Si quelqu'un, en effet, veut aimer la vie et voir des jours heureux, qu'il préserve sa langue du mal et ses lèvres des paroles trompeuses, qu'il se détourne du mal et fasse le bien, qu'il recherche la paix et la poursuive. 1 Pierre 3:10-11 Les lèvres mensongères font horreur à l'Éternel, tandis que ceux qui agissent avec fidélité lui sont agréables. Proverbes 12:22 «C'est ce qui sort de l'homme qui le rend impur. En effet, c'est de l’intérieur, c'est du cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées, les adultères, l'immoralité sexuelle, les meurtres, les vols, la soif de posséder, les méchancetés, la fraude, la débauche, le regard envieux, la calomnie, l'orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et rendent l'homme impur.» Marc 7:20-23 Un témoin fidèle ne ment pas, tandis qu’un faux témoin dit des mensonges. Proverbes 14:5 « Vous, vous avez pour père le diable et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement et il ne s'est pas tenu dans la vérité parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, il parle de son propre fond, car il est menteur et le père du mensonge. » Jean 8:44 Si les paroles distinguées ne conviennent pas à un fou, les paroles mensongères conviennent d’autant moins à un noble. Proverbes 17:7 « Écarte de ta bouche la fausseté, éloigne de tes lèvres les détours ! Proverbes 4:24 Craindre l'Éternel, c'est détester le mal. L'arrogance, l'orgueil, la voie du mal et la bouche perverse, voilà ce que je déteste. » Proverbes 8:13 « Pierre lui dit : «Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, au point que tu aies menti au Saint-Esprit et gardé une partie du prix du champ? […] Comment as-tu pu former dans ton cœur un projet pareil? Ce n'est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu.»Actes 5:3-4Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les enchanteurs, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l'étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort.Apocalypse 21.8

vendredi 31 août 2018

☦️ L'irréductibilité de l'Orthodoxie avec le christianisme occidental

SUR LE BLOG de CLAUDE



Extrait de L'INTERVIEW DE PÈRE GABRIEL BUNGE

[…] Au cours des siècles, une mentalité liturgique et spirituelle totalement différente s'est développée en Occident. Cela a eu des conséquences inévitables : Déjà au Moyen Âge, les iconostases disparaissaient peu à peu, les églises étaient construites sans égard pour l'orientation, le canon iconographique n'était pas suivi, et il n'y avait pas de vieux chants liturgiques. Ces faits sont bien connus des spécialistes de l'histoire de la liturgie et de l'art religieux.
La réforme liturgique initiée par le Concile Vatican II a intentionnellement placé un homme au centre. En conséquence, les offices catholiques ont commencé à ressembler de moins en moins à la Divine Liturgie orthodoxe et sont devenus de plus en plus semblables aux services des communautés protestantes. Ainsi, la sécularisation en Occident a conduit au développement d'une mentalité liturgique et spirituelle très différente de la mentalité orthodoxe, qui était essentiellement identique à la mentalité de l'époque des saints Pères.[…]


  1. Interview de Père Gabriel ( Bunge): L'ORTHODOXIE A-T-ELLE BESOIN D'ORDRES MONASTIQUES ? (1)
  2. Interview de Père Gabriel ( Bunge): L'ORTHODOXIE A-T-ELLE BESOIN D'ORDRES MONASTIQUES ? (2)
  3. Interview de Père Gabriel ( Bunge): L'ORTHODOXIE A-T-ELLE BESOIN D'ORDRES MONASTIQUES ? (3)
  4. Interview de Père Gabriel ( Bunge): L'ORTHODOXIE A-T-ELLE BESOIN D'ORDRES MONASTIQUES ? (4)
  5. Interview de Père Gabriel ( Bunge): L'ORTHODOXIE A-T-ELLE BESOIN D'ORDRES MONASTIQUES ? (5)
  6. Interview de Père Gabriel ( Bunge): L'ORTHODOXIE A-T-ELLE BESOIN D'ORDRES MONASTIQUES ? (6)


jeudi 30 août 2018

Père confesseur ou Père spirituel ?

L'Ancien Nikon (Lazarou) du Nouveau Skite sur la Sainte Montagne, a visité le monastère de la Toute Sainte à Lammi (Finlande) en septembre 2016. Il a répondu aux questions après sa conférence sur "Qu'est-ce que la vie monastique ?". La plupart des gens étaient intéressés par les différences entre un Ancien (Starets en Russe) et un père confesseur, comme le révèle déjà la première question ...

Question / Commentaire: Je pense que lorsque l’on vit dans le monde (et la plupart d’entre nous vivent dans le monde), la participation aux activités de la communauté, la participation aux mystères sacrés, est la chose la plus importante. En cette occasion, on a beaucoup parlé des Anciens. Je pense que l'Ancien est mon père confesseur. Si je me trouve un bon père confesseur, alors je peux toujours me tourner vers lui et lui demander conseil – je peux rester en contact avec lui. Nous avons rarement quelqu'un d'autre à part le père confesseur et son rôle en cela est important. Si nous avons un bon père confesseur, nous pouvons toujours, après le repentir, recevoir la Sainte Communion…

Quelle est donc la relation entre un ancien et un père confesseur?

Père Nikon:
— Ils n'ont rien en commun. C'est une chose d'être un père confesseur et une autre d'être un Ancien. Par conséquent, le père confesseur pourrait aussi avoir son propre Ancien. Un prêtre est une personne qui accomplit les mystères de l'Église et qui a le pouvoir d'absoudre les péchés du peuple dans le mystère de la confession. Et nous sommes sauvés parce que nous recevons l'absolution de nos péchés sous l'épitrachelion de notre père confesseur et prenons part à la grâce divine par ce sacrement. Notre père confesseur ne nous sauve pas en tant que personne mais plutôt selon une "fonction" donnée à l'Église.
Un croyant ordinaire pourrait en savoir plus sur les choses qu'un père confesseur. Il aurait pu avoir fait plus d’études qu'un père confesseur. Cela ne signifie cependant pas qu'il pourrait – grâce à ses plus grandes connaissances – se permettre de prendre ses distances avec la vie de l'Église que met en œuvre ce prêtre. Même si nous avons avions été baptisés par un prêtre qui aurait eu très peu de connaissances sur la tradition de l'Église, nous serions tout de même baptisés. Et de même, si un tel prêtre avait célébré le mystère du mariage, nous n’en serions pas moins mariés. Et encore, pareillement, s'il reçoit de nous notre confession, nous recevrons l'absolution de nos péchés.

Un Ancien est quelque chose de totalement différent. Ne confondons pas les choses les unes avec les autres. Demain, je parlerai de la manière dont un homme peut être sauvé dans le monde en suivant certaines pratiques tirées de la vie monastique. Nous luttons tous contre le même ennemi – en premier lieu, nous luttons contre notre propre égoïsme et ensuite contre le diable.

Il faut utiliser certains types de stratégies pour lutter contre les ennemis venant de la montagne et d'autres types de stratégies quand ils s'approchent en venant de la mer. Et encore d’autres stratégies quand ils s'approchent sur terre. Il est inutile d’essayer de harponner ceux qui viennent des montagnes. Et de même, il est inutile d'essayer d'utiliser un fusil contre ces ennemis qui s'approchent en venant de sous l'eau. Comment pouvons-nous, vivant dans le monde, lutter contre nos ennemis - voilà notre sujet demain.

Question : Comment savoir si je suis humble ?

Père Nikon
— Quand on se confesse souvent ... quand on aborde le sacrement de la confession et que l'on pense avoir des vertus que l’on n’a pas, alors Dieu éclairera le père confesseur. Le Christ ne permet pas à une personne humble de périr. Dieu le redressera.

Nous faisons ce que nous pouvons et Dieu fait ce que nous ne pouvons pas faire. Nous savons que le diable peut se dissimuler sous différentes formes. S’il arrive qu’un ascète n'a pas été sauvé alors qu'il possédait toutes ces vertus, alors nous ne pouvons pas être certains de nos propres vertus. Est-ce que j'ai vraiment cette vertu que je pense avoir ? Et si je l'ai, est-elle pure ou entachée de fierté ? Comment puis-je éviter les pièges du diable - il en connait beaucoup plus que moi ?

Ne vous inquiétez pas de ces choses. La grâce de Dieu nous sauvera. Elle couvre chaque humble lutteur. Nous ne sommes pas sauvés à cause de nos vertus, mais parce que le Christ nous aime.

Question : Dans le monastère, tout le monde a un Ancien et on peut lui montrer son obéissance. Mais dans le monde, il y a beaucoup d'opinions et de pensées ... et si l'on est, par exemple, obéissant envers ses parents, on peut ne pas être obéissant envers un enseignant ou sur son lieu de travail. Même à l'intérieur de l'Église, il existe différents types d'opinions. Il est inévitable que si l’on suit une opinion, elle en rencontrera une autre contraire. 

 — Comment pouvons-nous savoir envers qui nous devons faire preuve d’obéissance ?

Père Nikon
— Chacun devrait faire preuve d'obéissance envers son propre père spirituel. Parce que nous ne savons pas s'il a raison en matière de théologie… nous sommes sauvés parce que nous allons humblement à la confession. La grâce divine qui nous parvient à travers le Mystère de la Confession nous sauvera.
Les vues théologiques du père confesseur ne nous sauvent pas. Si nous avons cependant une certaine compréhension théologique et que nous pouvons voir et être convaincus que notre père confesseur est sur la mauvaise voie, qu'il est sur une pente glissante, alors nous pouvons aller voir un autre père confesseur. C'est le mystère de la confession qui nous sauve. Un père confesseur n'est pas un Ancien. On peut - dans certaines circonstances - changer de père confesseur, mais on ne peut pas changer d’Ancien.

Quand une personne est ordonnée comme moine, il s'agenouille devant un prêtre, un autel et les portes royales, et fait avec crainte des vœux d'obéissance, en tout, envers son aîné. Ce sont des promesses que personne vivant dans le monde ne fait à son père confesseur. Un père confesseur et un Ancien sont deux choses différentes. Nous ne devons pas transposer dans le monde, de manière erronée, les choses de la montagne sainte. Vous pouvez quitter votre père confesseur et aller vers un autre. Vous n'êtes pas lié à votre père confesseur par les liens d’un quelconque mystère.

Comme je l’ai dit plus haut, les pères confesseurs peuvent avoir leurs propres Anciens. Par exemple, le père Ephraïm d'Arizona était un père confesseur pour beaucoup de gens, mais en même temps Joseph l’Hésychaste était son aîné. Et l’higoumène du saint monastère de Vatopaidi, Ephraim, avait pour aîné un autre Joseph, qui était le disciple de Joseph l’Hésychaste. Ni l'un ni l'autre des Joseph, qui étaient les Anciens de ces hiéromoines, n'étaient des prêtres, ils n'étaient que des moines.

Question : Comment quelqu'un qui vit dans le monde peut-il trouver un Ancien ? Le père confesseur et l' Ancien peuvent-ils être une seule et même personne?

Père Nikon 
— On ne peut pas trouver un Ancien en vivant dans le monde. Dans le monde, il faut obéir au père confesseur. Dans le monde, nous devons vivre en lien avec les sacrements de l'Église et le Christ est l'Ancien qui, à travers les mystères de l'Église, agit dans nos vies. Si nous voulons en savoir davantage que notre père confesseur peut nous donner des réponses, alors nous pouvons recourir aux livres. Il y a beaucoup de livres de nos jours. Même Internet peut être utilisé pour trouver des réponses. Et de cette manière, nous pouvons combler ce vide.

Un homme peut atteindre un niveau spirituel élevé, même s'il n'a pas de grands chefs spirituels - comme les pères Porphyrios et Païssios. Qui, en fait, étaient leurs aînés spirituels ? Nous ne le savons pas à coup sûr. Nous n’avons aucune excuse à notre âge pour ne pas connaître les choses. Il y a tellement de façons de découvrir la volonté de Dieu.

Nous serons sauvés par ces exploits spirituels que nous faisons à la lumière de l'humilité. Nous ne serons pas sauvés par la connaissance de notre père spirituel ni par sa bonté. Si je ne me bats pas, je ne peux pas être sauvé, même si mon père spirituel est un saint. Pouvons-nous trouver un père confesseur plus saint que le Christ Lui-même ? Et pourtant l'un de ses disciples est allé se pendre.

Nous n'avons aucune excuse valable en prétextant que notre père confesseur n’est pas instruit ou qu'il n'est pas saint. Aussi illuminé soit-il, si nous ne luttons pas nous-mêmes, nous ne pouvons pas être sauvés. La sainteté n'est pas quelque chose que l'on peut attraper. Lorsque nous nous approchons d'une personne sainte, la sainteté ne se transforme pas en nous.

À notre époque, vous êtes les "enfants préférés de Dieu". Lorsque moi, père Nikon, j'étais jeune et que j'avais des questions spirituelles, la seule chose que les pères spirituels me demandaient était si je rendais visite à des filles. C'était comme si la vertu ne concernait que le bas-ventre. Et j'avais des questions sur le Christ et sur la Toute Sainte - différentes questions – et je cherchais des réponses. Cependant, on ne m'a interrogé que sur mes relations avec les filles. Tels étaient les pères confesseurs de cette époque. Je voulais connaître les choses spirituelles et je les ai apprises des films d'Ingmar Bergman. Ensuite, nous n'avions pas de télévision ... Nous n'avions rien ... Maintenant, nous avons des CD, Internet, des stations de radio ecclésiastiques – comme vous l'appelez. Vous êtes nourri sur chaque canal. Il n'y a pas d'excuse. La prochaine fois que moi, Père Nikon, viendrai vous rendre visite, j'attends que vous accomplissiez des miracles ...

Commentaire: Nous devons avoir de la volonté pour de bon et montrer cela en pratique.

Père Nikon
— Il en est ainsi. La simple tentative de faire le bien ne suffit pas. Nous devons aller dans la bonne direction. En pratique, nous pouvons le faire en allant nous confesser.
Allez à l'église. Mariez-vous là-bas. Prenez part à la Sainte Communion. Essayez de dire tout le temps : "Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi." Il ne suffit pas que nous voulions, nous devons aussi montrer dans la pratique ce désir. La vie spirituelle est si simple.
(version française par Maxime le minime de la source)

mercredi 29 août 2018

La belle œuvre des moines du monastère de l'Ascension en Ukraine


Ce que l'Église peut accomplir


Les producteurs de cet excellent documentaire veulent que cette histoire soit racontée au plus grand nombre de chrétiens possible; l'aide aux orphelins est absolument nécessaire et, comme le montre ce beau film, le soin et l'amour du Christ pour ces "anges" sont extraordinaires - du ciel.
Veuillez contacter le monastère de la Sainte Ascension dans le sud-est de l'Ukraine (à droite sur la frontière de la Roumanie) pour aider et encourager ces chers frères et soeurs en Christ!

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Il s'agit d'un documentaire russe sur le monastère de la Sainte Ascension en Ukraine, qui a également joué le rôle d'orphelinat / hospice pour enfants.

Le personnage principal du film est le père Michael, père de 29 enfants adoptés et de trois de ses propres enfants biologiques.
Il a reçu le titre de "héros de l'Ukraine".

Où sont nos hôpitaux, nos soupes populaires, nos écoles? En effet, où sont-ils?
Voici une vidéo de ce que réalise un monastère en Ukraine. S'ils peuvent faire de grandes choses, pourquoi pas nous?

Le Starets Mihail a fondé le monastère en 1994 avec quatre frères. Maintenant, le monastère compte 90 moines et ils élèvent 220 enfants orphelins.
Fr. Mihail était orphelin lui-même ... Le monastère se trouve en  Ukraine, à 7 km de la frontière nord de la Roumanie. Ils servent en ukrainien et en roumain parce que "nous sommes (tous) orthodoxes".

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Le Fonds d'assistance aide les orphelins en Ukraine
Un résident du New Jersey, qui souhaitait rester anonyme, a offert un don de 50 000 dollars à un projet digne de ce nom - soutien d’un orphelinat remarquable dans le petit village de Bancheny, en Ukraine, près de Tchernivtsi. L'orphelinat est affilié au monastère de la Sainte Ascension et prend en charge 220 enfants, dont 40 ont le VIH, 41 sont handicapés et 27 souffrent d'épilepsie.
90 moines et 65 religieuses du monastère de la Sainte Ascension et du monastère de Boyanski prennent soin des enfants.

Selon l'archimandrite Longin (Zhar), abbé du monastère et fondateur et directeur de l'orphelinat, utilisera l'argent à acheter des médicaments, de la nourriture, des vêtements et d'autres articles essentiels.
Né en 1965 près de Tchernivtsi, l'archimandrite Longin (alors Mikhaïl Zhar) a fondé l'orphelinat en 1992 après avoir adopté un orphelin du sida âgé de six mois. En 1997, il est devenu l'abbé du monastère masculin de la Sainte Ascension (patriarcat de Moscou).
En 2008, il a été nommé "héros de l'Ukraine" par le président Victor Yuschenko et a reçu deux médailles pour son travail auprès des orphelins.

Pour faire un don ou pour plus d'informations, veuillez visiter:



mardi 28 août 2018

Effondrement et renaissance, Interview du collapsologue Pablo Servigne


" […] Quand on dit effondrement on dit forcément renaissance […]
Pessimiste, optimiste, on s'en fout, ce qui compte c'est de faire ce que tu penses sincèrement qui va changer les choses […] dans un monde low tech dévasté […] on fait avec ce qu'on a, on se débrouille […] mais il y a vraiment un élan de vie qui est intéressant […] investir la petite échelle […] retrouver des compétences du sauvage […] se "réensauvager" […] et puis il y a toute cette question qu'on n'a pas trop abordée… spirituelle. […] C'est aussi un parcours énorme et on est super mal outillé. Que ce soit pour faire un potager, que ce soit spirituellement, que ce soit au niveau des outils vraiment démocratiques, on n'a pas du tout appris ça à l'école  dans nos sociétés…il faut s'y mettre sur tous les fronts et on n'a pas des années. Notre vie va complètement changer."

dimanche 26 août 2018

Les fondements spirituels de la crise écologique : un nouveau livre de Jean-Claude Larchet


Jean-Claude Larchet: Les fondements spirituels de la crise écologique
Jean-Claude Larchet, Les fondements spirituels de la crise écologique, Édition des Syrtes, Genève, 2018, 133 p., 15€.

L’écologie a déjà suscité une abondante littérature, et la dégradation de notre environnement naturel inquiète plus que jamais, d’autant qu’aucune mesure, à aucun niveau, ne l’a jusqu’à présent ralentie.
Loin des discours habituels, la réflexion que nous propose ici Jean-Claude Larchet – bien connu pour ses études sur les diverses formes de maladie et les facteurs spirituels qu’elles impliquent – aborde la question de la « maladie de la nature » et des remèdes qui peuvent lui être apportés sous un angle très original, qui renouvelle notre vision des choses quant aux causes réelles et aux solutions possibles.
La crise écologique prend, selon lui, sa source dans une perte des valeurs et des comportements spirituels qui fondaient traditionnellement les rapports de l’homme et de la nature, et ce n’est donc que dans un retour à ces valeurs et comportements spirituels qu’elle pourra trouver une solution véritable et durable.
L’ « écospiritualité » s’est certes développée ces dernières années, y compris au sein du christianisme, mais avec des dérives inspirées du New Age et menant à un néo-paganisme. Sur la base de l’Écriture et des écrits des Pères, mais en plongeant la réflexion de ceux-ci par une prise en compte des évolutions sociales et des données actuelles, J.-C. Larchet recentre la réflexion sur les principes fondamentaux du christianisme correctement compris à la lumière de la Tradition orthodoxe, concernant la place de l’homme dans la nature et sa vocation spirituelle par rapport à celle-ci.
Décrivant la situation paradisiaque initiale où les relations harmonieuses de l’homme avec la nature étaient fondées sur une attitude essentiellement contemplative et eucharistique, il explique la raison de la rupture de ces relations, et comment les évolutions de la civilisation occidentale depuis la Renaissance – fondées sur l’humanisme rejetant Dieu, l’individualisme, le naturalisme, le rationalisme et l’idéologie du progrès matériel indéfini –, ont amené à la situation catastrophique actuelle, où les menaces qui pèsent sur la nature mettent en péril l’existence même de l’humanité.
Loin de s’en tenir à ce constat pessimiste, il propose des remèdes radicaux fondés sur un retour aux principes de la cosmologie et de l’anthropologie chrétiennes, mais aussi sur les pratiques éthiques et l’expérience ascétique de la spiritualité orthodoxe.


EXTRAIT DE L’INTRODUCTION :
« De plus en plus de voix s’élèvent pour souligner que si les problèmes écologiques appellent des mesures politiques et économiques urgentes de la part des États, ce n’est que par un changement radical de mentalité et de mode de vie qu’ils pourront trouver une solution profonde et définitive, parce que les problèmes écologiques ont au fond des causes spirituelles – relatives à la façon dont l’homme perçoit et conçoit la nature, entre en relation avec elle et en fait usage – et sont donc tributaires de solutions spirituelles.
C’est là que l’Église orthodoxe, qui a une longue tradi­tion de réflexion (théologique, cosmologique, anthro­po­logique) et de pratique (liturgique et spirituelle) sur la valeur de la création et sur la façon dont l’homme doit entrer et vivre en relation avec elle, peut apporter, dans le cadre de la crise actuelle, des principes qui guident la réflexion et l’action présentes et à venir de tous ceux qui cherchent à sauver la nature.
La réflexion que je propose ici s’inscrit dans la conti­nuité de deux thèmes auxquels j’ai consacré une grande partie de mon œuvre :
— Premièrement les maladies de différents ordres et leurs thérapeutiques : d’une part, l’écologie est bien une réflexion sur les maladies de la nature et la façon de les soigner et d’en guérir ; d’autre part, ces maladies de la nature ont leur source dans les maladies spirituelles de l’homme, et la guérison de celles-là dépend au fond de la guérison de celles-ci.
— Deuxièmement la pensée de saint Maxime le Confes­seur : il est parmi les Pères de l’Église celui qui a le plus approfondi les questions de la présence de Dieu dans la nature, des relations intimes de tous les êtres créés à Dieu, de la façon dont l’homme peut entrer en relation avec les créatures et à travers elles avec Dieu, et du rôle de médiation que l’homme est appelé à exercer au sein de la création.
La synthèse de ces deux domaines permet de donner à la réflexion écologique la dimension spirituelle pertinente qu’exige son traitement en profondeur sur le plan tant théorique (théologique, cosmologique et anthropologique) que pratique (éthique d’une part, au sens étymologique de bon mode de vie, et ascétique d’autre part, au sens large de lutte contre les passions destructrices et au sens étroit de capacité d’autolimitation et de sage sobriété). »

Pourquoi les Orthodoxes ne devraient pas craindre la fin du monde




Pourquoi ne devrions-nous pas craindre la fin du monde ou ce qui, en réalité, nous rapproche de la destruction ?

Le discours de notre Seigneur sur les circonstances extérieures de la fin du monde et sur la gloire de sa seconde venue est exposé au chapitre 24 de l'Évangile de saint Matthieu. Outre le tableau apocalyptique communément conçu des guerres et des conflits, ce discours contient certains détails qui sont généralement négligés ; et ce n'est peut-être pas par hasard.

Considérons le texte de l'Évangile. En répondant à la question de ses disciples sur les signes de la fin du monde, notre Sauveur les met en garde contre le danger des faux prophètes et des cataclysmes sociaux et environnementaux. Prenez garde à ce que personne ne vous trompe. Car beaucoup viendront en mon nom, disant : Je suis le Christ ; et en tromperont beaucoup. Et vous entendrez parler de guerres et de rumeurs de guerres : ... Car s'élèveront nation contre nation et royaume contre royaume ; Ces passages évangéliques particuliers sous-tendent souvent des vues communes sur le destin ultime du monde. Cependant, ces points de vue déforment leur sens. En spéculant sur le thème de la fin du monde, l'industrie cinématographique hollywoodienne, ainsi que diverses organisations sectaires et partisanes de l'idéologie de la société de consommation, cultivent activement, avant tout, une peur de l'avenir dans notre conscience collective. Et cette spéculation n'est en aucun cas un jeu inoffensif sur les nerfs des gens. Le but est plus subtil – c’est celui de nous distraire du point principal.
Si nous portons une attention particulière au texte de l’Evangile, nous voyons que l’accent est mis sur quelque chose de différent. Le Christ ne veut en aucun cas semer la peur dans ses disciples. Au contraire, dit-il, veillez à ce que vous ne soyez pas troublés : car toutes ces choses doivent arriver, mais ce n'est pas encore la fin (Matthieu 24: 6). En expliquant ces paroles de notre Sauveur, saint Jean Chrysostome dit que les vrais disciples du Seigneur "seront au-dessus de tout malheur": aucune discorde extérieure ne pourra ébranler leur zèle pour la foi et pour la vie vertueuse. Selon le Saint, le Christ, tout en témoignant de ce fait, souligne que devant les conditions troublées du monde entier, cet évangile du Royaume sera prêché dans le monde entier pour servir de témoignage à toutes les nations (Matthieu 24:14). . En d'autres termes, de peur que les disciples ne tombent dans le découragement et disent : «Comment allons-nous vivre?», C'est comme si le Seigneur disait: «Tu vivras et tu enseigneras partout».

Ce premier point important est l’opposé de la version populaire de la fin du monde. Et les chrétiens orthodoxes devraient en être conscients : il est inacceptable qu’un homme qui se fie à Dieu, qui cherche à vivre avec Dieu, de se livrer à la terreur de l’avenir, à la panique ou à la peur, c’est le signe d’une orgueilleuse prétention à se fier à soi-même, et pas d’une préoccupation vertueuse pour notre propre salut.

Le deuxième point de la compréhension évangélique du destin ultime du monde n’est pas moins important. Malheureusement, il est aussi souvent compris sous une forme déformée, à savoir «l'amour deviendra de plus en plus froid». Le Seigneur dit que « parce que l'iniquité se sera accrue, l’amour du plus grand nombre se refroidira. » (Matthieu 24:12). Habituellement, ce point est présenté comme une sorte d'effondrement social par la propagation de l'intolérance de masse dans la société : les gens, disent-ils, vont se transformer en bêtes et commencer à se détruire. L’une des conséquences d’une telle conviction, qui est rarement exprimée clairement, est la recherche d’un plan de protection sociale qui empêche à tout prix les conflits sociaux. 

Autrement dit, à un niveau subconscient, les gens craignent les «arêtes vives», ils ont peur d'insister sur les valeurs traditionnelles dans la mesure où cela pourrait entraîner des pressions sociales et des conflits, etc. Ainsi, les modèles occidentaux contemporains de tolérance au péché ont évidemment leur base mentale profonde dans la crainte de la fin du monde, dans un mythe fondé sur une compréhension incorrecte de l’Évangile, qui continue d’être activement soutenu, mais aujourd’hui par des techniques plus subtiles.

Comment devrions-nous comprendre les paroles du Christ sur «l'amour refroidi» ? Un des anciens commentateurs dit que cela concerne principalement le refroidissement de l'amour pour la vérité : «Les paroles de cette multitude d'enseignants de doctrines opposées à la vérité (c.-à-d. les faux prophètes - P. RS) provoquent un tel dommage qu'ils causent même un amour fervent pour la vérité, qui consistait autrefois dans la simplicité de la foi, à refroidir en raison de leur conception des mystères divins. Et en fait le Sauveur lie directement ce « refroidissement de l'amour » à « l'abondance de l'iniquité », notamment quant à la déformation de la vérité, en conséquence de quoi, écrit saint Jean Chrysostome, « les disciples ne pourront pas trouver la consolation même dans l’amour ! « [3]
L'apocalyptique "refroidissement de l'amour" n'est pas une augmentation de la haine, mais une perversion de la vraie compréhension de l'amour.
Ainsi, le «refroidissement de l'amour» apocalyptique n'est pas simplement un changement de la relation entre les personnes, ni une augmentation de la haine, mais quelque chose d'autre. C'est avant tout une perversion de la vraie compréhension de l'amour !

Les faux prophètes des derniers temps (leaders publics et religieux) interpréteront de façon fautive cette vertu suprême, de sorte que les disciples du Christ ne pourront pas se réjouir d'un tel "amour". Il est tout à fait possible que nous parlions d'une sorte de compréhension de l'amour qui conduit réellement à la diminution de la pression sociale, à l'établissement d'une société harmonieuse sans "arêtes vives", sans conflits de modes de vie. Cependant, ce n'est pas l'amour comme un don divin, mais plutôt un compromis mutuellement satisfaisant pour le confort : chacun doit renoncer à des convictions fermes de ce qui est juste, pieux et vrai et reconnaître la relativité de toutes les valeurs pour le bien social. Paix et prospérité. C’est précisément la chute de cet avant-poste de l’amour, sa perversion à un point tel que, au nom de cette vertu, l’iniquité sera commise, tel est le signe clair du fait que l’humanité s’est engagée sur le chemin qui mène à destruction. Après tout, si le Seigneur dit à propos des guerres et des cataclysmes, que le moment de la fin n'est cependant pas encore venu (Matthieu 24: 6), le Sauveur conclut le discours sur la déformation de la vérité par les faux prophètes, sur le refroidissement de l'amour et sur la prédication de l’Évangile pour un témoignage au monde entier avec les paroles, et alors la fin viendra (Matthieu 24:14).

Et ainsi nous voyons que la compréhension patristique de la prophétie de notre Sauveur sur le destin ultime du monde est essentiellement opposée à ce mythe sur l'Apocalypse dont on fait activement la propagande dans la conscience de masse. Si celle-ci a pour but de créer une image terrifiante dans l'imagination des gens face aux catastrophes et aux conflits sociaux engendrant la peur, la représentation évangélique, au contraire, encourage les fidèles et les incite au courage et à la fermeté, à toujours tenir pour la vérité. - Et le Seigneur sauvera ses fidèles.

Si l'idéologie populaire se concentre délibérément sur le conflit social pour que les gens soient inconsciemment enclins à rechercher la résolution de ces conflits à tout prix - alors l'Évangile met clairement en garde contre le danger d'un "amour refroidi", d'un amour privé de fidélité à la Vérité en échange d’un confort social - c'est précisément cet "amour" habile qui mène le monde à la destruction. C'est ce que nous avons vraiment besoin de craindre – cette perversion de l'amour et sa conversion de la vertu suprême à la servante du confort.
Prêtre Romain Savchuk
Traduit par l'archiprêtre George Lardas
Pravoslavie.ru
(version française de la SOURCE

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lundi 20 août 2018

Il y a cent ans l'armée américaine envahissait la Russie…



Il y a exactement 100 ans, le 15 août 1918, le département d'Etat américain a officiellement annoncé la rupture des relations diplomatiques avec la Russie, après quoi les Américains ont débarqué à Vladivostok. Cela signifiait le début de l'intervention des pays de l'Entente dans un pays en pleine guerre civile.


Quels souvenirs ont laissé les militaires américains en Extrême-Orient?
«La nation n'existe pas»
Immédiatement après la Révolution d'octobre la Russie soviétique a signé la trêve avec l'Allemagne sur le front de l'Est en se retirant de la guerre. Les pays de l'Entente l'ont très mal pris. Sous prétexte d'inadmissibilité de la capture du pouvoir dans l'ancien empire par un «parti pro-allemand» les puissances occidentales préparaient l'intervention en Russie, déjà en pleine guerre civile.
En décembre 1917, les USA, le Royaume-Uni, la France et leurs alliés ont organisé une conférence où il a été décidé de délimiter les zones des intérêts sur le territoire de l'ex-Empire russe et d'établir le contact avec les gouvernements nationaux-démocrates. En d'autres termes, les «partenaires occidentaux» prévoyaient de partager le plus grand Etat de la planète entre eux, et ce sont les représentants du Mouvement blanc qui devaient les aider à le faire. Les contacts ont été établis avec eux par des intervenants avant l'invasion.
Des troupes américaines dans l’Extrême-Orient russe, 1919
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Des troupes américaines dans l’Extrême-Orient russe, 1919
L'Ukraine, la Bessarabie et la Crimée faisaient partie de la sphère d'influence de la France. L'Angleterre se réservait le droit sur les «régions cosaques et caucasiennes», l'Arménie, la Géorgie et le Kurdistan. Les Etats-Unis, qui gardaient leur neutralité pendant les premières années du pouvoir soviétique, ont finalement accepté d'aider le Royaume-Uni et la France à «conquérir» le Primorié russe. Les Américains voulaient faire d'une pierre deux coups — obtenir un accès aux riches ressources de l'Extrême-Orient tout en empêchant au Japon de s'y installer, alors qu'il avait également des vues sur la «peau de l'ours qui n'était pas encore tué».
Le débarquement des troupes américaines à Vladivostok, 1918
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Le débarquement des troupes américaines à Vladivostok, 1918
L'éventuelle résistance des Russes n'était pas prise en compte. Le sénateur républicain de l'Etat de Washington Miles Poindexter, appelant à l'intervention, disait ouvertement: «La Russie est devenue simplement une notion géographique, et elle ne sera rien de plus. Sa force d'union, d'organisation et de rétablissement est disparue à jamais. La nation n'existe pas…» L'ambassadeur américain en Russie David Francis appelait également à envahir la Russie:
«J'insiste sur la nécessité de prendre sous contrôle Vladivostok, en laissant Mourmansk et Arkhanguelsk au Royaume-Uni et à la France.»
L'occupation
Le 3 août 1918 déjà, le département américain de la Guerre a donné l'ordre au général William Graves d'envoyer à Vladivostok les 13e et 62e régiments. Au total, au milieu du mois les Américains ont fait débarquer en Extrême-Orient près de 8.000 hommes. Les forces d'expédition incluaient également des Canadiens, des Italiens et des Anglais. Formellement le contingent avait pour mission d'assurer le passage sûr du corps tchécoslovaque depuis le centre de la Russie. En réalité, les fins étaient plus mercantiles.
«Les intervenants protégeaient sur le territoire russe les intérêts de leur capital, déclare l'historien militaire Boris Iouline. Les mines d'or, la forêt, le charbon — ils avaient des projets pour tout cela. Je suis certain que la guerre civile dans le pays a été aussi longue et sanglante uniquement à cause de l'ingérence des puissances étrangères. En l'absence du corps tchèque et des intervenants, elle se serait terminée sans bain de sang en 1918 déjà. Les leaders du Mouvement blanc garantissaient les concessions américaines, anglaises et françaises, ils promettaient de payer les dettes impériales. De facto, ils accordaient aux étrangers le contrôle du territoire.»
Des soldats américains transportant des plateformes avec des corps de soldats tués dans les combats en Extrême-Orient pour ensuite les envoyer aux États-Unis, 1920
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Des soldats américains transportant des plateformes avec des corps de soldats tués dans les combats en Extrême-Orient pour ensuite les envoyer aux États-Unis, 1920
Les intervenants américains ont pleinement profité de l'«invitation». Ils exportaient de l'Extrême-Orient le bois, la fourrure et l'or. Les sociétés américaines ont reçu une autorisation du gouvernement de Koltchak d'effectuer des opérations commerciales en échange des prêts de Citibank et de Guaranty trust. Une compagnie américaine à elle seule avait envoyé de Vladivostok aux USA 15.700 pouds (1 poud = 16,38 kg) de laine, 20.500 peaux de mouton, 10.200 grandes peaux sèches. Tout qui avait la moindre valeur était exporté.
Les occupants ne prenaient pas de gants avec la population locale qui soutenait les résistants rouges. Les archives nationales historiques russe de l'Extrême-Orient ont conservé des «Attestations de paysans torturés et exécutés dans la région d'Olga dans les années 1918-1920». Voici un extrait de ce document:
«En capturant les paysans I. Gonevtchouk, S. Gorchkov, P. Oparine et Z.Mourachko, les Américains les ont enterrés vivants à cause de leurs liens avec les résistants locaux. Voilà ce qu'ils ont fait à la femme du résistant E. Boïtchouk: ils l'ont frappée à la baïonnette et l'ont noyée dans une fosse à ordures. Le paysan Botchkarev a été défiguré avec des baïonnettes et des couteaux: le nez, les lèvres et les oreilles ont été coupés, la mâchoire cassée, le visage et les yeux transpercés par les baïonnettes, tout le corps était coupé. Près du village de Sviaguino de la même manière a été torturé à mort le paysan N. Miasnikov à qui, selon un témoin, on a d'abord coupé les oreilles, puis le nez, les bras et les jambes en le découpant vivant.»
19 mois
L'historien Fedor Nesterov a écrit dans son livre «Le lien des époques»: «Tous les partisans des Soviets à la portée des baïonnettes des «libérateurs de la Russie» étrangers étaient frappés, fusillés, pendus et noyés dans l'Amour par groupes, ils étaient amenés dans des trains de la mort pour mourir de faim dans des camps de concentration.» Selon lui, de nombreux paysans, qui ne soutenaient pas le pouvoir soviétique au départ, se sont finalement insurgés contre les «visiteurs» pour passer du côté des résistants.
Un détachement de soldats américains dans une rue de Vladivostok
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Un détachement de soldats américains dans une rue de Vladivostok
La résistance contre les occupants s'élargissait. La bataille près du village de Romanovka près de Vladivostok du 25 juin 1919 est entrée dans l'histoire: les unités bolchevistes sous le commandement d'Iakov Triapitsyne ont attaqué les positions de l'armée américaines en tuant plus de 20 soldats ennemis.
Après la défaite des forces de Koltchak, l'intervention étrangère en Russie a perdu son sens. En 19 mois de présence dans le pays le contingent américain a perdu presque 200 soldats et officiers. Le dernier soldat américain est parti le 1er avril 1920.
Il est à noter que même après la fin de la guerre civile et la reconnaissance de l'URSS par les Américains et la plupart des puissances européennes, aucun politicien occidental n'a condamné la campagne sanglante en Russie. L'attitude hypocrite par rapport à l'occupation du territoire d'un Etat souverain a été exhaustivement décrite par Winston Churchill dans son livre en quatre tomes La Crise mondiale.
«Les alliés étaient-ils en guerre contre la Russie soviétique? Bien sûr sur non, mais ils tuaient des Soviétiques dès qu'ils en voyaient; sur le territoire russe ils restaient à titre de conquéreurs; ils approvisionnaient en armes les ennemis du gouvernement soviétique; ils bloquaient ses ports; ils détruisaient ses navires de guerre. Ils cherchaient activement à faire chuter le gouvernement soviétique et préparaient des plans pour sa chute. Mais lui déclarer la guerre — c'est une honte! L'intervention est une honte! Ils continuaient de répéter que la manière dont les Russes règleraient leurs affaires intérieures n'avait aucune importance. Ils voulaient rester impartiaux et frappaient coup après coup.»

samedi 18 août 2018

L'intelligence des abeilles

SOURCE :
http://www2.cnrs.fr/presse/communique/5632.htm

Les abeilles comprennent le concept de zéro

Les abeilles sont capables de se représenter et d'interpréter le zéro. C'est ce que viennent de démontrer une chercheuse du Centre de recherches sur la cognition animale (CNRS/Université Toulouse III – Paul Sabatier) et ses collègues australiens, prouvant pour la première fois que des insectes sont capables d'abstraction mathématique. Le zéro, qui symbolise le rien, le neutre ou l'absence, étant une construction humaine relativement récente, ces résultats, publiés dans Science le 8 juin 2018, interrogent l'importance symbolique du zéro dans l'histoire des mathématiques.

Il avait déjà été démontré que certains vertébrés maîtrisaient des concepts numériques complexes, notamment l'addition ou la notion de zéro, mais rien n'avait été prouvé chez les insectes. Les abeilles sachant compter au moins jusqu'à 5, les chercheurs les ont formées au concept de « plus grand que » et « plus petit que ». 
Ils ont d'abord appris aux abeilles à venir boire de l'eau sucrée sur un dispositif expérimental associant une plateforme à une image. La règle est simple : « Choisis l'image où il y a le moins d'éléments ». La bonne réponse apporte de l'eau sucrée tandis que la mauvaise confronte les abeilles à une solution amère de quinine. Une fois que les abeilles ont intégré le principe du jeu, les chercheurs leur proposent une image vide et une image avec plusieurs points. En choisissant l'image vide comme étant celle comportant le moins d'éléments, les abeilles ont montré qu'elles étaient capables d'extrapoler en considérant que le zéro est inférieur à 5, 4, 3, 2 ou 1. 
Les abeilles n'ont qu'un million de neurones soit 100 000 fois moins que l'Homme, et pourtant tous deux sont capables d'utiliser le zéro. Invention majeure de l'humanité pour les mathématiques, la notion de zéro est particulièrement abstraite. Elle permet de représenter l'absence d'objet en inventant un nombre pour « le rien » tout en considérant qu'il est une quantité. Le cerveau, qui a évolué pour traiter des stimuli sensoriels, peut aussi concevoir l'absence de stimulus comme un objet concret. Cette découverte interroge l'importance symbolique du zéro, en suggérant une utilité de ce nombre pour un insecte pollinisateur. 

abeilles
© Scarlett Howard/Aurore Avarguès-Weber


Après avoir appris que les images contenant le moins d'éléments sont associés à une récompense, les abeilles ont choisi l'image vide. L'expérience démontre qu'un ensemble vide, le zéro, est considéré par ces insectes comme un nombre inférieur aux autres.

Références :

Bees extrapolate ordered relations to place numerosity zero on a numerical continuum, Scarlett R. Howard, Aurore Avarguès-Weber, Jair Garcia, Andrew Greentree, Adrian G. Dyer. Science, 2018. DOI : 10.1126/science.aar4975

vendredi 17 août 2018

Assange - "La vérité vous rendra libres"…Jean 8.31


Pilger et Assange à Londres en 2011


Le cinéaste lauréat du prix Emmy et journaliste d’investigation John Pilger ne prend pas de gants pour qualifier les continuelles tentatives qui sont faites pour mettre fin aux activités de Wikileaks et arrêter son fondateur Julian Assange.

Extraits de l'interview accordée à Dennis Bernstein et Randy Credico par John Pilger parue sur le site Les Grosses Orchades, les Amples Thalamèges
[…] Depuis qu’il a été arrêté en 2010, Assange n’a été accusé d’aucun crime. Ce qu’il subit est une persécution absolument sans précédent. Julian pourrait quitter l’ambassade si le gouvernement de son propre pays, l’Australie, appliquait une pression diplomatique normale et légitime en faveur de son ressortissant. […]
Julian est un individu à principes. Le fondement moral de Wikileaks est quelque chose de très important pour lui. Quand il a mis sur pied Wikileaks, il a écrit que toute l’idée de transparence, de faire honneur au droit de savoir des gens, était le but central du site. Il ressent cela très profondément. Toute tentative de faire un marché avec Julian pour fermer Wikileaks se heurtera sans aucun doute à sa résistance
Rien […] n’a égalé l’apparition de Wikileaks et son impact extraordinaire sur le journalisme. C’est probablement le seul organe de presse qui détienne un record de 100% d’authenticité et d’exactitude. Toutes les révélations de Wikileaks se sont avérées authentiques. […]
[…] Liberté d’expression mise à part, la persécution que subit cet homme est quelque chose qui devrait saisir d’horreur tous ceux qui pensent par eux-mêmes. Si cela ne nous emplit pas d’horreur, c’est que nous avons capitulé sur quelque chose d’infiniment précieux. […]

mardi 14 août 2018

L’article de Claude "illustré" sur les crimes des Oustachis croates et leurs massacres de Serbes orthodoxes, de Juifs et de Tziganes

…avec la bénédiction (et la participation) de l'Église catholique

 lire sur le Blog  Orthodoxologie










Dans la forêt Uskočka - Exhumation de cadavres de victimes civiles massacrées
 au couteau, au marteau et à la hache— aucune victime par balles.

La Croatie n'a pas toujours eu le visage souriant
 et le comportement ouvert de son actuelle présidente…

Une belle jeunesse, "bien formée"




La continuité

Jean-Paul II priant le "Bienheureux"Stepinac


Benoît XVI priant le  "Bienheureux" Stepinac

La rupture ?



Le pape François a personnellement arrêté la canonisation du cardinal croate Alojzije Stepinac après une lettre adressée à lui par le patriarche orthodoxe serbe Irinej et a décidé de proposer la mise en place d'une commission mixte qui examinera en détail la vie et l' œuvre du cardinal Stepinac.L




Le camp de la mort croate de Jasenovac
 était « pire qu'Auschwitz »

Un article de l'expert israélien de l' Holocauste, le professeur Gideon Greif. (version française Maxime le minime de la source)

professeur Gideon Greif

"Selon lui, les gens qui ont l'intention de canoniser Stepinac sont des « criminels qui se moquent des victimes de Jasenovac » - un camp où, d'après les survivants, la torture était encore plus horrible que d'Auschwitz.

Jasenovac était un camp de la mort pour les Serbes, les Juifs et les Roms , dirigé par le régime oustachi de l'Etat indépendant-allié nazi de Croatie (NDH) pendant la Seconde Guerre mondiale dans les Balkans.

Greif, l'historien en chef de l'Institut israélien pour l' éducation, la documentation et la recherche de l'Holocauste Shem Olam, a déclaré au Vecernje quotidien belgradois Novosti dans une interview que lui et le rabbin Avraham Krieger, qui dirige l'institut, est venu à Belgrade pour exprimer leur opposition à les tentatives croates de réviser l' histoire. 



« Pour ce qui est du cardinal Alojzije Stepinac, je vous dirai brièvement ceci : sa canonisation est un crime en soi, et les gens qui ont l' intention de le canoniser sont des criminels se moquant des victimes. Toute personne qui a soutenu un régime criminel comme le régime oustachi ne mérite pas la moindre récompense » dit Greif.



Il trouve navrant que beaucoup de ses collègues historiens, ne sachent rien de Jasenovac. 

« Ils ne savent même pas dans quel état c’était, et encore moins le localiser. Et l'histoire des victimes à Jasenovac est non seulement une histoire de la mort, mais une histoire des atrocités, du mal, du sadisme, d'inhumanité. Dans les camps de concentration dirigés par les Croates, la mort avait la valeur la plus élevée», dit encore Greif.. 


Il ajoute que Jasenovac et d' autres camps dans leur « système » étaient différents des autres camps nazis parce que, selon les témoignages des survivants, la torture y était beaucoup plus monstrueuse qu'à Auschwitz et dans d' autres camps de concentration nazis. Il est également différent parce qu'il a été créé et exploité sans l'implication de soldats allemands. 



« Ce fut l'enfer sur terre. Voilà pourquoi à Jasenovac, les mains croates sont complètement couvertes de sang », déclare Greif. Le professeur a étudié Jasenovac pendant les deux dernières années, et a annoncé la publication de son livre, « Jasenovac - Auschwitz des Balkans. » Il a observé que Jasenovac était le seul à avoir des camps de la mort pour les enfants. 


« Les Allemands avaient des camps pour les femmes, les hommes ou des camps mixtes, où les enfants étaient avec les adultes, mais les Croates sont allés plus loin et ont même eu des camps pour enfants. Une horreur !», a déclaré Greif, ajoutant que « la vérité terrible et indiscutable » est que même officiers allemands en visite Jasenovac et d' autres camps en Croatie ont été stupéfaits par la brutalité de qu'ils ont vu. 
Le professeur a ensuite rappelé que le 10 Juillet 1941, l'attaché militaire allemand à Zagreb, Edmond von Horstenau, a écrit à Heinrich Himmler que les troupes allemandes ont été les « témoins silencieux de la brutalité des Oustachis sur les Serbes, les Juifs et les Roms. » 
Le professeur a dit que, à cause de toutes les horreurs qu'il a apprises sur les victimes de Jasenovac au cours des deux dernières années, il a décidé de consacrer une partie de son travail à leur vie, en soulignant qu'il était certain que « leurs assassins les Croates et leurs amis » ne réussiraient pas à « effacer les traces de ce crime, et de réécrire l' histoire, et déformant les faits. » 

Vecernje Novosti a également publié un article indiquant que les documents qui cachent la vraie vérité sur le rôle de Alojzije Stepinac sont enfermés dans l'archidiocèse catholique de Zagreb, et inaccessibles. Tous les documents compromettants ont été retirés du dossier de l'État croate de sécurité sur Stepinac et a fini enfermé, aux Archives de l'Etat croate, dit le quotidien. 
Ce « tri » des documents a été fait par les hauts responsables catholiques croates, « alors que certains documents ont été retirés par le premier président de la Croatie, Franjo Tudjman. » 
Les documents restent inaccessibles aux chercheurs et aux historiens, y compris les membres d'une commission mixte composée de représentants de l'Eglise orthodoxe serbe (SPC) et l'Eglise catholique en Croatie, qui ont dialogué pendant un an dans l'espoir de clarifier le rôle de Stepinac pendant la Seconde Guerre mondiale. 

Le CPS est opposé à la canonisation de Stepinac, qui est la raison pour laquelle le pape François l'an dernier a suspendu la procédure… 

dimanche 12 août 2018

Sur le blog Saint Materne : Les gens courageux… par St Païssios




"Les gens courageux sont rares de nos jours. Les gens d'aujourd'hui sont des tièdes. C'est pourquoi si, à Dieu ne plaise, une guerre devait éclater, certains mourront de peur, d'autres se retrouveront à la rue à cause de difficultés mineures parce qu'ils sont tellement habitués au confort. Dans le passé, les gens étaient si courageux ! Dans le monastère des Flaviens en Asie Mineure, les Turcs avaient capturé un homme et l'avaient massacré. Puis ils avaient dit à sa femme : "Reniez le Christ ou nous tuerons aussi vos enfants." Et elle répondit : "Mon mari est maintenant avec le Christ, et mes enfants, je les confie au Christ, et je ne renoncerai pas au Christ". Quelle bravoure ! Si le Christ n'est pas en nous, comment peut-il y avoir une telle bravoure ? Aujourd'hui, les gens sans Christ construisent leurs maisons sur des décombres. Dans ces années-là, les mères et les enfants étaient des âmes fortes et courageuses.."
Saint Païssios l'athonite,
 'Réveil spirituel'

samedi 11 août 2018

Un office orthodoxe sera célébré à l’antique église Ste Radegonde

sur le site de l'Église orthodoxe russe - Relations extérieures



Le 19 août 2018, fête de la Transfiguration de notre Seigneur Jésus Christ, le prêtre Maxime Politov, secrétaire du diocèse de Chersonèse, célèbrera la Divine liturgie dans l’antique église Sainte-Radegonde de Talmont-sur-Gironde. L’office sera chanté par les chantres de la cathédrale de la Sainte-Trinité de Paris.

L’église Sainte-Radegonde est un édifice unique, s’élevant sur une falaise. Elle date de la fin du XIe siècle et se trouvait sur l’un des chemins de Compostelle. Cette église catholique allie à la fois style roman et style gothique. Au XXe siècle, l’édifice a été inscrit aux monuments historiques.

La traditionnelle bénédiction des fruits aura lieu à la fin de la Divine liturgie, informe le site du diocèse de Chersonèse.




Le 13 août, l'Église orthodoxe célèbre la mémoire de Sainte Radegonde de Poitiers.

Extrait du SYNAXAIRE 

Fille d'un roi de Thuringe, elle naquit en 518. Elle avait treize ans quand les fils de Clovis s'entendirent pour assassiner son père et s'emparer de son pays, en 531. Et elle échut comme butin de guerre à Clotaire, alors roi de Soissons qui voulut l'épouser.

Elle avait reçu une formation littéraire de haute qualité, rare en ce temps, surtout pour les femmes, dans la villa royale d'Athies en Vermandois. Encore enfant, elle menait une vie de prière et avait coutume de rassembler tous les enfants pauvres, et après les avoir fait laver, elle les servait à sa table puis les emmenait en procession à l'oratoire. Au bout de cinq ans, Clotaire devenu veuf manda la belle captive à sa cour. Épouvantée, Radegonde s'échappa, mais elle fut bientôt rattrapée et aussitôt conduite à Soissons où l'on célébra le mariage. Soumise à la divine Providence, elle remplit avec dévouement ses devoirs d'épouse et de reine, sans être pour autant séparée du Roi du ciel : "Son partage était le Christ bien plus que le mariage humain" écrit son biographe. Elle consacrait à l'aumône le plus clair de son temps, cédant ses parures aux églises et monastères, et distribuant jusqu'à ses vêtements aux nécessiteux. Elle voyait en effet le Christ dans les mendiants dont elle couvrait les membres et regardait comme perdu pour elle tout bien qu'elle n'avait pas donné. Dans la ville d'Athies, que le roi lui avait concédée, elle fonda un hôpital, où elle servait elle-même les pauvres et les affligés. À la cour, elle portait un rude cilice sous ses vêtements royaux. Et quand elle prenait part à des banquets, elle s'y faisait servir un plat de fèves ou de lentilles, et dès que venait l'heure de l'office divin, elle trouvait un prétexte pour quitter la table. La nuit, elle délaissait la couche royale pour passer de longues heures en prière, prosternée sur le sol dans son oratoire ; aussi disait -on au roi: "C'est une nonne et non pas une reine que tu as épousée!" Clotaire s'irritait de cette conduite et couvrait son épouse de reproches; mais impressionné par le rayonnement de sa sainteté, il essayait ensuite de réparer ses affronts par desprésents ou en lui accordant la grâce de condamnés à mort. Quand le roi était absent, "la reine se tenait alors attachée aux pieds du Christ, dont elle sentait la présence, et comme si elle se fût saturée de délices, elle se tenait en prière, savourant ses longs jeûnes au milieu des larmes". Quand elle apprenait le passage d'un homme de Dieu, elle se rendait à son domicile avec quelques suivantes, et passait des journées entières à l'écouter parler sur les moyens de parvenir à la vie éternelle. 

Le frère de la reine, impliqué dans un mouvement de sédition en Thuringe, ayant été exécuté sur ordre de Clotaire (555), sainte Radegonde en conçut un intolérable chagrin et, ne pouvant continuer à mener la vie conjugale avec le meurtrier de son frère, elle obtint de Clotaire son consentement pour se consacrer entièrement à Dieu. Comme elle s'était adressée à saint Médard, évêque de Noyon [8 juin], le saint évêque, d'abord hésitant, se vit repoussé de l'autel par les leudes qui voulaient empêcher la reine de prendre le voile. Radegonde se réfugia alors dans la sacristie où elle revêtit un habit de moniale, et reparaissant devant l'évêque, elle lui dit : "Si tu hésites à me consacrer, et si tu crains un homme plus que Dieu, sache, pasteur, qu'il te sera demandé compte de l'âme de ta brebis." Saint Médard lui imposa donc les mains pour la consacrer diaconesse>. Aussitôt après avoir distribué ses biens, la sainte partit pour Tours, afin d'y vénérer le tombeau de saint Martin. Elle y fonda un monastère d'hommes, puis alla se retirer dans sa villa de Saix, avec un petit groupe de suivantes devenues ses disciples. 

Depuis le jour de sa consécration jusqu'à sa mort, Radegonde ne mangea plus que des légumes crus et des fruits. Pendant le Carême, elle broyait elle-même, tous les quatre jours, avec une meule de pierre, le grain qui lui servait de nourriture, après en avoir prélevé des offrandes pour les sanctuaires voisins. D'humeur toujours égale, dans la joie comme dans l'adversité, la reine se faisait la servante de tous, en particulier des mendiants et des affligés qu'elle recevait quotidiennement à sa table et qu'elle lavait de ses mains. Et quand des lépreux se présentaient, elle les recevait à part et sans témoin, leur lavait le visage, qu'elle embrassait avec amour, et prenait soin de leurs plaies purulentes, puis elle les renvoyait avec des présents. Alors qu'elle menait cette conduite agréable à Dieu, elle eut un jour une vision au cours de laquelle l'Église du Christ lui dit : "Jusqu'à présent tu demeurais sur mes genoux, désormais tu auras ta place dans mon cœur". 

Comme la rumeur était parvenue à Saix que Clotaire s'était mis en route pour reprendre son épouse, Radegonde redoubla de jeûnes et de prières, et elle sollicita l'intercession du reclus Jean de Chinon, qui lui fit répondre que Dieu ne permettrait pas au roi de réaliser son projet. Ayant échappé à ce danger, la sainte décida de fonder un monastère qui la garderait de toute nouvelle tentative du roi et permettrait une meilleure organisation, à la lumière des traditions des saints Pères. Elle décida de l'établir à Poitiers, sous la protection de saint Hilaire [13 janv.]. Clotaire accorda son autorisation, et pourvut même aux frais de la construction et à l'entretien de la communauté. L'édifice put ainsi être rapidement achevé, et sainte Radegonde s'y installa avec sa communauté qui, à la fin de sa vie, allait comporter environ deux cents religieuses, issues pour la plupart des plus nobles familles du royaume. Fondatrice, mère spirituelle et modèle de vertu pour la communauté, Radegonde refusa cependant par humilité d'en être la supérieure, et elle confia cette responsabilité à Agnès, sa plus proche disciple et compagne depuis l'enfance. Apprenant que Clotaire avait de nouveau l'intention de la reprendre à l'occasion d'un pèlerinage à Tours, elle sollicita la protection de saint Germain, évêque de Paris [28 mai], qui accompagnait le souverain. L'évêque se jeta aux pieds de Clotaire, devant le tombeau de saint Martin, et celui-ci céda. Germain alla porter en personne la nouvelle à Poitiers, et il consacra Agnès abbesse. Libre désormais de suivre le Christ qu'elle aimait, Radegonde s'élança de toute son âme à sa suite, sans être distraite par les tâches matérielles. Soucieuse cependant de donner à sa fondation une Règle assurant la pérennité de la vie cénobitique, elle alla passer, accompagnée d'Agnès, plusieurs mois à Arles, dans le monastère fondé par saint Césaire [27 août], dont la Règle constituait une judicieuse adaptation au monachisme urbain et au tempérament féminin de l'expérience accumulée dans les centres monastiques d'Orient et d'Occident depuis deux siècles. Durant les premières années, les relations de la communauté de sainte Radegonde avec l'évêque de Poitiers étaient empreintes d'amour et de respect mutuel, mais elles se dégradèrent avec l'évêque Marovée, qui avait pris ombrage de l'ascendant spirituel de la sainte sur son diocèse. La tension arriva à un tel point que, lorsque Radegonde obtint de l'empereur Justin le don d'un fragment de la vraie Croix (568), l'évêque, vexé de n'avoir pas été mêlé à l'entreprise, refusa de recevoir l'insigne relique et s'éclipsa. Déposée provisoirement au monastère de Tours, la sainte Croix put finalement faire son entrée à Poitiers, saluée par toute la population et par les moniales qui chantaient les hymnes composées à cette occasion par saint Venance Fortunat, et elle fut déposée au monastère qui prit dès lors le nom de Sainte-Croix. Ayant eu recours aux évêques réunis à Tours en concile, sainte Radegonde obtint pour son monastère des privilèges qui le protégeait contre les interventions des autorités civiles et ecclésiastiques, sans toutefois remettre en question la juridiction canonique de l'évêque du lieu. 

Réunissant en elle "la gloire des confesseurs et des martyrs", la sainte n'acceptait de faveur que celle d'être la première à servir les autres sœurs. Elle nettoyait leurs chaussures et les oignait d'huile quand elles dormaient; elle balayait les corridors, lavait et raccommodait le linge, se chargeait des immondices, attisait le feu, servait les malades, et quand elle regagnait sa cellule, tombant de fatigue, c'était pour continuer sa veille par la prière. Quand elle s'adressait à la fraternité, elle disait: "Je vous ai choisies pour mes filles, vous ma lumière, vous ma vie, vous mon repos et toute ma félicité, vous ma jeune plantation. Agissez avec moi en ce monde pour nous préparer la joie dans l'autre. Servons Dieu avec une foi entière et une entière charité, cherchons-le avec crainte, dans la simplicité de notre cœur, pour que nous puissions lui dire avec confiance: 'Seigneur, donne-nous ce que tu nous as promis, car nous avons accompli ce que tu as ordonné"". Sa charité s'étendait non seulement aux habitants de la cité mais aussi sur tout le royaume, et elle priait Dieu, avec force larmes, afin qu'il accorde la réconciliation des héritiers de Clotaire, "pour assurer le salut des peuples et de la patrie··". Ayant acquis avec abondance la grâce du Saint-Esprit, au prix de son martyre volontaire, la sainte reine la répandait autour d'elle par de nombreux miracles. Elle rendait la vue aux aveugles, chassait les démons, et il suffisait de remettre aux malades des feuilles ou un cierge qu'elle avait bénis pour qu'ils recouvrent la santé. Elle obtint même par ses prières qu'une jeune moniale décédée revînt à la vie, de sorte qu'on pouvait la comparer à saint Martin le grand thaumaturge. 

Vénérée de son vivant comme sainte par toute la chrétienté franque, Radegonde, parvenue à la soixantaine, reçut du Christ une vision lui montrant la place qui lui était réservée au ciel. Elle s'endormit en paix, quelques jours après, le 13 août 587. En l'absence de l'évêque Marovée, les funérailles furent présidées par saint Grégoire, évêque de Tours. Le visage de la sainte, rayonnant de paix, éclipsait la beauté des lys et des roses. Et quand le cortège se dirigea vers le cimetière, les chants des clercs se trouvèrent couverts par les sanglots des deux cents religieuses, qui se considéraient comme orphelines. Le culte de sainte Radegonde, une des figures les plus lumineuses de la sainteté française, se répandit ensuite largement dans le reste de l'Europe.

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