La signification du sacrifice du Christ sur la Croix


Τον Σταυρόν σου προσκυνούμεν Δέσποτα
 Devant ta croix, nous nous prosternons, ô Maître
 και την Αγίαν σου Ανάστασιν υμνούμεν και δοξάζο
 et ta sainte résurrection, nous la glorifions.


"Puis vint le Christ, l'agneau de Dieu qui enlève les péchés du monde. Le Christ n'a pas pris la responsabilité juridique ou morale des péchés des hommes devant la face du Père. I1 a assumé les conséquences de nos péchés. Le Christ a comblé de Sa présence l'auréole de mort dont les hommes s'entouraient, s'isolant de Dieu. Sans cesser d'être Dieu, il est devenu homme. Les hommes s'étaient écartés de Dieu, s'éloignant involontairement vers le néant, et c'est vers cette frontière du néant que le Christ s'avance librement, sans prendre le péché, mais en assumant les conséquences du péché, de même qu'un pompier qui se jette dans le feu n'a pas part à la faute de l'incendiaire, mais prend sur lui la douleur de ceux qui demeurent dans le bâtiment enflammé. 

Le Christ n'a pas trouvé tous les hommes sur la terre. Beaucoup étaient déjà descendus dans le schéol, dans la mort. Alors le Pasteur suit Ses brebis perdues, jusque dans le schéol, afin que même là-bas, même après la mort, l'homme puisse trouver Dieu. Le Christ verse Son sang non pas pour apaiser la colère du Père et Lui donner le droit juridique «d'amnistier» les hommes. En versant Son sang, l'amour à la recherche de l'homme peut descendre dans le royaume de la mort. Le Christ ne fait pas irruption dans l'enfer comme un Deus ex machina*, Il entre dans la capitale de Son ennemi le plus naturellement du monde, en mourant Lui-même. Le Christ ne connaît pas une mort atroce sur la croix pour offrir un sacrifice à Dieu ou au diable: «Il a étendu les mains sur la croix pour embrasser tout l'univers» (Saint Cyrille de Jérusalem. Catéchèses, 13, 28). 

Le sacrifice du Christ, c'est le don de Son amour à nous, les hommes. Il s'offre à nous, Il nous offre Sa vie, la plénitude de Son éternité. Nous ne pouvions pas présenter à Dieu l'offrande qui Lui était due. Dieu vient à notre rencontre et s'offre à nous. L'offrande due à Dieu est celle qui permet à la plénitude de notre conscience d'être avec Dieu. Nous sommes inconstants, c'est pourquoi nous laissons retomber nos élans de sentiment religieux, de repentir ou de reconnaissance pour revenir au service de la chair. Mais le Christ «est le même hier et aujourd'hui et à jamais» (Heb 13, 8). C'est pourquoi Il n'est pas «dans la nécessité, comme les grands-prêtres, d'offrir des victimes d'abord pour ses propres péchés, ensuite pour ceux du peuple, car cela Il l'a fait une fois pour toutes en s'offrant Lui-même» (Heb 7, 27).
Protodiacre André Kouraev
in "Après le chant des Chérubins"
(Editions SOFIA 2012)

*terme de la tragédie antique, dans laquelle le happy end était assurée par l'intervention d'une divinité. Dans le théâtre antique, l'acteur tenant ce rôle était descendu par le haut sur la scène au moyen d'un mécanisme.

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