ICÔNES ROUMAINES SOUS VERRE (3)

Icône de la zone d'Alba Julia, du début du XIX°siècle (collectionCiobanu)




NATIVITE DE JESUS
Considérations au sujet des icônes sur verre
à travers le temps (fin)

"Nées selon une tout autre conception, les icônes sur verre allaient s'intégrer dans le monde de la peinture moderne en tant que forme artistique régie par ses propres lois et relevant par conséquent, fût-ce inconsciemment, de l'idée d'originalité. Considérées comme une production originale, dans l'acception moderne du terme, c'est à peine de nos jours cependant que les icônes sur verre ont révélé leurs véritables qualités plastiques, révélation qui leur a valu brusquement une situation à part et une place de choix dans le contexte de l'art roumain. Si les peintres qui les ont réalisées peuvent être nommés « naïfs » en comparaison des peintres formés dans les académies et les ateliers, les icônes sur verre n'appartiennent pas de fait à la peinture naïve, comme certains l'ont considéré assez superficiellement, car le sentiment et le mode de représentation qui ont présidé à leur création sont très différents de ceux du Douanier Rousseau ou du génial artiste-paysan yougoslave Ivan Generalič. Le peintre roumain d'icônes sur verre a atteint l'originalité par les moyens les plus simples et en premier lieu par incapacité de s'intégrer aux lois de la peinture classique, non par contestation de ces lois. Or, c'est justement cette originalité non voulue qui a donné naissance à une force d'expression bien supérieure à toute originalité préméditée. Ce mode d'expression profondément original du créateur roumain n'a pas échappé à la sensibilité moderne, qui place les saints à cheval des peintres-paysans de Nicula au-dessus des carabiniers de Géricault. De là l'intégration des icônes sur verre roumaines dans le circuit universel de la peinture moderne, de là leur rôle d'ambassadeur de l'art roumain ancien, de là aussi l'intérêt sans cesse accru – en Roumanie et ailleurs pour ce merveilleux phénomène d'art paysan."

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