Les lèvres mensongères font horreur à l'Éternel, tandis que ceux qui agissent avec fidélité lui sont agréables. Proverbes 12:22 «C'est ce qui sort de l'homme qui le rend impur. En effet, c'est de l’intérieur, c'est du cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées, les adultères, l'immoralité sexuelle, les meurtres, les vols, la soif de posséder, les méchancetés, la fraude, la débauche, le regard envieux, la calomnie, l'orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et rendent l'homme impur.» Marc 7:20-23 Un témoin fidèle ne ment pas, tandis qu’un faux témoin dit des mensonges. Proverbes 14:5 « Vous, vous avez pour père le diable et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement et il ne s'est pas tenu dans la vérité parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, il parle de son propre fond, car il est menteur et le père du mensonge. » Jean 8:44 Si les paroles distinguées ne conviennent pas à un fou, les paroles mensongères conviennent d’autant moins à un noble. Proverbes 17:7 « Écarte de ta bouche la fausseté, éloigne de tes lèvres les détours ! Proverbes 4:24 Craindre l'Éternel, c'est détester le mal. L'arrogance, l'orgueil, la voie du mal et la bouche perverse, voilà ce que je déteste. » Proverbes 8:13 « Pierre lui dit : «Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, au point que tu aies menti au Saint-Esprit et gardé une partie du prix du champ? […] Comment as-tu pu former dans ton cœur un projet pareil? Ce n'est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu.»Actes 5:3-4Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les enchanteurs, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l'étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort.Apocalypse 21.8

vendredi 30 août 2024

La chute de Kiev et la chute de l'empire américain



 

source : The Fall of Kiev and the Fall of the American Empire

par Père Andrew

Le conflit en Ukraine existe parce que l’establishment politique, militaire et médiatique américain et ses vassaux en Europe occidentale le souhaitent. Pratiquement tous les hommes politiques occidentaux, de Lindsey Graham à Kaja Kallas, d’Antony Blinken à Boris Johnson, ont clairement fait savoir que le but du conflit n’a jamais été de soutenir l’Ukraine, qu’ils méprisent (même s’ils savent où elle se trouve), mais de détruire la Russie, « jusqu’à ce que le dernier Ukrainien soit mort ». L’Ukraine n’est qu’un idiot utile, un mandataire, un bélier visant la Russie, rien de plus. Tout cela ressort clairement du rapport de 2019 de la Rand Corporation, le think tank du Pentagone, un rapport accessible au public.

Aucun citoyen ordinaire ne souhaite ce conflit, ni aux États-Unis, ni en Europe occidentale, ni en Ukraine, dont les misérables victimes sont des gens qui servent de chair à canon. L’opposition populaire est visible en Hongrie, en Slovaquie et en Serbie. Ailleurs, l’opposition est cachée ou qualifiée de « populiste », d’« extrême gauche » ou d’« extrême droite » par l’élite oligarchique de l’establishment occidental, mais elle existe toujours au sein de la population qui n’a pas subi de lavage de cerveau. Car le conflit existe et continue à cause de la mégalomanie américaine et, surtout, à cause du complexe militaro-industriel américain de plus en plus avide de profits.

Ces deux facteurs, la mégalomanie et la cupidité, ont toujours accompagné tous les empires. L'Empire romain, dirigé par une clique d'oligarques cupides à Rome, l'Empire catholique médiéval, avec ses inquisitions mégalomanes et ses indulgences cupides, l'Empire espagnol, mégalomane de la propagation du catholicisme et avide d'or et d'argent extraits par les esclaves, l'Empire français  mégalomane, qui a fait faillite en finançant la guerre d'indépendance américaine, l'Empire britannique, qui est mort de cupidité et d'orgueil, et l'Empire soviétique, qui voulait dominer le monde, tous sont tombés à cause de la mégalomanie et de la cupidité. Chaque fois que la mégalomanie est devenue trop grande et chaque fois que l'avidité du profit est devenue trop forte, des empires sont tombés.

Si nous prenons le cas de l’Empire britannique, nous pouvons voir comment, malgré les sinistres avertissements de l’humiliante guerre des Boers avec ses camps de concentration britanniques et le naufrage de l’insubmersible Titanic en 1912, il est quand même entré dans la Grande Guerre européenne en 1914. Il n’en avait pas besoin et aurait pu, au contraire, jouer le rôle de médiateur et apporter la paix. Il ne l’a pas fait à cause de sa mégalomanie et de sa cupidité. Ainsi, il est sorti de cette guerre en 1918 sur des béquilles. Lorsqu’il est sorti de la deuxième partie de cette guerre en 1945, résultat inévitable de la « paix » injuste de 1918, il n’était pas sur des béquilles, mais dans un fauteuil roulant. Son avidité dans des pays allant de l’Inde à Singapour et de la Chine au Kenya, avait été punie. C’était le résultat de la mégalomanie (« le soleil ne se couche jamais sur notre empire ») et de la cupidité de la City de Londres de dépouiller tous les pays qu’elle envahissait de leurs ressources naturelles.

Si l’on prend le cas de l’Empire soviétique, on voit comment, malgré l’avertissement de l’invasion allemande de 1941 et le génocide catastrophique des Slaves par les nazis, il s’est construit en Europe de l’Est et du Centre (Allemagne de l’Est, Hongrie, Tchécoslovaquie), en Corée, au Vietnam, dans la décolonisation de l’Afrique et enfin en Afghanistan. C’est cette dernière guerre qui l’a achevé. La faillite a été le résultat de sa démesure mégalomaniaque. Son Etat successeur, la Fédération de Russie, a au moins retenu la leçon et ne veut plus s’imposer au reste du monde et veut se donner la priorité.

Aujourd’hui, nous observons le même processus dans l’empire américain. Depuis 1945, année où il s’est retrouvé du côté des vainqueurs en Europe grâce à la victoire sacrificielle de l’Union soviétique, il n’a jamais gagné une guerre (l’invasion américaine de la minuscule Grenade n’était guère une guerre). Par exemple, sa guerre en Corée s’est terminée par une impasse, et il a perdu toutes ses autres guerres, au Vietnam, en Irak et en Afghanistan. Dans chaque cas, il a été défait. Aujourd’hui, en Ukraine, il fait face à la même déroute. « Nous avons gagné », « c’est la fin de l’histoire », « nous pouvons tout faire », « nous sommes exceptionnels » ne sont que des illusions orgueilleuses dont se nourrit son pouvoir.

C'est pour cette raison que l'OTAN a désespérément lancé son invasion des forêts en grande partie désertes de la province de Koursk, dans le sud de la Russie, avec toute sa technologie. L'OTAN, qui joue au casino, c'est-à-dire Washington, a tout misé sur cette opération. Après avoir échoué de loin à prendre la centrale nucléaire de Koursk et avoir déjà perdu plus de 7 000 de ses soldats, elle a maintenant été renforcée par des milliers de soldats supplémentaires. Il y a 81 ans, en 1943, Koursk se battait contre les chars allemands. Aujourd'hui, les chars allemands sont de nouveau là. Comme l'a dit un agriculteur néerlandais : « La Russie nous a sauvés de Napoléon. La Russie nous a sauvés d'Hitler. Russie, s'il vous plaît, sauvez-nous de Washington ».

Les athées de Kiev ont oublié que la ville de Koursk est le lieu de naissance du prophète saint Séraphin de Sarov. Ils ont également oublié qu’après avoir envahi la pointe sud de la province de Koursk, ils ont interdit l’Église orthodoxe. Les conséquences de cette décision pour les athées de Kiev et leurs marionnettistes occidentaux sont énormes. On ne se moque pas de Dieu, comme les athées vont bientôt le découvrir.

La chute de l’empire américain sera d’autant plus grande que celle de tous les autres empires qui l’ont précédée, car l’Amérique ne s’est jamais contentée de prendre une partie du globe, comme les empires qui l’ont précédée, elle a voulu tout conquérir avec avidité, conformément à son idéologie mégalomaniaque du mondialisme. Car le mondialisme est la forme ultime de la mégalomanie et de la cupidité combinées. Cela deviendra visible à tous lors du sommet de l’Alliance des BRICS qui se tiendra dans deux mois à Kazan, du 22 au 24 octobre. Y participeront de nombreux représentants de la majorité mondiale, notamment les dirigeants des première, troisième et cinquième économies mondiales : la Chine, l’Inde et la Russie. Des dizaines d’autres pays souhaitent rejoindre les neuf membres des BRICS. Contrairement à Washington, ces membres ne prônent pas le mondialisme, mais le multilatéralisme – l’avenir.

jeudi 29 août 2024

Translation de l'image non faite de main d'homme de notre Seigneur Jésus-Christ d'Edesse à Constantinople (944)




La troisième « Fête du Sauveur » en août
 Alors que le Seigneur prêchait en Palestine, sa renommée atteignit le roi d’Édesse Abgar, qui souffrait de lèpre. Abgar envoya un messager nommé Ananias pour demander si le Seigneur pouvait guérir sa maladie. Le roi chargea également Ananias, s’il ne pouvait pas ramener Jésus Lui-même, de ramener une image de Lui. Quand Ananias trouva Jésus, le Seigneur lui dit qu’il ne pouvait pas venir à Édesse car le temps de sa passion était proche. Mais il prit un linge et lava Son visage, laissant miraculeusement une image parfaite de Son visage sur le linge. Ananias rapporta la sainte image au roi, qui l’embrassa avec révérence. Immédiatement sa lèpre fut guérie, à l’exception d’une petite lésion qui restait sur son front. Plus tard, l’apôtre Thaddée vint à Édesse, prêchant l’Évangile, et Abgar et sa famille furent baptisés, à ce moment-là sa lèpre restante disparut. Le roi fit monter la sainte image sur du bois et l'exposer au-dessus de la porte de la ville pour que tous la vénèrent. Mais le petit-fils d'Abgar retourna à l'idolâtrie et l'évêque d'Édesse fit cacher l'image dans les murs de la ville pour éviter qu'elle ne soit profanée. Bien des années plus tard, lorsque le roi perse Chosroès assiégea Édesse, l'évêque Eulabius reçut une vision lui demandant de trouver la chambre scellée, dont l'emplacement avait été oublié. La sainte icône fut retrouvée, complètement intacte, et par son pouvoir l'armée perse fut repoussée. En 944, l'image fut apportée à Constantinople et conservée dans l'église de la Mère de Dieu appelée le Phare. C'est cet événement que l'on commémore aujourd'hui.



Une telle icône qui est également appelée "icône de la Sainte Face" chez les Catholiques est   abritée dans la cathédrale de Laon, réalisée dans les Balkans au 12e ou 13e siècle, probablement en Serbie ; elle porte une inscription slave en alphabet cyrillique signifiant « image du Seigneur sur le linge ». L’icône aurait été acquise par Jacques de Troyes archidiacre de Laon qui devient pape en 1261 sous le nom d’Urbain VI. 


Une sainte de l'Église catholique, Thérèse de Lisieux, avait une dévotion particulière pour cette image au point de choisir d'ajouter à son prénom  Thérèse "de l'enfant Jésus et de la Sainte Face"




Le peintre catholique français Georges Rouault
qui selon Enrico Crispolti "voyait dans la splendeur de l'image une sorte de reflet céleste"en a fait un thème récurrent de ses tableaux



vendredi 23 août 2024

LOUIS XVI ? Ah oui ! il méritait bien la guillotine avec tout ce qu'il a fait…

 LOUIS XVI - né il y a 270 ans, le 23 aout 1754 au château de Versailles - dans les faits, ses réformes sociales :




⚜️1774

Louis XVI décida de soulager son peuple en le dispensant du « droit de joyeux avènement », impôt perçu à chaque changement de règne.


⚜️1776

Louis XVI créa le corps des pompiers.


Louis XVI permit aux femmes d’accéder à toutes les maîtrises.


⚜️1777

Louis XVI autorisa l’installation de pompes à feu pour approvisionner Paris en eau de manière régulière.


Louis XVI créa un mont-de-piété à Paris pour décourager l’usure et venir en aide aux petites gens. (un système de prêt sans intérêts ! )


⚜️1778

Louis XVI abandonna aux équipages de ses vaisseaux le tiers de la valeur des prises qui lui était réservées en temps de guerre.


⚜️Louis XVI décida d’aider l’abbé de l’Epée dans son œuvre pour l’éducation des « sourds-muets sans fortune » auxquels il enseignait un langage par signes de son invention. Le Roi lui versa alors une pension de 6000 livres sur sa propre cassette, contre l’avis de l’archevêché qui soupçonnait cet homme de jansénisme.


⚜️Louis XVI dota l’école de Valentin Hauÿ pour les aveugles.


⚜️1779

Louis XVI donna l’ordre à ses commandants de vaisseaux de ne point inquiéter les pêcheurs anglais et obtint la réciprocité pour les pêcheurs français.


⚜️Louis XVI donna le droit aux femmes mariées et aux mineurs de toucher eux-mêmes leurs pensions sans demander l’autorisation de leur mari ou tuteur.


⚜️Louis XVI employa le premier l’expression de « justice sociale ».


⚜️1780

Louis XVI ordonna aux hôpitaux militaires de traiter les blessés ennemis « comme les propres sujets du Roi », 90 ans avant la première convention de Genève.


⚜️Louis XVI décida d’abolir le servage et la main-morte dans le domaine royal et le droit de suite qui permettaient aux seigneurs de faire poursuivre les serfs ou mains-montables qui quittaient leurs domaines.


⚜️Louis XVI ordonna l’abolition de la question préparatoire et préalable (torture).


⚜️Louis XVI fit construire à ses frais des infirmeries « claires et aérées » dans les prisons.


⚜️Louis XVI supprima de très nombreuses charges de la maison du Roi (plus du tiers).


⚜️1781

Louis XVI finança tous les aménagements de l’Hôtel-Dieu pour que chaque malade ait son propre lit individuel.


⚜️Louis XVI fonda un hôpital pour les enfants atteints de maladies contagieuses, aujourd’hui nommé Hôpital des Enfants Malades.


⚜️1782

Louis XVI créa le musée des Sciences et Techniques, futur Centre National des Arts et Métiers.


⚜️1783

Louis XVI fonda l’Ecole des Mines.


⚜️Louis XVI finança sur ses propres fonds les expériences d’aérostation des frères Montgolfier.


⚜️Louis XVI finança également les expériences de Jouffroy d’Abbans pour l’adaptation de la machine à vapeur à la navigation.


⚜️1784

Louis XVI exempta les juifs du péage corporel et d’autres droits humiliants.Puis il fit construire les synagogues de Nancy et Lunéville, et permit aux juifs d’avoir accès à toutes les maîtrises dans le ressort du Parlement de Nancy.




L’UNIQUE ÉGLISE ORTHODOXE UKRAINIENNE CANONIQUE, DIRIGÉE PAR LE METROPOLITE ONUPHRE


 Robert Amsterdam est un avocat canadien banni de Russie depuis dix-neuf ans pour avoir défendu un oligarque anti-Poutine. La dernière fois qu'il était là-bas, il a failli être arrêté avant d'être expulsé en tant que citoyen canadien et on lui a dit de ne jamais revenir.

Aujourd'hui, il est le représentant légal de l'Église orthodoxe ukrainienne canonique, dirigée par le métropolite Onufry. Il a joué un rôle déterminant dans la protection de l’Église contre la persécution des athées du régime de Kiev. Ils ont été soutenus par le régime Biden aux États-Unis et ses fantoches à Constantinople. Ces derniers ont créé une fausse Église nationaliste en Ukraine, à laquelle pratiquement personne ne participe.

Selon la plupart des sources, en 2018, Constantinople a reçu 25 millions de dollars des États-Unis pour créer cette fausse Église, qui est une organisation 100 % nationaliste d’État, composée de nombreux faux évêques et membres du clergé, soit canoniquement défroqués, soit jamais ordonnés, parfois criminels. Leur nationalisme est tel qu'ils ont par exemple interdit des saints russes comme saint Séraphin de Sarov et sainte Matrone de Moscou. Comme tout le monde le sait, le Christ était lui-même ukrainien et détestait les Russes.

Cette fausse organisation ecclésiale, soutenue par les néo-nazis, est connue pour avoir volé des églises de l'église canonique du métropolite Onufry, battu son clergé et ses paroissiens, puis fermé les églises pour que personne ne puisse y entrer. Naturellement, il n'est reconnu nulle part dans le monde orthodoxe, à l'exception du Patriarcat rémunéré de Constantinople et de quelques évêques douteux, principalement issus du monde nationaliste grec, qui est sous la coupe de Constantinople.

Le régime athée de Kiev souhaite depuis longtemps interdire l'église internationalement reconnue de Metr Onufry, défendue par l'avocat international Robert Amsterdam. Ses efforts ont mis en évidence à quel point « l’Ukraine démocratique » interdit l’Église. Le sénateur Vance est désormais au courant et en parle ouvertement ; il ne veut plus donner d’argent à Kiev. Les efforts de Robert Amsterdam ont également effrayé certains membres de la Rada, le Parlement de Kiev, qui ont compris qu'ils ne pouvaient pas violer les lois sur les droits de l'homme.

Néanmoins, le régime de Kiev pourrait aller de l’avant en interdisant l’Église orthodoxe ukrainienne. Ils imaginent qu’alors ses quelque 90 évêques seront tous transférés à la fausse Église d’État. Bien sûr, ils ne le feront pas, ils préféreront entrer dans la clandestinité. Ils imaginent également que des prêtres et des fidèles orthodoxes rejoindront la fausse Église. Bien entendu, ils ne le feront pas. Ils préféreraient rester chez eux et les églises seraient vides, comme les 1 500 églises déjà volées. Cependant, en tant que responsables de l’État, ils pensent que l’État a le pouvoir de forcer les gens à fréquenter une église particulière. Il s’agit d’une sorte de cléricalisme imposé par l’État, car ils ne le feront pas.

La raison pour laquelle le régime athée de Kiev veut interdire la véritable Église et pourquoi il a créé une fausse « Église » néo-nazie est qu’il prétend que la véritable Église est un instrument de l’ennemi, Moscou. La solution est simple. L’Église orthodoxe russe de Moscou organise demain un synode d’urgence et accorde l’autocéphalie à l’Église orthodoxe ukrainienne du métropolite Onufri (elle jouit déjà de l’indépendance). D'un seul coup, le problème, y compris celui de la fausse Église, disparaîtrait, car l'argument du régime athée de Kiev serait comme un tapis qu'on lui enlève des pieds.

En réalité, la probabilité que cela se produise est nulle. En attendant, le seul espoir pour l’Église orthodoxe ukrainienne de Kiev est Robert Amsterdam. (source)

Père Andrew


mercredi 14 août 2024

LE WOKISME EST UN CHANTAGE MORAL par Béatrice Rosen


Béatrice Rosen, actrice et chroniqueuse franco-américaine commente l'actualité de la politique américaine, la cérémonie des JO et plus globalement la montée du wokisme dans les sociétés occidentales. Sans tabous.

LA SERVITUDE VOLONTAIRE par Christos Yannaras


[…] Les gens se soumettent assez facilement à toutes sortes d'institutions liées à l'exercice du pouvoir — dans de nombreux cas, on pourrait parler du plaisir de la soumission ou de la soumission fanatique. Quelle explication peut-on offrir pour cette situation ?

Une interprétation possible est que la soumission soulage l'individu de la responsabilité, du risque et de la liberté—elle le soulage de la peur de grandir, de la peur de devenir adulte. D'autres—et non pas le même individu—décident, choisissent et prennent le risque de l'erreur. L'individu obéit simplement ; il suit. L'étreinte et les soins de la mère, la force et la prérogative du père, le fait de laisser la responsabilité des décisions à cette affection et cette autorité protectrices—tout cela trouve un substitut désirable dans les institutions et les personnes autoritaires. C'est un agréable report du sevrage, un refus commode de grandir. Le secret de notre volonté de nous soumettre et d'obéir à toute forme d'autorité réside plutôt dans notre besoin de trouver un substitut à la protection paternelle et maternelle ; il réside dans la peur de la liberté.

[…]

Par le mot totalitarisme, j'entends la revendication et la tentative (systématiquement organisée) d'une autorité gouvernante de contrôler l'ensemble de la vie, publique et privée, de ceux qui sont sous son autorité, avec pour but de subordonner tous les aspects de la vie (même les convictions, les intentions et les jugements des individus) aux règles établies par cette autorité. Le fait qu'une telle revendication puisse être formulée, mise en place comme un régime organisant la société dans son ensemble, ne peut être simplement le résultat d'une imposition d'en haut. La conformité de la pensée, du jugement et des intentions des individus avec les lignes tracées par l'autorité présuppose en premier lieu un groupe social qui est volontairement (et peut-être avec plaisir) enclin à faire une telle soumission—c'est sur cela que repose l'imposition générale de la revendication. Sans cette masse critique donnée, ou l'inclination latente (et peut-être inconsciente) à la soumission, aucune force ne pourrait imposer et maintenir un régime totalitaire.


La soumission et l'obéissance aux ordres venus d'en haut sont, dans la plupart des cas, le résultat de la peur de devenir adulte, la peur de la liberté—un produit de l'instinct de préservation et de protection de soi. Cependant, l'exercice du pouvoir, la capacité de subordonner les autres à soi et de les diriger, constitue un autre type de plaisir, peut-être supérieur à tout autre—un produit de la satisfaction de l'instinct (tout aussi aveugle) de domination. Avoir autorité sur la pensée, le jugement et la volonté de ses semblables, exercer une autorité « spirituelle » sur eux, dicter leur comportement et leurs pratiques quotidiennes, dominer leurs attitudes psychologiques et contrôler leur relation avec le transcendant doit être équivalent à un sentiment enivrant de pouvoir et d'affirmation de soi.


En même temps, la personne qui exerce un tel pouvoir est vénérée par ceux qui ont pris plaisir à se soumettre à lui. Il suscite leur respect. Ils l'honorent ; ils l'admirent. Sa présence évoque la crainte, voire l'extase, principalement lorsque l'autorité qu'il exerce se manifeste non pas comme un pouvoir séculier mais comme un pouvoir supra-mondain, reflétant une autorité métaphysique et jugeant l'avenir éternel des êtres humains, qu'ils « périssent » ou soient « sauvés ». La personne qui exerce un tel pouvoir est alors considérée comme un être presque au-delà des limites du naturel. Il est enveloppé dans la splendeur du sacré. L'imposition de son autorité est irrésistible."


Christos Yannaras

mardi 13 août 2024

LE ROI, LA DETTE ET LA REVOLUTION Préfiguration de la dette d'aujourd'hui

Het Groote Tafereel der Dwaasheid, Wie redeneeren wil is mis, men vind de Lapis by de gis

Par Marion Sigaut – Janvier 2018 – Source marionsigaut.com

Il est banal de dire que la Révolution française fut un soulèvement populaire contre les privilèges indus de la noblesse et du clergé, et que la prise de la Bastille vit l’émergence du peuple sur la scène de l’Histoire de France.

La France serait devenue, en 1789, un modèle pour le monde, et l’événement aurait été – ainsi l’a promu le musée historique de Berlin à l’occasion du bicentenaire – le « marque-page de l’Histoire », das Lesezeichen der Geschichte.

Il est un peu moins courant de signaler qu’elle fut surtout une entreprise destinée à régler un problème récurrent : celui de la dette publique. Déjà…

À la mort de Louis XIV en 1715, le trésor public était aux abois et le Régent, en arrivant aux affaires, apprit rapidement que les ressources des deux années à venir étaient dévorées d’avance : le roi devait de l’argent partout. Les dernières années de son règne avaient été calamiteuses en guerres ruineuses et catastrophes climatiques.

C’est pour tenter de rétablir la situation que Philippe d’Orléans fit appel au génie de l’écossais John Law, qui s’était proposé de tout régler en introduisant le papier-monnaie.

On connaît la suite : le « système » vit naître des fortunes insensées et une banqueroute spectaculaire, dont on sait peu qu’en fait elle permit l’assainissement des finances publiques. .

En pays catholique qui interdisait l’usure (autre nom du prêt à intérêt), quand le roi voulait de l’argent, il faisait appel aux capitaux des particuliers à qui il versait des rentes viagères, dont les arrérages étaient versés par l’hôtel de Ville.

En 1720, quand le système de Law s’effondra, l’intérêt annuel à payer, (rentes de Livres) était de 45 millions contre 80 millions environ à l’arrivée de l’aventurier aux affaires. Pas mal…

Les rentes que le roi versait à ses créanciers étaient nominales et viagères. Nominales, elles faisaient l’objet d’un contrat passé chez un notaire, et viagères, elles s’éteignaient quand le créancier était mort.

Dans le principe le roi ne faisait pas forcément une mauvaise affaire, la personne susceptible d’avancer des fonds au Trésor étant plus sûrement proche de la retraite que du berceau.

Or il se trouve qu’à partir de 1749, pour donner aux Français le goût de financer le Trésor, on introduisit la rente au porteur. La rente devint donc un effet négociable de gré à gré, on oublia les notaires ce qui renforça le succès des souscriptions.

En 1754, le ministre Moreau de Séchelles (Moreau de naissance, et « de Sechelles » par l’achat d’une terre…) emprunta pour 22 millions qui donneront 2 millions et demi de rentes viagères à rembourser annuellement.

Deux millions et demi de livres à rembourser par an (pour se donner une idée, il faut multiplier par 30 pour avoir des euros ), l’emprunt s’ajoutait bien sûr aux précédents… Les revenus du roi, eux, n’augmentaient pas.

Quand arriva la Guerre de Sept Ans (1756- 1763), il fallut de nouveau emprunter et inventer de nouvelles incitations à confier ses économies au monarque. Pour avoir de l’argent, il faut en promettre. En novembre 1758 fut lancé un nouvel emprunt qui apportait une innovation de taille : la tête sur laquelle était assurée la rente n’était plus celle de l’emprunteur, mais une autre, ou même deux ; en cas de décès, la rente n’était réduite que de moitié.

Et puis, pourquoi bêtement gager son emprunt sur un homme d’affaire chenu, quand on pouvait bien plus avantageusement la gager sur son fils, sa fille, ou même son petit-fils ou sa petite-fille… La durée de remboursement s’allongeait dangereusement.

En 1759, le fugace contrôleur général des Finances, Étienne de Silhouette, eut le temps de calculer que le Trésor royal devait sortir 100 millions de livres annuellement pour rembourser ses emprunts. Les recettes, elles, étaient de 286 millions : le roi dépensait plus du tiers de son budget pour rembourser ses créanciers. Il fallait donc réduire les dépenses ou augmenter les revenus.

L’année 1763 fut une année charnière, essentielle pour comprendre la suite. Elle fut d’abord celle de la défaite de la France dans ce qui peut être considéré comme la vraie première guerre mondiale. La Guerre de Sept ans fut calamiteuse pour notre pays qui perdit notamment le Canada et vit son rival anglais dominer désormais les mers.

1763, ce fut aussi le triomphe de Voltaire dans l’affaire Calas. . Ne minimisons pas l’importance que put avoir ce fait divers de province. En réussissant à faire accroire au public que des fanatiques catholiques avaient injustement supplicié un protestant innocent, le menteur Voltaire avait atteint le but recherché : il avait réussi à faire passer aux yeux du monde la religion catholique comme mortifère et les protestants comme les gentils. Nous verrons ce que ce renversement de l’opinion allait coûter à la France.

1763 vit aussi la fin de la guerre entre les jésuites et les jansénistes par le triomphe de ces derniers. Après un siècle et demi d’invectives, de haine déclarée, de calomnies inventées et déversées par tous les canaux possibles, les magistrats jansénistes avaient enfin obtenu ce qu’ils cherchaient : l’éloignement de ces incomparables intellectuels qu’étaient les jésuites. Quelques reproches qu’on ait pu avoir à leur faire, ils étaient des têtes pensantes parmi les mieux faites, et ils étaient écoutés des rois, qui choisissaient parmi eux leurs confesseurs. Aussi n’est-ce pas par hasard si leur départ fut concomitant avec le succès d’une secte qui allait faire parler d’elle : celle des Physiocrates.

C’est un jeune protestant brillant, Pierre-Samuel Dupont (qui deviendra « de Nemours » sous la révolution pour le différencier d’autres Dupont) qui inventa le mot. La physiocratie, c’était une nouvelle science qui allait révolutionner le monde. Pour dire physiocrate, on disait aussi « économiste ». Ou plus exactement œconomiste. Les tenants de la science de la Nature, maîtresse des échanges et des transactions. Dame Nature à la rescousse des faiseurs d’argent. Des commerçants.

On a un autre mot pour qualifier cette théorie : le libéralisme.

Cela faisait des années que, désireux d’imiter nos voisins anglois (qui avaient décapité leur souverain en 1649, un exemple à suivre ?), les libéraux voulaient convaincre les autorités de laisser faire, laisser passer. Au nom de la Raison (qui s’opposait à la superstition catholique ennemie du prêt à intérêt et de la liberté du commerce), les adeptes de cette secte prétendaient enrichir tout le monde en abolissant tout contrôle, que ce soit la police des grains ou les corporations de métier. On appellera ce mouvement les Lumières, ils eurent le journaliste Diderot et son Encyclopédie comme porte-voix, et le richissime Voltaire comme thuriféraire.

La théorie physiocratique avait été élaborée par un certain François Quesnay proche de la Pompadour et bien en Cour, faux médecin mais vrai charlatan. Ce génial inventeur avait mis au point un tableau dans lequel il démontrait que si on laissait circuler les marchandises dans le royaume comme le sang circulait dans nos veines, on allait porter la richesse partout. Ce drôle prétendit que tout ceci crevait les yeux, il rédigea même l’article « évidence » pour l’Encyclopédie. .

Le nouvelle évidence, qui semblait avoir échappé aux barbares qui précédaient, avait comme credo qu’il fallait abolir les règlements et laisser le libre marché fixer les prix de tout : du pain notamment. Et des salaires. De la substance du peuple.

L’idée était séduisante évidemment, et elle faisait entrevoir au monarque une solution à ses soucis. En laissant courir le prix des subsistances, on augmenterait les revenus de la terre donc des impôts. Ils prétendirent même que le laboureur, assuré d’un plus grand gain, allait produire plus… Combien de physiocrates ont-ils cultivé un champ ?

L’abolition de toutes les entraves au commerce des grains à l’intérieur du royaume fut ordonnée en 1763. La libéralisation de leur exportation suivit d’un an. Le prix du pain ne mit pas un an à flamber, et avec lui le peuple qui se souleva comme un seul homme.

Comment le roi, nous disons le roi en personne, pouvait-il permettre une telle incongruité ? Mais il était là pour protéger le peuple contre la rapacité des marchands, pas pour leur livrer le pays !

Pourtant si, Louis XV avait bel et bien écouté les sirènes libérales, et cru qu’il allait ainsi éponger son déficit.

Ce n’était pas faute d’opposants à ce nouveau système. « Il faut nourrir le peuple et non enrichir quelques marchands ! »avait tonné le magistrat Séguier. « Une foule d’écrivains qui n’a ni la mission ni le pouvoir d’exprimer la volonté publique, prétend être son organe en exaltant le système le plus incongru au sujet de sa subsistance » avait prévenu un autre juge, Le Pelletier.

L’expérience libérale prit fin avec l’arrivée aux pouvoir de l’abbé Terray qui, fin 1769, rétablit la police des grains et interdit l’exportation de blés.

Par la même occasion, il réduisit drastiquement les droits des rentiers en refusant purement et simplement d’honorer certaines dettes, poussant, sans états d’âmes, d’honnêtes créanciers au suicide. . Ce qui ne fit pas rentrer de l’argent dans les caisses : si le roi ne paye pas ce qu’il doit, qui va le renflouer ?

La dette, la dette, comment venir à bout de la dette sans emprunter de nouveau…

L’abbé Terray lança de nouveaux emprunts mais son attitude intransigeante s’était retournée contre lui : ses emprunts furent des échecs. On ne voulait plus avancer ses sous au roi. La mort de Louis XV mit fin à son ministère.

En 1774, le jeune Louis XVI accéda au trône et fut chaudement pressé de recourir aux services d’un excellent commis de l’État, anciennement intendant du Limousin où il s’était distingué : Jacques Turgot.

Un homme fait, beau, majestueux, intelligent, éclairé. Oui, éclairé, un homme des Lumières, de l’Encyclopédie, qui plongea devant le jeune monarque et lui promit la lune :
Point de banqueroute : le roi payera où il doit ;
Point d’emprunts : on en a déjà trop ;
point d’augmentation d’impôts. La coupe en est pleine.

Quel pouvait être sa recette ? Un miracle ? Un don de Dieu ? De la magie ?

Pas du tout : Turgot était le partisan d’un retour efficace, et en grand, au libéralisme, le vrai.

Les mesures libérales prises par Turgot sur tout le territoire sidérèrent le public qui vit tout à la fois vider les greniers à l’orée de l’hiver et interdire à la police d’empêcher le premier venu de rafler chez les producteurs tout le blé que les habitants attendaient au marché du coin.

Plus d’un millénaire de royauté française avait mis sur pied un système tatillon de surveillance et d’interdits, qui obligeait les producteurs à vendre au peuple d’abord, et aux marchands ensuite, s’il restait de quoi acheter. La police des grains était au service du consommateur et elle veillait, elle était là pour ça, que le pain du peuple ne soit jamais l’objet d’enrichissement indu.

Les Lumières venaient de balayer cette odieuse superstition et d’envoyer la police protéger les marchands contre un peuple ignare et plein de préjugés contre le commerce.

À travers tout le royaume éclatèrent des émeutes qui virent le peuple, secondé souvent par la police et soutenu parfois par les autorités locales, désobéir au roi en poursuivant sur les routes et les canaux des convois de grains que des petits malins pouvaient enlever et stocker ailleurs.

Cet épisode s’appelle la Guerre des farines.

Turgot et son ami Condorcet firent montre de la plus grande fermeté : ce sont des malfaisants qui excitaient le peuple, c’était un complot contre la Raison. D’ailleurs le peuple étant ignorant, il ne pouvait savoir ce qui était bon, on allait le lui montrer.

Quand les émeutes atteignirent Versailles et se massèrent sous les fenêtres du roi, ce dernier vacilla. Mais il se ressaisit : il avait promis son soutien à Turgot, quoi qu’il arrive. Il ne pouvait reculer. Il laissa son ministre organiser la répression et pendre trois émeutiers.

Y pensa-t-il dix-huit ans plus tard quand il monta à l’échafaud ?

Turgot continua sa politique libérale en supprimant les corporations, ce qui eut pour effet de faire du contrat de travail un accord libre entre un patron libre et un ouvrier libre, comme le renard libre dans le poulailler libre….

Et à qui vint lui faire remarquer qu’il faisait simultanément monter le prix du pain et baisser les salaires, il répliqua : « Lorsque la cherté élève la denrée au-dessus des facultés du peuple, ce n’est point pour lui-même que souffre l’homme de journée, l’ouvrier, le manœuvre ; ses salaires, s’il était dégagé de tout lien, suffiraient pour le nourrir : ce sont sa femme et ses enfants qu’il ne peut soutenir, et c’est cette portion de la famille qu’il faut chercher à occuper et à salarier. » .

Turgot inventa le travail des enfants.

Le banquier genevois Jacques Necker, pour lors Ministre (ambassadeur) de Genève à Paris, coutumier des salons où son épouse Suzanne s’occupait d’en faire un demi-Dieu, avait publié un texte dans lequel il s’élevait contre l’exportation des blés. Cela fut suffisant pour le faire passer pour un antilibéral, et déclencher les foudres du malheureux Turgot qui vit en lui la cause de la guerre des farines.

Il n’eut pas le dernier mot et le roi finit par le renvoyer le 12 mai 1776, au comble de l’impopularité.

Ce fut le 29 juin 1777 que le roi Louis XVI opéra dans le royaume de France un changement totalement incongru. Il nomma Jacques Necker directeur général des finances. Or il était étranger, banquier et protestant. Merci, Monsieur de Voltaire.

Lui aussi promit la lune au roi en assurant qu’il allait rétablir ses finances, nous allons voir comment. Le 3 décembre 1776 avait débarqué à Quiberon le franc-maçon américain Benjamin Franklin, qui venait plaider la cause des Américains contre l’Angleterre. Et, alors qu’on cherchait partout comment rétablir les finances publiques, il réussit à convaincre l’entourage du roi, puis le roi lui-même, que la France devait soutenir les insurgents et faire pour eux la guerre.

Y a-t-il plus ruineux qu’une guerre ?

La seule façon de s’y enrichir s’appelle la conquête, assortie bien sûr de la victoire. Il ne s’agissait là que de prestige, de grandeur d’âme, qui allait payer ?

Necker avait le génie de l’argent, il allait en trouver. Ah ça ! il savait faire. Et il jura lui aussi ses grands Dieux qu’il n’allait pas augmenter les impôts… « Il fait la guerre sans impôts, C’est un Dieu ! », ironisa Mirabeau.

Là où l’abbé Terray avait échoué, Necker réussit brillamment et rétablit le crédit du roi : les emprunts qu’il lança reçurent un accueil enthousiaste. Il avait mis en pratique un système génial qui mit à contribution sa ville natale de Genève : la rente viagère sur têtes multiples avec tirage au sort de lots.

On gagea les rentes viagères non plus sur la tête de l’emprunteur ou celle de sa descendance, mais sur celle de trente demoiselles genevoises préadolescentes, nées de familles riches et saines à la longévité probable. Si l’une d’elles mourait, il en restait vingt-neuf pour garantir au créancier la continuation du remboursement. Les conditions étaient si intéressantes que le public se rua sur l’aubaine, Necker claquait dans ses doigts et l’argent rentrait. En moins de cinq ans, il emprunta plus de 530 millions de livres, qui s’ajoutèrent au déficit précédent !

Les anciennes rentes viagères sur la tête du créancier duraient environ 20 ans. Les nouvelles en atteindront 60. On se battit pour en avoir et le roi se ruina… Au bénéfice de qui se fit l’opération ?

De Necker certainement qui, sans en avoir l’air – sa femme Suzanne clamait à qui voulait l’entendre qu’il avait renoncé à ses affaires pour s’occuper de celles du roi – avait placé son frère Louis sous un faux nom à la tête de sa fortune qui continua de prospérer.

Au bénéfice de Genève sûrement, où s’étaient réfugiés les protestants chassés de France par la révocation louis-quatorzienne, et qui tenaient une forme de revanche en s’enrichissant aux dépens de son descendant. Mais n’allons pas accuser les protestants d’avoir été les seuls à profiter de l’aubaine, il ne manquait pas de bons Français catholiques pour en faire autant.

Le passage de Necker au ministère fut un gouffre et Mirabeau écrira en 1787 : « Les emprunts qu’a fait M. Necker doivent être considérés au nombre des plus chers, des plus mal organisés et des plus ruineux que la France ait été contrainte de payer. »

Les Français continueront de payer en 1885, cent ans et quatre révolutions plus tard ! .

Necker fut l’homme des intérêts privés contre le Trésor. Sa réputation d’humanisme est totalement surfaite et ne provient que de l’intense propagande de son épouse. Si Necker se posa en adversaire de la très impopulaire exportation des grains, il ne s’opposa pas à la libéralisation du commerce intérieur, non moins impopulaire. Et s’il y eut une catégorie de la population qui l’adula ce fut celle des rentiers qu’il enrichit. Incontestablement.

En 1781, Necker, toujours convaincu de la nécessité d’avoir avec lui l’Opinion, cette nouvelle venue au Panthéon des Lumières, publia un compte-rendu de sa gestion, riche en incontestables économies dans les dépenses publiques, qui connut un succès international et mit beaucoup de monde fort en colère.

Le ministre Maurepas par exemple, ulcéré de n’y avoir pas été mentionné, qui proféra contre cet ouvrage d’auto-congratulation un cinglant : « Je le trouve aussi vrai que modeste. » .

Certes Necker était justifié d’expliquer nombre de ses réformes, mais il l’eût été également d’évoquer les recettes et les dépenses extraordinaires : il omit simplement de mentionner la guerre d’Amérique dans les dépenses et ses emprunts ruineux dans les revenus. Il établissait un état des lieux ne faisant pas apparaître le montant exorbitant de la dette qu’il avait créée…

Le roi le renvoya et les rentiers commencèrent à trembler : allaient-ils toucher leurs rentes ?

Ce fut pendant le ministère de son successeur Calonne que la France et l’Angleterre signèrent un traité de paix assorti d’un article absolument assassin. Le physiocrate Dupont de Nemours était aux commandes. Partisan du libéralisme le plus échevelé, il prépara l’invasion de la France par les productions anglaises à bas prix.

Il ne manquait pas d’arguments : « C’est une erreur dange­reuse que de vouloir fabriquer, chez soi, tout ce qui se fabrique ailleurs ; parce que le commerce ne se soutient que par des échanges, et que ces échanges sont impossibles, quand une nation veut tout donner et ne rien recevoir. »

À propos du commerce, dont tant d’hommes des Lumières déploraient les insupportables entraves il disait, citant l’évangile : « ôtez ses liens et laissez-le aller ». L’allégorie est audacieuse : la citation fait référence au lépreux Lazare, que Jésus ressuscite et sort de sa tombe couvert de bandelettes. Voilà le commerce personnifié en ami de Jésus.

D’ailleurs, pourquoi refuser de laisser entrer les produits de ceux qui savent mieux faire que nous ? Mieux faire que les Français, les Anglais ? Mieux certainement pas. Moins cher, sûrement, et évidemment. Car l’Angleterre, elle, savait faire travailler les enfants.

Le traité Eden-Rayneval fut signé en septembre 1786 : la foudre s’abattit sur la France !

Des milliers d’ouvriers au chômage quittèrent les villes pour errer à la recherche d’un travail. Le roi n’avait même pas les moyens d’envoyer des secours aux villes qui suppliaient qu’on leur vienne en aide. Quand vint l’hiver, on vit des ouvriers à demi nus mendier dans les villes et de village en village pour quémander un morceau de pain. Allait-on mourir de faim au puissant royaume de France ?

On créa partout en urgence des ateliers de charité humiliants pour faire des routes ou détruire de vieux remparts inutiles. Ces hordes de miséreux, hier encore ouvriers incorporés ou paysans pauvres mais vivant dignement, feront les foules de la Révolution. Dans deux ans…

Calonne ne fit pas que laisser envahir la France par des sous-produits du travail mal payé. Il reprit à son compte le projet physiocratique d’augmenter les revenus par une imposition territoriale levée sur tous les revenus fonciers. Sous des dehors de justice fiscale (faire payer tout le monde, qui va être contre à part quelques privilégiés ?) il ouvrait une nouvelle fois le dossier de la libre circulation des grains, moyen efficace d’augmenter les prix, donc le revenu de l’impôt.

Le roi convoqua des notables pour leur demander avis et conseils et l’Assemblée tint séance de février à mai 1787. Calonne ne réussit pas à faire passer entièrement ses vues et il fut renvoyé en avril. Non sans avoir obtenu l’accord des notables, tous propriétaires terriens et intéressés à la chose, sur le principe de la libre circulation des grains.

C’est le 17 juin 1787, deux ans tout juste avant le déclenchement de la Révolution, que le nouveau ministre, Loménie de Brienne, présenta au roi qui la signa, une déclaration faisant de la libre circulation des subsistances, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, l’état habituel du royaume. Combien de temps cette mesure prendrait-elle pour remplir les caisses du roi et combler le déficit abyssal du Trésor ?

Le ciel s’en mêla et la situation empira encore. En juillet 1788, un gigantesque orage désola tout le nord de la France et en août le Trésor, aux abois, suspendit les paiements en numéraire.

Faute de meilleure solution, le roi rappela Necker qui prit des mesures d’urgence pour les subsistances, mais sans rien changer au fond : le commerce en était désormais libre, le pain était une marchandise comme une autre que tout un chacun pouvait acheter, revendre ou stocker selon son inaliénable droit de propriétaire.

L’hiver 1788-1789 fut épouvantable : sans travail et avec du pain à prix prohibitif, des masses de plus en plus nombreuses de miséreux grondaient et réclamaient à cor et à cris ce que toujours les rois avaient protégé et que Louis XVI interdisait désormais : la taxation.

Taxer, c’est fixer un taux. Taxer le pain, c’est en déterminer le prix qui permet au plus pauvre de l’acheter. Les physiocrates avaient décrété que la taxation c‘était du vol, et que seul le « marché », le nouveau Dieu, avait le droit de fixer ce prix en fonction de l’offre et de la demande.

Aux cris scandés par la foule de « taxation ! taxation » les émeutes de la faim secouèrent le royaume du nord au sud. Tenues de faire respecter la loi mais moralement incapables de tirer dans le tas, les autorités locales qui, toujours, avaient protégé le peuple contre l’avidité des marchands, opposèrent une répression particulièrement molle.

Tout devint permis et, inexorablement, la France glissa dans le chaos.

Il ne restait plus au roi, pour résoudre l’insoluble problème de la dette, qu’à convoquer les États-généraux.

Par un tour de passe-passe particulièrement habile, l’hôtel de ville parisien avait réussi à en faire exclure les métiers et seuls les marchands votèrent : les ouvriers parisiens, partisans des corporations et opposants au libéralisme et à la libre circulation des grains, ne furent pas représentés aux États-généraux.

Ceux-ci se réunirent le 5 mai 1789.

Forts de la faiblesse du pouvoir, ils s’autoproclamèrent assemblée nationale constituante par un coup d’État le 17 juin à Versailles.

À Paris où, comme ailleurs, le blé était hors de prix, 10 000 chômeurs étaient occupés en ateliers de charité à casser des cailloux le ventre creux…

Cousin du roi et grand-maître du Grand Orient de France, le duc d’Orléans s’apprêtait à en tirer parti. Le 9 juillet, il réunit chez lui cent députés amis pour préparer la suite. . L’abbé Sieyès qui présidait l’assemblée y prit la parole : « Messieurs, dans l’état désespérant où sont les affaires, il ne reste à la Nation française que la ressource de se mettre sous la protection du grand Prince qui préside à cette illustre Assemblée. »

On était venu se préparer à mettre la régence du royaume entre ses mains.
« Jurons donc tous ici de ne rien négliger pour conduire ce Prince immortel au sommet du Gouvernement. »

On imagine bien qu’un tel rassemblement autour du chef français de la franc-maçonnerie n’est pas le fruit des simples circonstances. Le succès du frère Benjamin Franklin, dont l’intervention fut décisive dans l’engagement héroïque – et totalement inutile de son point de vue – de la France auprès des insurgents (qui s’empressèrent de trahir dès leur victoire acquise), sont à chercher dans le réseau maçonnique en place. Et la présence de Necker à ce rassemblement montre bien que l’affaire était manipulée de loin, dans le temps comme dans l’espace.

Mais laissons là le sujet qui devra faire l’objet d’une étude à part.

Il s’agissait bel et bien de renverser le trône : tous les invités prêtèrent le serment de fidélité demandé par Sieyès et ils préparèrent l’émeute finale pour dans quatre jours.

Et il aurait fallu que le roi, informé de la conjuration, laisse faire ? Quand il sut que Necker en faisait partie, il lui signifia immédiatement son renvoi.

On imagine aisément le choc que la nouvelle déclencha : Necker renvoyé ?

Mais qui allait payer les rentes ?

Qui allait éviter l’inévitable banqueroute qui verrait s’envoler tout espoir de toucher ses sous ?

Pas de banqueroute, surtout pas de banqueroute !

Tout le monde sur le pont !

Aux armes ! Aux armes !

Ce fut le signal de l’insurrection. Prévue pour le 13, elle eut lieu finalement le 14, habilement déclenchée depuis le Palais-Royal, domicile du duc d’Orléans qui fit distribuer aux chômeurs de l’argent et des promesses en tout genre, notamment celle de se faire égorger par les troupes royales qu’on disait en route pour la capitale.

La suite est connue. Les émeutiers allèrent à la Bastille chercher des munitions et massacrèrent ses défenseurs qui, sous la promesse qu’aucun mal ne leur serai fait, leur avaient ouvert les portes… La prise de la Bastille fut d’abord et avant tout une émeute de rentiers qui ont recruté pour leurs basses œuvres des ouvriers au chômage et au ventre vide.

On sait également que le banquier Delessert prit les armes et rejoignit les émeutiers avec ses enfants, ses commis et ses domestiques.

Des banquiers, des rentiers et des chômeurs. On appellera ça « le peuple ».

Arrêtons là et laissons la parole au journaliste Antoine Rivarol, contemporain des événements : « Soixante mille capitalistes et la fourmilière des agioteurs ont décidé la révolution… Ils voulaient que M. Necker régnât pour les payer ; qu’on essayât d’une révolution pour les payer ; que tout fût renversé pourvu qu’on les payât. Ils ne concevaient pas que l’Assemblée nationale fût autre chose qu’un comité des finances… ».

Un peu plus tard, Mirabeau célébrera le « bienheureux déficit » et cette « dette publique qui a été le germe de notre liberté ».

On ne saurait mieux dire. Et quatre ans plus tard le 15 août 1793, au moment où se décidera le populicide vendéen, Cambon dira à la Convention où il présentera son rapport sur la dette publique : « C’est peut-être à l’existence de ces emprunts que nous devons le com­mencement de la Révolution ; le Gouvernement, embarrassé pour acquit­ter les engagements qu’il avait contracté, convoque les États généraux pour y pourvoir. Les portefeuilles regorgeaient d’effets royaux ; les pro­priétaires de ces effets, craignant de perdre leurs capitaux, prirent le masque révolutionnaire et se réunirent aux amis de la République ; dès lors le Palais-Royal fut le lieu de rassemblement des patriotes, et c’est de ce foyer que partit le feu sacré qui enflamma les âmes le 14 juillet et les 5 et 6 octobre 1789. »

Ce sont eux qui le disent.

La révolution a été faite pour les capitalistes qui avaient ruiné les finances royales, et par les foules misérables de malheureux réduits à la misère par l’application des mesures libérales promues par les Lumières, à qui on a fait croire que le roi s’apprêtait à venir les égorger.

Une dernière information pour conclure. .

Des rentes viagères avaient été constituées sur la tête du roi, de la reine et du duc d’Orléans, têtes présumées protégées contre le risque d’une mort prématurée.

Quand elles tombèrent, le nouveau pouvoir éteignit en trois coups successivement 400 000, 200 000 et 250 000 livres de rentes annuelles.

Près d’un million d’économies par an. Il n’y a pas de petit profit.

Marion Sigaut
Historienne, spécialiste de l’Ancien Régime