Kiev peut devenir un but de guerre Russie ? Point de vue de Jean-François Bouthors, éditeur et écrivain

sur le site Ouest France


Jean-François Bouthors 

Jusqu'où Vladimir Poutine est-il disposé à aller ? La question a hanté le dernier sommet du G20 de Brisbane, en Australie. Tous les participants de ce sommet ont affiché, à son égard, une grande fermeté, si bien que le président russe a choisi de claquer la porte en repartant prématurément pour montrer à ses interlocuteurs le peu de cas qu'il faisait d'eux.

 Sur le terrain, les accords de Minsk, qui prévoyaient l'application d'un cessez-le-feu, sont restés lettre morte. Peu avant le G20, on a constaté l'arrivée massive de convois d'armes lourdes et de soldats « non-identifiés », en provenance de Russie. Prélude à une nouvelle offensive « pro-russe » limitée, destinée à conquérir une part de territoire suffisante pour établir la continuité territoriale entre la Russie et la Crimée, via le port de Marioupol ? 

 Cette lecture prépare un abandon d'une partie du territoire de l'Ukraine de l'Est. Les diplomaties occidentales pourraient rechercher un accord avec Moscou en troquant cet abandon contre la « perte symbolique » du reste de l'Ukraine par la Russie. Le Kremlin accepterait, en contrepartie, de voir Kiev s'ancrer durablement dans le camp occidental, dans une forme de participation à imaginer avec l'Union européenne. Cette « sortie par le haut » éviterait de basculer dans un affrontement guerrier de plus grande ampleur aux conséquences incalculables. 

 Cette vision pèche par excès d'optimisme. Moscou pourrait alors ambitionner d'aller plus loin pour établir, via la grande ville d'Odessa, à l'ouest de la Crimée, une autre « continuité territoriale » avec la Transnistrie, région rebelle pro-russe de la petite république de Moldavie. Ce serait un signal fort inquiétant pour les républiques baltes qui comptent sur leur territoire de fortes minorités russes... La « sortie par le haut » deviendrait alors une nouvelle version de la « stratégie du salami », chère à Staline dans l'après-guerre : une reconquête, tranche par tranche, de l'ancien espace soviétique. 

 « La Russie poussée dans une fuite en avant » 

 De plus, si les résultats des législatives ukrainiennes semblent montrer qu'en gagnant la Crimée et le Donbass, Poutine a perdu le reste de l'Ukraine, rien n'indique que les Russes en aient fait le deuil. Kiev reste, dans le roman national, le « berceau de la Russie ». 

 Pour une large part de l'opinion publique et la quasi-totalité de la classe politique russes, l'opinion des Ukrainiens ne change rien à cette « vérité historique » qu'il tarde de rétablir. Les diplomates devraient donc prendre garde à ne pas minorer les intentions russes dans les perspectives de règlement de la crise ukrainienne. 

 N'ayant pas le droit de reculer, sous peine de devoir céder sa place, Poutine ira aussi loin que possible. L'un des effets des sanctions et de l'affaiblissement économique de la Russie, en raison de la baisse du prix du pétrole, est de le pousser dans la fuite en avant. 

 Dans la mythologie post-soviétique, l'héroïsme des sièges de Leningrad et Stalingrad pèse beaucoup plus lourd que les réalités économiques. Ce qui peut sembler fou du point de vue occidental est une donnée psychologique à ne pas ignorer. En l'absence d'un vrai coup d'arrêt signifié par les Occidentaux - une solide démonstration de force - Kiev peut devenir, pour Moscou, un but de guerre potentiel. Par Jean-François Bouthors, éditeur et écrivain. 

Commentaires

Laurence Guillon a dit…
Ce monsieur ferait mieux de s'occuper de sa maison d'édition, au lieu de répéter les calembredaines de la presse main stream et d'apporter sa contribution à la grande manip qui mettra l'Europe à feu et à sang et permet déjà le nettoyage ethnique du Donbass. Qu'avait-il besoin d'écrire cet article? Il n'y connait manifestement rien et ne lève pas son nez de Fig-mag Libé le Monde,la presse des banksters. J'aurais honte d'avoir publié ça.