Les lèvres mensongères font horreur à l'Éternel, tandis que ceux qui agissent avec fidélité lui sont agréables. Proverbes 12:22 «C'est ce qui sort de l'homme qui le rend impur. En effet, c'est de l’intérieur, c'est du cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées, les adultères, l'immoralité sexuelle, les meurtres, les vols, la soif de posséder, les méchancetés, la fraude, la débauche, le regard envieux, la calomnie, l'orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et rendent l'homme impur.» Marc 7:20-23 Un témoin fidèle ne ment pas, tandis qu’un faux témoin dit des mensonges. Proverbes 14:5 « Vous, vous avez pour père le diable et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement et il ne s'est pas tenu dans la vérité parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, il parle de son propre fond, car il est menteur et le père du mensonge. » Jean 8:44 Si les paroles distinguées ne conviennent pas à un fou, les paroles mensongères conviennent d’autant moins à un noble. Proverbes 17:7 « Écarte de ta bouche la fausseté, éloigne de tes lèvres les détours ! Proverbes 4:24 Craindre l'Éternel, c'est détester le mal. L'arrogance, l'orgueil, la voie du mal et la bouche perverse, voilà ce que je déteste. » Proverbes 8:13 « Pierre lui dit : «Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, au point que tu aies menti au Saint-Esprit et gardé une partie du prix du champ? […] Comment as-tu pu former dans ton cœur un projet pareil? Ce n'est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu.»Actes 5:3-4Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les enchanteurs, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l'étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort.Apocalypse 21.8

vendredi 11 octobre 2024

CHANGER LES PROPHÉTIES ! par Mgr NÉOPHYTOS de Morfou

"Il y a deux scénarios possibles : l’un est celui d’une multitude de maux et de troubles dans le monde entier. Des catastrophes, pas seulement des guerres, dans de nombreuses régions différentes et de nombreuses catastrophes naturelles ; et tout cela à cause de nos péchés, bien sûr. Mais il y a aussi un scénario dans lequel moins de malheurs se produiront, car il y aura encore des gens repentants sur cette terre." 



 Question : « Il est évident pour tout le monde, tant en Grèce qu’à Chypre, que nous traversons une période de grande agitation dans le monde entier… Une situation dans laquelle nos pays (Grèce et Chypre) sont impactés géopolitiquement, économiquement, énergétiquement, etc. Et il est naturel de s’attendre à ce que le Moyen-Orient connaisse des changements qui affecteront nos intérêts de souveraineté nationale. Il est clair que la Grèce et Chypre se dirigent toutes deux vers un avenir incertain.


«— Ce n’est pas un hasard si saint Porphyre est récemment apparu à un professeur par l’intermédiaire duquel il nous a dit que nous sommes vraiment seuls et que nous n’avons aucun véritable allié à nos côtés, sauf l’aide de nos saints et de la Mère de Dieu. De plus, le staretz Éphraïm d’Arizona, récemment décédé dans le Seigneur, nous a dit que la Grèce a tourné le dos au Christ et qu’elle dort dans sa propre boue. Au vu de tout cela, que devons-nous tous faire, le clergé et le peuple, ainsi que la classe politique, pour minimiser le mal qui semble se déverser sur nous ? Y a-t-il un espoir, dans les conditions où il n'y a pas de véritable repentir, qu'une petite partie du peuple et du clergé change les décisions de Dieu ? Serait-il nécessaire d'organiser une « campagne » nationale de repentir et de prière, qui influencerait positivement ce qui va se passer dans notre pays à l'avenir ? Alors... La question est : « Y a-t-il un espoir, dans les conditions où il n'y a pas de véritable repentir, qu'une petite partie du peuple et du clergé change les décisions de Dieu ? » Bien sûr qu'il y a de l'espoir ! Un très, très, très grand espoir ! Parce que le Christ existe, il y a le Saint-Esprit, Dieu le Père, la Sainte Trinité ! Seigneur, aie pitié ! Après tout, nous savons qui sera victorieux. L'Apocalypse,  le dernier livre du Nouveau Testament. nous le dit : 

        C'est le Christ ! « Je suis venu pour vaincre et je vaincrai ! » Tous les autres événements sont des événements de l'histoire ; qu'il s'agisse de guerres, de tremblements de terre, de catastrophes naturelles, de pestes, de maladies, de morts, de chutes. Tout cela est des événements et tout cela passe. Que voulons-nous ? Que notre génération ne subisse pas d'épreuves et de tentations ? Si nous n'avons pas d'épreuves, comment nous sanctifierons-nous ? « Car il faut qu'il y ait aussi des sectes parmi vous, afin que ceux qui sont approuvés (on peut aussi traduire par éprouvés) soient reconnus parmi vous. » (1 Corinthiens 11, 19) « Il n'y a pas de véritable repentir... » Il y a quand même un peu de repentir. Je suis croyant. Je vois beaucoup de gens, surtout des jeunes, qui se confessent et pleurent pendant la confession ; avec des larmes. Ces derniers jours, j'ai confessé un garçon à qui je donnais constamment des mouchoirs. Quelles larmes ! C'est ainsi que Sainte Marie d'Égypte a dû se confesser. J'ai eu honte. Je me suis dit que je n’avais jamais vu de telles larmes chez une personne. Et je me suis dit : c’est pourquoi il est nécessaire que tous les hiérarques fassent parfois des confessions, afin d’être humiliés par les larmes de ceux qui se confessent humblement. Quand je vois que dans l’Ancien Testament, il est question de la destruction de Sodome par Dieu, et Abraham demande à Dieu : « Seigneur, mais si tu trouves 25 justes à Sodome, les sauveras-tu ? » « Je les sauverai ! » « Mais s’il n’y en a que 20 au lieu de 25 ? » « Je les sauverai ! » « Si au lieu de 20, tu n’en trouves que 15 ? » « Je les sauverai ! » « Et s’il n’y en a que 10 ? » « Bien sûr, je les sauverai ! » « Et si tu n’en trouves que 5 ? » « Même à cause de 5, je les sauverai ! » Et il est dit qu’Abraham fut étonné en lui-même lorsqu’il vit combien était grande la miséricorde de Dieu, et il se dit : « Mais quel peuple misérable nous sommes ! Même pas 5 ?! « Savez-vous ce que les Saints Pères interprètent de ces quelques versets de l’Ancien Testament ? S’il n’y en avait que deux, les sauverait-Il ? Oui, Il les sauverait ! Car il est dit : « Car là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux. » (Matthieu 18, 20)


     Aujourd’hui, dans toute l’Orthodoxie, non seulement à Chypre et en Grèce, mais aussi en Russie, en Roumanie, en Bulgarie, les orthodoxes d’Australie, d’Allemagne, d’Amérique, du Canada, partout… On m’écrit d’Afrique du Sud. Et je dois dire, quel désir de repentance, de prière, d’ascèse et de monachisme. Je ne m’attendais pas à une telle chose ! Si moi, le pécheur, Néophyte… Et vous me connaissez tous avec toutes mes passions et mes erreurs depuis tant d’années. Si même moi j’ai cette compassion pour eux et que j’ai pitié d’eux, alors qu’en est-il du Christ ? N’est-il pas plus miséricordieux que moi ? Bien sûr ! 

 

    Je pense donc que ce que disait le grand saint Ephraïm d’Arizona... C’était un grand saint, l’ancien Ephraïm d’Arizona, et je savais qu’il était grand avant même qu’il ne disparaisse, mais au cours des premiers mois qui ont suivi son décès, il a prouvé que c’était le cas. Il a dit qu’il y avait deux scénarios possibles qui pourraient se produire : l’un est qu’il y ait beaucoup de maux et de troubles dans le monde entier. Des catastrophes, pas seulement des guerres, dans de nombreuses régions différentes et de nombreuses catastrophes naturelles ; et tout cela à cause de nos péchés, bien sûr. Mais il y a aussi un scénario dans lequel moins de malheurs seront autorisés à se produire, car il y aura toujours des gens repentants sur cette terre. Je crois en quelques-uns, car ce genre de travail a toujours été fait par quelques personnes, pas par beaucoup. Et ces quelques-uns semblent exister. On dit que saint Païssios est récemment apparu à l’un de ses fils spirituels, qui est vivant sur cette terre, et il était très joyeux.

 

    Pourquoi l'Ancien était-il si joyeux ? Parce que la Mère de Dieu a trouvé la repentance sur terre, et le Christ a promis de permettre que moins de choses se produisent que ce que nous attendions et prophétisions. Avez-vous entendu ? La prophétie, dit saint Porphyre, est donnée pour qu'elle n'arrive pas ! Avez-vous entendu ? Le Seigneur préfère faire de son prophète un objet de risée (la prophétie ne se réalise pas) à cause de son amour pour les gens. C'est pourquoi nous sommes entrés dans cette discussion sur les prophéties, pour faire naître la repentance, la douleur et la crainte de Dieu. Gloire à Dieu, car il semble que quelque chose s'est produit/a changé jusqu'à présent. Il semble que le deuxième scénario va se produire. Voyons ce qui se passera à la fin. Je crois et j'espère au deuxième scénario, car il y a de l'espoir, il y a des gens qui prient et qui se repentent. Il nous demande également si nous avons besoin d'une « campagne » nationale de repentance et de prière qui influencera positivement ce qui se passera dans notre pays à l'avenir ? Mais il ne s'agit pas seulement de notre pays ! Une chose qui me dérange, c'est que nous avons cette impression que Dieu est grec. Pardonnez-moi, mais Dieu a créé l'univers entier ! Vous comprenez cela ?! « Les mondes (univers) », dit un beau psaume ! Dieu a tout fait Lui-même ! Dieu ne se soucie-t-il pas des Esquimaux et des Chinois, de tous ? Savez-vous quel est notre atout, pour ainsi dire ? Nous sommes baptisés et oints, afin de pouvoir être sanctifiés. Nous avons plus de possibilités, mais aussi de plus grandes responsabilités ! Si nous échouons, que se passera-t-il, selon l'Évangile ? « À qui l'on a beaucoup donné, on demandera beaucoup. » (Luc 12, 48) C'est pourquoi nous, les orthodoxes, sommes nés pour la sainteté, d'autres sont nés pour le salut ! Vous me direz : « Mais est-ce possible en dehors de l'Église ? » Dieu a ses propres voies, je ne vais pas en parler maintenant ! » Et ces événements qui viendront, les guerres, et celles qui suivront, les migrations et les maladies, conduiront beaucoup, beaucoup de gens bien intentionnés non seulement à la repentance, mais à la connaissance de la vérité, la vérité de l’orthodoxie. C’est donc une opération qui doit avoir lieu. Maintenant, si l’opération est effectuée avec ou sans anesthésie ou si elle sera douloureuse ou moins douloureuse, c’est à nous de décider. Maintenant, un point sur lequel… Erdogan ne fera pas grand-chose. Il est intelligent, même s’il porte de nombreux masques différents, et cela conduira à sa destruction, mais il sait négocier. En ce qui nous concerne, il déclenchera un petit épisode, comme ce fut le cas avec Imia (îles de la mer Égée). Erdogan tombera, et après lui, des gens inexpérimentés, pro-occidentaux, kémalistes (une idéologie politique) prendront le pouvoir et ils créeront de gros problèmes. Mais que feront ces gens ? Ils ruineront les relations avec la Russie. Ils trahiront La Russie et la Russie va se mettre en colère... Cela nous concerne, mais nous ne sommes pas les seuls au monde. Est-ce que quelqu'un savait il y a une semaine que la Chine allait subir un tel martyre ? (au début du Covid) Et maintenant, vous devez savoir que la Chine va l'exporter dans le monde entier. Nous en serons tous affectés aussi. Mais les saints nous disent que celui qui se repent aura la protection de la Mère de Dieu et de l'Archange Michel. [Car ces gens devront.... ]

 

 

    Après les guerres et les catastrophes, l'Église utilisera ces gens comme apôtres. (Pour répandre la Parole de Dieu.) Apprenez à prier, apprenez à vous repentir, à pardonner et à aimer. Recevez la Sainte Communion et vous aurez un abri et une protection. Demain, s'ils me tuent... Disons qu'ils me tuent parce que je dis ce que je dis, et je partirai en confesseur ! Comme c'est beau ! Comme ce serait beau !  Par conséquent, ne nous préoccupons pas trop de cette vie terrestre. La vie est ailleurs ! Ce n'est pas à nous ; le peuple de Dieu n'apprend pas que la vie est ailleurs (autre que l'Éternité). 

    Je suis récemment allée rendre visite à mon Géronda, Siméon, et j'y ai passé de nombreuses heures ; parfois en silence, et parfois en parlant. Il est malade et a du mal à parler. Il n'est pas de nature bavarde, c'est un homme de silence. Je suis caractérisé par l'enthousiasme. Il est caractérisé par le fait d'être un homme très timide. Et je lui dis à un moment donné : « Ah, Geronda, si l’homme ne trouve pas son cœur, soit à cause d’une maladie, soit à cause d’une épreuve, soit à cause d’une calomnie, il n’a rien fait, sa vie est vaine. » Et, comme je disais cela, il sortit soudain du lit et me serra dans ses bras en disant : « Oui, mon fils, c’est comme tu le dis, il s’agit de trouver notre cœur. Que le Christ parle à notre cœur. » Et je dis : fais attention ! Un homme du silence cherche l’essentiel, il ne veut pas se perdre dans les détails. Bien sûr, je te dis cela, car s’il y en a un qui a commencé à « prophétiser » et à se moquer de lui-même à Chypre, c’est moi, comme je te l’ai dit, pour éveiller la repentance dans les âmes des autres frères. Mais pour nous, les gens de foi, peu ou beaucoup, comme chacun l’a fait, notre soin doit être différent. « Crée en moi un cœur pur, ô Dieu, et renouvelle en ma poitrine  un esprit bien disposé. » (Psaume 50) Prenez garde de ne pas tomber dans ce piège de peur et d'inquiétude. Votre seule préoccupation devrait être d'avoir un cœur pur, et de faire coopérer en vous le Saint-Esprit, que nous avons tous reçu lors de la Chrismation. Et de commémorer des noms, beaucoup de noms, tant pour les vivants que pour les morts. Je vous le demande. Cela aide grandement ceux d'en haut, ceux de la terre et ceux d'en bas. »

version française par

 Maxime Le minime

mercredi 9 octobre 2024

INTERPRÉTATION ORTHODOXE DE L'APOCALYPSE [11.2] (suite)

     Les quatre métaux [2]


Les anciens,  comme en témoignent les Métamorphoses d'Ovide, croyaient qu'un âge d'or précédait l'âge d'argent et qu'eux-mêmes vivaient dans un âge de fer. Mais dans quel sens les royaumes païens précédant la naissance du Christ réellement meilleur que l'Empire romain, dans lequel Jésus s'est réellement incarné ?

Les Babyloniens adoraient le dieu du soleil, Shamash, tandis que les Perses adoraient leur dieu de la lumière, Ahura-Mazdah. Les Grecs adoraient un panthéon de dieux résidant sur le mont Olympe. Les Romains adoraient également les dieux grecs, mais les renommaient (par exemple Jupiter au lieu de Zeus). Même si les hommes de ces anciens royaumes étaient païens, la plupart croyaient au moins en des pouvoirs spirituels supérieurs. « Il est vrai que les sociétés pré-modernes ignoraient l'identité réelle de celui qui donne la vie », écrivait l'écrivain contemporain Michael Oleksa, mais leur intuition fondamentale selon laquelle il existe un pouvoir sacré (plutôt qu'un pouvoir naturel comme dans l’attitude moderne) derrière le cosmos était essentiellement valable d'un point de vue chrétien. » Bien qu'ignorants de la véritable nature des objets de leur dévotion, ces hommes avaient tendance à être pieux. Par exemple, saint Paul a observé que les Athéniens grecs adoraient au sanctuaire du « Dieu inconnu » (voir Actes 17 :22, 23). Il a utilisé leur dévotion envers cette divinité pour les instruire sur le vrai Dieu de toute création.

Lorsque Dieu a choisi de se révéler pleinement, il a choisi une certaine race, les Juifs, pour être les premiers destinataires de son auto-révélation. Il les a enseignés par l'intermédiaire de prophètes et les a appelés Son « peuple élu ». Même si les Juifs désobéissaient souvent à leur Dieu (et payaient un lourd tribut pour cela), ils n’ont jamais rejeté une vision du monde spirituelle. Ils ont sombré dans l’idolâtrie, mais pas dans l’athéisme. 

Aussi éloignés de la vérité divine que les hommes aient pu se trouver à cette époque ancienne, rares sont ceux qui auraient nié l'existence d'une vérité. Le concept d’athéisme était si répugnant et étranger que les premiers chrétiens étaient parfois accusés par ignorance de cela ! L'écrivain contemporain, le père Michael Azkoul, raconte que « Saint Polycarpe de Smyrne fut martyrisé par une foule païenne pour athéisme, c'est-à-dire pour avoir nié les dieux de la ville au nom du Christ (Martyr. Poly. 3.3)."6

Ce point a été clairement illustré par Marc Aurèle, qui s’est d’abord mis en colère contre les chrétiens. Émerveillé par la puissance de leurs prières en sa faveur, l'empereur a finalement admis devant le Sénat romain que « ceux que nous supposons athées ont Dieu comme pouvoir dirigeant enraciné dans leur conscience ».

Les Grecs et les Romains étaient majoritairement polythéistes. Pourtant, la civilisation gréco-romaine a finalement donné naissance à ce que l’on pourrait appeler l’athéisme théorique, ou le déni conscient de la divinité. Socrate a été condamné par les Athéniens pour athéisme, parce qu'il ne croyait pas en la déesse de la ville, Athéna. Cicéron affirmait que l'existence des dieux ne pouvait être prouvée, et Lucrèce affirmait que le cosmos était uniquement matériel.

Avec l’avènement du quatrième royaume (Rome), l’homme a commencé à définir le cosmos uniquement en fonction de lui-même. Il refusait, comme le disait le père Seraphim Rose, « de reconnaître tout arbitre des faits autre que la fière raison humaine ». Il vénérait, voire adorait, son esprit rationnel, Je m'attendais à ce qu'il dénoue tous les nœuds de l'univers.

L’humanité prétendait n’avoir plus besoin de Dieu. Dans ces conditions, l’athéisme (et son corollaire, le nihilisme) est devenu l’apanage non seulement des philosophes, mais aussi de l’homme ordinaire. Par conséquent, les Romains (c’est-à-dire tous sous la domination et l’influence de ce royaume – même jusqu’à nos jours) sont devenus à la fois plus forts au sens matériel et beaucoup plus grossiers spirituellement. (À suivre)


lundi 7 octobre 2024

II - CONCLUSION : LA RÉPONSE ORTHODOXE AU DÉFI THÉOLOGIQUE QUI NOUS ATTEND (suite)


Voici la suite et la conclusion d
analysée par l'archiprêtre Peter Heers

« En entreprenant cet examen de la nouvelle approche du baptême schismatique et hérétique adoptée par le Décret de Vatican II sur l'œcuménisme et de son importance pour la formation de la nouvelle ecclésiologie du concile, nous avons cherché à comprendre non seulement ce que le document conciliaire entendait dire, mais comment et pourquoi le concile est arrivé à une telle vision du Baptême et de l'Église.Nous avons montré que la nouvelle ecclésiologie embrassée par ce concile n'est pas du tout un retour à la vision patristique de l'Église, mais plutôt une innovation et un nouveau départ de celle-ci. En particulier, l'un des principaux piliers de la nouvelle ecclésiologie — la reconnaissance, sur la base d'un baptême valide et efficace, de "l'ecclésialité" de confessions traditionnellement étiquetées schismes ou hérésies —s'est avéré incompatible non seulement avec l'ecclésiologie patristique de l'Église primitive (Sts. Ignace, Irénée, Cyprien et coll.) mais aussi avec l'"ecclésiologie eucharistique" récemment exposée."

C'est un présupposé fondamental des Saints Pères que l'unité de l'Église est l'unité dans l'Eucharistie, jamais en dehors d'elle. Toute unité "en Christ", que ce soit entre les hommes ou entre les Églises locales, est unité dans l'Eucharistie. Tous les mystères, y compris, en premier lieu, le Saint Baptême, existent et sont vécus et rendus effectifs dans le mystère de l'Église, dans la Synaxe eucharistique. Le mystère de l'Incarnation, le mystère de l'Église, le mystère de l'Eucharistie et tous les saints mystères sont, en dernière analyse, inséparables, car ils expriment l'Unique Mystère du Christ. Par conséquent, il ne peut y avoir de "participation différenciée" dans l'Église telle que proposée par les théologiens du Concile Vatican, car toute participation prend enseignement menteur d'importance secondaire, mais, en effet, un nouveau dogme, ou plutôt une hérésie. Car tout nouvel enseignement dogmatique, y compris un nouvel enseignement sur la nature de l'Église, le Corps du Christ—un enseignement qui n'est pas en accord avec l'expérience et la Tradition bimillénaires de l'Église — constitue nécessairement une hérésie, une croyance totalement étrangère à la Foi.

Nous sommes convaincus que, vue dans son contexte historique et théologique approprié, la nouvelle image de l'Église révélée dans les textes ecclésiologiques de Vatican II est la dernière d'une longue série d'étapes loin du consensus patristique, sinon, en effet, d'une "deuxième Réforme" de l'Église romaine, cette fois servant à rapprocher Rome du protestantisme. Pourtant, les conséquences de la nouvelle ecclésiologie ne se limitent pas au milieu théologique du catholicisme et du protestantisme. En cette ère d'œcuménisme, la théologie orthodoxe a également été clairement affectée.

En effet, les implications de la nouvelle ecclésiologie sont immenses pour la participation orthodoxe au mouvement œcuménique et au dialogue théologique international avec le catholicisme romain. Le fait que les participants orthodoxes à la Commission Mixte Internationale pour le Dialogue Théologique entre l'Église catholique et l'Église orthodoxe non seulement n'aient pas vu la nécessité d'examiner, et encore moins d'aborder, ce nouveau départ de la Foi, mais aient plutôt réduit la question ecclésiologique à une question de primauté, révèle l'état désastreux de notre témoignage à cet égard.

Il est en effet remarquable que, bien que cinquante ans se soient écoulés depuis la promulgation des textes conciliaires, la bibliographie des examens critiques orthodoxes couvre moins d'une demi-page. Non seulement les théologiens et les évêques orthodoxes n'ont pas réussi à fournir une critique de la nouvelle ecclésiologie du point de vue orthodoxe (à de très rares exceptions près), mais des représentants haut placés de l'Église ont adopté et exprimé des aspects de celui-ci comme s'il était en harmonie avec le dogme orthodoxe. Des théologiens orthodoxes et des hiérarques renommés ont écrit et parlé de l'Église et de Son Baptême en des termes presque identiques à ceux utilisés dans les textes de Vatican II et de la théologie catholique romaine contemporaine.

L'accord conjoint conclu à Balamand, les divers accords de "baptême commun" signés par des représentants en Amérique, en Allemagne et en Australie qui reconnaissent les baptêmes des hétérodoxes en soi, et la discussion accrue sur une "Église divisée", comprise comme incluant à la fois l'Église orthodoxe et le catholicisme romain, sont tous des exemples de la lente adoption par certains orthodoxes des éléments essentiels de la nouvelle ecclésiologie.

La nouvelle convergence ecclésiologique se concentre dans l'acceptation d'une Église divisée dans le temps. Cela pourrait être qualifié de nestorianisme ecclésiologique, dans lequel l'Église est divisée en deux êtres distincts: sur d'une part l'Église céleste, hors du temps, seule vraie et entière; de l'autre, l'Église, ou plutôt des "églises", sur terre, dans le temps, déficientes et relatives, perdues dans les ombres de l'histoire, cherchant à se rapprocher les unes des autres et de cette perfection transcendante, autant que possible étant donné la faiblesse de la volonté humaine versatile.

Dans cette ecclésiologie, les divisions tumultueuses et préjudiciables de l'histoire humaine ont vaincu l'Église "à temps."La nature humaine de l'Église, étant divisée et déchirée, a été séparée de la Tête théanthropique. C'est une Église sur terre privée de sa nature ontologique et non "une et sainte", ne possédant plus toute la vérité par son union hypostatique avec la nature divine du Logos.

La "théologie baptismale" et la nouvelle ecclésiologie sont des exemples de la tendance à succomber à la tentation, d'abaisser la barre haute de l'unité de l'Église au minimum des moindres éléments communs et de forger une ecclésiologie de l'inclusivité qui embrasse le mensonge.

Nous épousons les vues du Père Georges Florovsky, bien qu'écrits des décennies avant le Concile Vatican II, car ils sont applicables non seulement à la théologie du protestantisme réformé mais aussi à la nouvelle ecclésiologie du protestantisme pontifical. Derrière la nouvelle image de l'Église présentée dans Unitatis Redintegratio et Lumen Gentium se cachent : un docétisme historique ecclésial unique, une insensibilité à la réalité et à la plénitude de la Révélation divine dans le monde, une insensibilité au mystère de l'Église, une incompréhension de sa profonde nature originelle. En effet, non seulement mystiquement, mais aussi historiquement, la division dans la foi est toujours apparue à travers le schisme et la chute, à travers la séparation d'avec l'Église. Le seul chemin de leur redéfinition est le chemin de la réunification ou du retour, et non de l'union. On pourrait dire que les "croyances" discordantes en général ne sont pas unifiées, car chacune est un tout fermé sur lui-même. Dans l'Église, une mosaïque de différentes parties est impossible. Il y a en face l'une de l'autre non pas des "croyances" avec des droits égaux, mais l'Église et le schisme, unis dans un esprit d'opposition. Elle ne peut être entière que par élimination, par un retour à l'Église. Il n'y a pas et il ne peut y avoir de Christianisme "partiel"-"est-ce que le Christ a été divisé?"(1 Cor. 1:13).

Il n'y a qu'Une Seule Église Sainte, Catholique et Apostolique—la Maison d'un seul Père; et les croyants, comme l'a dit saint Cyprien de Carthage, "n'ont pas d'autre maison que l'unique Église."[Saint Cyprien, De Catholicae Ecclesiae Unitate, chap. 6,PL 4.502. P. Georges Florovsky, "La Maison du Père", dans Œcuménisme I: Une approche doctrinale, Œuvres rassemblées, 1379 ]

Qu'on y voie du nestorianisme ecclésiologique ou du Docétisme historique de l'Église, la nouvelle ecclésiologie est, sans aucun doute, en contradiction totale avec la confession orthodoxe de foi en Une Seule Église Sainte, Catholique et Apostolique.

En conclusion, nous revenons une fois de plus à l'important examen de l'ecclésiologie de saint Ignace d'Antioche par le Père Jean Romanides, qui décrit bien la compréhension de soi diachronique de l'Église orthodoxe concernant toute l'unité ecclésiastique comme passant par l'Eucharistie:

En contraste frappant avec ses adversaires spiritualistes, Ignace présente un mysticisme complètement christocentrique et même sarkocentrique — seuls la chair et le sang de l'homme — Dieu ressuscité sont la source de la vie et résurrection de tous les hommes de tous les âges. (Ign. Éph. 1, 7, 19, 20; Mag. 6, 8; Sourire. 1, 3; Pol. 3; Mag. 9; Phil. 5, 9.) La nature humaine de Dieu n'est autre que le salut lui-même, à savoir (1) la restauration de l'immortalité à ceux qui participent collectivement à l'amour désintéressé, (2) la justification de l'homme par la destruction de la mort et de l'accusateur et ravisseur de l'homme, le diable, et (3) l'octroi du pouvoir de vaincre le diable en luttant pour atteindre à l'amour désintéressé pour Dieu et le prochain à travers la chair du Christ. Le mysticisme christocentrique et centré sur la chair d'Ignace n'est pas un simple luxe des plus enthousiastes, mais au contraire une nécessité absolue pour le salut, et constitue la base même de son ecclésiologie, qui est bien celle du Nouveau Testament et de l'ancienne Église. [cf  Jean S. Romanides ," L'ecclésiologie de Saint Ignace", La Revue théologique orthodoxe grecque 7:1 et 2 (1961-62)]

Saint Ignace affirme sans équivoque qu'en dehors de l'Eucharistie, il ne peut y avoir d'unité dans le Christ. Suppliant ses compagnons chrétiens il y a quelque mille neuf cents ans de se hâter vers l'unité de la foi et l'unité dans l'Eucharistie, en dehors desquelles il ne peut y avoir d'unité, il a écrit: "Hâtez-vous donc de vous réunir fréquemment pour l'action de grâces à Dieu [l'Eucharistie] et la glorification. Car lorsque vous vous réunissez fréquemment, les pouvoirs de Satan sont démolis et sa destructivité est dissoute par votre unité de foi."" Que personne ne se trompe. Si l'on n'est pas dans le lieu du sacrifice (θυσιαστήριον) il est privé du pain de Dieu. ... Par conséquent, celui qui n'assemble pas επί το αυτό [dans la synaxe eucharistique] est dans l'orgueil et s'est déjà condamné lui-même." [Saint Ignace d'Antioche, Épître aux Éphésiens, 13.]

    L'Église du Christ, telle que l'apôtre Paul l'a définie suprêmement, est Son corps, la plénitude de lui qui remplit tout EN tous (ἐστὶν τὸ σῶμα αὐτοῦ, τὸ πλήρωμα τοῦ τὰ πάντα ἐν πᾶσιν πληρουμένου). La plénitude du Christ est identifiée au Corps du Christ, qui est, comme le Christ Lui-même lorsqu'Il marchait sur terre dans le temps, comme Theanthropos, visible et indivisible, marqué par des caractéristiques divino-humaines.

    Comme l'a écrit Vladimir Lossky, " tout ce qui peut être affirmé ou nié sur le Christ peut également être appliqué à l'Église, dans la mesure où elle est un organisme théandrique."[Lossky, Vladimir, La théologie mystique de l'Église de Pâques (Crestwood, New York: St. Vladimir Seminary Press, 1976), 187.] Il s'ensuit donc que, de même que nous ne pourrions jamais affirmer que le Christ est divisé ou que l'un pourrait être Le Sien partiellement, incomplètement, nous ne pourrions pas non plus accepter que l'Église soit jamais divisée (cf. 1 Cor 1: 13) ou la participation à l'Église soit fragmentaire.

Si certains orthodoxes acceptaient la division de l'Église, ils accepteraient l'annulation de l'Incarnation et le salut du monde. Si un tel écart par rapport à la foi et à l'enseignement orthodoxes est passivement accepté par le plérôme de l'Église, on ne peut que s'attendre aux conséquences les plus désastreuses, non seulement pour un témoignage orthodoxe de l'hétérodoxe, mais même pour l'unité orthodoxe. Pour que la théologie orthodoxe contemporaine soit cohérente avec l'identité et la compréhension de soi de l'Église orthodoxe en tant qu'Église Une, Sainte, Catholique et Apostolique, une réorientation et une réorientation de l'engagement orthodoxe avec les hétérodoxes sont absolument nécessaires.

En particulier:

1. Un examen approfondi de la soi-disant "théologie baptismale" ou "ecclésiologie baptismale" adoptée au sein du catholicisme romain, le Conseil œcuménique des Églises, et même par certains théologiens orthodoxes est nécessaire sur la base de la centralité de l'Eucharistie à l'unité de l'Église.

2. Il est nécessaire d'éclairer davantage le chemin historique et l'évolution théologique de la nouvelle ecclésiologie, afin de situer clairement ses origines théologiques dans l'Occident post-schisme.

3. De même, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour clarifier la nature et le degré de départ de l'ecclésiologie de saint Augustin du consensus patristique devant lui, ainsi que la nature et le degré de départ de Thomas d'Aquin de l'ecclésiologie de saint Augustin, en particulier en ce qui concerne le baptême des schismatiques et des hérétiques.

    La nouvelle ecclésiologie exprimée dans Unitatis Redintegratio est un défi spirituel et théologique de notre époque auquel chaque chrétien orthodoxe reste indifférent à son propre péril, car il comporte des inconvénients sotériologiques en conséquence. Face à une hérésie terriblement conflictuelle et trompeuse, nous sommes tous appelés à confesser le Christ aujourd'hui, comme l'ont fait nos anciens ancêtres à l'époque de l'Arianisme. Notre confession de foi, cependant, n'est pas seulement dans Sa Personne dans l'Incarnation, mais Sa Personne dans la continuation de l'Incarnation, l'Église. Confesser la foi aujourd'hui, c'est confesser et déclarer l'unité de Sa nature divine et humaine dans Son Corps, la seule et unique Église orthodoxe-"non mélangée, inchangée, indivise et inséparable.".[ Extrait des Discours du Quatrième Concile œcuménique: “ἀσυγχύτως, ἀτρέπτως, ἀδιαιρέτως, ἀχωρίστως.”] »

Archiprêtre Peter Heers

Version française (avec l'autorisation de l'auteur) d'un extrait de The Ecclesiological Renovation of Vatican II:  An Orthodox Examination of Rome's Ecumenical Theology Regarding Baptism and the Church ( Uncut Mountain Press)

par Maxime Le minime


samedi 5 octobre 2024

INTERPRÉTATION ORTHODOXE DE L'APOCALYPSE [11.1] (suite)

Les quatre métaux [1]


Il existe un accord assez large parmi les Saints Pères et les érudits modernes sur le fait que les quatre royaumes du rêve de Nabuchodonosor font référence à des empires terrestres spécifiques. Saint Cyrille de Jérusalem expliquait que « le premier royaume [or] qui devint célèbre fut celui des Assyriens, et le second [argent] celui des Mèdes et des Perses ensemble, et après ceux-ci celui des Macédoniens fut le troisième [ bronze], donc le quatrième royaume [fer] est maintenant celui des Romains.» Le royaume romain connut deux périodes distinctes, représentées par les jambes et les pieds. Les jambes de la première période sont entièrement en fer et donc très solides. Pourtant, il y a deux jambes, ce qui suggère la division historique de l’Empire romain entre l’Est et l’Ouest. Les pieds, représentant la seconde période romaine, sont en partie en fer et en partie en argile. Du fait de ce mélange, ils sont plus faibles. Les dix orteils suggèrent les dix nations (appelées « dix cornes » dans Daniel 7 :7) de la phase finale de l'Empire romain à partir de laquelle l'Antéchrist doit faire son apparition. Cette phase, comme nous le verrons, correspond à notre époque moderne.

L'évêque Saint Irénée du IIe siècle a noté la grande division de l'humanité que représentent les dix orteils de la figure : « Pour que le royaume soit divisé, et ainsi aboutisse à la ruine, le Seigneur [déclare quand Il] dit : « Chaque royaume divisé contre lui-même…ne tiendra pas. Il faut donc que le royaume, la ville et la maison soient divisés en dix ; et c'est pour cette raison qu'Il a déjà préfiguré le partage et la division (qui auront lieu). ... Les dix orteils sont donc ces dix rois, entre lesquels le royaume sera partagé, dont certains seront en effet forts et actifs, ou énergiques ; d'autres, encore, seront lents et inutiles, et ne seront pas d'accord ; comme le dit aussi Daniel : « Une partie du royaume sera forte, et une partie en sera brisée. » Comme tu as vu le fer mêlé à l'argile cuite, il y aura des mélanges parmi le genre humain, mais aucune cohésion l'un avec l'autre, tout comme le fer ne peut être soudé à la poterie ? »  L'image terrible dans le rêve du roi est un mélange de métaux, de l'or tendre mais précieux au fer dur mais commun. Le commentateur protestant C.I. Scofield a suggéré que ces empires mondiaux reflètent une diminution progressive du raffinement spirituel et une augmentation correspondante de la force matérielle au cours de l'histoire : « De la tête d'or (v. 38) au fer du quatrième royaume (Rome), il y a une déperdition en finesse, mais une augmentation en force (v. 40).
Puis vient la détérioration du quatrième royaume dans cette même qualité-force... Le royaume est divisé en deux, les jambes (empires de l'Est et de l'Ouest), et celles-ci sont à nouveau divisées en royaumes, dont le nombre, lorsque la pierre frappera l'image, sera de dix (orteils). Cette vision de l’histoire est en fait largement répandue." (À suivre)

jeudi 3 octobre 2024

I - RÉSUMÉ D'UN EXAMEN ORTHODOXE de la Rénovation Ecclésiologique de Vatican II

 

D'une pandémie méconnue en milieu orthodoxe : la pandémie du virus œcuméniste

En quoi pourrions-nous, nous Orthodoxes, être concernés par le concile Vatican II qui date maintenant de  plus de soixante ans ?

Si nous en jugeons par l'avancée plus ou moins discrète mais réelle de l'œcuménisme, pas seulement au  niveau des hiérarques mais également de par la contamination insidieuse mais perceptible qui se fait parmi un certain clergé et  leurs fidèles orthodoxes, nous pouvons craindre que ce qu'on appelle toujours "l'Église" ne s'éloigne de plus en plus du Corps du Christ pour se fondre dans des réseaux institutionnels géopolitiques tout ce qu'il y a de plus mondains, inaptes à assurer une saine et réelle nourriture spirituelle pour les chercheurs de Dieu exigeants. Les analyses et mises au point incontournables théologiquement qu'en a fait le Père Peter Heers dans son livre "The Ecclesiological Renovation of Vatican II An Orthodox Examination of Rome’s Ecumenical Theology Regarding Baptism and the Church" méritent au plus haut point d'être rappelées. C'est certes un peu long à lire mais il en va de la santé spirituelle de tous. J'ai traduit les deux dernières parties du livre de L'Archiprêtre Peter Heers : le "résumé" que je publie en un premier post qui sera suivi d'un second la "conclusion". Bon courage !

Maxime le minime

 

"Concernant Le baptême et l'Église


[…] Nous avons vu que les racines du développement latin de la doctrine du Baptême et de l'Église remontent aux premiers siècles de l'Église, en particulier au troisième siècle, lorsque la controverse a surgi entre le pape Étienne et saint Cyprien de Carthage concernant le baptême hérétique. Le pape Étienne soutenait le point de vue de la minorité, qui supposait qu'un mystère de l'Église, le baptême, pouvait être possédée — ne serait-ce que partiellement —  en dehors de l'unité de la Foi et de l'Église. Cette divergence fondamentale par rapport au consensus patristique — qui refusait de reconnaître qu'un mystère qui n'était pas de l'Église était du Christ — devait rester une pierre angulaire de l'ecclésiologie latine jusqu'à et après Vatican II. Et, pourtant, les conséquences du point de vue de Rome ont été différées aussi longtemps comme il a maintenu, avec toute l'Église, que l'Esprit Saint (en tant qu'énergie purificatrice et sanctifiante) n'était pas à l'œuvre parmi les schismatiques et les hérétiques.

On peut dire que le bienheureux Augustin est le père de la théologie sacramentelle latine et en particulier du divorce particulier de la théologie des sacrements avec la théologie de l'Église. Le penchant de l'évêque nord-africain pour réduire le mystère à une considération de "validité" allait devenir le fondement d'un minimalisme sacramentel général au cours des siècles qui ont suivi le Grand Schisme. Et pourtant, malgré ses innovations particulières, Augustin, comme le pape Étienne, soutenait que, même si les schismatiques et les hérétiques pouvaient posséder les signes extérieurs de l'Église, ils ne possédaient pas le Saint Esprit tant qu'ils restaient en dehors de l'unité de l'Église. Sur ce point particulièrement important pour l'ecclésiologie—un point qu'Augustin partageait avec toute la Tradition de l'Église— Rome a officiellement rompu les rangs au XVIIe siècle condamnation du jansénisme, faisant ainsi un pas de géant loin du patrum consensuel et vers la nouvelle ecclésiologie.

Ce serait donc une erreur flagrante de supposer (comme l'a fait un dirigeant œcuménique orthodoxe de premier plan) qu'avec Unitatis Redintegratio, Rome est revenue à ses racines dans le bienheureux Augustin. Bien que les vues d'Augustin sur la grâce, la liberté et une foule d'autres questions aient dominé la théologie occidentale pendant des siècles, ce n'est qu'après le Grand Schisme que ses vues novatrices sur les sacrements et l'Église ont fini par dominer la pensée théologique en Occident-seulement pour être sélectivement rejeté, comme dans le cas de la condamnation janséniste.

Pourtant, à un égard portant directement sur notre examen du Baptême - le sens qu'il attribuait  au "caractère baptismal — Les vues novatrices d'Augustin ont été déformées par Thomas d'Aquin et la tradition scolastique ultérieure. Cette redéfinition thomiste s'est avéré crucial dans la formation de la vision de Rome de l'appartenance à l'Église.

Bien avant cela, cependant, d'importants détournements du patrum consensuel ont eu lieu au cours des siècles qui ont immédiatement suivi le Grand schisme - des changements qui se sont combinés pour façonner la vision latine du baptême. L'enseignement selon lequel même un incroyant, en cas de besoin, pouvait baptiser a reçu un poids institutionnel lors des conciles du Latran et de Florence. L'abandon de l'immersion comme forme normale du baptême et son remplacement par affusion ont également reçu un soutien théologique important de Thomas d'Aquin au cours de cette même période. Au cours des siècles qui ont suivi le schisme, en Occident, l'unité des mystères a été brisée dans la pratique de telle sorte qu'un enfant était baptisé mais ni chrismé ni communié jusqu'à des années plus tard. Depuis le Moyen Âge jusqu'à nos jours, l'Occident a vécu l'initiation à la vie de l'Église comme le baptême (ou plutôt l'affusion) seul. Toutes ces innovations combinées ont préparé le terrain pour voir le baptême sous un jour légaliste et minimaliste, comme un rite d'initiation autonome, presque magique, séparé de l'unité de la foi.

Cet état de choses, qui a duré de nombreux siècles, a conduit à l'étape la plus critique de l'histoire du développement de la vision du baptême présentée dans Unitatis Redintegratio du XVIIe au XIXe siècle.

C'était une période où l'idée thomiste du "caractère baptismal" était élevée comme déterminante pour l'appartenance à l'Église. Une série d'interprétations erronées de ce qui constituait l'appartenance à l'Église conduirait finalement au Canon 87 du Code de droit canonique de 1917.

Ce canon est basé sur un mémoire du pape Benoît XIV, qui s'est inspiré à son tour du théologien jésuite Francisco Suárez, qui s'est également inspiré du traité d'Augustin sur le baptême. Le processus de désintégration que nous avons décrit en ce qui concerne les rites de l'initiation est pleinement apparent dans la théologie de l'initiation et de l'appartenance exprimé dans ce canon. Pour Augustin, l'appartenance se situait dans la triple unité de la foi, du baptême et de la "paix catholique" ou unité de l'Église. Pour Suárez, qui se réfère à Augustin mais le comprend mal, c'était la foi, la droiture et le caractère baptismal.

Pour Benoît XIV, se référant à Suárez, le critère d'appartenance à l'Église avait été réduit au caractère baptismal, ne dépendant que de "la forme et de la matière appropriées" (validité). Cette idée minimaliste et légaliste de l'appartenance à l'Église a servi de base aux opinions des théologiens du XXe siècle derrière Unitatis Redintegratio, notamment Yves Congar et le cardinal Bea.

Si, cependant, la compréhension totale d'Augustin du sacrement et du caractère est maintenue en vue, Congar, et Vatican II après lui, non seulement ont ignoré l'enseignement d'Augustin, ils l'ont inversé. Dans Unitatis Redintegratio, celui qui est manifestement séparé de l'unité de l'Église peut, par un signe extérieur, acquérir une réalité spirituelle interne qui l'unit à l'Église intérieurement, invisiblement, mais pas extérieurement. Pour Augustin, il était possible en dehors de l'unité de l'Église d'obtenir un signe extérieur d'appartenance à l'Église sans qu'il y ait de réalité spirituelle interne accompagnant ce signe, et donc sans la réalité spirituelle de l'unité. Sur ce point crucial, Vatican II a clairement choisi de ne pas revenir aux sources patristiques, ni même à Augustin, mais de rester avec et de développer ecclésiologiquement l'idée d'appartenance liée à la compréhension d'Aquin du "caractère biblique"."

Ainsi, à la veille du concile, une majorité de théologiens latins était parvenue à un nouveau consensus selon lequel, sur la base de certains éléments, en premier lieu le Baptême, les non-catholiques romains participaient, à différents niveaux, à la vie de l'Église. Au cours de l'assemblée, ce consensus en faveur d'une participation graduée à la vie de l'Église est devenu la base de la présentation d'une ecclésiologie nouvelle à part entière dans les textes finaux du concile. Des changements ont également été apportés à des aspects clés de la compréhension de Rome et de la considération des dissidents — des changements dont les racines remontent à la longue désintégration des rites d'initiation et de la théologie du baptême.

Dans le cadre de l'ouverture œcuménique et de la volonté d'inclure les hétérodoxes dans le mystère de l'Église, Vatican II a accepté l'idée que l'Église romaine n'est pas la totalité du Corps du Christ, mais seulement une partie de celui-ci. Cela est évident dans l'abandon de la simple identification de l'Église romaine avec l'Église du Christ et l'introduction de la célèbre phrase "L'Unique Église du Christ... subsiste dans l'Église catholique."Cela se manifeste également, cependant, dans la distinction entre la communion "pleine" et "incomplète" et la reconnaissance des "éléments ecclésiaux" en dehors de l'Église — des idées fondamentales pour la nouvelle ecclésiologie. Cette idée que, sur la force des éléments ecclésiaux tenus en commun, les" frères séparés " ne sont pas seulement en communion partielle avec l'Église romaine, mais, en fait, font partie de l'Église universelle, même si d'une manière dégradée, est largement basée sur l'acceptation d'un "Baptême commun."

L'image de l'Église qui émerge dans Unitatis Redintegratio et Lumen Gentium est une Église particulière à deux niveaux, avec deux types de Baptême, ou deux résultats de l'unique Baptême. Selon Unitatis Redintegratio, ceux qui possèdent le Baptême seul, sans la réalité de l'Eucharistie (ce qui signifierait la plupart des protestants), sont "vraiment incorporés" au Corps du Christ dans le Baptême sans toutefois partager le Sang du Christ dans l'Eucharistie. Pour ceux qui sont considérés comme possédant une Eucharistie "valide" parce qu'ils possèdent la succession apostolique, ce qui inclut les orthodoxes, même s'ils sont vraiment participants du Corps et du Sang du Christ, ils sont toujours "blessés", manquant non pas la plénitude du Christ, mais la plénitude de la communion avec Son Vicaire, le Souverain Pontife.

Cette image de l'Église, cependant, et en particulier, une telle idée du Baptême avec de tels résultats, est impensable pour les Saints Pères et l'Église orthodoxe. Ceux qui sont initiés au Christ sont initiés à Sa Plénitude, qui est Son Corps. Un baptême qui n'est pas consommé dans l'Eucharistie peut-il à juste titre être appelé Saint Baptême? Et peut - on dire que ceux qui participent à l'Eucharistie, qui est la perfection de la communion avec le Christ et entre les Fidèles, comme Rome l'accorde aux Orthodoxes, manquent de quelque chose?

L'état de communion incomplète décrit dans Unitatis Redintegratio - une communion basée sur des "éléments" et en dehors de l'unité de la Foi n'a ni précédent ni place dans l'Église. Cela est en contradiction directe avec la lettre et l'esprit des Saintes Écritures et la pensée du Christ clairement présentée par l'apôtre Paul.par Lui, en commun: "nous qui sommes plusieurs, nous sommes un seul corps en Christ, et chacun est membre l'un de l'autre" (Rom. 12:5). L'unité en Christ signifie être dans le même "espace" avec Lui, c'est-à-dire être en Lui, en tant que membres de Son Corps. Comme les partisans de la nouvelle ecclésiologie eux-mêmes l'ont admis en évitant le terme "membre" comme gênant, il ne peut y avoir de "membres incomplets" du Christ, "dont tout le corps convenablement réuni et compacté par ce que chaque joint fournit, selon le travail efficace dans la mesure de chaque partie, fait croître le corps jusqu'à l'édification de lui-même dans l'amour" (Éph. 4:16). Il n'y a pas d'union ou de communion incomplète dans l'Église parce que l'Église est plénitude, l'Église est "son corps, la plénitude de celui qui remplit tout en tous" (Éph. 1:23).

Il ne peut y avoir deux domaines différents de possibilités ecclésiales, ou deux classes différentes de baptisés, car "dans un seul Esprit, nous sommes tous baptisés en un seul corps "(1 Cor. 12:13). Il ne peut y avoir deux sortes de communion ou unité en Christ - une pleine et une incomplète, car nous "sommes tous un en Jésus-Christ "(Gal. 3:28). Il n'y a pas deux sortes différentes d'églises ou de corps de chrétiens au sein d'Une Seule Église une qui est par la volonté de Dieu et une autre qui n'est pas la volonté expresse de Christ, car toute "l'Église est soumise au Christ" (Éph. 5: 24), Qui la sanctifie et la purifie "afin de se la présenter à lui-même comme une église glorieuse, n'ayant ni tache, ni ride, ni rien de semblable, mais qu'elle soit sainte et sans défaut "(Éph. 5:27).

L'Église est une, et son unité est à la fois verticale et horizontale, avec Dieu et entre les hommes, avec les Saints Pères du passé et les chrétiens des derniers temps. Cette unité n'englobe que ceux qui communient  à l'énergie vivifiante de la Sainte Trinité.

Comme l'a écrit saint Nicolas Cabasilas, cette unité se manifeste dans les mystères — chacun séparément et tous ensemble. L'unité des mystères et de la vie mystique dans le Christ signifie que l'énergie vivifiante et salvifique de la Sainte Trinité n'est pas donnée une fois pour toutes par le Baptême. Car non seulement l'initiation à cette énergie vivifiante n'est pas seulement par le Baptême, mais notre séjour continu dans le Corps en tant que porteurs de l'Esprit exige la formation continue du Christ à l'intérieur, par la communion aux mystères immaculés de l'Eucharistie.

De tout ce que cette étude s'est efforcée de présenter, nous pensons qu'il devrait être clair que la théorie de l'unité baptismale présentée dans Unitatis Redintegratio est incompatible avec l'ecclésiologie des Saints Pères.

Cette conclusion a été confirmée dans les nombreux exemples que nous avons cités à la fois dans Unitatis Redintegratio et dans les commentaires des principaux théologiens latins et dans le témoignage patristique de l'Église primitive et contemporaine." (À suivre)


Père Peter Heers

Version française (avec l'autorisation de l'auteur) d'un extrait de The Ecclesiological Renovation of Vatican II:  An Orthodox Examination of Rome's Ecumenical Theology Regarding Baptism and the Church ( Uncut Mountain Press)

par Maxime Le minime

mercredi 2 octobre 2024

INTERPRÉTATION ORTHODOXE DE L'APOCALYPSE [10] (suite)

 Les grands empires mondiaux

Des civilisations ont été détruites, pour la plupart. Mais jamais l’humanité. Mais cette fois, c'est différent.

Joseph Weizenbaum


Une nuit au cours du cinquième siècle avant J.-C., Nabuchodonosor II « fit des rêves ; et son esprit fut si troublé que son sommeil le quitta » (Daniel 2 : 1). Puisqu’il était roi de Babylone, s’il passait une mauvaise nuit, tout le monde aussi. Nabuchodonosor se leva dans l'obscurité et convoqua ses magiciens, astrologues et sorciers. Il leur ordonna d'interpréter son rêve.

« Certainement", répondirent les sages du roi. Dites-nous simplement votre rêve et nous l’interpréterons."

Nabuchodonosor devait se sentir un peu méfiant, car il a insisté non seulement pour qu'ils interprètent son rêve, mais qu'ils lui disent d'abord de quoi il s'agissait ! La pénalité en cas d'échec était d'être coupé en morceaux. Comme on pouvait s'y attendre, les magiciens et les astrologues furent bloqués et agités à la demande royale. Ils auraient certainement connu une disparition prématurée sans Daniel.

Daniel, un juif en captivité, entendit ce qui se passait et commença à prier, sachant que seul Dieu pouvait l'inspirer pour répondre à la demande du roi. Puis il alla trouver Nabuchodonosor et lui dit : « Il y a un Dieu dans le ciel qui révèle les secrets, et il a fait connaître... ce qui arrivera dans les derniers jours » (Daniel 2 :28). Daniel comprit que, même si le rêve du roi traitait de toute la portée de l'histoire sacrée, son but était de faire la lumière sur les « derniers » jours.

Ayant gagné l'oreille de Nabuchodonosor, Daniel commença à révéler et à interpréter son rêve : « …Daniel répondit en présence du roi et dit : Ce que le roi demande est un secret que les sages, les astrologues, les magiciens et les devins, ne sont pas capables de découvrir au roi. Mais il y a dans les cieux un Dieu qui révèle les secrets, et qui a fait connaître au roi Nabuchodonosor ce qui arrivera dans la suite des temps. Voici ton songe et les visions que tu as eues sur ta couche. Sur ta couche, ô roi, il t'est monté des pensées touchant ce qui sera après ce temps-ci; et celui qui révèle les secrets t'a fait connaître ce qui arrivera.…"Toi, ô Roi... tu es cette tête d'or. Mais après toi surgira un autre royaume inférieur au tien ; puis un autre, un troisième royaume d'airain, qui régnera sur toute la terre. Et le quatrième royaume sera aussi fort comme le fer, dans la mesure où le fer brise et brise tout... Alors que tu as vu les pieds et les orteils, en partie d'argile de potier et en partie de fer, le royaume sera divisé... Et comme les orteils des pieds étaient en partie de fer, de fer et en partie d'argile, ainsi le royaume sera en partie fort et en partie fragile.

Et aux jours de ces rois, le Dieu du ciel établira un royaume qui ne sera jamais détruit ; et le royaume ne sera pas laissé à d'autres peuples ; il brisera et consumera tous ces royaumes, et il subsistera pour toujours » (Daniel 2 : 31-44).

(À suivre)

note : Pendant le règne de 43 ans de Nabuchodonosor II, Babylone devint une ville non seulement merveilleuse à voir, mais aussi un centre pour les arts et les activités intellectuelles. Les femmes y jouissaient de l'égalité des droits (même si leur statut n'était pas tout à fait égal à celui dont elles jouissent aujourd'hui), les écoles et les temples étaient nombreux et l'alphabétisation, les mathématiques, les sciences et l'artisanat y étaient florissants; mais Babylone ne dura pas plus de 25 ans après sa mort. La ville tomba aux mains des Perses en 539 avant J.-C. et les efforts déployés ultérieurement par Alexandre le Grand pour la restaurer ne lui permirent jamais d'atteindre les sommets qu'elle avait connus sous le règne de Nabuchodonosor II.

lundi 30 septembre 2024

CONTRE L’ABOLITION DE L’HOMME C.S. Lewis


C.S. Lewis : Le "Tao"  contre l’abolition de l’homme (source)





Auteur prolifique, C.S. Lewis est un enfant du renouveau catholique britannique. Cet auteur de romans apologétiques, comme Les chroniques de Narnia, converti en 1931, ne rejoint jamais le giron romain mais se considère comme un anglican orthodoxe. Il est aussi un essayiste de talent : dans L’Abolition de l’homme, tout en se refusant à employer des arguments chrétiens ou même théistes, il défend la morale traditionnelle et universelle face au relativisme moderne.Clive Staples Lewis

C’est en 1943, à partir de cours donnés à l’université de Durham, que Clive Staples Lewis publie L’Abolition de l’homme. Cet ouvrage, qui, à la lecture des premières pages, semble n’être qu’une banale critique d’une philosophie éducative que Lewis estime erronée, révèle en fait une réelle profondeur philosophique. Ce n’est rien moins que l’abolition de l’homme que l’inventeur de Narnia craint ici ; au cœur de la guerre, il estime que le danger ne vient pas seulement des nazis mais que « le processus qui abolira l’homme si on ne l’arrête pas va aussi vite dans les pays communistes et dans les démocraties que chez les fascistes. »

Le point de départ de Lewis est somme toute banal, puisqu’il reproche à deux manuels scolaires de promouvoir une vision du monde selon laquelle tout jugement de valeur est causé par l’état affectif de celui qui l’énonce et n’a dès lors aucune importance. Cependant, Lewis estime que le fait de dénier toute valeur à l’émotion dans les manuels en question n’est pas qu’un simple choix pédagogique, mais l’illustration d’une pensée moderne subjectiviste qui a renoncé à suivre ce qu’il appelle le Tao.

Invoquant toute la tradition humaine, de l’hindouisme ancien à saint Augustin en passant par la philosophie grecque et la pensée chinoise, il constate que l’éducation des hommes s’est toujours fondée sur « la loi naturelle ou la morale traditionnelle, ou les premiers principes de la raison pratique, ou même les platitudes premières. » Il fait quant à lui le choix sémantique d’éliminer toutes ces expressions pour préférer le mot chinois « Tao ». Il ne faut pas y voir un ralliement quelconque aux religions asiatiques, mais simplement une volonté d’utiliser un mot neuf en Occident, pour décrire un phénomène universel et éternel à l’échelle humaine. Le Tao c’est « l’ordre objectif des choses », c’est l’ensemble des valeurs communes que partage l’humanité et c’est donc « le principe même de l’objectivité des valeurs, l’idée que certaines attitudes sont réellement conformes à la réalité de ce qu’est l’univers et de ce que nous sommes, tandis que d’autres ne le sont pas ».

Les deux éducations

Face à cette question du Tao, Lewis remarque qu’une véritable révolution s’est opérée dans l’éducation moderne. Il constate que l’ancienne éducation, qui se situait à l’intérieur du Tao, avait pour principe de « favoriser la naissance de ces réactions au monde qui sont justes en elles-mêmes, indépendamment du fait qu’on les éprouve ou non ». C’est exactement ce que nous disent Platon et Aristote lorsqu’ils affirment que la saine éducation vise à éveiller l’amour du bon et du beau, ainsi que la haine du laid et du mauvais, tout cela avant même l’âge de la raison. Lorsque la raison vient, elle est reconnue et embrassée grâce à sa parenté avec le bon et le beau auquel l’élève fut éveillé.

L’éducation moderne, qui se trouve hors du Tao, regarde au contraire « tous les sentiments comme irrationnels, comme des sortes de buées qui nous cachent la réalité ». Elle se voit donc dans l’obligation d’opter pour l’une des deux voies suivantes : soit elle se décide à « encourager certains sentiments pour des raisons qui n’ont rien à voir avec leur « justesse » intrinsèque ou leur caractère « ordonné » » ou alors elle se résigne à détruire autant que possible le moindre sentiment existant. Si c’est la première voie qui est choisie, alors l’enseignant moderne met en place un conditionnement afin de faire naître chez son élève un sentiment, qu’il pense être sans valeur, mais dont il estime nécessaire qu’il soit éprouvé par ses élèves. « En un mot, l’ancienne éducation était une sorte de propagation – des hommes transmettant l’humanité à des hommes – la nouvelle n’est que propagande ».

Si le moderne se refuse à ce travail de propagande et choisit plutôt de faire taire tout sentiment chez son élève, espérant trouver d’une autre façon un moyen de justifier ses valeurs morales, il sera dans l’incapacité totale à créer une société vertueuse. En effet, nous dit Lewis, « aucune justification de la vertu ne rend capable d’être vertueux » et cela même s’il était possible de justifier des vertus sans faire appel à l’objectivité des valeurs. « Sans l’aide d’une sensibilité bien formée, l’intellect est impuissant contre ce qui est la réaction animale en nous ». Lewis se rit du monde moderne qui exige que les hommes soient dotés de vertus qu’il a lui-même détruites. « La tête gouverne le ventre par l’intermédiaire du cœur » insiste-t-il : l’homme n’est ni un pur esprit, ni un animal viscéral et si on lui enlève son cœur, ses sentiments, alors il ne peut plus produire les valeurs que la société exige pourtant de lui. « Avec une sorte de naïveté effrayante, nous enlevons l’organe et nous exigeons la fonction ». En effet, comment exiger de l’homme plus « d’énergie, ou de dynamisme, ou d’esprit de sacrifice, ou de créativité » si nous avons tué son cœur ? Comment mépriser les traîtres si nous avons tourné l’honneur en dérision ? 

Pas de morale possible sans Tao


 


               La morale par l’exemple, 
ministère de l’Instruction publique (1900)

C. S. Lewis observe que si les modernes professent le subjectivisme à l’égard des valeurs traditionnelles, ils continuent néanmoins à défendre des valeurs qu’ils estiment vraies. Si ce n’était pas le cas, ils n’écriraient pas de manuels scolaires. Ils pensent qu’en détruisant tout « ce développement parasite d’émotions, de sanctions religieuses, de tabous ancestraux » ils pourront faire apparaître les véritables valeurs fondamentales. Rien de plus faux, tonne Lewis, aucune morale n’est possible sans le Tao.
Prenant l’exemple de l’individu se sacrifiant pour le collectif, Lewis constate que le moderne est incapable de formuler un positionnement moral tout en restant rationnel. Savoir que se sacrifier sauvera le plus grand nombre ne peut en aucun cas conduire à la réalisation de ce sacrifice s’il n’y a pas de valeur supérieure affirmant que c’est un devoir de sauver le plus grand nombre. Mais à l’inverse, savoir que se sacrifier causera notre mort ne permet pas de justifier l’absence de sacrifice si aucune valeur supérieure ne nous appelle à conserver notre propre vie. « Le Novateur essaie d’arriver à une conclusion à l’impératif à partir de prémisses à l’indicatif » or c’est absolument impossible, il faut donc accepter que « de simples sentiments, des jugements du type : « c’est un devoir de sauver la société » sont la rationalité même ».

Malgré cette constatation, le moderne n’accepte pas de se plier aux règles millénaires du Tao et renonçant « à la quête d’une essence « rationnelle » de la valeur » tente de la justifier par des éléments plus prosaïques tels que l’instinct. Or non seulement les instincts de l’homme sont contradictoires entre eux, mais il est par ailleurs impossible de voir en quoi l’instinct permet de révéler les « vraies valeurs ». En effet, le moderne ne pense pas que l’homme obéit nécessairement à ses instincts, sinon il n’aurait pas besoin d’en faire la promotion. Il ne pense pas non plus qu’y obéir conduise au bonheur, puisqu’alors il n’est pas possible de parler d’instinct de sacrifice : le moderne ne croit pas au bonheur après la mort. Il ne reste plus qu’une solution, celle de dire qu’obéir à l’instinct est un devoir. Mais si c’est un devoir, c’est bien qu’une valeur morale supérieure le dicte. De fait, Lewis remarque que les conclusions que l’homme moderne tente d’atteindre par l’instinct ne peuvent être que des prémisses : celles du Tao. Les valeurs du Tao sont des prémisses « si évidemment raisonnables qu’il n’y a ni besoin ni possibilité de les démontrer ». Le drame du novateur est que « toutes les valeurs dont il se sert pour attaquer le Tao, et qu’il prétend même lui substituer, sont en fait dérivées du Tao. S’il était vraiment parti de zéro, en se plaçant hors de la tradition morale de l’humanité, aucun tour de passe-passe n’aurait pu le faire arriver à l’idée qu’il faut mourir pour les autres et travailler pour la postérité. Si le Tao s’effondre, toutes ses conceptions de la valeur s’effondrent avec lui, car il n’y en a pas une seule qui puisse prétendre à une autorité venue d’ailleurs ».

Ce sur quoi le professeur Lewis souhaite véritablement insister, c’est qu’il n’est pas possible de choisir dans le Tao ce qui nous plaît ou ce qui ne nous plaît pas. Le Tao est un bloc, et il est inconcevable d’en discriminer des parts puisqu’il n’existe aucun critère de discrimination hors du Tao lui-même. Accepter le Tao c’est l’accepter en entier, le rejeter c’est rejeter toute valeur. Vouloir « édifier à sa place un nouveau système de valeurs est une entreprise contradictoire. Il n’y a jamais eu, il n’y aura jamais un jugement de valeur radicalement nouveau dans l’histoire du monde ». De fait, les idéologies nouvelles ne sont que des fragments du Tao « arrachés à leur contexte et démesurément exagérés dans leur isolement ». Pour Lewis, il n’est pas plus possible d’inventer de nouvelles valeurs que d’imaginer une nouvelle couleur primaire, les idéologies ne sont donc qu’« une révolte des branches contre l’arbre ».

Il faut faire cependant très attention à ne pas mal comprendre Lewis : si le Tao est un bloc immortel, cela ne veut pas dire qu’il ne peut pas y avoir de progrès dans notre perception des valeurs. Mais ce progrès ne peut se faire que dans le Tao, comme un déploiement de celui-ci. « Comme la langue, le Tao admet un développement de l’intérieur ». Ainsi, quand Jésus dit « Fais ce que tu voudrais qu’on te fasse », il y a un véritable progrès par rapport à la phrase de Confucius « Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse ». On reconnaît qu’il y a progrès parce qu’il est nécessaire d’accepter la maxime de Confucius pour accepter celle de Jésus ; de même, si l’on accepte la maxime de Confucius on ne peut que reconnaître dans celle de Jésus un déploiement. Si l’on devait rejeter la phrase de Jésus « cela ne pourrait être que comme quelque chose de superflu, ou qui va trop loin, mais non comme quelque chose d’absolument hétérogène par rapport aux principes auxquels on adhère ».

Le déploiement du Tao, sa véritable compréhension, n’est pas pour autant une question simple, et parfois la frontière entre un développement et une innovation en contradiction avec la tradition est ténue. Lewis parvient pourtant, en annexe de son ouvrage, à citer un très grand nombre de valeurs qui appartiennent au Tao parce qu’on les retrouve dans toutes les civilisations. Il invoque pour cela tous les grands ouvrages de la tradition humaine : le Livre des morts égyptien, la Bible, des hymnes babyloniens, les Lois de Manou, l’Edda ou encore l’Iliade ou Beowulf. De ces textes, il tire un certain nombre de préceptes allant de l’interdiction du meurtre à la condamnation de l’adultère, mais aussi affirmant des devoirs vis-à-vis de sa postérité comme de ses ancêtres. Il constate que la bonne foi est partout acclamée tandis que le vol est toujours condamné. La miséricorde, la magnanimité, le sens de la justice, celui du sacrifice portent le sceau du Tao dans toutes les grandes traditions humaines.

Vers la défaite de l’homme ?

Le Livre des morts des Anciens Égyptiens

C’est à la fin de son ouvrage que l’on sent poindre la sourde inquiétude de Lewis. Observant l’homme moderne, il ne peut que remarquer les assauts incessants que celui-ci mène contre la nature, pensant ainsi la posséder. La modernité serait la victoire de l’homme sur la nature. Lewis n’en croit rien, il estime que le pouvoir gagné sur la nature est en fait le pouvoir de certains hommes gagnés sur la masse de leurs contemporains et de leurs descendants. « Pour ce qui est du pouvoir incarné dans l’avion ou dans la radio, l’homme en est l’esclave aussi bien que le maître, puisqu’il sert de cible aux bombes aussi bien qu’à la propagande. Quant aux contraceptifs, il y a un sens paradoxal et négatif où on peut dire que toutes les générations à venir dépendent d’un pouvoir exercé par ceux qui sont déjà, eux, en vie ». Il est tout à fait singulier qu’avant même la naissance de la notion d’écologie et des inquiétudes autour de ce sujet, Lewis puisse écrire que « pour comprendre pleinement ce qu’est le pouvoir de l’homme sur la nature, et donc le pouvoir de certains hommes sur d’autres, il faut se présenter l’espèce humaine à travers le temps, de la date de son apparition à la date de son extinction. Chaque génération exerce un pouvoir sur celles qui la suivent ; et chacune d’elles résiste à ce pouvoir, et le limite donc, dans la mesure où elle transforme l’environnement dont elle hérite et où elle se révolte contre la tradition ». La véritable inquiétude de Lewis, c’est que l’homme tente de vaincre la dernière part de la nature qu’il ne contrôle pas, c’est-à-dire la nature humaine. « Si la maîtrise de la génétique et une éducation vraiment scientifique donnent jamais à une époque quelconque le pouvoir de modeler ses descendants à son gré, tous les hommes qui vivront après elle dépendront de ce pouvoir-là ».

Si jamais la maîtrise de la nature par l’homme venait à être totale, si le dernier bastion qu’est la nature humaine venait à tomber, par l’eugénisme, le conditionnement prénatal et la propagande subjectiviste, alors ce ne serait pas l’homme qui aurait gagné mais la nature elle-même. La véritable thèse du livre de Lewis se trouve là. Si les valeurs ne sont que de simples émanations de sentiments méprisables, l’homme nouveau ne pourra pas être conditionné par elles. Les conditionneurs de la nature humaine vaincue seront émancipés de toutes ces traditions qu’ils méprisent. Ils auront donc tout pouvoir pour « choisir, pour leurs raisons à eux, quel Tao artificiel ils vont implanter dans l’espèce humaine. Ce sont eux qui vont donner les motifs d’agir, ce sont des créateurs de motifs. Mais qu’est-ce qui les motivera eux-mêmes ? » Ils seront incapables d’agir, ceux qui ont enterré le Tao, ceux qui pensent que la tradition humaine n’est que le simple fruit des terribles et implacables lois de la causalité. En refusant les prémisses du Tao, plus rien ne leur dictera leur devoir, il n’y aura ni bien ni mal. « Dès qu’ils essayent d’obéir à un motif, il se révèle être une pétition de principe […] en sortant du Tao, ils sont entrés dans le vide. Quant à ceux qu’ils dominent, ils ne sont pas forcément malheureux ; ce ne sont pas des hommes non plus : ce sont des produits fabriqués. La victoire finale de l’homme, on le voit, c’est l’abolition de l’homme ».

Ces conditionneurs n’auront alors plus aucune raison d’agir, si ce n’est leur bon plaisir immédiat, ce qui vient de leur tripe, de leur animalité. « Tout ce qui n’est pas leur bon plaisir a perdu toute justification. Mais ce qui n’a jamais prétendu à l’objectivité ne peut être détruit par le subjectivisme ». Si tout bien n’est plus que subjectif, alors ne reste que le désir de l’instant. La seule source du conditionneur ne peut être que son désir, d’où qu’il vienne, et dans l’ordre de sa venue et non pas celui de sa bonté, puisqu’il n’existe plus d’échelle de valeurs. C’est donc le hasard qui gouverne, c’est-à-dire la nature, « l’hérédité, la digestion, le temps qu’il fait ». Finalement, « si on ne veut ni obéir au Tao ni se suicider, il n’y a plus qu’une possibilité, obéir au désir du moment, et donc en fin de compte à la pure « nature » ». Ainsi donc, la victoire de l’homme sur la nature ne peut être que la défaite complète de tout ce qui est humain chez l’homme. L’abandon du Tao ne conduit qu’à la victoire de l’animalité, c’est-à-dire de la nature. Or « la nature est apparemment ce qui est spatial et temporel, par opposition à ce qui l’est moins pleinement ou pas du tout. C’est le domaine de la quantité, par opposition à celui de la qualité. C’est aussi le domaine des objets par opposition à celui de la pensée ; le domaine du déterminisme par opposition à celui de l’autonomie, totale ou partielle, le domaine où il n’y a pas de valeurs par opposition à un domaine où il y en a et où en reconnaît. C’est le domaine enfin des causes efficientes […] par opposition à celui des causes finales. »

Cette abolition de l’homme trouve sa source originelle dans une vision dévoyée de la science, dont des hommes tels que Francis Bacon ont imposé la vision. Pour la philosophie traditionnelle, l’objectif suprême était de conduire les âmes à la pleine conformité avec la réalité. Lorsque au XVIe siècle se développent de manière concomitante science appliquée et magie, l’objectif des nouveaux sages change : il s’agit désormais pour eux de soumettre la réalité à leurs désirs. Si les alchimistes ne parviennent pas à transformer le plomb en or, les nouveaux scientifiques nous conduisent à la révolution industrielle et à l’ersatz de victoire contre la nature. Lewis ne s’oppose pas à la science, mais il rappelle qu’en oubliant que l’objet d’étude, produit par l’analyse et l’abstraction, n’est pas une réalité mais une simple réduction de celle-ci, les scientifiques ont outrepassé leur rôle et s’apprêtent désormais à conduire l’abolition de l’homme.



samedi 28 septembre 2024

INTERPRÉTATION ORTHODOXE DE L'APOCALYPSE [9] (suite)

 Les Signes des temps

    Heureusement, Dieu a ordonné une série d’étapes pour alerter ses enfants assiégés par des événements historiques cruciaux. Le Seigneur a montré que de tels indicateurs ne peuvent être ignorés qu'à leurs risques et périls, et Il a réservé une grande dose d'indignation à ceux qui n'observent ni ne comprennent ces signaux : «  Le soir, vous dites: Il fera beau, car le ciel est rouge; et le matin: Il y aura de l'orage aujourd'hui, car le ciel est d'un rouge sombre. Vous savez discerner l'aspect du ciel, et vous ne pouvez discerner les signes des temps. Une génération méchante et adultère demande un miracle; il ne lui sera donné d'autre miracle que celui de Jonas. Puis il les quitta, et s'en alla » (Matthieu 16 : 2-3).

Les signes ne sont pas donnés pour que les oisifs ou les curieux puissent prédire des dates et spéculer sur des personnalités, mais pour que les croyants puissent se préparer à combattre le mal. Bien que le Seigneur ait qualifié sa génération de « méchante et adultère » (Matthieu 16 : 4) pour avoir cherché un signe, dans sa miséricorde et sa compassion, il a permis que des choses spécifiques se produisent au cours des derniers jours pour avertir l’humanité spirituellement affaiblie. « De même, vous aussi, lorsque vous verrez toutes ces choses, sachez qu'elles sont proches, à votre porte ! En vérité, je vous le dis, cette génération ne passera pas avant que toutes ces choses n'arrivent » (Matthieu 24 : 33, 34).

Si un conducteur ignore délibérément un panneau « Pont écroulé» et que sa voiture coule dans la rivière, il peut à juste titre être considéré comme idiot. De la même manière, ceux qui ignorent les signes divins établis pour avertir l’humanité s’exposent volontairement au plus grand risque possible. « Des signes apparaissent de temps en temps dans l'histoire, a affirmé l'auteur catholique Vincent Miceli, non pas pour fixer le jour, mais pour nous rappeler que l'Antéchrist et la lutte finale entre l'Église et ses ennemis approchent chaque jour ».

Quels signes les chrétiens doivent-ils donc surveiller ? Saint Ignace Brianchaninov, évêque russe du XIXe siècle récemment canonisé, a insisté sur le fait que l'état corrompu des âmes des hommes et de la société sera en soi un avertissement divin : « La débauche universelle, ainsi que le progrès matériel le plus abondant qui l'a engendrée, seront le signe de la fin des temps et du terrible jugement prochain du Christ. »

Cependant, les signes que Dieu a donnés pour la fin des temps sont encore bien plus détaillés et spécifiques que cela. Le bienheureux Augustin, l'un des grands Pères occidentaux des IV et V° siècles, ordonne les événements majeurs comme suit : « En relation avec [le] jugement dernier, les événements suivants se produiront, comme nous l'avons appris : Élie le Tishbite viendra ; les Juifs croiront ; l’Antéchrist persécutera ; le Christ jugera ; les bons et les méchants seront séparés ; le monde sera brûlé et renouvelé. Toutes ces choses, nous le croyons, arriveront ; mais comment, ou dans quel ordre, l'entendement humain ne peut parfaitement nous l’enseigner, mais seulement l'expérience des événements eux-mêmes. Mon opinion est cependant qu’ils se produiront dans l’ordre dans lequel je les ai relatés » (in La cité de Dieu

(À suivre)