Une meilleure compréhension des divergences entre l’Église orthodoxe et l’Église latine

Jean-Claude Larchet vient de faire paraître sur orthodoxie.com un compte-rendu critique du livre du "Métropolite Amphiloque (Radović) du Monténégro et du Littoral, « Le mystère de la sainte Trinité selon saint Grégoire Palamas », suivi d’un entretien avec l’archiprêtre Jivko Panev, traduit du grec par Yvan Koenig, préfacé par Jean-Claude Larchet lui-même, aux éditions du Cerf, Paris, 2012, 326 p., collection « Orthodoxie ».
J'ai été bien inspiré de faire paraître quasi simultanément l'étude de Père André Borrely qui permet une fois de plus "une meilleure compréhension des divergences entre l’Église orthodoxe et l’Église latine dans les domaines de la théologie, de l’anthropologie et de la spiritualité, et par là contribue au dialogue théologique entre elles" comme le souhaitent sincèrement ceux qui rêvent d'unité profonde et réelle fondée sur des bases solides qui ont peu de choses à voir avec de manipulations conceptuelles qui pour être  iréniques n'en déforment pas moins la réalité et en peuvent donner que des mensonges ou des déceptions qui ne mèneront pas loin... 

Voici quelques extraits de cette recension de Jean-Claude Larchet qu'il est conseillé de lire en son intégralité  sur orthodoxie.com ainsi que le livre évidemment :



"[...] Saint Grégoire Palamas est l’un des témoins les plus représentatifs de la continuité vivante de l’ère patristique et, de même qu’il est indissociable des Pères qui l’ont précédé, la théologie orthodoxe est indissociable de lui.[...]
  Mgr Amphiloque tout en admettant qu’il puisse exister une certaine ressemblance entre la distinction palamite de l’essence et des énergies divines et certains éléments philosophiques du néo-platonisme refuse l’idée, souvent soutenue aujourd’hui, d’une influence directe et fondamentale de celui-ci.[...]

Sans nier la thèse fondamentale de Meyendorff selon laquelle les adversaires de Palamas (Barlaam, Akindynos et Grégoras) étaient avant tout des humanistes byzantins, héritiers ou restaurateurs de l’hellénisme antique qu’ils avaient recouvert d’un vernis patristique, Mgr Amphiloque étend sa réflexion en amont et montre que cet humanisme, proche de l’humanisme qui s’est développé en Occident à la même époque, est une conséquence logique de la conception de Dieu initiée par Augustin d’Hippone, développée par Thomas d’Aquin et formalisée par la scolastique cette conception de Dieu a suscité le refus de l’homme moderne et a engendré l’athéisme européen du XIXe et du XXe siècles. Alors que Dieu avait déjà été exilé par la théologie latine lorsqu’elle avait élaboré sa conception de la grâce créée, la négation de l’énergie commune de la sainte Trinité par les adversaires de Palamas et la théologie latine dont ils s’inspiraient a abouti d’une part à refouler les hypostases de la Trinité dans le domaine de l’abstraction, et d’autre part à nier la participation réelle (et non simplement intellectuelle et morale) de l’homme à la manifestation de la sainte Trinité. La réduction de l’homme à la nature et à lui-même (faute d’une communication et d’une communion authentiques avec Dieu par le biais de l’énergie divine) a abouti en Occident au naturalisme et à l’humanisme, tandis que la conception d’un Dieu abstrait a fait place dans un premier temps au théisme philosophique, lequel a donné lieu, dans un deuxième temps et par réaction, à l’athéisme, la pensée occidentale se révoltant finalement contre la fausse représentation de Dieu qu’elle s’était forgée.[...]

La théologie palamite permet en définitive, selon Mgr Amphiloque, de répondre à ce qui manque à l’homme contemporain et à ce à quoi il aspire : retrouver dans le Christ, par l’expérience de l’énergie de la sainte Trinité, une relation concrète, réelle et vivante à Celle-ci, qui lui permette de se dépasser lui-même, de s’unir vraiment à Dieu et d’être réellement déifié."

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