Le remède à l'apostasie par Cyprien de Carthage
Extrait de la recension de « Ceux qui sont tombés » de Cyprien de Carthage, par Jean-Claude Larchet
"Cyprien de Carthage, « Ceux qui sont tombés ». Texte critique du CCL 3 (M. Bévenot), introduction de Graeme Clarke et Michel Poirier, notes de Graeme Clarke, traduction de Michel Poirier, Paris, Éditions du Cerf, 2012, 262 p. (« Sources chrétiennes » n° 547).À la fin de l’année 249, l’empereur Dèce, voulant consolider le pouvoir qu’il avait usurpé, donna l’ordre à tous les gouverneurs des provinces de l’Empire d’organiser un sacrifice aux dieux païens. Tous les citoyens sans exception avaient l'obligation d’accomplir des rites sacrificiels. Chacun devait se rendre dans un temple, placer en offrande sur l’autel un morceau de viande rituelle, verser dessus un peu de vin en libation, puis absober une bouchée des viandes sacrificielles fournies. Une commission lui fournissait ensuite un certificat (ou libelle). Ceux qui refusaient d’accomplir le rite étaient poursuivis : ils pouvaient, selon le cas, être emprisonnés, voir leurs biens confisqués, être exilés, ou encore être torturés et condamnés à mort. Certains chrétiens ont accompli ces rites ; d’autres ont refusé de le faire mais ont officieusement acheté un certificat (on les a appelé libellici ou acheteurs de libelli), ce qui leur permettait d’échapper aux poursuites ; d’autres encore se sont enfui (ce fut le cas de Grégoire le Thaumaturge et de Cyprien lui-même).Lorsque, après une année, la persécution cessa, le problème se posa à l’Église de savoir comment il convenait de traiter les lapsi, c’est-à-dire ceux qui étaient tombés dans l’apostasie – ou dans le semi-apostasie que constituait l’achat de libelles –, et ils étaient nombreux : Cyprien note que la majorité de ses ouailles et une partie de son clergé avaient succombé.Certains membres du clergé qui étaient restés intègres adoptaient une position rigoriste, excluant toute forme de retour des fautifs dans l’Église ; d’autres au contraire se montraient libéraux en les recevant sans condition ou presque. Cela donna lieu dans l’Église non seulement à de vifs débats, mais à des divisions et à des schismes.
Dans ce traité, écrit probablement en 251, saint Cyprien, définit une position intermédiaire « où ne manquent à l’égard des lapsi ni la sévérité pour les réprimander ni le remède pour les guérir », le remède principal étant celui de la pénitence, que doivent accompagner larmes, jeûne, austérité du mode de vie, aumône et intercession des martyrs.
" Il faut prier et supplier avec un zèle redoublé, passer le jour dans le deuil, prolonger les nuits dans les veilles et les larmes, se saisir de tout moment pour pleurer et se lamenter, coucher au sol sur un tapis de cendre, s’envelopper de poil de chèvre et de tenues négligées, refuser de s’habiller après avoir perdu le vêtement du Christ, préférer garder le jeûne après le repas du diable, s’adonner à de justes œuvres de bienfaisance qui lavent les péchés, faire de fréquentes aumônes qui délivrent les âmes de la mort. "
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Qui, de nos jours, serait capable d'une telle pénitence prônée par St Cyprien
dans une époque d'apostasie généralisée ?...
dans une époque d'apostasie généralisée ?...
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