Les lèvres mensongères font horreur à l'Éternel, tandis que ceux qui agissent avec fidélité lui sont agréables. Proverbes 12:22 «C'est ce qui sort de l'homme qui le rend impur. En effet, c'est de l’intérieur, c'est du cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées, les adultères, l'immoralité sexuelle, les meurtres, les vols, la soif de posséder, les méchancetés, la fraude, la débauche, le regard envieux, la calomnie, l'orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et rendent l'homme impur.» Marc 7:20-23 Un témoin fidèle ne ment pas, tandis qu’un faux témoin dit des mensonges. Proverbes 14:5 « Vous, vous avez pour père le diable et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement et il ne s'est pas tenu dans la vérité parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, il parle de son propre fond, car il est menteur et le père du mensonge. » Jean 8:44 Si les paroles distinguées ne conviennent pas à un fou, les paroles mensongères conviennent d’autant moins à un noble. Proverbes 17:7 « Écarte de ta bouche la fausseté, éloigne de tes lèvres les détours ! Proverbes 4:24 Craindre l'Éternel, c'est détester le mal. L'arrogance, l'orgueil, la voie du mal et la bouche perverse, voilà ce que je déteste. » Proverbes 8:13 « Pierre lui dit : «Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, au point que tu aies menti au Saint-Esprit et gardé une partie du prix du champ? […] Comment as-tu pu former dans ton cœur un projet pareil? Ce n'est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu.»Actes 5:3-4Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les enchanteurs, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l'étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort.Apocalypse 21.8

mercredi 20 juillet 2022

JUSTE AVANT LA FIN… comme il avait été prophétisé. Pas la peine d'être pessimiste.


Esprits impies ou Saint-Esprit ?

par P.Andrew
17 juillet 2022

« La Russie et son Église orthodoxe pensent qu'elles sont les plus saintes et les plus traditionnelles, mais voyez comment elles se classent dans leur nation corrompue !" Non seulement parmi les taux d'alcoolisme et d'avortement les plus élevés au monde, elles entrent également dans les cinquante premiers pays pour les taux d'homicides, quel que soit le nombre d'évêques ou de prêtres qu'ils ont ». (Opinion vue sur les réseaux sociaux)

Je soupçonne que l'auteur de ces mots est un néophyte qui vient d'avoir sa première désillusion. S'il a la foi, il survivra, comme il le fera après toutes les désillusions à venir. Si vous ne voulez pas être désabusé, il est très important de vous débarrasser au plus vite de vos illusions. S'il est toujours là dans cinquante ans, alors tout va bien. Après tout, l'orthodoxie ne consiste pas à « devenir orthodoxe », mais à rester orthodoxe.

Tout d'abord, sa « Sainte Russie » est une mauvaise traduction de Sainte Rus, Rus signifiant tous ceux qui confessent la foi orthodoxe russe, où qu'ils vivent. À ne pas confondre avec l'État russe, ni avant la Révolution, ni après la Révolution, ni avec l'État post-soviétique. Ce jeune homme mentionne Sainte Rus'. Bien que je préfère le terme "Rus orthodoxe", il fait référence à l'idéal de sainteté, qui est pourtant un véritable objectif chez quelques-uns, je dirais, chez environ 1 sur 100.

Ainsi, il y a 200 millions d'orthodoxes nominaux dans le monde, dont environ 75% sont des orthodoxes russes. Cependant, seulement environ 1 sur 100 appartient réellement à la Sainte Rus, c'est-à-dire croient et luttent pour la réalité de la sainteté de l'Orthodoxie Russe. De même, sur les quelques 20 millions d'orthodoxes roumains (ainsi, les Orthodoxes Russes et Roumains représentent ensemble 85% du total nominal), seulement 1% environ appartiennent à la Sainte Roumanie, et les mêmes proportions vont pour la Sainte Grèce, la Sainte Serbie, la Sainte Bulgarie, la Sainte Géorgie et toutes les Églises locales encore plus petites, etc. (Cependant, dans mes nombreux voyages à travers le monde orthodoxe, je ferais une exception, la Moldavie, où, à mon avis, peut-être jusqu'à 4 personnes sur 100 recherchent la « Sainte Moldavie »).

Nous pouvons donc dire que seuls environ deux millions d'orthodoxes confessent activement et recherchent donc l'idéal chrétien orthodoxe de sainteté, c'est-à-dire qu'ils ont une foi réelle. Dans les pays de la diaspora, où même les Orthodoxes nominaux représentent rarement plus de 1% de la population, je mettrais donc le nombre de ceux qui appartiennent à la Sainte Rus, la Sainte Roumanie, la Sainte Bulgarie etc, ou d'ailleurs à la Sainte Angleterre, la Sainte France, la Sainte Italie etc, à environ 1 sur 10 000 de la population.

Ici, nous affirmons que la seule foi qui a la sainteté comme idéal est le Christianisme Orthodoxe. C'est à cause de notre confession du Saint-Esprit, qui lui est propre, qui peut la transformer d'une simple religion parrainée par l'État ou institutionnelle en une vraie foi. Ainsi, la religion du catholicisme a substitué au Saint-Esprit une sorte d'obéissance morale pieuse et obligatoire à son Pape. La religion protestante a substitué au Saint-Esprit la pruderie pharisienne d'un carcan puritain moralisateur, dans lequel le péché sexuel est pratiquement le seul type de péché. Les autres religions ont aussi leurs idéaux. L'islam a pour idéal qu'il n'y a qu'un seul grand Dieu, l'hindouisme panthéiste qu'il y a des milliers de dieux, le bouddhisme a pour idéal la méditation pour atteindre le « nirvana », etc.

Cependant, pour être juste envers les non-orthodoxes, la majorité des chrétiens orthodoxes, comme cela est particulièrement visible parmi certains membres du haut clergé, ont également substitué la simple "religion", l'institutionnalisme parrainé par l'État, au Saint-Esprit et à la foi. Il y a parfois peu de différence entre eux. Un substitut « orthodoxe » favori est le nationalisme. Le jeune homme cité ci-dessus a clairement vu ce substitut parmi certains et semble maintenant en passe de nier que même la Sainte Rus existe! Peut-être est-il obsédé par le nationalisme de quelqu'un d'autre, le nationalisme américain, par exemple. Un autre substitut "orthodoxe" préféré du Saint-Esprit est le pharisaïsme, avec ses observances rituelles et son culte d'obéissance aveugle aux gourous sectaires anti-spirituels et anti-chrétiens, généralement de rang clérical.

La combinaison de ces deux déviations, nationalisme et pharisaïsme, est le pire de tous les mondes. J'ai visité l'Ukraine plusieurs fois au cours des dernières années, après avoir été nommé représentant missionnaire du ROCOR pour l'Europe par feu le métropolite Hilarion (Kapral). (C'était à l'époque de l'ancienne église pré-Trump). En Ukraine, j'ai vu exactement cet esprit uniate qui existe depuis longtemps là-bas. En gros : Tant que le rite est le même, rien n'a d'importance. « Gloire à l'Ukraine » – quant à Dieu, il n'a aucune importance. Aujourd'hui nous prions pour Kyrill, demain pour François, après-demain pour Filaret, après-demain pour Épiphane et puis… pour l'Antéchrist. Mais le rite est le même. Rien d'autre ne compte. Voici pourquoi il y a tant d'« Églises » en Ukraine. Quant au Saint-Esprit, certains d'entre eux là-bas n'ont manifestement pas encore entendu parler de Lui,

Cependant, pour être juste envers le 1 % des « Saints Ukrainiens », qui font face à l'inimitié des 99 %, est-ce mieux en Russie ? Après tout, ce sont des évêques russes qui ont persécuté saint Jean de Cronstadt, partisan de la communion fréquente qui a fini par  changer l'attitude très décadente envers la communion d’avant la Révolution. Ces évêques l'ont fait recteur de l'église qu'il avait lui-même fondée seulement après 40 ans de sacerdoce ! Un autre saint Jean, saint Jean de Shanghai et d'Europe occidentale (comme nous l'avons toujours appelé ici), a été privé de son siège et jugé à San Francisco, non par des Ariens, des Iconoclastes, des Papistes, des Turcs, des Communistes, des Nazis ou des Œcuménistes, mais par ses propres collègues évêques de la ROCOR , dont certains que je connaissais et qui étaient encore impénitents au début des années 1990. Leur traque et leur harcèlement ont conduit à sa mort prématurée.

Mais tous deux ne faisaient que suivre les traces d'un troisième saint Jean, saint Jean-Baptiste. Et nous savons ce qui lui est arrivé. Mais il ne faut pas désespérer. Ce n'est qu'au cours des six dernières semaines que des icônes de saint Jean de Cronstadt (dans l'église Saint-Jean de Colchester) et de saint Jean-Baptiste (dans la cathédrale patriarcale russe de Kensington) ont émis de la myrrhe. Tous les Orthodoxes (si seulement tous l'avaient vu) qui ont vu l'excellent film « L'Homme de Dieu », ou qui ont lu avant cela l'excellente Vie de saint Nectaire de Sotos Chrondopoulos, sauront de quoi je parle.

Tout simplement : Qui a exigé la crucifixion du Christ ? C'étaient les grands prêtres, les intellectuels (« scribes ») et les justes autoproclamés (« pharisiens »). Tel est notre sort à tous, d'être jugés par le même Caïphe pour être de vrais Orthodoxes. Et nous nous en souvenons surtout aujourd'hui, quand nous nous souvenons comment les martyrs impériaux ont été trahis précisément par des grands-ducs, des aristocrates célèbres, des généraux, des hommes d'affaires…

Je me souviens en 1980 d'une conversation que j'ai eue avec feu le père Alexandre Schmemann au sujet de l'épiscopat à l'intérieur de la Russie soviétique d'alors. Il a simplement répondu à ma question à leur sujet : « La moitié d'entre eux sont des saints et l'autre moitié sont des fripons ». Je me souviens plus tard d'un jeune homme venu d'Europe de l'Est. Il fut vite fait prêtre, mais uniquement parce qu'il parlait russe et savait flatter. Il a ouvertement agressé des paroissiennes et a volé de grosses sommes d'argent à son église, chassant tout le monde avec sa conduite scandaleuse. Pour cela, il a reçu prix après prix de son évêque. Il aurait dû être défroqué plusieurs fois, comme aussi, franchement, son évêque. Mais, au lieu de cela, son évêque a également reçu des récompenses, malgré la destruction de son diocèse en ordonnant et en encourageant une telle figure et en défroquant d'autres.

Le problème aujourd'hui est que beaucoup de hauts clergés n'ont aucune autorité – parce qu'il n'y a pas de présence de l'Esprit Saint parmi eux – ils ne connaissent qu'un autoritarisme dur et punitif. La recherche parmi les carriéristes n'est pas pour le Saint-Esprit, mais pour l'argent (la corruption), la gloire (le pouvoir) et la perversion. Tout cela est de l'argent vain, de la vaine gloire et de la dépravation - comme dans la plupart des vies politiques occidentales contemporaines, qui ne sont de plus en plus fréquentées que par ceux qui ont échoué dans le monde réel et recherchent l'argent et le pouvoir ou sont des pervers. Aucun d'eux n'a encore entendu dire : « À toi appartiennent le royaume, la puissance et la gloire ».

Ici, on ne peut manquer d'évoquer l'éléphant dans la pièce, l'homosexualisation de l'épiscopat orthodoxe au cours des cinquante dernières années. Bien que de tristes exceptions aient toujours existé, par exemple dans la Russie du XVIe siècle (quand on les appelait « sodomites ») ou dans la Russie du XIXe siècle, leur nombre s'est maintenant accru partout. Sur les 1 000 évêques orthodoxes dans le monde (j'ai dû en rencontrer une centaine au cours des cinquante dernières années), 20 à 30 % d'entre eux doivent être homosexuels. Ainsi, les Grecs parlent de « la mafia lavande », les Russes de « la mafia bleu pâle » et les Américains simplement de « la mafia gay ». (Dieu merci, il n'y a eu jusqu'à présent que deux exemples d'évêques pédophiles, un en France et un en Amérique du Nord). Nous connaissons des séminaristes d'une juridiction très conservatrice qui se sont affichés ouvertement et pourtant des années plus tard ont été ordonnés et sont maintenant consacrés. Le problème avec eux est aussi leur épouvantable jalousie et donc la persécution des membres du clergé mariés qui ont des enfants, ce qu'ils ne peuvent pas avoir. Le dernier scandale dans l'Église grecque aux États-Unis ne fait que le confirmer. Tel est le danger d'être « le premier sans égal ».

Oui, la fin du monde approche. Il viendra un moment où aucun de nous ne pourra plus aller à l'église et il n'y aura plus de sacrements. Alors la fin viendra, à cause des narcissiques, qui « s'aiment eux-mêmes » et sont des esprits « impies ». Tout était prédit :

« Sache que, dans les derniers jours, il y aura des temps difficiles. Car les hommes seront égoïstes, amis de l'argent, vantards, hautains, blasphémateurs, rebelles à leurs parents, ingrats, impies, insensibles, déloyaux, calomniateurs, cruels, ennemis des gens de bien, traîtres, emportés, enflés d'orgueil, aimant le plaisir plus que Dieu, ayant l'apparence de la piété, mais reniant ce qui en fait la force. Éloigne-toi de ces hommes-là. » (2 Timothée 3, 1-5)

« Nous nous glorifions nous-mêmes en vous dans les églises de Dieu pour votre patience et votre foi dans toutes vos persécutions et tribulations que vous endurez ».
(2 Th. 1, 4)

JUSTE AVANT LA FIN… comme il avait été prophétisé. Pas la peine d'être pessimiste.


Esprits impies ou Saint-Esprit ?

par P.Andrew
17 juillet 2022

« La Russie et son Église orthodoxe pensent qu'elles sont les plus saintes et les plus traditionnelles, mais voyez comment elles se classent dans leur nation corrompue !" Non seulement parmi les taux d'alcoolisme et d'avortement les plus élevés au monde, elles entrent également dans les cinquante premiers pays pour les taux d'homicides, quel que soit le nombre d'évêques ou de prêtres qu'ils ont ». (Opinion vue sur les réseaux sociaux)

Je soupçonne que l'auteur de ces mots est un néophyte qui vient d'avoir sa première désillusion. S'il a la foi, il survivra, comme il le fera après toutes les désillusions à venir. Si vous ne voulez pas être désabusé, il est très important de vous débarrasser au plus vite de vos illusions. S'il est toujours là dans cinquante ans, alors tout va bien. Après tout, l'orthodoxie ne consiste pas à « devenir orthodoxe », mais à rester orthodoxe.

Tout d'abord, sa « Sainte Russie » est une mauvaise traduction de Sainte Rus, Rus signifiant tous ceux qui confessent la foi orthodoxe russe, où qu'ils vivent. À ne pas confondre avec l'État russe, ni avant la Révolution, ni après la Révolution, ni avec l'État post-soviétique. Ce jeune homme mentionne Sainte Rus'. Bien que je préfère le terme "Rus orthodoxe", il fait référence à l'idéal de sainteté, qui est pourtant un véritable objectif chez quelques-uns, je dirais, chez environ 1 sur 100.

Ainsi, il y a 200 millions d'orthodoxes nominaux dans le monde, dont environ 75% sont des orthodoxes russes. Cependant, seulement environ 1 sur 100 appartient réellement à la Sainte Rus, c'est-à-dire croient et luttent pour la réalité de la sainteté de l'Orthodoxie Russe. De même, sur les quelques 20 millions d'orthodoxes roumains (ainsi, les Orthodoxes Russes et Roumains représentent ensemble 85% du total nominal), seulement 1% environ appartiennent à la Sainte Roumanie, et les mêmes proportions vont pour la Sainte Grèce, la Sainte Serbie, la Sainte Bulgarie, la Sainte Géorgie et toutes les Églises locales encore plus petites, etc. (Cependant, dans mes nombreux voyages à travers le monde orthodoxe, je ferais une exception, la Moldavie, où, à mon avis, peut-être jusqu'à 4 personnes sur 100 recherchent la « Sainte Moldavie »).

Nous pouvons donc dire que seuls environ deux millions d'orthodoxes confessent activement et recherchent donc l'idéal chrétien orthodoxe de sainteté, c'est-à-dire qu'ils ont une foi réelle. Dans les pays de la diaspora, où même les Orthodoxes nominaux représentent rarement plus de 1% de la population, je mettrais donc le nombre de ceux qui appartiennent à la Sainte Rus, la Sainte Roumanie, la Sainte Bulgarie etc, ou d'ailleurs à la Sainte Angleterre, la Sainte France, la Sainte Italie etc, à environ 1 sur 10 000 de la population.

Ici, nous affirmons que la seule foi qui a la sainteté comme idéal est le Christianisme Orthodoxe. C'est à cause de notre confession du Saint-Esprit, qui lui est propre, qui peut la transformer d'une simple religion parrainée par l'État ou institutionnelle en une vraie foi. Ainsi, la religion du catholicisme a substitué au Saint-Esprit une sorte d'obéissance morale pieuse et obligatoire à son Pape. La religion protestante a substitué au Saint-Esprit la pruderie pharisienne d'un carcan puritain moralisateur, dans lequel le péché sexuel est pratiquement le seul type de péché. Les autres religions ont aussi leurs idéaux. L'islam a pour idéal qu'il n'y a qu'un seul grand Dieu, l'hindouisme panthéiste qu'il y a des milliers de dieux, le bouddhisme a pour idéal la méditation pour atteindre le « nirvana », etc.

Cependant, pour être juste envers les non-orthodoxes, la majorité des chrétiens orthodoxes, comme cela est particulièrement visible parmi certains membres du haut clergé, ont également substitué la simple "religion", l'institutionnalisme parrainé par l'État, au Saint-Esprit et à la foi. Il y a parfois peu de différence entre eux. Un substitut « orthodoxe » favori est le nationalisme. Le jeune homme cité ci-dessus a clairement vu ce substitut parmi certains et semble maintenant en passe de nier que même la Sainte Rus existe! Peut-être est-il obsédé par le nationalisme de quelqu'un d'autre, le nationalisme américain, par exemple. Un autre substitut "orthodoxe" préféré du Saint-Esprit est le pharisaïsme, avec ses observances rituelles et son culte d'obéissance aveugle aux gourous sectaires anti-spirituels et anti-chrétiens, généralement de rang clérical.

La combinaison de ces deux déviations, nationalisme et pharisaïsme, est le pire de tous les mondes. J'ai visité l'Ukraine plusieurs fois au cours des dernières années, après avoir été nommé représentant missionnaire du ROCOR pour l'Europe par feu le métropolite Hilarion (Kapral). (C'était à l'époque de l'ancienne église pré-Trump). En Ukraine, j'ai vu exactement cet esprit uniate qui existe depuis longtemps là-bas. En gros : Tant que le rite est le même, rien n'a d'importance. « Gloire à l'Ukraine » – quant à Dieu, il n'a aucune importance. Aujourd'hui nous prions pour Kyrill, demain pour François, après-demain pour Filaret, après-demain pour Épiphane et puis… pour l'Antéchrist. Mais le rite est le même. Rien d'autre ne compte. Voici pourquoi il y a tant d'« Églises » en Ukraine. Quant au Saint-Esprit, certains d'entre eux là-bas n'ont manifestement pas encore entendu parler de Lui,

Cependant, pour être juste envers le 1 % des « Saints Ukrainiens », qui font face à l'inimitié des 99 %, est-ce mieux en Russie ? Après tout, ce sont des évêques russes qui ont persécuté saint Jean de Cronstadt, partisan de la communion fréquente qui a fini par  changer l'attitude très décadente envers la communion d’avant la Révolution. Ces évêques l'ont fait recteur de l'église qu'il avait lui-même fondée seulement après 40 ans de sacerdoce ! Un autre saint Jean, saint Jean de Shanghai et d'Europe occidentale (comme nous l'avons toujours appelé ici), a été privé de son siège et jugé à San Francisco, non par des Ariens, des Iconoclastes, des Papistes, des Turcs, des Communistes, des Nazis ou des Œcuménistes, mais par ses propres collègues évêques de la ROCOR , dont certains que je connaissais et qui étaient encore impénitents au début des années 1990. Leur traque et leur harcèlement ont conduit à sa mort prématurée.

Mais tous deux ne faisaient que suivre les traces d'un troisième saint Jean, saint Jean-Baptiste. Et nous savons ce qui lui est arrivé. Mais il ne faut pas désespérer. Ce n'est qu'au cours des six dernières semaines que des icônes de saint Jean de Cronstadt (dans l'église Saint-Jean de Colchester) et de saint Jean-Baptiste (dans la cathédrale patriarcale russe de Kensington) ont émis de la myrrhe. Tous les Orthodoxes (si seulement tous l'avaient vu) qui ont vu l'excellent film « L'Homme de Dieu », ou qui ont lu avant cela l'excellente Vie de saint Nectaire de Sotos Chrondopoulos, sauront de quoi je parle.

Tout simplement : Qui a exigé la crucifixion du Christ ? C'étaient les grands prêtres, les intellectuels (« scribes ») et les justes autoproclamés (« pharisiens »). Tel est notre sort à tous, d'être jugés par le même Caïphe pour être de vrais Orthodoxes. Et nous nous en souvenons surtout aujourd'hui, quand nous nous souvenons comment les martyrs impériaux ont été trahis précisément par des grands-ducs, des aristocrates célèbres, des généraux, des hommes d'affaires…

Je me souviens en 1980 d'une conversation que j'ai eue avec feu le père Alexandre Schmemann au sujet de l'épiscopat à l'intérieur de la Russie soviétique d'alors. Il a simplement répondu à ma question à leur sujet : « La moitié d'entre eux sont des saints et l'autre moitié sont des fripons ». Je me souviens plus tard d'un jeune homme venu d'Europe de l'Est. Il fut vite fait prêtre, mais uniquement parce qu'il parlait russe et savait flatter. Il a ouvertement agressé des paroissiennes et a volé de grosses sommes d'argent à son église, chassant tout le monde avec sa conduite scandaleuse. Pour cela, il a reçu prix après prix de son évêque. Il aurait dû être défroqué plusieurs fois, comme aussi, franchement, son évêque. Mais, au lieu de cela, son évêque a également reçu des récompenses, malgré la destruction de son diocèse en ordonnant et en encourageant une telle figure et en défroquant d'autres.

Le problème aujourd'hui est que beaucoup de hauts clergés n'ont aucune autorité – parce qu'il n'y a pas de présence de l'Esprit Saint parmi eux – ils ne connaissent qu'un autoritarisme dur et punitif. La recherche parmi les carriéristes n'est pas pour le Saint-Esprit, mais pour l'argent (la corruption), la gloire (le pouvoir) et la perversion. Tout cela est de l'argent vain, de la vaine gloire et de la dépravation - comme dans la plupart des vies politiques occidentales contemporaines, qui ne sont de plus en plus fréquentées que par ceux qui ont échoué dans le monde réel et recherchent l'argent et le pouvoir ou sont des pervers. Aucun d'eux n'a encore entendu dire : « À toi appartiennent le royaume, la puissance et la gloire ».

Ici, on ne peut manquer d'évoquer l'éléphant dans la pièce, l'homosexualisation de l'épiscopat orthodoxe au cours des cinquante dernières années. Bien que de tristes exceptions aient toujours existé, par exemple dans la Russie du XVIe siècle (quand on les appelait « sodomites ») ou dans la Russie du XIXe siècle, leur nombre s'est maintenant accru partout. Sur les 1 000 évêques orthodoxes dans le monde (j'ai dû en rencontrer une centaine au cours des cinquante dernières années), 20 à 30 % d'entre eux doivent être homosexuels. Ainsi, les Grecs parlent de « la mafia lavande », les Russes de « la mafia bleu pâle » et les Américains simplement de « la mafia gay ». (Dieu merci, il n'y a eu jusqu'à présent que deux exemples d'évêques pédophiles, un en France et un en Amérique du Nord). Nous connaissons des séminaristes d'une juridiction très conservatrice qui se sont affichés ouvertement et pourtant des années plus tard ont été ordonnés et sont maintenant consacrés. Le problème avec eux est aussi leur épouvantable jalousie et donc la persécution des membres du clergé mariés qui ont des enfants, ce qu'ils ne peuvent pas avoir. Le dernier scandale dans l'Église grecque aux États-Unis ne fait que le confirmer. Tel est le danger d'être « le premier sans égal ».

Oui, la fin du monde approche. Il viendra un moment où aucun de nous ne pourra plus aller à l'église et il n'y aura plus de sacrements. Alors la fin viendra, à cause des narcissiques, qui « s'aiment eux-mêmes » et sont des esprits « impies ». Tout était prédit :

« Sache que, dans les derniers jours, il y aura des temps difficiles. Car les hommes seront égoïstes, amis de l'argent, vantards, hautains, blasphémateurs, rebelles à leurs parents, ingrats, impies, insensibles, déloyaux, calomniateurs, cruels, ennemis des gens de bien, traîtres, emportés, enflés d'orgueil, aimant le plaisir plus que Dieu, ayant l'apparence de la piété, mais reniant ce qui en fait la force. Éloigne-toi de ces hommes-là. » (2 Timothée 3, 1-5)

« Nous nous glorifions nous-mêmes en vous dans les églises de Dieu pour votre patience et votre foi dans toutes vos persécutions et tribulations que vous endurez ».
(2 Th. 1, 4)

mercredi 13 juillet 2022

"Partout où ils viennent ils créent le chaos, c’est leur système. Ils créent le chaos et se barricadent derrière le peuple"

Syrie, Ukraine ou ailleurs… toujours les mêmes grossiers procédés criminels et la crédulité européenne complice

Entretien avec Sa Béatitude Grégoire III, Patriarche de l'Église Melkite Grecque-Catholique de 2000 à 2017 


L’ancien Patriarche Melkite Grec-Catholique Grégoire III Laham, source: Gilles-Emmanuel Jacquet

Rencontré à Damas en avril 2017, Sa Béatitude Grégoire III Laham qui a été le Patriarche de l’Église Melkite Grecque-Catholique de 2000 jusqu’à mai 2017 revient sur les origines du conflit en Syrie, les relations inter-confessionnelles et le rôle des puissances étrangères, notamment occidentales, dans cette guerre.

La Syrie est un pays laïc et le gouvernement s’est toujours efforcé de traiter de manière équitable ses communautés religieuses. Comme l’explique le Patriarche « Il y a une liberté de culte » et les enfants suivent un enseignement religieux lié à leur confession : « Je ne vois pas ce qu’on peut faire de plus que cela. Quelle liberté ? Quelle démocratie vont-ils encore exporter et apporter à notre pays ? Je ne vois pas. Un pays peut toujours progresser, ce n’est pas que je fasse l’apologie de mon pays, voyez-vous. Je le sens, je le vois, je l’expérimente. Il faut aussi dire autre chose que l’Occident n’a pas voulu écouter, comprendre et accepter : au début [de la crise] ce n’était pas vraiment pacifique, ça a commencé avec la violence à Dera’a et Khabab. Moi je suis de Khabab. Je suis né à Daraya où Saint Paul a été converti et Khabab c’est à côté du village où Saint Paul a passé trois ans après sa conversion. Quand il parle dans l’Épître aux Galates qu’après sa fuite il est passé dans le pays des Arabes, l’Arabie, ce n’est pas l’Arabie Saoudite mais ce sont les terres des Nabatéens. C’est l’Arabie dont parle Saint Paul, ce n’est pas l’Arabie Saoudite vous voyez, c’est différent. Il a passé trois ans là-bas. Dans cette région, entre Dera’a et Khabab, tous les commissariats de police ont été détruits le premier mois. J’ai su par mes paroissiens dont les enfants étaient dans l’armée ou dans la police qu’il était défendu à ces derniers de sortir de leurs casernes avec des armes ou une matraque ».

Revenant sur l’histoire des enfants de Dera’a qui est considérée comme le point de départ de la crise syrienne, Sa Béatitude Grégoire III Laham se rappelle qu’ « Une fois il y avait une réunion de la hiérarchie catholique en Syrie dont je suis le président, ici chez nous. J’ai dit aux évêques : « Nous sommes entre nous, dîtes la vérité, qu’est-ce qui se passe ? ». C’était au début de la crise. « Qu’est ce que le gouvernement a fait ? Comment le gouvernement a réagi ? ». « On n’a pas pu vraiment relever une violence de la part de l’État mais ce sont les autres [les émeutiers] et tout est payé ». L’évêque de Hauran, qui est maintenant à la retraite, m’a dit : « Voilà, en signe de solidarité j’ai voulu aller à Dera’a qui est le chef-lieu de district et voir les parents de ces enfants à qui on a enlevé les ongles…Je n’ai pas trouvé de traces de tout cela ». J’ai beau raconter ces choses là, ce que je viens de vous dire, en Allemagne, en France, en Angleterre, en Italie…en 2013…personne n’a voulu me croire ! Jusqu’à maintenant je vois les rapports, mêmes ceux des personnes à qui j’ai présenté ces choses là et ils n’ont pas accepté mon témoignage. Jusqu’à maintenant on raconte les mêmes histoires que j’ai réfuté. Rien à faire ! Je me rappelle en 2013 les mêmes nouvelles, les mêmes textes, les mêmes conceptions dans les journaux allemands, français, anglais et italiens. Il y a une manipulation ou bien encore une indifférence, une nonchalance par rapport à la nécessité de chercher la vérité. Je ne défends pas Assad ou le gouvernement, je suis indépendant. Je vais vous dire une chose très importante : les autorités chrétiennes, le Patriarche Grec Orthodoxe, le Patriarche Syriaque Orthodoxe et moi-même Grec-Catholique, les évêques des différentes communautés chrétiennes en Syrie, on n’a jamais reçu d’insinuation ou d’ordre de faire ceci ou cela, ou de ne pas faire ceci ou cela. Jamais ils [les autorités] ne sont intervenus pour me dire ne faîtes pas ça ou dîtes ça…jamais ! Et en plus quand on recevait des gens qui venaient de l’étranger jamais on ne nous a demandé « Qu’est ce qu’ils viennent faire ? ». Ils le savaient mais ils n’exigeaient pas que ces gens-là défendent le régime, jamais ! Ils sont venus libres, ils nous ont rencontré, ils ont prié avec nous et ils nous ont écouté. Pas une seule personne du gouvernement s’est adressée à eux ou demandé qu’ils fassent un témoignage. Ils ont fait des témoignages en fonction de ce qu’ils ont vu et expérimenté ».

« Nous avons recueilli des documents dans lesquels il y a mes interventions en français surtout, un peu en anglais, un peu en arabe ; les interventions de la hiérarchie catholique, des patriarches, etc. Il y a un grand nombre de documents publiés par les hiérarchies chrétiennes, catholique et orthodoxe, ici en Syrie. Nous sommes les agents de la paix et de la réconciliation en Syrie. Jamais on ne nous a dit « faîtes ça » ou « ne faîtes pas ça ». Donc je ne vois pas ce qu’une opposition peut encore apporter à notre pays. On peut toujours se développer, il y a beaucoup à faire. D’ailleurs, déjà au début de la crise en juin 2011, j’ai publié un document en arabe où j’ai adressé au gouvernement toute une liste des réformes qu’il fallait faire…dans les campagnes pour les paysans…pour les communications, le chemin de fer, les bus…différentes réformes pour la presse, l’opinion, etc. Personne ne m’a jamais écrit un seul mot. On a critiqué parfois le gouvernement, on a présenté nos doléances, nos problèmes. Je vous le dis franchement, je ne suis pas en train de faire de la rhétorique pour l’État ou le Président Assad. Faire dépendre tout le pays et toute la situation d’une seule personne ce n’est pas politique et ce n’est pas diplomatique ».

Le Patriarche se souvient qu’au cours d’une entrevue avec des journalistes d’une agence de presse catholique italienne, ces reporters déclarèrent qu’il fallait que le Président syrien quitte le pouvoir : « C’est vraiment très flatteur pour le Président Assad que tout dépende de lui, que toute la crise dépende d’une seule personne. Je crois qu’il est digne qu’on l’accepte comme un grand leader de ce pays…6 ans, 7 ans, il est encore là et il a encore la confiance de son peuple. Bien sûr qu’il y a des opposants avec un raisonnement correct mais il y a aussi des opposants qui sont payés, tout est payé. Si une personne résiste pendant 7 ans c’est un leader qui est digne d’être le chef de son peuple. Vous avez pensé à l’époque d’Obama qu’en 2-3 mois le Président Assad s’en irait mais il est resté 7 ans. Dernièrement on a inauguré le début d’un grand projet de construction, il y a des nouvelles usines qui sont en train de reprendre leurs activités ici à Damas. Des gens d’Alep sont venus ouvrir de nouvelles usines ici au lieu de le faire à Alep où il y a des difficultés. Le gouvernement paie les employés de l’État qui sont sous le régime d’ISIS, il leur paie encore leurs salaires. Il n’y a jamais eu de coupures dans les salaires. Pourquoi voulez-vous qu’il [le Président Assad] s’en aille pour que ça change ? Il est là, il fait des changements, il est en train de développer [le pays], il y a beaucoup de choses qui se développent…les universités, les écoles, les banques, les commerces, les hôpitaux…Je ne comprends pas, quels changements vont-ils apporter ces messieurs qui sont dans l’opposition ? Avec tous les développements de l’opposition, qu’on puisse l’appeler maintenant – avec une conscience humaine – « modérée » je ne comprends pas. Avec tout l’arsenal qu’ils ont vous appelez ça « modéré » ? Ils ont tout ce que l’État a…vous voulez appeler ça des « modérés » mais ce n’est pas possible ! Il y a un mensonge international et c’est un mensonge bien monté, bien agencé. D’ailleurs le Saint Père l’a dit, on ne peut pas parler de la paix ou des conditions de la paix quand on continue à financer en argent ou en armes. Il y a des milliards qui ont été versés, des gens ont été payés. Je me rappelle qu’au début de la crise il y avait un employé chez nous. Sa sœur était âgée, elle a fait venir une dame qui la servait. Elle lui donnait 15 000 livres syriennes par mois, autrefois c’était encore bien mais après un certain temps elle n’est plus venue. Elle revint parfois pour deux jours…durant 10 jours elle ne revenait pas…alors la pauvre femme demanda à celle qui la servait pourquoi elle ne venait pas. Celle-ci lui dit « Vous me payez 15 000 livres par mois, je suis en train de manifester chaque jour ça et là, je reçois par jour 1000 livres syriennes ». Trente jours cela fait 30 000, c’est plus lucratif de manifester. Ils étaient payés chacun pour manifester. Dans ma petite ville, Daraya, il y avait un séminariste qui m’a raconté que lorsqu’il était en vacances à Daraya, tous les soirs à 5 heures de l’après-midi il y avait un petit groupe de jeunes qui sortait, qui commençait à vociférer, à crier, avec des slogans…et aussitôt il y avait des caméras qui couvraient la petite manifestation. Quinze minutes et après tout redevenait normal. Ils avaient été payés pour faire ce scénario chaque jour durant 15 minutes. Les caméras représentaient cela comme une grande manifestation continuelle or ça durait 15 minutes. Il était défendu d’employer les armes durant le premier mois de la crise ».

S’interrogeant sur la partialité de nombreux médias le Patriarche rappelle que le gouvernement syrien se défend contre une rébellion armée qui attaque aussi la population : « Toutes nos églises ont été attaquées, des roquettes ont été envoyées ici et là, on peut encore en voir les traces. Et puis il y a eu des morts, des gens, un enfant avec son père ont été tués…l’école des Arméniens Catholiques a été bombardée lors de la rentrée du matin ». Sa Béatitude Grégoire III Laham indique que les hôpitaux, écoles ou lieux de culte qui ont été détruits étaient occupés par les forces rebelles. Ainsi à Maaloula le monastère Saint Serge et Saint Bacchus ne subit pas seulement des dommages du fait des djihadistes eux-mêmes mais aussi à cause des combats : « On [les rebelles] tirait depuis le monastère. On [les rebelles] tirait sur les gens de Maaloula. L’armée a répondu et tiré sur ceux qui étaient barricadés à l’intérieur du monastère ». Dans ce cas comme dans d’autres localités de Syrie, les destructions sont ainsi imputées par certains médias et la propagande des groupes rebelles aux forces gouvernementales. Les attaques de ces dernières sont présentées comme délibérées et visant des cibles civiles qui sont en fait devenues des objectifs militaires servant aux combattants. Le Patriarche se souvient qu’au début de la crise des gens l’appelaient nuit et jour depuis Maaloula, Homs ou Yabroud : certains l’informèrent qu’ils étaient utilisés comme boucliers humains par les forces rebelles. Sa Béatitude ajoute que les combattants chassés de Bab al-Amr se cachèrent dans Homs près des églises, ce qui causa des dommages à ces édifices et à la ville.

Le Patriarche poursuit : « Comment vais-je défendre mon peuple ? Que peut faire le Président Assad ? Là où les opposants viennent ils amènent le chaos. Dans mon village, à Daraya, les gens vivaient ensemble, Chrétiens et Musulmans, sans aucun problème. Bien sûr il y avait des opposants à l’État…à Damas aussi parmi le peuple il y a des opposants…il ne faut pas fermer les yeux…À Daraya les opposants sont entrés et ils ont commencé à ordonner « Fermez ceci » ou « Faîtes ça », « Faîtes des manifestations » mais on a le droit de vivre non ?…Partout où ils viennent ils créent le chaos, d’ailleurs c’est leur système. Ils créent le chaos et se barricadent derrière le peuple dans les écoles, dans les églises, dans les mosquées. Là où l’armée et le gouvernement entrent c’est la paix et la sécurité. Je ne défends ni le Président ni le régime, je vous dis la vérité. Toutes ces attaques contre le Président…Que voulez-vous qu’il fasse ? Qu’il se croise les bras quand son peuple est attaqué ? Ici, si on n’avait pas réagi comme il faut nous aurions été envahis par l’opposition. Ils sont à 500 mètres de nous vous savez [dans le quartier de Jobar]. En 2016 c’était assez calme mais parfois il tombait une centaine d’obus par jour sur Damas. Ce sont des criminels…on parle d’opposition modérée mais ce sont des mensonges. Avant l’intervention du Hezbollah et de la Russie les insurgés venaient de Jordanie, ils étaient dans les beaux hôtels de Amman jusqu’au moment où ils étaient appelés à entrer en Syrie. C’était visible ».

Dégâts causés à un des bâtiments du Patriarcat Melkite Grec-Catholique à Damas par les tirs des rebelles syriens,
source: Gilles-Emmanuel Jacquet

Évoquant la Syrie mais aussi le Liban, la Jordanie et la Palestine où il a également vécu, Sa Béatitude Grégoire III Laham explique que « Les pays où Chrétiens et Musulmans vivent ensemble sont plus libéraux, plus développés, plus humains, plus sûrs et plus ouverts. C’est le résultat des interactions entre Chrétiens et Musulmans ainsi que l’acceptation par ces derniers de l’influence des Chrétiens dans la société ». Le Patriarche ajoute que de nombreux enfants musulmans fréquentent les écoles chrétiennes en Syrie, à Beyrouth, à Jérusalem ou ailleurs : « En Égypte nous avons 6000 Grecs-Catholiques et 7 écoles où nous avons 5000 enfants de confession musulmane…Toutes les écoles sont pleines d’enfants musulmans et chrétiens, on vit ensemble et ces écoles sont tenues par des religieux et des religieuses. Ce sont autant d’éléments qui créent des relations, du développement mais tout cela est détruit, on le détruit maintenant par cette invasion…je ne comprends pas…qu’est-ce qu’ils défendent les Européens ? Ils défendent leurs propres intérêts, c’est le chaos des intérêts, le « supermarket » des intérêts. Que la Russie et les États-Unis se mettent d’accord et on pourra vaincre. Il n’y a pas de pays dans le monde arabo-musulman qui accepte le Califat aujourd’hui. Il n’y a pas de Calife. Même l’Arabie Saoudite ne reconnaît pas le Califat. Impossible de penser à un Califat donc c’est une chose qui n’a pas du tout de sens ou de réalité. C’est dans l’esprit des gens et c’est manipulé…manipulations, supermarket, chaos…voilà les intérêts. Que l’Amérique se mette avec la Russie et la Syrie, vous pourrez ainsi gagner. Un évêque Syriaque Catholique du nord de la Syrie, de Hasakah, m’a raconté qu’il a vu de ses propres yeux des avions américains et au sol [les combattants d’] ISIS mais ils n’ont pas attaqué ISIS…lui [l’évêque] il les voit mais eux [les avions US] ne les voient pas. Ils n’ont pas attaqué ISIS mais ils prétendent qu’ils combattent ISIS. Ils combattent là où ils veulent combattre. Je ne comprends pas, que veut l’Europe ? Que veut l’Amérique ? Surtout l’Europe, malheureusement il n’y a plus l’Europe…je crois que l’Europe peut donner son point de vue mais l’Amérique ordonne et eux [les Européens] obéissent. J’aimerais un rôle plus important pour la France, l’Allemagne et l’Angleterre. J’attends quelque chose d’eux mais ils s’alignent comme ça [sur la position US] ». Le Patriarche conclut en s’interrogeant encore une fois sur sur le soutien européen et occidental aux rebelles et à l’opposition, sur ce qu’ils veulent vraiment apporter à la Syrie : « La conception la plus ouverte [de la société], si on met le Liban de côté, c’est la Syrie. Si on organise maintenant un référendum le Président aura les votes nécessaires et même plus. Malgré tout il est là. Plusieurs fois il a parlé en public sans aucune garde ou sécurité autour de lui ».

Gilles-Emmanuel Jacquet

source

"Partout où ils viennent ils créent le chaos, c’est leur système. Ils créent le chaos et se barricadent derrière le peuple"

Syrie, Ukraine ou ailleurs… toujours les mêmes grossiers procédés criminels et la crédulité européenne complice

Entretien avec Sa Béatitude Grégoire III, Patriarche de l'Église Melkite Grecque-Catholique de 2000 à 2017 


L’ancien Patriarche Melkite Grec-Catholique Grégoire III Laham, source: Gilles-Emmanuel Jacquet

Rencontré à Damas en avril 2017, Sa Béatitude Grégoire III Laham qui a été le Patriarche de l’Église Melkite Grecque-Catholique de 2000 jusqu’à mai 2017 revient sur les origines du conflit en Syrie, les relations inter-confessionnelles et le rôle des puissances étrangères, notamment occidentales, dans cette guerre.

La Syrie est un pays laïc et le gouvernement s’est toujours efforcé de traiter de manière équitable ses communautés religieuses. Comme l’explique le Patriarche « Il y a une liberté de culte » et les enfants suivent un enseignement religieux lié à leur confession : « Je ne vois pas ce qu’on peut faire de plus que cela. Quelle liberté ? Quelle démocratie vont-ils encore exporter et apporter à notre pays ? Je ne vois pas. Un pays peut toujours progresser, ce n’est pas que je fasse l’apologie de mon pays, voyez-vous. Je le sens, je le vois, je l’expérimente. Il faut aussi dire autre chose que l’Occident n’a pas voulu écouter, comprendre et accepter : au début [de la crise] ce n’était pas vraiment pacifique, ça a commencé avec la violence à Dera’a et Khabab. Moi je suis de Khabab. Je suis né à Daraya où Saint Paul a été converti et Khabab c’est à côté du village où Saint Paul a passé trois ans après sa conversion. Quand il parle dans l’Épître aux Galates qu’après sa fuite il est passé dans le pays des Arabes, l’Arabie, ce n’est pas l’Arabie Saoudite mais ce sont les terres des Nabatéens. C’est l’Arabie dont parle Saint Paul, ce n’est pas l’Arabie Saoudite vous voyez, c’est différent. Il a passé trois ans là-bas. Dans cette région, entre Dera’a et Khabab, tous les commissariats de police ont été détruits le premier mois. J’ai su par mes paroissiens dont les enfants étaient dans l’armée ou dans la police qu’il était défendu à ces derniers de sortir de leurs casernes avec des armes ou une matraque ».

Revenant sur l’histoire des enfants de Dera’a qui est considérée comme le point de départ de la crise syrienne, Sa Béatitude Grégoire III Laham se rappelle qu’ « Une fois il y avait une réunion de la hiérarchie catholique en Syrie dont je suis le président, ici chez nous. J’ai dit aux évêques : « Nous sommes entre nous, dîtes la vérité, qu’est-ce qui se passe ? ». C’était au début de la crise. « Qu’est ce que le gouvernement a fait ? Comment le gouvernement a réagi ? ». « On n’a pas pu vraiment relever une violence de la part de l’État mais ce sont les autres [les émeutiers] et tout est payé ». L’évêque de Hauran, qui est maintenant à la retraite, m’a dit : « Voilà, en signe de solidarité j’ai voulu aller à Dera’a qui est le chef-lieu de district et voir les parents de ces enfants à qui on a enlevé les ongles…Je n’ai pas trouvé de traces de tout cela ». J’ai beau raconter ces choses là, ce que je viens de vous dire, en Allemagne, en France, en Angleterre, en Italie…en 2013…personne n’a voulu me croire ! Jusqu’à maintenant je vois les rapports, mêmes ceux des personnes à qui j’ai présenté ces choses là et ils n’ont pas accepté mon témoignage. Jusqu’à maintenant on raconte les mêmes histoires que j’ai réfuté. Rien à faire ! Je me rappelle en 2013 les mêmes nouvelles, les mêmes textes, les mêmes conceptions dans les journaux allemands, français, anglais et italiens. Il y a une manipulation ou bien encore une indifférence, une nonchalance par rapport à la nécessité de chercher la vérité. Je ne défends pas Assad ou le gouvernement, je suis indépendant. Je vais vous dire une chose très importante : les autorités chrétiennes, le Patriarche Grec Orthodoxe, le Patriarche Syriaque Orthodoxe et moi-même Grec-Catholique, les évêques des différentes communautés chrétiennes en Syrie, on n’a jamais reçu d’insinuation ou d’ordre de faire ceci ou cela, ou de ne pas faire ceci ou cela. Jamais ils [les autorités] ne sont intervenus pour me dire ne faîtes pas ça ou dîtes ça…jamais ! Et en plus quand on recevait des gens qui venaient de l’étranger jamais on ne nous a demandé « Qu’est ce qu’ils viennent faire ? ». Ils le savaient mais ils n’exigeaient pas que ces gens-là défendent le régime, jamais ! Ils sont venus libres, ils nous ont rencontré, ils ont prié avec nous et ils nous ont écouté. Pas une seule personne du gouvernement s’est adressée à eux ou demandé qu’ils fassent un témoignage. Ils ont fait des témoignages en fonction de ce qu’ils ont vu et expérimenté ».

« Nous avons recueilli des documents dans lesquels il y a mes interventions en français surtout, un peu en anglais, un peu en arabe ; les interventions de la hiérarchie catholique, des patriarches, etc. Il y a un grand nombre de documents publiés par les hiérarchies chrétiennes, catholique et orthodoxe, ici en Syrie. Nous sommes les agents de la paix et de la réconciliation en Syrie. Jamais on ne nous a dit « faîtes ça » ou « ne faîtes pas ça ». Donc je ne vois pas ce qu’une opposition peut encore apporter à notre pays. On peut toujours se développer, il y a beaucoup à faire. D’ailleurs, déjà au début de la crise en juin 2011, j’ai publié un document en arabe où j’ai adressé au gouvernement toute une liste des réformes qu’il fallait faire…dans les campagnes pour les paysans…pour les communications, le chemin de fer, les bus…différentes réformes pour la presse, l’opinion, etc. Personne ne m’a jamais écrit un seul mot. On a critiqué parfois le gouvernement, on a présenté nos doléances, nos problèmes. Je vous le dis franchement, je ne suis pas en train de faire de la rhétorique pour l’État ou le Président Assad. Faire dépendre tout le pays et toute la situation d’une seule personne ce n’est pas politique et ce n’est pas diplomatique ».

Le Patriarche se souvient qu’au cours d’une entrevue avec des journalistes d’une agence de presse catholique italienne, ces reporters déclarèrent qu’il fallait que le Président syrien quitte le pouvoir : « C’est vraiment très flatteur pour le Président Assad que tout dépende de lui, que toute la crise dépende d’une seule personne. Je crois qu’il est digne qu’on l’accepte comme un grand leader de ce pays…6 ans, 7 ans, il est encore là et il a encore la confiance de son peuple. Bien sûr qu’il y a des opposants avec un raisonnement correct mais il y a aussi des opposants qui sont payés, tout est payé. Si une personne résiste pendant 7 ans c’est un leader qui est digne d’être le chef de son peuple. Vous avez pensé à l’époque d’Obama qu’en 2-3 mois le Président Assad s’en irait mais il est resté 7 ans. Dernièrement on a inauguré le début d’un grand projet de construction, il y a des nouvelles usines qui sont en train de reprendre leurs activités ici à Damas. Des gens d’Alep sont venus ouvrir de nouvelles usines ici au lieu de le faire à Alep où il y a des difficultés. Le gouvernement paie les employés de l’État qui sont sous le régime d’ISIS, il leur paie encore leurs salaires. Il n’y a jamais eu de coupures dans les salaires. Pourquoi voulez-vous qu’il [le Président Assad] s’en aille pour que ça change ? Il est là, il fait des changements, il est en train de développer [le pays], il y a beaucoup de choses qui se développent…les universités, les écoles, les banques, les commerces, les hôpitaux…Je ne comprends pas, quels changements vont-ils apporter ces messieurs qui sont dans l’opposition ? Avec tous les développements de l’opposition, qu’on puisse l’appeler maintenant – avec une conscience humaine – « modérée » je ne comprends pas. Avec tout l’arsenal qu’ils ont vous appelez ça « modéré » ? Ils ont tout ce que l’État a…vous voulez appeler ça des « modérés » mais ce n’est pas possible ! Il y a un mensonge international et c’est un mensonge bien monté, bien agencé. D’ailleurs le Saint Père l’a dit, on ne peut pas parler de la paix ou des conditions de la paix quand on continue à financer en argent ou en armes. Il y a des milliards qui ont été versés, des gens ont été payés. Je me rappelle qu’au début de la crise il y avait un employé chez nous. Sa sœur était âgée, elle a fait venir une dame qui la servait. Elle lui donnait 15 000 livres syriennes par mois, autrefois c’était encore bien mais après un certain temps elle n’est plus venue. Elle revint parfois pour deux jours…durant 10 jours elle ne revenait pas…alors la pauvre femme demanda à celle qui la servait pourquoi elle ne venait pas. Celle-ci lui dit « Vous me payez 15 000 livres par mois, je suis en train de manifester chaque jour ça et là, je reçois par jour 1000 livres syriennes ». Trente jours cela fait 30 000, c’est plus lucratif de manifester. Ils étaient payés chacun pour manifester. Dans ma petite ville, Daraya, il y avait un séminariste qui m’a raconté que lorsqu’il était en vacances à Daraya, tous les soirs à 5 heures de l’après-midi il y avait un petit groupe de jeunes qui sortait, qui commençait à vociférer, à crier, avec des slogans…et aussitôt il y avait des caméras qui couvraient la petite manifestation. Quinze minutes et après tout redevenait normal. Ils avaient été payés pour faire ce scénario chaque jour durant 15 minutes. Les caméras représentaient cela comme une grande manifestation continuelle or ça durait 15 minutes. Il était défendu d’employer les armes durant le premier mois de la crise ».

S’interrogeant sur la partialité de nombreux médias le Patriarche rappelle que le gouvernement syrien se défend contre une rébellion armée qui attaque aussi la population : « Toutes nos églises ont été attaquées, des roquettes ont été envoyées ici et là, on peut encore en voir les traces. Et puis il y a eu des morts, des gens, un enfant avec son père ont été tués…l’école des Arméniens Catholiques a été bombardée lors de la rentrée du matin ». Sa Béatitude Grégoire III Laham indique que les hôpitaux, écoles ou lieux de culte qui ont été détruits étaient occupés par les forces rebelles. Ainsi à Maaloula le monastère Saint Serge et Saint Bacchus ne subit pas seulement des dommages du fait des djihadistes eux-mêmes mais aussi à cause des combats : « On [les rebelles] tirait depuis le monastère. On [les rebelles] tirait sur les gens de Maaloula. L’armée a répondu et tiré sur ceux qui étaient barricadés à l’intérieur du monastère ». Dans ce cas comme dans d’autres localités de Syrie, les destructions sont ainsi imputées par certains médias et la propagande des groupes rebelles aux forces gouvernementales. Les attaques de ces dernières sont présentées comme délibérées et visant des cibles civiles qui sont en fait devenues des objectifs militaires servant aux combattants. Le Patriarche se souvient qu’au début de la crise des gens l’appelaient nuit et jour depuis Maaloula, Homs ou Yabroud : certains l’informèrent qu’ils étaient utilisés comme boucliers humains par les forces rebelles. Sa Béatitude ajoute que les combattants chassés de Bab al-Amr se cachèrent dans Homs près des églises, ce qui causa des dommages à ces édifices et à la ville.

Le Patriarche poursuit : « Comment vais-je défendre mon peuple ? Que peut faire le Président Assad ? Là où les opposants viennent ils amènent le chaos. Dans mon village, à Daraya, les gens vivaient ensemble, Chrétiens et Musulmans, sans aucun problème. Bien sûr il y avait des opposants à l’État…à Damas aussi parmi le peuple il y a des opposants…il ne faut pas fermer les yeux…À Daraya les opposants sont entrés et ils ont commencé à ordonner « Fermez ceci » ou « Faîtes ça », « Faîtes des manifestations » mais on a le droit de vivre non ?…Partout où ils viennent ils créent le chaos, d’ailleurs c’est leur système. Ils créent le chaos et se barricadent derrière le peuple dans les écoles, dans les églises, dans les mosquées. Là où l’armée et le gouvernement entrent c’est la paix et la sécurité. Je ne défends ni le Président ni le régime, je vous dis la vérité. Toutes ces attaques contre le Président…Que voulez-vous qu’il fasse ? Qu’il se croise les bras quand son peuple est attaqué ? Ici, si on n’avait pas réagi comme il faut nous aurions été envahis par l’opposition. Ils sont à 500 mètres de nous vous savez [dans le quartier de Jobar]. En 2016 c’était assez calme mais parfois il tombait une centaine d’obus par jour sur Damas. Ce sont des criminels…on parle d’opposition modérée mais ce sont des mensonges. Avant l’intervention du Hezbollah et de la Russie les insurgés venaient de Jordanie, ils étaient dans les beaux hôtels de Amman jusqu’au moment où ils étaient appelés à entrer en Syrie. C’était visible ».

Dégâts causés à un des bâtiments du Patriarcat Melkite Grec-Catholique à Damas par les tirs des rebelles syriens,
source: Gilles-Emmanuel Jacquet

Évoquant la Syrie mais aussi le Liban, la Jordanie et la Palestine où il a également vécu, Sa Béatitude Grégoire III Laham explique que « Les pays où Chrétiens et Musulmans vivent ensemble sont plus libéraux, plus développés, plus humains, plus sûrs et plus ouverts. C’est le résultat des interactions entre Chrétiens et Musulmans ainsi que l’acceptation par ces derniers de l’influence des Chrétiens dans la société ». Le Patriarche ajoute que de nombreux enfants musulmans fréquentent les écoles chrétiennes en Syrie, à Beyrouth, à Jérusalem ou ailleurs : « En Égypte nous avons 6000 Grecs-Catholiques et 7 écoles où nous avons 5000 enfants de confession musulmane…Toutes les écoles sont pleines d’enfants musulmans et chrétiens, on vit ensemble et ces écoles sont tenues par des religieux et des religieuses. Ce sont autant d’éléments qui créent des relations, du développement mais tout cela est détruit, on le détruit maintenant par cette invasion…je ne comprends pas…qu’est-ce qu’ils défendent les Européens ? Ils défendent leurs propres intérêts, c’est le chaos des intérêts, le « supermarket » des intérêts. Que la Russie et les États-Unis se mettent d’accord et on pourra vaincre. Il n’y a pas de pays dans le monde arabo-musulman qui accepte le Califat aujourd’hui. Il n’y a pas de Calife. Même l’Arabie Saoudite ne reconnaît pas le Califat. Impossible de penser à un Califat donc c’est une chose qui n’a pas du tout de sens ou de réalité. C’est dans l’esprit des gens et c’est manipulé…manipulations, supermarket, chaos…voilà les intérêts. Que l’Amérique se mette avec la Russie et la Syrie, vous pourrez ainsi gagner. Un évêque Syriaque Catholique du nord de la Syrie, de Hasakah, m’a raconté qu’il a vu de ses propres yeux des avions américains et au sol [les combattants d’] ISIS mais ils n’ont pas attaqué ISIS…lui [l’évêque] il les voit mais eux [les avions US] ne les voient pas. Ils n’ont pas attaqué ISIS mais ils prétendent qu’ils combattent ISIS. Ils combattent là où ils veulent combattre. Je ne comprends pas, que veut l’Europe ? Que veut l’Amérique ? Surtout l’Europe, malheureusement il n’y a plus l’Europe…je crois que l’Europe peut donner son point de vue mais l’Amérique ordonne et eux [les Européens] obéissent. J’aimerais un rôle plus important pour la France, l’Allemagne et l’Angleterre. J’attends quelque chose d’eux mais ils s’alignent comme ça [sur la position US] ». Le Patriarche conclut en s’interrogeant encore une fois sur sur le soutien européen et occidental aux rebelles et à l’opposition, sur ce qu’ils veulent vraiment apporter à la Syrie : « La conception la plus ouverte [de la société], si on met le Liban de côté, c’est la Syrie. Si on organise maintenant un référendum le Président aura les votes nécessaires et même plus. Malgré tout il est là. Plusieurs fois il a parlé en public sans aucune garde ou sécurité autour de lui ».

Gilles-Emmanuel Jacquet

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