Les lèvres mensongères font horreur à l'Éternel, tandis que ceux qui agissent avec fidélité lui sont agréables. Proverbes 12:22 «C'est ce qui sort de l'homme qui le rend impur. En effet, c'est de l’intérieur, c'est du cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées, les adultères, l'immoralité sexuelle, les meurtres, les vols, la soif de posséder, les méchancetés, la fraude, la débauche, le regard envieux, la calomnie, l'orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et rendent l'homme impur.» Marc 7:20-23 Un témoin fidèle ne ment pas, tandis qu’un faux témoin dit des mensonges. Proverbes 14:5 « Vous, vous avez pour père le diable et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement et il ne s'est pas tenu dans la vérité parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, il parle de son propre fond, car il est menteur et le père du mensonge. » Jean 8:44 Si les paroles distinguées ne conviennent pas à un fou, les paroles mensongères conviennent d’autant moins à un noble. Proverbes 17:7 « Écarte de ta bouche la fausseté, éloigne de tes lèvres les détours ! Proverbes 4:24 Craindre l'Éternel, c'est détester le mal. L'arrogance, l'orgueil, la voie du mal et la bouche perverse, voilà ce que je déteste. » Proverbes 8:13 « Pierre lui dit : «Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, au point que tu aies menti au Saint-Esprit et gardé une partie du prix du champ? […] Comment as-tu pu former dans ton cœur un projet pareil? Ce n'est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu.»Actes 5:3-4Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les enchanteurs, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l'étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort.Apocalypse 21.8

dimanche 29 septembre 2019

CE SANG QUI NOUS LIE de Sylvain DURAIN


Véritable enquête sur l’histoire de la figure paternelle, ce livre nous entraîne dans une passionnante aventure : celle de la création des civilisations. L’étude de nombreuses communautés, du monde primitif à nos jours, et leur comparaison poussent l’auteur à dégager un nouveau concept, celui du « matriarcat sacrificiel ». Articulant trois niveaux d’analyse, la famille, la politique et le religieux, « Ce sang qui nous lie » remet au cœur du processus culturel les notions de sacrifice et de violence. Cette dernière serait donc, comme l’a montré René Girard, le fondement des sociétés. Mais la violence est-elle inhérente au patriarcat ? Une société plus féministe mènerait-elle vers plus de paix et de bonheur ? L’égalité totale entre les sexes provoquera-t-elle un nouveau monde meilleur ? Qui sera le bouc émissaire ? Qui cimentera la communauté mondiale face au désordre à venir ? Tant de questions qui sont, en filigrane, traitées dans ce livre, et nous sommes loin de la pensée unique ou du politiquement correct. Sans concession, l’auteur parvient à dégager deux mondes qui ne cessent de s’affronter : celui de l’archaïque indifférencié face à celui de la complémentarité incarnée.
Loin des stéréotypes actuels, cette nouvelle approche permet de répondre à une question fondamentale de notre époque : allons-nous vers un matriarcat postmoderne ? Et à la lecture de ce livre, on serait tenté de répondre par l’affirmative. »
Sylvain Durain, auteur et réalisateur, signe ici un livre novateur pour la compréhension du monde à venir, celui qui mêlera égalitarisme total et violence exacerbée. Un ouvrage majeur qui révolutionne l’anthropologie fondamentale.





samedi 28 septembre 2019

GARDER LES YEUX TOURNÉS VERS LE CHRIST par P. Iustin Miron du monastère d'Oaşa


« Cherchez d’abord le Royaume des Cieux et tout le reste vous sera accordé par surcroît » (Matthieu 6, 33)





« Si dans tout ce qu’on entreprend, toute démarche, on cherche le Ciel, la Terre vient rapidement à notre rencontre. Tous les problèmes trouvent leur solution si l'on regarde le Ciel. Mais si l’on ne cherche pas le Ciel et que l’on commence à prendre en compte d’autres problèmes, alors là on perd tout.
Tout le reste nous vole, nous prend notre liberté. C'est une sorte de harcèlement. L’Apôtre Paul dit que là où est l’Esprit de Dieu se trouve la liberté. Si ça ne va pas, cela signifie que l'on s'est détourné du Ciel. Si ça ne va pas dans votre vie, retournez-vous vers le Ciel. C’est seulement en se retournant vers le Ciel qu'on retrouve sa liberté, son état naturel, son bonheur. Le reste vient alors sans rechercher les choses terrestres mais en demeurant céleste tout le temps. Les gens peuvent dire « il est dans les nuages » mais plus tu es spirituel plus tu as les pieds sur terre. 

Le père Théophile est un modèle. Il était très équilibré. Il avait les pieds sur terre, au fur et à mesure qu’il montait vers le Ciel il s’approfondissait dans les choses terrestres et il pénétrait la terre et la création d’autant plus qu’il était spirituel. C’est là la clé des clés. Il faut avoir la foi, il faut être fidèle. 

C’est difficile, mais il faut moins regarder les vagues de la tempête. Lorsque le Christ a demandé à Pierre de venir à Lui sur l’eau, il y est allé mais quand il a regardé les vagues, il a chancelé dans la foi , il a eu peur et il a commencé à sombrer. Tant qu’il regardait le Christ il allait au-dessus des vagues, mais quand il a regardé les vagues, il a commencé à sombrer. Et c’est pour ça que St Paul écrit dans l’Épitre aux Hébreux : « Courons avec persévérance dans la carrière qui nous est ouverte, ayant les regards vers le Christ ». Nous courons dans la lutte à laquelle nous sommes confrontés. Indépendamment de la lutte que nous devons mener, si on a les yeux tournés vers le Christ, on a l’infini en nous, on a une puissance illimitée. C’est ce que tu regardes qui te pénètre, c’est ce que tu regardes que tu deviens. Si tu regardes le Christ, il faut être en Christ, il faut être comme le Christ. Mais regarde-le toujours, toujours. Ne te laisse pas emporter. Ne regarde pas à droite et à gauche. Regarde d’une manière appropriée. Si tu regardes la mer tu ne deviens pas mondain. Il y a tellement de beauté naturelle. Tu peux même regarder des films. Il y a des films qui ont beaucoup de valeur, qui sont beaux, mais il faut choisir. Il faut savoir choisir. Si on s’y tient, si on s’efforce, il faut insister davantage sur ce qu’on doit faire du matin jusqu’au soir.»

P. Iustin Miron
(transcription d'un extrait d'un entretien spirituel avec P. Iustin
enregistré à Porquerolles en sept. 2019)

mercredi 25 septembre 2019

PAS, OU PLUS DE PÈRE SPIRITUEL ? par le STARETS IUSTIN

Au début du mois  le starets Iustin Miron du monastère d'Oaşa (Părintele Iustin Miron, stareţul Mănăstirii Oaşa) est venu au monastère Ste Marie l'Egyptienne à Porquerolles rendre visite à la communauté orthodoxe roumaine et lors de l'entretien particulièrement lumineux autant que savoureux (P. Iustin est plein d'humour comme souvent les grands spirituels) qu'il a eu avec des fidèles en répondant à leurs questions, il a abordé entre autres thèmes le problème de l'absence de père spirituel. En voici la transcription, d'autres extraits suivront sur d'autres thèmes :


"Le bonheur est un état d'accomplissement en Dieu"
« Q. En France nous n’avons pas beaucoup de pères spirituels. Ici nous n’avons pas de guides. Les guides que nous avons sont seulement des prêtres qui vivent dans le monde…  Où trouverons-nous des pères spirituels orthodoxes qui puissent nous accompagner ?

P. Justin  — Père Théophile (Părintele Teofil Părăian, son père spirituel) disait que dans ce cas-là nous avons le Christ qui devient pour nous un Père spirituel.  Il devient pour nous un ami et il suffit d’avoir la foi en cela.
Lorsque je suis parti au monastère, j’ai dit à Père Théophile, « Voilà maintenant je pars, on se sépare, qu’est-ce que je vais faire ? » J’étais angoissé en voyant que je me séparais de Père Théophile, car je n’avais que lui comme Père spirituel. Mais Père Théophile m’a dit « Mon cher, aie la foi et sois sincère, et Dieu t’enverra tout ce dont tu as besoin. Tu ne manqueras de rien, mais sois sincère »
Au départ, ce ne fut pas quelque chose de spectaculaire. Mais ensuite avec la foi, la sincérité, avec le temps j’ai vu qu’il ne me manquait rien dans ma vie.

Quand les pères spirituels s’en vont, nous sommes toujours leurs fils spirituels. Même si on n’y arrive pas et qu’on est faible, fils prodigues que nous sommes. Père Théophile avait organisé une colonie pour les jeunes, seulement des garçons, environ cinquante. Après la mort de Père Théophile, on se posait la question : est-ce qu’on continue à faire la colonie ou on ne la fait plus ? Les jeunes venaient entendre le Père Théophile. On n’était pas sûr de ce qu’il fallait faire. Alors on a décidé de la faire quand même. Et au lieu de cinquante jeunes qui venaient, il y en a eu cent cinquante et après il y en avait deux cent cinquante et ensuite on a dû mettre une limite. Que peut-on en conclure ? Les jeunes venaient encore pour le Père Théophile et c’est encore le Père Théophile qui les ramenait, et maintenant, il est encore plus présent que quand il était avec nous. Quand les saints partent, qu’ils ne sont plus, ils sont encore plus présents.  Les saints sont plus proches de nous dans le Ciel qu’ils ne l’étaient quand ils étaient sur terre. Ils sont partis c’est vrai, mais ils viennent plus que ce qu’ils partent ; mais ils restent et ils sont plus proches de nous.
Nous, maintenant, nous n’arrivons plus à faire face aux milliers de jeunes qui viennent. On n’est rien, on est nuls. Ils ne viennent pas pour nous. C’est Père Théophile qui attire tout ce monde.

À propos du Père Arsenie Boca

Les trois dernières années de sa vie il avait été exclu de l’Église, interdit de monastère et de la prêtrise, on lui avait interdit même de porter l’habit ecclésiastique et il était obligé de porter des habits laïcs. Mais après sa mort, personne ne put empêcher des milliers de gens d’aller en pèlerinage sur sa tombe. C’est un saint.
Il y a eu des jours où il y a eu plus de monde là-bas qu’au tombeau du Christ. Il y a des jours où il y avait cent mille personnes. Il n’est pas encore canonisé mais il y a une démarche pour cela en ce moment. Père Arsenie disait aussi : «Après que je serai parti, je vous aiderai davantage, je serai encore plus avec vous. »
Cela demande un peu plus de foi de notre part. Il faut le croire qu’ils sont avec nous, à nos côtés !





L'exemple de St Moïse "l'éthiopien."
Saint Moïse dit aussi «le voleur», moine d’Égypte du III°s au désert, était auparavant le chef d’une bande de voleurs, qui faisaient toutes sortes de méfaits. Voulant connaître Dieu il rencontra Père Isidore, et devint moine. Moïse avait 25 à 30 ans. Le démon le combattit de diverses façons, alors il commença à lutter de toutes ses forces contre ses mauvais instincts, en priant avec détermination et en faisant beaucoup d’exercices spirituels. Un jour qu’il se décourageait, son père spirituel, Père Isidore  lui dit «Regarde à gauche » et par là il lui donna de voir tous les démons contre lesquels il avait à lutter. Mais il lui dit ensuite « Regarde à droite » et à droite il vit toutes les puissances angéliques qui étaient là, bien plus fortes que les démons ; c’est ce qui l’a déterminé à rester au monastère. Quand il a vu que de son côté, ils étaient plus nombreux et plus forts. Il ne combattait pas seul.


Moi aussi quelquefois j’ai du mal,  Père Théophile me manque et j’aurais envie de parler avec lui. C’est quelque chose d’humain. Ne vous faites pas de souci. Vous êtes seuls semble-t-il, vous n’avez pas de père spirituel, mais  le Ciel vous devient un père spirituel. Saint Nicolas Velimirovitch disait «  Si on voyait toutes les mains qui sont tendues vers nous du Ciel et qui nous relèvent quand nous tendons seulement la main,… car il y a un nombre infini de mains dans notre direction !… » Et nous nous avons peur !?» 
P. Iustin Miron 
(transcription d'un extrait d'un entretien spirituel avec P. Iustin
enregistré à Porquerolles en sept. 2019)

lundi 23 septembre 2019

FAIRE DE LA SOUFFRANCE LA CROIX DE NOTRE SALUT

par
Père Théophile de Sâmbăta 
(Amintire eternă!)
Starets du monastère de la Dormition de la Mère de Dieu, à Sâmbata, près de Sibiu, en Transylvanie, le père Théophile fut l’un des témoins de l’Évangile les plus écoutés en Roumanie notamment parmi les jeunes. Il était aveugle de naissance.


“Nous sommes toujours tentés de dire que, parce que nous souffrons beaucoup, nous avons le droit de nous révolter, nous avons le droit de ne pas croire en Dieu, nous avons le droit de nous battre, et de tout reprocher à l’autre, les enfants à leurs parents, le mari à sa femme, etc., et finalement de reprocher à Dieu l’existence de cette souffrance. Alors on s’entretue, physiquement et spirituellement, et ainsi la souffrance se multiplie comme une semence maléfique que pourtant nous maudissons”. 
Mgr Joseph, 
Archevêque du patriarcat de Roumanie en Europe occidentale


Extraits de l'enregistrement d’une rencontre organisée à Paris avec des jeunes de la région parisienne:

"Je suis ici parce que Dieu l’a bien voulu. Je crois ce que dit l’Évangile de notre Seigneur Jésus que chaque cheveu de notre tête est compté. Quand j’ai lu pour la première fois la Philocalie, j’ai lu dans les écrits de saint Marc l’Ascète que quand Dieu désire qu’une chose se réalise, toute la création aide à ce qu’elle se réalise, et quand Dieu ne le désire pas, tout se met en travers et s’y oppose. J’ai passé toute ma vie, depuis ma jeunesse et jusqu’à la vieillesse, avec la pensée qu’il n’y a pas de petites choses. J’ai toujours senti le travail de Dieu en tout, même dans les choses les plus insignifiantes, me souvenant de la parole du Seigneur: “Tous les cheveux de votre tête sont comptés”, et des écrits de saint Marc l’Ascète: "Quand Dieu désire qu’une chose se réalise, toute la création intervient pour qu’elle se réalise"

La souffrance, une réalité, un problème et un mystère

Comment recevoir la souffrance pour qu’elle nous soit profitable ? Ceux qui m’ont invité ont probablement pensé que j’étais compétent sur cette question, mais en y réfléchissant moi-même, je suis «arrivé à la conclusion inverse. Je vais néanmoins faire de mon mieux pour vous présenter mes idées personnelles sur la souffrance. En vous en parlant, je penserai non seulement aux souffrances physiques, à la douleur, mais aussi aux souffrances morales, aux souffrances sociales, aux catastrophes naturelles, bref, à tout ce que nous ne voudrions pas voir advenir.
Depuis ma jeunesse, je me demande à quoi sert la souffrance. Je n’ai pas encore trouvé de réponse satisfaisante. Je suis arrivé au constat que, pour tout le monde, pour ceux qui souffrent et pour ceux qui ne souffrent pas, la souffrance est à la fois une réalité, un problème, et un mystère. C’est une réalité que nous ne pouvons éviter. C’est un problème que personne encore n’a résolu. Il nous reste le mystère. En fait, l’important n’est pas ce que nous croyons sur la souffrance, où ce que nous en pensons, mais quel est le rapport que nous avons personnellement avec notre propre souffrance. Que pouvons nous faire pour ne pas souffrir?
L’Église ne désire pas que les hommes souffrent. Lors des liturgies, nous prions pour que nous soient accordées “une fin chrétienne, sans douleur, sans honte, paisible, et une bonne justification devant le trône redoutable du Christ”. Par ceci, l’Église demande que les croyants passent leur vie dans la sérénité et que, autant qu’il est possible, ils ne souffrent pas. Nous prions aussi dans la liturgie pour les responsables de notre Église, pour notre évêque, pour “que Dieu le protège, le garde en paix, dans l’intégrité, en bonne santé et en vie pendant de longs jours”. Après avoir demandé cela pour les responsables de notre Église, nous le demandons aussi pour nous tous, puisque nous ajoutons : “Et pour tous et pour toutes “.

L’Église désire donc que les hommes vivent en paix, qu’ils soient en bonne santé, qu’ils soient intègres et qu’ils aient une longue vie. Elle n’apporte aucune raison de glorifier la souffrance, mais elle nous donne des raisons d’accepter la souffrance quand nous la rencontrons, d’accepter notre part de souffrance, et de l’utiliser pour notre bien. Alors, ne désirons pas la souffrance, mais acceptons-la si elle nous vient.

“Si nous devons souffrir, alors ne souffrons pas en vain”

Il n’est pas nécessaire que tous les hommes aient leur lot de souffrance. Certains sont épargnés, d’autres peuvent facilement supporter une grande souffrance, et pour d’autres encore la souffrance est une torture. Je pense dans ce cas, plus particulièrement, à la souffrance physique. Je connais des personnes qui supportent une souffrance très dure, qui ne peuvent pas bouger de leur lit, et qui pourtant rayonnent d’une joie spirituelle que n’ont pas les bien-portants. Je connais des hommes révoltés face à la souffrance, et d’autres qui n’y prêtent aucune attention. Dans chacune de ces situations, nous devons considérer l’intensité de la souffrance car il existe des douleurs qui détruisent l’homme, qui le rendent incapable de penser à autre chose qu’à sa souffrance.

Je m’arrêterai sur les personnes dont on pense qu’elles souffrent alors qu’en fait elles ne souffrent pas parce qu’elles savent comment porter leur souffrance. Un médecin roumain, qui croyait en Dieu, disait qu’il y a deux choses qu’un homme ne peut faire sans la foi : élever de bons enfants et supporter une grande souffrance. Je crois aussi que les personnes qui ont une croix à porter et qui ont aussi la capacité de la porter facilement sont, en particulier, des personnes qui croient en Dieu. Elles reçoivent leur lot de souffrance comme s’il venait de la main de Dieu, parce que les croyants savent que rien ne se passe sans que Dieu ne le permette J’évoquais plus haut saint Marc l’Ascète en disant que l’important n’est pas de savoir pourquoi ni d’où vient la souffrance, mais comment nous nous comportons dans ou face à la souffrance. C’est en ce sens que le père Arsène, un moine de notre monastère, disait : “Si nous devons souffrir, alors ne souffrons pas en vain”. Pour pouvoir utiliser sa souffrance pour le bien, l’homme doit croire que sa souffrance a un sens pour lui, même s’il n’en comprend pas le but. En fait, quelqu’un qui a cet état d’esprit, et qui sait comment supporter sa souffrance ou sa douleur, ne souffre presque plus.
En d’autres termes, je dirais que la souffrance est une réalité que nous avons le droit d’éviter si nous le pouvons, elle est un problème que nous avons le droit de résoudre si nous le pouvons, mais nous devons nous incliner face au mystère et utiliser la souffrance qui nous est donnée, pour notre progrès spirituel.

Aider les autres en faisant ce qui est à notre portée

Si nous ne pouvons pas comprendre notre propre souffrance, nous ne pouvons pas non plus comprendre la souffrance des autres. Nous pouvons cependant intervenir pour leur bien, pour leur faciliter la vie, pour les aider à porter leur souffrance. C’est même notre devoir, car Dieu nous appelle à être ses collaborateurs pour aider notre prochain, c’est-à-dire l’autre, et II nous bénit si nous allégeons la souffrance des hommes. Or sans avoir de pouvoir de guérison, nous avons le pouvoir d’aider les autres en faisant ce qui est à notre portée. Pensons aux quatre hommes qui ont amené au Seigneur le paralytique de Capharnaüm. Ils auraient pu attendre de rencontrer le Christ, mais ils ont senti le besoin d’amener leur ami le plus vite possible devant le Seigneur afin qu’il le guérisse. Ils se sont rendus compte qu’ils ne pouvaient pas guérir leur ami, mais ils ont su que le Christ le pouvait. Ils ont fait leur part de travail, et le Seigneur les a exaucés.
Le Seigneur cependant ne guérit pas toujours. Il laisse certains souffrir et vivre leur douleur avec sérénité, pour eux-mêmes et pour le bien des autres. J’ai souvent constaté que les gens qui souffrent, ou qui ont vécu de grandes souffrances, sont des gens solides. Ils ont un autre regard sur la vie et ils ont gagné des qualités que des hommes plus épargnés n’ont pu acquérir. Ceci signifie que, si la souffrance nous est donnée, nous pouvons la recevoir en pensant que nous nous enrichissons. Certains hommes ressentent la souffrance comme une injustice, comme quelque chose qui ne devrait pas leur arriver, à eux personnellement. Mais cela revient à comparer sa vie à celle des autres et je crois que cela n’a aucun sens, car chaque homme vit la vie qui lui est donnée. Chacun a son propre rapport avec la souffrance, chacun peut en recevoir un bien. Je crois que ce qui nous aide le plus c’est la foi en Dieu, la conscience que Dieu permet cette souffrance et qu’elle a sa raison d’être. Une telle conscience, ou plutôt une telle confiance, est d’une très grande valeur pour tous les chrétiens. Elle leur donne de porter leur croix avec dignité.

“Sans la croix, il n’y a pas de salut”

Je disais au début de mon intervention ne pas savoir si j’étais compétent au sujet de la souffrance et de son acceptation. Peut-être certains ont-ils pensé que j’ai beaucoup souffert d’être né aveugle. Ce n’est pas exactement le cas. Il se peut que quelqu’un qui a connu l’indépendance, ou quelqu’un dont la vie a été basée sur sa capacité de voir, en souffre. Quelqu’un qui a été méprisé, rejeté, ou abandonné à cause de son infirmité en souffre aussi. Mais moi, je suis entré dans la vie consciente sans la vue, et j’ai appris des autres, qui m’entouraient et m’aidaient, que je n’étais pas comme eux. Parfois, je ne me rendais même pas compte que je n’étais pas comme eux. Des personnes autour de moi avaient souvent pitié de moi, mais je ne voyais pas pourquoi. J’ai vécu avec les autres comme je le pouvais, et je me suis orienté dans la vie selon les possibilités que j’avais. Cela s’est passé très naturellement. Bien sûr, il y a eu des problèmes dans des situations particulières, et il y en aura encore, mais dans la vie il y a toujours des problèmes ! Tant qu’il y aura des hommes de bonne volonté qui verront aussi pour moi, alors ma souffrance sera soit inexistante, soit minimisée. Je peux même dire que je ne souffre pas du tout, en tous cas pas pour cette cause-là. C’est pourquoi, je n’ai peut-être pas une connaissance suffisante pour répondre à vos questions.
Mais je peux vous assurer que la foi en Dieu est une grande aide pour supporter une grande souffrance. Rappelons encore que, si nous n’avons pas de souffrance, alors n’en désirons pas, parce que ni l’Église ni les hommes n’en désirent pour nous. Éviter la souffrance quand la situation le permet, oui, mais s’il s’agit d’éviter la croix de notre salut, non. Dieu ne bénit pas une telle attitude. Car Dieu demande à chaque chrétien de porter sa croix, la croix du dépassement de nous-mêmes, la croix des efforts que nous devons faire pour être meilleurs. Sans la croix, il n’y a pas de salut, et le salut ne nous vient pas seulement par la Croix du Seigneur, mais aussi par le fait que nous portons notre propre croix. Quand nous devons traverser une épreuve, une maladie, une douleur, un chagrin, nous rencontrons la croix que nous devons porter, et elle devient véritablement la croix de notre salut si nous nous dépassons nous-mêmes en la portant.

“Demandons à Dieu d’accepter la souffrance quand elle nous vient”

Je voudrais vous laisser quelque chose qui resterait après mon départ : soyons convaincus que la croix est nécessaire pour notre salut. Demandons à Dieu la santé et tout ce qui est bon. Mais demandons aussi à Dieu d’accepter la souffrance quand elle nous vient. Demandons lui que notre foi grandisse, afin de pouvoir faire face à toutes les situations qui apparaissent dans notre vie, afin que nous portions facilement ce que nous avons à porter, et afin que nous ne souffrions pas pour rien. Demandons à Dieu une foi qui nous aide à porter même une souffrance très lourde. Saint Isaac le Syrien disait : “Cherche un médecin avant d’être malade et prie avant la tentation”.
Préparons-nous à souffrir, qu’il s’agisse de souffrance physique ou de souffrance morale. Pour supporter facilement la souffrance morale, et pour que nous puissions en tirer du bien, préparons-nous à nous humilier. Ne nous troublons pas en réalisant que la souffrance est une réalité que bien souvent nous ne pouvons éviter, que la souffrance est un problème que nous ne pouvons résoudre, et qu’elle est un mystère qui peut être pour notre bien, pour notre progrès spirituel, pour nous unir à la Croix du Seigneur. Elle est un mystère pour nous unir à la souffrance du Seigneur qui a pitié de nous et qui nous sauve, parce qu’il aime les hommes. Un mystère pour nous unir à la souffrance du Seigneur qui nous aime même quand II nous donne la souffrance, et qui essuie toutes les larmes de tous les visages quand il sait que nous souffrons pour notre bien. […]"

jeudi 19 septembre 2019

Remerciement de Mgr Onuphre pour la solidarité du clergé et des laïcs de Grèce

L'Église orthodoxe ukrainienne remercie le clergé et les laïcs grecs pour leur soutien

Kiev, September 17, 2019



L'Église orthodoxe ukrainienne, dirigée par Sa Béatitude Onuphry métropolite de Kiev et de toute l'Ukraine a exprimé sa gratitude aux centaines de membres du clergé grec et aux laïcs qui ont écrit une lettre ouverte en soutien à l'Église orthodoxe ukrainienne canonique, et contre la schismatique UCO, qui est reconnue seulement par "Constantinople".

La lettre, initialement signée par pas moins de seize archimandrites, douze protopresbytres, un prêtre, deux moines, trois religieuses, et des centaines de laïcs, est venu alors que le Saint Synode grec est resté dans l'impasse sur la question ukrainienne, et les signataires ont fait appel à leurs hiérarques pour maintenir la position orthodoxe.

La lettre est toujours en circulation et continue de recevoir des signatures. Leurs auteurs ont appelé les membres de l'Église de Grèce qui sont d' accord avec son contenu à signer, et à écrire à l'adresse électronique suivante: ierarxiaoukraniko@gmail.com. Elle a actuellement réuni plus de 1000 signatures.

Romfea.gr a publié une lettre de réponse de l'Église orthodoxe canonique d'Ukraine pour remercier les signataires et les partisans de la lettre qui défendent l'Orthodoxie à ce sujet.

La lettre a été envoyée par l'archiprêtre Nikolai Danilevich, le vice-président du Département de l'Église ukrainienne pour les relations extérieures de l'Église, pour remercier les signataires grecs orthodoxes du fond de son cœur au nom de l'Église. La lettre de P. Nikolai est la suivante:

C'est avec une grande joie que nous avons appris le soutien du clergé grec et des fidèles qui ont adressé au Saint-Synode de l'Église de Grèce une lettre ouverte sur la question ecclésiastique ukrainienne. Comme déjà annoncé, plus de 1000 signatures ont été recueillies à ce moment ! Comme l'Église orthodoxe ukrainienne, nous exprimons notre gratitude et nos remerciements aux frères orthodoxes de Grèce.
La lettre est vraiment une voix du fond de l'Église de Grèce, une voix de la vraie conscience ecclésiastique, exprimée par l'humble clergé [c'est-à-dire les prêtres et le bas clergé, pas les hiérarques] et des laïcs, et s'ajoute aux préoccupations exprimées par de nombreux hiérarques grecs .

A cette occasion, je voudrais souligner que le problème religieux ukrainien ne doit pas être considérée à la lumière des priorités nationales ou des conditions nationalistes.

C'est-à-dire, ce n'est pas une rivalité entre les Grecs et les Russes, ni les Russes et les Grecs, ni les Ukrainiens contre les Russes et les Grecs, ou vice-versa.

C'est une question clairement ecclésiastique et ecclésiologique ! Par conséquent, tous les Orthodoxes qui respectent la tradition et la gouvernance de notre Église sont unis, et cette lettre le montre. 
Il est à noter que les réseaux sociaux ukrainiens qui ont publié des nouvelles de la lettre ont été inondés de messages de croyants ukrainiens où l'on lire : « Merci beaucoup, chers frères grecs »

Nous, en tant qu'Église orthodoxe ukrainienne canonique au nom des 2.000 paroisses et des millions de fidèles, sommes pleins de gratitude et de tout cœur très reconnaissants pour ce soutien!

Dans ces moments - là, nous sentons que nous sommes vraiment l'Église Une, un seul Corps du Christ, où, selon le saint apôtre Paul, il n'y a ni Grec ni Juif, ni circoncis , ni incirconcis, ni barbare, ni Scythe, ni esclave ni libre , mais Christ est tout, et en tous" (Col. 3:11).
 Matfey Shaheen
(version en français de la source)

Comment aider nos frères humains par St PORPHYRE



« Quand nous voyons nos frères humains ne pas aimer Dieu, cela nous afflige. L’affliction ne nous mène à rien. Non plus que les recommandations. En faire n’est pas davantage la méthode juste. Il y a un secret : si nous le comprenons, nous pourrons aider. Ce secret n’est autre que notre prière, notre dévotion à Dieu, de manière à ce qu’opère sa grâce. C’est nous, par notre amour, par notre ardeur à aimer Dieu, qui attirerons la grâce, de sorte qu’elle recouvre de ses flots les autres, ceux qui sont nos prochains, qu’elle les réveille, qu’elle les fasse aspirer à l’Amour divin. Disons plutôt : Dieu enverra son amour qui les réveillera tous. Ce que nous, nous ne pouvons pas, c’est sa grâce qui le fera. Par nos prières, nous ferons que tous soient dignes de l’amour de Dieu. »

dimanche 15 septembre 2019

Le culte de Mammon est un culte d’État

Par Dmitry Orlov – Le 7 juin 2016 – Source Club Orlov

PILE JE GAGNE, FACE VOUS PERDEZ

Société pour poser des questions stupides. 
Excusez-moi, c’est ici la Société pour poser des questions stupides? 
Posez la bonne question et vous devenez membre automatiquement


J’ai récemment écrit au sujet de la progression des taux d’intérêt de positifs à nuls (depuis 2008) et, enfin l’apparition des taux d’intérêt négatifs. Et je posais à mes lecteurs une simple question : comment les taux d’intérêt négatifs peuvent faire sauter le système financier? Apparemment, aucun d’entre vous ne connaissait la réponse. Maintenant, je dois avouer pour commencer que je ne connaissais pas la réponse non plus, ce qui était la raison pour laquelle je posais la question, et mes premières tentatives pour la trouver ont été un peu hésitantes. Mais maintenant, après y avoir réfléchi, je crois avoir trouvé la réponse, et c’est...

Mais d’abord, revenons un peu en arrière pour répondre à plusieurs questions préliminaires:

  1. Pourquoi les taux d’intérêt zéro sont-ils devenus nécessaires?
  2. Pourquoi les taux d’intérêt négatifs sont-il maintenant nécessaires? 
  3. Et pourquoi les taux d’intérêt négatifs sont-ils vraiment une excellente idée? 

Si vous ignorez certaines conséquences imprévues au point 3 (ce qui est ce le cas de tout le monde tout le temps, en fait, il ne faut pas vous en soucier pour l’instant).

1. Les taux d’intérêt sont descendus à zéro parce que la croissance économique est tombée à zéro. Si vous vous demandez maintenant pourquoi c’est arrivé, il vous suffit de googler Halte à la croissance en cliquant sur ce lien. (Un avis public au sujet de la fin prévue de la croissance a été exposé au bureau de planification global il y a quatre décennies. Ce n’est pas la faute de quelqu’un d’autre si les gens de cette planète ne s’intéressent pas aux affaires mondiales. Je veux dire : sérieusement...)

Les taux de croissance et les taux d’intérêt sont liés : un taux d’intérêt positif est à peine plus qu’un pari que l’avenir sera plus grand et plus prospère, ce qui permet aux gens de payer leurs dettes avec intérêt. Ce point est évident : si votre revenu augmente, il devient plus facile de rembourser vos dettes; s’il stagne, cela devient plus difficile; s’il se rétrécit, cela devient finalement impossible.

Oui, vous pouvez pinailler et couper les cheveux en quatre, et prétendre qu’il y a encore une certaine croissance. Mais dans les pays développés, la plus grande partie de cette croissance n’a été que manigances financières, alimentées par une explosion de la dette, et la plupart des avantages de ce bout de croissance est tombée dans la poche des plus riches, le 1%. De fait, elle n’a à peu près rien apporté aux autres. Cette croissance a-t-elle aidé à soutenir une classe moyenne nombreuse, stable et prospère ? Non, elle ne l’a pas fait.

En fait, les salaires aux États-Unis, qui étaient autrefois la plus grande économie du monde, stagnent depuis des générations. En réponse, la Réserve fédérale a réduit continuellement les taux d’intérêt, jusqu’à ce qu’ils atteignent zéro en 2008. Et ils y sont restés depuis. Mais maintenant, il se trouve que ce n’est pas assez. Si la Réserve fédérale veut garder la partie en cours, elle doit faire plus, parce que...


2. Une fois que vous êtes confronté à une économie en décroissance continue, maintenir les taux d’intérêt à zéro ne suffit pas à prévenir l’effondrement financier. Les taux d’intérêt doivent descendre en terrain négatif.

Voici seulement quelques exemples particulièrement frappants.

L’Australie a amassé une énorme pile de dette, de plus de 120% du PIB, et la plus grande partie est une dette hypothécaire due à la surévaluation des biens immobiliers. Maintenant que l’économie de l’Australie, qui a été tirée par les exportations de matières premières vers la Chine, est en stagnation, une grande partie de cette dette est transformée en prêts à intérêts seulement, parce que les Australiens n’ont plus l’argent pour rembourser le principal du prêt. Mais que se passe-t-il s’ils ne peuvent même plus assurer le paiement des intérêts ? La solution évidente est de refinancer leurs prêts hypothécaires avec un intérêt à 0 % ; problème résolu! Bien sûr, comme les conditions se détériorent davantage, les Australiens vont finir par être incapables de payer les taxes et les services publics. Les taux d’intérêt négatifs arrivent à la rescousse! Refinançons à nouveau à taux d’intérêt négatif. Cela implique que maintenant les banques vont les payer pour vivre dans leurs maisons hors de prix.

Un autre exemple : les compagnies d’énergie (pétrole et gaz) aux États-Unis ont accumulé un fantastique tas de dette. Tout cet argent a été aspiré dans le développement de ressources marginales et très coûteuses, telles que les pétroles de schiste et l’offshore profond. Depuis lors, les prix de l’énergie ont chuté, ce qui rend tous ces investissements non rentables et réduit considérablement les recettes. En conséquence, les sociétés d’énergie aux États-Unis sont à quelques mois de devoir dépenser la totalité de leur chiffre d’affaires en paiements d’intérêts. La solution, bien sûr, est de leur permettre de rouler leur dette avec les taux à 0 %, et si vous voulez qu’ils recommencent les forages (leur production diminue d’environ 10 % en rythme annualisé), alors s’il vous plaît, mettons en place les taux d’intérêt négatifs.

3. Vous commencez à voir comment cela fonctionne? Alors qu’auparavant il fallait faire attention en s’endettant et avoir un plan pour gérer le remboursement, avec des taux d’intérêt négatifs, vous n’avez plus à vous en inquiéter. Si votre dette vous rapporte, alors plus de dette est toujours mieux que moins de dettes. Cela n’a plus d’importance que l’économie se contracte en permanence, parce que maintenant vous pouvez être payé, rien que pour vous tourner les pouces!

Mais y a-t-il des conséquences imprévues aux taux d’intérêt négatifs ? Les conséquences involontaires sont difficiles à imaginer, et la plupart des gens se font mal à la tête rien qu’en essayant. Comment peut-il en résulter qu’une énergie nucléaire propre et abondante finira par polluer la planète entière avec des radionucléides à vie longue, que les taux de cancer monteront jusqu’au ciel ? Comment se peut-il que de merveilleuses semences génétiquement modifiées vont nous rendre malades et infertiles en quelques générations ? Et comment se peut-il que l’ingénieuse technologie de l’informatique mobile ait transformé nos enfants en zombies, qui sont constamment collés à leur smartphone comme des somnambules de la vie? Il est difficile de penser à tout cela sans prendre quelques pilules du bonheur; et comment se peut-il que la prise de ces pilules du bonheur... Vous voyez l’idée.

La conséquence inattendue des taux d’intérêt négatifs est qu’ils détruisent l’argent. C’est vrai dans un sens tout à fait trivial : si vous déposez x dollars à –p % par an, un an plus tard, vous n’aurez que x*(1–p) dollars parce x*p dollars auront été détruits. (Dans le cas où vous préférez compter sur vos doigts et vos orteils, si vous déposez 10 $ à –10 % par an, alors un an plus tard, vous aurez seulement 9 $ parce que 1 $ a été détruit.) Mais ce que je veux dire est quelque chose d’un peu plus profond : les taux d’intérêt négatifs érodent le concept même de l’argent.

Pour en comprendre la raison, nous devons poser une question un peu plus fondamentale : qu’est-ce que l’argent ? Je pense que l’argent est le culte du dieu Mammon. Regardez les symboles suivants:
€ $ ¥ £
Est-ce qu’ils ne ressemblent pas à des symboles religieux? En fait, voilà ce qu’ils sont : ils sont les symboles de la foi dans l’argent. Ils sont également des unités sans dimension, d’un genre particulier. Il y a quelques unités assez adimensionnelles en mathématiques et en sciences, telles que π, e, %, ppm, mais elles sont toutes des ratios reliant des quantités physiques entre elles. Elles sont adimensionnelles, parce que les unités s’annulent. Par exemple, π est le rapport entre la circonférence et le diamètre d’un cercle; une longueur sur une longueur ne donne rien. Mais les quantités monétaires ne se rapportent pas directement à une grandeur physique. On peut dire que certains nombres d’unités monétaires (appelons-les boules) sont équivalentes à un certain nombre de navets, mais que, voyez-vous, ce n’est qu’une question de foi. Si le producteur de navets se révèle être incroyant, il sera dans son droit de dire : «Je ne vais pas prendre vos fichues boules !» Ou, s’il est un producteur de navets poli : «Votre argent n’est pas accepté ici, Monsieur !»

Bien sûr, si notre producteur de navets devait le faire, il aurait quelques problèmes parce que, voyez-vous, le culte de Mammon est un culte d’État. Vous n’avez pas le choix d’être croyant ou non, parce que c’est seulement en adorant Mammon que vous pouvez gagner de l’argent pour payer vos impôts, et si vous ne payez pas vos impôts vous allez en prison. Et vous ne pouvez pas produire de l’argent par vous même, parce que ce droit est réservé aux grands prêtres de Mammon, les banquiers. Fabriquer votre propre argent fait de vous un hérétique, et vous subirez l’équivalent moderne du bûcher, qui équivaut à une amende de 250 000 $ et une peine d’emprisonnement de 20 ans.

Mais cela va au-delà, parce que l’État insiste sur le fait que presque tout ce qui existe doit être évalué en unités de son argent. Et la façon dont tout doit être évalué est au centre d’un processus de légitimation mystique qui est le cœur du culte de l’argent : la main invisible de Mammon se fait apparente dans le marché libre, qui est le temple virtuel de Mammon. La main invisible fixe le prix de tout comme une révélation mystique et, comme toute révélation, elle est au-delà de la critique. C’est un rituel de rédemption, dans lequel les gens agissent avec leurs plus vils instincts antisociaux, la cupidité et la peur, grâce à l’intervention divine de Mammon, pour servir le bien commun. On soupçonne également le marché libre d’avoir toutes sortes de propriétés miraculeuses, et comme avec tous les miracles, c’est une question de fumée, de miroirs et d’incrédulité. Par exemple, le marché libre est réputé être efficace. Mais il fixe le prix des navets, et le résultat est que 40 % de la nourriture aux États- Unis finit par être gaspillée. Ce n’est certainement pas efficace.

Ce genre d’inefficacité peut être tolérée lorsque les ressources sont abondantes. Si jeter 40 % des navets provoquait une pénurie de ces légumes, les producteurs de navets pourraient en faire pousser plus et les vendre à des prix que les consommateurs peuvent encore se permettre de payer. Mais lorsque les ressources ne sont plus abondantes, cette astuce ne fonctionne plus, et vous vous retrouvez avec quelque chose qui s’appelle une défaillance du marché. L’état actuel de l’industrie mondiale de pétrole en est un bon exemple : soit le prix est si élevé que les consommateurs marginaux ne peuvent plus se le permettre (comme ce fut le cas jusqu’à tout récemment), soit le prix est si bas que les producteurs marginaux ne peuvent pas rembourser leurs frais (comme c’est le cas actuellement).

Donc un combat de destruction de l’offre suit un épisode de destruction de la demande, puis le motif se répète. Tout le monde perd, et de plus, c’est terriblement inefficace. Il serait beaucoup plus efficace de mandater un planificateur central pour calculer le prix optimal du pétrole une fois par mois. Ensuite, tous les producteurs marginaux auraient à sauter par la fenêtre, tous les consommateurs marginaux à s’ouvrir les poignets, et les conditions d’équilibre prévaudraient. Comme l’approvisionnement en pétrole diminue (il s’épuise d’environ 5 % par an), un certain nombre supplémentaire de producteurs et de consommateurs devraient se sacrifier pour le bien, et ainsi de suite jusqu’à ce que le dernier baril soit produit et brûlé, laissant ces producteurs et ces consommateurs nageant encore dans les mares de leur propre sang.

Comme les ressources naturelles diminuent, notre foi dans le culte de Mammon est mise à rude épreuve. Mais quelles sont les alternatives ? Eh bien, il y a un culte antique encore plus ancien, qui est basé sur l’idolâtrie : le culte des métaux précieux. L’or a certaines utilisations industrielles et esthétiques, mais il est surtout utile pour créer un veau d’or pour que vous l’adoriez (ou, si vous êtes l’ancien président ukrainien Viktor Ianoukovitch, des toilette en or). Les économistes nous disent que l’or est une relique barbare, et ils ont raison, mais qu’est-ce qu’il faudra faire quand il y aura une Götterdämmerung (un crépuscule des dieux) ? La nature a horreur du vide, et dans une Götterdämmerung, d’anciennes divinités païennes peuvent parfois émerger et demander des vierges sacrificielles, comme l’empoisonnement d’écosystèmes fluviaux entiers pour l’exploitation minière de l’or à l’aide de mercure, ou le gaspillage de quantités prodigieuses de combustibles fossiles dans l’industrie minière, le broyage et le tamisage de millions de tonnes de roche pour n’obtenir que trois parties par million d’or.

Les taux d’intérêt négatifs sont la Götterdämmerung de Mammon. Le culte de l’argent est renforcé par l’idée que sa divinité énorme et toute-puissante sera encore plus grande et toute-puissante demain; si le contraire est démontrable, alors la foi des gens en elle commencera à faiblir et à se faner. Les taux d’intérêt négatifs sont comme un bain d’eau glacée pour Mammon, provoquant l’effacement de sa divinité un peu plus à chaque plongeon. Les gens voient cela, et pensent : «Je ne veux pas adorer ses boules qui rétrécissent.» Puis ils passent à autre chose et dépensent leurs propres boules pour tout ce qu’ils peuvent trouver: des terres en jachère, des maisons vides, des veaux d’or, des boîtes de boutons en laiton... Ils ne se soucient pas d’investir leurs boules dans des navets pour les cultiver, parce que pour ce qui est de l’utilisation des navets, tout ce que vous pouvez faire avec eux, c’est de les vendre pour encore plus de boules qui rétrécissent.

Les taux d’intérêt négatifs sont une excellente idée et peut-être la seule façon de garder en vie le jeu financier un peu plus longtemps, mais, compte tenu de ces conséquences imprévues, ils sont aussi une idée terrible. Les banquiers le savent. Ils veulent préserver le statut de leur culte, et parlent sans cesse de hausser les taux d’intérêt. Mais ils ne l’ont pas encore fait, parce qu’ils savent aussi qu’une seule petite augmentation se traduirait par des milliards de dollars de pertes, ce qui déclencherait des défaillances généralisées d’entreprises et ouvrirait la voie à la plus grande Grande Dépression jamais traversée. Ce n’est pas un problème à résoudre pour eux ; c’est un piège.

Ils vont retarder l’échéance, prier et faire des déclarations chargées avec des mots clés prévus pour plaire aux algorithmes de trading à haute fréquence conçus pour faire léviter artificiellement le marché libre avec des injections judicieusement chronométrées d’argent gratuit. Mais à la fin, tout ce qu’ils pourront faire, c’est avoir l’air courageux, attendre un moment d’inattention et... courir vers la sortie!

Et votre travail consiste à sortir avant eux.

Dmitry Orlov
in Les cinq stades de l'effondrement  
Le livre de Dmitry Orlov est l’un des ouvrages fondateurs de cette nouvelle « discipline »
 que l’on nomme aujourd’hui : « collapsologie »
 c’est à-dire l’étude de l’effondrement des sociétés ou des civilisations.


(Traduit par Hervé, vérifé par Wayan, relu par Nadine pour le Saker Francophone)

lettre ouverte du clergé grec sur la "question ukrainienne"

Sur le Blog de Claude

Le 11 septembre 2019, 179 représentants du clergé, des moines et des laïcs de l'Eglise orthodoxe grecque ont publié une lettre ouverte sur la "question ukrainienne" à l’adresse de l'archevêque Jérôme d'Athènes et des hiérarques, rapporte vimaorthodoxias.gr.


  extrait
"L'abus de l'institution sacrée de l'autocéphalie qui, au lieu de servir l'unité et la stabilité des saintes Églises de notre Seigneur Jésus-Christ, cherche à faire sauter la véritable unité de notre Église orthodoxe, en en faisant la risée de ses ennemis, nous croyons, ne peut être acceptée par le Concile des évêques de l'Église grecque. Pourquoi, en effet, l'Église grecque devrait-elle être la première à assumer une telle responsabilité en s'opposant à la conscience ecclésiastique de toutes les Églises locales afin de satisfaire le choix faux et infructueux de Phanar ? Pourquoi l'Église grecque devrait-elle embarrasser l'âme de millions d'Ukrainiens orthodoxes qui, par la privation et la persécution, luttent pour rester fidèles à leur tradition religieuse ? Pourquoi, en fin de compte, devrait-elle confondre les âmes de millions de croyants de toutes les Églises orthodoxes locales, qui attachent une grande valeur à l'Église grecque dans leur esprit et la considèrent comme un phare ? Nous croyons qu'elle ne rendra pas de bons services ni à elle-même, ni au Siège oecuménique, ni à l'Orthodoxie oecuménique."
LIRE L'INTÉGRALITÉ ICI 

samedi 14 septembre 2019

La décision de Mgr Jean : "Il faut, je le pense humblement, reconnaître que nous nous sommes fourvoyés"

Sur orthodoxie.com

Lettre, déclaration et décision de Mgr l'archevêque Jean (Renneteau) pour l'Archevêché des églises orthodoxes russes en Europe occidentale.




« J’ai décidé ce jour de me mettre, ainsi que notre Archevêché, sous l’obédience canonique proposée par le Patriarcat de Moscou »



mercredi 11 septembre 2019

La « Rue Daru » touche à sa fin par Père Andrew Phillips

SOURCE
September 9, 2019
in ORTHODOX ENGLAND Events



"Lors de la réunion de son Assemblée Générale, qui s’est tenue à Paris samedi dernier, dans une église catholique – ce qui est typique pour elle –, les délégués des paroisses et des communautés du petit archidiocèse de la rue Daru ont voté à 58% pour revenir à l’Église Orthodoxe Russe et à 42% contre. Il semble donc par conséquent que chacune des communautés, dont la plupart sont minuscules, rejoindra l’Église orthodoxe de son choix, à condition bien sûr qu'une quelconque Église locale le souhaite. (La plupart des Églises locales ne veulent pas engager un clergé sans formation ni des individus qui ont la réputation d'être des fauteurs de troubles, qui n'ont même pas leurs propres temples et qui malgré tout se croient au centre de l'univers – bien qu'ils soient en réalité un groupe minuscule de marginaux !)

Les Moldaves qui ont pris le contrôle de plusieurs paroisses à Paris jusque-là pratiquement vides, y compris l'église de la rue Daru même, vont naturellement revenir à l'Église Orthodoxe Russe, de même que ceux qui se considèrent toujours comme appartenant entièrement à la tradition russe, à l'instar des trois premiers hiérarques de la rue Daru, dont le dernier est décédé en 1981. Ceux qui sont en Belgique peuvent implorer l’Église Roumaine de les prendre, bien que l’Église roumaine répugne plutôt à le faire. Certains, en Angleterre, regardent avec espoir du côté d’Antioche, mais de la même façon, il n’est pas certain qu’elle les voudra. D'autres sont déjà partis pour l'Église Bulgare (en Scandinavie) ou pour l'Église Hors de Russie (en Italie). Certaines communautés seront simplement absorbées par les diocèses grecs modernistes locaux et donc disparaîtront.

L'archevêque français malade, Jean, 77 ans, le tout dernier évêque du groupe anti-monastique et anti-épiscopal de la rue Daru, était si contrarié lors de la réunion de ne pas avoir obtenu la majorité des deux tiers dont il avait besoin pour prendre le groupe dans son ensemble pour un retour global dans l'Église Orthodoxe Russe, qu'il a menacé de se retirer. C’est la fin ignominieuse d’un groupe formé par des aristocrates rebelles et des intellectuels protestantisants, qui, laïcisés à l'extrême, ont toujours été enclins à l’individualisme, à des rébellions « à la Française », des disputes, des dissensions, des calomnies et des menaces. À Paris il y a quarante ans on parlait à leur sujet d’un « panier de crabes ». En effet, l’ancien archevêque Job, un Ukrainien schismatique, ne pouvait se rendre à l’église de la rue Daru que protégé contre toute attaque physique par cinq gardes du corps de forte carrure qui s'y tenaient plantés pendant les offices et escortaient les protestataires dehors.

Pendant ce temps, à l'Église grecque à Paris hier, des schismatiques ukrainiens concélébraient avec le métropolite grec Emmanuel de douteuse réputation. On dit que le plan grec est de reprendre l'église historique de la rue Daru et de la remettre aux schismatiques. Tout le débat de la rue Daru a été caractérisé par les fantasmes de prêtres qui ne savent pas célébrer les offices et de laïcs sans église mais très politisés qui n'ont aucune idée de ce qu'est l'Église, comment elle fonctionne et de ce qu’il faut pour faire un évêque – trois autres évêques. Maintenant, il semble que les paroisses et les communautés de la rue Daru qui ne veulent pas rester dans le Patriarcat de Constantinople schismatique seront réintégrées dans l'Église Orthodoxe Russe individuellement, et non en tant que groupe. Quant à savoir si une autre Église Locale voudra des autres, ce n'est pas évident.

Il y a plus de douze ans, la majeure partie de l'émigration russe, l'Église Hors de Russie et son synode des évêques, représentant environ 80% de l'émigration, est revenue dans l'Église orthodoxe russe. Ils avaient compris que l'Église en Russie était alors totalement libre de l'État russe. Il est clair que le fragment émigré de la rue Daru, qui s'était séparé de l'Église hors de Russie sous la pression politique des années 1920, aurait dû faire de même. Toute cette agonie a duré trop longtemps. Ce fragment a refusé d’y revenir et son archevêque Gabriel, un converti de la veille, s’est montré comme un russophobe acharné, ordonnant de manière non canonique des hommes à la prêtrise sans les avoir préalablement formés et recevant toutes sortes de dissidents et d’étranges individus venus d’ailleurs. Et voilà le résultat."
(version française par Maxime le minime)

vendredi 6 septembre 2019

Sur la prière par l'Archimandrite Aimilianos de Simonopetra

Paroles sur la prière de l'Archim. Aimilianos de Simonopetra (enregistrement et transcription en 1990). La Prière - "un droit humain de chercher et de trouver Dieu",  vivre Dieu "et une découverte du mode selon lequel elle vient" dites pour la télévision allemande au monastère d'Ormylia en 1990


— Qu'est-ce que la prière?

La prière est une expérience réelle de la présence de Dieu. Elle est aussi l’assurance de la communion avec Dieu, à Qui l'homme parle et qui découvre ce qui est au plus profond de son cœur. Et il perçoit la présence de Dieu et, en même temps, son propre travail, sans que cette communion divine ne crée de confusion entre les deux personnes. Chacun de ces êtres, l'humain et le divin, reste dans ses limites, mais c'est l'homme qui monte vers Dieu, tandis que Dieu se penche sur l'homme. L'homme se donne à Dieu par la prière et Dieu se donne à l'homme. Et de cela résulte de cette chose merveilleuse, d'avoir un Dieu et un homme en même temps.

— Pourquoi les moines prient-ils ?

Les moines prient, bien sûr, parce que c’est [d’abord] un travail naturel qui jaillit du cœur de tous les peuples et de toute la nature humaine. Il n'y a pas d'homme qui ne ressente pas ce besoin de prière, et ce besoin est aussi un privilège, un droit humain de chercher et de trouver Dieu. Par conséquent, comme nous le comprenons, tous les gens prient, pas seulement les moines. Les gens ont pour exemple la communauté monastique et les moines ont pour exemple le monde des anges. Et, par conséquent, les moines constituent, comme on dit, la communauté angélique.

La vie monastique a été découverte à des hommes saints, qui avaient un haut degré de prière. C'est pourquoi ces moines qui prient - au fond c'est clair - ne cherchent pas à satisfaire certains besoins. Il n'y a rien de spécifique qui les amène à se donner à Dieu ou à être en relation avec Lui. Ils ne sont poussés par aucun intérêt personnel. Ils ne pensent jamais de cette façon. Au contraire! Les saints prient en tant qu'êtres qui comprennent parfaitement qu'ils s’élèvent, non pas physiquement, mais réellement, jusqu’à Dieu. Par conséquent, tous les moines prient. Leur but est très élevé, c'est la communion-même et la participation-même de Dieu dans leur vie. Par voie de conséquence, il s’agit de la déification, comme on dit habituellement.

C'est pourquoi les moines prient jour et nuit, car c'est là leur œuvre. Et, en fait, ils parviennent à se rapprocher de la communion avec Dieu. Lorsque nous parlons de «communion», cela signifie que nous découvrons notre relation et notre identité avec l'Église. Et l'Église monte vers Dieu, comme descendit autrefois du Ciel le Christ, par Sa venue. Toute l’Église - tout le monde, pas seulement les moines – réussit par la prière, comme nous le comprenons maintenant, à ne se nourrir et à vivre avec cette seule communion, par cette action, par cette prière, qui maintient l’homme dans la Divinité et dans laquelle Dieu est incorporé par l'homme.

— Pour quelles choses et pour quelles personnes les moines prient-ils?

Eh bien, si les moines ne prient pas pour eux-mêmes et pour leurs intérêts, pour leurs besoins – qu'ils essaient continuellement de réduire au minimum, pour ne pas avoir de problèmes eux-mêmes , il est naturel pour les moines de prier pour le monde entier, pour l’Église entière – puissance et œuvre existentielle qui perdurera jusqu’aux siècles des siècles. Et dans cette Église, il y a des pécheurs, il y a aussi des saints et des justes, et aussi des anges – c’est ce qui signifie « de tous et de chacun ». Tout ce que Dieu a créé;  « tous et chacun » qu'Il porte en son sein. Et tout cela, qui est l'œuvre du Seigneur, est également repris par les moines en participant à l'économie de Dieu. Et ils embrassent tous et chacun, comme je l'ai dit, les incluant, dans leur propre prière. En d'autres termes, c'est leur œuvre.

— Qu’est-ce que la prière de Jésus?

Maintenant, nous entrons plus dans l'espace intérieur. La prière de Jésus est l’essence de toutes les prières existantes dans notre Église, c’est la prière la plus concise, la plus authentique et la plus efficace que l’homme puisse faire. Et, surtout si nous comprenons bien cela, cette prière est la plus directe, la plus appropriée et la plus accessible, et pas seulement pour les moines. Et c’est aussi une grande importance, parce que les laïcs et les moines prient également avec la même prière, parce que c'est cela qui nous rend immédiatement capables d’acquérir Dieu, comme des yeux qui se remplissent de lumière. En d'autres termes, comme il n'y a pas deux systèmes de vie spirituelle, les moines, qui ont pour exemple le ciel, et le monde qui, comme je l'ai dit, a pour exemple la communauté monastique, prient également avec cette prière.

La prière est donc un bien unique et exclusif de l'Église. La prière est une conséquence qui émerge des profondeurs de l'existence monastique et, bien entendu, de l'homme qui désire et attend Dieu. C'est une expérience des Pères de l'Église et un fruit acquis par les personnes qui maintiennent une vie purifiée et évangélique. La prière est donc une mémoire vivante et une invocation du Nom de Dieu.

C'est court et c'est la répétition de ces mots: "Seigneur Jésus Christ, aie pitié de moi!" À travers cette invocation et cette répétition, que nous arrive-t-il? Nous obtenons un dynamisme spirituel qui ne vient pas de nous, mais de Dieu Lui-même. Le nom du Seigneur, que nous répétons, n’est pas quelque chose de fortuit, mais il est complet, il comprend la divinité, il embrasse le Christ Lui-même, qui vient immédiatement en communion avec nos cœurs. Ainsi, la répétition que nous faisons des mots de la prière a une signification, non pas parce que cette invocation à elle seule peut procurer quelque chose, mais parce que cette invocation nous aide à nous forger une habitude, et que l’invocation du Christ devienne permanente en nous-mêmes, de sorte que ce qui nous entoure et ce qui est dans notre cœur sont remplis de Dieu. Cette répétition n’est donc pas une formule magique qui peut porter ses fruits par elle-même. La répétition n'est qu'un renforcement, une fixation et un ensemencement du Nom du Christ et donc du Christ Lui-même dans notre vie quotidienne. Ce n'est pas un travail mécanique, ce n'est pas une opinion subjective de l'homme, ce n'est pas une action qui crée une image humaine illusoire, ce n'est pas un exercice psychosomatique  au sujet duquel l'on pourrait penser qu’il nous ferait accéder à une connaissance gnostique ou syncrétique, ou que cela aurait des résultats spirituels, ou que par cette formule, l'homme pourrait tendre vers l’infini ou vers un dieu sans visage. La répétition crée en l'homme le pouvoir d'invoquer Dieu sans cesse, et par conséquent, la participation de l'homme lui procure un état de bonheur et de joie spirituelle et d'autres charismes. Et puis, quand l'homme atteint ce stade primaire, il comprend qu’elle sert de médiation entre sa personne et le Dieu Personnel, le Saint-Esprit! Et à partir de ce moment-là elle élève l'homme à Dieu.

 — Pourquoi les moines prient-ils avec la prière de Jésus toujours et partout?-

Eh bien, c’est, je dirais, la seule prière qui, de toute évidence, crée les conditions préalables pour que nous puissions tous les jours et, de manière palpable et en même-temps, facilement, trouver et se réjouir de Dieu. Celui qui est invisible par cette prière est vu dans notre vie. Ainsi, à travers cette prière, les moines acquièrent partout et toujours le sentiment indéfectible de la présence de Dieu et un dialogue intérieur si profond qu'il atteint les profondeurs de la "mer" Divine. C'est pourquoi, de cette sorte de prière, que les moines ont découvert dans l'expérience de l'Église depuis le commencement, ils peuvent ainsi remplir la journée et créer de nuit un flambeau qui diffuse une lumière céleste dans l'univers tout-entier, qui est compris dans Son poing par Dieu Lui-même. Ainsi, par cette rencontre de l'homme avec Dieu, les moines parviennent à se sanctifier non seulement eux-mêmes, mais aussi leur espace et le monde entier.

— Quel est le but de la prière de Jésus?

Le but de la prière n'est ni sa méthode, ni les mots, ni le lieu, ni l’Hésychia, ni rien de ce que cette prière implique. On peut dire que le but de la prière est ce qui est mis en œuvre dans l'homme par Dieu; que c’est ce que Dieu fait en nous Dieu. Ce qui s’y fait est une expérience vivante. Mais ce n'est pas seulement l’expérience vivante de Dieu! C'est aussi la découverte de la façon dont Il vient, de la manière dont la venue de Dieu est réalisée - le Dieu personnel dans la personnalité de l'homme. Et bien sûr qu’Il vient dans la lumière! Et puis, l’homme  ressent et comprend encore, à la fin de son ascension, l’union qu’il réalise. Et, avec cette union, vient la purification, le progrès spirituel, la croissance de l’enfançon qui est né dans l'homme. Et, de plus, l'Esprit offre à l'homme un état divin permanent à partir duquel il avance vers l'illumination, vers un éclat, vers un épanouissement à différents niveaux que Dieu accorde et ouvre à l'homme.

Le but de la prière, pourrait-on dire en un mot, est un parfait mystère! Mystère du Dieu invisible, maintenant ressenti et de la personne vue, que Dieu acquiert. Ce mystère nous a été révélé par les Pères de l'Église. Nous savons aussi toujours, par expérience, comment le recevoir, non par le biais de compréhensions et de méditations, mais de la manière par laquelle Dieu pénètre dans l’être humain et le transforme entièrement. Et ainsi progressivement il devient une personne qui peut goûter, comprendre et embrasser ce mystère.

Maintenant que nous parlons du but de la prière, nous devons noter quelque chose. Il y a aussi quelques étapes plus hautes auxquelles accède l'homme quand il continue la prière de Jésus. Mais, ces étapes, nous les omettrons pour le moment, car nous ne pouvons pas parler de quelque chose dont seule la personne [concernée] a la connaissance, et qui seule peut la dévoiler à une autre personne. C'est donc une ascension échelonnée. C'est une communion toujours ascendante et complète, immuable, c'est-à-dire que ni l'un ni l'autre ne change. Il y a une vision spirituelle et une communion invisible. Cette personne vit cette grandeur, elle vit le divin dans un bonheur et une joie inexprimables. Et sur ce chemin, elle court sans obstacle et sans pouvoir le dire aux autres. Elle-même l'a embrassé, elle l'a porté. Et, par conséquent, cette promotion de l'homme, qui monte jusqu'aux plus hautes étapes de la prière qui se déroule au fond du cœur, ces étapes que nous ne pouvons pas interpréter, cher M. Verner, devant un écran de télévision. C'est quelque chose que la raison ne permet pas. À partir de là, permettons à Dieu de rechercher les personnes qui souhaitent, qui luttent et qui parviennent, avec l’aide de Dieu, à accéder à ces hauteurs.

— La prière de Jésus change-t-elle la vie de l'homme?

Si elle change la vie de l’homme? Pour quelle raison les moines font -ils cette prière? D'après ce que j'ai dit jusqu'à présent, du fait des questions provocatrices que vous nous avez posées, on arrive naturellement à la conclusion que la prière change la vie de l'homme. Cela change l'homme et lui rend la première beauté dont Dieu l’a doté au Ciel. Et, bien sûr, il l'élève encore plus haut et lui donne beaucoup plus de compréhension, de ressenti et de spiritualité, et le rend de plus en plus porteur de grâce à mesure que le temps passe. Et, non seulement cela le ramène à la beauté paradisiaque qu'il avait autrefois, mais cela le ramène également à la pleine liberté dans laquelle Jésus-Christ nous a affranchis. Ainsi, Dieu modèle-t-Il de telles personnes! Et cela se fait de notre temps, avec toutes les catégories de personnes, laïcs et moines. Et cela rend les gens capables, en empruntant  cette voie de prière qu’ils accomplissent, de glorifier Dieu et – c’est important – de pouvoir ouvrir la voie de l’Éternité à leurs semblables.

— Merci beaucoup Geronda !
 Et je me réjouis de ce dialogue que nous avons mené aujourd'hui!

Traduction du grec en roumain : Elena Dinu,
Transcription, correction et édition: orthodoxe roumain en France
Traduction en français par Maxime Martinez revue par P. Mihaï