parce que devant vous il n’y a que la mort». Mais comment pouvez-vous vivre pour le confort, quand la mort plane au-dessus de vous? Nous n'aimons pas la mort, comme ils le font, nous aimons la Résurrection. Nous ne sommes pas spirituellement primitifs, nous sommes spirituellement avancés - ils sont spirituellement primitifs, parce qu'ils croient en la mort.

BM – En lisant des textes sur vous et sur votre paroisse le mot diversité m’est venu à l'esprit : un Anglais trouve Dieu dans l’Eglise russe, prêche l'Orthodoxie en Europe occidentale (où se trouvent surtout des catholiques et des protestants), visite la Russie et la Grèce, a dans sa paroisse des Anglais, des Russes et des Roumains, célèbre de nombreux offices religieux dans d'autres langues que l'anglais, et l'un des principaux protecteurs de la paroisse est Saint Jean (Maximovitch) de Shanghai, un Ukrainien, d’origine. Comment se fait-il Père, que partout où vous allez (dans des lieux, des pays orthodoxes) vous vous sentez chez vous, alors que l'Orthodoxie, est en quelque sorte différente et pourtant toujours la même? Qu’est-ce donc qui pourrait bien nous garder unis, en étant si différents. Est-ce la résurrection du Christ ou c'est seulement notre fierté (religieuse) ?


Unité et diversité - idéologies

P.A - Nous Orthodoxes avons tous la même maison - du Christ, qui peut nous amener à notre maison dans le ciel. Nous partageons le même esprit. Des choses comme la nationalité, nos passeports, notre langue maternelle, sont toutes secondaires, car elles appartiennent à ce monde. Les choses importantes sont universelles. Notre passeport spirituel, la seule qui peut nous emmener au ciel, dit que notre nationalité est ORTHODOXE. Lorsque vous voyez une vieille grand-mère orthodoxe ou un bébé sourire après la communion – c’est international – c’est la langue de l'Orthodoxie. Tout le reste est secondaire.


BM - Beaucoup d’orthodoxes orientaux, qui n'ont pas beaucoup d'information sur l'Orthodoxie, quand ils entendent parler d’Orthodoxie aux États-Unis, en Chine, en Afrique ou même en Europe occidentale, trouvent ça bizarre. Je pense que nous sommes tous curieux d’en savoir plus sur l'Orthodoxie en Angleterre. Comment les offices divins sonnent en anglais et comment l'Orthodoxie s’harmonise avec la mentalité anglaise ?

P.A - L'important n'est pas la langue, l'important c'est l'esprit. Si nous gardons la Tradition de l'Eglise, tout sonne bien. Regardez les Roumains. Une des plus grandes réalisations de l'Orthodoxie roumaine au 19ème siècle a été la traduction [des textes liturgiques] en roumain. Avant les Roumains ne disposaient que d’offices en langue grecque ou slave. Quelqu'un veut-il revenir à la situation d'avant? Lorsque personne ne comprenait ? Bien sûr que non! Si nous sommes fidèles à Dieu à travers son Église , nous pouvons utiliser n'importe quel langage. En Angleterre, cela signifie utiliser l'anglais, la meilleure forme de l'anglais, l'anglais liturgique, qui est une belle langue, pas la langue de la rue. Nous donnons toujours le meilleur de notre culture humaine à Dieu. Mais nous utilisons d'autres langues à selon qui est présent. De cette manière, chacun peut se sentir à la maison et inclus. La seule autre différence dans nos églises, c'est que nous vénérons les saints locaux, ceux qui étaient ici en Occident avant ceux que le catholicisme romain fût inventé et avant le schisme d'Occident de 1054, lors duquel l'Occident a finalement rompu avec l’Église orthodoxe et a inventé tous ces ismes – le catholicisme, plus tard le protestantisme, le baptisme etc. Ce sont d’ailleurs les origines des autres ismes, les politiques, comme le capitalisme, le communisme, le fascisme, maintenant le mondialisme. L’Eglise n'a jamais été divisée, simplement certains groupes et certains individus se sont détachés de l'Eglise. Les Anglais et les autres occidentaux doivent accepter l'Eglise Orthodoxe comme elle est. l'Eglise ne s'adapte pas au monde, le monde doit s'adapter à l'Eglise. Nous servons tous les offices dans les langues locales occidentales. Nous les célébrons. Ensuite, les gens viennent, peut-être seulement quelques-uns, mais notre tâche est d'amener les âmes dernières âmes libres de l'Occident à la lumière de l'Orthodoxie avant la fin. Si nous plaçons à la première place, alors une mentalité anglaise (et pas n'importe laquelle) se fondra en elle.

BM - Père, il y a quelques centaines d'années, l'Europe chrétienne s’est unie et s’est battue contre les musulmans et le monde arabe. Aujourd'hui, l'Europe chrétienne soutient la construction de mosquées et fait bon accueil à l'islam. Ne trouvez-vous pas cela bizarre? Ne pensez-vous pas que l'Europe a perdu son identité chrétienne, comme le disait Saint Nicolas Velimirovich il y a quelques décennies? L'Europe peut-elle être confrontée à un effondrement non seulement démographique mais aussi spirituel, ou non?

L'effondrement de l'Europe

P.A - L'effondrement de l'Europe est un effondrement spirituel. Toutes les autres catastrophes en Europe proviennent de cet effondrement spirituel - la perte totale de la foi. Si l'Europe avait la foi, elle continuerait de croire en soi. Cela voudrait dire aux Arabes : nous ne sommes pas racistes, venez pour travailler et vivre ici, si vous le souhaitez. Mais il y a une condition : Vous devez d'abord être baptisés. Mais parce que l'Europe n'a plus de foi, elle est «tolérante» vis-à-vis de l'islam. Que veut dire «tolérant» ? Cela signifie indifférent, incrédule. Ceci est dangereux. C'est ce qui rend les gens tolérants vis-à-vis du diable également. Qu'importe ce que vous croyez - nous devons être «tolérants» - sataniste ou chrétien, c'est tout pareil pour des âmes mortes. L'effondrement démographique de l'Europe est du même ordre. L'Europe ne croit pas en la vie, parce qu'elle a perdu la foi en Dieu, la source de toute vie, le Créateur de la vie. Par conséquent, elle croit à la mort - l'avortement, l'euthanasie, tout cela c’est l'industrie de la mort et l'Europe est amoureuse de cette industrie de la mort. Si l'Europe croyait en la résurrection, elle n’avorterait jamais son avenir. L'origine de cela est dans l’obsession catholique romaine et protestante de la crucifixion du Christ, au lieu de la Résurrection.

BM - En parlant de l'Europe, les Roumains sont en plein scandale concernant l’implémentation de puces RFID ( identification par Radio Fréquence) dans les passeports, les cartes d'identité et le permis de conduire. Même si ce n'est pas le signe prédit dans l'Apocalypse, chapitre 13, beaucoup considère cela comme l'étape juste avant, tandis que d'autres sont fortement en désaccord, et se sentent offensés en quelque sorte par nos protestations. Je voudrais vous demander: que pensez-vous des puces RFID et comment voyez-vous cela dans l'avenir ? Pensez-vous qu’un état policier (Big Brother) est en train de naître? Vivons-nous maintenant au début de l'Apocalypse, ou pas encore ? Devrions-nous même nous préoccuper de cela ?

Puces RFID et Apocalypse

P.A - Il y a des choses qui sont de première importance, pour lesquelles nous devons être prêts à mourir. Les dogmes de l’Eglise, la Sainte-Trinité, la divinité du Christ, le Homme-Dieu. Nous devons être prêts à souffrir le martyre pour ces vérités. Il y a d'autres choses que nous regrettons, mais elles n'ont pas la même importance. Par exemple, je pense que les Orthodoxe pourraient s’accorder sur le fait que le monde serait meilleur sans la télévision moderne. Mais allons-nous mourir pour cela? Non. Il en est de même avec ces puces. Il serait préférable de les éviter, mais si l'Etat insiste, alors nous les accepterons. Bien sûr, elles sont finalement en train d’ouvrir la voie à l'Apocalypse, mais les deux guerres mondiales ont ouvert la voie à l'Apocalypse beaucoup plus rapidement. Et elles ont eu lieu. Nous ne pouvons pas changer cela. «Rendez à César ce qui appartient à César». Soyons clairs tout de même. Je n'aime pas ces puces, que l’EU veut nous imposer, mais parce qu'elles ne me feront pas renier le Christ, je vais les accepter à contrecoeur, s'il n'y a pas d'alternative. Je crains que certaines personnes très simples, très pieuses, avec «un zèle sans mesure avec le savoir », fassent de ce problème quelque énorme tentation et de cette manière risquent de s'éloigner de l’Eglise. Dans ce cas, je considérerais ces puces comme un «moindre mal». C'est la même chose avec le calendrier. En Russie on appelle le nouveau calendrier le « calendrier communiste », parce que ce sont les communistes qui l’ont introduit. Ici, en Europe de l'Ouest, nous l'appelons le calendrier catholique - parce que c'est ce qu'il est. Le nouveau calendrier est une erreur. Mais il y a un mal plus grand que ce nouveau calendrier, c’est de commencer un schisme à ce sujet, comme vous l'avez avec certains zélotes en Roumanie, et de se détacher de l'Eglise à cause de cela. Nous faisons s'approcher l'Apocalypse à travers notre âme. Tant qu’il y aura même seulement quelques âmes qui lutteront par leur ascèse contre leurs péchés personnels, l'Apocalypse ne n’adviendra pas. L’Antechrist ne peut venir que quand il n'y aura plus de grâce dans le monde. Appartenons à ces quelques âmes qui luttent par l’ascése et la prière - c'est ainsi que nous retarderons l'Apocalypse. C’est beaucoup plus important que de se battre d'une manière laïque contre les puces électroniques. Nous devons prier contre eux.

BM - Sur le même sujet, certains évêques ont dit que nous ne devons pas avoir peur de la RFID et les politiciens rejettent avec arrogance l'idée que l'État pourrait influencer d'une manière ou d'une autre, notre rédemption. Comment voyez-vous la relation entre l’Église et l'État? Les prêtres roumains sont payés par l'État.

L’Église et l'État 

P.A - La relation entre l’Église et l'État a toujours été sujet à tensions - et elle le sera toujours. L’Église est « dans le monde, mais pas du monde», l'État est de ce monde. Quand le clergé est payé par l'État, il doit être particulièrement prudent pour ne pas devenir des marionnettes ou des outils de l'État. Nous devons parler par l'Esprit Saint, non pas avec l'esprit laïque des politiciens et des bureaucrates.

BM - L'Eglise orthodoxe roumaine a fait des compromis avec les communistes. Il est vrai que certains évêques ont été tués par les communistes et que des milliers de prêtres ont été emprisonnés. Toutefois, l’opinion qui prévaut est celle du compromis. La justification en était le «salut» de l’Église. Est-ce que l’Église orthodoxe roumaine a pris la bonne décision? Aujourd'hui, il semble l'histoire se répète. Est-ce digne cette sorte de compromis?

P.A - L’Église ne fait jamais de compromis. L’Église est le Corps du Christ. Les vrais représentants de l’Église orthodoxe roumaine ont été ces centaines de milliers de personnes qui ont souffert sous le régime communiste – ce dont beaucoup sont morts. Bien sûr, il y avait des personnes qui ont fait des compromis, et certains d'entre eux ont été des évêques et des prêtres. Priez pour eux parce que leurs âmes sont tourmentées, car ils n’ont pas été fidèles à l’Église, mais ils ont nagé avec la marée. Je pense que nous devons être très prudents en la matière. Certaines personnes aiment à condamner les évêques et les prêtres de leurs erreurs. Mais qu'auraient-ils fait s'ils avaient été dans leur position sous le joug communiste? Peut-être auraient-ils commis des erreurs encore pires. Sur ce sujet, je tiens à vous dire quelque chose de terrible mais vrai. À ceux qui condamnent les évêques et les prêtres de l'Eglise compromis, je répondrai ceci: «Nous obtenons les évêques et les prêtres que nous méritons. »

BM - Le mois dernier, à Iasi, après une conférence sur les prisons communistes et les martyrs qui sont morts à cette époque, un miracle s'est produit. Des os de ces martyrs s’est écoulée de la myrrhe. Je comprends qu'en Russie ils aient déclaré ces martyrs saints. En Roumanie, les évêques ne veulent pas faire la même chose. Pensez-vous qu'ils sont saints? Avez-vous un message pour les Roumains et de ces évêques qui en doutent ?

Vénération des nouveaux martyrs

P.A - Au peuple roumain, je dirais: Vénérez ces nouveaux martyrs. Ce sont les saints qui peuvent sauver la Roumanie d'aujourd'hui. En Russie, les nouveaux martyrs glorifiés l’ont été seulement à cause de la vénération populaire. Si vous faites pression sur les évêques, ils vont canoniser les nouveaux saints de la Roumanie. Il doit d’abord y avoir une vénération populaire généralisée. Peignez leurs icônes, célébrez des offices nouveaux pour eux, allez en pèlerinage, écrivez des livres sur leur vie, avec tous les faits et les détails. C'est la chose la plus importante, la plus vitale, que vous pouvez faire dans l’Église roumaine d'aujourd'hui. Glorifiez vos saints! A la fin, les évêques roumains se réuniront en Synode et les canoniseront. Dans l’Église russe, il n’y a une grande renaissance seulement maintenant qu’à cause de ces nouveaux martyrs et de leur glorification populaire. Les évêques suivront les gens dans cette affaire. N'attendez pas que les évêques vous conduisent à ce sujet. Les gens doivent commencer en créant la pression pour leur canonisation. C'est ce qui s'est passé en Russie - par les prières des nouveaux martyrs. Le diable et le monde détestent les saints. Les vrais Orthodoxes les aiment.

Concile pan-orthodoxe

BM - A la fin de cette année un grand Concile pan-orthodoxe est prévu. Certains sceptiques disent que c’est l'hérésie qu'il enseignera. Mais quoi qu’il en soit du résultat, une chose est sûre: il ya beaucoup de problèmes à résoudre. Quel est votre avis? En particulier, si nous devons réfléchir à ce qui a été signé à Ravenne, le mouvement œcuménique sera le sujet principal.

P.A - Ce conseil n'aura pas lieu si tôt. Il y a de nombreux obstacles. Même s'il a lieu, il n'y a aucune raison de penser qu'il soit obligatoirement mauvais. Il peut résoudre certains problèmes. Quant à Ravenne, il n'était pas canonique, il n'a pas été signé par toutes les Eglises orthodoxes. Dans tous les cas, il ne peut y avoir quelque chose comme un concile qu'après que ses décisions ont été reçues par le peuple orthodoxe. Si les décisions ne sont pas reçues par le peuple, alors ce n'est pas un concile, c'est juste une réunion d'intellectuels et de politiciens, de bureaucrates de l’Église, de laïcs dans des vêtements cléricaux, des agents du gouvernement. Il s'agit d'un concile de brigands, rien à voir avec nous.

"Occidentaux" et "orientaux"

BM – Pour revenir à des choses plus importantes, dites-nous quelque chose de vos missions à travers l'Europe. Vous devez avoir quelque chose à dire! Quels ont été les bonnes et les mauvaises choses que vous avez recontrées ? Quels sont les endroits que vous voulez visiter à nouveau et où voulez-vous aller, où vous n'avez jamais été ? Comment sont les gens originaires d'Europe occidentale, par rapport à ceux de l'Est? La tendance est de diaboliser les premiers.

P.A - Je ne peux pas quitter mon église, mais si je le pouvais, je voyagerai dans toutes les parties du monde orthodoxe, où je ne suis pas allé. Je suis particulièrement attiré par la Bucovine et la Moldavie. Et je voudrais revenir à l’Athos, puis aller à Diveevo et Optina en Russie. Mais Dieu va me donner cette occasion seulement quand j’en serai digne. Et puis je ne suis jamais allé à Jérusalem et à la mer de Galilée. Mais c’est comme Dieu le veut. Les gens de l'Ouest sont plus rationalistes que les Européens de l'Est. Les Européens de l'Est sont plus spontanés, ils ont plus d'âme. Si leurs âmes sont bonnes et orthodoxes, alors vous vous sentez aussitôt chez vous. Les Occidentaux sont toujours en train de penser, toujours en train de calculer, ils sont moins spontanés, leurs âmes ne sont pas aussi visibles. C'est à cause des déformations de la culture occidentale, qui se sont produites depuis 1054. Cela peut être très ennuyeux. Les Orthodoxes ont le feu dans leur âme, ils sont spirituellement vivants. D'autre part, de nombreux Européens de l'Est ont abandonné Dieu et ainsi leurs âmes sont devenues pleines de passions. Et qui peut être très mauvais, comme nous l'avons vu sous le communisme.

BM - Quels sont les principaux péchés qui affectent le monde aujourd'hui? Ce que nous devrions abandonner et gagner afin de sauver nos âmes? Sommes-nous seuls rachetés seuls, ou en tant que nation? Peut-on encore parler de nations aujourd'hui ?

Survie des nations

P.A - Les péchés capitaux sont les mêmes que toujours. Il n'y a rien de nouveau sous le soleil. Ce sont seulement les excuses pour les péchés qui changent. Maintenant, nous rejetons la faute sur l'Internet, la télévision ou autre chose. Nous devons revenir à l'Eglise, et même dans de nombreux cas découvrir l'Église pour la première fois. Nous trouvons le salut en tant que personne, mais une âme qui trouve le salut peut en sauver des milliers d'autres autour d’elle. Les nations sont en train de s'effondrer aujourd'hui. Elles ne peuvent survivre que s'il s’y trouve suffisamment d’âmes fortement ascétiques pour conserver leur identité nationale et garder leurs peuples ensemble.

BM - Tout le monde parle d'une crise : financière, énergétique, spirituelle ... Certains des Anciens et des saints Pères pensent que la crise signifie le jugement de Dieu pour les péchés du monde. Mais pour ces athées et ces philosophes qui rejettent cette explication, est-ce que le rationnement de l'eau, et l'interdiction d'avoir plus d'un enfant, peuvent être de véritables solutions?

La crise

P.A - Le mot «crise» est grec. Il signifie le jugement. Si l'humanité se repent, tout est possible. Les mesures humaniste, athées retardent seulement la crise mais ne la résolvent pas. La crise est toujours là et ne s’en va pas. Cette crise sera permanente, s'il n'y a pas de repentance.

BM - La science cherche essentiellement à améliorer les plaisirs de la vie et à se débarrasser de la douleur. Ils ont trouvé des «remèdes» à la peur, à l’inhibition, et ainsi de suite. Alvin Toffler, dans son livre Future Shock, écrit que tout ce mécanisme est contre nous, et les conséquences, comme il l'écrit, en sont aujourd'hui reconnues, dans le monde entier. Avons-nous fait de la science un Dieu, comme le dit Saint Justin Popovitch? Sommes-nous esclaves des découvertes techniques ? De quelle manière cet "esclavage" peut-il affecter nos vies, notre rédemption? Peut-on maintenir la télévision en ruinant la vie des jeunes? Peut-on atteindre un but dans la vie grâce à la technologie?

La technologie

P.A - La science est tout simplement l'idolâtrie moderne. La science est la connaissance de la création. L’antique idolâtrie concernait le culte de la création. L'idolâtrie moderne concerne le culte de la connaissance de la création, de la science. Cela est tout aussi primitif que l'idolâtrie de ceux qui adoraient le soleil, la lune, les montagnes, les pierres, les mers et les rivières. Les idolâtres antiques étaient esclaves de leurs idoles, leur offrant des sacrifices humains - ainsi nous sommes des esclaves modernes, nous faisons des sacrifices humains à la science de Tchernobyl ou de la technologie embryonnaire. Cette idiolatrie signifie que nous ne sommes plus libres d'adorer Dieu, le Créateur. Nous ne pouvons pas adorer la fois la création et le Créateur. Cela est évident. Nous ne devrions pas rejeter la faute de notre corruption sur la télévision. Nous cherchons toujours à nous défausser sur les autres! Nous nous sommes corrompus par notre propre attachement aux choses comme la télévision. Nous avons à être libres. Le Christ a dit: Voici, je te libère. La télévision n'est pas mauvaise en soi - nous l’avons rendue mauvaise. La même chose s'est produite pour chaque invention de l'homme, du simple couteau à l'arme à feu, du téléphone mobile à l'ordinateur. Nous les rendons tous mauvais. Regardez l'espace. Les premiers satellites ont été lancés il ya cinquante ans. Maintenant, qu'est-ce qu'ils en font, ils militarisent l'espace, ils ont des «satellites tueurs». Si les êtres humains vont vivre sur la lune, qu’est-ce qui va arriver ? Ils vont commencer à s'y entre-tuer, comme sur la terre. Un but dans la vie grâce à la technologie ? Cela voudrait dire que notre objectif dans la vie, c'est l'esclavage.

BM - Père, tout arrive si vite autour de nous, comme si nous n'avions pas assez de temps. Le stress est le maître mot pour chacun de nous. Cela affecte même l'Église. Ce sera peut-être une question stupide, mais comment peut-on se débarrasser du stress? De plus en plus de personnes sont dépressives. Surtout en occident, avec cette crise financière ... Nous voyons dans les médias, télévision, journaux, de nombreux jeunes qui sont en colère contre la vie et qui choisissent de tuer d'autres personnes sur leur chemin. Ils prennent un fusil et tirent tout simplement sur tous ceux qu'ils rencontrent, puis se suicident. Comment cela se produit-il ? Se pourrait-il que la plupart d'entre eux, la quasi-totalité d'entre eux, soient traités pour dépression? Qui est à blâmer? L'éducation? Les amis ? La télévision ?

Les démons

P.A - Le manque de prière est à blâmer. Sans la communion avec Dieu, l'être humain devient fou, parce que là où il n'y a pas de prière, les démons envahissent. Ces jeunes qui perdent la tête et tirent sur dix ou vingt personnes, sont possédés par des démons. Les démons tuent. Les démons n'ont pas de corps, ils ont besoin de corps pour opérer à travers eux. C'est pourquoi ils possèdent les gens. Il est très facile de faire cela maintenant, parce que tant de gens, surtout parmi la jeune génération, ne sont pas baptisés. Le monde moderne attire tous les démons de l'enfer. Bientôt, si cela continue, à Dieu ne plaise, l'enfer sera vide, car tous les démons seront sur la terre.

BM – Est-ce que les Saints Pères conviennent à notre époque ? De quelle manière peuvent-ils donner des réponses à nos problèmes? Les Ecritures ne sont-elles pas vieilles et poussiéreuses ? La science dirait que oui ...

Saintes Écritures et Saints Pères

P.A - Les Saintes Écritures expliquent qui est Dieu, combien Il nous aime et comment nous pouvons communiquer avec lui. Les Saints Pères nous aident à comprendre les Saintes Écritures. La science explique, ou tente d'expliquer très faiblement, comment Dieu crée. Les deux choses sont totalement différentes. Les Écritures ne sont poussiéreuses que si nous nous comportons comme les athées et les laissons traîner sur une étagère. Mes Écritures ne sont pas poussiéreuses.

BM - Vous avez écrit des livres. Pouvez-vous nous en dire plus?

P.A - J'ai écrit six livres en anglais. Ils sont faits pour aider les Anglais ou les anglophones à venir à l'Eglise, en expliquant ce qu’est l'Orthodoxie culturellement et pourquoi ils n’ont pas de raisons rationnelles de rejeter l'Église orthodoxe.

BM - Sont-ils disponibles sur Internet ? De combien de temps date votre dernière publication ?

P.A – J’ai un livre électronique en ligne sur Internet. Je n'ai pas écrit un livre depuis 2000. Tout ce que j'écris maintenant, c'est directement sur Internet.

BM - Nous sommes près de la fin de cette interview et je tiens à vous poser quelques questions. Comment voyez-vous l'avenir du monde, et si vous aviez le pouvoir de faire quelque chose (disons roi pour un jour), que feriez-vous? Souhaiteriez-vous parler aux gens? Souhaiteriez -vous faire adopter une loi ?

Le pouvoir du repentir

P.A - Le monde évolue rapidement vers sa fin, mais cette «avancée» peut aussi ralentir. La fin peut-être encore loin. Ce ralentissement ne peut venir que par le repentir. C’est le seul pouvoir que je voudrais, car il n'y a qu'un seul pouvoir qui peut vraiment changer quoi que ce soit. Et c'est la puissance de la prière. Malheureusement, ma prière est très, très faible. Être roi pour un jour ou adopter des lois est inutile. Les politiciens sont eux-mêmes manipulés. Seule la prière, la force qui ne dépend pas de ce monde, peut changer quelque chose en lui. Seule la prière constitue un exemple. Les mots sont faibles. Avec la prière, vous pouvez renvoyer les démons en enfer, auquel ils appartiennent. Sans la prière, cela est impossible et les démons errent sur toute la planète, entraînant la destruction, le suicide, la misère.

BM - Un dernier message pour les Roumains qui lisent cette interview. Comment voyez-vous la Roumanie de loin (mais aussi spirituellement, politiquement). J’ai compris que vous aviez Roumains dans votre paroisse ...

Les Roumains

P.A - je rencontre deux sortes de Roumains ici. L’une est admirable, c’est un exemple pour tous les occidentaux. Ce sont les Roumains qui vivent leur foi. L'autre sorte de Roumains est orthodoxe, mais orthodoxe par folklore. Par exemple, il y a deux semaines, j'ai eu une Roumaine qui est venue à moi pour se marier. Elle avait déjà organisé la cérémonie laïque, les vols de Roumanie pour les parents, la réception, la nourriture, les boissons, la musique de danse, tout. Mais alors elle avait pensé à l’église, comme une sorte d'extra. Malheureusement, elle avait prévu de se marier un samedi. J'ai dit que je ne pouvais pas faire cela parce que l'Eglise interdit les mariages le jour où l’on commémore les défunts et où nous devons nous préparer à recevoir la communion le dimanche, le jour de la Résurrection. Nous célébrons les mariages le dimanche. Elle était très triste. Tout cela est arrivé parce qu'elle n'avait pas pensé à la chose la plus importante, l'Église, en premier lieu. Elle a dit qu'elle irait trouver un autre prêtre qui la marierait un samedi, si elle le payait. Politiquement, la Roumanie est aujourd'hui confrontée à un choix. Un choix est de prendre la route qui mène à l'Europe occidentale, la laïcité de l'Union Européenne. Si vous prenez cette route, alors dans quelques années vous aurez de jeunes roumains qui tireronyt sur leurs copains d'école, des mosquées partout en Roumanie, des hommes politiques roumains qui voteront pour l'euthanasie, qui rendront l'avortement et la contraception disponibles gratuitement pour les filles à treize ans, tout comme en Angleterre, en France, en Allemagne, en Finlande ou aux Etats-Unis ou tout autre pays occidental. Puis vous cesserez d’être Roumains. Vous devrez faire partie de Babylone. L'autre choix est difficile. C'est la route de l'histoire spirituelle de la Roumanie, la route de votre identité spirituelle, la route de vos saints roumains, y compris les nouveaux saints du XXe siècle. La première route est la route de la mort, à la fois le suicide physique et spirituel. La deuxième route est la route de la Résurrection, la route de la vie. C'est le choix du peuple roumain historique. En tant que membre d'une nation qui a tragiquement choisi la première voie, je vous mets en garde contre cette première voie.

BM - Merci pour votre temps que vous m’avez accordé, je sais qu’il est très précieux, ainsi que pour votre gentillesse d’avoir accepté cette interview. Que Dieu vous bénisse, et que Dieu nous aide tous. Bonnes Pâques !"
(version française et sous-titres de Maxime le minime)