Les églises d'occident sans bancs…




Il n’était pas d’usage, avant la fin du XVIe siècle, de placer dans les églises, des chaises ou bancs en menuiserie pour les fidèles. Les femmes riches qui se rendaient à l’église se faisaient suivre de valets qui portaient des pliants et coussins pour s’asseoir et se mettre à genoux. Le menu peuple, les hommes, se tenaient debout ou s’agenouillaient sur les dalles. À Rome, dans presque toute l’Italie et une partie de l’Allemagne catholique, encore aujourd’hui, on ne voit aucun siège dans les églises. Mais quand, au XVIe siècle, des prêches se furent établis sur toute la surface de la France, les réformistes placèrent dans leurs temples des bancs séparés par des cloisons à hauteur d’appui destinés aux fidèles. Le clergé catholique, craignant sans doute que la rigidité de la tradition ancienne ne contribuât encore à éloigner le peuple des églises, imita les réformistes et introduisit les bancs et les chaises.

L’effet intérieur des édifices sacrés perdit beaucoup de sa grandeur par suite de cette innovation ; et pour qui a pu voir la foule agenouillée sur le pavé de Saint-Pierre de Rome ou de Saint-Jean-de-Latran, cet amas de chaises, ou ces bancs cellulaires de nos églises françaises, détruisent complètement l’aspect religieux des réunions de fidèles. Il n’y avait autrefois, dans nos églises, de bancs que le long des murs des bas-côtés ou des chapelles ; ces bancs formaient comme un soubassement continu entre les piles engagées sous les arcatures décorant les appuis des fenêtres de ces bas-côtés ou chapelles. Quelquefois même ces bancs fixes en pierre s’élevaient sur un emmarchement, comme on peut le voir à l’intérieur de la cathédrale de Poitiers (fin du XIIe siècle) et le long des murs de la nef de la cathédrale de Reims. On en plaçait presque toujours aussi sous les porches des églises, dans les ébrasements des portails, dans les galeries des cloîtres, soit le long des claires-voies, soit le long des murs.

extrait du Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle



Commentaires

Maxime le minime a dit…
Si l'on croit P. Andrew, les bancs ont envahi les églises grecques il n'y a pas si longtemps…
"From the very outset nearly 200 years ago the small Church of Greece was so spiritually weak that it fell victim to nationalism. Thus, nearly 100 years ago, it decided to obey the Greek State and adopted the Roman Catholic calendar. Then it fell for Western-imposed ecumenism, it put pews into its churches (that was starting forty years ago when I lived and worked in Greece), then Greek men and women stopped dressing appropriately for church. Now some in it seem to be about to fall for the anti-Orthodox American bait and recognize the absurd, schismatic semi-Uniat Anti-Orthodox Church (AOC) in (the Western) Ukraine, set up there under immense US political pressure on the Greek nationalist bishops in Istanbul."
et ça na pas été bon signe apparemment !