Les lèvres mensongères font horreur à l'Éternel, tandis que ceux qui agissent avec fidélité lui sont agréables. Proverbes 12:22 «C'est ce qui sort de l'homme qui le rend impur. En effet, c'est de l’intérieur, c'est du cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées, les adultères, l'immoralité sexuelle, les meurtres, les vols, la soif de posséder, les méchancetés, la fraude, la débauche, le regard envieux, la calomnie, l'orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et rendent l'homme impur.» Marc 7:20-23 Un témoin fidèle ne ment pas, tandis qu’un faux témoin dit des mensonges. Proverbes 14:5 « Vous, vous avez pour père le diable et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement et il ne s'est pas tenu dans la vérité parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, il parle de son propre fond, car il est menteur et le père du mensonge. » Jean 8:44 Si les paroles distinguées ne conviennent pas à un fou, les paroles mensongères conviennent d’autant moins à un noble. Proverbes 17:7 « Écarte de ta bouche la fausseté, éloigne de tes lèvres les détours ! Proverbes 4:24 Craindre l'Éternel, c'est détester le mal. L'arrogance, l'orgueil, la voie du mal et la bouche perverse, voilà ce que je déteste. » Proverbes 8:13 « Pierre lui dit : «Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, au point que tu aies menti au Saint-Esprit et gardé une partie du prix du champ? […] Comment as-tu pu former dans ton cœur un projet pareil? Ce n'est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu.»Actes 5:3-4Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les enchanteurs, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l'étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort.Apocalypse 21.8

mercredi 10 décembre 2008

"La bonté adoucit et ouvre le cœur, comme l’huile un cadenas rouillé." Pater Païssios



Ceux qui sont proches des personnes dans la douleur s'approchent naturellement de Dieu, car Dieu est toujours aux côtés de ses enfants qui sont dans la douleur. 

Quand quelqu'un donne son cœur à Dieu, alors l'esprit de cet homme est également saisi par l'amour de Dieu. Il est indifférent envers les choses du monde et pense continuellement au Père céleste, et à être dans l'amour divin, il glorifie son Créateur jour et nuit comme un ange.

Priez pour obtenir le repentir, et rien d'autre, ni les lumières divines, ni les miracles, ni le don de prophétie, ni aucun don spirituel, seulement le repentir. Le repentir vous apportera l'humilité, l'humilité vous apportera la grâce de Dieu, et Dieu dans sa grâce donnera tout ce dont vous avez besoin pour votre salut, ou ce dont vous pourriez avoir besoin pour aider une autre âme. 

Les choses sont très simples, et il n'y a aucune raison pour laquelle nous devrions les compliquer. Si nous considérons les choses de cette façon, nous allons ressentir la prière de Jésus comme une nécessité et nous ne nous en lasserons pas. Nous serons capable de la répéter de nombreuses fois et notre cœur  sentira une douce douleur, et puis le Christ Lui-même versera Sa douce consolation dans notre cœur. 

Ainsi, la prière ne fatigue pas, mais elle rend vigoureux. Elle n’est ennuyeuse que lorsque nous n’entrons pas dans sa signification et ne comprenons pas le sens que lui ont donné nos Saints Pères. Une fois que nous appréhendons  la nécessité de la miséricorde de Dieu, le désir de cette faim nous obligera, sans faire pression sur nous dans la prière, à ouvrir notre bouche comme un nourrisson, et nous sentirons, en même temps, toute la sécurité et la joie d'un bébé dans l’étreinte de sa mère. 

Maintenant que les commodités ont dépassé toutes limites, elles sont devenues des inconvénients. Les machines se sont multipliées, les loisirs aussi  se sont multipliés et l'homme a été fabriqué dans une machine. Des machines et des hommes de fer autour, c'est pourquoi leurs cœurs sont devenus aussi durs que l'acier. 


L'humilité est acquise après des luttes. Vous saurez vous-même que vous aurez acquis l'humilité, quand elle deviendra une condition (permanente).

 Sinon, on  peut devenir humble pour un instant, mais votre pensée vous dira que vous êtes quelque chose bien qu’en réalité vous ne soyez  rien, et vous serez dans cette même illusion jusqu’au moment de la mort. Si la mort vous trouve avec la pensée que vous n’êtes rien, alors Dieu parlera. Si toutefois votre pensée dit à l'heure de la mort que vous êtes quelque chose et que vous ne le comprenez pas, tous vos efforts seront vains.

La conscience est la première loi de Dieu, qu’Il a gravée profondément dans le cœur du Premier Créé, et, par conséquent, chacun de nous la possède comme une" photocopie "de ses parents quand il est né. Ceux qui ont réussi à sensibiliser leurs consciences par l'étude quotidienne d'eux-mêmes se sentent étrangers à ce monde, et, de ce fait, les gens du monde sont sidérés par leur capacité de discernement. En revanche, ceux qui n’examinent pas leur conscience, ne   bénéficient ni de l'étude spirituelle, ni des conseils d’Anciens, ne sont pas encore en mesure de garder les commandements de Dieu, et  ils deviennent rapidement insensibles. " 

Ceux qui sont sensibles et agissent avec  philotimo* [ φιλότιμο] , et qui observent tout avec précision, sont souvent lésés par les  insensibles à cause des constantes concessions qu'ils font à leur égard par amour. Cependant, l'amour de Dieu est toujours à leur côté. Souvent, ils se lèsent  eux-mêmes à cause de leur hypersensibilité, surévaluant leurs péchés mineurs ou prenant sur eux le fardeau des fautes des autres, mais là encore, Dieu les réconforte par Sa céleste bonté et, en même temps, les renforce spirituellement.  


Le diable ne fait pas la chasse à ceux qui sont perdus, il chasse les gens qui sont conscients, ceux qui sont proches de Dieu. Il part de leur confiance en Dieu et commence à les attaquer avec l’auto-assurance, la logique, la réflexion, la critique. Par conséquent, nous ne devrions pas faire confiance à notre esprit logique. Ne croyez jamais en vos pensées. 

Vivez simplement et sans trop de réflexion, comme un enfant avec son père. La foi sans trop de réflexion fait des merveilles. L'esprit logique empêche la grâce de Dieu et les miracles. Pratiquez la patience sans juger avec l'esprit logique.  

Pour certaines personnes votre amour sera exprimé par la joie et pour d'autres, il sera exprimé par votre douleur. Vous considèrerez chacun comme votre frère ou votre sœur, car nous sommes tous des enfants d'Eve (de la grande famille d'Adam, de Dieu). Ensuite, dans votre prière, vous direz: 'Mon Dieu, aide d’abord ceux qui en ont le plus  besoin, qu'ils soient nos frères dans le Seigneur vivants ou en repos. À ce moment-là, vous partagerez votre cœur avec le monde entier et vous n'aurez rien moins qu’un immense amour, qui est le Christ. 

La personne qui demande des miracles, afin de croire en Dieu, manque de dignité. Dieu, s'Il le souhaite, peut rendre immédiatement croyant tout le monde avec l'un de ses miracles. Toutefois, Il ne le fait pas, car Il ne souhaite pas user de force envers le libre arbitre de l'homme ; l'homme finirait ensuite par croire en Dieu, non par reconnaissance ou dette envers l’excessive bonté de Dieu, mais en raison de son pouvoir surnaturel. 

Oh, si seulement nous pouvions comprendre l’immense patience de Dieu! Cela a pris une centaine d'années pour faire l’arche de Noé. Pensez-vous que Dieu n’aurait pas pu faire une arche plus rapidement ? Il laissa Noé souffrir pendant cent ans pour que d'autres puissent comprendre et se repentir. Noé voulait leur dire, "Repentez-vous, un déluge arrive!" Mais ils préféraient se moquer de lui. "Ah ! Il est en train de faire des cages !", riaient-ils et ils retournaient à leurs affaires. Et maintenant, Dieu pourrait secouer le monde en deux minutes, et en changer les gens en croyants, en super croyants. Comment? Tout ce qu'Il a à faire est de tourner le bouton "tremblement de terre" de cinq, six ou sept sur l'échelle de Richter. A huit sur l'échelle de Richter, les gratte-ciels tomberont l’un sur l’autre comme des ivrognes dans la rue. A dix tout le monde hurlerait : "Nous avons péché, s'il te plaît sauve-nous !" Ils peuvent même dire: «Nous allons devenir des moines!" Mais dès que le tremblement de terre sera terminé, encore secoués, mais debout, ils retourneront en  courant aux bouzouki-clubs. Leur retour à Dieu ne sera pas un véritable repentir, car leurs vœux temporaires n’étaient formulés que pour être sauvés de la catastrophe. " 

Lorsqu’au cours de notre combat spirituel, nous avons un sentiment d'anxiété, nous devons savoir que nous ne dirigeons pas vers le royaume de Dieu. Dieu n'est pas un tyran étouffant. Chacun de nous devrait lutter en fonction de ses forces et cultiver son philotimo pour grandir dans son amour de Dieu. Poussés par philotimo, sa lutte, toutes ces prosternations, le jeûne et ainsi de suite ne seront rien d'autre que pures explosions de son amour et sa voie sera une voie de valeur spirituelle. 

– Geronda, dis une parole .... 

– Que devrais-je dire?

– Quoi que soit que votre cœur vous dit. 

– Mon cœur me dit de prendre un couteau, de le couper en petits morceaux, de les donner aux gens et puis de mourir.

Traduction par Maxime


[ *φιλότιμο = noblesse d'âme, bonté, reconnaissance, amour purifié exempt de tout retour sur soi, de ceui qui ne regarde jamais son propre intérêt mais ne cherche qu'à être agréable à Dieu, le Père Païssios considérait cette vertu comme le fondement du progrès dans la vie spirituelle note extraite de "St Arsène de Cappadoce" par le le père Païssios traduit et édité par le monastère St Jean le Théologien Souroti de Thessalonique (où repose Père Païssios)]


mardi 9 décembre 2008

MEISTER ECKHART [2] - VLADIMIR LOSSKY


Les passerelles entre Meister Eckhart et l'Orthodoxie ne datent pas d'hier et Vladimir Lossky, le grand et profond théologien orthodoxe, dont on a célébré le cinquantième anniversaire de la naissance au Ciel en février dernier, a consacré une thèse imporante au Maître rhénan : Théologie négative et connaissance de Dieu chez Maître Eckhart, (qui a été publiée par les editions Librairie Philosophique J.Vrin) oeuvre passionnante (bien que consistante, difficile et... coûteuse). En voici un extrait cité par le site Ellopos :





[...] Pour avoir ici-bas, in via, l'expérience de l'Être unique qui est Dieu, expérience qui ferait reconnaître, en même temps, le néant des créatures, la lumière de la grâce est nécessaire. C'est une connaissance per speculum et in lumine, que Maître Eckhart décrit dans les termes suivants : quando scilicet lux divina per effectum suum aliquem specialem irradiat super potentias cognoscentes et super medium in cognitione, elevans intellectum ipsum ad id quod naturaliter non potest. Dans le contexte d'un sermon pour la fête de saint Augustin, cette élévation de l'intellect par la lumière de la grâce répond au passage des Confessions, cité ici par le prédicateur : cum Te primo cognovi, Tu assumsisti me, ut viderem esse, quod viderem, et nondum me esse, qui viderem. Sans aucun doute, ces paroles d'Augustin devaient exprimer, pour Maître Eckhart, le caractère extatique de la connaissance qu'il a pu avoir "par le miroir et dans la lumière". En effet, il a fallu que saint Augustin fût "assumé" par Dieu pour voir l'Être-Un comme Identité subsistante et reconnaître ensuite sa propre misère de créature, non identique à Dieu et à soi-même, en se retrouvant "loin, dans la région de la dissemblance". Il s'agit donc ici, pour Eckhart, d'un ravissement in exstasi mentis, d'une "connaissance savoureuse" ou sagesse (sapientia, quasi sapida scientia) qui introduit l'homme dans une "grande affection", en lui donnant l' "avant-goût de la douceur divine" (ad divinam dulcedinem praegustandum). C'est que le fruit de la grâce, échappant in via à la saisie intellectuelle, est déjà présent dans l'intellect pratique, pour permettre à la volonté d'atteindre ici-bas par l'amour l'objet encore inconnu de la béatitude éternelle. L'expérience extatique d'Augustin lui a montré que l' "être-un-avec-Dieu", accordé par la grâce, est la vocation suprême de l'homme et que toute abondance qui n'est pas Dieu n'est qu'indigence. Sans la grâce, l'on ne saurait aimer Dieu et aspirer uniquement à l'Unité d'être, ni se sentir à l'étroit dans la dissemblance radicale des créatures. Supérieure à la totalité de la nature qui est contenue en elle virtuellement, indivise et unie, la grâce se rapproche dans ce sens de l'intellect. Néanmoins, l'oeuvre que la grâce de Dieu accomplit dans l'essence de l'âme reste inconnaissable pour une intelligence créée réduite à sa lumière naturelle. Dans la mesure où il ignore en quoi consiste sa vraie béatitude, l'homme qui n'a pas relu la grâce peut s'accommoder de la regio dissimilitudinis. C'est la raison pourquoi les enfants morts sans baptême ne se ressentent point de la privation de la gloire béatifiante. Il semble même qu'en dehors de la grâce le "connaître" et l' "être" restent, pour Eckhart, disjoints et confinés chacun dans sa sphère. On peut être "surnaturel", en quelque sorte, par l'intellect qui excède la nature dissemblable qu'il connaît dans sa lumière naturelle ; on peut même y connaître Dieu - ablatione, eminentia et causa, comme absolument autre, comme dépassant toutes les perfections connaissables, comme principe de tout ce qui est. Toutefois cette connaissance per speculum et in aenigmate n'arrache pas encore les créatures intellectuelles à la région de la dissemblance, pour les attirer vers leur "patrie". Sans la grâce, l'intellect n'est pas encore la voie du retour vers l' "être-un avec Dieu".

Son fils, le Père Nicolas LOSSKY, a donné le 28 juin 2005, quand il était encore diacre de la paroisse Notre Dame Joie des Affligés une conférence en hommage au grand théologien que l'on trouvera ici

vendredi 5 décembre 2008

PATRIARCHE ALEXIS II Mémoire éternelle ! Вечная память ! Αἰωνία ἡ μνήμη !

Seigneur, fais reposer en paix
ton serviteur Alexis,
et place-le dans le Paradis,
où les chœurs des Saints et des Justes
resplendissent comme des astres.
Fais reposer en paix ton serviteur,
en détournant les yeux de ses fautes...


La compassion est toujours plus facile à exercer envers les plus faibles qu'envers les puissants... Il est difficile de concevoir que les puissants parviennent à un moment - celui d'une grande épreuve et à fortiori celui de leur mort - où ils ont simplement besoin aussi de nos prières quels que soient les critiques, les reproches, voire les condamnations dont ils ont pu être l'objet - légitimimement, à juste titre ou non - de notre part. Oui il est toujours plus facile et plus gratifiant - on se sent si bon alors - d'avoir de la compassion et de prier pour les plus faibles que nous, ceux que nous sentons inférieurs à nous, plus faibles...
Pourtant le Seigneur ne nous a-t-Il pas enseigné à aimer même nos ennemis ? Comme c'est difficile de nous associer aux prières de la Divine Liturgie quand le moment vient de prier pour nos hiérarques... Ils déçoivent si souvent nos attentes et nous paraissent si souvent indignes de paître le troupeau qui leur a été confié... Nul doute qu'ils auront des comptes à rendre quelque part à un moment donné car beaucoup leur a été donné et beaucoup leur sera demandé... mais il vient un moment où la détestation doit s'oublier pour faire place à la prière malgré tout... non ?


mercredi 3 décembre 2008

Tolstoï : "Les trois vieillards" « Vous êtes trois, nous sommes trois, ayez pitié de nous. »


Père Élie [Oтец Илиа ] de Bienheureuse et éternelle Mémoire adorait cette histoire de Tolstoï qu'il trouvait drôle, elle me plaît beaucoup également et je la trouve pleine de divine sagesse même si l'on sait que l'auteur de ces "Histoires populaires de la Volga" d'où est tiré ce récit avait pris des distances "certaines" avec l'Église Orthodoxe pour développer ses propres mythes, illusions et utopies dont il aurait été bien inspiré de les soumettre pareillement à sa critique en l'alimentant avec le même humour voire la même insolence parfois.
J'en ai trouvé par bonheur la traduction sur WikiSource (Mille mercis au traducteur et à celui qui a mis en ligne le texte !) et je ne résiste pas à l'envie de vous la faire partager... cliquez sur "lire la suite" à la fin du texte du message pour savoir la fin savoureuse et édifiante de cette histoire.

« L’archevêque d’Arkhangelsk avait pris place sur un bateau qui faisait voile de cette ville au monastère de Solovki. Parmi les passagers se trouvaient aussi des pèlerins et de ceux que l’on nomme « saints ». Le vent soufflait en poupe, le temps était beau, il n’y avait ni roulis ni tangage. Les pèlerins, les uns couchés ou mangeant, les autres assis par tas, devisaient entre eux. L’archevêque sortit de sa cabine et se mit à marcher d’un bout à l’autre du pont. Arrivé à la proue, il vit un groupe qui s’y était rassemblé. De la main, un petit paysan désignait quelque chose au large et parlait tandis que les autres l’écoutaient. L’archevêque s’arrêta, regarda dans la direction indiquée par le petit paysan : rien de visible que la mer rutilant sous le soleil. L’archevêque s’approcha pour mieux écouter. Le petit paysan l’ayant aperçu ôta son bonnet et se tut. Les autres de même, à la vue de l’archevêque, se découvrirent et s’inclinèrent avec respect. – Ne vous gênez pas, mes amis, dit le prélat. Je suis venu, moi aussi, écouter ce que tu dis, brave homme. – Le petit pêcheur nous parlait des vieillards, dit un marchand qui s’était enhardi. – De quels vieillards s’agit-il ? demanda l’archevêque, et il vint près du bastingage s’asseoir sur une caisse. Raconte-moi donc cela, je t’écoute. Que montrais-tu ? – Là-bas, cet îlot qui pointe, dit le paysan en indiquant devant lui à bâbord. Il y a là-bas, dans cette île, des vieillards qui vivent pour le salut de leur âme. – Où donc y a-t-il une île ? demanda l’archevêque. – Tenez, veuillez regarder en suivant ma main. Voyez ce petit nuage, eh bien ! un peu à gauche au-dessous, il y a comme une bande étroite. L’archevêque regarda. L’eau miroitait au soleil. Faute d’habitude il n’apercevait rien. – Je ne la vois pas, dit-il. Et quels sont donc les vieillards qui vivent dans cette île ? – Des hommes de Dieu, répondit le paysan. Il y a longtemps que j’entends parler d’eux, mais je n’avais jamais eu l’occasion de les voir. Or, l’an dernier, je les ai vus. Et le pêcheur raconta comment, parti pour la pêche l’année précédente, une tempête l’avait jeté sur cet îlot qui lui était inconnu. Au matin, comme il explorait les lieux, il tomba sur une petite hutte au seuil de laquelle il vit un vieillard, et d’où ensuite deux autres sortirent. Ils lui donnèrent à manger, firent sécher ses vêtements et l’aidèrent à réparer son bateau. – Comment sont-ils d’aspect ? s’enquit l’archevêque. – L’un est petit, légèrement voûté, très vieux. Il porte une soutane vétuste et doit être plus que centenaire. La blancheur de sa barbe tourne au vert ; cependant il sourit toujours et il est pur comme un ange des cieux. L’autre, un peu plus grand, est vieux aussi et porte un caftan tout déguenillé. Sa barbe chenue s’étale, jaunâtre, mais l’homme est fort : il a retourné mon bateau comme un simple baquet avant que j’eusse le temps de lui donner un coup de main. Lui aussi a l’air radieux. Le troisième est très grand, sa barbe lui descend jusqu’aux genoux comme un fleuve de neige. Il est tout nu, sauf une natte en guise de ceinture. – Ont-ils causé avec toi ? demanda l’archevêque. – Ils besognaient en silence et se parlaient fort peu. Il leur suffit d’un regard pour qu’ils se comprennent. J’ai demandé au plus vieux s’ils vivaient là depuis longtemps. Il se renfrogna, murmura quelque chose, comme si décidément il était fâché. Mais aussitôt le petit vieux le saisit par la main, sourit, et le grand se tut. Rien qu’une parole de douceur et un sourire. Tandis que le paysan parlait ainsi, le navire s’était rapproché des îles. – Voici qu’on l’aperçoit tout à fait maintenant, dit le marchand. Veuillez la regarder, Éminence, ajouta-t-il avec un geste. L’archevêque regarda et il vit en effet une bande noire : c’était un îlot. L’archevêque regarda, puis il passa de l’avant du navire à l’arrière pour questionner le pilote. – Quel est donc cet îlot qu’on aperçoit là-bas ? – Il n’a pas de nom. Il y en a un grand nombre par ici. – Est-il vrai que trois vieillards y vivent pour le salut de leur âme ? – On le dit, Éminence. Mais je n’en sais rien. Des pêcheurs, à ce qu’on prétend, les auraient vus. Mais ce sont peut-être des racontars. – Je voudrais m’arrêter un peu dans cet îlot, voir ces vieillards, dit le prélat. Comment faire ? – Impossible au navire d’accoster, répondit le pilote. On le pourrait en canot ; mais il faut demander l’autorisation au commandant. On alla chercher le commandant. – Je voudrais voir ces vieillards, dit l’archevêque. Ne pourrait-on me conduire là-bas ? Le commandant eut une réponse évasive : – Pour ce qui est de pouvoir le faire, on peut le faire ; mais nous perdrons beaucoup de temps, et j’ose déclarer à Votre Éminence qu’il ne vaut vraiment pas la peine de les voir. J’ai entendu dire que ces vieillards étaient stupides. Ils ne comprennent rien et sont muets comme des carpes. – Je désire les voir, insista le prélat. Je paierai pour la peine : qu’on m’y conduise. Il n’y avait rien à faire. En conséquence, des ordres furent donnés aux matelots et l’on changea la disposition des voiles. Le pilote ayant tourné le gouvernail, le navire mit le cap sur l’île. On apporta une chaise à l’avant pour le prélat qui s’assit et regarda. Pendant ce temps, les pèlerins, qui s’étaient aussi rassemblés à l’avant, tenaient les yeux fixés vers l’île. Ceux dont les regards étaient le plus perçants voyaient déjà les pierres de l’île et montraient une petite hutte. Il y en eut même qui distinguaient les trois vieillards. Le commandant prit sa longue-vue, la braqua dans la direction, puis la passant à l’archevêque : – C’est exact, dit-il, voyez sur le rivage, à droite du gros rocher, il y a trois hommes debout. À son tour, l’archevêque regarda par la lunette après l’avoir mise au point. En effet, trois hommes étaient debout sur le rivage : l’un grand, l’autre moindre et le troisième de très petite taille. Ils se tenaient par la main. Le commandant s’approcha de l’archevêque : – C’est ici, Éminence, que nous devons stopper. Si vraiment vous y tenez, vous prendrez place dans un canot pendant que nous resterons à l’ancre. Aussitôt on dénoua les filins, jeta l’ancre, largua les voiles. Puis on retira le canot et on le mit à la mer. Des rameurs y sautèrent ; l’archevêque descendit par l’échelle. Quand il fut assis sur le banc du canot, les rameurs donnèrent une poussée sur leurs avirons et s’éloignèrent dans la direction de l’île. Arrivés à la distance d’un jet de pierre, ils virent apparaître les trois vieillards : un grand tout nu, ceint d’une natte ; un de taille moyenne au caftan déchiré et un petit, voûté, couvert d’une vieille soutane. Tous trois se tenaient par la main. Les rameurs s’arrêtèrent pour amarrer l’embarcation. L’archevêque descendit. Les vieillards firent un salut profond. L’archevêque les bénit, et eux le saluèrent encore plus bas. Puis l’archevêque leur adressa la parole : – J’ai entendu dire que vous étiez ici, vieillards du bon Dieu, afin de sauver votre âme en priant Notre Seigneur pour les péchés des hommes. Et j’y suis par la grâce de Dieu, moi indigne serviteur du Christ, appelé pour paître ses ouailles. Aussi ai-je voulu vous voir, hommes de Dieu, pour vous enseigner, si je le puis. Les vieillards sourirent en silence et se regardèrent. – Dites-moi comment vous faites votre salut et servez Dieu ? demanda le prélat. Le second des vieillards poussa un soupir et regarda le grand, puis le petit ; le grand se renfrogna et regarda le plus vieux. Quant à ce dernier, il dit avec un sourire : – Nous ignorons, serviteur de Dieu, comment on sert Dieu. Nous ne servons que nous-mêmes en pourvoyant à notre subsistance. – Comment faites-vous donc pour prier Dieu ? Et le petit vieux dit : – Nous prions en disant : « Vous êtes trois, nous sommes trois, ayez pitié de nous. » Et à peine eut-il prononcé ces mots, que les trois vieillards levèrent les yeux vers le ciel et reprirent en chœur : – Vous êtes trois, nous sommes trois, ayez pitié de nous. L’archevêque sourit et demanda : – Vous avez sans doute entendu parler de la sainte Trinité, mais vous ne priez pas comme il faut. Je vous aime beaucoup, vieillards du bon Dieu, je vois que vous voulez Lui être agréables, mais vous ne savez pas comment Le servir. Ce n’est pas ainsi qu’il faut prier. Écoutez-moi, je vais vous instruire. Ce n’est pas d’après moi-même que je vous enseignerai, mais d’après l’Ecriture sainte qui nous apprend comment Dieu a voulu qu’on Le prie. Et le prélat se mit à apprendre aux vieillards comment Dieu s’était révélé aux hommes : il leur parla de Dieu le Père, de Dieu le Fils et du Saint-Esprit… et il disait : – Dieu le Fils est descendu sur la terre pour sauver les hommes et leur enseigner à tous comment Le prier. Écoutez et répétez ensuite mes paroles. Et l’archevêque dit : – Notre Père. L’un des vieillards répéta : – Notre Père. Le second et le troisième à tour de rôle : – Notre Père. –… Qui êtes aux cieux. –… Qui êtes aux cieux… Mais le second des vieillards s’embrouilla dans les mots et ne prononça pas comme il fallait ; le vieillard nu ne parvenait pas non plus à bien articuler : les poils de sa moustache lui obstruaient les lèvres ; quant au petit vieux, un bredouillement inintelligible sortait de sa bouche édentée. L’archevêque répéta encore ; les vieillards répétèrent après lui. Ensuite le prélat s’assit sur une pierre et les vieillards, debout autour de lui, regardaient sa bouche et s’efforçaient de l’imiter pendant qu’il leur parlait. Toute la journée, jusqu’au soir, l’archevêque poursuivit sa tâche ; dix fois, vingt et cent fois il répétait le même mot, que les vieillards reprenaient ensuite. Quand ils s’embrouillaient, il les corrigeait en les obligeant à tout recommencer. L’archevêque ne quitta pas les vieillards qu’il ne leur eût enseigné tout le Pater. Ils étaient parvenus à le réciter d’eux-mêmes. Ce fut le second vieillard qui le comprit le plus vite et le redit tout d’une traite. Le prélat lui ordonna de le répéter plusieurs fois de suite jusqu’à ce que les autres eussent appris à le réciter. Le crépuscule tombait déjà et la lune montait de la mer quand l’archevêque se leva pour rejoindre le navire. Il prit congé des vieillards qui tous trois se prosternèrent devant lui. Le prélat les releva et, après avoir embrassé chacun d’eux, il les engagea à prier ainsi qu’il le leur avait enseigné. Puis il prit place dans l’embarcation et s’éloigna du rivage. Et tandis que l’archevêque revenait vers le navire, il entendit les trois vieillards réciter tout haut le Pater. Quand il accosta, on n’entendait plus leur voix, mais on les voyait encore au clair de lune, tous trois debout sur le même point du rivage, le plus petit au milieu, le grand à droite et le moyen à gauche. Une fois à bord, l’archevêque se dirigea vers l’avant, on leva l’ancre et le vent ayant gonflé les voiles poussa le navire qui reprit sa route. L’archevêque avait gagné la poupe et ne cessait de regarder l’îlot. Les vieillards étaient encore visibles, mais ils s’effacèrent bientôt, et l’on ne vit plus que l’îlot. Puis l’îlot s’évanouit de même, et il n’y eut plus que la mer qui scintillait au clair de lune. Les pèlerins s’étaient couchés pour dormir, et tout reposait sur le pont. Mais l’archevêque n’avait pas sommeil. Il se tenait seul à la poupe, regardant là-bas la mer où l’îlot avait disparu, et se rappelant les trois bons vieillards. Il songeait à leur joie quand ils eurent appris la prière. Et il remercia Dieu de l’avoir conduit là pour enseigner à ces vieillards les divines paroles. Assis sur le pont, l’archevêque songe en regardant la mer du côté où l’îlot a disparu. Soudain une lueur papillote à ses yeux : quelque chose comme une lumière qui vacille çà et là au gré des flots. Cela brille tout à coup et blanchoie sur le sillage lumineux de la lune. Est-ce un oiseau, une mouette, ou bien une voile qui pose cette tache de blancheur ? Le prélat cligne des yeux pour mieux voir : « C’est un bateau, se dit-il : sa voile nous suit. Il ne tardera certes pas à nous rejoindre. Tout à l’heure il était encore fort loin, maintenant on le distingue tout à fait. Et ce bateau n’a rien d’un bateau, la voile ne ressemble pas à une voile. Mais quelque chose court après nous et cherche à nous rattraper. » L’archevêque ne parvient pas à distinguer ce que c’est. Un bateau ? Non, et ce n’est pas un oiseau non plus. Un poisson ? Pas davantage. On dirait un homme ; mais il serait bien grand, et comment croire qu’un homme puisse marcher sur la mer ? L’archevêque se leva de son siège et alla trouver le pilote : – Regarde, qu’est-ce donc, frère ? Qu’y a-t-il là-bas ? demande l’archevêque. Mais déjà il voit que ce sont les trois vieillards. Ils marchent sur la mer, tout blancs, leurs barbes blanches resplendissent, et ils se rapprochent du navire qui a l’air d’être immobilisé. Le pilote regarde autour de lui, terrifié ; il quitte le gouvernail et crie tout haut : – Seigneur ! Les vieillards qui nous suivent en courant sur la mer comme sur la terre ferme ! Les pèlerins, qui avaient entendu, se levèrent et vinrent précipitamment sur le pont. Tous voyaient les vieillards accourir en se tenant par la main ; les deux du bout faisaient signe au navire de s’arrêter. Tous trois couraient sur l’eau comme sur la terre ferme, sans que leurs pieds parussent remuer. On n’eut pas le temps de stopper, que déjà ils étaient à hauteur du navire. Ils avancèrent tout près du bord, levèrent la tête et dirent d’une seule voix : – Serviteur de Dieu, nous avons oublié ton enseignement ! Tant que nous avons redit les mots, nous nous en sommes souvenus ; mais une heure après que nous eûmes cessé de les redire, un mot a sauté de notre mémoire. Nous avons tout oublié, tout s’est perdu. Nous ne nous rappelons rien de rien. Enseigne-nous de nouveau. L’archevêque fit un signe de croix, se pencha vers les vieillards et dit : – Votre prière a monté jusqu’à Dieu, saints vieillards. Ce n’est pas à moi de vous enseigner. Priez pour nous, pauvres pécheurs ! Et l’archevêque se prosterna devant les vieillards. Et les vieillards qui s’étaient arrêtés se détournèrent et reprirent leur chemin sur les eaux. Et jusqu’à l’aube il y eut une lueur sur la mer, du côté où les vieillards avaient disparu.

vendredi 28 novembre 2008

Un travail considérable sur Saint Paul


Sur  Saint Paul (et Saint Luc)

Je l'ai survolé, il est l'oeuvre d'un catholique, un Dominicain, j'ignore si sa théologie convient bien à l'Orthodoxie, j'en prends le risque,  mais cela m'est apparu comme un travail digne de considération...

"[...] son contenu est le fruit d’années de travail (les cours et conférences) et de longues mises au point (le site lui-même) [...]"
par Ponsot (Dominicain, enseignant en Bible à la faculté de théologie de Toulouse)

mercredi 26 novembre 2008

100.000 églises en France à sauver ! (relais)

Béatrice de Andia


« Chers Amis,

La France est riche de quelques 100 000 édifices religieux. Cathédrales, paroisses, basiliques, collégiales, chapelles, oratoires, temples, synagogues et mosquées, qu’ils soient campagnards, fortifiés, lacustres ou montagnards, sont au cœur des villes et des villages de France. Parmi eux, 60 000 églises rurales en surnombre aujourd’hui, peut-être en déshérence demain, affrontent des temps difficiles. Médiévales, baroques, classiques, néogothiques, Art déco ou contemporaines, 80 % d’entre elles ne sont ni protégées ni inventoriées. 10 % dépendent de communes de moins de 200 habitants qui peuvent difficilement les maintenir, 75 % appartiennent à des municipalités désargentées de moins de 3000 habitants, responsables de plusieurs bâtiments cultuels. C’est dire la magnificence de cet héritage mais aussi le poids de sa conservation !

Deux problèmes se posent avec acuité :
. D’abord inventorier cet ensemble prodigieux. Y a-t-il 70 ou 100 000 bâtiments cultuels ? Quel est l’état du bâti, sa beauté plastique et sa valeur spirituelle ?
. Ensuite répondre à tous ceux qui veulent connaître, protéger ou sauver cet ensemble monumental.

Fondé en 2006 sous la forme d’une association loi de 1901, l’Observatoire du Patrimoine Religieux entend répondre à ce double problème.
. Pour inventorier cet ensemble unique, l’OPR réunit dans une base de données des photographies et des informations permettant de recenser les 70 000 ou 100 000 édifices religieux en France.
. Pour répondre aux questions juridiques, administratives, financières, architecturales, culturelles et pratiques qui se posent, l’OPR prévoit un site Internet interactif avec des consultations en ligne.
Bien que modeste face à l’ampleur de la tâche, l’Internet, moyen moderne, rapide, efficace, à la portée de tous est à même de répondre aux urgences qui interpellent propriétaires, affectataires, usagers, touristes, Français et Etrangers.

Par voie médiatique, l’OPR a lancé un cri d’alarme auquel la presse a répondu de manière enthousiaste. Plus de 150 interviews dans les TV, radio, magazines et quotidiens nationaux et internationaux se sont succédées depuis mai 2007. Alertées par l’ampleur et l’urgence de cette cause nationale, les Journées Juridiques du Patrimoine 2007 lui ont été consacrée. Elles se sont déroulées au Sénat devant la Ministre de la Culture et un parterre de députés et de sénateurs.

Soutenu par 450 membres, par leur présidente d’honneur, Bernadette Chirac et par le cardinal Poupard, le Recteur Dalil Boubakeur, le Pasteur Claude Baty, Président de la Fédération Protestante de France et le Rabbin Korsia, l’OPR a fait appel à des bonnes volontés pour réveiller les enthousiasmes, participer aux recherches et aider ceux qui affrontent difficilement le poids de cet immense patrimoine en danger. Des partenaires vont financer le site Internet en construction dont la saisie est réalisée par une dizaine d’étudiants dans le cadre universitaire de leur maîtrise ou doctorat. Directement concernés par le devenir des églises rurales, les 100 Présidents des Conseils généraux consultés ont répondu par des subventions, des prestations, des documents, des vœux et par la demande de conférences pour leurs universités.

Pour 2008, je sollicite à nouveau votre adhésion à notre association. De votre générosité dépend le sort de combien d’édifices cultuels ruraux, emblèmes émouvants de nos villes et de villages, icônes de notre mémoire et de notre identité. En soutenant l’OPR, vous aiderez le plus grand musée vivant d’architecture, de peintures et de sculptures de la Nation et vous donnerez un avenir au passé de la France.


Je vous prie, chers amis, d’agréer l’expression de mes sentiments les meilleurs et dévoués. »

Béatrice de Andia
Présidente Fondatrice de
l’Observatoire du Patrimoine Religieux
15/11/2007

BUREAU : 31 RUE RAFFET, 75016 PARIS, 01 42 88 10 89 – info@patrimoine-religieux.fr
http://www.patrimoine-religieux.fr/
_____________________________________________

Lire l'interview de Béatrice de Andia sur le site RELIGIOSCOPE
et suggérer à nos hiérarques qu'il ya de nombreux édifices religieux chrétiens en voie d'abandon qui pourraient héberger des liturgies orthodoxes...

_____________________________________________

jeudi 20 novembre 2008

MEISTER ECKHART [1]



Un article excellent dans le magazine Valeurs actuelles
de Jean-François Gautier
sur Maître Eckhart, ce maître spirituel de "chez nous" et si proche de l'Orthodoxie qui n'est plus condamné par l'Eglise catholique romaine mais toujours pas réhabilité... Oui, les diplomates ecclésiastiques de l'Est et de l'Ouest peuvent bien s'embrasser tant qu'ils veulent... les uns comme les autres s'intéressent plutôt à autre chose qu'à ce qui motivent les chercheurs spirituels (ou plutôt comme le traduit si bien Jean-François Gautier "les mendiants de l'Esprit, les quêteurs de souffle" qui ont quitté un continent théologique étouffant et mortifère pour respirer le souffle plus vivifiant d'un autre... comme votre serviteur, qui a mis en gras certains passages de l'article.

Le site hellénique Ellopos publie régulièrement des articles très éclairants sur Meister Eckhart


"Eckhart, le souffle mystique
Spiritualité. Sa parole, mal comprise en son temps, continue d'interroger les théologiens.


Le maître allemand, “à qui Dieu n’a jamais rien caché”, développa un mouvement spirituel en Rhénanie et prêchait, dans sa langue, l’union mystique de Dieu et de l’homme.

Lorsque naît Eckhart von Hochheim en Thuringe, vers 1260, le catholicisme n’en a pas fini avec les croisades, autant dire : avec les péripéties d’ici-bas et leur cortège de déceptions. Le jeune Eckhart, protégé des conflits de l’heure, étudie chez les dominicains, puis part pour Paris en 1292-1293, et à nouveau en 1302-1303 ; il y acquiert le grade de maître en théologie et enseigne à la chaire des dominicains étrangers. De retour à Erfurt, il est élu provincial de Saxonie, puis vicaire général de Bohême, responsable de cinquante-six couvents allant des Pays-Bas à Prague en passant par l’Allemagne du Nord. Il y prêche en latin et – ambition proche de celle de Dante à Florence – en langue vulgaire, ce haut-allemand honni des clercs.

En 1311-1313, Eckhart enseigne à nouveau en Sorbonne. Premières critiques. « Tous ceux de Paris, avec toute leur science, ne pouvaient comprendre ce qu’est Dieu dans la plus infime créature, voire dans une mouche. Je dis à présent que tout ce monde ne saurait Le comprendre. Rien de ce que l’on peut penser de dieu n’est Dieu. » Une même spiritualité gouverna en Ombrie, un siècle plus tôt, avec le Cantique du frère Soleil de François d’Assise et ses méditations vers sa «soeur la fourmi». C’était l’époque des quatrième et cinquième croisades,sans compter celles des albigeois (1209) et des enfants (1212). Naquit alors une contestation sourde : les ordonnances savantes mènent à des catastrophes séculières ; la voie du recueillement, ouverte aux ignorants, n’est-elle pas mieux accordée aux besoins spirituels ? Ainsi vont les ptôkoï tô pneumati des Béatitudes de Matthieu, non les imbéciles heureux, mais les mendiants de l’esprit, quêteurs de souffle.
Tels sont les termes du débat entre science et nescience, qui va tout à la fois empoisonner et enrichir les conflits entre clercs au XIVe siècle. «Toute chose a un pourquoi, mais Dieu n’en a pas », assure Eckhart. Dès lors, quid des vérités instruites qui ont poussé au salut personnel et collectif par la libération des Lieux saints ? Sont-elles plus vertueuses que les sincérités de la méditation ordinaire, rehaussées de la contemplation d’une Nature offerte chez soi ? Dans le doute, les sermons de Maître Eckhart, prônés tant à Strasbourg après 1313 qu’à Cologne jusqu’en 1326, provoquent une enquête inquisitoriale de l’archevêque Henri II de Virnebourg, relative à quarante-neuf propositions suspectes.
Au cours de son premier procès, Eckhart se défend facilement : les thèses en question sont des transcriptions erronées de ses prêches, lues hors de leur contexte. Un second procès se déroule à Avignon en 1327 ; il refuse de s’y excuser et demeure intransigeant quant à l’authenticité de l’expérience mystique que condensent ses Traités et Sermons. Vingt-huit articles attribués à Eckhart, mort en 1328, seront condamnés un an après par Jean XXII. Le théologien Josef Ratzinger en examinera plus tard le dossier, bien avant de devenir le pape Benoît XVI. Selon lui, le procès n’ayant pas été canoniquement constitué, et quoi qu’il en soit de maladresses de langage, il n’y a pas motif à condamnation, ni à réhabilitation.
En définitive, qu’en reste-t-il ? Deux manières d’exister et de se réaliser. D’une part, une voie ouverte, nourrie ou pas de culture philosophique, théologique, agricole, familiale ou de métier : ce que je dois accomplir me passe infiniment, et la notion que j’en acquiers s’accorde à mes circonstances ; ce qui m’oblige à inventer ma vie plutôt que d’imiter un modèle. D’autre part, une voie intellectuelle, idéologique ou névrotique : je sais par avance où je vais, et je poursuis un destin dicté par les certitudes dont je suis le dépositaire, spirituel ou non. Opposition radicale. La manière d’exister dessinée par Eckhart, murée en son temps et depuis agréée par Benoît XVI, est l’une des voies possibles, favorite de l’orthodoxie mais interdite de principe par le rationalisme moderne.
Eckhart assurait : « Si tu demandes à Dieu la santé quand tu es malade, ta santé t’est plus chère que Dieu. Alors il n’est pas ton Dieu : il est le dieu du ciel et de la terre, mais il n’est pas ton Dieu. » Ce principe de détachement (Abegescheidenheit) hérite de la théologie négative grecque, dite “apophatique” en orthodoxie. On le retrouvera dans le Mémorial de Pascal (1654) cousu dans sa veste, prière à un Dieu qui n’est pas celui « des philosophes et des savants » et ne contredit pas Celui des simples. Eckhart était par avance intervenu dans cette discussion : «Ne pas se contenter d’un dieu pensé, car si la pensée s’évanouit, dieu s’évanouit lui aussi. » Elle concernera Jean de la Croix, le Fénelon du « pur Amour », ou le Rousseau du Vicaire savoyard regardant la Nature comme le premier langage de Dieu : il n’y a pas de savoir de la vérité, mais il y a une vérité aven aventureuse à accomplir dans le cours d’une existence attentive, débarrassée de toute représentation déjà là. En terre germanique,tout le débat sur les vérités de la foi et celles des oeuvres, racines de la protestation de Luther (1530), en est issu. Au-delà, Eckhart, initiateur de la langue philosophique allemande, compte Nicolas de Cues, Schopenhauer ou Heidegger dans sa postérité et,en poésie, Angelus Silesius (« La rose est sans pourquoi/Elle fleurit parce qu’elle fleurit/Et ne prend soin de soi […].»), le romantique Novalis ou Rainer Maria Rilke.
[...]
L’erreur serait de croire aujourd’hui en une manière d’exister sur terre divinement, c’est-à-dire sans errements ; elle relèverait non d’une mystique mais d’une pratique ou d’une éthique impossibles, traits fondamentaux d’un comportement névrotique."

Maître Eckhart, être Dieu en Dieu, textes choisis et présentés par Benoît Beyer de Ryke, Seuil, coll. “Sagesses”, 96 pages, 5 euros.



lundi 17 novembre 2008

FOI ET RAISON

WWW.EDITIONS-BEAUCHESNE.COM


Gérald SFEZ
LEO STRAUSS, FOI ET RAISON

ISBN 9782701015019

Leo Strauss (1899-1973) est au cœur de l’actualité philosophique et politique. Très présent aujourd’hui, il répond à notre adversaire principal, non pas le libéralisme, mais le nihilisme, et aux entreprises tyranniques qui ont partie liée avec le fanatisme religieux. Sa méditation constante des rapports entre foi et raison le conduit au décentrement de la cité de la raison (Athènes) pour la cité de la Loi (Jérusalem), et à un travail de construction de l’universel par le dialogue incessant des deux Antiquités, grecque et biblique.
Contre l’historicisme et le relativisme de la diversité des cultures, Leo Strauss refuse toute pertinence au vocable de « culture », qui fait écran à la compréhension de notre monde. Il récuse la fable d’une coexistence pacifique des cultures entre elles et, tout aussi bien, l’hypothèse noire de leur guerre inéluctable. Ce qui peut seul nous garder contre de tels égarements, c’est l’écoute universelle et à jamais des alternatives des différentes traditions avec la reconnaissance de leur fond commun : la notion de Loi, transcendante et organisatrice de la vie partagée. Paradoxalement, la réflexion infinie, intime à chacun, du « dialogue inconcilié » entre foi et raison, qui traverse toutes les traditions, représente la réponse et la riposte décisives.
Contre toute l’histoire des idées, la méditation de Leo Strauss s’appuie sur un art secret d’écrire, formulé à l’époque médiévale, dont Strauss retrouve la trace dans toute pensée en acte. Cet art ne représente pas seulement le caractère politique d’une stratégie de protection du sage envers la tyrannie de l’État ou de toute société en général. Il est le raisonnement même de l’écriture chiffrée de la Loi et la mise en œuvre d’une ontologie discrète, qui fait corps avec l’essence de la vérité.
Le discours interrogatif de Leo Strauss sur la conformité de la foi et de la raison ne relève pas de l’opposition entre philosophie et théologie, et inscrit cet auteur dans la grande tradition des penseurs.



Table des matières/ Table of contents


Le Monde des Religions novembre-décembre 2008

Dans son essai, publié par la récente et exigeante maison Beauchesne, Gérald Sfez tente de montrer que toute l'œuvre de Strauss a tourné autour de la question suivante : comment lutter efficacement contre le nouveau mal du siècle, le nihilisme, et son pendant inévitable, le fanatisme tyrannique? La réponse : en luttant contre le principal acquis des Lumières, le relativisme culturel.
Pour Strauss, les hommes, pour être en paix, doivent être attelés à une loi universelle, présente dans l'Ancien Testament d'après lui, afin d'y trouver une éthique qui leur permettrait de vivre ensemble. Le penseur dénonce la coexistence de deux mondes qui ne s'entendent pas : l'Occident et l'Orient, bien que l'un fasse semblant d'écouter l'autre. Pour être en paix, les hommes doivent avoir des droits, certes, mais surtout des devoirs, le devoir religieux, qui ne doit pas être soumis à discussion. Là se situe la limite entre foi et raison. En somme, « nous avons perdu toutes les traditions faisant tout simplement autorité auxquelles nous puissions nous fier (. .. ) et cela parce que nos maîtres ont cru à la possibilité d'une société purement et simplement rationnelle ».
Avant tout, la pensée de Strauss est une pensée du retour à la foi comme principe de cohérence du monde, quand elle ne se place pas en doctrine culturelle, donc uniculturelle.


Sibylle Fouilland

dimanche 9 novembre 2008

ACATHISTE A SAINT NECTAIRE D'EGINE


Kontakion 1:
Dans la joie du cœur chantons des hymnes à l’astre nouvellement révélé de l’Orthodoxie, le rempart nouvellement érigé de l’Eglise ; glorifié, en effet, par l’activité de l’Esprit, il répand la grâce abondante des guérisons pour ceux qui l’implorent :
Réjouis-toi, ô Père Nectaire, modèle de patience, amoureux de la vertu.

Ikos 1:
Dans le monde tu te montras un homme à l’esprit merveilleusement divinisé, ô Nectaire, hiérarque du Christ, pour avoir passé à travers la vie dans la sainteté, tu te montras irréprochable, vénérable et agréable à Dieu en toutes choses. C’est pourquoi tu es attentif à notre prière :
Réjouis-toi, toi par qui les fidèles sont édifiés ;
Réjouis-toi toi par qui l’ennemi est effrayé,
Réjouis-toi, continuateur des vénérables pères,
Réjouis-toi, enseignant divin de l’Orthodoxie !
Réjouis-toi, toi par qui l’Eglise s’unit en chœur,
Réjouis-toi, toi en qui Egine se réjouit !
Réjouis-toi, ô Père Nectaire, modèle de patience, amoureux de la vertu.

Kontakion 2:
T’étant paré toi-même de la douceur de l’âme depuis ta jeunesse, Saint Père, un fervent désir a consumé ton cœur : devenir un prêcheur du Saint Évangile. Depuis l’enfance tu connaissais les Ecritures qui peuvent éveiller l’homme au Salut leur enseignant à clamer : Alléluia !

Ikos 2:
Quand tu quittas ta maison et partis en voyage pour Constantinople, tu supportas les épreuves au milieu des distractions de ce monde sans abandonner la Foi héritée de ta grand-mère puis de ta mère et enfin ancrée en toi, te consacrant fermement à la prière et à l’étude de l’enseignement des Pères, que tu recopias sur des colis et des papiers d’emballage pour que les autres puissent les lire et en recevoir un profit spirituel. Pour cela, à celui qui fut dans ce monde sans être de ce monde, remplis par la foi nous crions à pleine voix en action de grâce :
Réjouis-toi, temple très saint de l’action de Dieu,
Réjouis-toi, livre de mœurs nouvelles divinement écrit !
Réjouis-toi, car tu t’es rendu semblable aux saints jusqu’à la perfection ;
Réjouis-toi, car tu repoussas avec sagesse les biens matériels !
Réjouis-toi, splendide victoire de la Foi ;
Réjouis-toi, héraut de la grâce comblé d’honneur !
Réjouis-toi, ô Père Nectaire, modèle de patience, amoureux de la vertu

Kontakion 3
Fervent amoureux de la vie monastique, tu visitas souvent le Monastère des Saints Pères, t’y entretenant du combat spirituel avec son fondateur, l’Ancien Pacôme. Comme tu aspirais à l’habit angélique, tu fus tonsuré et te consacras à la prière en faveur des êtres et tu chantas alors: Alléluia !

Ikos 3:
Entièrement consumé par l’amour de la connaissance céleste, tu reçus la grâce de poursuivre ton éducation théologique à laquelle tu t’adonnas avec zèle et abnégation. Pendant que tu vivais à Athènes tu étudias jour et nuit, ne connaissant pas d’autres chemins que ceux de l’école et de l’église. C’est pourquoi, à toi notre instructeur en théologie céleste, nous tes enfants, te disons pleins de joie :
Réjouis-toi, magnifique pilier de piété ;
Réjouis-toi, cité de refuge pour les croyants !
Réjouis-toi, inexpugnable forteresse de l’Orthodoxie ;
Réjouis-toi, vénérable réceptacle et louange de la Sainte Trinité !
Réjouis-toi, toi qui portas la Lumière en ces temps derniers comme un soleil sans déclin ;
Réjouis-toi, toi qui répandis le nectar de la grâce parmi tous les croyants.
Réjouis-toi, Père Nectaire, modèle de patience, amoureux de la vertu !

Kontakion 4:
Revêtu de véritable sainteté et de mœurs pures, le Patriarche Sophrone d’Alexandrie vit en toi une magnifique potentialité de service pour la Sainte Eglise du Christ. Tu fus donc ordonné à la prêtrise sacrée et élevé à la dignité épiscopale. Ô sage, tu offris ta vie au Christ en pur sacrifice, toujours chantant : Alléluia !

Ikos 4:
Dans ta position de Métropolite de la Pentapole, tu aimas profondément les fidèles, car même revêtu de la dignité de la hiérarchie, tu ornas ta vie d’humilité. Toujours dédaigneux des possessions matérielles, tu ouvris la main généreusement et distribuas sans compter tes aumônes aux pauvres. Comme ton Maître, tu vins volontairement non pour être servi mais pour servir et donner ta vie en rançon pour un grand nombre. Conquis par ton amour, nous qui honorons ta sainte mémoire crions ainsi à ton adresse :
Réjouis-toi, modèle des agneaux et des bergers ;
Réjouis-toi, pure et noble demeure de la sainteté !
Réjouis-toi, digne compagnon des anges ;
Réjouis-toi, excellent guide des hommes !
Réjouis-toi, car à travers toi nous sommes libérés des passions corporelles ;
Réjouis-toi, car à travers toi nous sommes remplis des délices spirituels !
Réjouis-toi, Père Nectaire, modèle de patience, amoureux de la vertu.

Kontakion 5:
Quand l’ennemi de nos âmes te vit travaillant avec tant d’humilité, il ne put supporter ta sainte présence parmi le peuple. Suscitant les calomnies, incitant les rumeurs, il s’efforça de détruire ta bonne réputation pour t’amener à l’amertume et à la colère. Mais tu vainquis tous ses procédés, car en toute occasion tu t’abandonnas humblement à Dieu en chantant : Alléluia !

Ikos 5:
Manquant même de ton pain quotidien, diffamé de toutes parts, tu prias pour tes accusateurs, suppliant le Père de les pardonner. Refusant de dire même un mot pour ta défense, tu supportas joyeusement, abandonné à la volonté de Dieu, rempli de confiance en l’action de ton fidèle Créateur. C’est pourquoi, admirant ta longanime et indéfectible endurance, nous tes enfants nous exclamons :
Réjouis-toi, trésor d’abondante miséricorde ;
Réjouis-toi, nourriture inépuisable pour les affamés !
Réjouis-toi, réceptacle de vertus splendides ;
Réjouis-toi, modèle d’humilité spirituelle !
Réjouis-toi, toi qui sus dire : « Père pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font » ;
Réjouis-toi, toi qui rendis le bien pour le mal !
Réjouis-toi, Père Nectaire, modèle de patience, amoureux de la vertu.

Kontakion 6:
Etant fortement attiré par la vie de quiétude de la Sainte Montagne, tu ne pus néanmoins abandonner les êtres, et bien au contraire, accordant toute ton attention à leur demande, tu restas dans le monde selon leurs vœux pour proclamer les paroles du salut. Gratuitement tu reçus et gratuitement tu donnas, appelant tous les hommes à proclamer : Alléluia !

Ikos 6:
Avec les paroles de ta bouche tu versas la douceur céleste dans les cœurs de ceux qui recevaient tes mots avec foi, guidant les esprits des fidèles dans leur recherche des choses d’en haut. Les écrits sacrés de tes enseignements réjouissent sans cesse les âmes des pieux ; car mû par le Saint Esprit, Père, tu rapportas sagement des paroles de grâce et d’instruction à ceux qui te crient :
Réjouis-toi, serviteur fidèle de la très Saint Trinité ;
Réjouis-toi, demeure ornée du Saint Esprit.
Réjouis-toi, lumière qui illumines jusqu’aux confins de la terre ;
Réjouis-toi, qui délivres les êtres des abîmes de la perdition !
Réjouis-toi, toi qui exaltes la vérité ;
Réjouis-toi, toi qui dissipes l’erreur !
Réjouis-toi, Père Nectaire, modèle de patience, amoureux de la vertu !

Kontakion 7:
Invité à assumer la direction de l’école ecclésiastique de Riziarios, tu apportas la paix où ne régnait que la confusion, car tu traitas tout le monde avec l’amour d’un père. C’est pourquoi tes étudiants pleins de gratitude chantèrent à Dieu : Alléluia !

Ikos 7:
Fortifié dans la grâce demeurant dans le Christ Jésus, ayant reçu les paroles de Vie, tu les transmis aux hommes fidèles qui, grâce à ton bon enseignement et à ton exemple spirituel devinrent capables à leur tour de les enseigner aux autres. Endurant les épreuves comme un bon soldat du Christ, tu ne te laissas pas empêtrer dans les affaires de cette vie mais tu pensas seulement à plaire au Maître. C’est pourquoi comme à un travailleur qui n’a pas besoin d’avoir honte, partageant équitablement la parole de vérité nous proclamons des paroles comme celles-ci :
Réjouis-toi, professeur des divins commandements ;
Réjouis-toi, toi qui par tes enseignements rends sages les insensés!
Réjouis-toi, nouveau Paul, qui nous a transmis un solide enseignement ;
Réjouis-toi, nouveau Jude, qui nous a exhortés à combattre avec ardeur pour la foi !
Réjouis-toi, nouveau Chrysostome, qui a versé sur l’Eglise le nectar céleste de la piété ;
Réjouis-toi, nouveau Damascène qui a protégé les fidèles des doctrines impies !
Réjouis-toi, Père Nectaire, modèle de patience, amoureux de la vertu !

Kontakion 8:
Paré avec sagesse de la compréhension et de l’humilité, tu portas ensemble de vénérables vierges dans la dévotion, les conduisant au Christ par tes paroles et les œuvres de ta vie irréprochable, leur enseignant à chanter : Alléluia !


Ikos 8:
Ecoutant tes prières et tes ferventes supplications, le Seigneur qui exauce les vœux de ceux qui le craignent t’a conduit dans l’île d’Egine où tu as rebâti le monastère qui avait été abandonné. Qui pourra décrire tes œuvres et ton dur labeur ? Exerçant la vigilance en toute chose, tu te montras un modèle de divine vertu. Aussi tes filles spirituelles en action de grâce te crient-elles :
Réjouis-toi, toi pure et honorable demeure de la sainteté ;
Réjouis-toi, toi lampe toute lumineuse bien aimée de tous !
Réjouis-toi, digne compagnon des anges ;
Réjouis-toi, excellent guide des hommes !
Réjouis-toi, règle pieuse de la foi ;
Réjouis-toi, sainte purification des mortels !
Réjouis-toi, Père Nectaire, modèle de patience, amoureux de la vertu !

Kontakion 9:
Les hommes à l’esprit mondain ne peuvent comprendre ta patience, car en dépit des nombreux soucis du monastère, tu ne cessas pas d’écrire des livres édifiants pour la vie des Chrétiens vivant dans le monde. C’est pourquoi émerveillés par la sagesse infinie qui te fut donnée nous crions à Dieu : Alléluia !

Ikos 9:
T’étant installé au monastère à Egine, tu devins entièrement esprit et tu menas une vie entièrement spirituelle. Vénérable, doux, humble, bienveillant, totalement rempli de compassion et d’amour, tu continuas le bon combat faisant en sorte de veiller sur ceux dont le Christ Jésus s’était saisi. Dans tes voies de piété tu suivis indéfectiblement Denys, le pasteur divin d’Egine. Maintenant que tu participes à la gloire céleste avec lui, reçois de nous ces prières :
Réjouis-toi, toi qui dédaignas le monde et ses plaisirs trompeurs ;
Réjouis-toi, toi, toi qui reçus en retour des bénédictions célestes !
Réjouis-toi, toi qui soumis entièrement ta chair à ton esprit,
Réjouis-toi, toi qui assujettis ton esprit au très doux Seigneur Jésus !
Réjouis-toi, ami des Saints Pères ;
Réjouis-toi, instructeur de la prière du cœur !
Réjouis-toi, Père Nectaire, modèle de patience, amoureux de la vertu.

Kontakion 10:
Ne négligeant jamais la prière mentale mais plutôt toujours criant des profondeurs de ton cœur : « Seigneur Jésus Christ aie pitié de moi » tous furent témoins que tu devins complètement spiritualisé. Remarquant en toi une exceptionnelle douceur qui irradiait de ta présence sereine, les fidèles s’exclamaient pleins de joie : Alléluia !

Ikos 10:
Sachant que la Toute Sainte Vierge est le rempart de tous les saints et la joie des moines tu lui offris souvent tes intercessions avec larmes et tu te confias à sa maternelle protection. Ecrivant de belles hymnes, tu donnas aux fidèles le don de ton amour leur apprenant à chanter « Réjouis-toi Epouse inépousée ! » c’est pourquoi nous te crions :
Réjouis-toi, précieux élu du Christ ;
Réjouis-toi, parfum très pur de Dieu !
Réjouis-toi, toi qui montras un amour ardent pour le Seigneur !
Réjouis-toi, toi qui toujours honoras sa Sainte Mère ;
Réjouis-toi, fierté de l’Eglise Orthodoxe ;
Réjouis-toi, toi qui accomplis de nombreux miracles à travers la puissance de Dieu !
Réjouis-toi, Père Nectaire, modèle de patience, amoureux de la vertu.

Kontakion 11:
Quand vint le temps pour toi du départ pour le Christ afin de recevoir la couronne des justes préparée pour toi au ciel, tu enduras de sévères douleurs et souffrances avec une patience exemplaire. Toujours rendant grâce au Père Céleste et bénissant son saint nom, tu crias sans cesse : Alléluia !

Ikos 11:
Le Seigneur, qui toujours glorifie ceux qui le glorifient, ne permit pas que ta vertu fût cachée mais désirant que ceux qui sont sur terre connaissent la gloire qu’Il t’a donnée aux cieux a révélé tes reliques comme source de guérisons et de miracles. Pour cela immédiatement après ton repos, comme ton corps était prêt pour l’enterrement, le Seigneur accomplit des prodiges par l’intermédiaire de ton gilet, relevant un homme qui était paralysé depuis de nombreuses années. C’est pourquoi ensemble avec lui nous te crions avec reconnaissance :
Réjouis-toi, prompt secours de ceux qui sont dans le besoin ;
Réjouis-toi, flot continu de miséricorde par lequel nous sommes lavés !
Réjouis-toi, médecin de l’âme et du corps ;
Réjouis-toi, nouvelle piscine de Siloé, guérison des infirmes !
Réjouis-toi, douce myrrhe de la compassion ;
Réjouis-toi, thaumaturge des fidèles !
Réjouis-toi, Père Nectaire, modèle de patience, amoureux de la vertu.

Kontakion 12:
Des multitudes de fidèles de tous pays affluent continuellement à ton saint tombeau, saint unique, et de tes précieuses reliques les fidèles obtiennent grâce divine et réponses à tous leurs vœux. Ô Père toi qui tu sais si bien comment, exauce aussi les vœux de ceux qui te crient : Alléluia !

Ikos 12:
Chantant des louanges nous te glorifions, Nectaire tout digne d’être loué ; car en toi, Dieu qui est glorifié dans la Trinité, est merveilleusement glorifié. Mais même si nous t’offrions une multitude de psaumes et d’hymnes composés à partir de l’âme, Saint thaumaturge, nous ne pourrions égaler le don de tes miracles ; aussi, émerveillés par eux nous te crions :
Réjouis-toi, toi qui déjouas tous les pièges du malin ;
Réjouis-toi, qui fus sanctifié corps et âme !
Réjouis-toi, prompt secours de ceux qui sont dans le besoin ;
Réjouis-toi, restauration de la santé des malades !
Réjouis-toi, guérison des maladies par la grâce de Dieu ;
Réjouis-toi, aide de ceux qui souffrent cruellement !
Réjouis-toi, Père Nectaire, modèle de patience, amoureux de la vertu.

Kontakion 13:
Toi qui partages la vie céleste des cieux avec les anges, Père Nectaire, car tu travaillas à plaire à Dieu, accepte notre offrande présente, et intercède sans relâche pour ton troupeau et pour tous les Orthodoxes qui t’honorent, de sorte que nous puissions être guéris à la fois des maladies de l’âme et du corps et qu’ensemble avec toi dans le Royaume éternel nous puissions chanter : Alléluia !

Ikos 1 (répété):
Dans le monde tu te montras un homme à l’esprit merveilleusement divinisé, ô Nectaire, hiérarque du Christ, pour avoir passé à travers la vie dans la sainteté, tu te montras irréprochable, vénérable et agréable à Dieu en toutes choses. C’est pourquoi tu es attentif à notre prière :
Réjouis-toi, toi par qui les fidèles sont édifiés ;
Réjouis-toi toi par qui l’ennemi est effrayé,
Réjouis-toi, continuateur des vénérables pères,
Réjouis-toi, enseignant divin de l’Orthodoxie !
Réjouis-toi, toi par qui l’Eglise s’unit en chœur,
Réjouis-toi, toi en qui Egine se réjouit !
Réjouis-toi, ô Père Nectaire, modèle de patience, amoureux de la vertu.

Kontakion 1 (répété):
Dans la joie du cœur chantons des hymnes à l’astre nouvellement révélé de l’Orthodoxie, le rempart nouvellement érigé de l’Eglise ; glorifié, en effet, par l’activité de l’Esprit, il répand la grâce abondante des guérisons pour ceux qui l’implorent :
Réjouis-toi, ô Père Nectaire, modèle de patience, amoureux de la vertu.


(traduit de l'anglais par Maxime)

samedi 8 novembre 2008

CRUCIFIXION d'Emil NOLDE

En ce moment au Grand Palais se tient une exposition consacrée au peintre
Emil NOLDE (1867-1956) dont voici une crucifixion :


je propose de la comparer à celle de
Marc CHAGALL (1889-1985) :


et puis à celle de cette
icône du Sinaï du XIII°s

Voyez les différences : les deux premières sont marquées par l'Histoire, simplement elles appartiennent toutes deux aux abominations totalitaires du XX° siècle ; la première y demeure, s'y englue et se complaît – formellement en tout cas – dans l'hideux et le grotesque, la deuxième y fait référence mais s'en extrait en célèbrant la pureté, l'innocence, la beauté de la victime (Jésus en tant que peuple juif persécuté) et une céleste lumière blanche la baigne de sa compassion.

Je vois la troisième hors du temps, même si les vêtements des personnages indiquent leur antiquité ; ce que transmet cette représentation traverse les temps. Les expressions des visages pour être sobres n'en sont pas moins suffisantes à faire comprendre la souffrance, la tristesse et la compassion ; les personnages sont figés comme dans des rôles mais il s'agit moins ici de théâtre que postures au sens fort : postures physiques et mentales, corps et esprit.

J'ai été marqué par ma pratique du Zazen – et j'en suis désolé mais je me sens encore bien plus proche de ceux qui se sont engagés dans une telle abrupte aventure que de ceux qui se regroupent pour parler sans cesse d'engagement, de solidarité et de partage dans des lieux religieux, sur tous les tons, en se donnant bonne conscience avec quelques bonnes oeuvres – et je connais le sens et la valeur de la posture. C'est cet engagement total du corps qui signale et guide en même temps celui de l'esprit et de l'être en son entier, c'est la foi sans détour vécue dans sa chair.

Ces postures sont accueil, dans la Paix venue d'en-Haut, de la souffrance ; les postures sont certes celles de la souffrance, contrairement aux sereines représentations bouddhiques, mais le hiératisme des postures transcende ces attitudes en calmes postures d'abandon qui ne se laissent ni distraire ni abattre, ni par la douleur, ni par les émotions, ni par les pensées qui, les traversant – les expressions des visages en témoignent – n'y demeurent pas, tout comme dans Zazen. Ces postures sont pour moi le vrai Zazen, postures sans postures, sans séparation, sans écart, dans ce monde, mais pas de ce monde !

jeudi 6 novembre 2008

Ne mettez pas votre confiance dans les princes [...] qui n'ont pas en eux le salut !

Pour faire écho au texte précédent du Père Stephen
un commentaire du Psaume 145
par Saint Jean Chrysostome
:


"Comme il a fini, de même il recommence, par les louanges et les bénédictions. En effet, ce n'est pas un faible moyen de purifier l'âme. La louange qu'entend le Psalmiste, c'est, je ne me lasserai pas de le répéter, la louange par les actions. C'est ainsi que le Christ dit : « Que votre lumière luise devant les hommes, afin qu'ils voient vos bonnes oeuvres, et qu'ils glorifient votre Père, qui est dans les cieux. » (Matth. V,16.) Et Paul encore : « Glorifiez Dieu, dans votre corps et dans votre esprit. » (I Cor. VI, 20.) Et de même que le Psalmiste a dit, dans le psaume précédent : « Chaque jour je vous bénirai, » de même ici : « Je célébrerai la gloire de mon Dieu, » dit-il, « tant que je vivrai. » Ensuite, comme il veut encore associer les hommes à ses paroles de bénédiction, il raconte et la bonté et la clémence de Dieu. L'amour le brûle, l'amour l'enflamme, et il parcourt l'univers entier, et la création tout entière; il l'a fait entrer dans le choeur qu'il prépare. C'est là, en effet, la plus magnifique louange, c'est là pour Dieu la plus belle gloire; car c'est le grand nombre que Dieu désire admettre à la participation du salut. « Ne mettez pas votre confiance dans les princes, ni dans les enfants des hommes, qui n'ont pas en eux le salut (2). » Un autre texte : « Dans celui qui ne peut vous sauver. » Ecoutez ce conseil, cet avertissement, vous tous qui regardez avec admiration les choses humaines, appui fragile et périssable. Mais que veut dire, « qui n'ont pas en eux le salut ? » Ils n'ont pas même en eux leur propre salut; ils ne peuvent pas se défendre eux-mêmes; arrive la mort, ils se coucheront plus muets que des pierres. Car, voilà ce qu'exprime le Psalmiste en disant : « Son âme sortira, et il retournera dans la terre d'où il est sorti. En ce jour-là, périront toutes leurs pensées. » Un autre texte « Tous leurs projets. » Ce que dit le Psalmiste, revient à ceci : Celui qui ne peut pas se défendre lui-même, comment sauvera-t-il les autres ? Rien, en effet, n'est aussi faible et fragile qu'une telle espérance, et c'est ce que montre la nature même des choses. Aussi Paul, parlant de l'espérance en Dieu, disait « Cette espérance n'est point trompeuse. » (Rom. V, 5.)
Ce qu'on ne peut pas dire des choses humaines, plus vaines que l'ombre. Ne me dites pas : c'est un prince. Un prince n'a rien de plus que le premier homme venu; il est également soumis à une condition incertaine; et tenez, dût cette parole vous surprendre précisément parce que c'est un prince, ayez encore moins de confiance. Ce sont là en effet des choses bien sujettes à l'écroulement, que ces principautés. Supposez qu'on ne le précipite pas du haut de son pouvoir, c'est lui qui se, précipite dans les emportements de la colère, dans les abus de pouvoir, attendu qu'il ne se croit pas comptable envers celui qui a reçu ses promesses. Et si ce prince est sage, il sera encore plus exposé aux chutes que les particuliers, parée qu'il est entouré d'ennemis plus redoutables, plus nombreux.; parce qu'il est d'autant plus facile à prendre, qu'il y a plus de gens pour lui tendre des piéges. Que signifient ces gardes du corps ? Que signifient toutes ces escortes qui veillent sur lui ? Et comment celui qui, au milieu d'une ville bien policée, n'est pas même sûr de défendre sa personne, mais se trouve là comme au milieu d'un peuple ennemi, exposé à tant de combats et de dangers, pourra-t-il sauver les autres ? Celui qui, en pleine paix, a plus à craindre que ceux qui font la guerre, comment pourra-t-il mettre les autres en sûreté, au-dessus de tous les périls ? Certes, il n'est pas difficile de compter ceux qui pouvaient vivre en toute sécurité chez eux, et qui se sont perdus, pour avoir mis leur confiance dans les princes. Et quand ces princes sont tombés, eux aussi ont été renversés; il en est d'autres que leurs gardes ont trahis. Toutefois, le Prophète, laissant de côté tous ces accidents, vu qu'un grand nombre y ont échappé, ne parle que du terme, qui n'admet aucune incertitude, à savoir la mort. Tout vous a réussi, c'est bien. Voilà, dit le Psalmiste, un bon prince, il est reconnaissant et il vous prouvera sa reconnaissance. Mais, au milieu de ses promesses, voilà qu'il termine sa vie, et il vous laisse, avec vos espérances vaines, parce qu'il n'a pas assez vécu pour que ses promesses aboutissent à la réalité. Ainsi, quand il n'a pas même assez de vie pour accomplir une promesse , quand ses jours sont terminés avant que l'effet s'en réalise, voilà le fragile secours où vous tournez vos yeux! Et ne voyez-vous pas que c'est l'histoire de tous les jours? la chute du protecteur dépouille ses protégés, plus abaissés que jamais. Et cependant, à quoi bon dire que les promesses s'évanouissent et meurent, quand l'auteur même des promesses, quand le maître n'a pas pour lui la durée ! « Il retournera dans la terre, » dit le texte, « d'où il est sorti. » Or si celui-là est mort, à plus forte raison ce qu'il a promis ; voilà pourquoi le Psalmiste ajoute : « Et ce jour-là même périront toutes leurs pensées, » montrant par là, non-seulement que les promesses ne seront pas effectuées, mais de plus que celui qui promet périra. Que fait ensuite le Psalmiste? Après vous avoir détournés de l'espérance fondée sur l'homme, il vous montre le port assuré, la citadelle inexpugnable et il vous donne un conseil. Voilà la meilleure de toutes les exhortations. Eloigner de ce qui est faible et conduire à ce qui est solide, détruire ce qui est vain, établir ce qui est vrai, repousser ce qui trompe et montrer ce qui est utile. « Heureux celui de qui le Dieu de Jacob se déclare le protecteur et dont l'espérance est dans le Seigneur son Dieu. » Comprenez-vous le conseil, l'exhortation ? Cette félicité dont il parle, comprend tous les biens et montre l'espérance pleine de sécurité. Après avoir attesté le bonheur de celui qui espère en Dieu, il exprime ensuite la puissance de Celui qui est le véritable secours; l'autre était un homme, il s'agit maintenant de Dieu ; l'autre meurt, Dieu dure; et non-seulement Dieu dure, mais ses oeuvres avec lui. Et voilà pourquoi le Psalmiste ajoute : « Qui a fait le ciel, et la terre, et la mer, et toutes les choses qu'ils contiennent. »"

mercredi 5 novembre 2008

LA MORT DE LA RELIGION par Père Stephen Freeman


Un beau texte parmi d'autres du
blog de Père Stephen qu'il m'a permis de traduire et qu'il est bon dans ces temps – certainement éphémères comme toujours – de réjouissance électorale de faire connaître aux francophones? Père Stephen Freeman est un prêtre orthodoxe américain du Tennessee :


November 5, 2008 by Father Stephen


En août 2007, j'ai écrit un article sur l'Athéisme chrétien. À l'époque, je cherchais à décrire le phénomène étrange du Christianisme moderne - celui dans lequel la vie telle que nous la vivons et la vie telle que nous disons que nous croyons qu’elle est sont deux choses distinctes. Ce n'est pas un problème d'hypocrisie mais de navigation du Christianisme vers une destination off-shore dans laquelle toute l’activité spirituelle importante est accomplie quelque part ailleurs que là nous vivons. Ainsi, le salut est quelque chose d’accompli dans l'histoire (sur la croix), ou dans l'esprit de Dieu (une expiation légale ou juridique), ou n'importe où ailleurs qu’ici et maintenant. Les mystères (sacrements) deviennent des commémorations, un témoignage de l’Absence Divine plutôt que de la Présence Divine. L’Initiation qui incorpore à l'Eglise est accomplie par une «ordonnance» qui est simplement perçue comme un signe, un acte public d'obéissance dans lequel il ne se passe rien (sauf peut-être dans le lieu off-shore). Le résultat de cette bifurcation de la foi est un monde vide dans lequel nous pouvons parler de la « mort de la religion ». Les chrétiens modernes ont un rapport à la foi très semblable à celui qu’ils ont avec une opinion politique. En effet, dans beaucoup d’églises modernes, la substance de la foi est elle-même objet de débat politique. Qu'est-ce que Dieu voudrait faire de nous en tant que créatures sexuelles par exemple, est une question de perception culturelle et de persuasion - pas de révélation. De telles approches du christianisme montrent suffisamment ce que le christianisme moderne est en train de devenir en Amérique. Les églises américaines deviennent la constitution en prière (avec tous les points de vue différents de la constitution représentés par les diverses confessions ou différentes branches de celles-ci). Nous devenons une nation de l'Eglise rouge, de l’Eglise bleue, dont aucune n’a de relation avec l'Eglise, la plénitude de Celui qui remplit tout en tous.
Cela peut également faire de l'Eglise un instrument politique, ou de la politique un instrument ecclésial. Ainsi, la victoire d'un parti ou la défaite d’un autre est considérée comme une victoire de signification religieuse. Les deux principaux partis de cette saison d’élection ont embrassé la «foi», et généralement se sont trouvés eux-mêmes embrassés en retour. Mais la vérité est que le christianisme avec un Christ off-shore n'est pas le christianisme du tout. Le christianisme qui peut être affecté par un changement dans les vents de la politique n'est pas le christianisme du tout. Le navire de l'Eglise a été lancé contre la vague du paganisme romain et contre le vent de la domination croissante de l’état sur toutes les formes de vie. Le sang de plusieurs milliers a été versé avant que le vent n’ait changé et ait accordé une certaine liberté à l'Église - et cependant l'Eglise à contre-courant et contre le vent a été plus forte lorsque les vents et les marées ont changé que quand elle a commencé son voyage. Car la marée et le vent sur lesquels l'Église navigue, souffle dans ce monde, négligeant la météo de la politique des royaumes dont le destin est la chute. La capacité de se repentir et de marcher en union avec la Lumière Divine de Dieu est autant à portée dans le Goulag qu’elle l'est à la classe moyenne américaine qui bénéficie d’une liberté presque illimitée. Car "où l'Esprit du Seigneur est, là est la liberté" (2 Cor. 3:17). La mort de la religion, de la vraie religion chrétienne, se produit lorsque le Dieu qui s'est fait chair et a habité parmi nous, est vu comme le Dieu qui s’est retiré (après avoir ici accompli son travail ) et se trouve uniquement dans la distance de la pensée théologique. Il est peu étonnant que dans la stérilité de l'athéisme chrétien le vide d'une véritable vie spirituelle puisse être rempli avec la vacuité de la vie politique. Le parti républicain est mort. Le Parti démocratique est mort. Aucun des deux ne peuvent vous donner la vie. Ils appartiennent à un monde qui passe. Ce qui reste est ce qui a été créé par Dieu et qui continue de voguer malgré les vents et la marée qui obéissent à sa voix. Il est un Royaume de Dieu, qui se trouve dans la communion avec le Père, par l'intermédiaire du Fils dans l'Esprit Saint. Il ne nous est pas retiré, mais Il est venu parmi nous. Il déferle sur les vies humaines et brûle avec un feu spirituel dans les mystères (sacrements) de l'Eglise. Il guérit les malades, ressuscite les morts, repousse les démons et donne gratuitement ce qu'il a reçu gratuitement. Il ne connaît pas d’autre économie que la plénitude de Dieu, qui transforme la femme stérile en joyeuse mère de plusieurs enfants, qui fait couler l'eau dans le désert et change l'eau en vin. La religion n'est pas morte - seulement la vaine prétention d’une religion engendrée dans l'illusion du monde moderne. Que Dieu se lève, et que ses ennemis soient dispersés. Que ceux qui le haïssent fuient devant sa face. Et tous ces ennemis vivent en moi et en chacun de nous et Dieu doit se lever en nous et fasse fuir l'ennemi de l'intérieur de nous. Que son règne vienne, que Sa volonté soit faite. Que le navire vogue tout droit et dans la vérité et rencontre le Vent qui souffle où il veut. Gloire à Dieu pour toutes choses!