Si quelqu'un, en effet, veut aimer la vie et voir des jours heureux, qu'il préserve sa langue du mal et ses lèvres des paroles trompeuses, qu'il se détourne du mal et fasse le bien, qu'il recherche la paix et la poursuive. 1 Pierre 3:10-11 Les lèvres mensongères font horreur à l'Éternel, tandis que ceux qui agissent avec fidélité lui sont agréables. Proverbes 12:22 «C'est ce qui sort de l'homme qui le rend impur. En effet, c'est de l’intérieur, c'est du cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées, les adultères, l'immoralité sexuelle, les meurtres, les vols, la soif de posséder, les méchancetés, la fraude, la débauche, le regard envieux, la calomnie, l'orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et rendent l'homme impur.» Marc 7:20-23 Un témoin fidèle ne ment pas, tandis qu’un faux témoin dit des mensonges. Proverbes 14:5 « Vous, vous avez pour père le diable et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement et il ne s'est pas tenu dans la vérité parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, il parle de son propre fond, car il est menteur et le père du mensonge. » Jean 8:44 Si les paroles distinguées ne conviennent pas à un fou, les paroles mensongères conviennent d’autant moins à un noble. Proverbes 17:7 « Écarte de ta bouche la fausseté, éloigne de tes lèvres les détours ! Proverbes 4:24 Craindre l'Éternel, c'est détester le mal. L'arrogance, l'orgueil, la voie du mal et la bouche perverse, voilà ce que je déteste. » Proverbes 8:13 « Pierre lui dit : «Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, au point que tu aies menti au Saint-Esprit et gardé une partie du prix du champ? […] Comment as-tu pu former dans ton cœur un projet pareil? Ce n'est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu.»Actes 5:3-4Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les enchanteurs, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l'étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort.Apocalypse 21.8

jeudi 30 mars 2017

GRAND CARÊME Programme de 40 textes PATRISTIQUES - St ATHANASE Vie de st Antoine extrait 6 - La ruse des démons

Sachez donc que [les démons] ces ennemis irréconciliablement des hommes, voyant que tous les chrétiens, et particulièrement les solitaires, s’avancent dans la vertu par les travaux qu’ils souffrent avec tant de joie, ils commencent à les attaquer par des tentations mettant des obstacles sur le chemin ; et ces obstacles sont les mauvaises pensées qu’ils leur inspirent ; mais il ne faut pas étonner, ni de leurs menaces, puisque les jeûnes et la foi en Jésus-Christ ont le pouvoir de les terrasser à l’heure même. Ils ne perdent pas néanmoins courage en se voyant vaincus, et reviennent soudain avec encore plus d’effort et de finesse. Car, voyant qu’ils ne peuvent ouvertement porter notre cœur à l’amour des voluptés sales et impudiques, ils nous attaquent par une autre voie et s’efforcent de jeter la terreur dans notre esprit par les fantômes qu’ils nous font voir, en se transformant et prenant des figures de femmes, de bêtes farouches, de serpents, de géants, et d’une grande troupe de soldats. Mais toutes ces visions ne sont pas plus à craindre que le reste, puisqu’elles s’évanouissent soudain, principalement lorsque nous nous armons de la foi et du signe de la croix. Leur audace et leur impudence est néanmoins telle que, bien qu’ils soient vaincus, ils ne cessent pas de revenir d’une autre manière.


Ils sont aussi très rusés et toujours prêts à se métamorphoser de plusieurs manières : ce qui fait que souvent, sans les voir, on les entend chanter des psaumes et alléguer des passages de l’Écriture sainte. Souvent aussi, lorsque nous lisons, ils répètent comme en écho nos dernières paroles ; et lorsque nous dormons, ils nous éveillent pour nous avertir de prier, recommençant cela si souvent, qu’ils nous permettent à peine de prendre un peu de repos. Quelquefois aussi, ils paraissent sous des habits de solitaires et tiennent des discours de piété, afin que nous ayant trompés par ces fausses apparences, ils puissent nous persuader de faire ce qu’ils désirent. Mais il ne faut pas les écouter, même s’ils nous éveillent pour prier, ou quand ils nous portent à des jeûnes excessifs, nous conseillent de ne point manger du tout et qu’ils nous exhortent à nous accuser et à nous prosterner à terre à cause des fautes qu’ils savent que nous avons autrefois commises. Car ils ne font tout cela, ni sincèrement, si par piété, mais seulement pour porter les simples au désespoir, afin qu’en leur faisant croire que la vie solitaire est inutile, ils leur en donne l’aversion et le dégoût, comme d’un fardeau insupportable, et leur fassent perdre le courage de l’embrasser et de la suivre. C’est pourquoi le Prophète envoyé de Dieu prononce une malédiction contre ceux qui font des choses semblables en disant : Malheur à celui qui est cause de la perte de son prochain, par le trouble qu’il met dans son âme (Ha 2, 15). Car ces discours et ces exhortations ne tendent qu’à nous détourner du chemin de la vertu. Et ainsi, bien que les démons disent la vérité, lorsqu’ils disaient à Jésus-Christ : Tu es le Fils de Dieu (Lc 4, 41), il leur commanda de se taire, de peur qu’ils me mêlent leur malice à la vérité, et pour nous apprendre que nous ne devons jamais les écouter, même s’ils semblent la dire. Il ne convient pas qu’ayant les Ecritures saintes et jouissant de la liberté que Dieu nous a donnée, nous soyons instruits par le démon qui n’a pas gardé les commandements qui lui avaient été donnés à lui-même, et qui a maintenant des pensées toutes contraires à celles qu’il avait lorsqu’il était en grâce. C’est pourquoi Dieu lui défend de se servir du langage de l’Ecriture, lorsqu’il lui dit par la bouche de David : Le Seigneur a dit au pécheur : Pourquoi racontes-tu mes justices et te mêles-tu de parler de ma Loi ? (Ps 49, 16).

mercredi 29 mars 2017

TENTATIVE DE COUP D'ÉTAT EN FRANCE ?

(SOURCE)

2017,                      LE COUP D’ÉTAT


« Une étude un peu approfondie de l’Histoire nous laisse deviner qu’en toute occasion les vraies forces dirigeantes ont à se tenir dans l’ombre des représentants qu’elles se sont choisies, ne pouvant se risquer à s’exposer aux fluctuations événementielles, sous peine de se voir un jour dépossédées de leur puissance ».
                                                                                                                        Louis Calaferte.
AVERTISSEMENT :
Les informations qui ont été utilisées pour cette analyse ont été recoupées et vérifiées conformément aux principes de la charte journalistique de Munich. Elles ont pour origine des articles de presse, interviews télé, images et ouvrages dont les auteurs sont connus et reconnus pour la fiabilité de leurs recherches. Il serait trop long de les énumérer ici. Vous trouverez en fin de publication les références. Mais tout est vérifiable. Attention, cependant aux sites complotistes, confusionnistes où d’extrême droite. Assurez vous que les sites que vous consultez soient reconnus pour le sérieux de leurs publications. Préférez les sites de recherches universitaires. A ceux qui disent que cet article est complotiste, il s’agit, tout simplement, d’un propos irresponsable. Il  a pour objectif de discréditer toutes critiques à l’égard de pratiques qui mettent en danger la démocratie. Mais plus grave encore cela permet de les avaliser. Il est urgent de cesser ce genre d’accusation un peu simpliste et de poser les vraies questions. En l’occurence a-t-on oui ou non utilisé l’appareil d’État à des fins de stratégies politiques? Les relais d’influence sont -ils réels ? Les media et les instituts de sondage sont ils indépendants? etc. Ce sont les questions centrales du débat. Pour information, l’article précédent « Macron ciblé par la CIA » a été lu par plus de 19 000 personnes  dans le monde entier.

Propos liminaires.
Une fois de plus, cet article est long. Prenez le temps de le lire tranquillement, mais lisez le. Il révèle comment certains acteurs ont préparé minutieusement ce qu’il faut bien appeler un coup d’État. Il s’agit pour eux de pérenniser, coûte que coûte, la politique engagée par François Hollande. Alors qu’ils se persuadent de servir les desseins heureux de la France, ces putschistes sont en passe de réussir leur ultime objectif, celui de faire perdre à notre pays son libre arbitre, en soumettant son peuple et en violant la démocratie
L’heure est grave.

Avant –propos.


En 2005, vous avez, pour certains d’entre vous, participé au referendum du TCE (Traité pour une Constitution Européenne) vous avez détesté le battage médiatique outrancier pour le « oui » ? Vous avez applaudi son rejet par 55% des Français ? Vous avez protesté contre la transformation du TCE en Traité de Lisbonne adopté par le Parlement réuni en Congrès en 2012 ? Vous avez hurlé au déni de démocratie ? Un coup porté à la voix du peuple…un véritable coup d’État ?
Eh bien c’est, à peu de chose près, ce qui se passe aujourd’hui pour faire élire un candidat choisi par la même oligarchie, par les mêmes élus de gauche et de droite, par les mêmes media et pour les mêmes objectifs. Exactement les mêmes. De VGE à Cohn Bendit en passant par Hollande et Bayrou, de TF1 à Libération, du Monde au journal Les Échos, les Pineau, Arnault, Bolloré, tous participent à la promotion d’un seul et même vœu… le « oui » pour Emmanuel Macron.
Dans « Macron ciblé par la CIA » publié sur ce même blog (que je vous conseille de lire avant cette publication) il a été démontré comment ce jeune banquier-énarque a été porté au cœur de l’appareil d’État par des apparatchiks européistes et atlantistes.
Aujourd’hui, il est l’heure pour ces gens là de passer à la phase opérationnelle. Ce qui se prépare en France à l’occasion de ces élections présidentielles peut être qualifié de coup d’État, tant les séquences collent exactement à la définition qu’en font des spécialistes.
Par la manipulation de l’opinion publique et la maitrise des structures de l’État, des hauts fonctionnaires, des hommes politiques, des élus et des journalistes véritables mercenaires au service des patrons de grandes entreprises multinationales et de la finance internationale tentent de soumettre le peuple français à un destin qui ne s’est pas choisi. De gauche à droite, du PS au Centre, contre le restant de l’échiquier politique une minorité s’apprête à prendre le pouvoir en France.
Lisez attentivement ce qui est écrit. C’est édifiant !

EN GUISE D’INTRODUCTION

La candidature de Macron : un « 18 Brumaire de la bienveillance » ?

Un article signé Bruno Roger Petit, dans le numéro de « Challenges » du 15 mars 2017 et titré « Mélenchon et sa constituante : l’inquiétante promesse d’un coup d’état permanent… » raconte : « Depuis des mois, sous prétexte de renouveau démocratique, Jean-Luc Mélenchon promet une assemblée constituante pour aller à la VIe République. En apparence, c’est démocratique, mais si l’on y regarde de plus près, ce projet du futur Mélenchon s’apparente à un coup d’État populiste ».
Cet article est, en vérité, un contre feu. Il est l’arbre qui cache la forêt.
Après s’en être pris, sur le même registre, à Fillon et à Le Pen, Bruno Roger Petit qualifie, avec une mansuétude effarante, la candidature de Macron de « 18 Brumaire de la bienveillance ». Mansuétude étonnante? Pas tant que ça. L’employeur de ce journaliste n’est autre que Claude Perdriel, patron de presse et… soutien actif de Macron.
L’observation est cocasse dans la mesure où c’est en France, à l’occasion du 18 Brumaire, que nait l’expression « coup d’État », celui de Bonaparte…
Ce journaliste serait-il assez pervers pour nous suggérer de façon subliminale ce qui en train de se tramer dans cette élection ? Après l’analyse, pour le moins farfelue, de la constituante de Mélenchon (que dire alors de la Constitution de 1958 !?!), voyons si la candidature de Macron est un « 18 Brumaire de la bienveillance » ?

AUTOPSIE D’UN COUP D’ÉTAT

D’un point de vue historique – y compris dans l’époque contemporaine – le coup d’État a été l’un des moyens les plus fréquemment utilisés pour accéder au pouvoir. D’ailleurs selon les spécialistes plus de la moitié des gouvernements du monde le serait devenus grâce à ce procédé.
On peut décrire de manière assez précise les techniques opératoires, violentes ou non, de la prise de pouvoir. Ainsi, on observe qu’il s’agit d’abord, pour les auteurs, de s’emparer des structures de l’État, de s’assurer de la maitrise de l’opinion publique, de veiller à une synergie avec le contexte international avant de légitimer le processus, soit par la force, soit par des élections.
Nous allons dans cette publication analyser tous ces points, un par un, en cherchant, à chaque fois, à valider l’hypothèse avant de conclure sur la dangerosité de l’avènement de ce pouvoir en France.
  1. S ‘emparer de l’appareil d’État

La technique de base du coup d’État consiste à s’emparer des organes centraux de l’administration et en l’occurrence, des institutions de la République. Les auteurs, nous disent les spécialistes, appartiennent le plus souvent eux-mêmes, aux structures étatiques. Nous y sommes.

Qui sont les commanditaires ?

Il ne fait plus de doute maintenant que c’est François Hollande et son homme de confiance, Jean Pierre Jouyet, le Secrétaire Général de l’Élysée, qui sont à l’origine du projet qu’il faut bien définir comme un véritable coup d’État.
Hollande et Jouyet sont amis depuis 35 ans, des bancs de l’ENA jusqu’à l’Élysée. Les deux hommes se rencontrent à 23 ans. Ils viennent de réussir le concours de l’École Nationale d’Administration et doivent effectuer leur service militaire ensemble, à Coëtquidan, où ils partagent leur chambre avec Michel Sapin. Les trois jeunes hommes se lient d’une forte amitié qu’ils entretiennent sur les bancs de l’ENA (la promotion Voltaire). Hollande déborde d’initiatives, et souvent, Jouyet accepte de le seconder dans ses projets. À la sortie de l’ENA, lors des affectations, François Hollande, classé 8e, laisse le dernier poste accessible à l’Inspection générale des Finances à Jean-Pierre Jouyet.
Leur amitié n’a jamais été mise à mal. Quand en 2014, Jouyet prend les fonctions de secrétaire général de l’Élysée, il déclare : « c’est l’aboutissement de ma vie publique et d’une vie avec lui». Et de préciser : «« Pendant les réunions, je suis secrétaire général, après je redeviens le copain, on sépare ce qui est public et privé de façon plus simple que ce que je croyais» Il promettait alors pour conclure: «Je suis là pour le servir, pas pour le gêner. Je l’ai gêné une fois, cela n’arrivera plus ».
La gêne dont parle Jouyet, c’est quand il a accepté d’entrer dans le gouvernement de François Fillon, au poste de secrétaire d’État chargé des Affaires européennes. François Hollande l’aurait très mal pris. « Mal pris » étant sans doute un peu fort…

Pour quel scénario ?

Hollande et Jouyet sont loin d’être des tendres, il faut que ce soit bien clair pour tous les lecteurs. Ce sont de fins observateurs – et acteurs – de la vie politique. Ils en connaissent les rouages, les stratégies, les us et coutumes, les trahisons et les fidélités.
Media et journalistes sont les instruments de leurs stratégies politiques et ils ont fait l’objet de manipulations constantes qu’ils ont parfois du mal à déjouer, tant leur connivence est forte et parfois incestueuse avec le pouvoir. C’est un jeu que maitrise parfaitement les deux amis.
Pour Hollande et Jouyet (et d’autres qui leur sont proches) ce n’est pas l’économie qui est en crise, mais le système politique.
Chez nos concitoyens, la rancœur est à son comble. « Cela fait plus de 40 ans que le libéralisme est au pouvoir, plus de 40 ans qu’on leur demande de se serrer la ceinture, ceux là promettant des jours enchanteurs sans jamais qu’ils arrivent. 1000 milliards de déficit public en 10 ans (Sarkozy/ Hollande cumulé) disent-il, 10 millions de chômeurs et précaires, des pauvres de plus en plus pauvres, des riches de plus en plus riches ». Ils sont au bord de l’explosion et ne trouvent leur salut que dans des discours qui consistent à tirer un grand trait sur le passé. Force est de constater que nous sommes arrivés, aujourd’hui, à un point de rupture.
Les deux amis  en sont , évidemment, conscients et pour eux, l’heure est grave. Il apparait, dès lors, trop dangereux de ne pas intervenir sous peine de laisser les « populismes renverser la table ». Il faut agir vite, trouver l’antidote et résoudre la crise.
Ils font, assez tôt, le constat qui s’impose : il faut à tout prix poursuivre la politique économique engagée depuis plus de 5 ans et continuer l’intégration du pays dans l’Europe et dans l’économie mondiale. Mais ni François Hollande, ni Manuel Valls ne sont en capacité de le faire. Ils sont, l’un et l’autre, rejetés par l’opinion publique. Pour eux, ils agissent dans l’intérêt du pays et c’est dans l’intérêt du pays qu’ils doivent s’effacer pour pérenniser « l’œuvre » qu’ils ont entreprise.
La solution, c’est Jouyet qui l’a dans sa manche depuis un certain temps: c’est Emmanuel Macron! Hollande n’est pas chaud. Il doute de la fiabilité du jeune banquier.
Jeune et avenant, une tête bien faite, cursus parfait, bien conditionné sous la férule de Jouyet et d’Attali, faisant consensus chez les patrons des multinationales et de la finance mondiale, adoubé par les américains, les anglais et les allemands, inculte politiquement et donc facilement contrôlable, un tantinet imbu de sa personne, il est le candidat idéal pour ce coup de force. Sa feuille de route est rédigée : appliquer une politique européenne libérale et atlantiste en matérialisant une alliance gauche/droite, poursuivre la politique économique engagée et l’inscrire durablement dans l’avenir du pays en créant un grand parti démocrate et « progressiste », à l’issue des élections. Gageons qu’il n’ a pas fallu longtemps pour convaincre Macron.
Ce fut un peu plus difficile pour Hollande. Mais après l’avoir rassuré, Jouyet met Macron sur les rails très vite afin d’éviter qu’il ne soit contraint de se présenter à la primaire de la gauche. Il lui conseille de créer un mouvement plutôt qu’un parti car « compte tenu de l’ambiance, c’est préférable »…
Et Valls ?
Tout comme Hollande, Valls est, pour l’instant, mort politiquement. Il le sait, les sondages ont parlé. Sa désignation comme candidat ferait perdre le camp libéral. Sa mission est alors de représenter le courant libéral à la primaire de la gauche. Pourquoi ? Simplement pour calmer les libéraux du parti et éviter qu’on fasse pression sur Macron pour qu’il participe à la compétition. Car si ce dernier se présentait à la primaire, il serait battu et anéantirait, du même coup, les chances de réussite du projet. Mais pas seulement. La présence de Valls va aussi permettre d’estimer la force du camp libéral du parti et donc celle de  la solidité de la colonne vertébrale du futur « mouvement centriste », car sans eux, le nouveau parti ne serait qu’une coquille vide.
Hollande et son ami sont parfaitement informés de l’état d’esprit de la majorité des militants socialistes, et du désamour profond qu’il règne à l’égard de la politique gouvernementale. Ils sont quasiment certains du résultat de la primaire et de l’éviction de Valls. Mais,  dans le doute, ils vont miser sur Hamon. Pourquoi ? Encore une fois, l’élection de Valls serait contre productive. Hamon est celui qui cristallise l’aile gauche du PS et qui peut empêcher le « populisme » (cf. les objectifs de la NED) de gauche de progresser en le divisant. En langage clair : il s’agit de contenir Mélenchon dans son pré carré.
Comme prévu, c’est ce qui se passera.
Hamon est élu candidat. Les soutiens de Valls rejoignent, officiellement ou pas, un à un, le camp Macron. Le PS, sera réduit à sa plus simple expression et servira, à l’avenir, qu’à entretenir la division parmi les tenants de la gauche de transformation sociale, laissant ainsi le champ libre aux centristes pour mener à bien leurs desseins.
Le scénario à gauche et au centre est donc réglé. Il faut maintenant s’occuper des conservateurs.
La primaire de droite est incertaine. Une confrontation Sarkozy/ Juppé est pour Hollande et Jouyet du pain béni. Il y a des arguments pour les discréditer aux yeux de l’opinion publique. Et au besoin, on  peut à en fournir d’autres. Mais le destin leur sourira. C’est Fillon qui sort vainqueur. Il suffit de lui porter l’estocade. Une « bonne âme » téléphone au Canard Enchainé. On connaît la suite. L’Histoire nous dira qui était à l’origine de cette affaire. Mais, avec un peu de perspicacité, si ce n’est pas les deux dont il est question ici, puisqu’ils démentent, il ne fait nul doute qu’un de leurs aficionados, ayant compris le sens de l’Histoire, s’est chargé de la basse besogne.
L’affaire est réglée. Les conservateurs sont hors champs.
Reste l’extrême droite. Rien de plus simple. Depuis Mitterrand, les socialistes savent s’en servir. Il faut tout faire pour que Marine Le Pen atteigne des sommets. « On » fait ce qu’il faut pour minimiser ce qui peut l’atteindre (cf. les affaires financières) et « on » dose savamment sa diabolisation. C’est Hollande qui sera le chantre de la lutte contre le FN dans cette séquence.
Les socialistes et les «populistes » de gauche neutralisés, les conservateurs anesthésiés, une confrontation Le Pen/Macron est donc probable. Une fois encore, le réflexe républicain écartera l’extrême droite…c’est donc boulevard et tapis rouge pour Macron.
Hollande et Jouyet ont dû discrètement échafauder ce scénario, un soir, autour d’un verre de champagne (Taittinger, épouse de Jouyet oblige) au cours de leurs vacances d’été car depuis de nombreuses années les couples Hollande et Jouyet se fréquentent régulièrement et partent en vacances ensemble. Petit précision qui n’est pas sans intérêt parce qu’elle situe bien la proximité de ces deux personnages. On ne part pas en vacances avec n’importe qui.
Vous pensez que ce sont des élucubrations ? La réponse est contenue dans une autre question : peut-on naïvement penser que ces deux là n’ont pas mis en commun leurs cerveaux pour monter cette opération ? Pour ceux qui sont éloignés de ce milieu peut être, mais pour les autres, les acteurs et observateurs politiques avisés, eux, savent qu’ils en sont parfaitement capables et qu’ils l’ont fait.
Et pour ceux d’entre vous qui en doutent encore, la lecture des faits doit suffire à attester, à peu de chose près, la véracité du propos.

Les théoriciens

Qui sont ils ?

C’est Aquilino Morelle qui va dévoiler le pot aux roses. C’était en avril 2014, cet ex conseiller de François Hollande (il était l’une des plumes des discours présidentiels) venait de quitter l’Élysée après la révélation de ses liens présumés avec l’industrie pharmaceutique et de sa passion pour les chaussures bien cirées. Dans la presse, il accusait l’entourage du chef de l’État d’avoir monté toute l’affaire pour l’éliminer politiquement parce qu’il était trop à gauche. « Les Français ont voté pour le discours du Bourget, pas pour le programme des Gracques, dit il, ce sont leurs idées qui sont aux commandes tout simplement! Jean-Pierre Jouyet, le secrétaire général de l’Élysée, en est membre. Emmanuel Macron, je n’en sais rien, peut-être. Mais il n’a pas besoin d’y adhérer; il est totalement en symbiose avec eux ». Et de conclure : « Oui, c’est bien leur programme qui est appliqué aujourd’hui. Un programme pour lequel les Français n’ont pas voté ».
Mais qui sont ces gens dont parle Aquilino Morelle ?
Le nom « Gracques » a été donné à deux frères et hommes d’État romains Tiberius et Gaius Gracchus renommés pour leur tentative infructueuse de réformer le système social romain (espérons que leurs contemporains aient le même succès !)
« Les Gracques » d’aujourd’hui, c’est un petit groupe d’hommes d’affaires, de hauts fonctionnaires et d’intellectuels qui s’activent depuis 2007 dans les coulisses du pouvoir pour convertir la gauche française au libéralisme. Pour la plupart, ils occupent des postes hauts placés, souvent dans des banques, des compagnies d’assurances, des fonds d’investissement. Tous ont fait au moins l’ENA ou HEC. Anciens du PS, pour beaucoup d’entre eux, ils ont peuplé les cabinets ministériels des années 1980 et 1990, servant les socialistes « modernes », Rocard surtout mais aussi Jospin, Fabius, Bérégovoy ou Strauss-Kahn. Quand la droite est revenue au pouvoir, ils ont déserté le service de l’État pour rejoindre (ah ! le pantouflage! ) le monde de l’entreprise. Ils y ont gagné beaucoup d’argent mais sans jamais abandonner tout à fait la politique. Aujourd’hui, ils sont dans les coulisses du pouvoir et ils ont des ramifications qui vont jusqu’au plus haut sommet de l’État.
Il est quasiment certain que c’est Jean-Pierre Jouyet qui a cofondé ce groupe semi-clandestin. L’ASPEN et la NED ont déterminé son cadre idéologique (lire « Macron ciblé par la CIA ? »). Voici ce qu’il dit  à propos de l’action des Gracques à l’occasion de l’élection présidentielle de 2012 et ensuite. Lisez bien, car c’est tout simplement époustouflant:
« L’approche des Gracques entre les deux tours, celle d’un rapprochement des réformistes et des sociaux-démocrates, était préconisée aussi par Ségolène Royal. Elle n’a pas fait l’unanimité au PS. J’en ai pris acte. Nicolas Sarkozy m’a demandé de m’occuper de l’Europe. J’ai constaté que ce n’est un enjeu ni de droite ni de gauche, mais qu’il répond à un impératif national. J’observe qu’il s’est lancé dans une politique de réforme que les Gracques appelaient de leurs vœux. (!!!) Je remarque que l’homme a l’énergie nécessaire pour les mener à bien et qu’il est loin de la caricature de l’ultralibéral qu’on avait dessinée de lui ». Jouyet laudateur de Sarkozy ! No comment.

On y trouve des gens comme Roger Godino, Guillaume Hannezo, Gilles de Margerie, Ariane Obolenski, François Villeroy de Galha, Erik Orsena, Denis Olivennes directeur général d’Europe 1 et Lagardère Active (Paris-Match, JDD, Newsweb), Matthieu Pigasse, responsable monde des fusions acquisitions (fusac) et du conseil aux gouvernements de la Banque Lazard dont il est directeur général délégué en France. Il est propriétaire et président des Nouvelles Editions Indépendante qui contrôle le magazine Les Inrockuptibles et Radio Nova et actionnaire du Groupe Le Monde et du Huffington Post. Bernard Spitz, président de la Fédération Française de l’Assurance regroupant la Fédération française des sociétés d’assurance et le Groupement des entreprises mutuelles d’assurance. Il préside également le Pôle International et Europe du MEDEF. Mathilde Lemoine, macro économiste Group Chief Economist chez Edmond de Rothschild Group et membre du Haut Conseil des Finances Publiques…et il y en a d’autres du même calibre.
Et qui participe aux travaux des Graques ? Cohn Bendit et…. Macron !

Les économistes.

Ce sont les mêmes que ceux de François Hollande !
Les économistes qui conseillent Macron aujourd’hui, sont les mêmes, exactement les mêmes, que ceux qui conseillaient Hollande en 2012. Ils faisaient partie du premier cercle et se nommaient  le « groupe de la Rotonde ». Il y avait Jean Pisani-Ferry , le boss, Philippe Aghion, Elie Cohen, Gilbert Cette, Jean-Hervé Lorenzi, les porte flingues et ….Emmanuel Macron.
On ne change pas une équipe qui gagne. C’est tout naturellement que l’Eysée demande à Pisani – Ferry, en janvier 2017, de prendre en charge le programme et les idées du mouvement de Macron. Et ce sont les mêmes fantassins qui vont l’épauler : Cohen, Cette, Lorenzi, Aghion.
Mais, arrêtons nous, un instant, sur Pisani-Ferry, l’alpha du groupe, pour bien comprendre la doctrine et les enjeux.
Jean Pisani-Ferry n’est pas n’importe qui et son influence sociale libérale européiste est grande dans le milieu. Il est un fervent défenseur d’un gouvernement mondial de l’économie au même titre que Jacques Attali. Il a été commissaire général de France Stratégie (ex commissariat au Plan) de mai 2013 à janvier 2017. Auparavant il a été directeur du Centre d’études prospectives et d’informations internationales, conseiller économique de Dominique Strauss-Kahn et de Christian Sautter au ministère de l’Économie, des Finances et de l’Industrie, président délégué du Conseil d’analyse économique mis en place par Jospin, expert pour la Commission européenne et …le FMI. Autant dire qu’il est calibré.
Cependant, on ne peut cerner correctement cet économiste sans citer le cercle de réflexion « Bruegel » qu’il a cofondé il y a quelques années…
Le think tank Bruegel (sis à Bruxelles) est un centre de recherche qui couvre l’ensemble du champ des politiques économiques. Il est dirigé et financé sur la base d’un système de gouvernance associant des États membres de l’Union Européenne et des multinationales dont Areva, Deutsche Bank, Deutsche Telekom, EDF, Ernst & Young, Erste Bank Group, GDF Suez, Goldman Sachs, Google, Microsoft, Novartis, Pfizer, Renault, Samsung, Syngenta etc.
Président actuel Jean-Claude Trichet ex président de la BCE. Membre d’honneur d’Aspen France (Jouyet en est le président d’honneur), membre du comité de direction du groupe Bilderberg et président en exercice du groupe européen de la commission Trilatérale . Il est membre du conseil d’administration de EADS où il représente… les actionnaires. Pour l’universitaire Frédéric Lebaron, Jean-Claude Trichet « est le plus célèbre et le plus influent d’entre tous » les experts issus de l’inspection des finances.
Président d’Honneur Mario Monti, ex commissaire européen et ex président du groupe européen de la Commission Trilatérale.
La boucle est bouclée. Nous sommes ici au cœur du réacteur des idées que Hollande et Macron ont utilisés et utiliseront pour définir leur politique économique.

Les soutiens.

Les grandes fortunes de France choisissent Macron .
« Je lui ai fait rencontrer des milieux d’affaires, on a eu des réunions en Angleterre et il y aura des contacts directs entre Emmanuel Macron et la présidence des États-Unis» disait son mentor le richissime rocardien Henry Hermand.
Mais Macron va aussi être présenté au « Tout Paris » par Jean-Pierre Jouyet, son parrain, qui dispose d’un carnet d’adresse aussi gros qu’un Larousse.
Jouyet a épousé en seconde noce Brigitte Taittinger (le champagne), ex- PDG des parfums Annick Goutal et actuellement directrice de la stratégie de Sciences Po. Les témoins du mariage furent François Hollande et feu Christophe de Margerie, le PDG de Total. 12ème patron du CAC 40. Quand on saura que Jouyet a été nommé en 2008, par Sarkozy, président de l’Autorité des marchés financiers (AMF) et que tous les patrons du CAC 40 sont venus le voir dans son bureau, on aura tout dit…
Parmi les dix personnes les plus riches de France, quatre soutiennent officiellement Macron : Bernard Arnaud ( 1er fortune de France), François Pinault (4ème), Patrick Drahi (5ème ), Xavier Niel (9ème). Seul Serge Dassault (3ème) ne s’est pas prononcé officiellement mais il encense Macron et Le Drian, ministre de la défense. Et pour cause. Il a un business à faire tourner. A ceux là, il faut ajouter, Martin Bouygues, Vincent Bolloré, Pierre Bergé, Matthieu Pigasse et Arnault Lagardère et ceux dont on ne connaît pas le nom car Macron ne souhaite pas publier la liste de ses donateurs. On comprend pourquoi.

Le choix du candidat

Dans une publication précédente (« Macron ciblé par la CIA ») il est décrit avec précision comment cet homme a été choisi et porté au cœur de l’appareil d’état par des membres de l’oligarchie politique et affairiste en moins d’une dizaine d’années. Mois après mois, il a été façonné pour répondre exactement au calibrage des idées politiques de ses parrains, des « sociaux libéraux internationalistes » disent – ils avec pudeur…en fait des néo conservateurs mondialistes conformes à l’idée que se font les Etats Unis de ce que doivent être les démocraties occidentales.
Il a été amené à devenir secrétaire général adjoint de l’Élysée, l’un des plus proches conseillers du Chef de l’État. Puis Ministre de l’Économie. Son recruteur et mentor politique, Jean-Pierre Jouyet est aujourd’hui Secrétaire Général de l’Élysée, autant dire le cœur de l’appareil d’État
Cette ascension, pour le moins épique, rappelle étrangement la pièce de théâtre  » La Résistible Ascension d’Arturo Ui  » de Bertolt Brecht…(à voir ou à lire impérativement)
Macron, intelligent mais immature…
Le profil psychologique et physique du candidat est très important pour ce projet. Il faut qu’il soit présentable, malléable et qu’il reste sous influence. Une forte personnalité est contre productive et impossible à gérer.
Feu Henry Hermand, son mentor (lire « Macron ciblé par la CIA) , le connaît bien. C’est lui qui lui a mis le pied à l’étrier en politique. Voici ce qu’il en dit en septembre 2016, il y a donc 6 mois : « Il n’a jamais pris une décision importante sans m’en parler. Sur le plan politique, Emmanuel est trop jeune, il a besoin d’être recadré sur des connaissances historiques. Son épouse, est très présente à ses côtés. Elle a orienté ses lectures, joué un rôle dans ses cercles d’amis, veillé à ce qu’il ne se disperse pas ».
Hermand l’infantilise, et de façon anecdotique, il raconte un peu agacé : « Ce désir qu’il a de serrer toutes les mains qui se présentent à lui, même de ceux qui ne sont pas d’accord avec lui, est regrettable. Avec sa femme, on veut freiner ses tentatives de trop convaincre, on lui dit de se calmer!». Et il conclut en soulignant sa dépendance financière  et psychologique ( ?!)
C’est ce qu’en pense aussi l’entourage de Hollande qui le connaît bien ; « Macron apparaît comme un homme sous influences multiples » disent-ils. Espérons qu’il ne se perde pas…
La description psychologique qu’en font ses proches correspond exactement à l’objectif de ses traitants. Ce qui prouve, s’il en est encore nécessaire, que Macron est un personnage créé de toute pièce pour servir des intérêts puissants. Cette personnalité ne pouvait pas habiter un physique ingrat. Dents blanches, bien coiffé, « tête de premier de la classe » dirait Coluche, costumes de bonne facture, séducteur et charmeur, Macron est l’image même du quarantenaire qui a réussi. Il a sa « Rolex » au poignet.
Pour conclure ce chapitre, écoutons encore une fois ce que dit Henry Hermand : « Il incarne une tendance, il ne faut pas que ce soit personnalisé, il ne faut pas que ce soit M. Macron, il n’a pas d’expérience politique. Je demande qu’on mette en place un comité politique et non pas un comité de parrainage. Macron ne sera candidat que s’il a un mouvement d’opinion suffisamment fort avec des appuis politiques important et il ne fera déclaration de candidature que s’il dispose d’appui suffisant »

2) Le contrôle des media.

Justement. Le candidat dispose maintenant d’un bon encadrement politico-économique, il faut dès lors créer un mouvement d’opinion autour de lui. D’aucuns vont s’attacher à le provoquer.
Si la quasi totalité des media est acquise à la cause, c’est bien sûr parce que la dizaine de milliardaires qui soutient Macron en sont propriétaires à 90%.
Voici ce qu’en dit Daniel Schneidermann (Arrêt sur Image) : « S’agissant de Macron (…) Xavier Niel et Pierre Bergé, copropriétaires du groupe le Monde, lui ont plus ou moins publiquement déclaré leur flamme. Rien, dans ce que l’on sait de lui, et du peu que l’on sait de son programme, n’est de nature à effaroucher MM. Dassault, Arnault, Pinault, Lagardère, Bolloré ou Drahi. Ce qui ne signifie pas que les oligarques français soient pendus au téléphone chaque matin pour commanditer des unes, des éditos, ou des sondages favorables. Simplement, par capillarité intellectuelle, ils ont nommé à la tête des rédactions de «leurs» médias des journalistes macrono-compatibles, éventuellement macrono-indifférents, en tout cas jamais macrono-opposés, encore moins macrono-hostiles ».
Quand on constate le matraquage médiatique autour de ce candidat, Il n’y a  plus rien à ajouter.

3) Contrôle de l’opinion publique.

Il est utile de rappeler ici les recherches du sociologue Patrick Champagne sur les sondages. Son travail s’est articulé autour du problème central, en science politique, de l’analyse des formes de légitimation de la représentation politique.
D’une critique des logiques qui sont au principe de la mesure de l’opinion publique par les sondages, on est passé à une réflexion qui tente d’appréhender les effets, sur le champ politique, de la croyance en ces instruments. Cette évolution, qui se veut proche de l’évolution même de l’influence des sondages d’opinion sur les pratiques politiques, constitue le centre de la problématique du sociologue qui prend au sérieux les professionnels des sondages, même ceux qui sont peu sérieux scientifiquement, en les prenant au moins comme objet.
Champagne démontre que la croyance dans l’efficacité des sondages à exprimer « l’opinion publique » est indissociable d’une transformation des règles du jeu politique et particulièrement de l’importance croissante qu’on prit les journalistes et les spécialistes en communication. Ainsi, s’est mise en place la croyance selon laquelle « faire de la politique » c’est, notamment grâce à «une bonne communication», se situer le plus haut possible dans les cotes de popularités ».
On y est quand Macron ne déclare avoir nul besoin d’expérience politique et encore moins de programme pour être candidat. Il suffira pour lui d’avoir une bonne côte de popularité. Jouyet et Hollande l’ont bien compris. C’est eux et les économistes qui réfléchissent pour lui. Seule l’image compte, car si on entre dans le dur du programme, on s’apercevra rapidement de quels ventriloques Macron est le nom.
Et en voici la parfaite illustration :
Macron est intégré pour la première fois dans un sondage pour les élections présidentielles en janvier 2016. Le Monde titre : « Sondage : Emmanuel Macron préféré à Manuel Valls ou François Hollande pour 2017 » et en sous titre « Un sondage Odoxa pour « Le Parisien/Aujourd’hui en France » estime que le ministre de l’économie pourrait devancer le premier ministre et même le président ». Il est placé d’entrée de jeu à 22%.
Mais qui sont les commanditaires de ce sondage – test ?
Sans aucun doute le staff de Bernard Arnault, patron de LVMH et propriétaire du « Parisien/ Aujourd’hui en France ». Signalons que Nicolas Bazire, proche de Sarkozy, est l’un des administrateurs de LVMH en même temps que l’un de ceux de l’institut de sondage IPSOS. Mais ce qui est le plus intéressant ici, c’est qu’il est gérant associé de la Banque Rothschild…Il connaît très bien Macron avec qui il a travaillé dans la même banque. Quant à Odoxa, les deux fondateurs sont d’anciens de l’institut de sondage BVA dont Vincent Bolloré et… le fond d’investissement Rothschild sont actionnaires.
Ce sont donc des proches de Macron qui l’ont mis en selle. On se doute bien à la demande de qui.
Curieusement sa côte moyenne était de 17% dans les sondages tout au long de l’année 2016. Elle a bondi de 7 points en janvier 2017, à 24% pour arriver à 26% des intentions de vote en mars, le plaçant en tête de tous les sondages. Et comme on sait que les élections se jouent dans les trois mois qui précédent les élections, on comprend mieux ces scores…
Il en sera de même, bien sûr, pour Marine Le Pen, challenger indispensable à la réussite du coup d’État. Elle est créditée de 25% des intentions de vote. Normal.
En cherchant un peu on constate que plus de 80% des instituts de sondage appartient à la sphère d’influence qui soutient Macron. Son conseiller en la matière n’est autre que Denis Delmas, ancien président de TNS Sofres. Autant vous dire que, celui là, il connaît la musique.

4) Le contexte international

L’important, pour s’assurer de la réussite d’une prise de pouvoir c’est de ne pas froisser ses alliés. En tous les cas, il faut leur donner des gages de non agression. Dans le cas contraire les auteurs s’exposent à une déstabilisation. Il faut donc que les planètes soient alignées. Pour Macron, ses parrains ont rassuré tout le monde. Le candidat reste bien dans l’orbite assignée : atlantiste et européiste, deux points d’un équilibre indispensable.

5) La régularisation du coup d’État

Enfin, il s’agira de valider la démarche par les élections. Ce sera relativement simple. Si le scénario arrive à son terme, Marine Le Pen sera en face d’Emmanuel Macron. Les commanditaires joueront sur la fibre républicaine et rafleront la mise.
CONCLUSION PROVISOIRE
En analysant chaque phase, nous pouvons dire maintenant, sans l’ombre d’une hésitation, si l’on s’appuie sur les  paramètres donnés par les experts, qu’il s’agit bien d’un coup d’État, ou pour l’heure, d’une tentative de Coup d’État…Dans l’intérêt de nos concitoyens et celui de notre pays, il vaut mieux qu’elle n’arrive pas à son terme…
Il est essentiel de laisser la parole à Hervé Kempf, le rédacteur en chef de Reporterre  qui est l’auteur d’un ouvrage remarquable sur l’oligarchie et qui connaît donc bien le sujet.

« Les conditions d’un bon exercice de la démocratie sont largement altérées. La délibération libre est viciée par le fait que les médias sont massivement contrôlés par l’oligarchie. Le choix majoritaire est tronqué par le poids des lobbies voire, parfois, par le déni pur et simple du choix populaire, comme lors du référendum de 2005 sur l’Europe. Mais aujourd’hui, le capitalisme ne considère plus la démocratie comme indispensable à son existence, il la rejette même de plus en plus nettement puisqu’elle conduit logiquement à la remise en cause des pouvoirs en place.
Le respect des droits de l’homme et des libertés publiques est bafoué au nom des politiques anti migratoires. Le pouvoir politique est subordonné aux puissances financières.
En fait, les classes dirigeantes nous font entrer dans un régime oligarchique, où un groupe de personnes contrôlant les pouvoirs politique, économique et médiatique, délibèrent entre eux puis imposent leurs choix à la société.
Or l’oligarchie actuelle cherche avant tout à maintenir sa position privilégiée. A cette fin, elle maintient obstinément le système de valeurs organisé autour de la croissance matérielle et de la surconsommation – un système qui accélère notre entrée dans la crise écologique. »

L’heure du choix de société a sonné…

Référence :
  • « L’opinion publique n’existe pas », Pierre Bourdieu, Les Temps modernes, n°318, 1973
  • « Faire l’opinion. Le nouveau jeu politique », Patrick Champagne, Paris, Minuit, coll. « Le sens commun », 1990
  • L’oligarchie ça suffit, vive la démocratie, Hervé Kempf Seuil, Paris, 2011,
  • Edward Luttwak Le Coup d’État : manuel pratique, Paris, Éd. Robert Laffont, 1969
  • Louis Calaferte Droit de Cité, Paris, Ed. Gallimard 1999


mardi 28 mars 2017

GRAND CARÊME Programme de 40 textes PATRISTIQUES - St ATHANASE Vie de st Antoine extrait 5

Ayez une foi ferme en Jésus-Christ. Aimez-le de tout votre cœur. Conservez votre esprit pur de toutes mauvaises pensées, votre corps de toute sorte d’impureté. Ne vous laissez pas tromper par la gourmandise, ainsi qu’il est écrit dans les Proverbes (24, 15). Fuyez la vanité. Priez sans cesse. Chantez des psaumes le soir et le matin. Repassez continuellement dans votre esprit les préceptes de l’Ecriture et mettez-vous devant les yeux les actions des saints, pour que votre âme, déjà instruite des commandements de Dieu, imite leur zèle à les pratiquer. Il les exhortait aussi par-dessus tout de méditer sans cesse cette parole de saint Paul : Que le soleil ne se couche pas sur votre colère (Ep 4, 26). Il l’expliquait ainsi : non seulement le soleil ne doit pas se coucher sur notre colère, mais il ne doit pas non plus se coucher sur aucun de nos péchés, pour qu’il n’arrive pas que le soleil durant le jour, ou la lune durant la nuit, soient témoins de nos fautes et qu’ils ne nous voient même pas en train de penser à les commettre.

Il les avertissait aussi de bien se souvenir de cette belle instruction de l’Apôtre :

 Jugez-vous et éprouvez-vous vous-mêmes (2 Co 13, 5), afin qu’examinant comment ils avaient passé le jour et la nuit, ils cessent de pécher, s’ils se trouvaient coupable de quelque chose. Si, au contraire, ils n’avaient pas commis de fautes, qu’ils ne s’enflent pas de vanité mais continuent à faire le bien sans mépriser ou condamner leur prochain, et ne se justifient point eux-mêmes, selon cette autre parole de saint Paul : Ne jugez point avant le temps, mais attendez la venue de Jésus-Christ qui seul connaît les choses cachées (1 Co 4, 5 ; Rm 2, 16). Car nous nous trompons souvent nous-mêmes dans le jugement que nous portons sur nos actions et nous ignorons nos fautes ; mais le Seigneur connaît toutes choses. C’est pourquoi nous devons lui en laisser le jugement et, ayant compassion des afflictions des autres, supporter les imperfections les uns des autres, en condamnant seulement nos propres défauts, pour acquérir avec soin les vertus qui nous manquent.

Il ajoutait qu’un moyen fort utile pour se préserver du péché était que chacun marque et écrive ses actions et les mouvements de son âme, comme s’il devait en rendre compte à quelqu’un ; la crainte et la honte de faire ainsi connaître leurs fautes les empêcheraient non seulement de pécher, mais aussi d’avoir de mauvaises pensées. Car quel est celui qui, lorsqu’il pèche, voudrait se décrier lui-même ? Et au contraire, ne voit-on pas que le désir de couvrir leurs fautes porte les pécheurs à mentir plutôt qu’à les avouer ? Ainsi donc, de même que nous ne voudrions pas, en présence de quelqu’un commettre un péché avec une femme de mauvaise vie, de même, si nous écrivions nos mauvaises pensées, comme pour les faire connaître à d’autres, nous prendrions garde à ne plus y retomber à cause de la honte que nous aurions si elles étaient sues. Et ces choses que nous écririons, feraient à notre égard comme les yeux des solitaires avec lesquels nous vivrions. Ce qui ferait que, rougissant de les écrire, comme si elles devaient être vues par eux, nous n’aurions plus à l’avenir de semblables pensées ; et nous conduisant de la sorte, nous pourrions réduire notre corps en servitude, plaire à Notre Seigneur, et mépriser toutes les embûches du démon.

dimanche 26 mars 2017

GRAND CARÊME Programme de 40 textes PATRISTIQUES - St ATHANASE Vie de st Antoine extrait 4 - les démons

Nous avons des ennemis très puissants, très méchants et pleins de ressources, c’est-à-dire les démons, et comme dit l’Apôtre : Il ne nous faut pas seulement combattre contre la chair et le sang, mais aussi contre ces princes du siècle, contre ces puissances spirituelles qui règnent dans les ténèbres, et contre ces esprits de malice qui dominent en l’air (Ep 6, 12). Ils ne sont guère éloignés de nous, puisque l’air qui nous environne en est rempli, et ils sont fort différents les uns des autres : Sur leur nature et sur leur distinction, il y aurait beaucoup de choses à dire ; je le laisse à de plus habiles que moi et me contenterai de vous faire connaître maintenant ce qu’il est nécessaire que vous sachiez, pour ne pas ignorer les ruses dont ils se servent pour nous tromper et pour nous perdre.

Nous devons donc savoir premièrement que les démons, appelés de ce nom, n’ont pas été créés comme tels, car Dieu n’a rien fait de mauvais ; mais ayant été créés bons, ils ont perdu, par leur faute, les perfections célestes qui les rendaient heureux, et se plongeant dans la fange de toutes sortes d’impuretés, ils ont trompé les païens par de fausses apparences. Or comme ils ne haïssent rien tant que les chrétiens, il n’y a point d’artifice dont ils n’usent pour tâcher de nous empêcher de monter au ciel et de remplir les places dont ils ont été chassés à cause de leur orgueil et de leur révolte. C’est pourquoi nous avons besoin de beaucoup de prières et de saints exercices dans la vie dont nous faisons profession, afin que recevant du Saint-Esprit le don de savoir discerner ces esprits de ténèbres, nous puissions connaître quelle est leur nature, ceux d’entre eux qui sont les moins méchants ; ceux qui sont les pires ; à quelle sorte de malice l’inclination de chacun nous porte et quels moyens il faut employer pour les terrasser et les mettre en fuite ; car leurs méchancetés sont diverses et il n’y a point de moyens dont ils cherchent à se servir pour nous surprendre par leurs embûches. Le bienheureux apôtre et ceux qui étaient dans les mêmes sentiments que lui le savaient bien, lorsqu’ils disaient : Nous n’ignorons pas quelles sont leurs pensées (2 Co 2, 11). C’est pourquoi, puisqu’ils nous tentent comme eux, nous devons à leur imitation nous assister et nous secourir les uns les autres. Ce qui m’oblige, mes enfants, à cause de l’expérience que j’en ai faite, à vous dire toutes ces choses.

DIMANCHE DE SAINT JEAN CLIMAQUE


L'Échelle où tu décris la montée vers les cieux annonce de ton âme le retour à Dieu.

Synaxaire

Ce jour 4ème dimanche du Carême nous faisons mémoire de notre Bienheureux Père Jean, l'auteur de  L'Échelle.
Bien que vivant dans la chair, Jean était mort.
Il vit éternellement bien qu'apparaissant sans souffle.
 Il nous laissa l'écrit, L'Échelle pour la montée,
par laquelle ils nous montre sa propre montée

 Alors qu'il était âgé de seize ans et qu'il avait l'esprit vif, il s‘offrit a Dieu en victime sacrée, gravissant la montagne du Sinaï. Après dix-neufans passés dans ce monastère, il le quitta pour le stade des hésychastes ; à cinq milles de la palestre où s'exerça Panachorèle Cyriaque, il fixa sa demeure au lieu dit Tholâs. Il y passa quarante ans, dans un ardent amour, constamment embrasé par le Feu de l'amour divin. Il mangeait de tout ce que lui permettait la règle (et en cela il brisait très sagement l'aiguillon de l'orgueil), mais il le faisait en toute frugalité et non jusqu'à satiété. Et le flot de ses larmes. qui pourrait le décrire. Le sommeil, il en prenait juste assez pour ne pas gâcher par l'insomnie les facultés de son esprit. l.e cours de sa vie, c'était la prière continue et un amour de Dieu sans pareil. Ayant par toutes ces vertus, mené une vie agréable à Dieu, ayant écrit L'Échelle  rédigé ses enseignements et rejoint la plénitude de la bonté, il s'endormit dignement dans le Seigneur, l'an six cent trois, à l'âge de quatre-vingts ans, laissant beaucoup d'autres écrits.
 Par ses prières, ô notre Dieu, aie pitié de nous et sauve-nous. Amen.


samedi 25 mars 2017

Ecce Ancilla Domini - Jean OCKEGHEM

POUR NE PAS OUBLIER L'HEURE QU'IL EST… même au milieu du Carême

Confessions d’un économiste « repentito »


Il y a 12 ans, John Perkins publiait un livre choc, Confessions of an Economic Hit Man (Confessions d’un économiste tueur à gages). Le livre a fait partie du top des meilleures ventes selon la liste publiée par le New York Times, mais il est resté assez confidentiel en Europe bien que traduit en Français dans une édition canadienne (Ariane) de 2004 sous le titre : Confessions d’un assassin financier(1), – ici le lien avec le téléchargement libre de cette première version en version française -.
Ces confessions expose des révélations sur la manipulation des économies du monde par la puissance américaine des États-Unis. A l’heure du net, la popularité d’un Julian Assange ou d’un Edward Snowden surpasse de loin celle de John Perkins, cependant J. Perkins doit être considéré comme un des pionniers dans le monde des lanceurs d’alertes (whistleblowers) avec cette publication.
Un Etat au service d’une «corporatocracy»
Dans la première version des «Confessions» J. Perkins soutient qu’une élite aux États-Unis souhaite construire une gouvernance mondiale. Les présidents Lyndon Johnson et Richard Nixon en auraient déterminé l’objectif et les moyens d’action. Ainsi au sein des institutions internationales des groupes de consultants ont été mis en place. Ils utilisent les organisations financières internationales pour créer les conditions permettant d’assujettir les nations à la gouvernance mondiale. L’endettement encouragé auprès d’organismes comme le FMI et la Banque mondiale rend possible cette stratégie. Des consultants rédigent des tonnes de rapports qui justifient le recours par ces Etats à des prêts internationaux énormes. Une fois déduites les sommes destinées à la corruption des élites locales, l’argent en question alimente les comptes en banques de grandes sociétés d’ingénierie et de construction américaines.
Un responsable de la Directeur des pêches de la Mauritanie, en stage à l’IFREMER alors que je travaillais dans le service d’études économiques de cet institut de recherche, m’avait expliqué exactement la même mécanique, déjà en 1990.
Généralement les besoins en liquidités sont surévalués par les rapports, et progressivement les Etats ciblés se révèlent incapable de payer leurs dettes. Vient ensuite la perte de souveraineté par ingérence directe dans les affaires du pays. Les créanciers mobilisent alors des experts en « redressement financiers »  et appliquent des «conditionnalités» (2)  sur les politiques menées dans le pays… Programme d’austérité, de limitations budgétaires, de fermetures des écoles… On a bien vu tout ça et plus encore : l’accès à d’éventuelles richesses pétrolières et autres ressources naturelles, l’établissement de bases militaires comme aussi l’exigence de loyauté politique devant s’exprimer, par exemple, par un vote favorable dans les instances des Nations unies . Déjà en 2004 J. Perkins qualifiait cette méthode de mafieuse et ils caractérisait les exécutants de ces basses oeuvres par le vocable d’ économistes tueurs à gages. Les assassins financiers/économiste tueur à gages, écrit John Perkins, sont «des professionnels grassement payés qui escroquent des milliards de dollars à divers pays du globe. Leurs armes principales : les rapports financiers frauduleux, les élections truquées, les pots-de-vin, l’extorsion, le sexe et le meurtre. »
J. Perkins désigne le dollar comme la pierre angulaire de cette stratégie de contrôle global -qualifié d’ «Empire global» ; c’est le dollar en tant que principale monnaie internationale qui assure la pérennité du processus. En effet, tous ces prêts octroyés à fonds perdus provoqueraient la banqueroute de tout autre créancier ; mais il n’en va pas de même pour les États-Unis car ils ont acquis la capacité d’imprimer des dollars sans contraintes (de dépôt en or comme ce fut le cas dans le SMI de Bretton Woods). La valeur de la monnaie américaine telle une promesse repose sur la confiance vis-à-vis du pays, l’idée que le reste du monde se fait de sa puissance. Ainsi le statut d’Empire global importe au premier chef pour le pays plus même que ses réalités économiques. C’est à partir de cet effet de réputation que les États-Unis peuvent ainsi accumuler une immense dette nationale, – début 2003 quand J. Perkins écrivait, il s’agissait de 6 trillions de dollars, maintenant ce chiffre a dépassé les 20 trillions-, en contre partie des dollars en circulation dans l’économie monde… L’auteur envisageait déjà la fragilité du processus et un possible effondrement de ce système si d’une part une nouvelle monnaie internationale devait remplacer le dollar comme monnaie de transaction et d’autre part les créanciers des États-Unis demandaient le remboursement de leur dette dans une autre monnaie. Nous savons en 2016 que l’Euro n’est pas un candidat crédible!
Pour revenir à la pratique, J. Perkins expliquait que si des oppositions apparaissaient risquant de faire échouer les plans économiques mis en place par les «assassins financiers» alors des véritables tueurs à gages, – «les chacals» (3) – prenaient le relais et assassinaient les personnes gênantes. On peut comprendre ainsi l’assassinat de S. Allende, il a payé de sa vie sa résistance comme bien d’autres. Les enquêtes au long court révèlent parfois aussi de telles pratiques. Ce fut le cas pour l’assassinat du patron du groupe italien ENI, Enrico Mattei en 1962.. La vérité sur cette affaire a pu se révéler seulement 35 ans après les faits et la mort de C. De Margerie patron de Total a fait resurgir de l’oublie les révélation sur l’affaire Mattéi.  Muriel Boselli a pubié récemment  L’énigme Margerie, enquête sur la vie et la mort d’un magnat du pétrole français » chez  Robert Laffont (présentation ici) . Elle révèle toutes les incongruités et les incohérences dans les événements et les compte-rendu de cette nuit tragique. d’octobre 2014 (4) .
Si l’opposition aux intérêt des USA était trop forte et que les exemple ne suffisaient pas, précise J. Perkins, en dernier recours, une stratégie d’impérialisme classique était mise en oeuvre. La propagande pouvant transformer à souhait la réalité pour rendre nécessaire et acceptable l’engagement militaire. Cette stratégie fait échos à bien des épisodes historiques, du Chili à l’Irak comme le fait observer J. Perkins. On peut aussi ajouter à l’illustration la Yougoslavie et l’instrumentalisation de l’épisode du prétendu massacre de Racak qui fut déterminant pour l’entrée en campagne de l’OTAN (5). Ce livre revient sur l’événement qui a déclenché l’agression de la Serbie et du Kosovo par l’OTAN  : le prétendu massacre de Racak. S’appuyant sur une analyse de la presse et des médias ainsi que sur des interviews de témoins et d’acteurs clés, le journaliste d’investigation déconstruit avec précision l’opération de désinformation nouée à Racak, en la situant dans le contexte de l’évolution des relations internationales ayant mené au conflit. Cette opération parachèvement la destruction de la Yougoslavie et marque définitivement l’Europe (ici un commentaire du livre)
L’Economie une discipline à portée de manipulations 
Dans les pages de ce blog, le thème des manipulations dans les analyses économiques n’est pas nouveau. Ces manipulations on les a vues agir en finance, dans les procédés de désindustrialisation mais aussi avec brio dans le domaine des risques pays. L’économie Ukraine devait apparaitre sous son jour le plus prometteur… La promesse dure toujours! L’obligation était de démontrer le potentiel pour une future croissance et la solidité par rapport aux régions voisines, el Bélarus devant faire figure de tête de turc systématique (cf. sur viableco dans Peut-on l’écrire?  (6))
Dans l’ouvrage de J. Perkins, les manipulations concernent la justification de l’endettement d’un pays sous le prétexte d’un potentiel gain en terme de croissance (croissance du PNB). J. Perkins souligne à juste titre l’ambiguïté des notions PNB ou de PIB. Elles ne tiennent pas compte des dynamiques inégalitaires, c’est un point largement relevé depuis par T Piketty le Capital au XXI’siècle. Le produit global d’un pays peut croître si les riches s’enrichissent et les pauvres s’appauvrissent. On voit que le fardeau des dettes, des restructurations, des prises de risque des banques reportées sur les budgets publics peuvent se transformer en fardeau d’austérité pour les populations. On sait combien elle prive les citoyens les plus pauvres, mais aussi les classes moyennes, de soins de santé, d’éducation et d’autres services sociaux pendant des décennies. La Grèce subit cette thérapie qui tue (cf. Travaux de Stuckler et Basu)  On peut aussi voir le film Debtocratie qui a pour sous-titre édifiant «le pouvoir par la dette» (ici en lien).
En économiste, devenu honnête par remord (repentito), J. Perkins souligne aussi les limites des recours à des méthodes de modélisation économétrique pour calculer l’impact d’un investissement sur le développement économique. Ces raisonnements se drapent de scientificité et l’économie accède dans cette ordre d’idée à un statut de science dure… Les économistes ont été séduits par ce tournant qui les valorisaient, pensaient-ils. Il y a tant à critiquer sur les méthodes économétrique conçues pour des environnements statiques quand elles sont utilisées dans des processus de développement… Il s’agit tout simplement d’une arnaque méthodologique. Les gros rapports et les calculs complexes (qui feraient honte aux vrais mathématiciens) s’affirmaient comme un gage institutionnel de crédibilité dans des institutions où des experts incompétents, crédules mais peut-être aussi complices oeuvraient. Nous en connaissons aussi en Europe… Ils ont porté les modèles de gravitation aux nues pour expliquer combien l’Euro assurerait des records de croissance en Europe. Maintenant les plus avisés, prennent le contre-pied subitement de tant de déclarations qu’ils ont pu faire, sans gêne ni honte. Ils nous disent que l’UEM n’est pas viable (7). Qui va les prendre au sérieux sinon les tueurs à gages qui hantent toujours nos espaces publics en Europe et leurs personnels liges qui font mine de s’étriper dans les combats électoraux?
J. Perkins un instrument de la théorie du complot ?
On se doute assez facilement que le département d’État américain n’a eu de cesse d’affirmer que les thèses de J. Perkins n’avaient aucun fondement et qu’il n’était qu’un théoricien de la conspiration de plus. A quoi il répondait que l’élite qui travaille pour la gouvernance mondiale (Empire global selon son expression) est une simple association d’intérêts et de croyances communes, non de comploteurs maléfiques. Certes les croyances communes sont le fruit d’une convention globale dont l’émergence est à questionner. Du point de vue économique elle est à relier à l’emprise de l’économie standard et à sa lecture biaisée du libéralisme qui tracent ainsi les caractéristiques du neo-libéralisme zoologique évoqué régulièrement dans ce blog (Ici ). Dans la dimension sociétale, allant de pair avec l’accaparement des ressources et leurs marchandisations, on assiste à une généralisation du processus en y incluant l’humain, instrument, objet d’échange et de marchandage. La science est censée rendre inéluctablement et à la portée de tous ceux qui ont les capacités (moyens monétaires) pour tirer parti de cette transformation sociale. L’Europe est devenue le champ d’expérimentation privilégié de cette transformation. C’est peut-être ce que John Perskin n’avait pas encore totalement repéré en 2004.
A cette heure, une nouvelle publication de ses confessions s’imposait tant les pages de 2004 s’éclairent de la réalité depuis dans de multiples facettes.
Pour J. Perkins, l’invasion de l’Irak en 1990 procède du shéma qu’il nous décrit. L’objectif étant de détrôner Saddam Hussein qui n’avait pas accepté de soumettre son pays et qui manifestait des velléités critiques de l’ordre monétaire établi. La défense de la souveraineté coûte cher. La presse habilitée a pris depuis le pli avec un vocabulaire bien rodé pour dénoncé les contrevenants : ils sont des dictateurs qui usent et abusent du nationalisme pour se maintenir au pouvoir et persécutent leur peuple. L’Occident et à sa tête l’exceptionnalisme des USA doivent défendre les droits de ces peuples opprimés. On a encore eu le 4 octobre une version caricaturale dans une contribution mélodramatique du dénommé R. Goupil ( un Chacal qui provoque ainsi?) à qui le journal le Monde à ouvert ses pages. N’est pas lanceur d’alertes authentique qui veut!
Les témoignages critiques de J. Perkins rejoignent les lanceurs d’alertes que sont E. Snoden et J. Assange, dans le même combat. Le combat contre l’idéologie de la Destinée manifeste visant à justifier l’expansionisme américain. Des cinéaste on aussi pris le bâton de la résistance comme Oliver Stone qui a mis en film l’épopée de E. Snowden…jusqu’en Russie (ici le triller à voir )
Ce qui a alarmé J. Perskin dans la période contemporaine, ce n’est pas tant la répétition des dynamiques externes de chaos à travers le monde pour que la gouvernance mondiale impose son contrôle, mais sa dynamique interne ; les populations américains et européennes sont maintenant soumises à la même thérapie qui était réservée aux peuples non alignés et aux pays du Tiers Monde. C’est peut-être le seul point où la globalisation est synonyme de plus d’équité: il n’y a plus de populations épargnées seulement des populations qui risquent d’être insoumises …à mater.
La prédation est en cours de généralisation à l’heure où des régions du monde affichent des visées multipolaires,…combien la provocation est forte. Combien l’Eurasie et la route de la soie sont des gros mot qui fâchent!  One road one belt (OROB) vs One world , un combat de titans ( Ici quelques commentaire dans un ITW sur dans viableco sous le titre :  L’intégration de l’Eurasie : un non sujet conventionnel ?).
Le chantier de la démystification
J. Perkins avait été recruté par le NSA (National Security Agency (NSA)) et il travailla pour une société privée de conseil, la firme de consultants Chas. T. Main (en) de Boston pour mener à bien ses missions. Il avait eu très vite conscience qu’il était bien trop payé pour les compétences qu’il avait à développer: pondre ces fameux rapports destinés à justifier des demandes de prêts et l’attribution de contrats à des sociétés américaines. Son témoignage évoque aussi celui d’une autre lanceur d’alerte connu, le journaliste allemand Udo Ulfkotter.  En 2014, Udo Ulfkotte a pubié l’ouvrage Bought Journalists (« Gekaufte Journalisten »), dans lequel il met en lumière que la CIA et d’autres services secrets paie des journalistes pour exposer des événements dans un sens prédéterminé (ici un ITW) Il  dénonce les manipulations auxquelles il devait se soumettre en tant que journaliste et rédacteur de journal (voir aussi dans Viableco Un tout petit monde )
Nos savons depuis que les mobilisations de la NSA sont multiples pour assurer une surveillance mondiale. L’analyse de J. Perkins gagne ainsi de plus en crédibilité. Elle est une pierre à l’édifice que bâtissent ensemble les lanceurs d’alertes, nouveaux résistants du XXIe siècle.
L’arme fatale pour la bataille de la révélation
La différence entre J. Perkins et E. Snoden ou J. Assange est que les deux derniers apportent la preuve de leur énoncé en ce sens ils sont beaucoup plus dangereux pour la pérennité des mécanismes en question et le «soft power» des USA. Leurs dénonciations valident d’un même mouvement les critiques de donneurs d’alerte comme J. Perkins ou U. Ulfkotte. Alors que J. Perkins et U. Ulfkotter peuvent continuer à vivre relativement sans trop de soucis dans leur pays même en critiquant et en dénonçant. Ils sont simplement dénigrés et accusés de complotisme. Il n’en va pas de même pour J. Assange et E. Snowder ; l’expatriation même ne suffit pas. Le premier a dû se réfugier dans l’ambassade d’Equateur et ne peut en sortir depuis plus de 6 ans et l’autre a eu la chance de pouvoir s’enfuir pour Moscou, nouvelle terre de la dissidence – chose qu’Alexandre Soljenitsyne avait bien anticipé en son temps- et d’y recevoir un visa de séjour. Pourquoi cette différence si radicale de traitement? Parce que l’accusation formulée à l’encontre de Ulfkotte et Perkins, de complotisme ne tient pas évidement  pour les deux informaticiens qui fournissent des preuves (cables et email). Ils portent ainsi un coup fatal à l’establishment qui se drape sous cette justification pratique. Les informaticiens sont ainsi des individus dangereux car ils révèlent avec des preuves à l’appui.
Donner à voir et en montrer des preuves crédibles est dans la guerre médiatique qui est menée une arme fatale. C’est le vol de ces preuves qui fait accuser E. Snowden de trahison d’Etat et met sa vie en danger. Dire aux USA n’est pas s’exposer vraiment, mais prouver est un acte majeur parce qu’il a une portée englobante. Il rend crédible un ensemble de critiques et permet à une pensée de démystification de cheminer en discréditant le qualificatif habituel de complotisme. Si complot il y a à la NSA pour organiser une surveillance généralisée, alors tout est possible et les économistes tueurs à gages sont aussi possibles, comme aussi les pressions sur les journalistes et bien d’autres choses encore.
La bataille de la révélation devient une bataille cruciale , c’est grâce à elle que se nouent des futurs possibles qui défont les pronostics. Le Brexit est le produit de révélations et par effet de seuils, ces révélations ont le pouvoir de faire changer le monde.
Les mensonges en cascades, sur l’avenir de la GB pour faire peur sans parler de l’assassinat de la députée (sacrifice gratuit sans effet?) qui signerait bien une action de dernière minute, face à la panique.
Il n’a pas fallu longtemps pour que les résultats économiques infirment les Cassandres du Brexit. Les déclarations du FMI signent une nouvelle fois la caricature de l’incohérence de ses propos:
– En février 2016 le FMI signalait des menaces sur la croissance en GB cas de BREXIT et
-En octobre 2016 le FMI assigne à la GB la meilleure prévision de croissance des pays du G7!
Il y a là économiquement de l’incompréhensible pour l’observateur qui pourrait s’y perdre… Sauf que la révélation de Snowden et Assange qui rend crédibles Perkins, Ulfkotte et bien d’autres. Elle offrent une explication crédible face ces incohérences à répétition.
L’incrédibilité de la pensée standard et les postures idéologiques européennes associées apparaissent aussi au grand jour, les paradoxes se dénoncent (cf. Viableco Deutsche Bank marqueur définitif du paradoxe européiste ). La solidité financière de l’Allemagne est battue en brêche par le drame de Deutsche Bank. L’année précédente c’était Volkswagen (et aussi sur Viableco  Trucage du logiciel en Allemagne du micro ou macro) qui avait exposé ses turpitudes pour fausser la concurrence. Les ingénieurs avaient inventé un système pour fausser les mesures de la pollution et les avaient adaptés sur les voitures de la célèbre marque allemande. L’économie allemande du mensonge montre son vrai visage alors qu’elle se voulait exemplaire, modèle et guide en Europe.
En Europe aussi la révélation a eu lieu et il faut commencer à compter avec elle. Je reste persuadée qu’en la matière le rôle joué par les Grecs et leur gouvernement aussi faible et soumis qu’il ait été contraint de devenir, a été déterminant dans le processus de révélation. Ils ont joué ensemble un grand rôle (de théâtre) pour donner à voir.
Comment ne pas être sensible au grotesque de la propagande allemande reprenant les accents de la propagande nazie anti-grecque? Comprendre alors l’horreur du dénigrement arbitraire car économiquement utile. La Grèce pillée une nouvelle fois pour satisfaire l’avidité des créanciers et des banques allemandes. Lesquels avaient fait de mauvais paris immobiliers mais ne voulaient pas en porter ni le risque ni le coût. Tel est bien le constat, mais à cette heure il est encore aggravé par le fait que cet épisode n’a pas suffi aux apprentis sorciers allemands de la finance pour s’arrêter de jouer au Casino. L’addiction en jeu (hasard moral) est trop forte dans un système où l’impunité est avérée. Voilà encore une fois la DB en situation de provoquer un cataclysme en Europe et d’emporter avec elle l’Euro, Dieu suprême des eurolâtres . Le gouvernement allemand rage car son discours fabriqué de discipline et de rigueur exemplaire fait de plus en plus rire jaune!
Les événements de Grèce, la soumission de l’état démocratiquement élu et de son Parlement ont constitué des faits qui ont marqué les Anglais attachés à la démocratie parlementaire. Je reste persuadé que cet épisode a pesé en faveur de la victoire du Brexit. Alors la Grèce aura joué un point crucial dans le grand échiquier. Est- ce suffisant pour réhabiliter l’image du gouvernement Tsipras ? On peut facilement imaginer qu’il a subit tous les harcèlements que J. Perkins nous décrits…et des menaces aussi. Le témoigne de l’ex-Ministre des Finances de Grèce, l’économiste Y. Varoufakis en atteste en post face de la nouvelle édition de l’ouvrage de J. Perskins. A mon sens ce n’est pas un hasard.
When I read Confessions of an Economic Hit Man, I could not have known that, some years later, I would be on the receiving end of the type of ‘economic hit’ that Perkins so vividly narrated. The New Confessions resonates with my experiences of the brutish methods and gross economic irrationality guiding powerful institutions in their bid to undermine democratic control over economic power. Perkins has, once again, made a substantial contribution to a world that needs whistle-blowers to open its eyes to the true sources of political, social, and economic power.” —Yanis Varoufakis, former Minister of Finance, Greece
Le harcèlement d’Etat n’est pas un délit reconnu devant les tribunaux internationaux à proprement parler! Mais il reste que les déclarations et preuves des lanceurs d’alertes mises bout à bout dans une chaine de révélation, contribuent à ce que le public porte lui un jugement crucial. Alors seulement il pourra prendre sa part dans le cours de l’Histoire et gagner la guerre de l’information.
Annexe :
Présentation des «Nouvelles confessions» de J. Perkins dans une ITW – More Confessions Of An Economic Hit Man: « This Time, They’re Coming For Your Democracy » Submitted by Sarah van Gelder via YesMagazine,
Perkins vient juste de republier ses confessions : The New Confessions of an Economic Hit Man avec des mises à jours complémentaires qui mettent l’accent sur l’ampleur qu’a pris cette doctrine des économistes tueurs à gages. Elle a court maintenant au sein des pays développés et des villes américaines sont sur les listes des victimes. Une combinaison de dettes, d’austérité imposée, de sous investissement et de privatisation dans un contexte de démocratie captive (entrave aux élection démocratique des gouverneurs). 12 ans après ses premières confessions Perkins participe au combat la promotion «du monde que les prochaines générations désireraient hériter“. Sarah van Gelder (SvG) l’a interviewer chez lui dans la région de Seattle pour le magazine YES .
Nous traduisons ici les échanges
SvG Qu’est ce qui a changé depuis que vous avez écrits la première version des Confessions d’un économiste tueur à gages?
John Perkins (JP): les choses ont juste bien empiré dans les 12 dernières années. Economiste tueur à gages et chacals se sont très fortement multipliés y compris aux Etats Unis et en Europe.
A mon époque on était limité à ce qu’on appelait le Tiers Monde ou les pays en voie de développement mais maintenant la cible est partout.
Et en fait, le cancer de l’empire corporatiste s’est métastasé dans ce que j’appellerais une économie globalisée, défaillante en train de mourir. C’est une économie qui est basée sur la destruction des ressources mêmes dont elle dépend ainsi que sur son l’armée. C’est devenu totalement mondial et c’est un échec.
-SvG Comment est on passé à une telle économie de tueurs à gages? Quel bénéfice passé pour nous pour finalement figurer aussi parmi les victimes?
JP : L’économie de tueur à gages a pu être intéressante dans le passé et était promue pour faire l’Amérique plus riche et vraisemblablement améliorer encore le niveau de vie des américains. Cependant comme ce processus s’est développé au sein des États-Unis et en l’Europe, nous avons assister à un accroissement énorme de la concentration de la richesse chez les plus riches aux détriments des tous les autres. Pour donner une échelle, les 62 individus les plus riches du monde possèdent autant d’actifs que la moitié de la population mondiale.
Nous bien sûr aux États-Unis nous avons vu comment notre gouvernement était frileux, il ne fonctionne simplement plus. Il est contrôlé par les grandes sociétés et elles ont vraiment pris la relève. Elles ont compris que leurs nouveaux débouchés et leurs nouvelles ressources à capter, étaient maintenant aux États-Unis et en Europe. Les événements terribles et incroyablement qui sont arrivés en Grèce, en l’Irlande et en Islande, arrivent maintenant ici aux États Unis. Nous observons cette situation paradoxale où nous pouvons avoir statistiquement de la croissance économique et en même temps un nombre de saisies accrues sur les habitations et le chômage.
SvG Est-ce la même sorte de dynamique de la dette qui conduit les gestionnaires à céder en urgence les rênes aux groupes privés? Dans un sens la même chose que vous aviez mis en évidence dans les pays du Tiers-Monde?
JP Oui quand j’étais un économiste tueur à gages, une des choses que nous faisions était d’accroitre l’endettement des pays ciblés, mais en fait l’argent des prêts n’allait jamais dans le pays. Il allait dans nos sociétés pour construire des infrastructures dans ces pays. Et quand ces pays ne pouvaient plus payer leur dette nous les incitions à privatiser leurs réseaux hydrographiques, leurs systèmes d’eaux usées, leurs systèmes électriques. Maintenant nous voyons que la même chose arrive aux États-Unis. Flint dans le Michigan est un très bon exemple de cela. Ce n’est pas un empire américain, c’est un empire d’entreprise protégé et soutenu par l’armée des États-Unis et la C.I.A.. Mais ce n’est pas un empire américain, il n’aide pas les Américains. Il nous exploite de la même façon que nous avons eu l’habitude d’exploiter d’autres pays dans le monde entier.
SvG En effet il me semble que les Américains commencent à saisir ce point. Quel est votre sentiment sur la volonté des autorités publiques de faire quelques chose?
JP Je voyage autour des États-Unis et dans le monde entier, et je vois que les gens commencent vraiment à se réveiller. C’est un fait acquis. Nous comprenons que nous vivons sur une station spatiale très fragile et faute de navette nous ne pouvons pas en descendre. Nous devons la maintenir en état, nous devons nous en occuper alors que nous sommes entrainés dans un processus de destruction. Les grandes sociétés détruisent, mais elles-mêmes sont dirigés par des individus qui peuvent être vulnérables à nos actions. Si nous estimons que le marché se tient dans un espace démocratique, alors nous devons agir comme il se doit.
SvG je veux développer ce thème un peu plus : il me semble que beaucoup sociétés ne vendent pas aux consommateurs ordinaires directement mais à d’autres entreprises ou aux gouvernements. Ces sociétés ont alors un système de rémunération imbriquées tel que si une personne ne fonctionnent pas selon la norme dans le système, elle est simplement remplacés par un autre exécutant.
Perkins : J’ai récemment fait différentes conférences d’entreprise. Et à maintes reprises je me suis rendu compte au bout d’un certain temps que beaucoup de participants veulent laisser un héritage vert. Ils ont des enfants, ils ont des petits-enfants, ils comprennent que nous ne pouvons pas continuer comme ceci.
Ainsi ils nous disent, « Partons de là, mobilisons des mouvements de consommateurs grand public. Ce dont j’ai besoin c’est de recevoir des centaine de milliers de courriers électroniques de clients disant : «j’aime vos produits mais je ne vais pas continuer à les acheter tant que vous ne paierez pas vos travailleurs un prix décent en Indonésie ou ailleurs, ou bien que vous ne nettoyez pas l’environnement ou encore autre chose». Alors je pourrais faire remonter à la direction et à mes actionnaires principaux, aux gens qui réellement décident si je suis gardé ou viré.
SvG: je suis d’accord mais comme vous le savez avec ces entreprises, il y a une grande inertie depuis des décennies. Seilement de maigres changement à la marge. Si vous y regarder de plus pres, il s’agit de continuer un processus qui fait rentrer énormément de profit.
JP:Je pense que nous avons vu d’énorme changements. Dans les 5 dernières années on a vue le marché de la nourriture bio devenir important. Il y a 20 ans on ne pouvait pas l’imaginer. On a vu aussi des femmes avoir des positions plus élevées dans les entreprises, de même pour les minorités. Nous devons continuer cette tendance. On a vu l’étiquetage de beaucoup de produits, certes les OMG ne sont pas encore inclus mais les calories et les capacités nutritionnelles oui. Et ce que nous devons faire c’est  convaincre les entreprises d’avoir d’autres objectifs. Nous devons leur faire comprendre ce que doit être leur activité : respecter l’intérêt public et assurer des gains raisonnables à des investisseurs. Nous avons besoins d’investisseurs mais au delà de ça chaque entreprises doit servir l’intérêt public, servir la terre et les générations futures.
SvG : Je voudrais aborder avec vous la question du Traité Trans-Pacifique ainsi que les autres accords de commerce. Y a t il un moyen pour qu’on y prenne en compte ces éléments ou bien va t on continuer ainsi à engranger des profits dans la sphère des entreprises au dépend des démocraties locales?
JP: Ils sont ravageurs, ils donnent la souveraineté aux entreprises au dépend des gouvernements. C’est ridicule. Nous avons assisté à des épisodes terribles en Amérique Centrale, des gens tentant de résister dans un système mis en faillite du fait de nos accords de commerce et nos politiques envers l’Amérique Latine. Nous avons vu à nouveau la même chose dans les pays du Moyen Orient et de l’Afrique. Ces vagues de migrants qui envahissent l’Europe en provenance du Moyen Orient sont la conséquence des problèmes terribles que nous avons créés du fait de la voracité des grosses compagnies. Je viens juste de revenir d’Amérique Centrale et ce que nous nommons un problème d’immigration n’est en fait juste qu’un problème d’accords de commerce. Ils ne sont pas autorisés à protéger leur marché avec des droits de douanes en vertu des accords commerciaux —NAFTA et CAFTA—en revanche les USA ont eux la possibilité de subventionner leurs fermiers. Ceux-ci on alors un avantage compétitif qui détruit l’économie des partenaires et bien d’autres choses encore. C’est ainsi qu’on fabrique un problème d’immigration.
SvG : Parlez-vous de la violence que les populations d’Amérique Central fuient et combien elle est lié au rôle qu’y joue les USA?
JP : Il y a 3 ou 4 ans, la CIA a orchestré un coup d’Etat contre le gouvernement démocratiquement élu du Honduras, le président Zalaya qui s’était dressé devant Dole, Chiquita et quelques autres grandes compagnies basées aux Etats Unis. Il avait voulu relever le salaire minimum à un niveau raisonnable. Il prônait aussi quelques réformes agraires qui auraient assuré à son peuple de pouvoir vivre de son travail sur leurs terres et non dépendre que des sociétés multinationales qui en gèrent l’exploitation. Le big business n’a pas pu supporter. Il n’a pas été assassiné mais il a été destitué par un coup d’Etat et a du partir en exil tandis qu’un dictateur brutal l’a remplacé. Actuellement le Honduras est l’un des plus violents et meurtriers pays de l’hémisphère.
C’est effrayant ce que nous avons fait. Et quand ça arrive à un Président, ça envoie un message à tous les autres président de l’hémisphère et en fait dans le monde entier : Ne vous opposer pas à nos objectifs! Ne gêner pas les grands intérêts. Préférez coopérer et enrichissez vous-mêmes, vos familles et vos amis dans le processus plutôt qu’être vous retrouvés renversés ou assassinés. Le message est très fort.
SvG Je voudrais aborder l’époque où vous étiez en Equateur parmi les populations indigènes. Je me demande si vous pouvez nous dire comment cette expérience vous a changé?
JS Il y a plusieurs années, je fut volontaire dans les forces de maintien de la paix basées en Amazonie chez le peuple indigène des Shuars. J’ai failli mourir, ma vie a été une nuit par un shaman : je sortais juste d’une école de commerce , c’était en 68 ou 69 et je n’avais aucune idée de ce qu’était un shaman. Mais il a changé ma vie en m’aidant à comprendre que ce qui me tuait était un système de pensée (Mindset) – qu’ils appelait « un rêve»
J’ai passé ensuite pas mal d’années à étudier ce sujet et j’ai travaillé avec différents groupes indigènes et ce que j’ai appris c’est le pouvoir de la pensée -du système de pensée-. Les shamans nous enseignaient ainsi que les peuples indigènes. Et une fois que vous changiez votre système de pensée vous pouvez facilement réorganiser la réalité objective autour.
Ainsi à la place du système économique que nous avons maintenant celui d’une économie de la mort, nous pouvons changer le système de pensée et très vite passer à une économie de la vie
(Viableco : changer les conventions est la clef d’un monde économique viable !)
SvG: Alors quel est le mécanisme avec lequel un changement dans la prise de conscience peut modifier les choses sur le terrains?
Perkins: Bien, à mon sens, le meilleur catalyseur pour se faire serait de changer les entreprises. Nous devons dépasser les objectifs fixés par Milton Friedman en 1970 qui statut que la seule responsabilité des entreprise est de maximiser des profits sans considération sur l’impact en terme de coûts sociaux et environnementaux. On peut changer les entreprise en leur disant que nous n’allons pas continuer à leur acheter des produits si elles ne change pas leur objectifs. Qu’elles ne se contentent plus de se fixer des objectifs de maximisation sans regarder les coûts sociaux et environnementaux. Qu’elles engrangent un bénéfice raisonnable pour leurs investisseurs mais qu’elles servent la population décemment sinon on n’achètera plus rien chez elles.
.
SvG : Vous citer Tom Paine dans votre livre «Si il doit y avoir des périodes troubles que ce soit de mon temps pour que mes enfants aient la paix» Pourquoi avez vous décidé de mettre cette citation?
JP : Bien, j’ai pensé que Tom Paine formulait ainsi brillamment sa pensée. Il avait compris combien elle pouvait avoir un impact sur les gens et il a écris cette pensée en décembre 1776.
Washington avait alors perdu presque toute les batailles et tous les combats, il n’avait plus aucun soutien du Congres et ils ne lui donnaient plus d’armement ni de munitions ni même des draps ou des chaussures …et il était coincé dans Forge Valley. Paine a réalisé qu’il devait écrire quelque chose pour rallier des gens et qu’il n’y a rien qui rassemble plus les gens que de penser à propos de leur enfants.
Pour moi nous sommes à cette même étape. J’ai une fille et un petit fils de 8 ans. Que les difficultés se concentrent sur moi, OK Mais créons un monde où ils vont avoir envie de vivre et faisons comprendre que mon petit fils de 8 ans ne pourra avoir un monde soutenable d’un point de vue environnemental mais aussi socialement juste et viable sans que tous les enfants sur la planète l’aient aussi.
Et ce point est nouveau, il était commun de nous soucié de notre propre communauté, peut-etre un peu plus de notre pays. Mais nous n’avions pas à nous soucier de monde. Ce que nous savons maintenant est que nous ne pouvons pas avoir la paix partout dans le monde, et en particulier aux USA…si chacun ne l’a pas.
Video Interview de John Perkins pour le magasine YES :
Viableco : Inverser le cours de la financiarisation pour une société meilleure et non fondée sur l’unique recherche d’une maximisation des profits qui détruit l’environnement social et économique
Notes
(1) Il ne fallait pas perturber plus les esprits en pleine campagne pour le Oui à la constitution européenne…qui s’est traduit par un NON majoritaire mais un Oui de fait, dès l’élection de Nicolas Sarkosy à la présidence, parce que l’Europe l’exigeait.
(2) pour un débats sur le sujet on se reportera aux pubications de journée organisée sur L’aide au développement : à quelles conditions ? Les conditionnalités de l’aide: analyse critique et perspectives Journée d’étude proposée par l’AITEC, Oxfam France-Agir Ici En partenariat avec la Plate-forme Dette et développement -16 janvier 2007 (ici les actes)
(3) ce terme reprend le titre d’un film « The day of the Jasqual»  de Fred Zinnemann de 1973 réalisé à partir de l’ouvrage the Chacal . (titre original : The Day of the Jackal aussi) un thriller historique de Frederick Forsyth, publié en 1971 .
(4) On pourra aussi se reporter à un article d’Agoravox qui permet de replacer ces drames dans leurs contextes politico-historiques.
(5) F. Saillot a réalisé une investigation détaillée dans l’ouvrage RACAK De l’utilité des massacres (Tome 2) ed. L’Harmathan 2010
(6) «L’Ukraine 2014 est d’abord une énorme erreur d’évaluation économique, l’inflexibilité d’une convention qui s’amplifie depuis près de 23 ans. Les experts n’ont jamais pu exposer la situation économique réelle. L’Europe entière a été prise dans son propre piège des informations tronquées et calibrées dans un contexte incertains en soutien aux IDEs (Investissements directs étrangers). Impossible d’anticiper convenablement, sur des bases ainsi faussées, échecs industriels et commerciaux, erreurs et chaos qui en résultent.» dans Peut-on l’écrire ?
(7) «Dans sa forme actuelle, l’UEM n’est pas viable à long terme. La crise actuelle l’a poussée à ses limites, et la prochaine crise risque de la faire exploser», écrivent donc les auteurs d’une étude sous la supervision de Jacques Delors et c’est d’ailleurs lui-même qui en signe la préface.. ( voir dans Viableco Deutsche Bank, marqueur définitif du paradoxe européiste ?)

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