DIMANCHE du Premier Concile Œcuménique : L'ARIANISME CONTEMPORAIN
[…] L’arianisme n’est pas enseveli. Aujourd’hui, plus que jamais, il est répandu et à la mode. II s’est étalé comme une âme sur le corps de l’Europe contemporaine. Si vous examinez la culture européenne, vous y trouverez caché, dans son fond, l’arianisme. Tout est limité à l’homme, au seul homme. Le Christ, le Dieu-Homme, a été réduit aux cadres de l’homme. Avec le levain de l’arianisme, on a pétri la philosophie de l’Europe, sa science, sa civilisation et, en partie, sa religion. Partout, et systématiquement, le Christ est rabaissé au niveau de l’homme ; le Dieu-Homme est sans cesse séparé de sa chair, l’œuvre d’Arius se perpétue. "La religion aux limites de la raison pure" de Kant, n’est rien de nouveau ; elle est une présentation nouvelle de l’arianisme.
Si nous mesurons le Christ avec le mètre de Kant, qu’obtiendrions-nous ? Nous aurons un Christ homme, un Christ sage, mais jamais le Christ Dieu-Homme. Si avec le critère de Bergson, nous jugeons le Christ, nous aurons quelque chose, comme un peu plus qu’un simple homme. Ainsi donc, que ce soit le premier critère ou le second, ou encore tous les critères de toutes les philosophies humaines, tous, font du Christ Dieu-Homme un homme. Les Schokin, les Slayermayer, sont de fidèles disciples d’Arius, quand ils désincarnent le Dieu Incarné. Le papisme, avec sa morale, est très arien ; sait-il quelle métaphysique se cache derrière sa terrible morale ? Tous ceux-ci, ensemble, ont réussi à empoisonner les masses de l’Europe, avec un vulgaire arianisme. Qui ne connait pas cet arianisme vulgaire de nos intellectuels ? On les entend souvent dire : le Christ est un Grand Homme, un Sage, le plus grand des philosophes, mais jamais qu’il est Dieu.
Mais, direz-vous, d’où vient, de nos jours, tout cet arianisme ? - De ce que l’homme contemporain est devenu la mesure de toute chose. Mesurant tout par lui-même, l’homme européen rejette tout ce qui dépasse l’homme, tout ce qui est plus grand que l’homme. Sa mesure rétrécie, sert à mesurer et à réduire aux limites de l’homme le Dieu-Homme. Le joug du péché étreint la pensée orgueilleuse de l’homme. L’homme refuse de voir et de reconnaître une réalité qui le dépasse. Le combat surhumain de la foi en Christ, le Dieu-Homme, brise ce joug et ouvre la pensée aux réalités infinies. Le Premier Concile Œcuménique a défini une fois pour toutes, le rôle de la pensée, dans l’explication de la personne du Christ Dieu-Homme. Ce rôle est l’obéissance. C’est la foi qui conduit au christianisme ; la pensée doit se laisser conduire. La connaissance est le produit de la foi qui agit dans l’amour, qui œuvre en espérance.
Le relativisme européen, qui règne de nos jours, suit de prés l’arianisme. Le relativisme métaphysique a engendré le relativisme moral. Rien n’est absolu, rien n’est transcendant au monde ou à l’homme, dans le monde ou dans l’homme, ou encore autour du monde ou de l’homme. De ce nouveau relativisme, comme de l’ancien relativisme arien, seule nous sauve la foi en la divino-humanité du Sauveur, en sa consubstantialité avec son Père. Ce terme merveilleux de CONSUBSTANTIEL est notre salut.
Éprouve ta foi et contrôle-la avec le symbole de la foi. Si ta foi n’est pas absolument conforme au Credo - tu es hérétique. Si tu rejettes le CONSUBSTANTIEL, tu n’es pas du Christ mais de l’Anti-Christ, tu es de Judas, parce que l’Église a appelé Arius "Second Judas" (Cf. Stichères des Vêpres du Dim. Des Pères). En fêtant le 1600 ème anniversaire du Premier Concile Œcuménique, l’Église Orthodoxe célèbre la victoire de la foi catholique sur la pensée orgueilleuse et individuelle : la victoire du Dieu-Homme sur l’homme. Si extérieurement, comme le caméléon, l’arianisme change, il n’en demeure pas moins et pour toujours le même en son essence. Mais l’Église Orthodoxe ne change pas sa foi ni sa manière de lutter contre l’arianisme. Comme elle a vaincu l’ancien arianisme, de même elle vaincra chaque arianisme et l’arianisme contemporain de l’Europe y compris. Elle les vaincra par sa foi apostolique, sainte et catholique, armée de la panoplie des saints Pères que Dieu nous a donnée : la Catholicité. La Catholicité est l’arme invincible du Christ. Là où la Catholicité fait défaut, la victoire contre l’arianisme est impossible. Le catholicisme romain (le papisme) a perdu cette "Catholicité", il l’a désertée pour la méthodologie arienne.
L’Orthodoxie appartient au Christ, parce qu’elle est apostoliquement sainte et patristiquement catholique. Renier les principes de la Catholicité, dans la recherche des solutions, des problèmes de l’Église, c’est s’éloigner de la voie du Christ qui mène, par la Vérité, à la vie éternelle. L’homme orthodoxe se "catholicise" dans la grâce, par la pratique des ascèses et des mystères orthodoxes. II "catholicise" son cœur, quand dans la prière "avec tous les saints" (Eph.3, 18), il se plonge dans la douce éternité de l’amour du Christ. II "catholicise" sa pensée, quand il remplace l’orgueil par l’humilité. II "catholicise" sa volonté, quand il chasse par l’amour en Christ son amour propre. II "catholicise" ses pensées, quand il les baptise dans les eaux limpides de l’éternité et de la divino-humanité du Christ. II "catholicise" son esprit quand il le plonge dans les abîmes du Saint Esprit, II "catholicise" sa personnalité, en s’incorporant, tout entier, au Saint Corps du Christ, en devenant tout entier un même corps avec le Christ, en devenant tout entier "Église", en devenant tout entier ORTHODOXE. Voilà la voie qui mène à la Catholicité apostolique, Sainte, Patristique, l’UNIQUE VOIE. II n’en existe pas d’autre. […] (in La Lumière du Thabor n°13. De l'arianisme source)
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