Les lèvres mensongères font horreur à l'Éternel, tandis que ceux qui agissent avec fidélité lui sont agréables. Proverbes 12:22 «C'est ce qui sort de l'homme qui le rend impur. En effet, c'est de l’intérieur, c'est du cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées, les adultères, l'immoralité sexuelle, les meurtres, les vols, la soif de posséder, les méchancetés, la fraude, la débauche, le regard envieux, la calomnie, l'orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et rendent l'homme impur.» Marc 7:20-23 Un témoin fidèle ne ment pas, tandis qu’un faux témoin dit des mensonges. Proverbes 14:5 « Vous, vous avez pour père le diable et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement et il ne s'est pas tenu dans la vérité parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, il parle de son propre fond, car il est menteur et le père du mensonge. » Jean 8:44 Si les paroles distinguées ne conviennent pas à un fou, les paroles mensongères conviennent d’autant moins à un noble. Proverbes 17:7 « Écarte de ta bouche la fausseté, éloigne de tes lèvres les détours ! Proverbes 4:24 Craindre l'Éternel, c'est détester le mal. L'arrogance, l'orgueil, la voie du mal et la bouche perverse, voilà ce que je déteste. » Proverbes 8:13 « Pierre lui dit : «Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, au point que tu aies menti au Saint-Esprit et gardé une partie du prix du champ? […] Comment as-tu pu former dans ton cœur un projet pareil? Ce n'est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu.»Actes 5:3-4Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les enchanteurs, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l'étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort.Apocalypse 21.8

vendredi 6 janvier 2017

L'ART PICTURAL ORTHODOXE

par l'agiographe Michel Alezyvakis




Le Temple chrétien est une expression et une visualisation de la présence du Seigneur dans le monde matériel. Le temple est «la maison du Seigneur parce que c’est là que le Seigneur est adoré, que sa Parole est annoncée par le sermon, et que le principal mystère de sa présence, la Sainte Eucharistie, a lieu.

C’est le lieu où la synaxe liturgique des vrais croyants a lieu, qui est l'expression visible du corps de l'Église, dont la tête est le Christ. 
Le mystère du Saint Culte se reflète sur les liturgies, l' architecture et l' iconographie des églises.




Toutefois, en ce qui concerne l'architecture, et surtout l'iconographie, bientôt la nécessité d'apporter des réponses à ce paradoxe est venu : comment est-il possible d'utiliser des dessins et des couleurs pour représenter non pas la nature, l'individualité ou la corruption, mais l'hypostase des personnes et des choses [Saint Théodore Stoudite: Ce n’est pas la nature, mais l'hypostase de la personne représentée qui est montrée ci dans l'icône ( "Παντός εικονιζομένου ούχ ή φύσις, άλλη υπόστασις εικονίζεται)] Comment, en d' autres termes, les transformer en une révélation de l'événement du salut? Est - il possible avec les moyens matériels de la création artistique de représenter un mode d'existence, qui élimine l’autonomie, l’espace et le temps en tant que séquence antériorité- postériorité ?


Cette antithèse est atteinte au travers de la magnifique force expressive de l’icône byzantine, qui élève et transforme la réalité naturelle en une conception plus élevée de la forme pour conduire du simulacre à la voie de la vérité.
L'art chrétien exprime l'événement du salut en tant qu’il s’est historiquement produit. Il n’exprime pas d’émotions individuelles , mais l'adhésion collective au «mystère impénétrable qui est célébré pendant le culte.
L'icône invite à une communion / relation directe avec les images, pour une transition vers le prototype originel ; qui est l'hypostase de la personne iconographiquement représentée [Saint Basile le Grand: Car tout honneur rendu à l'icône (ou l' image) rejaillit sur l'original, et celui qui se prosterne en adoration devant l'icône, se prosterne , en même temps en adoration devant la substance (ou hypostase) de celui qui y est peint (Η της εικόνος τιμή επί το πρωτότυπον διαβαίνει και ο προσκυνών την εικόνα προσκυνεί έν αύτη τού έγγραφομένου τήν υπόστασιν )]. Représenter une personne selon son hypostase signifie utiliser le langage de la création artistique pour présenter la nature humaine divinisée.
Les visages des saints sont historiques, mais en même temps, ils manifestent la présence de la gloire de Dieu, comme l’énonce l'apôtre Paul (2 Cor 3:18.). L'icône représente l'existence eschatologique de la personne représentée ; elle exprime la béatitude de l'homme renouvelé dans le Christ.



Les règles objectives sur la façon de faire une icône soumettent la perception individuelle, l'idée, à une vision qui est un événement de communion. L’« œuvre d'art» n’est pas vue comme une création individuelle , mais comme un lieu de rencontre de l'Église avec le Dieu éternel.
Pour les Byzantins, c’est l'Église qui « peint les icônes » par la main du peintre, qui assujettit la perception individuelle à un type iconographique donné. Il est écrit dans les décisions du 7e concile œcuménique : « La peinture d'icônes est pas une invention des peintres , mais une institution et une tradition agréées de l'Église catholique ... (Ού ζωγράφων εφεύρεσις ή τών εικόνων ποίησις, αλλά τις καθολικής εκκλησίας έγκριτος θεσμοθεσία και παράδοσις ......).
Par conséquent, c’est un type iconographique donné, qui, cependant, ne limite pas mais libère le peintre de ses impulsions individuelles et, de la sorte, dans ce travail d’art, l'Église reconnaît sa vérité. Cela ne signifie pas que le génie artistique des grands maîtres byzantins (Manuel Panselinos, Michael Astrapas, Théophane le crétois etc.) est supprimé, mais l'icône n’est pas seulement une suggestion artistique, un accomplissement individuel ... c’est essentiellement une révélation , une attitude commune dans la vie.



L'art byzantin transmet au vrai croyant les vérités spirituelles par les sens : la lumière et la couleur sont utilisés dans la pleine conscience de leur impact. Les Byzantins avaient la conviction que tous les deux sont directement associés à Dieu : Dieu est la Source de la lumière. La lumière en étant dispersée à travers les peintures murales symbolise la lumière primordiale, surnaturelle, dont la source est Dieu, la seule source de toute lumière. Les Byzantins considéraient la vue comme le plus élevé des cinq sens, en même temps qu’ils considéraient la couleur et non la forme comme la principale caractéristique distinctive d'un objet.
La perception des couleurs du monde a une importance profonde : la composition des couleurs et des formes ont leur aboutissement dans un rythme complètement différent, dans un rythme qui, aussi fondamental qu’il puisse être dans l'art et peut-être dans la vie, ne peut pas être facilement rationalisé.



En conséquence, la tâche principale des peintres était et est toujours de trouver les couleurs qui correspondent mieux à la beauté première. Selon eux, la procédure artistique et son travail pourraient être considérés comme une imitation. L’imitation est conçue comme la tentative de transférer le prototype originel par une répétition authentique, en préservant et en rendant sa signification du passé jusqu'au présent. Il est clair que nous ne parlons pas d’une reproduction, d’une restauration ou d’un formalisme serviles. Des variations significatives de la forme, de la composition ou de la couleur ont été et sont acceptables dans certaines limites. Mais la quête théologique de la vérité concerne également les écrits de l’Église et sa peinture, c’est la raison pour laquelle nous avons mentionné ci-dessus la libération [nécessaire] de l'impulsion individuelle. Il s’ensuit l'obligation de suivre un certain archétype. Les caractéristiques morphologiques des archétypes forment une règle visuelle de l'Eglise au sein de laquelle il est difficile de changer quoi que ce soit.


En se référant à des archétypes, l'art byzantin est inévitablement assujetti au principe de la répétition. Dans cette perspective, la répétition est un besoin structurel. L'imitation des prototypes plus anciens, non remise en question pendant longtemps, est progressivement devenue un problème esthétique, à partir du moment où elle a commencé à être influencée par les principes de la tradition de l'art occidental, qui obligent l'artiste à l'originalité ainsi qu’au changement constant de sorte de ne présenter que des types individuels. Cette position se traduit par un écart par rapport à des œuvres plus anciennes de l'art.



Aujourd'hui, grâce au grand maître Photis Kontoglou, a eu lieu une renaissance de l'art de l'Église; une approche consciente des anciens prototypes est tentée à la fois en termes de types iconographiques et de style artistique. Il est essentiel que l'icône byzantine soit sauvegardée non pas comme un objet de valeur pour musée, mais plutôt comme une ancre qui conduit l'homme à une implication au sein du Seigneur, en tant qu’expression de la certitude de l'Église concernant la présence constante du « déjà accompli ». Le témoignage et l'expérience d'une communion des vivants et des morts est la préservation d'une mémoire supportant une tradition, la pratique établie d'une expérience collective intemporelle.



Un tel objectif exige le respect ;  mais le respect exige, à son tour, la connaissance, le consentement et la connaissance.
Rien ne se conserve sans connaissance certifiée ; rien est maintenu sans amour ; l’amour est celui qui maintient tout ensemble; La poursuite est un besoin à partir d'une exigence déjà exprimée : l’exigence qui veut la tradition byzantine pour héritage de tout le monde. Ce que vous ne connaissez pas ne vous appartient pas en même temps que vous ne pouvez partager ce qui ne vous appartient pas.



La valeur de la tradition ne réside pas tant dans son antiquité qui la valorise, mais dans l’épreuve qu'elle subit, qui à la fin détermine ce qui est légué de génération en génération. Le travail des grands artistes chrétiens byzantins a créé une relation intemporelle avec chacun de nous, car il sert quelque chose qu'ils savaient qui les dépassait, il sert la communauté plutôt que l'individu, l'Église plutôt que l'autonomie. Cette relation créée est aux antipodes de l'utilisation, l'appropriation et l'intérêt.
Cette relation suppose de se déprendre de nous-mêmes, le dépassement de soi, ce qui est la raison pour quoi elle réussit à vaincre même le temps.
Athènes, Janvier 2012
(SOURCE - version française par Maxime M.)

jeudi 5 janvier 2017

LA MISSION DES ORTHODOXES



«Les mots sont les armes que nous les Orthodoxes utilisons pour nous défendre des hérétiques et les frapper. Les frapper non pour les abattre, mais pour les aider à se relever de leur chute. Tel est le but de notre lutte : les aider pour les sauver, eux et nos ennemis.»     
Saint Jean Chrysostome

mardi 3 janvier 2017

JÉRÉMIE 23,1-6

Cela fait longtemps que le peuple chrétien sait à quoi s'en tenir sur les têtes mitrées, et plus prestigieuse est la charge des hiérarques, plus la responsabilité est grande, et plus importants seront les comptes à rendre devant le "Redoutable Tribunal"… eh oui ! Je ne citerai pas de nom… mais nous ne sommes pas toujours gâtés ces temps-ci. Certes Dieu est seul juge mais le peuple ordinaire sait bien depuis longtemps que "l'habit ne fait pas le moine". Qui plus est sur les fresques antiques des églises qui représentent le Jugement Dernier, il est fréquent de voir une certaine quantité de religieux qui partent  (quelquefois par charretées comme dans l'illustration ci-dessous) dans la mauvaise direction, c'est à dire à la gauche du Christ, vers les abîmes de l'enfer et ses avides démons dévorants… Voyez plutôt par exemple :



Charretée de hiérarques incroyablement nombreux
 au point qu'on se demande comment ils peuvent tenir dans cette charrette …

Vous en reconnaissez quelques uns peut-être ?
Toutes sortes de mitres…






Sur orthodoxie.com : Rôle de l'ATHOS aujourd'hui par JC LARCHET

Jean-Claude Larchet: Le rôle prophétique du Mont-Athos dans le monde contemporain

La conférence de Jean-Claude Larchet « Le rôle prophétique du Mont-Athos dans le monde contemporain », donnée à Moscou le 21 septembre 2016 dans le cadre des célébrations des « Mille ans de la présence russe au Mont-Athos », vient d’être publiée en russe sur le site du Département synodal des monastères et du monachisme de l’Église orthodoxe russe et sur le site du Monastère de Sretenski Pravoslavie.ru, et en anglais sur ce dernier site et sur le site Orthodox Ethos. Nous en donnons ici la version française.

Le rôle prophétique du Mont-Athos dans le monde contemporain
Le monachisme n’est au fond qu’une façon de mener la vie chrétienne avec un engagement total dans le renoncement à ce monde et la consécration de soi à Dieu. Pour cela, le monachisme est partout le même, et chaque monastère, chaque skite ou chaque ermitage constitue un lieu privilégié, un centre de référence pour la vie monastique et pour la vie chrétienne. Pour une grande part, ce qui peut être dit du monachisme peut être dit du Mont-Athos, et ce qui peut être dit du Mont-Athos peut être dit du monachisme.
Pourtant le Mont-Athos est depuis longtemps un lieu fascinant, qui attire l’attention non seulement des Orthodoxes, mais de personnes appartenant à d’autres religions et même de non-croyants. En témoignent le nombre important de livres, d’articles consacrés au Mont-Athos, mais aussi le flux incessant de pélerins et de visiteurs venus du monde entier. Cette fascination n’est pas nouvelle, mais elle est sans aucun doute plus grande à notre époque que par le passé. Il y a à cela plusieurs raisons.
1) La première raison est que le Mont-Athos est une république autonome – et pour cela comme un pays – habité seulement par des moines et entièrement consacré à la vie monastique. Bien que chaque pays orthodoxe ait au moins une région qui regroupe plusieurs monastères, il n’y aucune autre région qui regroupe un nombre aussi important de monastères, de skites et d’ermitages, et qui constitue un pays gouverné par des moines, avec une vraie frontière qui le délimite par rapport aux pays ou régions environnants. C’est une zone protégée non seulement politiquement, administrativement et géographiquement (en étant une péninsule), mais aussi spirituellement, puisque le Mont-Athos est couramment appelé « Le jardin de la Mère de Dieu » et considéré comme un lieu qui lui appartient et où elle est particulièrement présente. Par le fait qu’il est un pays entièrement peuplé de moines, qu’il ne permet pas « la libre circulation des personnes » exigées par les lois européennes, n’accepte pas l’afflux des touristes et n’accepte pas non plus l’entrée des femmes, mais étend la clôture monastique à l’échelon d’un pays, le Mont-Athos est un pays pas comme les autres.
2) Deuxièmement, le Mont-Athos est un témoignage du Royaume déjà présent parmi nous.
C’est le lieu qui abrite les plus nombreuses et importantes reliques du monde orthodoxe. Ces reliques y rendent présents et actifs par leurs miracles presque tous les grands saints chrétiens.
Le Mont-Athos en tant que concentration monastique et lieu particulièrement propice à la sanctification a lui-même produit des milliers de saints, connus ou inconnus. Certains à notre époque ont un rayonnement mondial, comme saint Silouane, Joseph l’Hésychaste et ses disciples, ou saint Païssios. À travers ses nombreux saints du passé et du présent, le Mont-Athos apparaît, selon les paroles du Psalmiste, comme « la montagne fertile », « la montagne féconde », « la montagne où il a plu au Seigneur d’habiter » et où Il « habitera à jamais » (Ps 67, 16-17).
3) Le Mont-Athos est un rappel du paradis perdu et une annonce du Paradis retrouvé.
Ce n’est pas seulement à travers ses saints, mais en tant que lieu béni, institution sacrée que le Mont-Athos témoigne prophétiquement d’un autre monde qui donne son sens au monde actuel. Le Mont-Athos, encore appelé « Montagne Sainte », ou « Jardin de la Vierge », est une image du Paradis, un rappel du Paradis perdu par nos premiers parents, et une préfiguration symbolique du Paradis promis aux justes.
  1. a) Le Mont-Athos offre l’image d’une nature paradisiaque parce que, dans la variété des paysages qui s’échelonnent depuis le niveau de la mer jusqu’aux deux mille mètres où culmine la montagne Athos, ce sont de très nombreuses espèces végétales et animales qui vivent et constituent un microcosme résumant le monde entier. Une autre raison est que cette nature reste inviolée, préservée de l’exploitation économique et de la pollution technique. Sa seule existence dans notre monde moderne a une valeur exemplaire. Elle est un modèle d’écologie spirituelle ; elle témoigne de la sauvegarde de la création qui a été confiée à l’origine par Dieu à l’homme pour qu’il en use pour ses besoins, tout en en faisant un instrument de contemplation et d’action de grâce.
  2. b) L’espace du Mont-Athos témoigne de l’espace paradisiaque, et annonce l’espace du Royaume des cieux. À la différence de l’espace de tous les autres pays (réparti entre sacré et profane, voire même parfois entièrement profane), l’espace du Mont-Athos apparaît totalement sacré, non seulement par la présence d’une multiplicité de monastères, de skites, d’ermitages, d’églises et de chapelles, mais aussi parce qu’il est tout entier sanctifié par les saints qui le parcourent ou l’ont parcouru, l’ont rempli de la voix de leur prière, et l’ont baigné des énergies divines dont ils rayonnaient. Chaque fois que l’on marche sur un sentier du Mont-Athos, on a la certitude de mettre ses pieds sur les traces de saints qui nous y ont précédés. Beaucoup de lieux dans la nature gardent la mémoire d’apparitions du Christ, de la Mère de Dieu ou de saints. Il n’y a pas ici de monastère, de skite, d’ermitage, de chapelle, ni de source ou de fontaine dont la présence ne s’explique par une vision céleste ou par un miracle.
  3. c) Il faut dire quelques mots aussi sur la signification prophétique du temps athonite. L’une des choses qui matériellement frappent le plus le visiteur du Mont-Athos, et dans une certaine mesure le désoriente, c’est le changement d’heure. La plupart des monastères gardent l’heure byzantine, qui ne sert plus de référence que dans cet endroit du monde. Notre heure à nous, les moines l’appellent kosmiki ora : l’heure du monde. L’heure byzantine n’est pas une simple survivance des temps anciens ; elle témoigne d’une autre modalité du temps, d’un temps spirituel, sanctifié parce que entièrement consacré à Dieu, subdivisé et organisé pour répondre à Sa volonté. Symboliquement cela rappelle le temps paradisiaque et annonce le temps du Royaume.
4) Un quatrième point important est que la vie collective telle qu’elle est organisée dans l’ensemble du Mont-Athos et dans chaque monastère, constitue un appel à l’unité de tous les hommes, et un témoignage qu’une telle unité est possible dans le Christ. Dans un monde déchiré par les guerres, les nationalismes, les conflits ethniques, le racisme, ce témoignage et cet appel sont véritablement prophétiques.
Le Mont-Athos dans son ensemble témoigne depuis de nombreux siècles de la bonne entente de communautés d’origines ethniques différentes qui non seulement coexistent pacifiquement, mais vivent harmonieusement dans le lien de la charité.
C’est dans ce lien de la charité que la Sainte Communauté, constituée de représentants des principaux monastères, gouverne le Mont-Athos non selon les principes démocratiques du monde, mais dans l’esprit de la conciliarité (sobornost) chrétienne. Chaque monastère athonite en témoigne pareillement, étant dirigé par un Conseil des Anciens avec à sa tête un higoumène élu par les moines.
5) Comme cinquième point, on peut mentionner le rôle fondamental qu’a joué le Mont-Athos dans l’histoire de l’Orthodoxie et qui se révèle aujourd’hui peut-être plus que jamais d’une importance capitale : celui du maintien de la Tradition et de la défense de la foi orthodoxe. Il s’agit là encore d’un rôle prophétique, car le prophète est traditionnellement quelqu’un qui rappelle les hommes à la fidélité à Dieu et qui est un défenseur de la foi face à tout ce qui peut l’altérer ou la pervertir.
Dans un monde soumis à des changements de plus de plus nombreux et de plus en plus rapides, le Mont-Athos donne l’exemple d’un monde stable, immuable, à l’image du monde divin. Préservé de la soif de changement et du vertige du mouvement qui habitent les hommes vivant dans le monde, à l’abri de la pression sociologique qui porte à se conformer en tout point au mode de vie des sociétés modernes, les moines athonites conservent scrupuleusement les prescriptions canoniques, le typikon liturgique et le mode de vie ascétique que nos Pères se sont transmis de génération en génération.
Le maintien scrupuleux même des plus infimes traditions a été la condition pendant plus d’un millénaire d’une parfaite préservation la Tradition orthodoxe. Les moines athonites ont aussi grandement contribué à préserver la foi orthodoxe dans tous les moments difficiles de l’Histoire où elle était menacée, et le font aujourd’hui encore. Et ils jouissent toujours pour cela d’un prestige particulier et d’une grande autorité.
Le rôle prophétique de vigie et de phare que joue traditionnellement le Mont-Athos dans le monde orthodoxe pour rappeler aux gens quelle est la vraie foi est particulièrement important à notre époque où l’on peut observer un affaiblissement considérable de la conscience dogmatique.
6) Un sixième et dernier point est que le Mont-Athos contribue également, d’une manière fondamentale, à maintenir à la fois inchangée et vivante la spiritualité orthodoxe. Constituée par les moines de Palestine, de Syrie, du Sinaï et du Stoudion de Constantinople, les Pères athonites en sont devenus, à partir du XIIIe siècle, les principaux héritiers et dépositaires. Le Mont-Athos est devenu une référence absolue en matière d’ascétisme et de spiritualité, et a attiré de nombreux moines de tous les pays. Lors de leurs visites ou de leur retour dans leurs pays d’origine, ces moines ont contribué fortement à la diffusion de cette spiritualité. En particulier, le Mont-Athos a toujours été un centre de la pratique de la prière de Jésus et de la spiritualité hésychaste. Et c’est toujours à la Sainte Montagne que cette pratique a, si l’on peut dire, son centre.
Les Pères athonites ont comme tâche de le communiquer aux hommes d’aujourd’hui cet héritage séculaire et comme responsabilité de le transmettre aux générations futures. En cela aussi réside le rôle prophétique et eschatologique du monachisme athonite.
Jean-Claude Larchet

dimanche 1 janvier 2017

Entretien avec Monseigneur Nicodemus Daoud Sharaf, archevêque syriaque orthodoxe

SOURCE

Monseigneur Nicodemus Daoud Sharaf, archevêque syriaque orthodoxe
 de Mossoul, du Kurdistan et de Kirkouk

28 DÉCEMBRE 2016

Aleteia : Ne vous inquiétez-vous pas des habitants restés à Mossoul ?


Monseigneur Nicodemus Daoud Sharaf : Tous les chrétiens ont fui la ville en 2014 devant les troupes de Daesh. Ceux qui sont restés, pour la plupart, les ont accueillis. Parfois à bras ouverts. Les arabes musulmans sunnites qui y vivent sont si fanatiques qu’ils pourraient donner des leçons aux Saoudiens ! Ils n’acceptent personne s’il ne partage pas leurs vues. Il faut se rappeler qu’au lendemain du coup d’État militaire avorté de 1959, dont l’épicentre était Mossoul, les chrétiens connurent les pires humiliations*. Dans la ville, livrée aux règlements de compte entre tribus et à l’affirmation d’un islam plus radical face au « péril » laïc, les chrétiens se promenaient avec un torchon sur l’épaule. Il le tendaient à leur concitoyens musulmans qui avaient pris l’habitude de s’essuyer les mains sur leurs vêtements. On n’avait pas beaucoup de respect à l’époque pour les « koufars » comme ils disent (les « mécréants » ou non-musulmans, Nldr). On n’en a pas beaucoup plus aujourd’hui.

La situation n’a fait qu’empirer ?

Jusqu’à l’âge de douze ans, je jouais avec un garçon du voisinage. Je ne savais même pas qu’il était musulman comme il devait se moquer éperdument de savoir que j’étais chrétien. Un jour, son père rentra du pèlerinage à la Mecque et s’en fut fini des jeux. Je n’ai pas le droit de jouer avec un « koufar » me dit mon camarade… Vous devez comprendre qu’à Mossoul – que l’armée irakienne soutenue par la coalition a tant de peine à reprendre – 800 terroristes de Daesh ont « convaincu » 50 000 hommes de rejoindre leur rang. Les rejoindre pour se livrer aux pires abominations : jeter à la rue des femmes et des enfants, décapiter, violer, réduire en esclavage. Il fallait que le terreau soit fertile pour les rallier si facilement à leur cause.

La coalition a-t-elle des chances d’éradiquer l’État islamique ?


La politique occidentale est diabolique. Les intérêts des uns et des autres sont si contradictoires que leurs chances de réussite sont faibles. Nous ne demandons que l’application de la loi et le respect de notre dignité. Du temps de Saddam Hussein, la loi s’appliquait. Au Kurdistan irakien majoritairement musulman (où les chrétiens de Mossoul ont trouvé refuge autour d’Erbil, Ndlr), la loi nous protège et elle nous protège même mieux qu’ailleurs en Irak. Nous attendons que des décisions soient prises pour nous assurer la protection internationale et des règles, fixées par l’ONU.

La cohabitation avec les musulmans est-elle encore possible ?

Nous ne haïssons pas les musulmans. Sous l’empire de la loi, comme ici au Kurdistan, nous pouvons tous cohabiter. Seul l’islam tel que l’applique Daesh est détestable. Faut-il que leur Dieu soit faible et lâche à ce point qu’ils se sentent obliger de le protéger d’une telle manière ? Le nôtre nous protège et Il nous protègera toujours. Comme je dis souvent : Dieu n’a pas besoin des hommes qui se croient les exécuteurs de sa justice, son bras armé. Tu penses qu’untel est un mécréant et doit mourir ? Alors que Dieu le tue lui-même ! Nous verrons bien qui expirera le premier.

Avez-vous un message à adresser aux chrétiens occidentaux ? 

Réveillez-vous. N’acceptez pas chez vous les réfugiés qui ont fait de nous des réfugiés ici. Le 24 novembre dernier fut consacrée à Londres une nouvelle église syriaque orthodoxe en présence de S.A.R. le prince Charles. Je me suis vu refuser le visa par l’ambassade, de peur que je ne rentre pas en Irak. Je suis résident permanent en Australie, j’ai les visas nécessaires à me rendre aux États-Unis, au Canada et même en France. Que serais-je aller faire en Angleterre quand mon peuple est ici et souffre ?
Propos recueillis par Alexandre Meyer

* Le mouvement laïc et nationaliste arabe mené par le général al-Shawaf fut réprimé violemment par le gouvernement communiste allié à l’URSS d’Abd al-Karim Qasim. Il sera renversé lors de la Révolution du Ramadan en 1963, qui vit le parti Baas, socialiste et pan-arabe, prendre le pouvoir, puis l’émergence de Saddam Hussein.

Paramonie de la Nativité 31 Décembre, 2016 VALAAM

vendredi 30 décembre 2016

ÉGLISES ORTHODOXES et ORIENTALES en ALLEMAGNE

Sur le site Religioscope:

Allemagne : un panorama des Églises orthodoxes et orientales

Il y aurait aujourd'hui quelque 2 millions de chrétiens appartenant à des Églises orthodoxes et autres Églises orientales en Allemagne. La plupart d'entre eux sont des immigrés ou descendants d'immigrés, amenés en Allemagne par suite de turbulences politiques ou de la recherche de nouvelles perspectives professionnelles et économiques. Les Allemands convertis à l'Église orthodoxe, par suite de mariages ou de quêtes spirituelles, ne représentent probablement que 1% de la population orthodoxe du pays. La grande majorité des orthodoxes vivant en Allemagne y sont arrivés au cours des vingt-cinq dernières années.

 Orthodoxie in Deutschland

Sur cette composante non négligeable du nouveau paysage religieux en Allemagne, les informations sont les bienvenues pour les observateurs de la société allemande. Sans pouvoir remplacer ce que pourrait être une véritable synthèse, un nouveau volume apporte un recueil de descriptions et des éléments d'analyse. Plus de vingt auteurs ont participé à l'ouvrage collectif à l'ouvrage collectif Orthodoxie in Deutschland, sous la direction de Thomas Bremer, Assad Elias Kattan et Reinhard Thöle (Münster, Aschendorff Verlag, 2016). Le livre couvre à la fois l'histoire et des thèmes actuels transversaux ; les quatre derniers chapitres sont consacrés aux anciennes Églises orientales (préchalcédoniennes).
Comme le notent les coordinateurs du volume en introduction, les Églises orthodoxes se trouvent dans une étape particulièrement intéressante de leur histoire en Allemagne (comme dans les autres pays occidentaux) : le transfert de leurs traditions dans un autre environnement en s'efforçant de les préserver tout en répondant aux attentes des prochaines générations.
« Les identités ecclésiastiques nationales se transforment en une identité orthodoxe en Allemagne, qui en arrive même à poser la question d'une orthodoxie allemande. Un indicateur est fourni par l'approche des langues liturgiques, des langues maternelles et de la langue allemande dans le culte et dans la vie des communautés. » (p. IX)
Des princesses russes aux réfugiés syriens ou aux étudiants serbes, « l'histoire de l'Orthodoxie [en Allemagne] est une histoire de la migration dans ses différentes formes », observe le P. Constantin Miron (Cologne) (p. 204). S'il existe maintenant des communautés orthodoxes de langue allemande dans plusieurs diocèses, il reste à voir si l'on peut déjà réellement parler de communautés orthodoxes allemandes, ajoute-t-il.

L'établissement progressif des différentes juridictions orthodoxes en Allemagne

La partie historique évoque cette présence orthodoxe russe dès le XIXe siècle: c'est d'abord une présence de milieux russes nobles ou aisés, qui conduit à la création d'églises ou chapelles dans des représentations diplomatiques, dans des lieux de villégiature ou dans des palais (lors d'unions entre un souverain allemand et une princesse russe ; puis les turbulences politiques du XXe siècle conduisent à une émigration russe avec l'implantation de structures paroissiales et ecclésiales. Les circonstances politiques entraînèrent aussi des divisions au sein de l'Église russe : dans les années 1930, pas moins de quatre juridictions russes étaient en concurrence pour obtenir en Allemagne un statut de droit public (p. 24). Il fallut attendre la fin du communisme et le XXIe siècle pour voir ces divisons largement résorbées : l'Archevêque Marc, à la tête de l'Église orthodoxe russe hors-frontières (séparée du Patriarcat de Moscou) en Allemagne joua d'ailleurs un rôle crucial dans les efforts qui aboutirent en 2007 à la réconciliation entre les deux branches de l'Église russe, rappelle le P. Nikolai Artemoff.

L'église orthodoxe russe à côté du château de Bad Ems rappelle une présence orthodoxe dès le XIXe siècle, mais très différente de celle que nous observons aujourd'hui (© Zackzuchowski | Dreamstime.com).

La fin du communisme a ouvert la voie à l'arrivée d'un nombre beaucoup plus important de Russes orthodoxes : en 1988, année du millénaire du baptême de la Russie, on en dénombrait environ 10.000 sur le territoire de la République fédérale d'Allemagne ; aujourd'hui, ils seraient 300.000. Le Patriarcat de Moscou a ouvert de nombreuses nouvelles paroisses au cours des dernières années : il y aurait aujourd'hui une centaine de paroisses du Patriarcat de Moscou et une cinquantaine de l'Église russe hors-frontières (l'acte d'union de 2007 ayant prévu qu'elle conserverait ses propres structures autonomes).
L'immigration serbe en Allemagne était insignifiante avant la Seconde Guerre mondiale. Mais 100.000 à 150.000 Serbes, dont 50 prêtres au moins, se retrouvèrent prisonniers de guerre en Allemagne. La plupart ne voulurent pas rentrer ensuite dans leur patrie, passée sous le joug d'un régime communiste. Dans le sillage de débuts d'organisation d'une vie religieuse dans les camps où ils avaient été détenus, de premières communautés paroissiales s'organisèrent à Munich, Osnabrück, Lingen, Hanovre et Düsseldorf, raconte le P. Radomir Kolundzic. Au début des années 1960, sept prêtres encadraient la vie religieuse de quelque 10.000 fidèles serbes en Allemagne. Par la suite, des migrants serbes en quête de travail vinrent les rejoindre : au milieu des années 1970, on comptait quelque 800.000 immigrés yougoslaves en Europe occidentale, dont 500.000 en Allemagne, et probablement la moitié de ceux-ci étaient-ils serbes (p. 46), même s'ils étaient loin d'être tous orthodoxes pratiquants. En 1969 fut érigé un diocèse serbe d'Europe occidentale, dont le siège se trouva d'abord à Londres, puis à Düsseldorf dès 1971. Avec un nombre croissant de paroisses, le diocèse fut divisé en deux en 1990, avec un nouveau diocèse pour l'Allemagne, l'Autriche et la Suisse, et finalement un diocèse pour l'Allemagne seule en 2011.
Les conflits des années 1990 dans l'ex-Yougoslavie entraînèrent de nouvelles vagues migratoires (80.000 à 100.000 Serbes) et de nouvelles créations de communautés. De plus, par suite de l'éclatement du pays et de l'effondrement du système politique qui l'avait dominé, de nouvelles interrogations et aspirations spirituelles se firent jour : un nombre croissant de Serbes se tournèrent à nouveau vers l'Église orthodoxe. 42 prêtres desservent 26 paroisses serbes en Allemagne aujourd'hui, avec un nombre de fidèles estimé à 300.000 au moins.
Chez les Russes comme chez les Serbes, les immigrés politiques de la période communiste ne constituent plus qu'une petite minorité des fidèles, remarque Nikolaj Thon (p. 53).
En plus petit nombre, les orthodoxes roumains dépendirent d'abord (dès 1949) d'un diocèse d'Europe occidentale et centrale, avant l'organisation d'une Métropole pour l'Allemagne et quelques autres pays en 1993.
En 1960, un accord fut signé entre le Royaume de Grèce et la République fédérale d'Allemagne pour permettre aux travailleurs grecs l'accès à des emplois en Allemagne. Cela entraîna une rapide augmentation de la population grecque. Un diocèse orthodoxe grec d'Europe centrale fut érigé en 1963 : les orthodoxes grecs sont aujourd'hui au nombre de 400.000 en Allemagne, avec 150 lieux de culte. C'est le diocèse «le plus grand, le mieux organisé et le mieux établi» (p. 60).
Le siège du diocèse bulgare d'abord établi à Budapest déménagea à Berlin en 1994. Il existe également une Église ukrainienne à l'étranger reconnue par le Patriarcat de Constantinople depuis 1995. Quelque 13.000 immigrés géorgiens ont donné naissance à des paroisses géorgiennes, avec leur propre diocèse d'Allemagne et d'Autriche depuis 2014. Il faut encore y ajouter les orthodoxes arabophones dépendant du Patriarcat d'Antioche : la fuite de chrétiens de Syrie est récemment venue étoffer leurs rangs, et ils rassemblent maintenant quelque 15.000 fidèles.

L'organisation de la vie orthodoxe en Allemagne

Dix diocèses orthodoxes existent aujourd'hui sur territoire allemand, en parallèle, puisqu'ils relèvent chacun d'une Église dont le siège se trouve dans un pays de tradition orthodoxe. Cependant, des structures se mettent en place en vue de permettre une coopération.
Une Commission des Églises orthodoxes (puis : de l'Église orthodoxe en Allemagne vit le jour en 1994 et pava la voie à la Conférence des évêques orthodoxes, mise sur pied en 2010. Chaque évêque orthodoxe conserve cependant sa liberté d'action, répondant à son Église mère autocéphale.

Lors d'une célébration liturgique en 2007 à Cologne, six évêques orthodoxes, entourés du clergé (source: Paroisse orthodoxe serbe de Cologne).

Dans la pratique, bien des prêtres orthodoxes liés à une Église nationale se trouvent amenés à offrir des services pastoraux également à des orthodoxes d'autres origines. Les rencontres interorthodoxes représentent une réalité au quotidien dans bien des paroisses, ou entre paroisses — parfois, d'ailleurs, comme conséquence de la participation aux dialogues œcuméniques, remarque le P. Constantin Miron (p. 206). Dans plus d'un lieu, des conférences pastorales rassemblant les prêtres orthodoxes de plusieurs juridictions ont vu le jour, permettant également une représentation commune face aux partenaires civils et religieux.
Parmi les questions importantes se trouve celle de la traduction des textes liturgiques en des langues occidentales. Le P. Peter Sonntag note que cela est devenu un objet de controverses, et que les expressions de scepticisme face à ces traductions s'expriment tant dans les pays orthodoxes (face aux traductions en langue moderne) que dans les pays occidentaux. Même si les premiers efforts de traduction en allemand remontent au XIXe siècle, ce n'est que tardivement que le caractère souhaitable d'un effort commun en vue de traductions en langue allemande s'est affirmé (p. 88). Sous l'égide de la Conférence des évêques, une commission pour la traduction de la Divine Liturgie et des sacrements s'est mise au travail en 2010 (p. 98).
Il est vrai que les écueils à éviter ne manquent pas : d'un côté le risque de traductions si proches de la langue courante qu'elles en perdraient leur caractère sacré, artistique, poétique ; d'autre part, le danger d'un style si proche de la syntaxe de la langue d'origine qu'elle en deviendrait pratiquement incompréhensible à l'audition (p. 89). Une traduction « philologiquement et sémantiquement juste » n'est pas encore une prière... (p. 92)
Le P. Peter Sontag remarque qu'un effort de traduction aujourd'hui soulève inévitablement aussi des questions de fond, par rapport aux sensibilités contemporaines sur certains sujets ( par exemple le « langage inclusif ») ou en lien avec le dialogue œcuménique (stigmatisation de certains « hérétiques » vénérés par les Églises préchalcédoniennes, variations de traduction du Notre Père) (pp. 98-99).
En ce qui concerne l'enseignement religieux orthodoxe dans les écoles publiques, celui-ci existe depuis 1956 en Bavière (pour les élèves russes orthodoxes), depuis 1985/86 en Rhénanie du Nord-Wetsphalie (pour les élèves grecs orthodoxes, mais conçu comme s'adressant en fait à tous les élèves de confession orthodoxe indépendamment de leur origine nationale). Cet enseignement existe aujourd'hui en Bavière, en Rhénanie du Nord-Westphalie, en Hesse, en Basse-Saxe et (depuis l'année scolaire 2016/17) en Bade-Wurtemberg. Les partenaires des communautés orthodoxes sont les ministères compétents de chaque Land. Une seule formation spécifique existe pour les catéchètes orthodoxes, depuis 2011, à l'Université de Munich. Il existe peu de matériaux de catéchèse orthodoxe en langue allemande adaptés pour un usage scolaire, mais l'élaboration de tels outils pédagogiques a commencé.
Comme l'explique Kerstin Keller (coordinatrice de l'enseignement religieux orthodoxe en Rhénanie du Nord-Westphalie), cet enseignement s'adresse à des enfants issus de différents groupes de migrants. « Le macrocosme de l'Orthodoxie universelle se reflète ainsi dans le microcosme de la salle de classe »   et l'enseignement doit transmettre la notion qu'il y a une foi orthodoxe et une Église orthodoxe qui se manifeste dans la diversité des expressions nationales (pp. 108-109). Leur socialisation religieuse (familiale, communautaire) s'effectue le plus souvent dans la langue du pays d'origine, tandis que l'enseignement se fait en allemand.
Dans le cadre universitaire, Athanasios Vletsis (professeur de théologie orthodoxe à l'Université de Munich) rappelle que la première chaire de théologie orthodoxe en Allemagne fut celle occupée par le professeur Anatasios Kallis à Münster, de 1979 à sa retraite en 1999, puis depuis 2005 par le professeur Assaad Elias Kattan.. Comme celle de Münster, la chaire de Munich vit le jour dans le contexte d'une faculté de théologie catholique. Cet Institut de théologie orthodoxe a compté quatre professeurs, puis trois par suite de mesures d'économie, dont l'enseignement est complété par différents chargés de cours, afin d'offrir une formation académique complète en théologie orthodoxe, couronnée par un diplôme. Il existe également un enseignement sur le christianisme orthodoxe dans le cadre de la science des religions à l'Université d'Erfurt (professeur Vasilios Makrides).
Quant aux efforts œcuméniques entre Églises historiques en Allemagne et partenaires orthodoxes, ils commencèrent dans les années 1960 et 1970, avec la croissance de la présence orthodoxe et le sentiment que celle-ci serait plus qu'une manifestation passagère. Cela inclut à la fois les contacts bilatéraux entre orthodoxes et catholiques ou protestant, et la participation à la communauté de travail des Églises chrétiennes en Allemagne (ACK). Différents diocèses orthodoxes sont également représentés dans des groupes de travail à l'échelle de Länder : dans ces cas, la liste établie par Marina Kiroudi montre que ce sont les diocèses particuliers qui sont représentés, et non des structures interorthodoxes (pp. 123-124).
Ces échanges œcuméniques portent aussi sur des aspects pratiques : par exemple les cadres régissant les mariages entre conjoints de confessions différents, avec des documents pastoraux à ce sujet publiés tant en coopération avec les catholiques (1993) qu'avec les protestants (pp. 117-118).
Il importe de souligner un autre aspect des relations entre immigrés orthodoxes et les Églises majoritaires en Allemagne : l'hospitalité accordée aux orthodoxes dans des lieux de culte et autres locaux protestants ou catholiques, courante jusqu'à la fin des années 1990, remarque le théologien protestant Martin Illert (Hanovre). Cela rappelle que les décennies immédiatement postérieures à la 2e guerre mondiale furent placées sous le signe de l'aide et du soutien aux migrants orthodoxes, souvent déplacés par la tourmente de la guerre et ses conséquences politiques. Mais depuis la fin des années 1990, alors que la population orthodoxe augmente tandis que le nombre des pratiquants catholiques et protestants diminue en Allemagne, ce n'est plus simplement la mise à disposition d'espaces pour le culte orthodoxe qui est proposée, mais de plus en plus la cession de lieux de culte reconvertis en églises orthodoxes. Les réseaux œcuméniques ont joué ici un rôle important (pp. 182-183).
Un chapitre porte sur les médias orthodoxes en Allemagne (Nikolaj Thon). À ce propos, on découvre aussi des remarques inattendues dans l'article du P. Georgios Basoudis (Mannheim) sur l'intégration des Églises orthodoxes en Allemagne, qui évoque « Internet comme facteur d'intégration » (pp. 176-177). Selon lui, pour une Église qui ne dispose pas de solides structures administratives en Allemagne et dans laquelle beaucoup de responsabilités reposent finalement sur les épaules du prêtre, le travail serait beaucoup plus difficile à réaliser sans l'existence d'Internet : les réseaux sociaux virtuels permettent une rapide circulation de l'information ainsi qu'une communication. Internet contribuerait ainsi notablement à renforcer la perception de la présence des communautés orthodoxes en Allemagne.

L'église orthodoxe russe de Wiesbaden (Miss Passion Photography).

D'autres Églises d'origine orientale en Allemagne

Outre des chapitres sur quelques autres sujets particuliers, la dernière et plus courte partie du volume s'intéresse aux Églises orientales non byzantines (et pas en communion avec ces dernières), également présentes en Allemagne.
Un court chapitre (3 pages) du P. Youkhana Patros, qui dessert une paroisse de cette Église à Essen, résume la situation de l'Église assyrienne d'Orient. Ses premiers fidèles seraient arrivés vers 1970. Ils seraient aujourd'hui 5.000 à 7.000 en Allemagne, avec cinq communautés (mais chacune comprend également plusieurs lieux de culte secondaires). L'évêque responsable de l'Europe occidentale réside à Stockholm, qui est un pôle pour la migration assyrienne en Europe. Les quatre prêtres présents en Allemagne sont originaires d'Irak. Deux ont étudié à Rome, ce qui reflète les bonnes relations développées entre cette Église et l'Église catholique romaine. L'accueil assuré par les communautés chrétiennes allemandes est vital pour cette Église, qui n'est propriétaire que d'un seul lieu de culte en Allemagne.
Les coptes comptent pour leur part 12.000 fidèles en Allemagne, rapportent  Fouad et Barbara Ibrahim. Les premiers étaient arrivés dès les années 1950, sans véritable vie communautaire ou lieu de culte, avec des rencontres sporadiques dans un cadre privé. Aujourd'hui, l'Église copte compte en Allemagne deux évêques, deux monastères qui attirent des fidèles venus parfois de loin, et même un institut de formation théologique. Plus de la moitié des coptes résidant en Allemagne ont acquis la nationalité de ce pays (p. 231).
Quant aux chrétiens syriaques venus du Tur Abdin, dans l'Est de la Turquie, ils seraient aujourd'hui 80.000 en Allemagne, explique Simon Birol (Université de Bochum). Si les premiers arrivèrent dès les années 1960, ils rentraient au pays pour les grandes fêtes religieuses et fréquentaient des paroisses d'autres confessions chrétiennes durant le reste de l'année. Un premier prêtre fut ordonné pour desservir les fidèles en Allemagne en 1971. Comme pour toutes les autres communautés évoquées dans ce livre, le prêt de lieux de culte catholiques ou protestants pour permettre la célébration des services religieux syriaques a été important. Un monastère a ouvert ses portes à la frontière germano-néerlandaise, à côté duquel se trouve le seul cimetière orthodoxe syriaque en Europe (pp. 242-243). Un autre monastère a été fondé en Allemagne, à Warburg, dans les locaux d'un ancien couvent dominicain. Consacré en 2012, l'évêque qui y réside aujourd'hui et porte la responsabilité du diocèse d'Allemagne est le premier évêque orthodoxe syriaque né dans la diaspora. L'instruction religieuse pour les orthodoxes syriaques a été instituée dans cinq Länder, même si la formation d'enseignants pose des défis (p. 248).
Quant aux Arméniens, leur présence en Allemagne est plus ancienne, rappelle Harutyun Harutyunyan. De 1925 à 1945, un premier prêtre arménien exerça son ministère au service des fidèles de la région de Berlin, puis de Stuttgart jusqu'en 1952. Plusieurs années s'écoulèrent ensuite sans présence permanente de prêtres arméniens en Allemagne. Une organisation de la vie religieuse commença à se mettre en place à partir du milieu des années 1960 et dans les années 1970, accompagnant une croissance progressive de la population arménienne, qui s'élevait déjà à 20.000 au début des années 1990. Aujourd'hui, l'Église arménienne compte en Allemagne 15 paroisses (dont trois seulement possèdent leur lieu de culte), avec 2.300 fidèles actifs. Mais le manque de prêtres est aigu : il n'y en a que 5 pour toute l'Allemagne, ce qui les contraint à de constants déplacements.

Des communautés en transition

Par l'importance des communautés et leur variété, l'Allemagne représente un champ d'observation révélateur des évolutions de la présence orthodoxe en Europe occidentale. Il souligne une fois de plus – si l'on considère notamment l'importance de ces populations et leur évolution rapide — le besoin de développer plus de recherches sur ces communautés religieuses dans les pays de l'Europe occidentale, et également des recherches sous l'angle des sciences sociales des religions : la plupart des contributions contenues dans ce volume viennent plutôt d'auteurs ayant une formation théologique.

L'église de la paroisse orthodoxe russe hors-frontières de Francfort-sur-le-Main (© 2014 J.-F. Mayer).

Ce résumé d'un livre contenant de nombreuses informations ne permettait pas d'entrer dans les détails : dans certaines communautés, l'adaptation à un nouvel environnement s'est aussi accompagnée de tiraillements ou controverses internes, qu'évoquent certains chapitres. Ainsi, la communauté arménienne connaît des tensions par suite de la décision d'imposer des tarifs fixes pour différentes cérémonies (mariages, funérailles, etc.) aux personnes qui ne sont pas des membres cotisants d'une paroisse (ces derniers bénéficiant de la gratuité) (p. 267). Cet exemple très concret illustre les aménagements qu'entraîne l'organisation de la vie religieuse dans un nouvel environnement.
Même si le contenu des chapitres varie beaucoup, ils montrent tous des communautés fortement marquées par des vagues d'immigration récentes, et donc encore en voie d'organisation durable. Les structures déjà mises en place sont un début : elles répondent tant aux besoins des communautés qu'aux attentes de la société allemande. Elles ne représentent sans doute pas encore le stade définitif. Le cadre allemand offre des conditions favorables à certains égards : les Églises historiques, solidement établies, se montrent accueillantes envers ces communautés chrétiennes migrantes ; le cadre scolaire allemand ouvre des possibilités de catéchisme dans le cadre scolaire. Il sera intéressant de voir comment les différents groupes chrétiens orthodoxes et orientaux trouveront, dans les décennies à venir, l'équilibre entre la préservation de leur héritage et l'insertion dans le contexte allemand.
Jean-François Mayer

jeudi 29 décembre 2016

Nettoyer les océans : le projet et le quadrimaran d'Yvan Bourgnon


Contre le fléau des déchets plastiques qui polluent nos océans, le navigateur Yvan Bourgnon a eu une idée. Ce vieux loup de mer est parvenu à récolter 150 000 euros lors d'une campagne de financement participatif (qui s'est achevée avec succès ce mardi 13 décembre) pour mettre au point le premier "Manta" : un gigantesque quadrimaran capable de ratisser les eaux pour collecter les détritus. Explications. Des bouteilles en plastique, des frigos, des poussettes… Lors de son tour du monde en catamaran de sport sans GPS (octobre 2013 – juin 2015), le navigateur de l'extrême Yvan Bourgnon a fait de drôles de rencontres. "Il m'arrivait de m'arrêter cent fois dans la même journée pour me frayer un chemin au milieu de tous ces déchets, mime-t-il, les cheveux en bataille. Surtout en Asie du Sud-Est !" A son retour en France, il se renseigne et se rend compte qu'il n'existe aucun "camion-poubelle" de la mer. Et voilà que l'idée du Manta a commencé à germer : un quadrimaran géant (72 m d'envergure, 60 m de long), doté d'un système de herses. "Il y aurait comme un rateau à l'arrière du bateau, entre la moissonneuse-batteuse et le chasse-neige. Avec ça, on pourrait ratisser la mer jusqu'à 1m50 de profondeur et piéger les déchets plastiques", explique-t-il. D'où la création de son association The Sea Cleaners et le lancement d'une campagne de financement participatif (14 octobre – 13 décembre 2016), qui a permis de rassembler les 150 000 euros nécessaires pour mettre au point un premier prototype au dixième. "Jusqu'en 2018, on travaillera sur ce modèle réduit, expose le skipper aux yeux bleus. Sur les deux années suivantes, on attaquera la version grandeur nature grâce à nos partenaires (mécènes, entreprises…). Et en 2020, à l'eau le Manta !" Bon, évidemment, l'immense bateau à voile ne pourra pas nettoyer à lui tout seul les 8 millions de tonnes de déchets plastiques rejetés chaque année dans les océans. "Mais on pense pouvoir ramasser jusqu'à 100 tonnes à bord sur des campagnes de deux à quatre semaines, soit plus de 1 000 tonnes par an, avance Yvan Bourgnon. Si on multiplie ça par une centaine d'appareils placés stratégiquement le long des côtes, on arrive à 10 000. C'est toujours ça !" Sans compter la dimension pédagogique de ce multicoque écolo, bien plus "percutant" selon lui qu'une simple conférence. (SOURCE : GEO)

lundi 26 décembre 2016

NOËL en ROUMANIE au Monastère Oasa




Une belle atmosphère de Noël, pleine de joie et de bonheur: les moines et les jeunes chantent ensemble des chants traditionnels. Peut-être il n'y a pas beaucoup d'endroits comme ça sur terre pour célébrer Noël ... [Monastère Oasa, Roumanie]

dimanche 25 décembre 2016

UN TRÈS BEAU TEXTE sur la fête de NOËL par le Métropolite ATHANASIOS de Limassol

Sur le site La Lorgnette de Tsargrad



EXTRAIT :
[…] Il est un récit selon lequel à Bethléem où naquit le Christ, dans une grotte, un ermite nommé Jérôme vécut et mena son exploit ascétique. La nuit de la Nativité, alors qu’il ne dormait pas mais priait, par la grâce de Dieu, alors qu’il revivait l’événement même de la Nativité, il dit au Christ : «Mon Christ, aujourd’hui, tout le monde T’a offert quelque chose, les mages T’ont offert des dons, les Anges T’ont chanté des cantiques de gloire, les pasteurs sont venus s’incliner devant Toi, la terre T’a offert une grotte, et l’humanité T’a donné la Theotokos. Mais que pourrais-je bien t’offrir en ce jour ? Rien de ce que j’ai ne m’appartient, tout cela est à Toi car Tu m’as tout donné». Alors qu’il priait ainsi, le saint vit, par la grâce de l’Esprit Saint, le Christ nouveau-né dans la crèche, Qui lui répondit : «Je ne souhaite qu’une seule chose venant de toi». Jérôme fut saisi d’effroi et souhaitant entendre quel était ce don que notre Seigneur attendait de lui, il demanda : «Que souhaites-Tu de moi, Seigneur?»[…]

samedi 24 décembre 2016

À propos de traditions de Noël et de leurs adversaires acharnés…pas de souci !


Comment les Soviétiques* ont cherché à détruire Noël

La campagne soviétique pour remplacer les symboles de Noël est un chapitre culturel intéressant dans l’histoire de ce que Ronald Reagan nommait «l’empire du mal».
Par Michael de Sapio.


Lorsque les régimes totalitaires (en particulier ceux de gauche) arrivent au pouvoir, une des premières choses qu’ils font généralement est de détruire les symboles culturels sacrés, afin de mieux reconstruire la société depuis la base. La campagne soviétique pour remplacer les symboles de Noël est un chapitre culturel intéressant dans l’histoire de ce que Ronald Reagan nommait «l’empire du mal».
À la suite de la Révolution russe, le nouveau gouvernement athée commença une campagne antireligieuse. Tous les symboles jugés religieux ou « bourgeois» furent éradiqués et remplacés par de nouvelles versions laïques. Ainsi Noël (qui dans le calendrier orthodoxe russe est le 7 janvier) fût aboli en faveur du Nouvel An, et plusieurs coutumes et traditions de Noël reçurent de nouvelles identités.

Nouveau père Noël et nouvelle nativité

Saint-Nicolas et le Père Noël cédèrent leur place à Ded Moroz ou «Grand-père gel» (une figure populaire provenant des temps païens), et la nouvelle «nativité» le présentait avec sa petite-fille la Vierge des neiges au lieu de Joseph et Marie, parfois avec le «garçon du Nouvel An» à la place de Jésus. Les cartes de Noël représentaient souvent Ded Moroz chevauchant aux côtés d’un cosmonaute soviétique dans un vaisseau spatial blasonné avec un marteau et une faucille.


De telles images semblent ridicules de nos jours, mais la volonté de détruire les traditions fait partie intégrante des mouvements sociaux radicaux à travers l’histoire. Pensez aux révolutionnaires français qui ont remplacé le calendrier chrétien, allant jusqu’à renommer les mois et les jours de la semaine afin d’éviter toute référence possible au christianisme.
Et les Soviétiques n’étaient pas les seuls à avoir un problème avec Noël. Les puritains de Boston au 17ème siècle s’y opposèrent avec véhémence. Un « avis public » de l’époque proclamait :
« La célébration de Noël étant considérée comme un sacrilège, l’échange de cadeaux et de salutations, vêtir de beaux vêtements, l’organisation de festins et autres pratiques similaires sataniques sont par la présente interdits avec le délinquant, passible d’une amende de cinq shillings. »
Un groupe détestait Noël parce qu’il était religieux, et l’autre le détestait parce qu’il était irréligieux. L’histoire et la nature humaine sont pleines de paradoxes.
Quant aux Soviétiques, ils ont fini par adoucir leur position. En 1935, Pavel Postyshev, le dirigeant du Parti communiste, écrivit un éditorial dans la Pravda qui se moquait de la faction extrémiste anti-Noël. Il déclarait que les coutumes de Noël devraient être ramenées pour le plaisir et le bénéfice des enfants. (Il va sans dire que pour les enfants l’objectif était toujours de les rendre serviteurs obéissants de l’État.) Après la chute de l’Union soviétique en 1991, Noël devint populaire à nouveau.
Tout cela montre que si vous pouvez lutter contre les traditions, vous ne pouvez pas les détruire complètement. Elles peuvent être cachées, en sommeil, mais une fois les restrictions levées, elles jailliront de nouveau. Et tout régime qui tente de remplacer le monde familier par un monde synthétique est fondamentalement en guerre avec l’esprit humain.
  • Traduction Contrepoints

*PS : Un lecteur frère en Christ m'a fait la charité de quelques rectifications que je me fais un plaisir de rajouter en post scriptum car elles m'apparaissent pertinentes et bien fondées : on aurait tort en effet d'assimiler tout le peuple russe terrorisé et asservi, et pourtant conservant souvent la foi en secret après avoir offert suffisamment de martyrs avec ses tyrans fous et impitoyables, ces  "monstrueux et abjects dirigeants et exécutants, petits et grands, qui se mirent au service de l'Adversaire pour s'attaquer à l'Église, Corps du Christ."

"Ded Moroz, me fait également remarquer mon lecteur, connu depuis des siècles (et féroce à l'origine), était devenu populaire (et doux) dès le milieu du 19e siècle (grâce à la littérature (Nekrassov, Ostrovski,...), de même que la petite fille des neiges. Et ils furent même d'emblée interdits par les autorités bolchéviques, car trop liés à un événement chrétien. Ce ne serait que vers les années 1930 qu'ils auraient fait leur 'réapparition'. L'image de la carte ci-jointe et portant l'inscription 'Joyeux Noël' daterait d'avant la révolution de 1917.

Bethléem, prépare-toi, que l’on dispose la crèche…


Ton pl.2 

Comment t’appellerons-nous, ô Pleine de Grâce ?
Ciel ? Car tu as fait resplendir le Soleil de la justice. 
Paradis ? Car tu as fait éclore la fleur de l'incorruption. 
Vierge ? Car tu es demeurée incorrompue. 
Mère très pure ? Car tu as porté dans tes saints bras un fils, le Dieu de tout l’univers. 
Supplie-le afin de sauver nos âmes. 



 Stichères idiomèles  Ton pl.4

Bethléem, prépare-toi ; 
que l’on dispose la crèche ; 
que la grotte soit accueillante. 
La Vérité est venue, l’ombre s’est dissipée, 
et Dieu, né de la Vierge, est apparu aux hommes, 
revêtant notre forme et déifiant ce qu’il assumait. 
Aussi, Adam et Eve sont renouvelés et s’écrient : 
Sur la terre, ta bienveillance est apparue pour sauver notre race.  



Ton3

Maintenant va s’accomplir mystiquement 
la prédiction prophétique qui disait : 
‘Et toi, Bethléem, terre de Juda,
tu n’es nullement la plus petite parmi les cités, 
toi qui prépares cette grotte, car, de toi, viendra le Chef des nations, 
portant chair par la jeune Vierge, 
le Christ notre Dieu, qui paîtra son peuple, le nouvel Israël’. 
Tous ensemble, magnifions-Le. 





mercredi 21 décembre 2016

Le studio de peinture d'icônes du couvent Ste Elisabeth de Minsk






Aperçu Icônes de l'atelier: http://catalog.obitel-minsk.com/icons ... Le studio d'iconographie du couvent de Saint-Elisabeth a été créé en 1999. Dans les quinze années de son existence, le studio d'iconographie a peint des icônes pour les églises à travers le monde. Les iconographes suivent les traces d'artistes byzantins et russes des XII-XV siècles et utilisent des techniques de peinture d'icônes anciennes.