La connaissance de Dieu par Geronda AIMILANOS


Geronda Aimilianos de Simonos Petra
INTERPRÉTATION DU PSAUME 18
Extrait 

"[…] Verset 13.
Ses péchés, qui les connaît?
De ceux qui sont cachés en moi, purifie-moi, 

Ce verset nous révèle à quel point le psalmiste connaissait son âme, l’âme humaine. Voyez comment il sépare sa condition pécheresse de la gloire de Dieu et de l’expérience de sa gloire : « Moi, mon Dieu, je suis... je ne suis rien! Je suis pécheur. » Ses péchés, qui les connaît? «Je ne te dis pas que je n’ai pas de péchés en moi, car qui peut compter et comprendre le nombre de ses péchés? Depuis 1e ventre de ma mère, je suis pécheur. Mais toi, tu ne cesses d’être pur, saint, glorieux, d’être celui qui peut entrer en moi, m’illuminer et me purifier. »

De la gloire de Dieu, nous sommes entrés dans les ordonnances, lesquelles nous introduisent dans la pureté, la sainteté, les énergies de Dieu. Par comparaison nous comprenons notre état de pécheur. Vous voyez, l'important n’est pas de lire un texte intellectuellement, l’important est de vouloir le comprendre, de le demander à Dieu. Et immédiatement tout ce qui nous paraissait obscur s’éclaircit. L’important, c’est le désir d’une rencontre personnelle avec Dieu. Ses péchés, qui les connaît? C’est ma faiblesse. Que peut faire ta puissance? Moi, le néant, je suis uni à toi, le saint et grand Dieu! De ceux qui sont cachés en moi, purifie-moi. Puisque David se réfère à son indignité, à sa nullité, il pense tout de suite aux péchés qui sont cachés en lui. Pourquoi demande-t-il à en être purifié? Parce qu’il a le sentiment de se tenir avec assurance devant Dieu, le sentiment d’avoir un cœur bon, une bonne conscience vis-à-vis de Dieu.

   Le psalmiste ne pèche pas à l’instant, mais il n’ignore pas que des péchés sont cachés en lui. Il y a dans son âme tout un bourbier. Il le rejette, car celui-ci l’éloigne de Dieu. Quand un saint s’unit à Dieu, cela ne signifie pas qu’il cesse d’être pécheur. «Toi, le Dieu de gloire, toi, le Dieu saint, tu t’unis à moi qui suis fange, boue, éponge absorbant toutes les iniquités. Puisque j’ignore les péchés qui sont en moi, je te prie, mon Dieu, de ceux qui sont cachés en moi, purifie-moi. » Ceci est la ma- gnificence de Dieu dans toute sa profondeur et le sommet de sa perfection.

Ce n’est pas tant la reconnaissance de notre état pécheur, voire nos péchés eux-mêmes — les péchés nous endurcissent — qui nous conduit au repentir, mais plutôt la perception de la sainteté et de la gloire de Dieu, par lesquelles nous sommes conduits à vouloir ressembler à Dieu. «De tout ce que j’accomplis par ignorance, par inattention, mon Dieu, purifie-moi. »


 14. et de ceux qui me sont étrangers, préserve ton serviteur, 
qu'ils ne dominent pas sur moi, 
alors je serai sans reproche, et pur du grand péché.

 Nous trouvons habituellement le commentaire suivant: « Seigneur, ne laisse pas ton serviteur avoir part aux péchés des autres hommes, ne les laisse pas m’entraîner au péché, car mes propres péchés me suffisent. »
Dans notre psaume, un autre sens se déploie. La phrase préserve ton serviteur, indique le sentiment et la conscience d’être un serviteur de Dieu. Le mot étrangers se rapporte à ce qui est étranger à Dieu.  « Puisque je te demande, mon Dieu, d’entrer dans mon âme, je t’en prie, ne permets pas qu’il y ait dans mon cœur d’autres sentiments, d’autres actions, d’autres buts qui m’aliènent.»  Certains commentaires donnent au mot «ton serviteur» cette explication: «Mon Dieu, je suis ton serviteur, sauve-moi des dieux étrangers.» Ses péchés, ceux qui sont cachés en lui, entraîne le psalmiste à penser au terrible péché de l’idolâtrie. C’est la raison pour laquelle il implore : «Aie pitié de moi, mon Dieu, préserve-moi des dieux étrangers », ou bien : « empêche-moi de tomber dans l’erreur de l’idolâtrie. »
Le texte hébreu nous dévoile un autre sens, magnifique. Qu’est-ce qui, par excellence, nous éloigne de Dieu? C’est notre orgueil. Au lieu de dresser une tente pour Dieu, nous dressons la nôtre. Seul l’orgueil peut nous éloigner de Dieu. L’orgueil se tapit aux tréfonds de nous et il peut, alors que de la boue nous avions atteint les astres, nous faire tomber de nouveau, non seulement dans la fange, mais dans les enfers.

 Que les étrangers ne dominent pas sur moi. Si nous ne sommes pas dominés par un désir égoïste, par l'orgueil, par notre volonté propre ou par tout autre chose qui ne soit pas Dieu, alors nous serons nous aussi immaculés, nous serons purifiés, nous échapperons au grand péché. Quel est-il? C’est l’éloignement de Dieu, l'apostasie, l’absence de repentir, l’idolâtrie, le reniement : « Va-t’en, mon Dieu! » ou bien « Arrête-toi. Ici, C’est moi qui règne. Tu es Dieu, mais moi aussi je suis dieu. » Deux Dieux qui se heurtent.

Qu’iIs ne dominent pas sur moi. Si par l’action de ta grâce je ne suis pas dominé par tout ce qui vient d’être énoncé — car je sais que des désirs égoïstes sont cachés en moi, je connais ma corruption, l’odeur nauséabonde qui se dégage de moi —, alors j’échapperai au grand péché

La préoccupation de David, c’est la connaissance de Dieu, qui s’acquiert par différentes formes de révélations. Si le Royaume des Cieux est la connaissance de Dieu, le plus grand péché est l'ignorance de Dieu. Et c’est cette ignorance que David veut montrer par le verset alors je serai sans reproche, et pur du grand péché. Préserve ton serviteur afin que l'ignorance ne l'emporte pas sur lui, que ton rayonnement ne cesse de l’illuminer, que tes révélations ne lui fassent pas défaut. L’ignorance de Dieu est la cessation de nos relations avec lui, tandis que la connaissance de Dieu conduit à l’union divine. Si nous ne sommes pas vaincus par ce terrible péché, par cet ennemi perfide qu’est l’orgueil, notre communion ne s’interrompra jamais, et la révélation divine sera de plus en plus directe. […] "

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