Les lèvres mensongères font horreur à l'Éternel, tandis que ceux qui agissent avec fidélité lui sont agréables. Proverbes 12:22 «C'est ce qui sort de l'homme qui le rend impur. En effet, c'est de l’intérieur, c'est du cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées, les adultères, l'immoralité sexuelle, les meurtres, les vols, la soif de posséder, les méchancetés, la fraude, la débauche, le regard envieux, la calomnie, l'orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et rendent l'homme impur.» Marc 7:20-23 Un témoin fidèle ne ment pas, tandis qu’un faux témoin dit des mensonges. Proverbes 14:5 « Vous, vous avez pour père le diable et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement et il ne s'est pas tenu dans la vérité parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, il parle de son propre fond, car il est menteur et le père du mensonge. » Jean 8:44 Si les paroles distinguées ne conviennent pas à un fou, les paroles mensongères conviennent d’autant moins à un noble. Proverbes 17:7 « Écarte de ta bouche la fausseté, éloigne de tes lèvres les détours ! Proverbes 4:24 Craindre l'Éternel, c'est détester le mal. L'arrogance, l'orgueil, la voie du mal et la bouche perverse, voilà ce que je déteste. » Proverbes 8:13 « Pierre lui dit : «Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, au point que tu aies menti au Saint-Esprit et gardé une partie du prix du champ? […] Comment as-tu pu former dans ton cœur un projet pareil? Ce n'est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu.»Actes 5:3-4Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les enchanteurs, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l'étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort.Apocalypse 21.8

lundi 30 septembre 2024

CONTRE L’ABOLITION DE L’HOMME C.S. Lewis


C.S. Lewis : Le "Tao"  contre l’abolition de l’homme (source)





Auteur prolifique, C.S. Lewis est un enfant du renouveau catholique britannique. Cet auteur de romans apologétiques, comme Les chroniques de Narnia, converti en 1931, ne rejoint jamais le giron romain mais se considère comme un anglican orthodoxe. Il est aussi un essayiste de talent : dans L’Abolition de l’homme, tout en se refusant à employer des arguments chrétiens ou même théistes, il défend la morale traditionnelle et universelle face au relativisme moderne.Clive Staples Lewis

C’est en 1943, à partir de cours donnés à l’université de Durham, que Clive Staples Lewis publie L’Abolition de l’homme. Cet ouvrage, qui, à la lecture des premières pages, semble n’être qu’une banale critique d’une philosophie éducative que Lewis estime erronée, révèle en fait une réelle profondeur philosophique. Ce n’est rien moins que l’abolition de l’homme que l’inventeur de Narnia craint ici ; au cœur de la guerre, il estime que le danger ne vient pas seulement des nazis mais que « le processus qui abolira l’homme si on ne l’arrête pas va aussi vite dans les pays communistes et dans les démocraties que chez les fascistes. »

Le point de départ de Lewis est somme toute banal, puisqu’il reproche à deux manuels scolaires de promouvoir une vision du monde selon laquelle tout jugement de valeur est causé par l’état affectif de celui qui l’énonce et n’a dès lors aucune importance. Cependant, Lewis estime que le fait de dénier toute valeur à l’émotion dans les manuels en question n’est pas qu’un simple choix pédagogique, mais l’illustration d’une pensée moderne subjectiviste qui a renoncé à suivre ce qu’il appelle le Tao.

Invoquant toute la tradition humaine, de l’hindouisme ancien à saint Augustin en passant par la philosophie grecque et la pensée chinoise, il constate que l’éducation des hommes s’est toujours fondée sur « la loi naturelle ou la morale traditionnelle, ou les premiers principes de la raison pratique, ou même les platitudes premières. » Il fait quant à lui le choix sémantique d’éliminer toutes ces expressions pour préférer le mot chinois « Tao ». Il ne faut pas y voir un ralliement quelconque aux religions asiatiques, mais simplement une volonté d’utiliser un mot neuf en Occident, pour décrire un phénomène universel et éternel à l’échelle humaine. Le Tao c’est « l’ordre objectif des choses », c’est l’ensemble des valeurs communes que partage l’humanité et c’est donc « le principe même de l’objectivité des valeurs, l’idée que certaines attitudes sont réellement conformes à la réalité de ce qu’est l’univers et de ce que nous sommes, tandis que d’autres ne le sont pas ».

Les deux éducations

Face à cette question du Tao, Lewis remarque qu’une véritable révolution s’est opérée dans l’éducation moderne. Il constate que l’ancienne éducation, qui se situait à l’intérieur du Tao, avait pour principe de « favoriser la naissance de ces réactions au monde qui sont justes en elles-mêmes, indépendamment du fait qu’on les éprouve ou non ». C’est exactement ce que nous disent Platon et Aristote lorsqu’ils affirment que la saine éducation vise à éveiller l’amour du bon et du beau, ainsi que la haine du laid et du mauvais, tout cela avant même l’âge de la raison. Lorsque la raison vient, elle est reconnue et embrassée grâce à sa parenté avec le bon et le beau auquel l’élève fut éveillé.

L’éducation moderne, qui se trouve hors du Tao, regarde au contraire « tous les sentiments comme irrationnels, comme des sortes de buées qui nous cachent la réalité ». Elle se voit donc dans l’obligation d’opter pour l’une des deux voies suivantes : soit elle se décide à « encourager certains sentiments pour des raisons qui n’ont rien à voir avec leur « justesse » intrinsèque ou leur caractère « ordonné » » ou alors elle se résigne à détruire autant que possible le moindre sentiment existant. Si c’est la première voie qui est choisie, alors l’enseignant moderne met en place un conditionnement afin de faire naître chez son élève un sentiment, qu’il pense être sans valeur, mais dont il estime nécessaire qu’il soit éprouvé par ses élèves. « En un mot, l’ancienne éducation était une sorte de propagation – des hommes transmettant l’humanité à des hommes – la nouvelle n’est que propagande ».

Si le moderne se refuse à ce travail de propagande et choisit plutôt de faire taire tout sentiment chez son élève, espérant trouver d’une autre façon un moyen de justifier ses valeurs morales, il sera dans l’incapacité totale à créer une société vertueuse. En effet, nous dit Lewis, « aucune justification de la vertu ne rend capable d’être vertueux » et cela même s’il était possible de justifier des vertus sans faire appel à l’objectivité des valeurs. « Sans l’aide d’une sensibilité bien formée, l’intellect est impuissant contre ce qui est la réaction animale en nous ». Lewis se rit du monde moderne qui exige que les hommes soient dotés de vertus qu’il a lui-même détruites. « La tête gouverne le ventre par l’intermédiaire du cœur » insiste-t-il : l’homme n’est ni un pur esprit, ni un animal viscéral et si on lui enlève son cœur, ses sentiments, alors il ne peut plus produire les valeurs que la société exige pourtant de lui. « Avec une sorte de naïveté effrayante, nous enlevons l’organe et nous exigeons la fonction ». En effet, comment exiger de l’homme plus « d’énergie, ou de dynamisme, ou d’esprit de sacrifice, ou de créativité » si nous avons tué son cœur ? Comment mépriser les traîtres si nous avons tourné l’honneur en dérision ? 

Pas de morale possible sans Tao


 


               La morale par l’exemple, 
ministère de l’Instruction publique (1900)

C. S. Lewis observe que si les modernes professent le subjectivisme à l’égard des valeurs traditionnelles, ils continuent néanmoins à défendre des valeurs qu’ils estiment vraies. Si ce n’était pas le cas, ils n’écriraient pas de manuels scolaires. Ils pensent qu’en détruisant tout « ce développement parasite d’émotions, de sanctions religieuses, de tabous ancestraux » ils pourront faire apparaître les véritables valeurs fondamentales. Rien de plus faux, tonne Lewis, aucune morale n’est possible sans le Tao.
Prenant l’exemple de l’individu se sacrifiant pour le collectif, Lewis constate que le moderne est incapable de formuler un positionnement moral tout en restant rationnel. Savoir que se sacrifier sauvera le plus grand nombre ne peut en aucun cas conduire à la réalisation de ce sacrifice s’il n’y a pas de valeur supérieure affirmant que c’est un devoir de sauver le plus grand nombre. Mais à l’inverse, savoir que se sacrifier causera notre mort ne permet pas de justifier l’absence de sacrifice si aucune valeur supérieure ne nous appelle à conserver notre propre vie. « Le Novateur essaie d’arriver à une conclusion à l’impératif à partir de prémisses à l’indicatif » or c’est absolument impossible, il faut donc accepter que « de simples sentiments, des jugements du type : « c’est un devoir de sauver la société » sont la rationalité même ».

Malgré cette constatation, le moderne n’accepte pas de se plier aux règles millénaires du Tao et renonçant « à la quête d’une essence « rationnelle » de la valeur » tente de la justifier par des éléments plus prosaïques tels que l’instinct. Or non seulement les instincts de l’homme sont contradictoires entre eux, mais il est par ailleurs impossible de voir en quoi l’instinct permet de révéler les « vraies valeurs ». En effet, le moderne ne pense pas que l’homme obéit nécessairement à ses instincts, sinon il n’aurait pas besoin d’en faire la promotion. Il ne pense pas non plus qu’y obéir conduise au bonheur, puisqu’alors il n’est pas possible de parler d’instinct de sacrifice : le moderne ne croit pas au bonheur après la mort. Il ne reste plus qu’une solution, celle de dire qu’obéir à l’instinct est un devoir. Mais si c’est un devoir, c’est bien qu’une valeur morale supérieure le dicte. De fait, Lewis remarque que les conclusions que l’homme moderne tente d’atteindre par l’instinct ne peuvent être que des prémisses : celles du Tao. Les valeurs du Tao sont des prémisses « si évidemment raisonnables qu’il n’y a ni besoin ni possibilité de les démontrer ». Le drame du novateur est que « toutes les valeurs dont il se sert pour attaquer le Tao, et qu’il prétend même lui substituer, sont en fait dérivées du Tao. S’il était vraiment parti de zéro, en se plaçant hors de la tradition morale de l’humanité, aucun tour de passe-passe n’aurait pu le faire arriver à l’idée qu’il faut mourir pour les autres et travailler pour la postérité. Si le Tao s’effondre, toutes ses conceptions de la valeur s’effondrent avec lui, car il n’y en a pas une seule qui puisse prétendre à une autorité venue d’ailleurs ».

Ce sur quoi le professeur Lewis souhaite véritablement insister, c’est qu’il n’est pas possible de choisir dans le Tao ce qui nous plaît ou ce qui ne nous plaît pas. Le Tao est un bloc, et il est inconcevable d’en discriminer des parts puisqu’il n’existe aucun critère de discrimination hors du Tao lui-même. Accepter le Tao c’est l’accepter en entier, le rejeter c’est rejeter toute valeur. Vouloir « édifier à sa place un nouveau système de valeurs est une entreprise contradictoire. Il n’y a jamais eu, il n’y aura jamais un jugement de valeur radicalement nouveau dans l’histoire du monde ». De fait, les idéologies nouvelles ne sont que des fragments du Tao « arrachés à leur contexte et démesurément exagérés dans leur isolement ». Pour Lewis, il n’est pas plus possible d’inventer de nouvelles valeurs que d’imaginer une nouvelle couleur primaire, les idéologies ne sont donc qu’« une révolte des branches contre l’arbre ».

Il faut faire cependant très attention à ne pas mal comprendre Lewis : si le Tao est un bloc immortel, cela ne veut pas dire qu’il ne peut pas y avoir de progrès dans notre perception des valeurs. Mais ce progrès ne peut se faire que dans le Tao, comme un déploiement de celui-ci. « Comme la langue, le Tao admet un développement de l’intérieur ». Ainsi, quand Jésus dit « Fais ce que tu voudrais qu’on te fasse », il y a un véritable progrès par rapport à la phrase de Confucius « Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse ». On reconnaît qu’il y a progrès parce qu’il est nécessaire d’accepter la maxime de Confucius pour accepter celle de Jésus ; de même, si l’on accepte la maxime de Confucius on ne peut que reconnaître dans celle de Jésus un déploiement. Si l’on devait rejeter la phrase de Jésus « cela ne pourrait être que comme quelque chose de superflu, ou qui va trop loin, mais non comme quelque chose d’absolument hétérogène par rapport aux principes auxquels on adhère ».

Le déploiement du Tao, sa véritable compréhension, n’est pas pour autant une question simple, et parfois la frontière entre un développement et une innovation en contradiction avec la tradition est ténue. Lewis parvient pourtant, en annexe de son ouvrage, à citer un très grand nombre de valeurs qui appartiennent au Tao parce qu’on les retrouve dans toutes les civilisations. Il invoque pour cela tous les grands ouvrages de la tradition humaine : le Livre des morts égyptien, la Bible, des hymnes babyloniens, les Lois de Manou, l’Edda ou encore l’Iliade ou Beowulf. De ces textes, il tire un certain nombre de préceptes allant de l’interdiction du meurtre à la condamnation de l’adultère, mais aussi affirmant des devoirs vis-à-vis de sa postérité comme de ses ancêtres. Il constate que la bonne foi est partout acclamée tandis que le vol est toujours condamné. La miséricorde, la magnanimité, le sens de la justice, celui du sacrifice portent le sceau du Tao dans toutes les grandes traditions humaines.

Vers la défaite de l’homme ?

Le Livre des morts des Anciens Égyptiens

C’est à la fin de son ouvrage que l’on sent poindre la sourde inquiétude de Lewis. Observant l’homme moderne, il ne peut que remarquer les assauts incessants que celui-ci mène contre la nature, pensant ainsi la posséder. La modernité serait la victoire de l’homme sur la nature. Lewis n’en croit rien, il estime que le pouvoir gagné sur la nature est en fait le pouvoir de certains hommes gagnés sur la masse de leurs contemporains et de leurs descendants. « Pour ce qui est du pouvoir incarné dans l’avion ou dans la radio, l’homme en est l’esclave aussi bien que le maître, puisqu’il sert de cible aux bombes aussi bien qu’à la propagande. Quant aux contraceptifs, il y a un sens paradoxal et négatif où on peut dire que toutes les générations à venir dépendent d’un pouvoir exercé par ceux qui sont déjà, eux, en vie ». Il est tout à fait singulier qu’avant même la naissance de la notion d’écologie et des inquiétudes autour de ce sujet, Lewis puisse écrire que « pour comprendre pleinement ce qu’est le pouvoir de l’homme sur la nature, et donc le pouvoir de certains hommes sur d’autres, il faut se présenter l’espèce humaine à travers le temps, de la date de son apparition à la date de son extinction. Chaque génération exerce un pouvoir sur celles qui la suivent ; et chacune d’elles résiste à ce pouvoir, et le limite donc, dans la mesure où elle transforme l’environnement dont elle hérite et où elle se révolte contre la tradition ». La véritable inquiétude de Lewis, c’est que l’homme tente de vaincre la dernière part de la nature qu’il ne contrôle pas, c’est-à-dire la nature humaine. « Si la maîtrise de la génétique et une éducation vraiment scientifique donnent jamais à une époque quelconque le pouvoir de modeler ses descendants à son gré, tous les hommes qui vivront après elle dépendront de ce pouvoir-là ».

Si jamais la maîtrise de la nature par l’homme venait à être totale, si le dernier bastion qu’est la nature humaine venait à tomber, par l’eugénisme, le conditionnement prénatal et la propagande subjectiviste, alors ce ne serait pas l’homme qui aurait gagné mais la nature elle-même. La véritable thèse du livre de Lewis se trouve là. Si les valeurs ne sont que de simples émanations de sentiments méprisables, l’homme nouveau ne pourra pas être conditionné par elles. Les conditionneurs de la nature humaine vaincue seront émancipés de toutes ces traditions qu’ils méprisent. Ils auront donc tout pouvoir pour « choisir, pour leurs raisons à eux, quel Tao artificiel ils vont implanter dans l’espèce humaine. Ce sont eux qui vont donner les motifs d’agir, ce sont des créateurs de motifs. Mais qu’est-ce qui les motivera eux-mêmes ? » Ils seront incapables d’agir, ceux qui ont enterré le Tao, ceux qui pensent que la tradition humaine n’est que le simple fruit des terribles et implacables lois de la causalité. En refusant les prémisses du Tao, plus rien ne leur dictera leur devoir, il n’y aura ni bien ni mal. « Dès qu’ils essayent d’obéir à un motif, il se révèle être une pétition de principe […] en sortant du Tao, ils sont entrés dans le vide. Quant à ceux qu’ils dominent, ils ne sont pas forcément malheureux ; ce ne sont pas des hommes non plus : ce sont des produits fabriqués. La victoire finale de l’homme, on le voit, c’est l’abolition de l’homme ».

Ces conditionneurs n’auront alors plus aucune raison d’agir, si ce n’est leur bon plaisir immédiat, ce qui vient de leur tripe, de leur animalité. « Tout ce qui n’est pas leur bon plaisir a perdu toute justification. Mais ce qui n’a jamais prétendu à l’objectivité ne peut être détruit par le subjectivisme ». Si tout bien n’est plus que subjectif, alors ne reste que le désir de l’instant. La seule source du conditionneur ne peut être que son désir, d’où qu’il vienne, et dans l’ordre de sa venue et non pas celui de sa bonté, puisqu’il n’existe plus d’échelle de valeurs. C’est donc le hasard qui gouverne, c’est-à-dire la nature, « l’hérédité, la digestion, le temps qu’il fait ». Finalement, « si on ne veut ni obéir au Tao ni se suicider, il n’y a plus qu’une possibilité, obéir au désir du moment, et donc en fin de compte à la pure « nature » ». Ainsi donc, la victoire de l’homme sur la nature ne peut être que la défaite complète de tout ce qui est humain chez l’homme. L’abandon du Tao ne conduit qu’à la victoire de l’animalité, c’est-à-dire de la nature. Or « la nature est apparemment ce qui est spatial et temporel, par opposition à ce qui l’est moins pleinement ou pas du tout. C’est le domaine de la quantité, par opposition à celui de la qualité. C’est aussi le domaine des objets par opposition à celui de la pensée ; le domaine du déterminisme par opposition à celui de l’autonomie, totale ou partielle, le domaine où il n’y a pas de valeurs par opposition à un domaine où il y en a et où en reconnaît. C’est le domaine enfin des causes efficientes […] par opposition à celui des causes finales. »

Cette abolition de l’homme trouve sa source originelle dans une vision dévoyée de la science, dont des hommes tels que Francis Bacon ont imposé la vision. Pour la philosophie traditionnelle, l’objectif suprême était de conduire les âmes à la pleine conformité avec la réalité. Lorsque au XVIe siècle se développent de manière concomitante science appliquée et magie, l’objectif des nouveaux sages change : il s’agit désormais pour eux de soumettre la réalité à leurs désirs. Si les alchimistes ne parviennent pas à transformer le plomb en or, les nouveaux scientifiques nous conduisent à la révolution industrielle et à l’ersatz de victoire contre la nature. Lewis ne s’oppose pas à la science, mais il rappelle qu’en oubliant que l’objet d’étude, produit par l’analyse et l’abstraction, n’est pas une réalité mais une simple réduction de celle-ci, les scientifiques ont outrepassé leur rôle et s’apprêtent désormais à conduire l’abolition de l’homme.



samedi 28 septembre 2024

INTERPRÉTATION ORTHODOXE DE L'APOCALYPSE [9] (suite)

 Les Signes des temps

    Heureusement, Dieu a ordonné une série d’étapes pour alerter ses enfants assiégés par des événements historiques cruciaux. Le Seigneur a montré que de tels indicateurs ne peuvent être ignorés qu'à leurs risques et périls, et Il a réservé une grande dose d'indignation à ceux qui n'observent ni ne comprennent ces signaux : «  Le soir, vous dites: Il fera beau, car le ciel est rouge; et le matin: Il y aura de l'orage aujourd'hui, car le ciel est d'un rouge sombre. Vous savez discerner l'aspect du ciel, et vous ne pouvez discerner les signes des temps. Une génération méchante et adultère demande un miracle; il ne lui sera donné d'autre miracle que celui de Jonas. Puis il les quitta, et s'en alla » (Matthieu 16 : 2-3).

Les signes ne sont pas donnés pour que les oisifs ou les curieux puissent prédire des dates et spéculer sur des personnalités, mais pour que les croyants puissent se préparer à combattre le mal. Bien que le Seigneur ait qualifié sa génération de « méchante et adultère » (Matthieu 16 : 4) pour avoir cherché un signe, dans sa miséricorde et sa compassion, il a permis que des choses spécifiques se produisent au cours des derniers jours pour avertir l’humanité spirituellement affaiblie. « De même, vous aussi, lorsque vous verrez toutes ces choses, sachez qu'elles sont proches, à votre porte ! En vérité, je vous le dis, cette génération ne passera pas avant que toutes ces choses n'arrivent » (Matthieu 24 : 33, 34).

Si un conducteur ignore délibérément un panneau « Pont écroulé» et que sa voiture coule dans la rivière, il peut à juste titre être considéré comme idiot. De la même manière, ceux qui ignorent les signes divins établis pour avertir l’humanité s’exposent volontairement au plus grand risque possible. « Des signes apparaissent de temps en temps dans l'histoire, a affirmé l'auteur catholique Vincent Miceli, non pas pour fixer le jour, mais pour nous rappeler que l'Antéchrist et la lutte finale entre l'Église et ses ennemis approchent chaque jour ».

Quels signes les chrétiens doivent-ils donc surveiller ? Saint Ignace Brianchaninov, évêque russe du XIXe siècle récemment canonisé, a insisté sur le fait que l'état corrompu des âmes des hommes et de la société sera en soi un avertissement divin : « La débauche universelle, ainsi que le progrès matériel le plus abondant qui l'a engendrée, seront le signe de la fin des temps et du terrible jugement prochain du Christ. »

Cependant, les signes que Dieu a donnés pour la fin des temps sont encore bien plus détaillés et spécifiques que cela. Le bienheureux Augustin, l'un des grands Pères occidentaux des IV et V° siècles, ordonne les événements majeurs comme suit : « En relation avec [le] jugement dernier, les événements suivants se produiront, comme nous l'avons appris : Élie le Tishbite viendra ; les Juifs croiront ; l’Antéchrist persécutera ; le Christ jugera ; les bons et les méchants seront séparés ; le monde sera brûlé et renouvelé. Toutes ces choses, nous le croyons, arriveront ; mais comment, ou dans quel ordre, l'entendement humain ne peut parfaitement nous l’enseigner, mais seulement l'expérience des événements eux-mêmes. Mon opinion est cependant qu’ils se produiront dans l’ordre dans lequel je les ai relatés » (in La cité de Dieu

(À suivre)



vendredi 27 septembre 2024

"Ce n'est pas Dieu qui est à blâmer pour la guerre, mais les gens…" par Mgr ONUPHRE,métropolite de Kiev et de toute l'Ukraine

«Quand le Sauveur, Le fils de Dieu, qui a accepté notre nature humaine, est venu sur terre, le peuple juif attendait de lui que ce soit la personne, le héros qui organise, construise ou restaure le Royaume d'Israël. Mais ce n'est pas arrivé. Et quand Christ a été interrogé à ce sujet, il a répondu que le Royaume qu'il prêchait n'était pas de ce monde. Le Sauveur a fait beaucoup de miracles. Quand le Seigneur a ressuscité le juste Lazare, beaucoup ont cru en lui. Alors le Sanhédrin se rassembla, les grands prêtres, les pharisiens. Ils ont décidé que si les gens continuaient à suivre Jésus, les Romains viendraient et les posséderaient tous. C'est – à-dire qu'ils croyaient que les miracles du Sauveur n'étaient pas des actes patriotiques. Et quand le Sauveur a été jugé, on lui a reproché d'être l'adversaire de César, c'est-à-dire le roi romain, l'empereur. Pour résumer ce qui a été dit, notre Sauveur, le Seigneur, a été accusé de ne pas être un Patriote, de ne pas soutenir les idées politiques qui dominaient à l'époque où il vivait. Mais qui peut dire que c'est le cas? 

Le Sauveur est venu étreindre tous les hommes, les libérer du péché. On lui a cousu cette étiquette. Et le Seigneur a dit:»Ce qu'ils m'ont fait, ils vous le feront." Nous sommes l'Église du Christ. Une Église canonique est une Église qui repose sur ce que le Christ et ses apôtres ont donné. Et à chaque fois que notre Église existe, nous avons toujours été accusés de ne pas être des patriotes. Bien que plus de patriotes que dans notre Église, je n'en vois pas et je n'en ai jamais vu. - Le patriotisme s'exprime dans le fait que si je suis un Patriote, alors je veux le bien de ma terre, je veux le bien de mon peuple. Comment obtenir ces avantages? Qui est le donneur de ces avantages? C'Est Le Seigneur! Le Seigneur fait du bien, pas nous! Et cela arrive à tout le monde: si je sers fidèlement Dieu, que je respecte les lois, les règles, les lois de Dieu, alors je suis le Patriote, le meilleur, parce que par moi, le pécheur qui essaie d'accomplir ces lois, la bénédiction de Dieu va sur toute notre terre, sur notre peuple. Si je ne le fais pas, alors je vis contrairement aux Lois Divines, alors vous pouvez briser la poitrine avec un poing que je suis un grand Patriote, et en même temps nuire à moi-même, à mon peuple, à la terre. Parce que par le récipient du péché, la grâce de Dieu n'est pas fournie à la terre. Ainsi, notre Église a toujours été et est Patriote, mais notre patriotisme s'exprime dans le fait que nous appelons les gens à vivre avec Dieu, à être en paix avec lui. Et en cela, nous trouvons le bonheur pour nous-mêmes, et par cela, nous mendions la grâce de Dieu sur notre terre, sur notre peuple. Si nous parlons maintenant spécifiquement de la guerre qui bouillonne à l'est, je voudrais souligner l'essence de cette guerre. C'est une guerre civile. Parce que je ne dis pas cela simplement comme si je répétais quelqu'un, mais je le sais personnellement des évêques qui y servent, des gens de mes connaissances, que, par exemple, le père de la famille sert dans la garde Nationale et le fils du côté de la milice. Beaucoup d'amis ont un frère d'un côté, et l'autre frère sur l'autre. Beaucoup d'amis qui vivent à Kiev, et eux-mêmes originaires de Donetsk, disent que leurs amis étaient de l'autre côté. Ceux qui vivent ici sont de notre côté et ceux qui sont restés là de l'autre. Bien sûr, quand il y a un conflit militaire, quand, par exemple, il y avait une guerre civile après la révolution de 1917, alors il y avait des pillards et des assassins, et le crime, et tout. Ainsi, la guerre fratricide actuelle est maintenant aussi liée à la cruauté qui s'y produit. Mais cette situation n'est pas créée par les personnes qui se battent, mais par celles qui sont à l'origine de cette guerre. C'est une guerre fratricide. C'est pourquoi l'Église, comme après la révolution de 1917, appelle maintenant à se réconcilier, à se pardonner. Nous pourrons ainsi préserver l'intégrité de notre état – l'Ukraine. Ainsi, nous donnerons à notre peuple la possibilité de se développer, d'améliorer en quelque sorte la situation matérielle. Cela ne sera pas basé sur la guerre et le sang, c'est pourquoi l'Église appelle les gens à trouver la force de se pardonner les uns les autres, d'arrêter de se tuer les uns les autres. Cette position de notre Église n'est pas à partir d'aujourd'hui, elle persiste depuis 1917, elle l'était à d'autres moments, quand il y avait les mêmes guerres, quand nos Princes, qui se sont rebellés sous le Saint – Prince Vladimir, ont tué leurs frères-svyatopolk, puis d'autres. Et à cette époque, notre Église, l'Église Canonique, appelait à se pardonner. Pour cela, ils ont chassé les moines, les évêques, ils nous ont haïs, puis ils ont compris que nous avions raison et que nous étions réconciliés. Donc, je pense que nous comprendrons dans la situation actuelle. – Aucun. 

    Bien que les autorités aient eu besoin de l'Église pour la soutenir (le pouvoir soviétique). Il y avait alors des prêtres, des évêques qui sont allés là – bas, ils sont passés de l'autre côté-ce sont des rénovateurs célèbres. Ils ont commencé à offrir leurs services, disaient-ils, "ce qu'ils disent, alors nous le ferons, laissez-nous nous asseoir sur cette chaise, qui est à côté de vous, et nous ferons tout ce que vous dites". Et ils ont tous disparu, même ceux qui les utilisaient les détestaient, parce que personne n'aime les traîtres. Les traîtres sont utilisés, mais personne ne les aime. Et aujourd'hui, nous avons aussi des évêques et des prêtres politisés quelque part qui veulent aussi suivre le courant de la ligne politique. Et ils sont là aussi pour accueillir tout le monde, mais ce n'est pas juste, c'est faux! Je pense que nous en avons aussi. Et ce n'est pas juste et malhonnête. Pour cela, il faut répondre, donner une réponse au Seigneur. Comment puis-je consoler la mère qui est venue me voir? Beaucoup de mères viennent me voir, dont les fils sont morts à la guerre, du côté de l'armée ukrainienne ou de l'autre côté. Avec cette armée, ils ne viennent pas à moi, mais ils viennent à nos évêques. Et nous ne pouvons pas, je ne peux pas prouver quelque chose à la mère ou la réconforter, vous savez... je n'ai pas d'argument pour la calmer. Dire que son fils est mort parce qu'il a défendu l'intégrité de l'Ukraine dans la guerre. Je ne peux pas: elle n'en a rien à faire – elle a besoin d'un fils. Après tout, nous vivons parmi les gens simples et ordinaires. Je respecte le pouvoir. Il est permis par Dieu Mais Dieu met l'autorité pour qu'elle fasse la volonté de Dieu. Pour qu'elle affirme et crée la paix, pas la guerre. J'aime et respecte le pouvoir, mais je demande qu'il fasse tout ce qui est en son pouvoir pour mettre fin à la guerre. Je ne fais pas de compromis et je ne cède pas seulement en relisant la Loi de Dieu. Et c'est ainsi que je fais des compromis et que je cède à ce que je peux. Mais en ce qui concerne les règles canoniques et la vie de l'Église, qui les guide sur notre terre depuis plus de mille ans, et dans l'histoire depuis plus de deux mille ans, l'Église n'a jamais cédé et ne peut pas céder. Si je fais ça, si je fais des compromis, nous cesserons d'être dans l'Église. Elle le fera, mais je serai déjà hors de l'Église, et je ne le veux pas, je veux être dans l'Église. – Le Saint Évangile dit « " Et les cheveux de la tête d'un homme ne tomberont pas sans la volonté de Dieu.» Mais cela concerne les gens qui vivent selon la volonté de Dieu. Et ceux qui vivent sans elle se déchirent les cheveux sur la tête. Je vais l'expliquer autrement: le péché a la propriété de s'étendre à la génération de cet homme qui pèche. La vertu s'étend également à la postérité de celui qui fait la vertu. Et les Saintes écritures disent que si un homme fait le bien, la bénédiction de Dieu s'étendra à des milliers de générations de cet homme. Si c'est le mal, alors la conséquence du mal se propage à la troisième, la quatrième génération. C'est-à-dire que si je pèche, mon fils, mon petit-fils, mes arrière-petits-enfants souffriront de mon péché. Et le fait qu'il y ait une guerre, ce n'est pas Dieu qui est à blâmer, mais l'homme. L'homme est doué de Dieu par le libre arbitre. Et si les gens veulent se battre eux-mêmes, ils n'écoutent pas Dieu, ils se battent. Pourquoi les enfants meurent-ils? En raison de la guerre, du projectile qui a frappé, et c'est aussi la faute de ceux qui se battent, et non de Dieu. Dieu ne veut pas que quelqu'un périsse et que les enfants meurent. Mais ceux qui péchent le permettent. - Il peut arrêter, mais alors il y aura une violation du libre arbitre de l'homme. C'est – à-dire que les hommes deviendront comme des animaux, parce que le libre arbitre est la propriété de la ressemblance de Dieu, qui est dans l'homme. Qu'est-ce que la ressemblance? Cela signifie être capable de profiter du bonheur, de la paix, de la joie. Si cette image n'est pas dans l'homme, alors il ne l'éprouvera pas, il sera comme un animal – manger, dormir, encore manger, après quelques années aller dans la terre, et c'est fini. Et l'image de Dieu donne à l'homme la possibilité de profiter des avantages que le Seigneur a en lui-même, et donne à travers cette image aux gens la possibilité de rester ici et d'avoir la poursuite de ce plaisir dans l'éternité. Par conséquent, Dieu ne prend pas cette propriété de l'homme, ne dit pas: vous voulez la guerre, alors je prends le libre arbitre, et vous ne voulez pas – je donne. Serait-ce juste? Même la personne à qui Dieu aurait enlevé ce libre arbitre, peut alors dire au jugement Dernier -  "Seigneur, j'aurais pu ne pas aller à la guerre, je n'y serais pas allé et je n'aurais tué personne, mais tu ne m'as pas donné une telle opportunité." Et Dieu permet à l'homme de réaliser cette image, il veut qu'elle soit réalisée selon sa volonté, dans le bien, et non dans le mal. Par conséquent, ce n'est pas Dieu qui est à blâmer pour la guerre, mais les gens. Et la faute est que les enfants meurent dans la guerre, ceux qui la créent, pas Dieu.

- Je veux leur dire qu'ils ne sont pas les plus pécheurs que quelqu'un pense parce qu'ils souffrent de la guerre. Je parle des gens ordinaires qui n'ont rien à voir avec la guerre, pas de ses créateurs, mais des civils. Ils ne sont pas les plus pécheurs. Comme le Seigneur l'a dit une fois, une tour est tombée sur les gens là-bas, les a tués, mais ils n'étaient pas les plus pécheurs, mais si vous ne vous repentez pas, alors tout périra de cette façon. Et c'est le Seigneur à travers eux qui nous montre que, si nous ne vivons pas selon la volonté de Dieu, la même chose nous attend. "L'épée vous dévorera", tel est le mot biblique (Isaïe 1:19-20). Quand les Juifs vivaient avec Dieu, c'était le bien-être, la terre donnait naissance, les enfants se développaient, tout se faisait,c'était le bonheur. Ils ont commencé à s'éloigner de Dieu – la faim, la peste, la guerre, l'épée sont venues. Elles les couleront, elles les couleront, puis ils se repentiront et vivront bien à nouveau. Et cela a été répété à plusieurs reprises, et nous le faisons à la même échelle mondiale. Nous ne vivons pas avec Dieu – nous faisons nous-mêmes la guerre, nous en sommes responsables. Repentons – nous, revenons à Dieu-et tout s'arrêtera, et il y aura encore une vie douce, belle et paisible. Et à ces gens qui souffrent, je souhaite la bénédiction de Dieu. Et le Seigneur ne les quittera pas. La chose principale est qu'ils vivent avec Dieu, le Seigneur ne se détournera pas d'eux, le Seigneur ne se détournera pas d'eux.Ils vont tout supporter. Que Dieu sauve ! » (source)

 


UKRAINE- Les 100 ans de la Résurrection du monastère de la Mère de Dieu dans le village d'Oleksandrivka

 Le 21 septembre 2024, la Divine Liturgie du jour de la Résurrection de la Bienheureuse Vierge Marie, le métropolite Agafangel célèbre les 100 ans de la Résurrection du monastère de la Vierge Marie dans le village d'Oleksandrivka.

jeudi 26 septembre 2024

Être Une Personne Authentique, C'est Regarder Profondément En Face Des Vérités Inconfortables


C'est être confronté à  toutes les images de corps déchiquetés à Gaza avec une compréhension viscérale que ce sont des choses réelles qui arrivent à de vraies personnes dont la vie comptait autant que la vôtre.
23 Septembre 2024 

C’est accepter la réalité que la structure de pouvoir à laquelle vous avez été élevé à faire confiance et le parti politique auquel vous avez été élevé à vous rallier sont responsables de certaines des pires choses qui se soient jamais produites dans notre monde, et que leur dépravation doit être combattue becs et ongles.

C’est regarder sans sourciller la possibilité très réelle que la folie de nos gouvernants puisse causer l’extinction totale de l’humanité par une guerre nucléaire ou la destruction de l’environnement au cours de votre propre vie.

C’est admettre que votre compréhension antérieure d’une question était une perception erronée causée par la propagande, et être pleinement ouvert à la possibilité que cela soit également vrai pour votre compréhension actuelle d’autres questions.

C’est reconnaître profondément les façons dont vos propres illusions et dysfonctionnements ont joué un rôle dans les illusions et les dysfonctionnements de l’humanité dans son ensemble, et cesser de vous considérer comme séparé ou séparable du schéma autodestructeur de notre espèce.

C’est être honnête avec soi-même sur les circonstances de sa naissance et les façons dont on est mieux loti que d’autres personnes dans d’autres circonstances et dans d’autres parties du monde – souvent aux dépens de ces mêmes populations.

C’est être honnête avec soi-même sur la façon dont ses actions nuisent aux autres et prendre toutes les mesures nécessaires pour y remédier chaque fois que c’est possible.

C’est être honnête avec soi-même sur la façon dont on a été blessé – ses traumatismes, ses croyances erronées et les mécanismes d’adaptation inadaptés qui en découlent – et faire le travail nécessaire pour les guérir.

C’est être honnête avec soi-même sur le peu de connaissances que l’on a de ce mystère illimité qu’est la vie, et être humble dans sa position de membre désemparé d’une jeune espèce dans un univers qu’aucun d’entre nous ne comprend.

C’est explorer avec une curiosité sincère la possibilité que toutes nos hypothèses sur la réalité dont nous faisons l’expérience aient été erronées pendant tout ce temps, jusqu’à nos croyances sur des choses aussi fondamentales que la pensée, la perception et l’existence d’un moi ou d’un monde extérieur séparé.

C’est être une personne authentique, c’est plonger constamment dans l’inconfort, l’inconnu et l’imprévisible, même si cela ressemble à une sorte de mort, pour la seule raison que c’est là que se trouve la vérité.

C’est accueillir toujours la vérité à bras ouverts, même si elle est désagréable, embarrassante, incommode ou carrément terrifiante, quoi qu’il arrive.

mercredi 25 septembre 2024

INTERPRÉTATION ORTHODOXE DE L'APOCALYPSE [8] (suite)

Teachings of Jesus 38 of 40. the rapture. one in the field. Jan Luyken etching. Bowyer Bible.gif
By Jan Luyken - Bowyer's Bible, Bolton, England, Public Domain, Link

 L'"Enlèvement" ou le Millénarisme en tant qu'illusoire évitement

Les chrétiens peuvent être intimidés et amenés à éviter le sujet de la fin des temps simplement parce que la société moderne les en décourage. Après tout, la perspective de la "fin" de ce monde prive de sens toutes les activités terrestres. La plupart des attitudes contemporaines sont basées sur un point de vue utopique plutôt que chrétien (même lorsque cela n’est pas admis ni même consciemment reconnu). Le monde n’est peut-être pas parfait à l’heure actuelle, disent une grande partie de la société, mais il est perfectible. Et un jour, avec l’homme comme mesure de toutes choses, l’amour fraternel et la paix se réaliseront sur cette terre. « Donc, tout va bien ! » parodiait de manière sarcastique l'archevêque Averky, théologien orthodoxe contemporain. Il n'est pas nécessaire de travailler sur soi-même, et aucune lutte spirituelle n'est requise ; les jeûnes peuvent être abolis. Tout ira mieux de soi, jusqu'à ce que le Royaume de Dieu soit finalement établi sur terre avec une satisfaction et une bénédiction terrestres universelles. » 

Même les chrétiens, dans la mesure où la pensée laïque a envahi leur compréhension, peuvent contourner les aspects de la fin des temps et se réfugient dans des concepts réconfortants mais fallacieux tels que le millénarisme (croyance en un règne littéral millénaire du Christ qui est encore à venir) ou le Ravissement* (l'enlèvement des chrétiens au ciel avant la Grande Tribulation).

Le désir des hommes modernes, qu'ils soient laïcs ou « Chrétiens », pour une histoire spécifiquement non chrétienne, dépourvue de toute fin des temps, est bien documentée et tout à fait compréhensible. Même les musiciens populaires, généralement innocents de toute profondeur de pensée, chantent « se rassembler » et « donner une chance à la paix ». Dans tous les domaines de l'entreprise humaine contemporaine, économique, politique, religieuse ou sociale, le message de « créer un monde meilleur pour l'homme » est claironné.

« Théoriquement peut-être, a rappelé l’archevêque Averky,… nous admettons la fin du monde, la seconde venue du Christ, le jugement dernier et la vie future, mais en pratique nous vivons et agissons comme si rien de tout cela n'était à prévoir et que nous n'avons qu'à le prendre à l'aise ici sur terre en nous procurant toutes sortes de bonnes choses et de commodités. » 

L’ignorance ou le mépris de la vérité ne diminuent cependant pas la réalité de la vérité. Les chrétiens ne peuvent pas ignorer la fin des temps comme une notion archaïque et hyper-religieuse simplement parce que c’est un sujet difficile. Le monde les invite à la complaisance et au réconfort, mais Jésus appelle à la vigilance : « Veillez donc et priez toujours, afin que vous soyez jugés dignes d'échapper à toutes ces choses qui arriveront » (Luc 21 : 36). (À suivre)


Le concept de "l'Enlèvement", en particulier en tant qu'événement pré-tribulation où les chrétiens sont emmenés au ciel avant la Grande Tribulation, provient principalement de certaines interprétations de l'eschatologie chrétienne, en particulier dans la théologie évangélique et dispensationaliste. Cette idée est notamment dérivée de passages du Nouveau Testament, en particulier:


1. 1 Thessaloniciens 4: 16-17 : Ce passage décrit le Seigneur descendant du ciel, avec les morts en Christ ressuscitant en premier, suivis des croyants vivants qui sont "enlevés avec eux sur des nuées à la rencontre du Seigneur dans les airs."Le terme "rattrapé" est traduit du mot grec harpazō, qui signifie "saisir" ou "arracher"."Ce verset est la pierre angulaire de la doctrine de l'Enlèvement.


2.  1 Corinthiens 15: 51-52 : Paul parle d'un mystère où les croyants seront changés "en un instant, en un clin d'œil, à la dernière trompette."Cette transformation est vue comme l'événement instantané de l'Enlèvement.


3. Matthieu 24: 40-41 : Jésus parle de deux personnes dans un champ, l'une prise et l'autre laissée, ce que certains interprètent comme décrivant l'Enlèvement.


L'interprétation spécifique selon laquelle l'Enlèvement se produit avant la Grande Tribulation (la période de sept ans de souffrance et de jugement sur Terre décrite dans le Livre de l'Apocalypse) a été popularisée au 19ème siècle par John Nelson Darby, une figure éminente du développement du dispensationalisme. Le dispensationalisme divise l'histoire en différentes périodes ou "dispensations" des relations de Dieu avec l'humanité, et il met l'accent sur une interprétation littérale de la prophétie biblique.


Les enseignements de Darby, ainsi que la publication de la Bible de référence Scofield au début du 20e siècle, ont contribué à répandre largement la croyance de l'Enlèvement pré-tribulation, en particulier aux États-Unis. Cette interprétation a ensuite été popularisée par des auteurs et des médias évangéliques modernes, tels que The Late Great Planet Earth de Hal Lindsey (1970) et la série Left Behind  de Tim LaHaye et Jerry B. Jenkins.


Bien que le concept d'Enlèvement soit au cœur de nombreuses croyances chrétiennes évangéliques et fondamentalistes, il n'est pas universellement accepté par toutes les confessions chrétiennes, dont beaucoup interprètent ces passages bibliques différemment, les considérant souvent comme des événements symboliques ou spirituels plutôt que littéraux.



"Le plan prophétique de Dieu"

 selon le site protestant https://www.seeyouinheaven.life/





mardi 24 septembre 2024

DANS LE TERRIER DU LAPIN par Herman Andrew Middleton



Dans Le Terrier Du Lapin ️ ️ 

Je voulais changer le monde. Mais j'ai découvert que la seule chose que l' on peut être sûr de changer, c'est soi-même."  Aldous Huxley

La citation de Neil Postman que nous allons examiner est tirée de son ouvrage le plus connu, Amusing Ourselves to Death: Public Discourse in the Age of Show Business en français :  Se distraire à en mourir  1985

   " Nous avions l'œil sur 1984. Quand l'année est arrivée et que la prophétie n'a pas eu lieu, les Américains réfléchis ont chanté doucement leurs louanges. Les racines de la démocratie libérale avaient tenu. Partout ailleurs où la terreur s'était produite, nous, au moins, n'avions pas été visités par des cauchemars orwelliens. Mais nous avions oublié qu'à côté de la vision sombre d'Orwell, il y en avait une autre—un peu plus ancienne, un peu moins connue, tout aussi effrayante: Le Meilleur des Mondes d'Aldous Huxley. Contrairement à la croyance commune, même parmi les personnes instruites, Huxley et Orwell n'ont pas prophétisé la même chose. Orwell prévient que nous serons vaincus par une oppression imposée de l'extérieur. Mais dans la vision de Huxley, aucun Big Brother n'est nécessaire pour priver les gens de leur autonomie, de leur maturité et de leur histoire. Comme il l'a vu, les gens en viendront à aimer leur oppression, à adorer les technologies qui annulent leurs capacités de penser."

Neil Postman

George Orwell a publié son roman dystopique en 1949, et il a capturé les esprits et les cœurs d'une grande partie de l'Occident d'après-guerre. Alors que la grande menace de la droite avait été vaincue pendant la Seconde Guerre mondiale, il y avait une réelle crainte de la grande menace de la gauche : le régime communiste autoritaire était une chose très réelle après la Seconde Guerre mondiale, et il semblait se répandre dans le monde entier.

    George Orwell a donné à l'Occident une année pour s'inquiéter : 1984. Il y avait donc un certain soulagement en 1984 quand cela allait et venait sans que la prophétie d'Orwell se réalise, les Américains se sentaient soulagés et une certaine fierté de leur démocratie.

    Postman, cependant, soutient que cet optimisme était quelque peu erroné: alors que la vision autoritaire d'Orwell n'avait pas encore pris racine (encore(!)) en Occident, la vision dystopique souvent négligée d'Aldous Huxley dans Brave New World devenait de plus en plus une réalité.

    Comme le souligne Postman, Orwell et Huxley avaient des avertissements différents:

Orwell a mis en garde contre l'oppression externe par un régime autoritaire, tandis que Huxley a mis en garde contre les gens qui abandonnent volontairement leur liberté en raison de leur amour pour les technologies et les plaisirs oppressifs. La vision de Huxley est plus difficile à discerner, et donc plus dangereuse: elle ne nécessite pas un Big Brother autoritaire; les gens abandonnent d'eux-mêmes leur autonomie et leur intimité, séduits par le confort de la technologie. Le principal avertissement de Huxley est que les menaces à la liberté peuvent venir de l'intérieur, à travers nos propres choix et désirs

Postman a publié Amusing Ourselves to Death en 1985, et les choses n'ont fait qu'empirer depuis. Internet, et en particulier les médias sociaux, ont dégradé la valeur et l'intégrité de l'information, ainsi qu'un discours responsable et civilisé sur des questions importantes. La télévision était une technologie extrêmement perturbatrice, mais les médias sociaux se sont avérés être une technologie encore plus puissante et perturbatrice.

Alors, que pouvons-nous y faire? J'aimerais que Tu n'es pas une Machine ne soit pas seulement un endroit où nous pouvons discerner et discuter des changements importants que notre culture a connus au cours du siècle dernier, mais aussi un endroit où nous pouvons discuter d'une vision plus positive de l'avenir. Peu importe à quel point les choses vont mal, nous avons le libre arbitre...il y a des choses que nous pouvons faire pour améliorer les choses. Comme pour tous les vrais changements positifs, cependant, cela commence en chacun de nous. Si nous voulons contribuer à rendre le monde meilleur, nous devons commencer par apporter des changements positifs dans nos propres vies. Dans ce cas...un bon point de départ est de commencer à être plus conscient que les médias sociaux peuvent être séduisants. Nous pouvons être séduits en disant des choses en ligne que nous ne serions pas assez audacieux pour dire en personne.

    Si nous voulons continuer à être en ligne, pour que nous soyons des personnes saines, entières et intégrées, nous devons nous assurer que notre personnage en ligne correspond à notre personnage hors ligne. Nous devons également nous rappeler que les cultures civilisées établissent des frontières pour une raison. Il était de sagesse commune que la politique et la religion ne devraient pas être discutées dans une société polie, car cela risquait de provoquer des divisions. Je ne dis pas que c'est nécessairement le cas, mais il est certain que les sociétés saines sont des sociétés qui ont des frontières sociales saines.

Un aspect de l'expérience sociale de masse dans laquelle nous nous trouvons est que nous vivons dans une culture qui a abattu toutes les frontières et essaie activement de se débarrasser de tous les tabous. Encore une fois, le problème est que ces frontières et tabous ont été mis en place il y a des siècles afin de préserver la cohésion sociale. Nous ne devrions pas être surpris de voir nos sociétés s'effondrer alors que nous détruisons activement les conventions et les institutions dont dépend notre cohésion sociale.

Encore une fois, je ne dis pas que tout changement est mauvais. Il y a certainement des torts historiques auxquels il faut remédier. Je dis simplement que nous devons être plus sages...il y a beaucoup de bébés jetés avec l'eau proverbiale du bain, et ce n'est pas une bonne chose. […]

Herman Andrew Middleton


lundi 23 septembre 2024

INTERPRÉTATION ORTHODOXE DE L'APOCALYPSE [7] (suite)

Meister des Evangeliars von Rossano 002

La fin des temps n’a-t-elle pas d’importance ?

En raison des opinions variées entourant les derniers jours, de nombreux chrétiens préfèrent éviter complètement le sujet, le jugeant trop difficile à comprendre et, de toute façon, sans rapport avec le salut de leur âme. Même s’ils soupçonnent, sur la base des maux qui abondent dans le monde contemporain, que les conditions sont peut-être effectivement réunies pour la fin des temps, ils ne font rien pour y remédier.

Mais si le Christ est « le même hier, aujourd'hui et éternellement » (Hébreux 13 :8), les derniers chrétiens doivent néanmoins travailler davantage demain qu'hier pour ne pas se laisser submerger par l'esprit de ce siècle.

« Ils ont tort, a sermonné le Père Seraphim Rose, ceux qui enseignent que, parce que la fin du monde est proche, il faut rester tranquille, ne pas faire de grands efforts, simplement conserver la doctrine qui nous a été transmise et la restituer, comme le talent enfoui du serviteur inutile (Matt. 25 : 24-30), au Seigneur lors de sa venue !

.. Luttons donc pendant qu'il fait encore jour, avec le temps et les armes que notre Dieu Tout Miséricordieux nous a données! »

La fin des temps n’a-t-elle pas d’importance ? Il n’y a guère de sujet dans la littérature chrétienne qui ait été traité de manière plus exhaustive. Les références au retour et au jugement du Christ imprègnent la Bible, en particulier le Nouveau Testament. Les Saints Pères ont écrit de nombreux commentaires sur les derniers jours, et la demande de saint Basile le Grand figure en bonne place dans les livres de prières : « Accorde-nous de passer la nuit de toute la vie présente avec un cœur éveillé et une pensée sobre, en attendant toujours l'arrivée du jour radieux de l'apparition de ton Fils unique, notre Seigneur et Dieu et Sauveur Jésus-Christ, où le Juge de tous viendra avec gloire pour rendre à chacun selon ses actes. »

Les Écritures et les Saints Pères soulignent que Les chrétiens ne devraient jamais oublier que leur Seigneur reviendra : l’activité quotidienne devrait se concentrer sur cette réalité ultime. « Ne cessez pas de demander à votre Mère l'Église : quand viendra l'Époux espéré, conseillait saint Éphraïm le Syrien au IVe siècle. Informez-vous et vérifiez les signes de sa venue, car le juge ne tardera pas. Ne cessez pas de demander, même si vous ne le saurez pas avec exactitude ; ne cessez pas de courir demander pour obtenir  le secours de ceux qui savent cela  exactement. »

(À suivre)



samedi 21 septembre 2024

COMMENTAIRE BIBLIQUE DE MATTHIEU 16.18 GREC : « TU ES PETROS… » en finir avec un mythe.


« tu es Petros (masculin), un roc : et sur cette petra (féminin), sur ce roc, je bâtirai… »

 
On voit que l’évangéliste a employé en grec ces deux synonymes de manière à ce que l’un soit un nom propre, l’autre un nom commun. Le français comme le grec rend ce jeu de mots : « Tu es Pierre et sur cette pierre… » Mais Jésus parlait araméen et répéta identiquement le même terme : « Tu es Kèphas (roc) et sur ce Kèphas… » (Jean 1.43). On a trouvé une contradiction entre ce dernier passage et notre récit : d’après Jean, Pierre aurait reçu ce nom dès le commencement. Mais ici Jésus ne lui donne pas ce nom, il le lui confirme : tu es Pierre. Quel est le sens des paroles si longuement controversées : sur ce roc je bâtirai mon Église ? Et d’abord, qu’est-ce ici que l’Église, mot qui ne se trouve nulle part dans nos évangiles, sauf dans notre passage et dans Matthieu 18.17 ? Le terme français Église est grec par son étymologie (ecclèsia) et dans la langue originale, il signifie toute assemblée ou plutôt convocation même en dehors d’un but religieux (Actes 19.39-40). Jésus se servit sûrement du mot hébreu kahal, qui désignait les convocations solennelles du Peuple israélite. Par ce terme, il n’entendait pas désigner une Église particulière, mais l’ensemble de ceux qui croiraient en lui (il en est autrement au Matthieu 18.17). Enfin, il considère l’Église, suivant une figure de langage qu’emploiera fréquemment l’apôtre Paul, comme un édifice qu’il s’agit de bâtir. La critique négative, n’admettant pas que Jésus pût ainsi parler de son Église avant qu’elle existât, révoque en doute l’authenticité de ces paroles, qui, selon elle, appartiennent à un ordre de faits postérieurs. Comment alors Jésus pourrait-il parler si souvent de son royaume (verset 19), en décrire tous les caractères et tous les développements, jusqu’à la perfection ? La notion d’une telle société spirituelle était d’ailleurs donnée par la communion des âmes pieuses du milieu du peuple d’Israël, qui formaient déjà une Église. Et même le petit nombre de croyants réunis autour du Sauveur n’étaient-ils pas déjà son Église ? Et Jésus n’aurait pu en prévoir tous les développements futurs ! Il faut s’y résigner : retrancher du Nouveau Testament la prescience et la divinité de Jésus-Christ, c’est se condamner à n’y plus trouver qu’une longue suite d’énigmes. Maintenant, quelle prérogative le Seigneur confère-t-il à Pierre par ces paroles ? Il faut d’abord en écarter toutes les interprétations contraires à une saine exégèse. Ainsi l’idée d’Augustin que Jésus, en disant : sur ce roc, se désignait lui-même du geste. Ainsi encore celle de plusieurs Pères et de la plupart des interprètes protestants que ce roc, c’est la confession de Pierre, ou sa foi considérée dans un sens abstrait. Sans doute, c’est à cause de cette foi que le Seigneur le proclame le roc sur lequel il fondera son Église et l’instant d’après quand Pierre ne comprendra point les choses divines, il l’appellera Satan (verset 23). Mais il faut bien reconnaître que Jésus en lui disant : Tu es Pierre,…sur cette pierre, je bâtirai,…désigne bien la personne de l’apôtre. C’est sur sa personne, pour autant du moins qu’il se montrera, par l’obéissance et la foi, un rocher, c’est sur son action personnelle, que reposera l’édifice de l’Église. L’événement a confirmé la prophétie. Les premiers chapitres du livre des Actes nous présentent Pierre comme le fondateur de l’Église, parmi les Juifs, Actes 2.1ss parmi les Samaritains (Actes 8.14 et suivants) et parmi les païens (Actes 10). Dans tous les catalogues des apôtres, Pierre est nommé le premier (Matthieu 10.2 ; Marc 3.16 ; Luc 6.14 ; Actes 1.13). Il a donc bien occupé aux yeux de l’Église primitive le rang que le Maître lui avait assigné. Qu’y a-t-il dans ce fait qui puisse donner le moindre prétexte aux inventions absurdes et impies de l’Église de Rome ? Un apôtre n’a point de successeurs, Pierre n’a point fondé l’Église de Rome et n’en fut jamais l’évêque (voir l’introduction à l’épître aux Romains) ; mais l’eut-il été, la prétention des papes à hériter de son rang et de beaucoup plus encore, constitue une impiété. Paul sans doute ne craint pas de montrer l’Église bâtie « sur le fondement des apôtres », mais il a soin d’ajouter que Jésus-Christ en reste « la pierre angulaire » (Éphésiens 2.20 ; comparez Matthieu 21.42), le seul fondement divin qu’on puisse poser (1 Corinthiens 3.11 ; 1 Pierre 2.6). Quant à Pierre s’il joua un rôle prépondérant tant qu’il s’agit de jeter les premiers fondements de l’Église, d’autres apôtres, Paul par son action, Jean par ses écrits, y sont, dans la suite, devenus plus grands que lui. Et lui-même n’eut jamais d’autre sentiment (1 Pierre 5.1 ; comparez Matthieu 19.28 ; Apocalypse 21.14). En outre, dans tout le Nouveau Testament, on ne trouve pas trace d’une suprématie exercée par Pierre dans le gouvernement de l’Église. C’est l’Église qui élit les diacres (Actes 6). Quand il s’agit de baptiser les premiers païens, Pierre consulte les disciples (Actes 10.47), puis il se justifie humblement devant l’Église (Actes 11.2 et suivants) ; dans le concile de Jérusalem, il prend une part décisive à la discussion mais c’est Jacques qui propose et fait adopter la résolution (Actes 15) ; enfin cet apôtre accepte la répréhension de Paul (Galates 2). Ajoutons que tout ce discours de Jésus a Pierre est omis dans le récit de Marc, son « interprète » et dans celui de Luc, preuve que ces prérogatives temporaires avaient peu d’importance dans la tradition apostolique (voir sur ce passage R. Stier, Discours du Seigneur, tome II, p. 204 et suivants). Le séjour des morts (grec hadès, le lieu invisible, comparez Matthieu 11.23, note) est considéré comme une forteresse ayant des portes si fermes, que nul n’en peut ressortir (comparer Job 38.17 ; Ésaïe 38.10 ; Psaumes 9.14). Or, Jésus affirme que l’édifice de son Église sera plus ferme encore et qu’elle ne périra jamais. Toutes les interprétations qui supposent ici un combat de la puissance des ténèbres contre l’Église faussent l’image ; des portes n’attaquent pas, mais ces portes de la mort s’ouvrent pour engloutir des victimes et elles n’engloutiront jamais l’Église : celle-ci ne mourra point. De plus, il ne faut pas, comme nos versions ordinaires, confondre le hadès, séjours des morts, avec l’enfer.




dimanche 15 septembre 2024

INTERPRÉTATION ORTHODOXE DE L'APOCALYPSE [6] (suite)

POURQUOI RESTER À REGARDER LE CIEL ?


 « Pourquoi restes-tu à regarder le ciel ? » Avec ces paroles, des anges s'approchèrent des disciples stupéfaits de Jésus alors que leur Seigneur montait de terre. « Ce même Jésus, dirent-ils, qui a été enlevé d'entre vous au ciel, viendra de la même manière que vous l'avez vu monter au ciel » (Actes 1 : 11).

La réponse des disciples, s’ils en ont donné une, n’a pas été conservée. Mais il se pourrait bien que ce soit : « Nous voulons voir notre Seigneur revenir ! » Et comme ces premiers apôtres, les chrétiens « regardent vers le ciel » depuis deux millénaires, attendant son retour.

La seconde venue du Christ a été annoncée par les lèvres des anges. Bien que le Seigneur n’ait jamais révélé quand cela se produirait, il a parlé de nombreux signes ce qui indiquerait la proximité de l'événement, et il promet d'être avec ses enfants jusque-là : « Je serai avec vous tous les jours, jusqu'à la fin des temps » (Matthieu 28 :20).

La résurrection passée du Seigneur et son retour futur ont défini les véritables jalons de l'histoire de l'humanité et donné un cadre de sens à tous les événements mineurs. En prélude à la fin des temps, saint Jean appelle toute cette période entre la première et la seconde venue du Christ la « dernière heure » : « Petits enfants, c'est la dernière heure » (1 Jean 2, 18).


Des dates ?

Au fil des années, de nombreuses tentatives ont été faites pour déterminer la date réelle du retour du Christ. Joachim de Fiore a publié son attente à l'an 1260 après J.-C., basée sur un cycle de quarante-deux générations depuis Adam jusqu'au Christ, et la supposition de quarante-deux générations supplémentaires depuis le Christ jusqu'à la Seconde Venue. Au XVe siècle, le cardinal Nicolas de Cues affirmait que le monde ne survivrait pas à 1734. L'anabaptiste Melchior Hoffman annonçait la Seconde Venue pour l'année1553. Le quaker James Milner prévoyait la fin du monde en décembre 1652. En 1730, l'abbé Etimare, janséniste, déclara que la guerre de la Bête avait commencé et qu'elle se terminerait en 1733. En 1761, George Bell, méthodiste, a averti ses paroissiens que la fin du monde aurait lieu en 1763. En 1758, Shaker Ann Lee prétendait être la femme Messie. En 1786, une autre Shaker, Jemima Wilkinson, affirmait qu’elle était le Messie. William Miller a fait sensation en Amérique en prédisant le retour du Christ le 22 octobre 1844. Le 28 octobre 1992, des croyants de centaines d'églises de Séoul, en Corée du Sud, attendaient dans les rues la fin du monde. Beaucoup avaient abandonné l'école, leur travail et leur famille en prévision du « Ravissement ».

Dans chaque cas, le moment est passé et l’histoire a continué. Quel que soit l’impact que cette déception ait pu avoir sur la foi des croyants individuels, cet ensemble de prédictions ratées a produit des conséquences graves et malheureuses à plus grande échelle.

Premièrement, cela a transmis aux autres un désintérêt pour l’assurance de Jésus selon laquelle « personne ne connaît ce jour et cette heure, pas même les anges du ciel, mais mon Père seul » (Matthieu 24 : 36). Même les non-croyants peuvent déceler dans ces pronostics une arrogance orgueilleuse qui refuse d'accepter que « ce n'est pas à vous de connaître les temps et les saisons que le Père a fixés sous son autorité » (Actes 1 : 7).

Deuxièmement, cela a servi à renforcer l'attitude suffisante de ceux qui demandent avec dérision : « Où est la promesse de sa venue ? Car depuis que les pères se sont endormis, tout continue comme c'était depuis le début de la création. » (2 Pierre 3:4). Au bout d'un moment, le garçon qui crie au loup est ridiculisé ou ignoré.

Troisièmement, cela a favorisé, même parmi les chrétiens bien intentionnés, l'idée que le retour du Christ est un événement aléatoire. Bien que les suppositions précédentes étaient évidemment fausses, beaucoup pensent que dans « la loterie de Dieu dans le ciel », le « chiffre » de la Seconde Venue pourrait encore apparaître à à tout moment. Tout cela révèle une ignorance déconcertante des enseignements chrétiens traditionnels qui indiquent une chaîne claire d’événements à accomplir au cours des derniers jours.

Une bonne compréhension de la fin des temps ne peut pas être basée sur de simples spéculations humaines, aussi sincères, bien intentionnées ou même « fondées sur la Bible ». Elle doit provenir de la Tradition sacrée de la Sainte Église catholique et apostolique, qui traite ce sujet de manière claire et approfondie.

Les principaux promoteurs de cette Tradition sont les Apôtres et les Pères de l’Église. De nombreux penseurs modernes, dans leur amour de « l’originalité » et leur mépris pour l’autorité, le consensus et la sagesse, rejettent de telles sources de connaissances. Mais ce faisant, ils se retrouvent plongés dans l’obscurité de leur propre choix. Les chrétiens ne peuvent se permettre une telle stupidité.

Les Pères parlent dans une perspective d’une clarté spirituelle bien plus grande que celle qui est généralement accessible aujourd’hui. La sainteté de leur vie et le témoignage affirmatif des siècles suivants confèrent à leurs paroles un poids qu'aucun enseignant moderne ne peut revendiquer. C'est la Sainte Tradition, transmise par les Pères, qui donne aux chrétiens une base solide pour comprendre et critiquer les événements qui les entourent. (À SUIVRE)