Les lèvres mensongères font horreur à l'Éternel, tandis que ceux qui agissent avec fidélité lui sont agréables. Proverbes 12:22 «C'est ce qui sort de l'homme qui le rend impur. En effet, c'est de l’intérieur, c'est du cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées, les adultères, l'immoralité sexuelle, les meurtres, les vols, la soif de posséder, les méchancetés, la fraude, la débauche, le regard envieux, la calomnie, l'orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et rendent l'homme impur.» Marc 7:20-23 Un témoin fidèle ne ment pas, tandis qu’un faux témoin dit des mensonges. Proverbes 14:5 « Vous, vous avez pour père le diable et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement et il ne s'est pas tenu dans la vérité parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, il parle de son propre fond, car il est menteur et le père du mensonge. » Jean 8:44 Si les paroles distinguées ne conviennent pas à un fou, les paroles mensongères conviennent d’autant moins à un noble. Proverbes 17:7 « Écarte de ta bouche la fausseté, éloigne de tes lèvres les détours ! Proverbes 4:24 Craindre l'Éternel, c'est détester le mal. L'arrogance, l'orgueil, la voie du mal et la bouche perverse, voilà ce que je déteste. » Proverbes 8:13 « Pierre lui dit : «Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, au point que tu aies menti au Saint-Esprit et gardé une partie du prix du champ? […] Comment as-tu pu former dans ton cœur un projet pareil? Ce n'est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu.»Actes 5:3-4Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les enchanteurs, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l'étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort.Apocalypse 21.8

lundi 14 janvier 2013

Un autre type d'économie grecque : l'οἰκονομία

 

          La formation du concept d’οἰκονομία

Le terme d’οἰκονομία est déjà présent dans la philosophie antique grecque. Aristote en fait notamment usage dans le Ier chapitre des Politiques tandis que Xénophon l’emploie abondamment dans son Économique. Dans les deux cas, il signifie : gestion des biens mobiliers et immobiliers du ménage ainsi que des êtres vivants qui le composent. Par extension chez Xénophon, et comme cela sera le cas dans tous les écrits de théorisation « économique » de l’Antiquité grecque et ultérieurement romaine1, le ménage est perçu comme l’entité « économique » de base avec ses propriétés agricoles dont l’auteur essaie de fixer les règles de bonne gestion.

Quand ce terme fait-il son apparition dans le vocabulaire chrétien et comment ce passage se fait-il ? Le terme d’οἰκονομία ne se rencontre que deux fois dans les Septante et ce, à deux versets d’intervalle :
καὶ ἀφαιρεθήση ἐκ τῆς οἰκονομίας σου καὶ ἐκ τῆς στάσεως σου (Isaïe, XXII, 19) et : καιἐνδύσω αὐτὸν τὴν στολή σου καὶ τὸν στέφανόν σου δώσω αὐτῷ καὶ κράτος καὶ τὴν οἰκονομίαν σου δώσω εἰς τὰς χεῖρας αὐτοῦ (Is., XXII, 21).
Il est clair que l’utilisation du terme se fait conformément à son sens antique (gestion de ses biens propres). Mais surtout, le terme ne semble pas avoir une importance particulière pour les milieux juifs hellénisants d’Alexandrie des IIIe et IIe siècles avant J.-C.

Le Nouveau Testament offre une première utilisation novatrice du concept. Certes dans Luc (XVI, 1-4) le terme est utilisé dans sa signification antique. Néanmoins, les épîtres de Paul offrent une approche nouvelle. D’abord, Paul fixe le rôle des évêques au sein du monde qui est le « domaine » de Dieu. Il parle d’οἰκονόμους μυστηρίων (1 Cor., IV, 1-2) et d’οἰκονόμοι Θεοῦ(Tite, I, 7). Les évêques sont les bons gérants (ou administrateurs) des biens surnaturels au sein de ce monde. Ils sont les représentants de Dieu sur terre. Toutefois, c’est une autre utilisation d’οἰκονομία par Paul qui retient notre attention. Dans plusieurs autres passages, le terme prend une allure prospective et devient une interprétation de l’amplitude du dessein divin sur le monde et son avenir, notamment dans l’Épître aux Éphésiens, la plus connue pour sa vision prospective d’une nouvelle humanité11 (Eph. I, 10 ; Eph. III, 2 & 9 ; 1 Tim. I, 4 ; Col. I, 25). C’est en relation avec la notion de πλήρωμα — sur laquelle nous reviendrons — que nous devons comprendre cette nouvelle utilisation. Il est important de souligner ici que la traduction de la Vulgate traduit οἰκονομία par dispensatio, ce qui explique en partie la non-prolifération dans la tradition patristique latine de ce concept.

Or, c’est justement la patristique qui offre le cadre de prolifération et de réinvestissement du terme. Néanmoins, il n’existe pas d’usage homogène au départ. Justin (première moitié du IIe siècle), dans son Dialogue avec Tryphon, utilise 11 fois le terme οἰκονομία dans le sens nouveau, alors que Tatien (fin IIe siècle) dans son Discours contre les Grecs reprend surtout le terme dans son sens antique. Que signifie cette diversité ? Nous avancerons l’hypothèse qu’il s’agit surtout de la nature de l’adversaire. En effet, l’exégèse patristique est confrontée à deux adversaires : les juifs et les païens (parfois appelés les nations, parfois les Grecs) dont les critiques divergent. Or, elle emprunte aux deux traditions ; le meilleur correspondant intellectuel diachronique d’Origène, Clément, Eusèbe ou Athanase n’étant autre que Philon d’Alexandrie (le premier à avoir esquissé une synthèse réinvestissable entre les deux traditions)12. Dès lors, ce sont la nature de l’adversaire selon le lieu et l’époque, et coextensivement le dosage (variable selon les auteurs) de la philosophie grecque dans cette synthèse, qui constituent la clef de voûte du système et l’explication des points d’achoppement. Ce référentiel commun caractérise aussi bien Tatien hypercritique sur la philosophie grecque que Clément qui en est totalement imprégné.

Pour certains auteurs du christianisme naissant, comme Justin, il est capital de pouvoir répondre aux critiques des juifs qui contestent l’incarnation de Dieu dans le Christ, tout en restant dans la logique de la continuité (cf. Paul, Épître aux Romains, qui demeure le texte fondamental sur cette question). Ainsi, Ignace d’Antioche (fin Ier s. - début IIe s.) serait-il le premier à utiliser l’expression κατ’οἰκονομίαν pour parler de la nécessité de comprendre l’incarnation comme un phénomène échappant à la logique et aux lois naturelles ou humaines et obéissant à un mode de régulation du monde spécifique à Dieu-administrateur de son domaine. Irénée de Lyon (fin IIe s. - début IIIe s.) capitalise sur cette utilisation d’Ignace tout en développant aussi le rapprochement paulinien entre οἰκονομία et πλήρωμα. En suivant les travaux par analogie d’Adhémar d’Alès13 sur les manuscrits latin et grec de l’œuvre majeure d’Irénée contre la gnose, nous apprenons que le terme οἰκονομία se rencontrerait probablement 85 fois en tout dans le texte grec (dont il ne nous reste qu’un fragment). Ce terme qui serait rendu par dispositio dans la version latine correspondrait aussi bien à « l’économie interne du plérôme » — nuance censée répondre aux gnostiques en utilisant leurs armes — qu’à « l’économie des Alliances » — qui permettrait de désamorcer les critiques juives sur la doctrine de l’Incarnation.
Irénée marque précisément la transition entre une période où les juifs constituent l’adversaire théologique principal14 et une époque où ce sont les païens qui constituent l’adversaire théologique majeur (les nations, les « Grecs »). La prolifération de l’utilisation du concept chez Irénée est un bon témoin des effets intéressants et novateurs induits par la contradiction apportée au christianisme. La nécessité de mettre en place un nouvel appareil théorique capable d’expliquer valablement le message chrétien de la Bible ne serait pas apparue si personne n’avait contesté les prétentions chrétiennes, comme le remarquent P. Berger & T. Luckmann15. De même, nous pouvons constater que ce conflit a un sens sociologique positif16puisque les penseurs chrétiens, dans leurs joutes théologiques, notamment avec les philosophes « grecs », se réapproprient et réinvestissent des concepts provenant justement des « Grecs ». Cela peut même être perçu comme non-orthodoxe lorsque certains auteurs parmi les plus « anti-grecs » comme Tertullien (première moitié du IIIe s.), reprennent la notion à leur compte pour expliquer le mystère de la Trinité. Le terme a d’ailleurs un certain succès auprès de l’école exégétique d’Antioche qui adopte une vision très littérale de lecture de la Bible, et de facto très opposée aux apports de la philosophie grecque. Il permet d’expliquer — ou plutôt de ne pas le faire — de manière apophatique les agissements divins. Ainsi, pour Épiphane d’Antioche (début IVe siècle) c’est « par incompréhensibilité économique » (κατ’οἰκονομίκὴν ἀκαταληψίαν) que Dieu a envoyé la famine à Israël pour le forcer à s’exiler en Égypte.
Comme dans beaucoup d’autres domaines concernant le dogme, c’est le IVe siècle qui est le cadre où s’opère la synthèse17. Les Pères cappadociens sont souvent présentés comme les continuateurs de la tradition d’Origène au sein de l’Église. Or, un personnage comme Basile de Césarée n’est pas un simple disciple d’Origène. Il essaie de combiner les enseignements des deux écoles exégétiques majeures d’alors : celle d’Antioche (littérale) et celle, allégorique, d’Alexandrie. Dans ses Homélies sur l’Hexaémeron, Basile commence par critiquer implicitement son maître Origène et les autres penseurs chrétiens, trop influencés par les lettres grecques, en faisant l’éloge de Théophile d’Antioche (fin Ier siècle - début IIe siècle), « ce Syrien aussi éloigné de la sagesse du monde qu’il était proche des biens véritables ». En effet, pour Basile18, les « Grecs » se contredisent mutuellement, ce qui témoigne de leur faiblesse, alors que les chrétiens, par l’intermédiaire de l’Écriture Sainte, ont eu la révélation du plan de Dieu dont l’unicité est garantie par l’οἰκονομία. Il s’agit d’une reprise de la problématique déjà exprimée par Épiphane : il y a incompréhensibilité « économique » que seule la révélation dévoile. Basile fixe les bornes qui non seulement limitent le débat au sein de la spéculation chrétienne mais aussi explicitent ce que les exégètes peuvent emprunter à la philosophie grecque sans pour autant tomber dans le piège de l’hérésie — du choix (αἵρεσις). Dans son court texte adressé « aux jeunes gens sur l’utilité des lettres grecques », Basile, s’inspirant largement de la République de Platon, fournit la recette de lecture des lettres « grecques », dans le cadre de l’économie divine. C’est une éducation vers la liberté parfaite (ἐλευθερία) alors que l’homme ne dispose au départ que d’une liberté limitée et implicitement dangereuse car permettant le choix (προαίρεσις)19.
Néanmoins, le choix erroné n’est pas forcément un péché. Comme l’affirme Grégoire de Nysse dans La création de l’homme, Dieu a octroyé à dessein cette faculté de choix, à l’intérieur de laquelle l’erreur est latente tandis que le péché est absent. L’οἰκονομία divine s’est développée ainsi pour devenir à la fois un mode d’administration par Dieu de son domaine, un mode de compréhension par l’homme de la cohérence intrinsèque de l’Écriture Sainte, et un mode de « tolérance » de l’erreur humaine. Ce dernier ajout constitue l’apport majeur des Cappadociens et il convient de préciser les circonstances de son apparition.
Il est toujours utile de rappeler que dans le contexte des combats autour de la doctrine trinitaire du IVe siècle, l’accusation d’hérésie n’a pas épargné Basile. L’Épître LVIII de Grégoire de Nazianze, adressée à son ami Basile, fait explicitement mention du fait qu’il semble refuser, dans ses discours, la divinité du Saint-Esprit. Comment intégrer le fait qu’un des évêques les plus influents de l’Église ne soit pas conforme à l’orthodoxie trinitaire ? Déjà en insistant sur le fait que pour l’instant nous sommes toujours en présence de plusieurs δόξαι et que l’orthodoxie commence à apparaître20. Grégoire de Nazianze explique que si Basile prêche ainsi, il le fait par οἰκονομία pour ramener au sein de l’Église les hérétiques qui sont majoritaires dans son diocèse. Ce n’est un témoignage ni de lâcheté ni d’hérésie. C’est un acte de tolérance religieuse, acte d’autant plus nécessaire que Basile est un personnage public très important. Grégoire, en répondant à un accusateur de Basile, explique que lui, il philosophe sans souci (ἐγὼ ἀκινδύνως φιλοσοφῶ) alors que Basile doit faire attention à ses actes et à ses paroles. Aussi introduit-il une distinction entre privé et public, et entre doctrine et prédication. Cette distinction implique une relativisation de l’importance de la prédication en fonction des impératifs de l’unité ecclésiastique. Il ne s’agit nullement d’une « accommodation » avec la doctrine, puisque le κήρυγμα ne reflète pas automatiquement le δόγμα. Leurs fonctions respectives ne sont pas les mêmes et ce serait tomber dans un piège nominaliste que de confondre les deux. Le fait que Basile ne mentionne pas le Saint-Esprit dans ses prêches, par « économie », ne signifie pas qu’il ne croit pas à sa divinité.


Cela signifierait-il pour autant que l’οἰκονομία nous autorise tous à « prendre des libertés » avec la règle établie ? Certainement pas ! Grégoire, dans son Oraison XLIII, qui constitue l’épitaphe de son ami Basile, revient sur cette question et précise les règles de l’οἰκονομεῖν. L’importance première du concept réside, nous explique-t-il, dans le fait qu’il opère le passage des débats ontologiques vers une présentation praxiologique de Dieu. Il a coupé court aux questions sur la gnosis de Dieu et a mis l’accent sur sa praxis. Par analogie, la même opération doit être conduite pour l’homme. Ce sont les actes qui sont importants et qui prouvent la sainteté d’un homme et non pas les débats sur ses croyances. Aussi, Basile a le droit d’οἰκονομεῖν car ses actes sont caractérisés par l’εὐσέβεια, la piété. Basile respecte les mystères et a accompli une œuvre philanthropique extraordinaire. Comment se pourrait-il qu’il ne soit pas inspiré par Dieu ? Comment se pourrait-il qu’il soit un hérétique ? L’orthopraxie semble prendre le pas sur l’orthodoxie. L’erreur doctrinale donc peut être tolérée « économiquement » car elle fait partie du dessein divin ; l’âme n’a pas été assez bien éduquée, mais à deux conditions :
ceux qui la tolèrent sont εὐσέβεῖς dans leurs actes ;
ceux qui l’ont commise ne dévient pas trop de l’orthopraxie.
Ce qui peut paraître comme du ritualisme pédant n’est en fait que le pendant de la certitude de la fragilité de la situation humaine par rapport à la connaissance. Mais cette fragilité est aussi celle du christianisme trinitaire qui tente de s’affirmer comme religion officielle de l’Empire.
En effet, le travail d’approfondissement des Cappadociens sur l’Église est incompréhensible sans prendre en compte les craintes sur l’unité de l’Église et les appréhensions de l’impact des hérésies — de la désunion donc — sur la relation entre l’Église et le pouvoir impérial. Eusèbe de Césarée, dans son œuvre de réflexion sur l’histoire ecclésiastique, fondatrice de la théologie politique chrétienne, explique ces appréhensions. Constantin a opté pour le christianisme car c’est une religion dont l’obsession unitaire est frappante, et parce que l’empire a besoin d’unité, ce que les cultes païens trop émiettés ne peuvent garantir. Or, les hérésies et les conflits doctrinaux menacent cette unité de l’Église. Il se peut donc que l’empereur change d’avis s’il constate que le christianisme n’est pas plus garant de l’unité que le paganisme. L’œuvre d’Eusèbe regorge de cette crainte. Il est même amené à citer son propre exemple au Concile de Nicée, où il a accepté le terme de « consubstantiel » malgré ses premières hésitations, afin d’être en phase avec ses ouailles, et afin d’assurer l’unité de l’Église, seule garante de sa protection au sein de l’Empire, et du non-retour en arrière.
Les Cappadociens sont d’autant plus imprégnés de cette œuvre d’Eusèbe qu’ils viennent d’avoir la preuve de sa pertinence. N’est-ce pas la persistance de la controverse arienne et son imbrication avec les luttes de succession de Constantin le Grand qui a facilité la tentative de restauration du paganisme par Julien ? Leur ancien condisciple d’Athènes n’a-t-il pas justement persiflé le christianisme à cause de ses querelles intestines ? L’Église peut-elle se permettre la persistance de ces querelles ? Comme Grégoire de Nazianze nous l’a montré, il apparaît que non. La synthèse opérée autour de la notion d’οἰκονομία permet de trouver un modus operandipour l’Église qui renforce son unité dans le cadre de la nouvelle donne politique, tout en orientant son personnel davantage vers l’action (philanthropique). C’est cette synthèse qui sert à l’Église orthodoxe de référentiel commun transcendant les siècles21.

(Extrait d'une étude de Tassos Anastasiadis Controverses politiques et tolérance canonique : la relecture au sein de l’Église orthodoxe grecque du XXe siècle de la notion patristique d’οἰκονομία
in Le droit romano-byzantin dans le Sud-Est européen sous la direction de Evangélos Karabelias
Études balkaniques Cahiers Pierre Belon)



10  Cf. Varron, Rerum rusticarum.

11  A. von Harnack, The Expansion of Christianity in the First Three Centuries, Eugene (US), 1998 (1903), t. I, p. 185.

12  A. Guillou, Du Pseudo-Aristée à Eusèbe de Césarée ou les origines juives de la morale sociale byzantine, in Actes du Congrès sur la vie quotidienne à Byzance, Athènes, 1989, pp. 29-42.

13  Adhémar d’Alès, Le mot Oikonomia, Paris, 1921.

14  Mais pas seulement théologique. Il s’agit du processus d’affirmation du christianisme en tant que culte reconnu – pour reprendre une terminologie moderne – distinct du judaïsme. Nous avançons que le fait de ne plus se préoccuper autant de la controverse avec le judaïsme signifie que ces auteurs ne craignaient plus d’être qualifiés comme « une secte juive de plus ». Cf. aussi, A. von Harnack, loc.cit.

15  P. Berger - T. Luckmann, The Social construction of reality : a treatise in the sociology of knowledge, Londres, 1984 (1966), pp. 122-126.

16  G. Simmel, Le conflit, Paris, 1995 (1908), p. 24 & p. 33.

17  A. Guillou, L’orthodoxie byzantine, in Archives des Sciences Sociales des Religions, 75 (1991), p. 1-10.

18  Basile, 1ère Homélie sur l’Héxaémeron.

19  La ressemblance morpholéxique et sémantique entre les deux termes traduit bien la relation entre la liberté volontaire donnée à l’homme qui se situe juste avant l’hérésie, le choix. Le conflit janséniste aurait-il eu un sens s’il avait été fait à partir de textes grecs et non pas de traductions latines ?

20  Guillou, L’orthodoxie byzantine, op.cit., p. 1.

21  Il faut souligner qu’en postulant que le concept se fige définitivement au IVes., nous ne contestons absolument pas que son utilisation a été sujette à controverse à de nombreuses occasions et pendant de longs siècles au sein des juridictions ecclésiastiques ou impériales. Nous affirmons uniquement que même si des patriarches et des canonistes, et même des empereurs se querellaient à propos de la « bonne « ou « mauvaise » utilisation de l’oikonomia, il n’y avait toutefois plus de contestation possible sur le sens premier de cette notion et sa position au sein de l’univers orthodoxe. Pour deux études sur les débats byzantins ultérieurs, cf. Gilbert Dagron, La règle et l’exception, in : Dieter Simon (éd.),Religiöse Devianz (Studien zur Europäischen Rechtsgeschichte 48), Frankfurt, 1990, p. 1-18 et Ioannis Konidaris, The Ubiquity of Canon Law , in : Angeliki Laiou - Dieter Simon (éds.), Law and Society in Byzantium 9th- 12th centuries, Dumbarton Oaks, 1994, p. 131-150.
 

dimanche 13 janvier 2013

LA MANIF POUR TOUS : 800 000 au moins !




Nous allons voir si ceux qui nous gouvernent – de par l'irresponsabilité de ceux qui ont voté pour ces gens-là, quelle que soit leur motivation idéologique – ont toujours en tête le même mépris du peuple.


 Nous allons voir si ceux qui nous gouvernent ont toujours, à l’opposé de ce qu’ils prétendent haut et fort, socio-démocrates qu’il se proclament, le plus total mépris de la démocratie, le même mépris du peuple hérité du Léninisme qui professe que le peuple est aliéné, stupide, et qu'il lui faut une avant-garde éclairée, celle qui seule connaît ce qui est bon et juste pour elle et qu’il faut lui imposer pour son bien par tous les moyens – la fin justifiant, sans le moindre doute, les moyens… jusqu'aux camps, voire les massacres quand il aura fallu...


 Nous allons voir si on considère que la loi s'impose par le peuple dans la rue ou si l’on proclame que la loi sera imposée à tous quelle que soit l’importance de la masse s’exprimant dans la rue.



 Nous allons voir si les statistiques, qu’elles émanent du ministère de l’Intérieur ou des instituts « officiels » de statistiques sont toujours au service du pouvoir…


Nous allons voir qu'il semblait facile de noyer le poisson en mettant tout sur le dos de l'extrême-droite catho intégriste...


Nous allons voir – mais ça, c’est déjà tout vu – si les médias sont des alliés militants ou objectivement à la solde du pouvoir. Mais… regardez la tête des journalistes commentateurs et vous saurez tout de suite si la manif est vraiment importante : quelque chose d'amer, un sourire jaune, genre hépatique, un rictus va se figer quelques instants sur leur visage, juste le temps qu’ils récupèrent leur masque de faux-culs grassement payés pour mentir et se repaître de toutes les misères du monde, pour le dépeindre sans cesse sans espoir...


 Nous allons voir peut-être enfin comment un sujet de société, bien motivant pour tous, et qui aurait permis au pouvoir de masquer pour un temps les vrais problèmes que posent l’inefficacité, l’incompétence, la confusion mentale ou le cynisme de ceux qui nous gouvernent, comment ce sujet de société donc aura permis une mobilisation, d’une telle ampleur dans le peuple français réel, que beaucoup de nos politicards, de leurs complices et de leurs clientèles pourraient s’inquiéter sérieusement que d’autres mobilisations, de même importance, puissent se faire dans d’autres domaines…

 

samedi 12 janvier 2013

La vie rêvée des Chrétiens au paradis perdu andalou...

On ne répétera jamais assez à quel point cette société idéale de l'Andalousie médiévale dont on nous rebat tant les oreilles, où auraient déjà régné les Lumières avant l'heure et une si enviable tolérance universelle, donc un prétendu modèle pour nos sociétés contemporaines, n'est qu'un mythe d'autant plus dangereux qu'il est constamment relayé sous forme de matraquage par toutes sortes d'instances politiques, religieuses et médiatiques au point que c'est devenu une sorte de dogme indubitable. Il faut faire savoir que la vie des dhimmi, chrétiens et juifs, était majoritairement pour le moins difficile si bien qu'il s'en est suivi une résistance  réelle dont on ne parle jamais, comme si le peuple avait subi avec délices cet asservissement. Il est plus que temps aujourd'hui, quand des groupes djihadistes du Maghreb comme du Moyen-Orient prêchent la reconquête de ce qu'ils considèrent comme leur appartenant de droit, de connaître la réalité des faits et de ce que nous promettent ces fanatiques nostalgiques de leur pouvoir totalitaire oppressif passé, et qu'ils cherchent, déjà sur place,  en Europe, à imposer...




 Le drame des chrétiens mozarabes

"Dès la conquête, Juifs et Chrétiens ont été soumis à la dhimma, un impôt spécial assorti de mesures vexatoires et de brutalités ce qui entretint les ferments de résistance.

 En réalité, les libertés dont peuvent jouir les Chrétiens demeurent très limitées. Les dhimmi doivent respecter très scrupuleusement le pacte conclu avec les vainqueurs. 

Si l'un d'entre eux ne s'acquitte pas du tribut, il peut être réduit en esclavage ou puni de mort. Le pouvoir musulman peut décréter en ce domaine la responsabilité collective de ses sujets chrétiens et supprimer les privilèges accordés à toute la communauté en cas de défaillance de l'un de ses membres.
Les Chrétiens doivent également se garder de toute action pouvant être interprétée comme une provocation par les Musulmans. Ils doivent dissimuler les croix, faire en sorte que, dans les campagnes, les Musulmans ne puissent voir les porcs qu'ils élèvent, car cela est considéré comme une injure faite au Prophète. Quand des troubles éclatent, les communautés chrétiennes en font souvent les frais, comme ce fut le cas lors de la révolte de la garnison arabe de Séville en 891. 
La sécurité des musta'rib (ceux «qui vivent comme les Arabes») est ainsi, parfois, un vain mot. Les dhimmi se voient interdire le port d'une arme; ils ne peuvent monter à cheval et doivent se contenter de mulets ou d'ânes sous peine du fouet et de la prison. Diverses obligations vestimentaires doivent permettre de distinguer les Croyants des «protégés». Ceux-ci doivent s'effacer quand ils croisent dans la rue un fidèle de Mahomet. Leurs maisons doivent être moins hautes que celles de leurs voisins musulmans, ils doivent l'hospitalité à tout Croyant qui la demande et le paiement de la capitation les contraint à se prêter à des rituels humiliants, les dhimmi devant se prosterner devant le percepteur, qui leur assène parfois un soufflet avant de les repousser violemment.
 Les Chrétiens ont conservé la plupart de leurs églises, mais il leur est interdit d'en construire de nouvelles. Le son des cloches est tout juste toléré, à condition d'être le plus discret possible. Les cortèges de funérailles doivent être silencieux, les croix sont confinées à l'intérieur des églises et des maisons privées. Les processions et les cierges sont interdits quant aux cimetières des fidèles des diverses religions, ils doivent être rigoureusement séparés.
Tout Musulman abjurant sa religion pour se convertir à celle du Christ est condamné à mort. La même peine est appliquée à tout Chrétien mettant en cause les croyances transmises par le Coran et la Sunna.


Les discriminations judiciaires font que, pour un crime identique, Musulmans et dhimmi encourent des peines différentes et les indemnités dues aux familles varient du simple au double, voire au triple, selon la confession de la victime et du coupable.  
Les autorités musulmanes respectent généralement les conditions fixées lors de la conclusion du pacte de soumission des dhimmi car elles ont intérêt à ménager une population procurant une ressource fiscale précieuse mais, à l'inverse, le peuple des «vrais Croyants», soumis à l'influence des prédicateurs malékites locaux, se montre beaucoup plus hostile, et les muwalladun, les nouveaux convertis, sont parfois les plus intransigeants vis-à-vis de leurs anciens coreligionnaires.

Les discriminations et vexations subies quotidiennement vont contribuer au développement d'une volonté de résistance. Celle-ci est d'abord spirituelle et s'exprime à travers le recours au martyre. Le moine Perfectus, qui a dénoncé Mahomet comme un imposteur, est ainsi exécuté mais la mort rapide de celui contre qui il a lancé une malédiction, contribue à entretenir un climat d'exaltation religieuse qui explique, au milieu du IXe  siècle, l'épisode des «martyrs de Cordoue ». Le mouvement qui pousse alors de nombreux Chrétiens au martyre dure ainsi pendant près d'une dizaine d'années, jusqu’à l'exécution de Saint Euloge, égorgé en 859.



La résistance n'est pas seulement spirituelle et l'histoire d'AI-Andalus est ponctuée de nombreuses révoltes. Outre celles des Berbères, de certains clans arabes associés à la conquête ou des muwalladun  fraichement convertis, il faut compter aussi avec celles des Mozarabes. Tolède se soulève ainsi en 852 et peut bénéficier pendant trois quarts de siècle d'une large autonomie. Mérida entre également à plusieurs reprises en rébellion au cours du IXesiècle. La dissidence la mieux connue et la plus importante par son ampleur et sa durée est celle d'Omar ibn Hafsun, qui persiste de 879 à 927. Le chef rebelle installe une base inexpugnable à Bobastro, véritable nid d'aigle de la Serrania de Rondo et lance à partir de là de multiples raids jusqu'à Séville, Cordoue, Grenade et Jaén, en regroupant sous son autorité muwaladun mécontents et Mozarabes. Lui-même converti, il se rallie au christianisme en 898 et, après sa mort, son fils poursuit pendant plusieurs années la résistance. La révolte armée demeure cependant le plus souvent vouée à l'échec et c'est le choix de l'exil que font certains. Ils partent vers la marche d'Espagne, la future Catalogne, établie par les Carolingiens au début du IXe siècle, ou vers le nord-ouest de la péninsule, vers le réduit asturien où se développe un petit royaume appelé à constituer l'un des premiers noyaux de la reconquête à venir. En 872, des réfugiés fondent ainsi le monastère de Sahagùn qui sera bientôt l'un des grands centres de rayonnement ibérique.
Au fil du temps, l'arrivée de ces Mozarabes dans les royaumes chrétiens du nord contribue au développement d'un idéal de lutte contre l'Islam, perçu comme la Bête qui orne les Commentaires que le moine Beatus de Liébana fait alors de l'Apocalypse  de Saint-Jean. Le pouvoir musulman veille également à l'éloignement des populations insoumises et quelques indices laissent supposer l'existence de déportations massives vers l'Afrique du Nord, un procédé généralisé par les Almoravides au cours du XIIe siècle.

Les spécialistes ne sont pas pleinement d'accord à propos de l'évolution respective des communautés chrétienne et musulmane, mais il semble admis que l'équilibre qui s'était maintenu, quant au volume de la population, en faveur des Mozarabes jusqu'au début du Xe siècle se trouve inversé à la fin de celui-ci. En 1126 cependant, les Mozarabes de Grenade se révolteront contre les nouveaux maîtres almoravides de l'Espagne musulmane et appelleront à leur secours le roi d'Aragon, mais celui-ci ne remporte qu'une victoire sans lendemain et ne peut s'emparer de la ville. Les rebelles sont alors contraints de se replier avec Alphonse le Batailleur jusqu'à la vallée de l'Èbre où ils vont contribuer au peuplement chrétien d'une région restée très longtemps musulmane et où les Mudejares devenus les Morisques demeureront nombreux jusqu’au début du XVIIe siècle" (extrait d'un article de Jean Kappel) 

dimanche 6 janvier 2013

BONNE FÊTE de la THEOPHANIE et du BAPTÊME du CHRIST !


Quand on regarde de près certaines icônes du Baptême de Notre Seigneur, que l'on peut sans doute considérer comme les plus antiques et les plus traditionnelles, on peut économiser bien des phrases de commentaire théologique parce que l'image parle d'elle-même. En effet voici quelques icônes qui montrent ce qui se passe sous l'eau : le Christ écrase ou fait fuir clairement des êtres subaquatiques qui s'apparentent plus à des démons subaquatiques qu'à des divinités païennes innofensives. 





On ne peut s'empêcher de se rappeler le Léviathan, "de l'hébreu: לויתן, liwjatan, venant de la mythologie phénicienne et qui représente en fait le monstre du chaos primitif. C'est également un monstre marin évoqué dans la Bible, dans les Psaumes (74,14 et 104, 26), dans Isaïe, 27, 1 et au Livre de Job (3:8 et 40:25 et 41:1). C'est un monstre colossal, dragon, serpent et crocodile, dont la forme n'est pas précisée ; il peut être considéré comme l'évocation d'un cataclysme terrifiant capable de modifier la planète, et d'en bousculer l'ordre et la géographie, sinon d'anéantir le monde." selon le bref article intéressant publié ici.


Il est donc évident selon cette iconographie que le Christ vient moins recevoir par cette immersion une purification (à laquelle Il s'identifie également bien sûr puisque assumant notre nature humaine car« il est convenable que nous accomplissions ainsi toute justice ») qu'Il ne vient se rendre maître et terrasser des démons des profondeurs de la nature, capables de reproduire le chaos, les disperser et les assujettir pour rétablir le cosmos dans sa nature originelle comme Il le fera ensuite par sa glorieuse Résurrection ce  qui est explicite dans cette icône qui rappelle celle de la descente dans l'Hadès. En somme le Prophète Jean le Baptiste, le Précurseur,  annonce également non seulement par ses paroles mais en étant acteur à la demande du Sauveur de son immersion dans les eaux, la régénérescence de la Création et de l'homme c'est à dire la Résurrection à venir.

"11 Car la grâce de Dieu, source de salut pour tous les hommes, a été manifestée. 12 Elle nous enseigne à renoncer à l'impiété et aux convoitises mondaines, et à vivre dans le siècle présent selon la sagesse, la justice et la piété, 13 en attendant la bienheureuse espérance, et la manifestation de la gloire du grand Dieu et de notre Sauveur Jésus-Christ"