L'ERREUR DE L'OBÉISSANCE AVEUGLE AUX ÉVÊQUES selon les saints de l'Église orthodoxe par Nektarios Dapergolas, docteur en histoire


De l'apôtre Paul aux Pères Cappadociens, et de saint Athanase à St Photios le Grand, lorsque tous les Pères de notre Sainte Église parlent d'une obéissance inappropriée, ils exhortent les fidèles à défier et à désobéir à ces « bergers ecclésiastiques » dont les enseignements sont erronés et hérétiques. Cette problématique est tout à fait d’actualité car nous vivons une époque particulièrement dangereuse, une époque de grande confusion dogmatique et spirituelle, une époque où certains hiérarques d'églises obligent de plus en plus les fidèles à obéir à leurs demandes qui s'écartent des enseignements de notre Sainte Église en adoptant diverses aberrations profanes et innovations blasphématoires (et j'inclus ici tout ce que nous avons enduré ces derniers mois, les fermetures et stérilisations arbitraires de l'église, le culte avec des masques, l'interdiction de vénérer les Saintes Icônes, le pain d'église emballé et la peur accrue de la maladie et de la mort, même au Saint Calice). À partir de ce moment, nous témoignerons de saints plus récents et modernes, qui exhortent les fidèles à désobéir à l'hérésie et aux évêques égarés lorsqu'il y a de bonnes raisons de le faire.

 

Commençons par Saint Nicodème l'Hagiorite, qui était parfaitement aligné avec les écrits de saint Jean Chrysostome il y a plusieurs siècles lorsqu'il écrivait : 

« Si votre ancien se trompe dans les affaires de l'État et de ses institutions, ne cherchez pas la contradiction. Si, cependant, il a tort en matière de Foi, quittez-le et abandonnez-le, qu'il soit un homme ou même un ange du ciel.»

 

Rappelons également l'impressionnante clairvoyance du célèbre évêque russe de Shanghai et de San Francisco, Saint Jean Maximovitch (1897 – 1966). La prévoyance du Saint est une exhortation explicite contre l'obéissance aveugle et tout type de fantasmes délirants. Selon ses paroles mêmes :

 

    « Dans les derniers jours, le mal et l'hérésie se seront tellement répandus que les fidèles ne pourront pas trouver un prêtre ou un berger pour les protéger de l'illusion et les guider vers le salut. À ce moment-là, les fidèles ne seront pas guidés en toute sécurité par les hommes ; mais leur guide sera les écrits des Saints Pères. Surtout en ce moment, chaque croyant sera responsable de toute la plénitude de l'Église. Frères, il est temps pour nous tous d'assumer notre responsabilité envers Dieu et envers l'histoire. Ne tolérez plus aucune sottise ou égarement de la part des prêtres ou des archiprêtres. Ne fermez pas les yeux car vous serez co-responsable. Les saints vous préviennent. »

 

Une autre grande figure ecclésiastique contemporaine qui nous met en garde est le défunt métropolite (et fervent défenseur de l’Orthodoxie) Mgr Augustin Kantiotis*. Cet homme était profondément respecté par les grands saints des temps modernes, tels que Saint Georges Karslidis, qui l'appelait « le confesseur du Christ », et Saint Païssios, qui parmi d'autres éloges, l'appelait même « le nouveau Chrysostome de l'Église» Écoutez donc ce que ce grand hiérarque moderne avait à dire concernant les écrits sacrés au sujet de l'obéissance :

 

« L'évêque doit obéir à l'Évangile. C'est pourquoi, lorsque l'évêque est ordonné, il est ordonné sous l'Évangile. Comme le disent les Pères, cela signifie que le peuple obéira à l'Évêque à une condition – que l’évêque obéisse à l'Évangile. Mais quand l'évêque n'obéit pas à l'Évangile et n’agit pas selon les Saints Canons, alors le clergé et le peuple ne sont pas obligés d'obéir à l'évêque. En cas de dilemme à cause d'une contradiction entre l'Évangile et l'enseignement de l'évêque, « nous devons obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes ! » (Actes 5 :29) Et alors les ecclésiastiques et les moines héroïques, même les laïcs ordinaires – dans  les cas où les évêques se taisent et les chaires sont silencieuses -alors   chaque ecclésiastique et chaque laïc a le droit et le devoir de dire les choses que les évêques n'osent pas dire soit par lâcheté, soit par esprit mondain, soit par interprétation erronée. Chaque fois que les chaires ont été silencieuses, des moines et des personnes simples et humbles, hommes et femmes, ont soutenu l'Orthodoxie. N'oublions pas que la Roumanie a été libérée de Ceausescu avec l'aide d'un clerc obscur qui a allumé la mèche de la liberté et détruit la dictature et le régime tyrannique de Ceausescu. Par conséquent, chaque ecclésiastique n'est pas esclave de son hiérarque, et n'est obligé d'obéir à son évêque que lorsque cet évêque est un combattant dans le bon et saint combat de la foi. »

 

 

Comme mentionné précédemment, saint Païssios  nous a également conseillé ce qu'il faut faire lorsque notre foi est menacée et persécutée ou que le Divin est blasphémé ; car si nous ne parlons pas, nous en portons aussi la responsabilité. Saint Païssios  a dit :

 

    « En ces temps difficiles, chacun de nous doit faire tout ce qui est humainement possible, et ce qui n'est pas humainement possible doit être laissé à Dieu. De cette façon, notre conscience sera en paix, sachant que nous avons fait tout ce que nous pouvions faire. Si nous ne réagissons pas, nos ancêtres sortiront des tombes. Ils ont tant souffert pour notre patrie, mais que faisons-nous pour notre pays ? Il est inacceptable que la Grèce et l'Orthodoxie, avec ses traditions, ses Saints et ses héros, soient combattus et persécutés par les Grecs eux-mêmes alors que nous ne parlons même pas ! C'est terrible! J'ai demandé à quelqu'un : « Pourquoi ne parles-tu pas ? Comment untel et untel peut-il faire cela ? » Il a répondu : « Que puis-je dire ? Il est complètement corrompu. » Eh bien, s'il est corrompu, pourquoi personne ne dit rien ? Il devrait être tenu pour responsable ! Non, ils le laissent tranquille. Dites simplement : « Je ne suis pas d’accord avec ça. Fais les choses honorablement. Veux-tu ne servir que toi-même et ruiner tout le reste ? » Si les chrétiens ne réagissent pas ou ne confessent pas leur foi, les coupables feront des choses pires ; mais si nous réagissons, les auteurs s'arrêteront pour réfléchir. Malheureusement, les chrétiens d'aujourd'hui ne sont pas des combattants. Les premiers chrétiens étaient forts ; ils ont changé le monde. À l'époque byzantine, lorsqu'une icône était retirée d'une église, les gens réagissaient. Le Christ a été crucifié pour que nous puissions ressusciter, et nous sommes indifférents ! Si l'Église ne parle pas par crainte de fâcher l'État, si les Archevêques ou Métropolites ne parlent pas pour bien s'entendre avec tout le monde parce qu'ils ont besoin de leur aide pour leurs institutions, si les moines athonites ne parlent pas de crainte que leurs allocations soient pas coupées, alors qui parlera ? »

 

Jusqu'ici, nous avons discuté de la folie de l'obéissance inconditionnelle ; mais il y a aussi un autre sophisme qui circule – ce  serait un sacrilège de critiquer les erreurs et les mensonges du clergé – c’est quelque chose que les Pères de la Sainte Église rejettent également. Terminons par quelques mots sur une autre idée irrationnelle – la critique des œcuménistes envers ceux qui s'y opposent, selon laquelle ceux qui résistent à l'œcuménisme créent un schisme dans l'Église. Quelqu'un peut-il sérieusement oser affirmer qu'un schisme (même si nous y arrivons finalement) est causé par ceux qui adhèrent strictement à la Tradition Orthodoxe et aux Saints Canons, et non par ceux qui accompagnent et prient ensemble avec les Cardinaux, les Protestants , les imams, les gourous, etc. ou encore ceux qui célèbrent la Divine Liturgie avec des personnes excommuniées ou des  schismatiques ; ou qui cèdent aux hérésies et embrassent toutes sortes de mensonges non orthodoxes et de blasphèmes novateurs ? Cela importe peu que de tels individus égarés constituent la majorité des évêques. Qui a dit que la vérité et la grâce divine devaient exister selon la majorité ? Les faux synodes de l'histoire ecclésiastique ne sont-ils pas bien connus, ou ce que la majorité pensait à cette époque ? Ou est-ce que personne n'a remarqué que nous vivons une fin des temps sans précédent, pour laquelle il a été écrit que même les élus peuvent être trompés ? (Matthieu 24:24) Pour le dire simplement, qui est responsable d'un bouleversement dû à des événements choquants ou sans précédent ? Est-ce celui qui s'oppose au scandale, ou celui qui crée et insiste sur le scandale ? Critiquer ceux qui s'opposent à l'œcuménisme comme étant des schismatiques, est la « logique » la plus absurde car elle ne peut résister à aucune critique raisonnable.

 


 

 Une semblable « logique » absurde est le récent conseil, largement connu, attribué à un métropolite chypriote selon lequel il vaut mieux tomber dans l'hérésie avec l'église que d'être juste en dehors de celle-ci. Soyons clairs, l'Église, qui est le Corps du Christ, ne peut pas se tromper. Les erreurs et les hérésies sont commises par des personnes qui se retrouvent alors seules, en dehors de l'église, même s'il s'agit de patriarches, d'évêques ou de la grande majorité du clergé. Le problème ici – et cela vaut la peine de le répéter – n'est pas quantitatif. Le problème est la vérité spirituelle, qui peut parfois être exprimée par des personnes comptées sur les doigts d'une main. Rappelons que pendant des décennies au cours de l'histoire de l'Église, presque tous les évêques de l'Empire byzantin avaient succombé à l'hérésie du monothélisme, mais l'Église n'était pas composée de ces derniers ; elle se composait de saint Maxime le Confesseur (et de quelques autres). A l'époque du pseudo-synode de Ferrare-Florence, l'Église se composait à nouveau d'un seul clerc, saint Marc d'Éphèse, qui seul résista à la décision du faux concile, avec les laïcs. Saint Jean Chrysostome déclare explicitement que si seulement trois personnes gardent la bonne foi intacte, elles seules constitueront l'Église du Christ (Patrologia Graeca 55,158 & 160, 203). Enfin, considérons également les paroles bien connues de feu le grand Ancien Ephraïm d'Arizona, que dans les années difficiles à venir, pendant un certain temps, seuls quelques simples prêtres garderont et préserveront l'Orthodoxie, tandis que les « importants », les représentants officiels de l'Église, suivront le diable. Dans de tels cas, qui alors fait partie ou fera partie de l'Église du Christ ? Qui donc a constitué ou constituera dans tous ces cas l'Église du Christ ? La réponse n'est-elle pas évidente ?

 

En conclusion, je dois préciser que j'ai essayé de décrire avec l'explication la plus simple le point de vue de la position moderne de ces acteurs qui embrassent la prétendue « nouvelle patristique », et comment ils sont ridiculisés par les écrits de nos saints, dans des domaines comme ce qu'est la véritable obéissance, la critique des hiérarques, et la bonne manière du clergé et des laïcs de réagir contre les « fines distinctions » des évêques égarés. Mon objectif était simplement d'éclairer la manière dont les évêques modernes pensent et agissent à cette époque turbulente. ainsi, alors qu'ils prétendent parler du Christ et de l'orthodoxie, en fait cela nous rappelle l'avertissement de saint Paul « Je sais qu'après mon départ, des loups féroces viendront parmi vous, n'épargnant pas le troupeau». (Actes 20:29-31) 

Une réaction contre la mauvaise voie et les enseignements peu orthodoxes est un devoir essentiel de chaque chrétien. Et notre défi aux « nuances » est un devoir évident, non seulement comme le permettent  mais  plutôt l'imposent les  Saints Canons avec les Saints Pères de notre Église.

 

En ce moment, des évêques prennent des décisions qui affectent matériellement notre pratique de la Foi. Ils justifient ces décisions sur la base de notre santé, de notre sécurité et de notre peur. Dans une telle situation, ne pas recevoir de retour des laïcs est une négligence grave. Comment les évêques savent-ils que nous avons peur, s'ils ne nous le demandent jamais ni même nos prêtres ? 


Nektarios Dapergolas, docteur en histoire


version en français

 par Maxime le minime de la source

 *Note du traducteur :

On pourrait penser que ces paroles sont paradoxales de la part d'un"suppôt" du régime des colonels mais ce qui est dit est dit, et en l'occurence, c'est fort bien dit.

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