Les lèvres mensongères font horreur à l'Éternel, tandis que ceux qui agissent avec fidélité lui sont agréables. Proverbes 12:22 «C'est ce qui sort de l'homme qui le rend impur. En effet, c'est de l’intérieur, c'est du cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées, les adultères, l'immoralité sexuelle, les meurtres, les vols, la soif de posséder, les méchancetés, la fraude, la débauche, le regard envieux, la calomnie, l'orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et rendent l'homme impur.» Marc 7:20-23 Un témoin fidèle ne ment pas, tandis qu’un faux témoin dit des mensonges. Proverbes 14:5 « Vous, vous avez pour père le diable et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement et il ne s'est pas tenu dans la vérité parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, il parle de son propre fond, car il est menteur et le père du mensonge. » Jean 8:44 Si les paroles distinguées ne conviennent pas à un fou, les paroles mensongères conviennent d’autant moins à un noble. Proverbes 17:7 « Écarte de ta bouche la fausseté, éloigne de tes lèvres les détours ! Proverbes 4:24 Craindre l'Éternel, c'est détester le mal. L'arrogance, l'orgueil, la voie du mal et la bouche perverse, voilà ce que je déteste. » Proverbes 8:13 « Pierre lui dit : «Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, au point que tu aies menti au Saint-Esprit et gardé une partie du prix du champ? […] Comment as-tu pu former dans ton cœur un projet pareil? Ce n'est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu.»Actes 5:3-4Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les enchanteurs, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l'étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort.Apocalypse 21.8

vendredi 17 décembre 2010

Le DISTRIBUTISME [3] et les Chrétiens orthodoxes

Serge Boulgakov
Belloc a parfois suggéré de l'appeler "l'état de propriété", ce qui serait beaucoup moins trompeur. Quand les gens entendent le terme «distributist », ils ont souvent tendance à penser à un système dans lequel l'argent est retiré aux riches et redistribué aux pauvres (qui sont généralement considérés comme ne le méritant pas). En d'autres termes, les gens confondent Distributisme et Socialisme. Ce n'est pas l'intention du choix de cette appellation.

L'idée est que dans le Distributisme la propriété juridique des moyens de production dans l'économie est distribué aussi largement que possible dans la population. Cela implique une double comparaison et le contradiction. D'une part, comme dans le capitalisme, le Distributisme respecte la propriété privée et récompense l'intelligence, le travail acharné et l'esprit d'entreprise. Mais simultanément, et à la différence de la structure habituelle des gouvernements capitalistes, un état distributiste prend des mesures pour décourager l'accumulation sans fin de richesse dans les mains d'une minorité. En même temps que le capitalisme croit en la propriété privée, il estime également que seules quelques personnes devraient posséder ce qui compte vraiment, c'est lezs moyens de production de l'argent et des biens.

Le Distributisme ne se contente pas, par conséquent, qu’un grand nombre de personnes possèdent leur propre maison ou aient des parts dans le marché boursier;il estime que les gens ont besoin d’ exercer un contrôle réel sur la terre, les fermes, les usines et les établissements qui produisent de l'argent et des marchandises. D'autre part, comme dans le socialisme, l'Etat demeure l'entité la plus puissante dans le pays ; l'état ne permet pas la ploutocratie ni que des sociétés usurpent son autorité, comme elles tentent sans cesse de le faire dans les pays capitalistes. Mais simultanément, et à la différence de l'idéal ordinaire d'une économie socialiste, le Distributisme est suffisamment réaliste pour reconnaître qu’il y aura toujours des riches et des pauvres. Les riches ne sont pas automatiquement dépossédés, ni les pauvres automatiquement assistés.

Bien que cela paraisse utopique, une économie distributiste fut une réalité courante dans le passé. C’est la forme naturelle que prend une économie quand ses structures sociales sont relativement simples et locales. Imaginez une société primitive. Dans une telle société de personnes accumulent des richesses par le travail de leurs mains, soit dans les fermes ou dans de petites industries. Certaines personnes deviennent riches, grâce à la fois à leur labeur, leur intelligence, l'héritage et la Divine Providence (habituellement appelée à tort «(bonne) chance». Mais lorsque les échanges sont limités à une zone de la taille d'un comté (quelques centaines de miles carrés), même les personnes les plus riches ne deviendront généralement pas beaucoup plus riches que leurs voisins. D'énormes accumulations nécessitent le vol, l'esclavage, la guerre, ou quelque autre forme d'exploitation. De nombreux exemples illustrent l'histoire de ce genre d’économie simple et locale. La République romaine avait une économie distributiste avant l'avènement de l'Empire romain. Un système distributiste s’est progressivement développé sur les ruines de l'Empire romain au Moyen Age en Europe occidentale. Quand l'Angleterre a commencé à coloniser l'Amérique du Nord, les gens pensaient que l'économie de l'Angleterre était encore distributiste, mais ils n'ont jamais utilisé un tel mot pour la nommer et l’expropriation des monastères avait déjà orienté leur économie sur la voie du capitalisme. Au début de l'Amérique, le système économique des colonies anglaises dans le Nord était largement distributiste ; dans les colonies anglaises du Sud, il s’est mélangé à un état servile. Aujourd'hui, avec la coïncidence des technologies modernes et de la tradition du droit et de la politique depuis un siècle et plus, le capitalisme a éclipsé le Distributisme aux États-Unis. Mais le Distributisme n’a pas été oublié. Des rémanences du vieil ordre distributiste existent dans la pratique, dans le droit, et dans la mémoire collective de la nation. L'importance accordée à la propriété individuelle de son logement, la «ferme familiale», et les petites entreprises, la tendance actuelle en faveur de la consommation d’aliments cultivés localement; l'attrait persistant des arts et métiers comme professions à temps plein – tout cela constitue des survivances du Distributisme.

L’objectif du Distributisme n'est pas de renverser et de détruire le système capitaliste. Il est trop évidemment fructueux et productif. Par ailleurs, les socialistes ont réalisé leurs expériences et ont échoué. Mais les limites et les injustices du capitalisme sont réels. Le but du Distributisme contemporain est de promouvoir, adopter, et enraciner les idéaux distributistes. L'espoir distributiste est qu’à un moment donné la balance incline de son côté et que ce qui est aujourd'hui un système capitaliste devienne un système à prédominance distributiste conservant encore des éléments capitalistes. Le but n'est pas d'établir le socialisme, de donner un pouvoir excessif à l'Etat, ou de jouer à Robin des Bois, mais de changer les lois, en particulier en matière de fiscalité, de sorte qu'il devienne très difficile que l'argent et le pouvoir se concentrent dans les mains de quelques uns et qu’il devienne plus facile pour les gens ordinaires de posséder leur propre ferme, leurs ateliers, leurs commerces et leurs industries. Le Distributisme est la démocratie économique.

Serge Boulgakov a été l'un des plus grands, et l'un des plus controversés théologiens orthodoxes modernes. Il a été élevé dans la foi, mais l’a perdue dans sa jeunesse. Il a ensuite étudié l'économie politique à l'école de droit, et fut marxiste pendant un certain temps. Il a publié ses premiers livres sur le sujet de l'économie avant de retrouver la foi et a écrit de nombreux et profonds livres qui lui valent sa postérité. Peut-être son livre le plus connu est L'Orthodoxie, d'abord publié en anglais en 1935. Dans cette brève introduction à l'orthodoxie, Boulgakov comprenait un chapitre intitulé «L'orthodoxie et la vie économique." Il semble être prisonnier de la dichotomie du capitalisme et du socialisme qui a paralysé le débat sur l'économie les deux siècles passés. En outre, l'essai montre sa méconnaissance du moindre des écrivains distributistes ou même des encycliques catholiques qui ont critiqué à la fois le capitalisme et le socialisme. Il est donc tout à fait significatif que Boulgakov dise alors : «En ce qui concerne la distribution, l'Eglise est appelée à être une conscience sociale qui doit élever la voix, parlant aux cœurs des hommes et se mêler de leur vie publique» Et plus loin: «Le meilleur système économique - quel que soit son nom, et de quelque manière qu’il combine capitalisme et socialisme - est celui qui, dans des circonstances données, assure le mieux la liberté personnelle, la protégeant de la pauvreté naturelle et de l'esclavage social ".

C'est précisément ce que Belloc, Chesterton, Schumacher, et Médaille préconisent. Sans aucun doute y a-t-il une façon typiquement orthodoxe d’articuler éthique et économie, différente de la façon dont les catholiques et les protestants ont répondu aux questions économiques. Boulgakov a suggéré quelques-uns de telles différences orthodoxes, notant que la vie économique s'inscrit dans le cadre des saints mystères, que l'agriculture, l'industrie et le commerce sont des aspects de la transfiguration de la nature, et que la démocratie est en parallèle avec le principe de conciliarité de l'ecclésiologie orthodoxe. Il serait un grand don à l'Eglise et au monde si des penseurs de l’éthique et des économistes orthodoxes développaient ces suggestions. Néanmoins, les différences entre le Distributisme tel qu'il s'est développé en Occident et le Distributisme comme il pourrait être articulé à l'Est ne seraient que des questions de détail. Les deux camps cherchent à forger des épées pour les transformer en socs de charrue - à trouver un moyen pour nous tous de vivre dans la paix et la sécurité sous nos propres arbres fruitiers."

Lectures suggérées  : en anglais seulement (malheureusement) mais auxquelles il faut ajouter bien sûr Les bases de la conception sociale de l’Eglise orthodoxe russe (traduit du russe en français par Claire Jounievy) publié sur le site du Département des relations extérieures du Patriarcat de Moscou  en introduction on peut lire :
"Adopté par le Concile épiscopal, le présent document expose la doctrine de l’Eglise orthodoxe russe sur les relations entre l’Eglise et l’Etat et les problèmes de la société contemporaine. Le document reflète également la position officielle du Patriarcat de Moscou sur ses relations avec l’état et la société civile. Il établit enfin une série de principes directeurs s’appliquant à l’épiscopat, aux clercs et aux laïcs."



  • Can distributism be grounded in Orthodox tradition? Lire la traduction de C. Paul Schroeder’s de St  Basile Le Grand : On Social Justice
  • Hilaire Belloc est peut-être le principal auteur à consulter, même si tout son travail date d'avant la Seconde Guerre mondiale. Pour commencer, voir : The Servile State et An Essay on the Restoration of Property. Belloc a aussi écrit Economics for Helen, une introduction à l'économie pour sa nièce, encore étonnamment utile même si daté. 
  • Son ami G. K. Chesterton a été prolifique et hilarant. Sur ce sujet voir The Outline of Sanity.

L'économiste britannique E. F. Schumacher  a enseigné le message distributist sans utiliser le terme. Voir son classique, Small Is Beautiful.





John Médaille a écrit des livres pour les étudiants sérieux  en économie, excellent pour une utilisation dans l'enseignement supérieur. Si vous percevez bien la moralité du Distributisme, mais que vous vous posez des questions sur son application dans le monde réel, voir The Vocation of Business et Toward a Truly Free Market, "qui tente de donner un cadre précis au Distributisme macroéconomique."


Larry Burkett, un respecté protestant évangélique, n'est pas distributiste et son travail peut être critiqué pour être centré sur les individus et non sur les systèmes et structures, mais  son Business by the Book est un excellent résumé des lignes directrices éthiques pour le commerce et la finance.
Susan Pace Hamill  a fait un travail de réflexion sérieux sur les implications morales des codes existants dans la fiscaleité américaine. Voir The Least of These: Fair Taxes et  the Moral Duty of Christians



  • Tobias J. Lanz a édité un recueil d'essais, Beyond Capitalism and Socialism, ce serait un excellent texte de départ pour un groupe de discussion. Bien que typiquement catholique, les Orthodoxes et les autres chrétiens trouveront dans cet ouvrage matière à réflexion
  • David Holden a étudié les langues bibliques à l'Université Duke et a obtenu une maîtrise de théologie à la Southern Methodist University de Dallas, au Texas. Son cheminement spirituel l'a amené à l'Orthodoxie en août 1999. C'est un consultant professionnel et spécialiste clinique  en toxicomanie. Lui et sa famille vivent à la campagne près de Boone, en Caroline du Nord.

mercredi 15 décembre 2010

Le DISTRIBUTISME [2] et les Chrétiens orthodoxes


G.K. Chesterton
Le terme et sa définition d'origine vient d’Hilaire Belloc et G.K. Chesterton au début du 20e siècle. Tous deux étaient de fervents catholiques, fortement influencés par la doctrine sociale de Léon XIII, mais aussi déçus par les socialistes. Le terme est tombé dans l'oubli après la mort de Chesterton en 1936 et Belloc en 1953, mais pas les idées. Elles ont profondément influencé E.F. Schumacher, dont le livre Small Is Beautiful a eu un impact profond sur les écologistes du monde entier. Ces dernières années le Distributisme a été directement et consciemment relancé dans les milieux catholiques. Distributist Review  est un site couvrant de nombreux aspects de la pensée distributiste ancienne et nouvelle. IHS presse a republié plusieurs des textes anciens. Certains nouveaux documents impressionnants sont désormais disponibles, en particulier de John Médaille de l'Université de Dallas. Il y fait preuve d’une maîtrise des développements récents de l'économie et de ses fondements mathématiques que l’on ne trouve pas dans les écrivains distributistes des générations précédentes.

Qu’est-ce donc que le Distributisme

Pour répondre à cette question nous allons voir, en quoi le Distributisme est à la fois semblable et contraire aux trois autres grands systèmes économiques qui ont surgi au cours de l'histoire humaine. En fait, aucune société n’est dans un système économique unique, toute société, passée et présente, présente un certain mélange des quatre. Toute société dans laquelle un système prédomine aura également quelques caractéristiques des trois autres. Cependant, même si on trouve toujours de ces mélanges avec des tendances et des philosophies diverses, ces distinctions restent pertinentes.

Quatre systèmes économiques :

Le système économique dominant dans le monde aujourd'hui est le capitalisme. Il a évolué dans sa forme actuelle au cours des cinq cents dernières années. La découverte de l'Amérique, l'avance de la navigation et du commerce à l'époque coloniale, les progrès de la technologie et la révolution industrielle, et la sophistication croissante de la commercialisation, de la comptabilité, de l'informatique, et des modèles mathématiques de l'économie ont contribué à son essor. 

Sur le plan positif, le capitalisme défend la propriété privée des terres et des entreprises, récompense l’association de l'intelligence et du travail acharné, et soutient la démocratie et un gouvernement auquel on a fixé des limites. Le capitalisme exploite la tendance (naturelle) des gens à entrer en concurrence l’un avec l'autre et l’inclination (provenant de la chute et donc par là contre nature) des personnes à la cupidité et l’avidité. Dans son Economics for Helen, Belloc dit que dans un système capitaliste, «Tout homme, bien que pauvre, se sent libre et dans cette mesure, sauve son honneur." Par conséquent, le capitalisme interpelle immédiatement les Américains, qui apprécient la liberté par dessus à peu près tout.
Sur le plan négatif, le capitalisme concentre la richesse entre les mains d'une minorité. L'affirmation selon laquelle un tel système devait se développer en raison des expéditions coloniales ou de la nécessité d'énormes sommes d'argent pour construire des usines au cours de la révolution industrielle est historiquement fausse. Le capitalisme s’est développé à cause de la façon dont les gens - en général des gens déjà riches et puissants - ont conçu des lois et des coutumes pour leur propre avantage. Dans The Servile State, Belloc montre comment l'Angleterre était déjà en marche vers le capitalisme avant la grande époque de la colonisation et bien avant la révolution industrielle. Il a commencé avec la fermeture des monastères en 1535. Le même processus - la modification des lois et des structures au bénéfice des riches - se produit toujours. La tendance actuelle des managers de gagner jusqu'à 600 fois plus que les travailleurs dans leurs entreprises n'est pas une aberration. C’est le résultat naturel et inévitable d'un système capitaliste. Si on laisse se développer ce processus sans contrôle, le capitalisme finit par détruire la liberté. En même temps que les travailleurs sont des agents juridiquement libres, ils sont économiquement impuissants. Franklin Delano Roosevelt a pointé cela du doigt dans son State of the Union address du 11 Janvier 1944. Il y déclare : "Les hommes dans le besoin ne sont pas des hommes libres." Par ailleurs, s’il reste sans contrôle, le capitalisme détruit le pouvoir légitime du gouvernement. Lorsque les entreprises et les sociétés deviennent si importantes que le gouvernement ne peut pas les retenir, elles deviennent le gouvernement. C'est-à-dire que la démocratie est alors finie et c’est la ploutocratie qui prévaut.

Au cours des deux derniers siècles, le système censé remplacer le capitalisme était le socialisme. Son promoteur le plus célèbre fut Karl Marx. L'essence du socialisme est que le gouvernement d'un État possède et contrôle tous ou presque tous des moyens de production et de distribution. Plutôt que de laisser l'économie à la cupidité et la manipulation des propriétaires privés, ou de laisser guidée par une "main invisible" (selon les mots d'Adam Smith), l'Etat interviendrait. La grande force du socialisme, quand il était simplement une théorie, c'est que ses partisans étaient très conscients des injustices du capitalisme. Lorsque les pays ont mis le socialisme en pratique, cependant, ses inconvénients se sont révélés dans le sang. Beaucoup ont perdu leurs biens, la santé et même leur vie pour le socialisme. Car toutes les promesses ayant été faites, le socialisme est devenu l'un des systèmes les plus tyrannique et oppressifs de toute l'histoire, déplaçant simplement la concentration des richesses et du pouvoir des mains de propriétaires à celles de gestionnaires bureaucratiques et des dirigeants de l'Etat. Il s'est avéré être bien pire que le capitalisme.


A certains moments de l'histoire un troisième type de système économique a été employé. Belloc l’a appelé "l'état servile." Il est assez répandu dans l'Antiquité. L'Egypte ancienne fut un exemple de ce type d'économie. Dans l'Égypte antique le Pharaon possédait tout et tout le peuple constituait en fait ses esclaves. La Sparte antique et l'Empire romain dépendait aussi du travail des esclaves, tout comme les États confédérés d'Amérique plusieurs siècles plus tard. Malgré des inconvénients moraux évidents, l'état servile a quelques avantages très forts : il est remarquablement stable et les gens se sentent et sont vraiment en sécurité, sachant qu'ils seront nourris et pris en charge. Ces avantages peuvent être si forts que les gens ont parfois été appelés à soutenir un état servile, même au prix d’une perte de liberté et de dignité.

Hilaire Belloc
Les auteurs distributistes parlent de l'état servile de deux façons. D'une part, certains semblent croire que l'élément essentiel est que les gens réellement et en toute légalité possèdent d’autres personnes. Dans cette perspective, une économie servile diffère d'une économie capitaliste et socialiste précisément pour des raisons de droit. Rares sont les économies capitalistes qui ont dégénéré en états serviles, bien que, selon Belloc c’était une chose assez probable. Chesterton se demandait même si la force brutale serait de retour comme un moyen de contraindre les gens à travailler. On peut facilement montrer, en revanche, que les économies socialistes se sont vraiment transformées en Etats serviles. D'autre part, d'autres auteurs parlent de l'état servile de manière plus lâche, en soulignant que les gens vivant dans les systèmes capitalistes sont traités comme des esclaves. Le terme "salaire de l'esclave" est une figure de rhétorique, mais l'intensité des sentiments qu'elle véhicule en font presque un terme avec un sens littéral. Le quasi-esclavage des travailleurs a été évident de manière flagrante dans le capitaliste de l’Angleterre du 19ème siècle et a été abondamment illustré dans les romans de Charles Dickens. Dans l'Amérique d'aujourd'hui, nous avons un très haut niveau de vie et même nos plus pauvres vivent mieux que les pauvres des pays en développement. Mais nous avons aussi maintenant une économie mondialisée. Les esclaves du capitalisme américain contemporain ne vivent pas en Amérique, mais dans les pays où les gens travaillent pour moins d'un dollar l'heure et où 60 dollars par semaine ne suffisent pas pour vivre.

Le quatrième système est le Distributisme, mais c'est un terme particulièrement trompeur. (à suivre)
(Version française de Maxime le minime d'après le site In communion de l'Orthodox Peace Fellowship)

dimanche 12 décembre 2010

Histoire de la Mission et de la résurrection de l'Eglise orthodoxe en Albanie [2]

Anastasios de Tirana et de toute l' Albanie
La foi qui renaît dans l’Albanie post-communiste s’accompagne de nombreuses histoires fascinantes, y compris des histoires drôles dont les thèmes peuvent être "Monastères, serpents et Résurrection du Christ" , "Homards, termites ou cervelle d’agneau" et "Cigarettes, Chaos et Christ est ressuscité. " Le livre décrit l’héroïque attitude de l'Eglise pendant l'anarchie de 1997 en Albanie et la guerre du Kosovo en 1999.Une histoire raconte le revirement de la position d'une jeune musulmane vis à vis de l'église : en effet, du rejet qui lui faisait dire «Il m’est impossible de demeurer dans quelque endroit où ils font le signe de la croix. D'où je viens, la croix est associée à la violence et la mort.», elle en venue à déclarer : «Je n'ai jamais connu l'amour, comme j'ai fait dans ce camp. Je n'oublierai jamais cette expérience! Cela m'a donné une compréhension toute nouvelle du christianisme. "

L'archevêque Anastasios d'Albanie, représente certes une voix unique dans le mouvement contemporain missionnaire de l'Eglise orthodoxe, ainsi que dans le christianisme mondial. Il se décrit lui-même comme une bougie devant l'icône du Christ, mais il représente l'une des lumières les plus brillantes qui conduit les hommes à notre Seigneur.

Tout au long du livre, nous entendons sa personnalité charismatique témoignant au milieu des persécutions, des diffamations et des combats. « Nous devons être reconnaissants pour la vie et tout ce que la vie apporte, que ce soit bon ou mauvais. La reconnaissance est une vertu première dans la vie chrétienne », a déclaré l'archevêque. « Nous devons nous sacrifier et être prêts à risquer notre vie pour le Christ. Nous ne voulons pas être des gens qui tout simplement maintiennent le statu quo. Un chrétien authentique est celui qui donnera sa vie au Christ de manière abandonnée et désintéressé ! Une vie sans persécution signifie que le diable ne vous prend pas trop au sérieux. Nous avons également besoin de comprendre ce que signifie participer à la vie du Christ – à sa croix ainsi qu’à sa résurrection. Marcher avec le Christ signifie accepter avec joie les souffrances, les persécutions et les luttes de la vie. En faisant cela, nous avons non seulement nous participons à la passion même du Christ, mais nous nous unissons à Lui dans sa glorieuse résurrection... En dépit de toutes ces luttes, je peux dire que je fais l'expérience de la "liberté de la croix." On peut trouver une étonnante liberté quand on apprend à dire, «Que ta volonté soit faite. »


Avec ses paroles, "Va de l’avant " nous raconte des histoires qui se déroulent tout au long de la vie de l'archevêque. Par exemple, lorsque l'archevêque était un jeune diacre dans les années 1960, il fut confronté au grave dilemme de savoir s’il devait devenir missionnaire, ou rester dans son pays d'origine. L'archevêque Anastasios décrit ainsi ce moment critique: «Je me souviens d'un jeune clerc qui faisait une retraite prolongée sur l'île de Patmos. Assis en face de la mer, il fit face à un dilemme difficile : rester dans son beau pays européen, dans un environnement qu'il aimait, et dans lequel il était aimé, ou obéir à l’injonction finale du Seigneur, «Allez,» et partir pour l'Afrique. Cette dernière solution n'était aucunement garantie quant à l’avenir. De sa cellule simple et ascétique, le regard fixé sur l'horizon de la mer, il cherchait en lui une réponse satisfaisante à cette question qui soit en accord avec la volonté divine.
La réponse vint enfin sous la forme d'une question cruciale: «Dieu te suffit-Il ? Si oui, alors vas-y. Sinon, reste où tu es. » Mais une deuxième question, succéda à la première, la renforçant : «Mais si Dieu ne te suffit pas, en quel Dieu crois-tu ? » Une paisible décision s’en suivit, en réponse à une invitation à faire un cours novateur dans de nouvelles régions de mission. "

La nuit même de son ordination, le nouvellement ordonné Père Anastase s'est envolé pour l'Afrique et a célébré sa première Divine Liturgie à la cathédrale Saint-Nicolas, à Kampala, en Ouganda. Son voyage missionnaire interculturel avait commencé.

Ce ne sont que quelques-unes des histoires captivantes qui inspireront tous ceux qui les liront. Le but ultime de « Va de l’avant » est d'aider chaque lecteur à voir les merveilles du miracle de Dieu dans le champ de la mission et d’être prêt à dire: «Me voici, Seigneur. Envoie-moi »
(version française de Maxime le minime d'après

samedi 11 décembre 2010

Le DISTRIBUTISME [1] une première approche pour les Chrétiens orthodoxes

 Voici la traduction de la 1ère partie d'un article paru sur le site orthodoxe In Communion et dans lequel je vais avancer en même temps que vous, c'est à dire que je sais que le sujet m'intéresse mais que je ne sais pas du tout si je vais en recevoir les conclusions. Quoi qu'il en soit le sujet de réflexion posé par cette étude me paraît venir dans une bonne période à double titre : d'une part que parce que la conjoncture économique internationale contemporaine n'améliore pas la situation des gens modestes et pas seulement de ceux qui ont été ruinés après avoir fait fortune, et d'autre part parce que nous sommes dans une période, celle de l'avant Nativité, où se pose périodiquement cette fameuse question du partage.



"Tous les honneurs de l'Orthodoxie sont rendus à St Nicodème de la Sainte Montagne pour nous avoir donné la Philocalie. Moins connu est son Exomologetarion qui est un manuel de confession. D'abord publié en 1794, il contient l'histoire suivante :

Un jour, il arriva qu’un roi se confesse à un paysan, qui était en fait secrètement un père spirituel. Après que le roi eut confessé ses péchés, il dit au Père spirituel, "Je n'ai pas autre chose à vous dire." "Comment cela, ô roi ? répondit le père spirituel, comment ? Avons-nous fini la confession ? Non. Vous avez confessé les péchés d'Alexis, dit-il en appelant le roi par son prénom, maintenant il faut confesser les péchés du roi. "

Ce sage père spirituel voulait montrer par ces paroles que tout souverain et chef, étranger ou national, ne doit pas seulement se confesser à titre individuel ou être examiné par un père spirituel comme une personne ordinaire, mais en plus des péchés qu'il a commis en tant que personne, il doit aussi avouer ce qu'il aurait pu faire en tant que dirigeant pour le bien de son peuple, mais qu’il n’a pas fait, et toutes les mauvaises choses survenues à ses sujets sous sa responsabilité qu’il n'a pas rectifiées, pour laquelle il devra rendre un compte exact à Dieu.
Cette histoire illustre l'attitude chrétienne orthodoxe en ce qui concerne la relation entre la foi et la vie dans le monde. Quand des Orthodoxes sont à un poste de responsabilité dans lequel ils exercent autorité et pouvoir, ils sont censés suivre le Christ dans ces situations tout comme ils le suivent dans leur vie privée.

Mais qu'est-ce que cela signifie ? La mission des personnes à un poste de responsabilité n'est pas de créer un "État chrétien" ou une "société chrétienne" ou un "théâtre chrétien." Les gens peuvent seulement être chrétiens. Le Christ est venu pour faire participer des personnes à la nature divine, et non des institutions, des organismes ou des entreprises. La tâche consiste à faire tout ce qui est possible pour créer un environnement qui aidera les gens à voir le Christ, à chercher le Christ, et trouver le Christ.

Pour être plus précis: Comment puis-nous amener les domaines du commerce et des finances sous la seigneurie du Christ ? Nous savons que les principes fondamentaux de l'éthique orthodoxe qui se rapportent à l'économie: que le monde matériel a été créé bon et beau, qu’il est juste de posséder et de prier pour «l'abondance des fruits de la terre» ; que la pauvreté est un mal, pas une vertu - un sort qui doit être adouci et amélioré, et non pas être aggravé ; que l'endettement n'est pas bon ; qu’une vie simple est bonne ; que l'amour de l'argent a été et peut facilement être la racine de toutes sortes de maux, que Dieu nous commande de rechercher la justice et des relations équitables à toutes les époques et avec tous les hommes ; que faire payer des intérêts est moralement discutable, et certainement mauvais quand il s’agit de personnes qui recherchent simplement d’abord et avant tout le minimum vital ; que c'est à peu près aussi facile pour un riche d'entrer dans le Royaume du ciel que pour un chameau de passer par le chas d'une aiguille. 
Nous, Orthodoxes, connaissons tous ces principes, ou du moins nous les avons entendus et nous savons que nous devons les mettre en pratique. La question particulière qui se pose est ici : Comment pouvons-nous créer un environnement qui intègre ces principes ? Sachant que nous Orthodoxes, comme tout le reste de la race humaine, sommes des créatures déchues, sujettes à toutes sortes de péchés à la fois volontaires et involontaires, et sachant que toutes les organisations et institutions augmentent et renforcent nos péchés, quel genre de structures économiques pourrait restreindre notre péché et de promouvoir la justice?

Dans cet essai, j'invite mes lecteurs à envisager un système économique connu sous le nom Distributisme. Le système est ancien et répandu, mais pas ce terme car il n'est apparu qu'au siècle dernier. " (à suivre)
(Version française de Maxime le minime d'après le site In communion de l'Orthodox Peace Fellowship)

CHANEL-BYZANCE : Impérial !

Chanel - Pre-Fall 2010/2011 (Chanel Byzance - Métiers d'Art) par Karl Lagerfeld
Le défilé a été présenté le 7 décembre dans les salons haute couture de Chanel.

Oui, bon, me diront certains... pas très religieux tout ça !
Daccord, je veux bien admettre que c'est d'une autre beauté dont parlait Dostoïevsky à propos du salut du monde, mais il n'empêche... de fil en aiguille ( c'est le cas de le dire) voilà une belle référence, de belles citations des ornements, des parures, des mosaïques et puis du hiératisme de la noblesse byzantine.
A se référer à certaines origines également voilà une bonne orientation en tout cas, un bon rappel qui peut mener à "autre chose" d'indissociable et qui préoccupe essentiellement notre blog.
On pourra noter aussi  une sobriété qui est du meilleur aloi, voire une remarquable décence. Très classe !

Comme il me semble entendre pour l'occasion les moralistes faire baver leur fiel  sur les méfaits de la richesse qui seule peut "se payer" de telles parures. Du coup je ne peux m'empêcher pour l'occasion de penser à autre chose mais qui n'est pas sans rapport.
Quand les gens "intelligents" (de notre époque...) parlent du Moyen Âge et de quelques autres périodes de notre histoire humaine, il est de bon ton chez eux de railler le souci de leur salut des riches, qui se seraient dédouanés à bon compte en construisant cathédrales et autres édifices religieux pour obtenir leur place en paradis. Je pose cependant la question : eut-il été préférable qu'ils fissent du mécénat seulement pour payer moins d'impôts et en tirer gloire comme le font nos contemporains ?
Et puis, une autre question : des siècles après, qu'est-ce qui constitue le patrimoine d'un pays, d'une nation, d'une culture, auquel les gens tiennent et qu'ils désirent visiter par dessus tout quand ils en ont le loisir ? : les cathédrales et les châteaux ! A part ça on a coupé beaucoup de têtes par chez nous et on confesse volontiers que l'on n'est pas religieux pour deux sous... mais, de fil en aiguille....

jeudi 9 décembre 2010

Histoire de la Mission et de la résurrection de l'Eglise orthodoxe en Albanie [1] par le Père. Luc Veronis

Va de l'avant : Histoires de la Mission et de la résurrection en Albanie par le Père. Luc Veronis

De toutes les histoires de la résurrection de l'Eglise orthodoxe dans les pays anciennement communistes, l'Albanie est peut-être la plus dramatique. Après avoir été presque exterminés par le gouvernement athée, l'Eglise d'Albanie a réssuscité, sous la direction de l'archevêque Anastasios, pour devenir un membre dynamique et croissant de la communauté orthodoxe du monde.

P. Luc A. Veronis et sa famille a servi en tant que missionnaires de l'OCMC en Albanie pendant plus de 10 ans, au cours des quelques années les plus cruciales de cette résurrection. Voici des extraits de son livre "Va de l'avant" qui nous font partager des histoires de ces années - des histoires de pauvreté désespérée et d'héroïsme, de revers et de triomphes, de chagrin et de miracles - ces extraits nous appellent tous à répondre au vibrant appel du Seigneur : Allez de l’avant !



«L'héroïsme des missionnaires et leur esprit de sacrifice et d'amour ont toujours tendance à restituer aux églises vieillissantes une énergie vitale nouvelle», remarque l'archevêque Anastase d'Albanie. Ces mots résument pourquoi je tiens à partager des histoires à partir d'un journal écrit pendant dix ans sur un travail missionnaire inter-culturel. Le miracle incroyable qui s'est produit en Albanie depuis 1991, inspiré par l'Esprit Saint et par la vision et sous la direction de l'archevêque Anastase, offre un aperçu de la vitalité, du renouveau, et la vigueur qui va motiver et encourager notre Église contemporaine.

Comment peut-on proclamer la Bonne Nouvelle de notre Seigneur dans le seul pays dans l'histoire récente qui a interdit et persécuté absolument toute expression religieuse pendant 24 ans? La terre d'Albanie revendique un héritage chrétien qui date du premier siècle, en ayant pourtant subi la progression de l'islam à partir du XIVe siècle, suivie de la forme de totalitarisme la plus extrême du communisme. Les athées militants ont crucifié l'Eglise et ont pensé qu’ils étaient parvenus à l’abolir.

Avec la chute du communisme en 1991 l'archevêque Anastasios Yannoulatos est arrivé en Albanie pour voir si quelque chose, persistait de cette antique communauté chrétienne. Il a fait face à la lourde tâche d'annoncer l'Evangile et de faire revivre une église historique tout en étant confronté aux nombreux défis d'un contexte post-communiste: une mentalité athée persistante, une infrastructure de la société brisée, une pauvreté endémique, la corruption généralisée et des préjugés religieux toujours vivaces. « Va de l’avant » offre un aperçu de la façon dont Dieu a ressuscité cette Eglise, en offrant une nouvelle espérance à tant de personnes vivant dans le désespoir.


Dans les années que j’ai vécues en Albanie, j'ai appris que l'amour et la liberté illustrent la voie des missions chrétiennes orthodoxes. Nous incarnons l'Évangile de l'amour, tout en respectant la liberté et la dignité chez chacune des personnes qui écoutent de répondre comme elle se sent touchée par Dieu. La mission authentique n'a rien à voir avec la contrainte, la supercherie, ou la superficialité, mais consiste à faire toutes les choses "dans l'amour, pour l’amour, et par l'amour." Proclamer la Bonne Nouvelle implique de révéler l'amour du Royaume de Dieu en paroles et en actes, et en invitant les autres à se joindre à la communauté de foi sur un chemin de salut.

Ce journal missionnaire aidera tous les chrétiens à comprendre leur rôle dans le drame d'ensemble de l'histoire sacrée, et à attirer chaque personne dans une relation plus profonde avec Dieu tout au long du chemin. Je crois que les histoires et les anecdotes qui se trouvent ici vous inspireront. Vous pouvez y trouver des joyaux de sagesse offerts par des "saints vivants" dont la foi a survécu aux horreurs du communisme. Les nouveaux croyants qui découvrent la perle de grand prix partageront leur cheminement spirituel. Vous verrez les combats et les victoires des serviteurs qui ont essayé d'offrir un témoignage de l'amour de Dieu dans des conditions difficiles.

Par exemple, il y a des histoires au sujet des trois saintes sœurs de Korca - Marika, Demetra et Elizabeta - qui ont décrit leur maison pendant le communisme comme «une petite église souterraine. Même pendant les années les plus dangereuses, nous invitions P. Kosma à venir plusieurs fois par an pour célébrer la Divine Liturgie dans une arrière-salle au milieu de la nuit, explique Demetra. Nous recouvrions les fenêtres avec des couvertures épaisses, afin que personne ne pût voir la lumière de l'extérieur. Nous parlions en chuchotant, afin de ne pas réveiller les enfants. Nous n'avons jamais célébré une liturgie avec les enfants autour, parce que nous craignions qu’ils puissent nous trahir en laissant échapper d’éventuelles paroles imprudentes à l'école. Une personne veillait devant la porte de la maison, pour nous avertir s'il y avait quelqu'un qui venait. Nous nous sentions comme les premiers chrétiens qui se réunissaient dans les catacombes. »

«Plusieurs fois, la police nous a fait venir dans ses bureaux et nous a interrogés, mais Dieu merci, ils ne nous ont jamais emprisonné ou fait du mal physiquement. Ils n'étaient pas sûrs de ce que nous faisions, c’est pour cela qu’ils essayaient seulement de nous intimider. Mais cela n'a pas empêché notre dévotion à Dieu. Même quand le Père. Kosma ne pouvait pas venir, et que nous n'avions pas de prêtre pour célébrer la Divine Liturgie, nous faisions quelque chose d'autre. Je faisais cuire les prosphores, et je plaçais le pain et le vin au-dessus de notre radio. Comme nous vivions tout près de la Grèce, nous pouvions recevoir sur notre radio des émissions d’une station grecque et ainsi écouter la diffusion en direct de la Divine Liturgie. Hoxha avait strictement interdit à quiconque d'écouter des radios étrangères, ainsi nous étions conscients du grand risque que nous prenions. Nous écoutions le poste à très faible volume et nous priions Dieu avec la radio. A la fin, nous mangions le pain et buvions le vin comme notre sainte communion.» A SUIVRE...
(version française de Maxime le minime)


mercredi 8 décembre 2010

Avec qui vouliez-vous que je sois en communion ? Excusez-moi je n'ai pas bien compris...(1)

J'ai décidé de commencer une rubrique de scepticisme périodique...
Priez pour moi, pauvre pécheur, incurable et grand douteur devant l’Éternel ;  je ne peux m'en empêcher, la tentation est trop forte chaque fois qu'une alerte se produit...
Voici un exemple (qu'un lecteur sans miséricorde, qui veut que je tombe à coup sûr, m'a envoyé !) :


Moine, un travail… comme un autre

Les moines capucins remuent ciel et terre pour trouver de nouveaux frères. Désormais, ils procèdent d’une manière assez originale pour un ordre religieux: par annonces dans la rubrique «offre d’emplois».
«Notre communauté a diminué de moitié au cours des dernières années et notre moyenne d’âge se situe à environ 70 ans; nous voulons faire quelque chose contre cet affaiblissement», a expliqué le responsable de l’ordre capucin en Suisse alémanique Willi Anderau dans les colonnes du journal 20 Minuten.

Une première annonce va être diffusée en fin de semaine dans Alpha, un journal d’annonces pour les cadres. Elle vise des banquiers, des journalistes, des commerciaux, des théologiens, des enseignants et des spécialistes de la communication. D’autres annonces devraient suivre et viser cette fois des techniciens, des artisans et des personnes actives dans le domaine social.

Les moines recherchent des hommes âgés de 22 à 35 ans. Ceux-ci doivent être célibataires et catholiques. Sont en outre demandées une capacité à vivre en communauté, des compétences sociales ainsi qu’une sensibilité pour la religion.
A l’issue de la formation pour devenir moine, il serait par ailleurs possible de retourner à la place de travail originelle. Il existe en effet certains moines qui travaillent à l’extérieur des couvents, «naturellement pas pour de l’argent, mais pour diffuser notre message», précise Willi Anderau.

La Suisse compte actuellement environ 200 capucins. Ils étaient deux fois plus il y a 20 ans.
swissinfo.ch et les agences



Certes tous les Capucins ne se positionnent pas de la même façon par rapport au déclin, et certains semblent un peu plus fidèles à leur tradition ; il est même bien possible que ceux-ci soient bien désolés de ceux-là... mais que de contradictions, de mélanges, de mises à jour, d'arrangements, de pannes, d'emplâtres sur des jambes de bois, de roues de secours peu fiables, de fossés, divisions... c'est que tout existe désormais ! et que c'est là le problème - et il ne s'agit pas de pécheurs (dont il y a des exemples partout) mais quel bric à brac ! quelle cacophonie ! ... à l'image de ma liste.


"Tiens ton esprit en enfer et ne désespère pas." St Silouane l’Athonite


mardi 7 décembre 2010

Chrétiens Orthodoxes d'Haiti dans le besoin

L'Eglise se trouve aussi là-bas...

La conversion de mon mari catholique romain à l'Orthodoxie



J'avais placé le beau site de  Mary dans la liste des blogs orthodoxes féminins anglophones ("Mamans orthodoxes") tels que j'aimerais en voir fleurir sur la toile francophone ( je suis prêt à donner un coup de main d'ailleurs s'il le faut qu'on se le dise !) et puis Matushka Anna m'a informé qu'elle n'était plus orthodoxe et donc que son blog ne pouvait être donc considéré comme tel. J'ai trouvé la nouvelle surprenante et bien triste comme beaucoup,  mais voilà qu'un nouveau site est paru, magnifique, avec des nouvelles...  qui ne le sont pas moins, je vous laisse lire, en priant que ma traduction n'ôte pas trop à la poésie si délicate et émouvante du texte de Mary. Gloire à Dieu !



"Mon histoire est longue, trop longue, mais la morale est courte – un Mot. IL est la morale de toutes les histoires. Et pour raconter mon histoire, dans la longueur et la largeur de mon cœur, les mots me manquent.

Les meilleurs Contes célestes, les meilleurs récits d'expériences du cœur sont racontés avec parcimonie. Parce que c'est en voulant nous expliquer nous-mêmes que nous perdons le sens de notre histoire. Et le sens de tous les contes est Dieu, le Verbe au-delà des mots.

"Les histoires sont longues, trop longues, la morale est courte – un mot. Tu es ce mot, ô Verbe de Dieu. Tu es la morale de toutes les histoires ... Les choses sont des contes du ciel. Tu es le sens de tous les contes. Les histoires sont ta longueur et ta largeur. Tu es la brièveté de toutes les histoires. "
St. Nikolai Velimirovich

Mille mercis Katherine pour ton si beau texte !

L'histoire de mon âme est un récit orthodoxe. C'est l’Orthodoxie qui fait parler mon cœur. C'est le sang qui coule dans mes veines, ce qui donne les mots du cœur à une femme qui désire le Verbe.
Abandonner l'Orthodoxie c’est abandonner la langue de mon âme. l'Orthodoxie est la façon dont je conçois Dieu. C'est mon expérience de Lui. Et quand les circonstances [de ma vie] entraînèrent soudain ma séparation de l'Église orthodoxe, l'Orthodoxie est restée à l'intérieur de mon cœur. Et Dieu ne m'a pas abandonné, car Il réside dans la chambre la plus secrète. Une relation d’un cœur de chair qui ne peut être brisé par des circonstances extérieures.
Il n'y a pas de salut sans l'obéissance, cette destruction de la volonté qui traverse jusqu’à la moelle et fend en deux un cœur endurci. Et ce don du mariage magnifiquement ordinaire, poétiquement prosaïque, banalement inspiré fait des merveilles en brisant doucement la volonté. Parce que c'est seulement en brisant l'obstination de soi que je devient nous et nous devient un avec Lui. On devient trois. Et l'image produit la ressemblance quand nous aimons comme Il aime.

Mais l'amour de ma vie voulait que je quitte la langue de mon cœur et que j’apprenne à parler la sienne. Et je me suis perdue dans la traduction. Avec crainte et tremblement, je ne doutais pas que Dieu prendrait soin de cette femme orthodoxe qui se trouvait mariée à un homme catholique romain.

Et je vous ai quittés à la mi-octobre avec des mots qui témoignaient de la confiance que je faisais à Dieu qu’Il règlerait toutes choses. Parce que même si je devais poursuivre ce que je sais être la vérité elle-même, si j’ignorais le dessein de Dieu, le mystère de la relation entre un mari et une femme, je ne trouverais rien d’autre que le vide et la désolation totale, le néant inexistant de ma volonté propre.

"Je suis dissimulé dans une épaisse couverture d'inexistence qui recouvre les yeux de mon âme. Tu demandes seulement à mon âme d'ôter son enveloppe brumeuse et d’ouvrir les yeux sur Toi, ma force et ma vérité." 
St. Nikolai Velimirovich

Donc, dans la foi et l’espérance j’avais confiance comme un enfant sans malice, et j’avais imprudemment mis de côté ce qui m’était le plus cher, scandalisant les autres avec mon insouciance. Pardonnez à la folle que j’étais. Et en faisant ce que d'autres voyaient comme une énorme erreur, je suis entrée dans une étreinte que seuls connaissent les fous. Parce que Le suivre n’a jamais l’air sensé. C'est de la folie.

En marchant à travers la vallée de l'ombre de la mort, Il ne m'a pas abandonné et je ne craignais aucun mal. Et en me dépouillant de tout ce que je savais et comprenais, Il s'est précipité pour me couvrir de sa grâce, de cette énergie incréée qui transforme le plus grand chagrin en une joie sobre et une indescriptible paix.
Et cette paix est née de  nuits sans repos, d’oreillers trempés de larmes, et de sommeil entrecoupé de rêves répétés de mendicité et de supplication, "S'il te plaît, ne m’y fais pas y aller!" Mais j'ai eu confiance, aveuglément, folle que je suis. Confiance en mon mari qui aime la vie de cette famille de huit plus que lui-même. Confiance en mon Seigneur qui m'aime d'un amour que je n'ai pas encore compris. Et plus je mourais, plus je l'aimais et plus je L'aimais.

Egrenant étroitement les nœuds d'un komboskini usé, versant quantité de larmes, me lamentant avec les psaumes au milieu de la nuit, j'ai fait confiance. Accrochée à mon Seigneur et à l'homme qu’Il m'a donné à aimer, j'ai ignoré les voix qui m’accablaient : les cris de joie et de jubilation, les douloureuses larmes du chagrin, le bruit furieux du jugement de ceux qui voient juste mais ignorent l'amour. Et dans cette étreinte enfantine, désespérée, Dieu a donné un grand miracle, la conversion de mon mari à l'Orthodoxie.

Admirable es-Tu, ô Seigneur, et merveilleuses sont tes œuvres, et il n'y a pas de mot qui suffise à composer une hymne pour chanter tes merveilles!
Car Tu as recueilli les larmes d'une femme pécheresse faite d'argile et Tu as soufflé la Vie en elle. Le cœur de mon bien-aimé a été touché, parce que j’avais la conviction que Tu n'avais pas besoin que je m’en mêle, mais seulement que je Te fasse confiance. Ma foi. Mon amour. Et les deux sont devenus une seule chair, vraiment.
Et je me demande pourquoi cela devait être dramatique et violent. Une douleur à déchirer le coeur. Mais la mort est violente. Cette graine de soi devait s’enfouir dans le sol de l'espérance, de la confiance et de la foi. Et, en mourant, j’ai offert ma vie pour mon bien-aimé, afin qu'il puisse connaître le Bien-aimé. En mourant à nous-mêmes, nous offrons la vie aux autres. C'est le grand mystère du mariage orienté vers l'Époux et son Église. Il n’est pas de plus grand amour que celui-là. Son amour est vraiment une folie.
Le Seigneur a donné. Le Seigneur a repris. Le Seigneur a rendu à cette folle ce qui avait été donné gratuitement. Au-delà de toute mesure. Béni soit le Nom du Seigneur!

"Quand je dis ton nom, j’ai dit tout et plus que tout."  
St. Nikolai Velimirovich

J'en ai assez dit.
(Citations tirées de Prières sur le lac de St Nicolas de Jicha aux éditions de l'Âge d'homme)"
©2007-2010, evlogia. Translated with permission. All rights reserved. Originally published at www.evlogiaonline.com


(Traduction et adaptation de Maxime le minime d'après le site Evlogia)

samedi 4 décembre 2010

Économie et Acribie

Dans quelle mesure l’application stricte de la loi canonique peut-elle être modérée par les réalités pastorales concrètes ? 

St Basile Le Grand

C’est à propos de la question de l’accueil dans la communion ecclésiale des hérétiques qui reviennent à la foi que Basile de Césarée, au 4e siècle, va poser des principes qui vont constituer la base de la théorie orthodoxe de l’économie. Deux lettres de Basile à Amphiloque d’Iconium sont concernées : la lettre 188, qu’on appellera canonica prima, et la lettre 199, la canonica secunda. Ces deux lettres sont entrées dans la grande collection des sources du droit orthodoxe [1] Dans sa lettre 188, au canon 1, Basile distingue trois catégories parmi les « allodoxes » : (1) les hérétiques [αρέσεις] à proprement parler (pour des questions de doctrine), (2) les schismatiques [σχίσματα] (en matière disciplinaire) et (3) les conventiculaires [παρασυναγωγαί] (des communautés insubordonnées). La question se pose autour du baptême de ces allodoxes : faut-il les rebaptiser s’ils reviennent à l’Église ? Basile répond que le baptême des hérétiques est absolument nul [παντελς θετσαι], on reçoit celui des schismatiques et on corrige les conventiculaires par une pénitence lourde avant de les réunir à leur rang, en réintégrant à leur rang les clercs. Les Pépuziens (Montanistes) doivent être tenus pour hérétiques. Le cas des Cathares (Novatiens), Encratites, Hydroparastates et Apotactites, qui sont des schismatiques, doit être ramené à celui des hérétiques, car, dit Basile, ils n’ont plus en eux la grâce du Saint Esprit [οκέτι σχον τν χάριν το γίου πνεύματος φ’ αυτούς]. Survient alors la phrase la plus discutée de ce canon 1 : « Cependant, comme certains dans le diocèse d’Asie ont décidé de reconnaître leur baptême [des Cathares, Encratites, Hydroparastates et Apotactites] sans faire de distinction, pour le bien d’un grand nombre, qu’il soit reconnu [2]. »
La coutume asiate en question, c’est un accueil dans la communion de l’Église par l’onction chrismale, sans rebaptisation. Basile applique ici le principe de l’économie [οκονομίας νεκα τν πολλν] pour légitimer la reconnaissance du baptême de certains hérétiques par une condescendance pour la brebis perdue qui veut revenir. C’est très clair dans le second emploi du mot οκονομία dans ce canon 1, à propos des Encratites.
« Cependant, si cela devait constituer un obstacle à l’économie générale [Ἐὰν μέντοι μέλλ τ καθόλου οκονομίᾳ μπόδιον σεσθαι τοτο], il faut nous plier à la coutume et suivre les Pères qui ont géré les affaires ecclésiastiques [τος οκονομήσασι τ καθ’ μς πατράσιν κολουθητέον] ; j’ai bien peur en effet, que voulant les amener à abandonner la rebaptisation [que pratiquent les Encratites], nous ne mettions obstacle au salut par la sévérité de notre conduite. […] De toute façon, on doit observer la pratique établie [τ τς προτάσεως αστυρόν] d’oindre du saint chrême en présence des fidèles ceux qui ayant reçu leur baptême reviennent à nous et alors seulement les admettre à la communion des mystères. »
Basile maintient qu’aucun véritable sacrement ne peut être reçu en dehors de la véritable Église, et que donc le baptême de ces hérétiques ou de ces schismatiques n’est pas valide. Pourtant, par « économie », on ne réitérera pas leur baptême et on ne suivra donc pas l’application stricte du droit, c’est-à-dire l’«acribie » [κριβεία κανόνων] pour deux motifs : (1) la pratique générale (à l’économie générale), au nom de la communion de l’Église ; (2) le souci pastoral pour l’individu, puisque un converti sincère pourrait être découragé par la rigueur de la loi canonique.

St Photios Le Grand
À partir de cette réponse de saint Basile, on va donner un sens nouveau au mot économie, déjà bien connu en théologie. À la fin du IXe siècle, le patriarche Photius de Constantinople, dans une réponse à un certain Amphiloque, va ainsi expliquer : « On parle d’économie au sens propre pour l’incarnation du Verbe, admirable au delà de toute intelligence. Et en sens contraire au droit strict, l’économie se comprend comme la suppression pour un temps donné, ou une suspension ou l’introduction de relâchements en faveur de la faiblesse des justiciés, le législateur organisant alors économiquement sa prescription [3]. »
Dans le monde orthodoxe, l’économie est donc une dérogation exceptionnelle et dûment motivée d’une, ou de plusieurs normes disciplinaires, mais qui n’institue pas pour autant une dérogation générale et définitive de ces normes : c’est une suspension passagère de l’acribie en une circonstance particulière [4]. Autrement dit, c’est une façon d’apporter un adoucissement de la loi au motif d’une gestion pastorale des situations concrètes des personnes, mais toujours dans le respect de la communion ecclésiale et en s’appuyant sur les canons et la pratique des Pères.
En fait, le binôme économie/acribie ne fait pas l’unanimité parmi les théologiens orthodoxes : ce sont surtout les théologiens grecs qui y font appel sans tous l’interpréter de la même façon. Le rapport plus souple et plus pastoral à la loi et à une conception fortement juridique de l’Église qu’il permet s’explique historiquement par une volonté de se démarquer du juridisme catholique, souvent perçu comme exagéré par les Orientaux. Mais le théologien russe Georges Florovsky voit justement dans cette cause historique la preuve du caractère purement conjoncturel de cette théorie et de sa faiblesse. Il écrit, sévèrement : « L’explication “économique” n’est pas un enseignement de l’Église. Elle n’est qu’une “opinion théologique” personnelle, très tardive et contestable, née au cours d’une période de décadence de la théologie, d’un désir hâtif de se distinguer nettement de la théologie romaine [5]. »



[1] Les sources de la discipline canonique antique sont éditées par Périclès-Pierre Joannou,Fonti. Fascicolo IX. Discipline générale antique (IVe–IXe s.), t. II : Les Canons des Pères grecs, Grottaferrata : Tipografia Italo-Orientale, 1963 (Pontificia Commissione per la redazione del Codice di Diritto Canonico Orientale).
[2] πειδ δ λως δοξέ τισι τν κατ τν σίαν οκονομίας νεκα τν πολλν δεχθναι ατν τ βάπτισμα, στω δεκτόν.
[3] Ad Amphilochiam quæstio I, 14 = PG 101, 64–65.
[4] Voir par exemple la définition qu’en donne Jérôme Kotsonis, Problèmes de l’économie ecclésiastique, (Recherches et synthèses. Section de dogme, 2), Duculot, Gembloux, 1971 (1ère éd. : 1957), p. 182 : « L’Économie existe lorsque par nécessité ou pour le plus grand bien de certains ou de l’Église entière, avec compétence et à certaines conditions, une dérogation de l’Akrivie [= l’acribie] a été permise, temporairement ou de façon permanente, pour autant qu’en même temps la piété et la pureté du dogme demeurent inaltérées. »
[5] « Les limites de l’Église », Messager de l’Exarchat du Patriarche russe en Europe occidentale10/37 (1961) 28-40, 1ère éd. : 1934, p. 35. P. 33, il estime que l’économie est une « capitulation devant l’équivoque et le vague ». Voir aussi sa note 1, p. 31.

(extrait d'un article du Dominicain Rémi Chéno Economie et acribie)