Le véritable théologien orthodoxe : St Grégoire le Théologien de Nazianze

Relique et icône du Saint (monastère de Vatopaidi)

"Des Cappadociens, tous si fortement hellénisés, Grégoire de Nazianze est sans aucun doute celui qui de sa formation classique et de son séjour à Athènes a le plus gardé le goût de l'éloquence et de la poésie grecques ; il est le plus lettré des Pères et nul d'entre eux n'a autant que lui le souci de faire une oeuvre littéraire inscrite dans la tradition des grands maîtres de l'hellénisme.
Et pourtant, M. P. le montre fort bien, son oeuvre théologique est à bien des égards une réaction contre l'hellénisme, contre les infiltrations du rationalisme hellénique dans le christianisme; elle est en effet dominée par le souci de combattre l'arianisme eunomien et ses prétentions à réduire le champ du mystère et de la foi. Mais ce paradoxe n'implique pas chez Grégoire contradiction et encore moins drame vécu. Celui-ci ne s'est gιιère posé le problème du passage de la philosophie à la foi ; la philosophie ne sera jamais pour lui, comme elle l'avait été pour Justin, une propédeutique à la foi. Celle-ci, qui est pour lui une conviction acquise avant toute démarche philosophique, mettra à son service, plus pour s'exprimer décemment que pour y trouver une justification rationnelle, la philosophie et la culture helléniques. Ainsi se constituera un hellénisme chrétien.

Mais c'est là que gît la principale difficulté rencontrée par le théologien : en faisant ainsi servir à l'expression du mystère chrétien les procédés et les formules de la philosophie, on risque constamment d' « évacuer » ce mystère, de rationaliser la foi, ce qui, aux yeux de Grégoire, est précisément l'erreur même d'Eunomius.

Pour se garder contre cette erreur, la théologie ne devra jamais perdre contact avec ses sources : l'Écriture, la tradition et le dogme ; à propos de l'Écriture M. P. situe la position de Grégoire à mi-chemin entre l'exégèse allégorique alexandrine et l'exégèse réaliste d'Antioche.

Pour faire de la saine théologie le théologien doit aussi avoir des qualités propres et, avant tout, être autorisé, avoir reçu une mission de l'Église et cette fonction de théologien est une de celles que l'évêque doit assumer.

Cette consécration ne saurait d'ailleurs suffire ; le vrai théologien doit, par l'effort ascétique et la purification, avoir accédé à la contemplation et avoir acquis une certaine expérience des vérités dont il parle ; il y a là une conception de la théologie qui restera toujours très vivante parmi les chrétiens orientaux."

 in Jean Plagnieux. Saint Grégoire de Nazianze théologien, A. Guillaumont.Revue de l'histoire des religions, 1953, vol. 144, n° 1, pp. 105-111. source

NB Vous pouvez  lire en ligne quelques œuvres   de St Grégoire en français grâce à Albocicade   grand publicateur devant l'Eternel. Grâces lui soient rendues !

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