Une conversation avec le Métropolite Athanasios de Limasol à propos de son livre, Le cœur ouvert de l'Église [1/5]

LA PATIENTE ENDURANCE EST LE FRUIT DE LA VERTU ET ELLE  EST NOURRIE PAR LA PRIÈRE
Une conversation d'Anastasia Rakhlina avec le métropolite Athanasios de Limassol à propos de son livre, Le cœur ouvert de l'Église

Metropolite Athanase de Limasol. Photo: V. Yeshtokin / Pravoslavie.ru

Dans le livre, Le cœur ouvert de l'Église, (Éditions du Monastère Sretensky [en russe] 2014) sont réunis les souvenirs de Mgr Athanasios sur les Anciens – ascètes contemporains à l’école desquels il a été – ainsi  que les sermons et les enseignements du Métropolite de Limassol, qui est bien connu non seulement dans le monde orthodoxe, mais aussi au-delà.  Quels exemples les Anciens peuvent-ils nous donner, par leur vie,  à nous chrétiens qui vivons dans un monde très compliqué aujourd'hui ? Et  que pouvons-nous et devons-nous opposer à l’avalanche de problèmes qui viennent  se précipiter sur nous au point de nous ensevelir ? Telles sont les questions que notre correspondante de Pravoslavie.ru a posées, et plus encore, dans une entrevue avec le l’éminent pasteur de Limassol, alors qu'il était à Moscou.
    

"Priez toujours"


Nous laïcs aimons beaucoup les histoires qui racontent des miracles, et qui parlent  de charismes remplis de grâce, mais nous oublions un peu le prix qu’il nous faut payer pour ces choses. Votre livre s’ouvre sur une conversation sur le saint Ancien Joseph L’Hésychaste. Parlez-nous un peu plus des œuvres  que lui et sa communauté ont accomplies, et des leçons que nous, laïcs, pouvons en tirer – sans, bien sûr, rêver de pouvoir les imiter en tout.

Mgr Athanasios  –

Le saint Ancien Joseph L’Hésychaste vivait sur le Mont Athos, cependant je n’ai pu réussir à le rencontrer de son vivant, vu qu’il est entré dans le repos de Dieu en 1959. Mais j’ai eu l'occasion de rencontrer tous ses disciples.
Mon Père spirituel, l’Ancien Joseph du monastère de Vatopedi – était un disciple, le premier disciple de l’Ancien Joseph L’Hésychaste, et ainsi ma vie monastique a commencé sous l'influence de son école spirituelle.
L’Ancien Joseph a été l'une des figures spirituelles les plus remarquables sur le mont Athos au XXe siècle. C’était un grand ascète, mais aussi un remarquable hesychaste. Sa vie fut pleine de miracles et remplie de la présence active de Dieu et la Très Sainte Mère de Dieu. En dépit du fait qu'il était un ermite – il ne quittait jamais son ermitage en effet – quatre de ses disciples sont devenus ensuite les pères spirituels de centaines de moines.
À l'heure actuelle, nous sommes environ un millier de moines qui sommes des enfants spirituels de l'Ancien Joseph L’Hésychaste. Sur les vingt monastères du mont Athos, six d'entre eux ont été revivifiés par les enfants spirituels de l'Ancien Joseph. Nous considérons que ses prières et sa présence ont fortement influencé notre vie monastique.
Nous avons hérité trois choses importantes de l'Ancien Joseph L’Hésychaste et de ses disciples : la première consiste dans la valeur de l'obéissance à l'Église et à un Ancien. La seconde, à participer à la Divine Liturgie, à l'Eucharistie, et ce dans une communion régulière. Et la troisième est la pratique de la prière mentale.
Notre vie monastique entière a été et est consacrée à ces trois choses importantes. L'Ancien Joseph L’Hésychaste consacrait six heures tous les soirs à la prière mentale incessante.
Il passait huit heures dans la nuit à veiller. Six heures étaient consacrées à la prière mentale et aux lectures spirituelles, et deux heures à la Divine Liturgie, qui était célébrée quotidiennement. Tout cela commençait au coucher du soleil. Sur l'Athos, huit heures après le coucher du soleil, c’est déjà l’aurore, surtout en été.
Et après l’aurore, les pères se reposaient un peu, puis, après un petit-déjeuner consistant en une petite tasse de café et quelque morceau de pain sec, ils travaillaient très dur pour assurer leur survie. Dans l'après-midi ils prenaient le déjeuner, et ensuite ils s’allongeaient pour dormir. Une heure avant le coucher du soleil, ils se levaient et encore une fois célébraient les Vêpres par la prière du Komboskini, prenaient une tasse de thé ou mangeaient quelque fruit, et après le coucher du soleil débutait la veillée de toute la nuit, qui durait huit heures.
Ses disciples ont vécu avec une telle règle, et pendant un certain temps, nous avons également vécu ainsi.
Aujourd'hui, c’est une grande bénédiction que l'enseignement de l'Ancien Joseph se soit répandu dans l'ensemble du monde orthodoxe. Mais même les chrétiens occidentaux et des personnes d'autres religions, sont intéressés par l’Ancien et traduisent ses quelques oeuvres dans leurs propres langues.

Aujourd'hui les laïcs sont tellement affairés que le matin quand ils montent dans la voiture ils écoutent des enregistrements de la règle du matin, et gloire à Dieu qu'ils parviennent à faire encore cela. Que devraient faire les laïcs, nos contemporains, qui sont pris par leur travail, mais qui devraient néanmoins prier et venir à l'église?

        Mgr Athanasios  –  La prière est le souvenir incessant de Dieu. La présence de Dieu doit être incessante dans notre vie. Si nous apprenons à dire la prière de Jésus, cette petite prière: «Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, accorde-moi ta miséricorde », si nous nous adressons à Dieu constamment, si nous faisons la prière de Jésus en tout temps – lorsque nous prenons une douche, lorsque nous mangeons, ou quand nous sommes dans la voiture (au lieu d'écouter la radio), ou lorsque nous sommes dans le métro, le bus, ou à l'église – ce sera plus que suffisant. Le souvenir de Dieu doit accompagner toutes les choses que nous faisons dans notre vie. [à suivre]

(version française par Maxime le minime de la source)

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