L'ÉGLISE DE L'ÉLÉONA du domaine national français en Terre sainte
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L’église du Pater Noster, ou Apostoleion, est un édifice religieux catholique sis sur le mont de l'Ascension, à Jérusalem-Est, en Terre sainte. Elle est aussi appelée Éléona (du grec elaiōn « oliveraie »). Cette église est construite sur le site où, d'après la tradition, Jésus enseigna à ses disciples le Notre Père (Luc 11:1-4) (en latin Pater Noster). Cette tradition est confirmée par les Actes de Jean à Rome, écrits apocryphes du iiie siècle1, et plus tard par Arculfe2 au viie siècle3. Le site est mentionné par Égérie vers 385 lors de son pèlerinage, dans le Burdigalensis4 et par Eusèbe de Césarée. Le site appartient au domaine national français en Terre sainte depuis la fin du xixe siècle.
Situation
L'église est adjacente à l'Apostoleion qui est un des lieux de station de la liturgie de Jérusalem41 ainsi que de l'Imbomon.
Avec l'église Sainte-Anne, le Tombeau des Rois, et l'abbaye bénédictine d'Abou Gosh, elle fait partie des quatre territoires français de Jérusalem42.
Construction initiale
Sur le site a d'abord été construite au ive siècle une église liée à l'Ascension du Christ5 par Constantin sous la direction de sa mère Hélène qui lui donna comme nom Église des Disciples6. Égérie nous donne dans le Peregrinatio Silviæ des indications sur le rite de l'Église de Jérusalem de l'époque en expliquant que l'archidiacre invitait d'abord les fidèles à rentrer dans l'Éléona, d'où une procession partait vers le mont des Oliviers. Après cela, on descendait à nouveau dans l'église, où les vêpres étaient chantées7 et où étaient lus Mt:24 et Mt:258.
Adossé au mont des Oliviers, le bâtiment était construit sur trois niveaux reliés par des escaliers :
- L'église, au plus haut niveau, sur un rectangle de 30 x 18,6 mètres carrés, formée d'une allée flanquée de deux rangées de colonnes. L'abside était à l'est face au soleil levant. Un baptistère se trouve à sa porte sud ;
- Atrium : une avant-cour à colonnades de 25 mètres de longueur, avec au centre une citerne voûtée sur piliers qui recueille l'égout des toits9 ;
- Le plus bas niveau côté ouest : un portique sur six colonnes.
Un couvent, un monastère et une chapelle appelée l'Apostolium furent ajoutés vers 430 par Mélanie la Jeune, chapelle où elle fut inhumée avec sa mère. Au cours du vie siècle, la crypte et l'église étaient désignées sous le nom de Matzi ou Matheteion. Treize évêques et patriarches de Jérusalem y auraient été inhumés, dont Cyrille de Jérusalem10 et Modeste de Jérusalem.
La Grotte dite « du Pater »
Son emplacement avait été complètement oublié, et elle ne fut redécouverte qu'en 191111. L'excavation qui s'enfonce dans une tombe du ier siècle12 se trouve sous le côté est de l'église. Sur le fronton de l'entrée est gravée l'inscription latine : Spelunga in qua docebat Dominus apostolos in Monte Oliveti13 qui signifie « Grotte dans laquelle le Seigneur a enseigné à ses apôtres sur le mont des Oliviers ».
Il ne reste de l'édifice originel que quelques éléments architecturaux. Des travaux de reconnaissance non destructifs y ont été entamés en 200814.
Elle est encore appelée crypte du Credo15 ou grotte du Credo16,17.
Destructions
Selon Eutychius, elle fut incendiée par les Perses dirigés par Schahr-Barâz en 61418, faisant environ un millier de victimes sur le mont des Oliviers, d'après Stratègios. Plus tard en 638, elle fut rasée par les Arabes musulmans d'Omar ibn al-Khattâb19. À la fin du viie siècle, Adomnan d'Iona dans De Locis sanctis l'évoque comme étant toujours debout ou reconstruite.
Sous Charlemagne qui, ayant obtenu en 80720 de Hâroun ar-Rachîd la protection des lieux saints pour entre autres y fonder des établissements religieux21, des bénédictins la relevèrent de ses ruines22. Un recensement des monastères de Terre sainte fait en 808 — le Commemoratorium de Casis Dei — nous apprend qu'elle était desservie par trois moines et un prêtre.
Elle semble avoir été détruite à nouveau en 1009 par Al-Hakim bi-Amr Allah23. Les croisés ayant reconquis la ville après le siège de Jérusalem en 1099, ils construisirent un petit oratoire au milieu des ruines entre 110224 et 110625. Le croisé Bartolf de Nangis semble la décrire dans sa chronique Gesta Francorum Iherusalem expugnantium, et son état de ruine est confirmé par Sæwulf.
Une église est totalement reconstruite en 115226 grâce à Svend Svendsson, évêque de Viborg27, et à son frère Sveinsson Eskill, amiral du Jutland, qui furent enterrés dans l'église en 115328 (leurs tombes furent redécouvertes en 1869 et ils furent réinhumés dans la nouvelle église).
Cette église, décrite en 1172 par un pèlerin allemand, Théodoric, aurait été fortement endommagée pendant le siège de Jérusalem en 1187 par Saladin29, au point d'être abandonnée. Odoric de Pordenone mentionne encore une église en 1330 et Ludolph de Sudheim (Ludolph Schilder) parle d'une chapelle en 133630. Selon le pèlerin franciscain Nicolás de Poggibonsi, elle tombe en ruines en 1345, pendant la domination mamelouk.
En 1851, sous l'empire ottoman, on en exploita les ruines pour les vendre comme pierres tombales31.
Reconstruction
Travaux
[modifier | modifier le code]Émue par un sermon sur la désolation des lieux saints donné par le Père Poyet, patriarche latin de Jérusalem, la princesse Héloïse de la Tour d'Auvergne, fille de Joseph Aurèle de Bossi, partit pour Jérusalem en , et en dix ans, réussit à acquérir six hectares de terrain au mont des Oliviers32.
Elle y fit bâtir en 1868, sous les ordres de l'architecte André Lecomte (du Nouÿ?)[pas clair], un cloître de 30 mètres sur 20 mètres, sur le modèle du Campo Santo de Pise, dont les plans sont attribués à Eugène Viollet-le-Duc. Elle se livra également à deux années de fouilles, aidée de Charles Simon Clermont-Ganneau, qui était depuis 1867 drogman-chancelier du consulat français de Jérusalem33, qui permirent notamment de dégager une mosaïque du ve siècle où étaient inscrits en grec les psaumes 121:8 et 118:20. On y a aussi retrouvé l'épitaphe de Césaire de Heisterbach34.
Les Pères blancs entreprennent de nouvelles fouilles en 1910-1911. Sont mises au jour les fondations de l'église d'Hélène, un atrium entourant une citerne, un baptistère et la fameuse crypte du Credo. Sont aussi découverts ossements, tablettes et monnaies. Dès 1913, un projet de restauration de la basilique de l'Eléona est envisagé mais le déclenchement de la Première Guerre mondiale suspend les travaux. Le projet connaît très vite une nouvelle vigueur en 1917 avec l'idée d'une basilique dédiée au Sacré-Cœur, soutenue par Monseigneur Germain, archevêque de Toulouse. Les Pères blancs lancent les travaux en 1919. Des vestiges anciens sont démolis pour reconstituer un sanctuaire couvrant la grotte. Pour permettre la reconstruction de la basilique, une partie du cloître est également détruit. Faute d'argent, le projet est arrêté. Divers travaux d'aménagement ad minima sont alors menés par l'Association des amis de l'Eléona en 1972 (architecte Charles Couasnon) puis en 1985-1986 par la France (architecte Yves Boiret)35.
De nouveaux aménagements du site sont réalisés dans les années 2000 (rampe d'accès et installation de sanitaires) puis en 2011 où un jardin d'oliviers est ouvert aux visiteurs et aux pèlerins.
Don du site à la France
Aurélie de la Tour d'Auvergne fait don du site à la France en 186836,35.
Elle divise son terrain en trois, une partie (dont la grotte du Pater) fut donnée à la France, une partie aux sœurs carmélites, et une partie aux Pères blancs. La France confie la garde du sanctuaire aux carmélites en 187435.
Fondation du Carmel
Sur les conseils de Père Alphonse Ratisbonne, Mère Xavière du Cœur de Jésus, du Carmel de Lisieux, rencontre la princesse Héloïse de la Tour d'Auvergne, et fondèrent un couvent de carmélites contemplatives en 1873, le Carmel du Pater37,35. L'église est inaugurée en 1874 et les travaux du monastère commencent l'année suivante. C'est au cours de ces travaux que sont découverts les peintures dans la crypte du « Credo ».
Vue d'ensemble des murs du cloître où sont posées les plaques multilingues du Pater Noster
Des plaques reproduisant le texte du Pater Noster en plus de cent-soixante-dix langues (nationales ou régionales) sont apposées sur les murs du cloître35,38,
Incident diplomatique à Jérusalem, le ministre français des Affaires étrangères renonce à visiter une église ( source : https://fr.timesofisrael.com/incident-diplomatique-a-jerusalem-le-ministre-francais-des-affaires-etrangeres-renonce-a-penetrer-dans-une-eglise/
Suite à un incident entre policiers israéliens et gardiens français sur un site appartenant à la France, Jean-Noël Barrot n'est pas entré dans le domaine d'Eléona, comme cela avait été prévuLa visite à Jérusalem du ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a été marquée jeudi par un incident diplomatique quand la police israélienne est entrée « armée » et « sans autorisation », selon le ministre, sur un site appartenant à la France.
https://x.com/sambklf/status/1854544683646558335/video/1
https://x.com/sambklf/status/1854567739261657497/video/
« Je n’entrerai pas dans le domaine d’Eléona aujourd’hui, parce que les forces de sécurité israéliennes sont entrées avec des armes, sans autorisation préalable de la France, sans accepter de partir aujourd’hui », a déclaré Barrot sur les lieux, qualifiant l’impasse « d’inacceptable ».
« Cette atteinte à l’intégrité d’un domaine placé sous la responsabilité de la France est de nature à fragiliser les liens que j’étais pourtant venu cultiver avec Israël, dans un moment où nous avons tous besoin de faire progresser la région sur le chemin de la paix », a-t-il souligné.
Lors d’échanges virulents, des policiers israéliens ont entouré deux gardes français employés par le Consulat de France, en empoignant l’un d’eux de force et en le mettant au sol avant de l’embarquer dans une voiture de police. Le fonctionnaire, qui s’était identifié, a hurlé plusieurs fois « Ne me touche pas ! », selon une journaliste de l’AFP et une vidéo filmée sur place.
Les deux gardes ont ensuite été relâchés, suite à l’intervention de Barrot, et il n’a pas été précisé pourquoi les policiers israéliens étaient entrés sur le site.
« Intégrité »
L’Eléona, au sein duquel se trouve un monastère bénédictin, est situé sur le mont des Oliviers à Jérusalem-Est.
La France revendique ce sanctuaire du mont des Oliviers comme son territoire en vertu de traités internationaux.
Construit sur la grotte dite du Pater, où Jésus aurait enseigné le Pater à ses disciples, il fait partie des quatre domaines nationaux français à et près de Jérusalem, avec le Tombeau des rois, la Basilique Sainte-Anne et l’ancienne commanderie croisée d’Abu Gosh avec leurs églises romanes.
« Le domaine de l’Eléona […] est un domaine qui non seulement appartient à la France depuis plus de 150 ans, mais dont la France assure la sécurité, l’entretien et avec énormément de soins », a affirmé le ministre.
« L’intégrité des quatre domaines dont la France a la responsabilité ici à Jérusalem doit être respectée », a-t-il insisté.
Sur cette image tirée d’une vidéo de l’AFPTV, la police israélienne arrête un gendarme français au domaine d’Eleona à Jérusalem, le 7 novembre 2024. (Crédit : Chloe ROUVEYROLLES-BAZIRE / AFP)
Après l’incident, le Quai d’Orsay à Paris a annoncé qu’il allait convoquer l’ambassadeur d’Israël. « Sans y avoir été autorisées, les forces de sécurité israéliennes ont pénétré dans le site en étant armées », indique le communiqué en français, en référence à l’église d’Eléona, située sur le Mont des Oliviers. « Le ministre a refusé de visiter le site dans ces conditions. »
« Ces agissements sont inacceptables », lit-on dans le communiqué. « La France les condamne d’autant plus vigoureusement qu’ils surviennent alors qu’elle déploie tous les efforts possibles pour contribuer à la désescalade de la violence dans la région. »
Le ministère israélien des Affaires étrangères a, pour sa part, imputé la responsabilité aux deux diplomates français. « Tout ministre d’un pays étranger en visite officielle en Israël est accompagné par la sécurité de l’État, qui suit tous ses déplacements », a indiqué le ministère. La visite de Barrot à l’église était placée sous la protection de la sécurité israélienne, « conformément aux discussions préalables avec l’ambassade de France en Israël ».
« Au cours de la visite, une dispute a éclaté entre les forces de sécurité israéliennes et deux agents de sécurité français qui ont refusé de s’identifier », a précisé le ministère israélien des Affaires étrangères. « Les deux agents ont été arrêtés par la police et relâchés immédiatement après s’être identifiés comme diplomates. »
Le lieu avait déjà fait l’objet d’incidents diplomatiques par le passé.
L’évènement rappelle aussi d’autres faits : le 22 janvier 2020, la visite du président français Emmanuel Macron avait également été marquée par une bousculade devant la basilique Sainte-Anne. Le président avait lancé en anglais à un policier israélien : « I don’t like what you did in front of me » (« Je n’aime pas ce que vous avez fait devant moi »).
L’incident le plus connu reste celui de 1996, quand le président Jacques Chirac s’était aussi emporté contre des soldats israéliens qui l’encadraient de trop près en lançant : « Do you want me to go back to my plane ? » (« Voulez-vous que je remonte à bord de mon avion ? »), avant d’exiger que les militaires sortent du domaine de Sainte-Anne.
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