Les lèvres mensongères font horreur à l'Éternel, tandis que ceux qui agissent avec fidélité lui sont agréables. Proverbes 12:22 «C'est ce qui sort de l'homme qui le rend impur. En effet, c'est de l’intérieur, c'est du cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées, les adultères, l'immoralité sexuelle, les meurtres, les vols, la soif de posséder, les méchancetés, la fraude, la débauche, le regard envieux, la calomnie, l'orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et rendent l'homme impur.» Marc 7:20-23 Un témoin fidèle ne ment pas, tandis qu’un faux témoin dit des mensonges. Proverbes 14:5 « Vous, vous avez pour père le diable et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement et il ne s'est pas tenu dans la vérité parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, il parle de son propre fond, car il est menteur et le père du mensonge. » Jean 8:44 Si les paroles distinguées ne conviennent pas à un fou, les paroles mensongères conviennent d’autant moins à un noble. Proverbes 17:7 « Écarte de ta bouche la fausseté, éloigne de tes lèvres les détours ! Proverbes 4:24 Craindre l'Éternel, c'est détester le mal. L'arrogance, l'orgueil, la voie du mal et la bouche perverse, voilà ce que je déteste. » Proverbes 8:13 « Pierre lui dit : «Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, au point que tu aies menti au Saint-Esprit et gardé une partie du prix du champ? […] Comment as-tu pu former dans ton cœur un projet pareil? Ce n'est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu.»Actes 5:3-4Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les enchanteurs, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l'étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort.Apocalypse 21.8

dimanche 28 août 2016

Actualité d'Alexandre Zinoviev


Dans son bulletin précédent n° 38 d'ANTIPRESSE Slobodan DESPOT écrit un article sur Alexandre ZINOVIEV à l'occasion d'une réflexion sur l'intérêt que peut avoir la politique à notre époque, en voici un extrait des plus intéressants suivi d'un extrait d'interview tiré d'un de ses ouvrages :



[…] Alexandre Zinoviev était cet autre Russe de génie qui décrivit l’essence du système totalitaire soviétique dans ses livres, en particulier dans Les hauteurs béantes. Cela lui valut de devoir s’exiler d’URSS en 1976 et d’atterrir en Europe de l’Ouest. En Allemagne plus précisément. A la différence de tant de dissidents pour qui le « monde libre » démocratique, anglo-saxon et libéral, représentait la terre promise, la fin de toute lutte et de toute réflexion, Zinoviev continua d’analyser sans complaisance son environnement et en tira une série d’essais dévastateurs. Dans l’un d’entre eux — est-ce dans La grande rupture ou L’Occidentisme ? — il raconte comment il avait eu la surprise de ne jamais rencontrer, « chez nous », deux phénomènes qu’il était certain de devoir rencontrer.

Le premier de ces phénomènes, c’était le capitalisme au sens classique. « Je n’ai pas rencontré de capitalistes, de capitaines d’industrie, de grands brasseurs d’affaires. Je n’ai vu que des patrons faisant tourner de l’argent qui n’était pas à eux : des employés des banques. » Pendant que nous pensions encore liberté d’entreprise, concurrence, marché, Zinoviev voyait déjà la financiarisation universelle jouant avec travail humain comme avec des jetons au casino.

L’autre phénomène que Zinoviev chercha avec sa lampe-torche tel un Diogène moderne, c’était… la démocratie. Certes, il avait vu les rituels électoraux auxquels la population était convoquée périodiquement — et auxquels elle se rendait de moins en moins — pour élire des représentants qui s’empressaient d’oublier leurs promesses et d’agir contre les intérêts de leurs électeurs. Mais de démocratie au sens premier de pouvoir aux mains du peuple, point ! Publiques ou privées, les instances administratives et économiques de l’Occident reposaient toutes sur des structures de pouvoir strictement pyramidales aboutissant à l’autorité d’un petit nombre. Il eut même la malice de relever que dans les soviets d’entreprise de son URSS natale, au moins, la balayeuse pouvait prendre la parole contre le chef de clinique et même obtenir gain de cause si ses griefs étaient fondés. A plusieurs reprises, il prophétisa que le contrepouvoir des syndicats, à l’Ouest, n’était qu’une concession diplomatique extorquée par la pression de l’empire communiste. Concession qui serait retirée sitôt que l’ennemi idéologique aurait disparu. Dont acte. La condition des salariés n’a cessé, de fait, de se détériorer depuis la chute du Mur en 1989. Les syndicats sont devenus des « partenaires » du patronat et la gauche de pouvoir a trahi sa morale et ses électeurs d’une manière à peine concevable. On n’aura pas attendu Merci Patron ! pour constater cette régression des rapports sociaux qui fait ressembler de plus en plus nos sociétés « avancées », nos fiers Etats-Providence, à l’Angleterre de Dickens.

À partir de telles observations, Zinoviev élabora sa théorie de la « Suprasociété globale ». A ses yeux, ce que nous appelons la « mondialisation » n’était que la substitution universelle des anciennes loyautés verticales par des loyautés horizontales. En d’autres termes, les élites ne faisaient plus allégeance au « terreau » qui les avait nourries, élues ou déléguées (famille, commune, région, communauté, nation…), mais uniquement à leurs pairs de même rang à l’échelon global. Bref, à leur caste. La dilution des frontières géographiques et politiques allait de pair avec un renforcement de la stratification sociale. Ainsi Zinoviev fut-il parmi les premiers à voir que le « gendarme planétaire », les USA, n’agissait nullement au nom des intérêts nationaux étasuniens, mais en tant que « bras armé » ou « zombie » au service d’une puissance occulte, c’est-à-dire non élue, non légitime, non déclarée. Une fois qu’elle aurait usé le molosse américain jusqu’à sa dernière canine, la Suprasociété pourrait tout aussi bien, me disait-il, se trouver d’autres chiens de garde.

Si elle invente des néologismes selon les besoins de la démonstration — et parce qu’elle explore des réalités totalement nouvelles —, la sociologie de Zinoviev n’a rien d’abstrait. Pour comprendre la politique des « décideurs », explique-t-il, on peut toujours étudier leurs idées et leurs principes, scruter les attentes de leur base électorale, examiner leur programme à la loupe — et l’on n’aura pas avancé d’un pouce. Ce qu’il faut savoir avant tout, c’est avec qui ils dînent et qui peut entrer sans frapper dans leur cabinet. La description des cercles réels du pouvoir — famille, amant(e)s, amis, mécènes, « gourous » intellectuels, réseaux informels — permet de retracer des lignes de force qui n’ont aucun rapport avec les étendards politiques des élus. La Suprasociété globale apparaît ainsi comme un conglomérat de banquiers, de grands administrateurs, de nababs industriels, médiatiques et culturels, de diplomates, de hauts fonctionnaires internationaux, d’universitaires, de people, de technologues et d’élus. C’est un monde ductile où l’on évolue au gré des connaissances et des affinités et où les titres formels ne constituent qu’un « ticket d’entrée » ou une carte de visite. L’effondrement de tous les garde-fous institutionnels et coutumiers qui la bridaient tant soit peu la rend arrogante et de plus en plus visible. L’annihilation de la morale ordinaire et du sens commun favorise ce processus bien davantage que la décadence des institutions. Encore que ceci soit étroitement lié à cela. A l’heure qu’il est, cette suprasociété règne sans partage. Dans la « vertueuse » Suisse, plus de 9 conseillers nationaux (députés) sur 10 sont contrôlés par la Suprasociété via des conseils d’administration, faisant de la vie parlementaire une pure mascarade. Dans ce même pays, par ailleurs, une très sérieuse étude de l’université de Zurich a montré que l’économie mondiale était dominée par 147 sociétés seulement, mettant le contrôle effectif de l’humanité entre les mains d’un très petit groupe de gens qui ne représentent qu’eux-mêmes. Quel parti politique s’est emparé de ce thème capital ? Aucun.  […]

***

Le 10 mai 2006, s’éteignait dans le silence général Alexandre Zinoviev, logicien, écrivain et philosophe Russe. Plutôt que de faire du copié/collé de biographie disponible sur Internet, voici retranscrite une partie de sa dernière Interview avant son retour en Russie, après 23 ans d’exil, à l’heure ou la Serbie était martyrisée par l’OTAN. Alexandre Zinoviev dresse un bilan sans illusions et hautement critique de ses 23 ans en Occident.   

Avec quels sentiments rentrez-vous après un exil si long ?
Avec celui d’avoir quitté une puissance respectée, forte, crainte même et de retrouver un pays vaincu, en ruines. Contrairement à d’autres, je n’aurais jamais quitté l’URSS si on m’avait laissé le choix. L’émigration a été une vraie punition. 


On vous a pourtant reçu a bras ouverts !
C’est vrai………Mais malgré l’accueil triomphal et le succès mondial de mes livres, je ne me suis jamais senti chez moi ici…  

 Depuis la chute du système communiste, c’est le système occidental qui est devenu votre principal sujet d’études ? Pourquoi ?
Parce que ce que j’avais dit est arrivé : la chute du communisme s’est transformé en chute de la Russie. La Russie et le communisme formaient une seule et même chose.  


La lutte contre le communisme masquait -elle une lutte contre la Russie ?
Absolument. La catastrophe Russe a été voulue et programmée ici en Occident. Je le dis car ai été à une certaine époque un initié. J’ai lu des documents, participé à des études qui sous couverts de combattre une idéologie, préparaient la mort de la Russie. Et cela m’est devenu insupportable au point où je ne peux plus vivre dans le camp de ceux qui détruisent mon pays et mon peuple. L’Occident n’est pas une chose étrangère pour moi, mais une puissance ennemie.

Seriez-vous devenu un patriote ? 
Le patriotisme n’est pas mon affaire, ce n’est pas mon problème. J’ai reçu une éducation internationaliste et je lui reste fidèle. Je ne peux pas dire si j’aime ou non les Russes. Mais j’appartiens à ce peuple et à ce pays. J’en fais partie. Les malheurs actuels de mon peuple sont tels que je ne peux continuer à les contempler de loin. La brutalité de la mondialisation met en évidence des choses inacceptables.  

Les dissidents Soviétiques parlaient pourtant comme si leur patrie était la démocratie et leurs peuple les droits de l’homme. Maintenant que cette manière de voir est dominante en Occident, vous semblez la combattre. N’est-ce pas contradictoire ?
Pendant la guerre froide, la démocratie était une arme dirigée contre le communisme, mais elle avait l’avantage d’exister. On voit d’ailleurs aujourd’hui que l’époque de la guerre froide a été un point culminant de l’histoire de l’Occident. Un bien être sans pareil, un extraordinaire progrès social, d’énormes découvertes scientifiques et techniques, tout y était ! Mais l’Occident se modifiait presque imperceptiblement. L’intégration timide des pays développés commençait alors et constituait les Prémisses de la mondialisation de l’économie et de la globalisation du pouvoir auxquels nous assistons aujourd’hui. Une intégration peut être généreuse, positive si elle répond par exemple au désir légitime des nations nées de s’unir. Mais celle-ci à dès les départ été pensé en termes de structures verticales, dominées par un pouvoir supranational. Sans le succès de la contre révolution Russe, il n’aurait pu se lancer dans la mondialisation. Le rôle de Gorbatchev n’a donc pas été positif ? Je ne pense pas en ces termes-là. Contrairement à l’idée communément admise, le communisme ne s’est pas effondré pour des raisons internes. Sa chute est la plus grande victoire de l’histoire de l’Occident. Victoire colossale qui, je le répète, permet l’instauration d’un pouvoir planétaire. Mais la fin du communisme a aussi marqué la fin de la démocratie, notre époque aujourd’hui n’est pas que post communiste, elle est aussi post démocratique. Nous assistons aujourd’hui à l’instauration du totalitarisme démocratique, ou si vous préférez à l’instauration de la démocratie totalitaire.  


N’est-ce pas un peu absurde ? 
Pas du tout. La démocratie sous-entend le pluralisme Et le pluralisme suppose l’opposition de au moins deux forces plus ou moins égales. Forces qui se combattent mais n’influencent en même temps ; il y avait à l’époque de la guerre froide, une démocratie mondiale, un pluralisme global au sein duquel cohabitait, coexistait le système capitaliste et le système communiste, et même une structure plus ou moins vivante, les non-alignés. Le totalitarisme communiste était sensible aux critiques venant de l’Occident et celui-ci subissait aussi l’influence du communisme par le biais notamment de ses partis communistes. Aujourd’hui nous vivons dans un monde dominé par une idéologie unique, un fait unique, par un parti unique mondialiste. La constitution de ce dernier a commencé à l’époque de la guerre froide, quand des structures transnationales se sont mises en œuvre sous les formes les plus diverses : médias, sociétés bancaires, sociétés commerciales…Malgré leurs différents secteurs d’activités, ces forces étaient unies par leur nature supranationale. Avec la chute du communisme, elles se sont retrouvées aux commandes du monde. Les pays occidentaux sont donc dominateurs, mais aussi dominés car perdent progressivement leur souveraineté au profit de ce que j’appelle la « supra société ». Elle est constituée d’entreprises commerciales et non commerciales dont la zone d’influence dépasse les nations. Les pays occidentaux sont soumis comme les autres au contrôle de ces structures non nationales. Or la souveraineté des nations est elle aussi une part considérable et constituante du pluralisme, donc de la démocratie, à l’échelle de la planète. L’intégration Européenne qui se déroule sous nos yeux, provoque-t-elle la disparition du pluralisme au sein de ce conglomérat, au profit d’un pouvoir supranational.  


Mais ne pensez-vous pas que la France ou l’Allemagne continuent à être des pays démocratiques ?
Les pays occidentaux ont connu une vraie démocratie à l’époque de la guerre froide. Les partis politiques avaient de vraies divergences idéologiques et des programmes politiques différents. Les organes de presse avaient des différences marquées, eux aussi. Tout cela influençait la vie des gens, contribuait à leur bien-être. C’est bien fini.
Parce le capitalisme démocratique et prospère, celui des lois sociales et des garanties d’emploi devait beaucoup à l’épouvantail communiste. L’attaque massive contre les droits sociaux à l’ouest a commencé avec la chute du communisme à l’ouest. Aujourd’hui les socialistes au pouvoir dans la plupart des pays d’Europe mènent une politique de démantèlement social qui détruit tout ce qu’il y avait de plus socialiste justement dans les pays capitalistes. Il n’existe plus en occident de force politique capable de défendre les humbles. L’existence des partis politiques est purement formelle. Leurs différences s’estompent chaque jour d’avantage.
(…).
La démocratie tend aussi à disparaître de l’organisation sociale occidentale.
Cette super structure non démocratique donne des ordres, sanctionne, bombarde, affame. Même Clinton s’y conforme. Le totalitarisme financier a soumis les pouvoirs politiques. Le totalitarisme financier est froid. Il ne connaît ni la pitié, ni les sentiments. Les dictatures politiques sont pitoyables en comparaison de ce totalitarisme-là. Une certaine résistance était possible au sein des dictatures les plus dures, aucune révolte n’est possible contre une banque.  


Et la révolution ? 
Le totalitarisme démocratique et la dictature financière excluent la révolution sociale.  


Pourquoi ? 
Parce qu’ils combinent la brutalité militaire toute puissante et l’étranglement financier planétaire. Toutes les révolutions ont bénéficié de soutien venu de l’extérieur, c’est désormais impossible, de par l’absence de pays souverains. De plus la classe ouvrière à été remplacée par la classe des chômeurs au bas de l’échelle sociale, or que veux un chômeur ? Un emploi. Ils sont dans une situation de faiblesse, contrairement à la classe ouvrière du passé.  


Tous les systèmes occidentaux avaient une idéologie. Quelle est celle de cette nouvelle société que vous appelez post démocratique ? 
Nous sommes dans une époque post idéologique mais en réalité la supra idéologie du monde occidental diffusée au cours des 20 dernières années est bien plus forte que l’idéologie communiste ou nationale-socialiste. Le citoyen occidental est bien plus abruti que ne l’était le soviétique moyen par la propagande communiste. Dans le domaine idéologique, l’idée importe moins que les mécanismes de sa diffusion. Or la puissance de diffusion des médias occidentaux est énorme. (…) Il suffit que la décision soit prise de stigmatiser un Karadzic ou un Milosevic et ça y est, une machine de propagande planétaire se met en branle. Et alors qu’il faudrait juger les dirigeants occidentaux pour viol de toutes les règles de droit existants… La majorité des citoyens occidentaux sont persuadés que la guerre contre la Serbie était juste. (…).
L’idéologie occidentale combine et fait converger les idées en fonction des besoins. L’une de ces idées est que les valeurs et le mode de vie occidentaux sont supérieurs aux autres. Essayez de convaincre les Américains moyens que la Russie en meurt, ils n’y croiront pas mais continuerons d’affirmer que les valeurs occidentales sont universelles, appliquant ainsi l’un des vieux principes du dogmatise idéologique. Les théoriciens, médias, dirigeants sont persuadés d’avoir raison, et que l’homme occidental ; porteur de ces valeurs est un nouveau surhomme. (…).

Quelle est l’idée maîtresse de cette idéologie dominante en Occident ?
C’est le mondialisme, la globalisation autrement dit la domination mondiale. Et comme cette idée est assez antipathique, on la camoufle sous le discours plus vague et généreux d’unification planétaire et de transformation du monde en un tout intégré. C’est le vieux masque soviétique de » l’amitié entre les peuples », destiné à couvrir l’expansionnisme. En réalité, l’Occident procède actuellement à un changement de structure à l’échelle planétaire. D’un côté elle domine le monde de la tête aux pieds, de l’autre s’organise elle-même verticalement, avec le pouvoir supranational au sommet de la pyramide.  


Un gouvernement mondial ?
Si vous voulez oui. 


N’est-ce pas être un peu victime de la théorie du complot ?
Quel complot ? Il n’y a aucun complot. Le gouvernement mondial est dirigé par les gouverneurs des structures supranationales, commerciales, financières et autres, connues de tous. Selon mes calculs, 50 millions de personnes à peu près font déjà partie de cette supra société qui dirige le monde. Les États Unis en sont la métropole. Les pays d’Europe occidentale et certains dragons Asiatiques la base. Les autres sont dominés selon une dure gradation économico financière. Ça c’est la réalité. La propagande elle dit qu’un gouvernement mondial, contrôlé par un parlement mondial serait souhaitable et que le monde est une vaste fraternité. Ce ne sont là que des balivernes destinées à la population. (…)  
Les totalitarismes du 19ième siècle ont été extrêmement violents. On ne peut pas dire la même chose de la démocratie occidentale. Ce ne sont pas les méthodes mais les résultats qui importent. Les Russes ont perdu 20 millions d’hommes et ont eu des destructions considérables en combattant l’Allemagne Nazie. Pendant la guerre froide, sans bombes ni canons, ses pertes sur tous les plans ont été bien plus considérables, pertes de 10 ans de l’espérance de vie, la mortalité infantile est catastrophiques, 2 millions d’enfants ne dorment pas à la maison, 5 millions d’enfants en âge d’étudier ne vont pas à l’école. Il y a 12 millions de drogués recensés. L’alcoolisme est généralisé. 70% des jeunes ne sont pas aptes au service militaire à cause de leur état physique. Ce sont là les conséquences directes de la défaite de la guerre froide, défaite suivie par l’occidentalisation. Si cela continue, la population du pays va passer à 50 millions d’habitants, le totalitarisme démocratique surpassera en violence tous ceux qui l’ont précédé….  

En violence…. ? 
La drogue, la malnutrition, le SIDA sont plus efficaces que la violence guerrière. L’Occident vient d’inventer la guerre pacifique. L’Irak et la Yougoslavie sont deux exemples de réponse disproportionnée et de punition collective, que l’appareil de propagande se charge de d’habiller en guerres justes. L’exercice de la violence par les victimes contre elles-mêmes est une technique prisée. La contre révolution Russe en est un exemple. Mais en faisant la guerre à la Yougoslavie, les pays d’Europe occidentale se la sont faites à eux-mêmes. Selon vous la guerre en Serbie était une guerre contre l’Europe ? Absolument ! Il existe au sein de l’Europe, des forces capables d’agir contre elle mêmes. La Serbie a été choisie, parce qu’elle résistait au rouleau compresseur mondialiste. La Russie pourrait bien être la suivante, avant la Chine… 


Vous dites que la démocratie totalitaire était colonisatrice. Pour Marx, la colonisation était civilisatrice, pourquoi ne le serait-elle pas à nouveau ?
Pourquoi pas en effet ? Mais pas pour tout le monde. Quel est l’apport des indiens d’Amérique au monde ? Presque nul car ils ont été exterminés. Écrasés. Voyez maintenant l’apport des Russes ! L’Occident se méfiait moins de la puissance militaire soviétique que de son potentiel intellectuel, artistique, sportif. Parce qu’il dénotait une extraordinaire vitalité. Or c’est la première chose à détruire chez son ennemi. Et c’est ce qui a été fait. La science Russe dépend aujourd’hui des financements Américains. Elle est dans un état pitoyable, car ses derniers n’ont aucun intérêt à faire travailler leurs concurrents. Ils préfèrent faire travailler les avants Russes aux Etats-Unis. Le cinéma soviétique a lui aussi été détruit et remplacé par le cinéma Américain. En littérature, c’est la même chose. La domination mondiale s’exprime, avant tout, par le diktat intellectuel ou culturel si vous préférez. Voilà pourquoi les Américains s’acharnent depuis des décennies a faire baisser le niveau culturel et intellectuel du monde : ils veulent baisser au leur pour pouvoir exercer ce diktat.


Mais cette domination ne serait-elle pas un bien pour l’humanité ? 
Ceux qui vivront dans 10 générations pourront effectivement dire que les choses se sont faites pour le bien de l’humanité, autrement dit pour leur bien à eux. Mais qu’en est-il du Français ou du Russe aujourd’hui ? Peut-il se réjouir s’il sait que son avenir est celui des indiens d’Amérique ? Le terme humanité est une abstraction…Dans la vie réelle il y a les Russes, les Chinois, les Français, les Serbes…etc. Or si les choses continuent comme elles sont parties, les peuples qui ont fait notre civilisation, je pense essentiellement aux peuples latins, vont disparaître. L’Europe occidentale est submergée par une marée d’étrangers et ce n’est pas un hasard. Nous n’en avons pas encore parlé mais cela n’est ni le fruit du hasard ni le fruit d’un mouvement incontrôlable…Le but est de créer une situation semblable à celle des Etats Unis. Savoir que l’humanité va être heureuse mais sans Français ne devrait pas réjouir les Français actuels. Après tout laisser sur notre terre un nombre limité de gens qui vivraient comme au paradis pourrait être un projet rationnel. Ceux-là penseraient sûrement que le bonheur est l’aboutissement de la marche de l’histoire. Non il n’est de vie que celle que nous et les nôtres vivons aujourd’hui.


Le système soviétique était inefficace. Les sociétés totalitaires sont-elles condamnées à l’inefficacité ?
Qu’est-ce que l’efficacité ? Aux Etats Unis, les sommes dépensées pour maigrir dépassent le budget de la Russie. Et pourtant le nombre de gros augmente. Et il y a des dizaines d’exemples de cet ordre.


Peut-on dire que l’Occident vit actuellement une radicalisation qui porte les germes de sa propre destruction ? 
Le nazisme a été détruit dans une guerre totale. Le système soviétique était jeune et vigoureux. Il aurait continué à vivre s’il n’avait pas été combattu de l’extérieur. Les systèmes sociaux ne s’autodétruisent pas. Seule une force extérieure peut anéantir un système social. Comme seul un obstacle peut empêcher une boule de rouler. Je pourrais le démontrer comme on démontre un théorème. Actuellement nous sommes dépassés par un pays disposant d’une supériorité économique et militaire écrasante. Le nouvel ordre mondial se veut unipolaire. Si le gouvernement supranational y parvenait, n’ayant aucun ennemi extérieur, ce système pourrait exister jusqu’à la fin des temps. Un homme seul peut être détruit par ses propres maladies. Mais un groupe même restreint aurait tendance à survivre, ne fut-ce que par la reproduction. Imaginez un système social composé de milliards d’individus !! Ses possibilités de repérer et d’arrêter les phénomènes destructeurs seraient infinies. Le processus d’uniformisation du monde ne peut être arrêté dans l’avenir prévisible. Car le totalitarisme démocratique est la dernière phase de l’évolution de la société occidentale. Evolution commencée à la Renaissance.


Extrait du livre de Alexandre Zinoviev : «La grande rupture» Disponible à l’Age d’homme. L’entretien a été réalisé par Victor Loupan à Munich en juin 1999 quelques jours avant le retour définitif de Zinoviev en Russie.

samedi 27 août 2016

Nouvelle parution aux Éditions des Syrtes : Sur les monts du Caucase, Dialogue de deux solitaires sur la prière de Jésus

Parution ce jour de l’ouvrage du moine Hilarion, Sur les monts du Caucase, classique de la littérature orthodoxe jusqu’ici inédit en français. 

Né aux alentours de 1845, le père Hilarion se retire au Nouvel Athos dans les années 1880, et passe les vingt dernières années de sa vie en ermite à travers les monts du Caucase, dans la nature, poussé par un besoin profond de solitude et de contemplation. Il y rencontre un autre ermite, père Désiré, qui lui enseigne la Prière de Jésus.
Ce texte est le fruit de cette expérience spirituelle, et comprend ses entretiens avec le starets Désiré. Il s’agit donc plus de notes sur les thèmes relatifs à la théorie et la pratique de la Prière de Jésus qu’un traité systématique. Le tout agrémenté de descriptions magnifiques de la nature caucasienne.


vendredi 26 août 2016

LYDIA & LEONID OUSPENSKY

Émilie van Taack, “In memoriam Lydia Ouspensky”


Les éditions Sainte-Geneviève (éditions du Séminaire orthodoxe russe en France) viennent de publier un ouvrage de 204 pages, sous la direction d’Émilie van Taack, In memoriam Lydia Ouspensky (couverture ci-contre). Présentation de l’éditeur : ” Ce livre, publié à l’occasion du 10e anniversaire du rappel à Dieu de Lydia Alexandrovna Ouspensky, rassemble plusieurs écrits dont le principal – “Une vie comme une autre” – est le récit autobiographique que Lydia a laissé de son émigration hors de Russie et de sa vie entre les deux guerres. Dans sa brièveté, ce récit en dit beaucoup sur elle, sur sa famille, et sur la survie des Russes au cours de cette période redoutable. Des portraits, ensuite, écrits par ses amis, Galina Makhrova, Véronique Lossky, Marie-Chantal Savinkov, Valery Sergueev, Emilie Van Taack, composent une image de Lydia et du couple qu’elle formait avec son époux — uni jusqu’à la fin de leur vie, définitivement, en un seul être. Il est impossible de parler de Lydia, en effet, sans évoquer Léonide Alexandrovitch qui fut, dès qu’elle l’eut rencontré, comme la cause à laquelle elle se dévoua, corps et âme. Lydia Alexandrovna Ouspensky est la veuve du célèbre iconographe et théologien de l’icône, Léonide Ouspensky, qui fut rappelé à Dieu en décembre 1987. Elle lui survécut près de vingt ans, jusqu’en octobre 2006. Celle qui s’était effacée volontairement durant toute sa vie derrière son époux, est apparue involontairement, pendant cette période, aux yeux de tous, dans toute sa grandeur, non seulement digne de lui mais semblable à lui et son émule spirituelle. L’existence de Lydia, hors son intérêt propre, a modelé la vie quotidienne de cet iconographe exceptionnel et constitue, en cela, un trésor pour ceux qui s’intéressent à l’icône ou veulent s’y consacrer. C’est un témoignage irremplaçable du mode de vie exigé d’un peintre d’icône et de ses proches pour que l’œuvre parvienne au niveau du commandement de Dieu, dans le sillage de l’adage patristique : « Donne ton sang et reçois l’Esprit ! » (SOURCE)

***

À cette occasion, j'en profite pour faire reparaître l'article que je lui avais consacré en 2013 avec l'enregistrement  de sa voix :

UN ÉMOUVANT DOCUMENT INÉDIT : 
une causerie sur l’iconographie par LYDIA ALEXANDROVNA OUSPENSKY (1907-2006)

Leonid Alexandrovich Ouspensky
Un dimanche après-midi autour d’une tasse de thé, Père Elie (Shmaïn) et sa Matushka avait réuni des paroissiens de l’église de La Dormition à Ste Geneviève des Bois pour écouter Lydia Alexandrovna. C’était dans les années 90, beaucoup de ceux qui étaient là ne sont plus de ce monde. вечная память, Mémoire éternelle pour tous ceux qui ont disparu. C’était une belle période, remplie autant d’épreuves très dures dans ma vie familiale que de grâces dans ma vie ecclésiale, beaucoup d’amitié, beaucoup de chaleur humaine, beaucoup de chant, beaucoup de vodka souvent aussi, mais beaucoup de prière sans contradiction, beaucoup de beaucoup… A la russe quoi ! Gloire à Dieu pour cette période de vie très précieuse. J’avais mon enregistreur de poche ce jour-là et comme j’enregistrais tous les dimanches les homélies du regretté Batiushka Ilya avec la traduction simultanée de la poétesse Tatiana, j’ai enregistré cette causerie. Ce n’est pas une conférence bien sûr, pas plus qu’un cours, tout simplement une causerie mais comme c’est émouvant et intéressant d’écouter la veuve de notre grand iconographe Leonid Alexandrovich. Que ceux qui étaient là et qui se reconnaîtront reçoivent toute la chaleureuse amitié de Maxime. 
Voici l'enregistrement :

jeudi 25 août 2016

Nos amies les abeilles : l'APITHÉRAPIE



sur RT : L'Eglise orthodoxe russe de Paris est désormais ornée de ses cinq bulbes !



L'Eglise orthodoxe de Paris est désormais ornée de ses cinq bulbes ! SOURCE

24 août 2016, 21:4



Le chantier de l'Eglise orthodoxe de Paris touche à sa fin. Les quatre bulbes périphériques du bâtiment ont été posés ce mercredi 24 août, et reflètent désormais de manière étincelante le soleil parisien.

La construction de l'église orthodoxe du Quai Branly touche à son terme. Bâtie à quelques pas de la Tour Eiffel, les quatre petits bulbes dorés de six mètres de haut ont été montés à l'aide d'une grue et fixés ce mercredi 24 août dans la matinée, deux ans après le début des travaux.

Chaque bulbe est recouvert d'une couleur particulière choisie par l’architecte du projet, Jean-Michel Willmotte : un alliage particulier d'or et de platine appelé «moon gold», censé rendre ces dômes plus discrets et moins éclatant que celui des Invalides.


Depuis 2009, le terrain de 4200 mètres carrés est propriété du Kremlin, qui a entrepris d’y construire un centre spirituel et culturel orthodoxe. Le gouvernement russe aurait déboursé la somme de 170 millions d’euros pour faire aboutir ce projet. Le projet comprend une église orthodoxe, mais aussi une école bilingue franco-russe de 150 élèves, une maison paroissiale, un centre culturel, une libraire, des salles d'expositions et un café. 


Le bâtiment sera inauguré entre le 18 et le 20 octobre.

mardi 23 août 2016

Sur le blog de Claude : STS BARTHOLOMÉE en mauvaise posture ?

Arthur H. Hugues: Ankara s'en prendra-t-elle au patriarche Bartholomée?


Arthur H. Hugues a servi comme ambassadeur américain au Yémen en 1991-1994, après quoi il est devenu sous-ministre adjoint au Secrétaire d'Etat aux Affaires du Proche-Orient. Il a également été sous-secrétaire adjoint à la Défense pour le Proche-Orient et pour l'Asie du Sud et il a occupé de nombreux autres postes pour le service extérieur des Etats-Unis, y compris à titre de chef de mission adjoint à Tel-Aviv.

Au moins depuis l'époque de Mustafa Kémal, les chrétiens orthodoxes de Turquie ont subi des répressions de la part de l'Etat. Des milliers de chrétiens turcophones durent émigrer. En 1971, le séminaire théologique de Halki fut fermé. La diffusion de littérature orthodoxes et les activités missionnaires de toute nature sont interdites. Dans une tentative d'encourager le patriotisme et d'obtenir un soutien plus large de la partie conservatrice de la société, le gouvernement turc a essayé de construire des relations avec les nationalistes, dont les plus radicaux s'en sont même pris à plusieurs tentatives au patriarche Bartholomée! [le patriarche Bartholomée Ier de Constantinople est le 270e archevêque et l'archevêque actuel de Constantinople et le patriarche œcuménique, depuis Novembre 1991.]

Il n'est pas étonnant alors qu'une telle situation induise le Patriarcat à établir des liens étroits avec l'élite politique américaine. Des congrégations aux États-Unis et des dons des entrepreneurs américains d'origine grecque sont les principales sources de revenus pour le Patriarcat œcuménique. A son tour, Washington considère l'état de la minorité religieuse en Turquie comme une carte maîtresse dans le jeu diplomatique pour faire pression sur Ankara. De plus, étant primus inter pares [Premier parmi des égaux] parmi les chefs des autres Églises autocéphales, le patriarche œcuménique de Constantinople peut affecter l'ensemble du monde orthodoxe. Et, évidemment, le renseignement américain ne pouvait pas manquer une telle occasion .

Ainsi, l'un des membres du lobby américano-israélien au Patriarcat de Constantinople est le père Alexandre Karloutsos, le chargé des affaires publiques auprès de l'archevêque Dimitrios. Grâce à ses liens avec des responsables de haut niveau et à des milliardaires gréco-américains, il est essentiellement la seule personne qui contrôle le flux d'argent des États-Unis au Phanar, et cela lui donne de larges possibilités d'exercer une pression sur le Patriarcat œcuménique. 

D'autre part, Karloutsos a également de bonnes relations avec l'ancien directeur de la CIA George Tenet, et le prédicateur Fethullah Gülen coopérant avec les services de enseignements américains. Cela signifie que le montant du financement est directement lié à la façon dont s'acquittent avec succès les têtes du Patriarcat accomplissant les tâches qu'ils reçoivent de leurs superviseurs américains.

En outre, le patriarche Bartholomée a personnellement a rencontré Gülen, ou Hoca Efendi, comme il l'appelle, un assez grand nombre de fois. Ils se sont rencontrés par exemple,  le 6 Avril 1996 pour discuter des perspectives de dialogue interreligieux. C'était avant que Gülen ait fui aux États-Unis avec l'aide du diplomate Morton Abramovitz, les agents de la CIA Graham Fuller et George Fidas, et le Père mentionné ci-dessus Alexander Karloutsos.

Le patriarche de Constantinople a loué Gülen en 2012 quand il a pris part à une réunion de l'Association des Journalistes et Ecrivains (GYV) fondée par le prédicateur turc. 

Environ un mois avant l'événement, le Chicago Tribune a publié une interview avec Bartholomée dans laquelle il a hautement apprécié les efforts de Gülen pour développer le dialogue interreligieux et favoriser l'intimité entre les religions "pour le bénéfice de l'humanité." Puis, une semaine après la réunion de l'Association, le 13 mai 2012 dans une interview consacrée au prix que Bartholomée a reçu du Roosevelt Institute, le Patriarche a mentionné publiquement son amitié avec "Hoca Efendi" [Gülen]: "Nous l'aimons vraiment. Nous espérons qu'il reviendra bientôt." Tout un chacun devrait se demander la raison pour laquelle le patriarche de Constantinople a évoqué l'irrecevabilité des offices religieux musulmans à Hagia Sophia seulement le 11 Juillet. Un mois après qu'ils aient commencé - et seulement 4 jours avant la tentative de coup d'état?

Est-ce que le gouvernement turc à réalisé son échec après la récente tentative de coup d'Etat? Essaiera-t-il de gagner le patriarche orthodoxe à sa cause ou exercera-t-il une répression à son encontre? 

De toute évidence, il serait beaucoup plus facile pour Erdogan de couper le financement étranger de la minuscule communauté orthodoxe turque pour se débarrasser pour de bon de celui-ci. D'un autre côté, la coopération avec son propre patriarche orthodoxe pourrait donner à la Turquie de nouvelles possibilités pour améliorer sa réputation et étendre son influence dans le monde orthodoxe. Les autorités devraient-elles enfin reconnaître le statut œcuménique du Patriarcat de Constantinople?

Malheureusement, il serait extrêmement difficile de justifier une telle décision en ce moment. Au lieu de consolider les Eglises orthodoxes, le Concile tenu en Juin en Crète les a simplement aliénées. Nous avons vu le patriarche Bartholomée incapable d'unir le monde orthodoxe. En outre, il est apparu que son influence n'affecte même pas la moitié des chrétiens orthodoxes! Les raisons en sont son autoritarisme, son opiniâtreté et son hostilité envers l'Eglise orthodoxe russe.

Un tel fait diminue la valeur du Patriarcat pour ceux qui sont au pouvoir en Turquie. Et le patriarche Bartholomée ne semble pas avoir beaucoup de temps pour tenter de changer la situation.


Version française Claude LOPEZ-GINISTY
d'après
citant

LIRE ÉGALEMENT CETTE INTÉRESSANTE ANALYSE
 DE L'ÉCHEC DU COUP D'ÉTAT EN TURQUIE

La tentative de coup d’État en Turquie : un révélateur des luttes internes aux lourdes conséquences géopolitiques


dimanche 21 août 2016

La MALADIE, le CRIMINEL et le PÉCHÉ

Force est de constater qu'il y a une similitude incontournable entre un organisme, une société et une personne.
Les éléments négatifs, mauvais, mortifères sont là, présents, prêts à surgir, dès que le contexte le permettra. Ils sont là presque de toute éternité. Au milieu d'autres éléments favorables. Dès qu'un déséquilibre s'installe dans un système par une faiblesse et une incohérence des éléments régulateurs, alors surgissent en effet  et se répandent au grand jour les éléments mortifères. L'occasion leur est donnée d'agir, de se propager, de devenir plus forts et leur pouvoir de destruction s'exerce en toute impunité de façon dangereuse et  de plus en plus difficile à réfréner.



Ainsi en est-il dans un organisme  maintenu en bonne santé, où la flore microbienne en différents lieux de l'organisme est normalement maintenue en équilibre. Il est nécessaire que soit inhibée la prolifération de bactéries commensales pathogènes et potentiellement dangereuses, préexistant depuis très longtemps dans l'organisme, en compagnie des favorables à la santé dans un équilibre vital. Si les défenses immunitaires de l'organisme sont affaiblies par négligence, l''organisme n'est plus capable de lutter efficacement contre la prolifération et la colonisation de ces éléments pathogènes et alors s'installe un désordre incoercible pouvant aller jusqu'à devenir mortel. Il faut alors faire appel  un remède radical pour venir en aide efficacement à la restauration d'une bonne santé faute de quoi on peut en mourir. Et il arrive que les médicaments fassent alors des "dégâts collatéraux" peu souhaitables mais inévitables. On dit alors qu'il vaut mieux prévenir que guérir…



Ainsi en est-il dans une société où les criminels (de quelque origine que ce soit) dont une certaine quantité coexiste inévitablement avec les facteurs de cohésion sociale  est maintenue avec vigilance dans des limites "raisonnables" et dont la capacité de nuisance est strictement limitée par un ordre complexe concernant tous les éléments d'équilibre : une culture commune stable et forte, des valeurs consensuelles, une morale individuelle et sociale, des règles de savoir-vivre entre générations, entre hommes et femmes, entre étrangers et indigènes, la police, l'armée, la justice… Ainsi les éléments potentiellement destructeurs du bon ordre et dangereux pour la vie des citoyens, ne peuvent qu'exceptionnellement apparaître pour faire la démonstration de leur nocivité et de leur capacité de nuire à tous. Si par irréalisme, négligence, laxisme, fausses perspectives, idéologies contre nature, ou manque de discernement, on laisse proliférer ces nuisances sans y remédier, un chaos mortel peut très bien s'installer et il devient alors nécessaire et inévitable d'employer "la manière forte" pour éviter la guerre civile et il est rare que le retour à l'ordre se fasse sans une brutalité peu souhaitable…


Ainsi en est-il chez une personne… "car il n'est personne qui vive et ne pèche pas"  comme il est  dit clairement dans la prière pour les défunts de l'Église Orthodoxe. Il suffit de s'observer un peu pour constater qu'il y a chez l'homme autant de capacités de pécher que de vivre selon les commandements divins. Non seulement nous retombons dans les mêmes péchés (la pratique de la confession le montre assez) mais nous pouvons constater avec horreur que certains péchés oubliés depuis longtemps peuvent resurgir dans certaines situations "favorables" voire que l'on peut commettre des péchés que l'on n'avait jamais commis auparavant et que l'on ne pensait pas pouvoir commettre… Ce n'est pas un hasard si les Pères de l'Église conçoivent l'Église comme un hôpital des âmes. Notre capacité de nous écarter considérablement de Dieu coexiste  - et coexistera malheureusement sans doute jusqu'à notre mort  - avec notre capacité de nous rapprocher de Dieu. C'est alors à nous de favoriser notre équilibre et notre bonne santé spirituelle par notre vigilance de tous les instants, faute de quoi notre négligence laissera le champ libre à nos mauvais penchants connus, ou ignorés de nous, et alors s'installera le chaos en nous.  C'est bien de cela dont parlent tous les grands spirituels de notre Tradition orthodoxe, quand ils nous avertissent qu'une lutte sur tous les fronts doit être menée sans relâche, que les vertus doivent être cultivées faute de quoi la porte sera grand ouverte à tous les vices.
Notre âme est un organisme, une société, pour lesquels nous devons faire preuve de vigilance et de discernement et de régulation, faute de quoi nous laisserons s'installer un chaos mortifère. Et le "remède de cheval " à appliquer alors est un remède bien adapté à chacun dont seul Dieu a le secret …
Oui, dans le domaine spirituel, il en est de même que dans le domaine sanitaire ou social, mieux vaut prévenir que guérir.


Mais notre médecine spirituelle traditionnelle orthodoxe est  efficace pour nous maintenir ou restaurer cette bonne santé spirituelle. L'expérience et la transmission de nos Anciens qui ont lutté vaillamment  jusqu'à leur mort contre leurs mauvais penchants, les mystères prodigués par notre Église orthodoxe  auxquels nous sommes conviés à participer le plus assidument possible, la "Prière de Jésus, tout cela est bien utile pour maintenir à l'esprit notre propre et constante capacité de nuire et pour exercer cette vitale vigilance pour conserver la santé de notre âme et la fortifier.
Maxime le minime

mercredi 17 août 2016

POUR L'AMOUR DE LA RUSSIE


Le statut d'un intellectuel russe dans Facebook:
             Vassily Bourandassov:


"Les gens à qui il échoit de vivre dans une époque de transition ressemblent beaucoup à des oiseaux privés de nid.
On nous a tous chassés de nos maisons dans le froid glacial, et laissés à la merci du destin. Et nous avons peur des changements, il y en a eu trop.
Nous avons besoin d’une maison. Solide, chaude et à nous.
Là où les changements sont rares et les traditions, consacrées par la mémoire de nombreuses générations, sont saines et simples.
Chaque génération est capable de survivre à une révolution. Une fois, parce que toute révolution est une fracture de la colonne vertébrale.
Nous en avons subi eux, un changement de système et la fin de l’empire. Et nous avons derrière nous deux guerres mondiales, la révolution, la guerre civile, les répressions, les famines, les répressions, des régimes brisés, la destruction de classes entières.
En tant que nation, nous nous sommes surpassés, car nous avons survécu.
Peu l’auraient pu, mais nous avons survécu.
Le Seigneur fait quelque chose pour la Russie, nous sommes moins une leçon pour le monde qu’un ferment de quelque chose de très important pour son avenir.
Aucun peuple du XX° siècle n’a souffert autant que le peuple russe.
Et il me semble que maintenant, quand rien n’est encore terminé, quand nous nous tenons encore dans ce froid, le plus important, c’est notre sentiment de compassion les uns pour les autres.
Nous sommes tous dans la même situation.
Et nous mourrons gelés, si notre sentiment bien  compréhensible d’irritation, d’inquiétude, de colère, de désarroi triomphe de notre sentiment de compassion pour ceux qui sont à nos côtés.
Essayons de ne pas geler à mort.
C’est peut-être cela qu’attend de nous le Christ.
Car il est ici. Il est toujours là où est la douleur et la peur.
C’est la douleur du peuple, la douleur de l’enfantement.
A sa suite viendra la joie.
Dieu ne châtie pas ceux qui n’ont pas d’espoir.
(Un beau texte transmis par une âme ardente comme Dieu les aime car Il vomit les tièdes : Laurence Guillon)

samedi 13 août 2016

PRÉPARATION À LA COMMUNION par le regretté P. Élie de bienheureuse mémoire


L’Église nous propose, pour notre cheminement et notre élévation vers Dieu, des règles qui peuvent paraître inabordables par leur sévérité à certains. Mais Elle suit le précepte du Christ : « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait ». Néanmoins dans toute son approche du fidèle, L’Église agit avec pédagogie (voir, entre autres, les semaines préparatoires au Carême de Pâques et le Grand Carême lui- même dans « Le Grand Carême » du père Alexandre Schmemann). Il convient donc pour lefidèle d’établir des relations de prière et de confiance avec un père spirituel qui, ayant acquis une expérience spirituelle certaine, pourra judicieusement donner des conseils et des instructions pour la croissance spirituelle et le « dosage » des efforts. 

Le sacrement de la Communion a été institué par notre Seigneur Jésus Christ Lui-même. Il a dit lorsqu’il enseignait à Capharnaüm : « Je suis 1e pain vivant, descendu du ciel. Qui mangera ce pain vivra à jamais. »Et même, «le pain que je donnerai, c’est ma chair pour la vie du monde » (Jean 6, 51). Et plus loin : « En vérité je vous le dis, si vous ne mangez la chair du Fils de l’homme et ne buvez de son sang, vous n’aurez pas la vie en vous » (Jean 6, 53). Plus tard lors de la Sainte Cène, le Seigneur Jésus prit le pain, le bénit, le rompit et le donna aux disciples en disant : « Prenez, mangez, ceci est mon corps. » Puis, prenant une coupe, il rendit grâces et la leur donna en disant : « Buvez-en tous; car ceci est mon sang, le sang de la nouvelle alliance qui sera répandu pour la multitude en rémission des péchés. » (Matthieu 26, 26-28). Ces paroles du Seigneur Jésus, l’Église les appelle institutionnelles car c'est par elles que fut instituée institué le sacrement de l’Eucharistie. En accomplissant ce sacrement, l’Église (en la personne de l’évêque ou du prêtre qui le remplace) prie : « Et nous tous qui participons au même Pain et au même Calice, fais que nous soyons unis les uns aux autres dans la communion de l’unique Esprit-Saint... » (liturgie de Basile-le-Grand). Cela veut dire que la communion aux Saintes Espèces fait de nous le Corps unique du Christ qui nous lie dans la communion de l’unique Esprit Saint... L’Église prie ensuite «... purifie-nous de toute souillure de la chair et de l’esprit,... afin que, recevant avec le témoignage d’une conscience pure notre part de tes Saints Mystères, nous soyons unis au Corps sacré et au Sang de ton Christ, et, les ayant reçus dignement, nous possédions le Christ demeurant dans nos cœurs et devenions les temples de ton Saint-Esprit » (Lit. de St. Basile, prière avant le « Notre Père »). Dans cette prière comme nous le voyons, l’Église demande que chacun d’entre nous qui communie aux Saintes Espèces soit uni au Christ et que chacun devienne le temple du Saint-Esprit.

Il est entendu qu’il faut éviter de s’approcher d’un si grand sacrement de façon indigne. Le saint Apôtre Paul écrivait : « car celui qui mange et boit de façon indigne, mange et boit pour sa propre condamnation s'il ne discerne pas le Corps du Seigneur. Voilà pourquoi il y a parmi vous beaucoup de malades et d’infirmes, et que bon nombre meurent» (1 Cor. l1, 29-30). 

« Homme , si tu veux manger le corps du Maître, approche avec crainte afin de ne pas être brûlé par le feu » (office avant la communion).

La condition indispensable à la participation au Saint Mystère est de n’avoir aucune animosité dans l’âme et le coeur — c’est la réconciliation avec tous : « afin de boire le Sang Divin de la communion, commence par te réconcilier avec ceux qui t’ont chagriné ». Puis ose manger la nourriture du mystère (dans la même prière). D’autre part, il existe des empêchements à la communion tels que : excommu- nication ou interdiction de communier prononcées par l’évêque ou par le confesseur. L’Église appelle «d’une voix de mère » les croyants à communier au moins cinq fois par an (à chacun des quatre carêmes et le jour de la commémoration de leur saint) et prescrit avant la communion une préparation spéciale (говение en russe) qui consiste en un jeûne renforcé et en la lecture de canons et de prières de pénitence. Le temps de la préparation est fixé par le confesseur et varie de sept à un jour selon les « besoins » (instructions pour le prêtre). Il est bien entendu que le degré du jeûne et le caractère de la préparation sont adaptés par le confesseur à l’état physique et spirituel du pénitent. Pendant cette préparation, ceux qui sont mariés doivent également s’abstenir de rapports conjugaux. Avant la communion « il faut que celui qui se prépare, confesse au prêtre tous ses péchés... qu’il s’abstienne à partir de minuit de tout (c’est-à-dire : ne rien manger, ne rien boire et, bien sûr, ne pas fumer, note l'auteur), afin de s’adonner à la prière, aux métanies et aux méditations spirituelles (instructions pour leprêtre) ». La veille et le matin même, il faut lire les prières avant la sainte communion qui se trouvent dans tous les livres de prières. Il est bien sûr indispensable d’arriver à l’heure à l’église pour la liturgie (et non pas au moment de l’hymne des Chérubins, comme beaucoup le font). En général il faut remarquer que la meilleure préparation à la communion est la participation aux offices à l’église. Le fait d’arriver en retard sous le pieux prétexte de : «je n’ai pas fini le canon »... «je n’ai pas accompli la règle » n’est pas une excuse, mais une faute qui prouve notre méconnaissance de l’Église en tant qu’organisme plein de grâces, en tant que Corps du Christ.

Par ailleurs la grâce qui illumine nos âmes lors des offices religieux ne se résume pas à l’action de tel ou tel texte. La disposition de ces textes, la conjonction en eux des cycles journalier, hebdomadaire et annuel constituent la structure même des offices et rythment toute notre vie. Les chants et les lectures dans l’église (indépendamment du fait qu’ils soient bien ou mal exécutés, bien qu’une bonne exécution soit préférable !) rendent aux mots l’intonation perdue dans notre parler quotidien. Tout cela donne la plénitude à la Parole de Dieu qui s'adresse à nous. Ceci, bien évidemment, ne peut pas se retrouver dans la lecture des canons et des prières à la maison. Ceci s’applique surtout aux offices du Grand Carême. Ceux qui ont la possibilité de suivre avec l’Église le cycle des offices du Grand Carême en ressentent l’action bienfaisante et émouvante et ceux qui jeûnent se préparent par là-même à la communion et doivent communier chaque fois qu’ils le désirent. Il est indispensable de désirer communier. Il ne faut pas communier si on ne le désire pas. Ceux qui ne vont pas régulièrement aux offices, ou n’ont pas cette possibilité, devraient se préparer selon la règle décrite ci-dessus.

D’autre part la prière à l’église est une prière en commun de la communauté ecclésiale qui représente effectivement l’Église. Le fait même d’être créé par Dieu consiste à se tenir devant son Créateur avec «crainte et frémissement », personnellement et en communauté. L’Église en prière représente toute la création lorsqu’elle prie pour « l’union de tous ». Nous nous tenons personnellement devant Dieu dans notre humilité, avec la conscience de nos péchés et de notre indignité; néanmoins en tant que membre de l’Église le « pouvoir d’être les enfants de Dieu » (Jean I, l2) nous est donné. Le mystère de la communion actualise ce don (dont personne n’est digne et dont personne ne peut être digne) et nous associe à « la communion de l’Unique Esprit-Saint » nous créant membres du Corps du Christ. En tant que tels ce mystère nous unit, chacun d’entre nous qui L’avons « reçu dignement » (c’est-à-dire, en ayant conscience de notre indignité), au « saint Corps et saint Sang de ton Christ »; afin que « les ayant reçus dignement, nous possédions le Christ demeurant dans nos coeurs et devenions les temples de ton Saint-Esprit ». Ensuite c’est nous « qui avons le Christ vivant dans nos cœurs » que l’Église renvoie dans le monde avec une mission apostolique. Tout cela signifie que nous sommes appelés à participer au sacrement qui nous rend dignes de la grâce de la sainte communion non seulement pour notre salut, mais aussi pour l'affermis sement de l’Église et le salut du monde.

Archiprêtre Elie SHMAIN de bienheureuse mémoire
(source Messager diocésain avril 1996 n° 5)
Que le Seigneur se souvienne de son serviteur   Père Élie dans son Royaume

jeudi 11 août 2016

MILOŠEVIĆ DISCULPÉ par le TPIY, tandis que l'OTAN passe à autre chose … par Neil Clark

Manifestation d’hommage à Slobodan Milosevic - Cimetière de Pozarevac – 10 mars 2007

La disculpation, par le TPIY, de feu Slobodan Milosevic, ancien président de la Yougoslavie, pour les crimes de guerre commis en Bosnie qui lui étaient reprochés, prouve une fois de plus qu’il faut prendre les accusations de l’OTAN à l’encontre de ses « ennemis officiels » non pas avec « un grain de sel », mais avec un  plein camion. 
Depuis une bonne vingtaine d’années, les commentateurs néo-cons et les grosses légumes de l’« interventionnisme libéral » n’ont cessé de nous ressasser à toutes les occasions possibles, que Milosevic (dirigeant démocratiquement élu à la présidence d’un  pays qui comptait 20 formations politiques fonctionnant librement) était un vil dictateur génocidaire, responsable de TOUS les morts des Balkans dans les années 1990. Répétez après moi, d’une voix de robot et en faisant des gestes de robot avec les bras : « agression génocidaire de Milosevic », « agression génocidaire de Milosevic »…
Mais la fable officielle, tout comme celle qu’on nous a vendue en 2003 sur les Armes de Destruction Massive de l’Irak capables de nous atteindre en 45 minutes, était une pure invention chargée de justifier une opération de changement de régime forcé que souhaitaient depuis longtemps les factions dominantes occidentales.
La conclusion du TPIY qu’une des personnalités les plus démonisées des temps modernes était innocente des crimes atroces dont elle avait été accusée aurait dû faire la une et les gros titres de tous les médias dans le monde. Il n’en a rien été. Le TPIY lui-même a bien pris soin d’enfouir la nouvelle aussi profondément que possible dans son verdict de 2.590 pages du procès du leader serbe bosniaque Radovan Karadzic, condamné en mars dernier pour génocide (à Srébrénica), crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
Pas la moindre annonce officielle ni la plus infime conférence de presse concernant la disculpation de Milosevic. Sans le journaliste et chercheur Andy Wilcoxon qui l’a déterrée pour nous, on n’en aurait rien su.
Ah, combien les choses étaient différentes quand le procès du prétendu « Boucher des Balkans » a débuté en février 2002 ! Là, il aurait fallu être enfermé au fond d’une garde-robe pour ne pas être au courant de ce qui se passait.
CNN assurait alors une couverture en béton de ce qui fut décrit comme « le procès le plus important depuis Nuremberg ». Bien entendu, la culpabilité de Milosevic allait de soi. « Quand la sentence tombera et qu’il disparaîtra au fond de sa cellule, personne au monde n’en entendra plus jamais parler. » déclara l’avocate US Judith Armatta, de Coalition pour une Justice Internationale, organisation qui comptait l’ex-ambassadeur US en Yougoslavie Warren Zimmerman, dans son conseil consultatif.
Quiconque osait alors mettre en doute la ligne de l’OTAN se faisait traiter d’« apologiste de Milosevic », ou pire : de « négateur de génocide », par les « Responsables du maintien de la Vérité impériale ».
Mais, malgré le blabla et le battage qui entouraient le « procès du siècle », il fut vite évident que l’accusation pataugeait dans une très profonde choucroute. Le Sunday Times a même cité un expert qui disait que « 80% des attendus de l’acte d’accusation auraient été disqualifiés par n'importe quelle cour britannique, comme ne consistant que de rumeurs ». C’était à mon avis une estimation généreuse.
Le problème, c’est qu’il s’agissait d’un procès bidon, d’un procès-spectacle où la géopolitique a pris le pas sur les preuves tangibles. Il est important de se rappeler que les charges d’origine contre Milosevic, quant à de prétendus crimes de guerre au Kosovo ont été formulées en mai 1999, au plus fort de la campagne de bombardements massifs de l’OTAN sur la Yougoslavie, et à un moment où la guerre ne se déroulait pas comme prévu par les États-Unis et leurs alliés.
Les charges avaient clairement pour but de faire pression sur Milosevic, pour l’amener à céder aux exigences de l’OTAN [c. à d. à acceper de bonne grâce le démantèlement de son pays.NdT]
L’ennui pour l’OTAN, c’est qu’au moment où le procès de Milosevic allait débuter, la fable sur le Kosovo avait déjà commencé à se détricoter. Les dénonciations stridentes des USA et de leurs alliés à propos de génocide et de centaines de milliers de tués, remises à leur place ici par le grand John Pilger, s’étaient déjà avérées des calembredaines. En septembre 2001, une cour de justice de l’ONU allait établir qu’il n’y avait pas eu de génocide au Kosovo. 
C’est pourquoi, pour tenter d’étoffer leur cause de plus en plus faible contre Milosevic, il fallait absolument que les procureurs de La Haye trouvent de nouveaux motifs d’inculpation dans la guerre de Bosnie. Ce qui fut fait en accusant « Slobo » d’avoir mis sur pied une conspiration criminelle visant au nettoyage ethnique des Croates et des musulmans de Bosnie, dans le but de réaliser son projet d'une « Grande Serbie ».
Dans un procès normal au criminel, on recherche les preuves, et quand elles sont jugées suffisantes, on énonce les charges. C’est le contraire qui s’est produit dans le cas de Milosevic : il a d’abord été accusé pour des raisons politiques, et on a ensuite essayé de prouver ce dont on l’accusait.
L’ironie veut que l’ancien président avait déjà été loué par le président Clinton pour le rôle qu’il avait joué en faveur des efforts de paix en Bosnie en 1995, efforts dont le résultat avait été le traité de paix signé à Dayton, Ohio.
La vérité, c’est que Milosevic n’a jamais été un nationaliste serbe mais – pendant toute sa vie - un socialiste qui s’est toujours efforcé de maintenir une Yougoslavie multi-raciale, multi-ethnique, stable.
Son but, tout au long de ses années de pouvoir, n’a jamais été de bâtir une « Grande Serbie » mais d’essayer de maintenir entière et cohérente une Yougoslavie fédérale, ainsi que le reconnaît aujourd’hui, mais un peu tard, le TPIY.
Non seulement Milosevic n’a rien eu à voir avec le nettoyage ethnique de Bosnie, mais il l’a au contraire condamné. Le jugement du TPIY note « les critiques et la désapprobation répétées [de Milosevic, NdT] de la politique suivie par l’accusé (Karadzic) et les dirigeants serbes de Bosnie. » Milosevic, en homme pour qui toutes les formes de racisme étaient anathèmes, insistait pour que toutes les ethnies soient protégées.
Mais, afin de pouvoir punir Milosevic et mettre en garde ceux qui auraient l’audace de s’opposer aux volontés du pouvoir US, il fallait que l’histoire fût ré-écrite. Le socialiste yougoslave qui avait combattu la politique nationaliste des dirigeants bosniaques devait être déguisé à postériori en traître de mélodrame de la guerre de Bosnie et chargé pendant qu’on y était de tout le sang versé dans les Balkans. Pendant ce temps, le sus-mentionné ambassadeur US Warren Zimmerman, dont les interventions calomnieuses pour faire avorter toute solution diplomatique avaient contribué à déclencher le conflit bosniaque, s’en sortait blanc comme neige.
La campagne de dénigrement « tout est de la faute à Slobo » fit ce qu’il fallait pour que les faits réels soient escamotés. Un article écrit – je ne me moque pas de vous – par un « Professeur d’Études Européennes de l’Université d’Oxford » fit même de Milosevic le président de la Yougoslavie en 1991 (l’année où la Slovénie fit sécession), alors que, bien sûr, le président de la Yougoslavie était alors le Croate de Bosnie Ante Markovic.
Il était inévitable que Milosevic soit assimilé à Hitler. Il le fut. « On aurait dit Hitler revenu se pavaner » écrivit le rédacteur politique du News of the World, quand Milosevic eut la témérité de vouloir se défendre à la barre des accusés. « On a revu en éclairs à vous glacer le sang, un monstre nazi de la IIe Guerre Mondiale, quand le tyran serbe déposé s’est mis à haranguer la Cour. »
Pour bien s’assurer que les lecteurs ne rateraient pas l’équivalence Milosevic=Hitler, le même News of the World illustrait sa diatribe d’une photo d’Hitler, le « Boucher de Berlin », sur fond de camp de concentration et d’une photo de Milosevic, le « Boucher de Belgrade », plaquée sur celle d’un camp bosniaque.
Très commodément pour l’accusation, Milosevic est mort dans sa cellule en mars 2006.
LIRE L'ARTICLE INTÉGRAL > ICI


Neil Clark est journaliste, écrivain et blogueur. Il a collaboré et collabore à un grand nombre de journaux, tient une chronique régulière sur RT et participe à de nombreuses émlissions de radio et de télévision. Il est co-fondateur de Campaign for Public Ownership (qui milite pour les nationalisations). Son blog, qui a remporté plusieurs prix se trouve ici : www.neilclark66.blogspot.com. Vous pouvez le suivre sur Twitter @NeilClark66

Traduction c.l. pour Les Grosses Orchades