"Je prédis l'époque où le nouveau pouvoir utilisera vos paroles libertaires pour créer un nouveau pouvoir homologué, pour créer une nouvelle inquisition, pour créer un nouveau conformisme. Et ses clercs seront clercs de gauche. ”
Pier Paolo Pasolini
« Je suis profondément convaincu que le vrai fascisme est ce que les sociologues ont trop gentiment nommé “la société de consommation”, définition qui paraît inoffensive et purement indicative. Il n’en est rien. Si l’on observe bien la réalité, et surtout si l’on sait lire dans les objets, le paysage, l’urbanisme et surtout les hommes, on voit que les résultats de cette insouciante société de consommation sont eux-mêmes les résultats d’une dictature, d’un fascisme pur et simple. Dans le film de Naldini, on voit que les jeunes étaient encadrés et en uniforme… Mais il y a une différence: en ce temps là, les jeunes, à peine enlevaient-ils leurs uniformes et reprenaient-ils la route vers leurs pays et leurs champs, qu’ils redevenaient les Italiens de cinquante ou de cent ans auparavant, comme avant le fascisme.
Le fascisme avait en réalité fait d’eux des guignols, des serviteurs, peut-être en partie convaincus, mais il ne les avait pas vraiment atteints dans le fond de l’âme, dans leur façon d’être. En revanche, le nouveau fascisme, la société de consommation, a profondément transformé les jeunes; elle les a touchés dans ce qu’ils ont d’intime, elle leur a donné d’autres sentiments, d’autres façons de penser, de vivre, d’autres modèles culturels. Il ne s’agit plus, comme à l’époque mussolinienne, d’un enrégimentement superficiel, scénographique, mais d’un enrégimentement réel, qui a volé et changé leur âme. Ce qui signifie, en définitive, que cette ” civilisation de consommation ” est une civilisation dictatoriale. En somme, si le mot de “fascisme” signifie violence du pouvoir, la “société de consommation” a bien réalisé le fascisme. […]
Pour moi, la véritable intolérance est celle de la société de consommation, de la permissivité concédée d’en haut, qui est la vraie, la pire, la plus sournoise, la plus froide et impitoyable forme d’intolérance. Parce que c’est une intolérance masquée de tolérance. Parce qu’elle n’est pas vraie. Parce qu’elle est révocable chaque fois que le pouvoir en sent le besoin. Parce que c’est le vrai fascisme d’où découle l’antifascisme : inutile, hypocrite, et, au fond, apprécié par le régime. »
[…] En ce qui concerne les immixtions, je voudrais dire, qu’elles ne sont pas seulement le fait du pouvoir ukrainien. Il est clair que celles-ci sont dirigées contre la Russie et en fait contre l’Orthodoxie. Elles ont pu diviser tout le monde dans ces contrées. Seule l’Église orthodoxe est restée une. Maintenant, ces forces, ces forces démoniaques de ce monde, s’appliquent à diviser aussi l’Église orthodoxe. Pour ce faire, elles ont réussi à utiliser l’ancienne Église de Constantinople, afin qu’elle applique le droit qui lui appartenait du temps de l’empire. Dans la bataille pour l’Ukraine, c’est-à-dire pour saper le fondement de la Russie, la main de l’Amérique est visible. On parle de l’immixtion de la Russie, mais comment peut-elle s’immiscer, alors qu’elle est née là ? La Rus de Kiev est née là, et s’est développée sans interruption pendant 1030 années. Le fait que les États occidentaux, l’Union européenne et, avant tout l’Amérique, attisent et soutiennent les guerres fratricides, comme ils l’ont fait chez nous au Kosovo, démontre que ce qui se produit en Ukraine est le deuxième acte de la tragédie du Kosovo : ils ont fait d’un groupe de malfaiteurs et de criminels, qui font honte au digne peuple albanais, les dirigeants du Kosovo et ont reconnu le soi-disant Kosovo indépendant, tandis que l’Église orthodoxe de Dieu, notre culture séculaire et le peuple serbe en sont expulsés. Ce qu’ont commencé les communistes a été poursuivi par le bloc de l’OTAN par ses bombardements de la Serbie et du Monténégro. Ce qui a commencé en Russie avec l’arrivée au pouvoir des bolcheviques et l’assassinat de la famille impériale donne maintenant de tels fruits amers. Je regrette que le patriarche de Constantinople n’ait pas compris à quel point ces problèmes sont profonds et sérieux. Il est parti d’une bonne intention : réunifier, mais la voie choisie n’est pas celle de la réunification, mais seulement de l’aggravation des difficultés qui se sont emparées de l’Ukraine, de la même façon que la création dans l’Église orthodoxe d’un schisme profond qui, indubitablement, n’apportera aucun bon fruit, si de telles tentatives sont poursuivies. Et non seulement chez les Russes et les Ukrainiens, mais chez nous aussi. En effet, ce Denisenko est le seul à avoir reconnu notre Miraš Dedeić [chef de la pseudo-Église du Monténégro, ndt] que le Patriarcat de Constantinople a destitué de la prêtrise et anathématisé. Nous avons communiqué à ce sujet avec le patriarche de Constantinople, mais il n’a pas répondu jusqu’à présent. Bien sûr, il ne reconnaît pas Dedeić. Mais par cet acte, en recevant celui [Denisenko] qui soutient tous les schismes dans les autres endroits comme structures canoniques, il renforce contre sa volonté les schismes qui minent l’unité de l’Église orthodoxe. Et ce sur le fondement de l’ethno-phylétisme condamné antérieurement par l’Église. Même le Concile de Crète (il est dommage que le Patriarcat de Moscou n’y ait pas participé, mais malgré cela, ses décisions restent en vigueur) a confirmé les décisions du concile de 1872 condamnant l’ethno-phylétisme comme une hérésie et comme un venin qui détruit l’unité de l’Église. Constantinople a confirmé et signé cette décision du grand concile et c’est maintenant précisément sur la base de l’ethno-phylétisme – ukrainien à caractère séculier – et sur la base des demandes de personnes formées sous l’influence du bolchevisme, et encore des admirateurs de Bandera, des fascistes ukrainiens et anciens nazis – qu’il crée une Église. Cela est-il normal ? Non. Sans parler du fait que Denisenko prétendait, en tant que métropolite d’Ukraine, au poste de patriarche de Moscou et, lorsqu’il ne fut pas élu, s’est déclaré lui-même patriarche. Telle est sa folie. Comment déclarer normal tout cela, sans accord de l’Église-mère ? Or, l’Église-mère de l’Ukraine n’est pas le Patriarcat de Constantinople, mais depuis plus de 300 ans, le Patriarcat de Moscou.[…]
Seigneur Jésus Christ notre Dieu, pose un regard miséricordieux sur l’affliction et le cri de douleur extrême de Tes enfants qui demeurent sur la terre ukrainienne. Délivre ton peuple de la guerre civile, fais cesser le sang qui coule et fais reculer les malheurs qui se dressent contre lui. Donne un refuge aux sans-abri, nourris ceux qui ont faim, réconforte ceux qui pleurent et réunis ceux qui sont divisés. N’abandonne pas le troupeau qui t’appartient, affligé par la faute de sa propre famille, mais plutôt, dans ta bienveillance, favorise la réconciliation sans tarder. Adoucis les cœurs des sans miséricorde et accorde leur la conversion afin qu’ils Te connaissent. Accorde la paix à ton Église et à ses enfants, afin que nous puissions Te glorifier d'un seul cœur et d'une seule bouche,
Toi, notre Seigneur et Sauveur, aux siècles des siècles. Amen.
Le moine Moïse (Αιωνία η μνήμη !) avait accordé une interview à Emilios Poligenis de l’agence de presse ecclésiastique «Romfea.gr» au sujet de questions relatives à la Sainte Montagne, au professeur Christos Giannaras, à l’affaire de Vatopedi et de l’higoumène Efrem, à la crise financière et au Patriarche ayant célébré une liturgie au monastère de la Panagia de Soumela.
EP: Père Moïse, c’est un grand plaisir d’être avec vous aujourd’hui, dans le jardin de notre Toute Sainte gardé par Dieu. Vous êtes moine depuis plus de 35 ans ; s’il vous plait parlez-nous de la Sainte Montagne de l’Athos d’hier et d’aujourd’hui.
Geronda Moïse : Cher M. Poligenis, je suis moi aussi ravi de faire votre connaissance et de vous recevoir en tant que visiteur de notre humble cellule. J’apprécie votre amour sincère pour l’Église et l’impartialité de l’agence de presse ”Romfea.gr”, que vous dirigez avec succès depuis trois ans. Le Saint Mont Athos est véritablement gardé par Dieu, protégé par la Mère de Dieu; c'est un incubateur de saints et le jardin parfumé de Notre Dame en plus d'être parcouru par des saints. Ce mois-ci, nous scandons avec ferveur la Paraklisis tous les jours en son nom et nous attendons avec ferveur la Fête si solennelle de sa dormition et de son ascension au ciel.
Notre-Dame est la femme la plus aimée de tous les moines de la Montagne sacrée. Nous avons soixante icônes produisant des miracles, les Katholica, les Kyriaka, les chapelles, Protaton, la ceinture sacrée de la Vierge Marie. Toutes parlent d'elle dans un endroit inaccessible aux femmes.
Cela fait 36 ans que j'ai franchi la porte du saint monastère de Simonopetra et 25 ans que je réside dans la cellule de Saint Jean Chrysostome au Saint Skite de St Panteleimon de Koutloumousi. Ces 36 années se sont écoulées pour moi comme 36 jours ! Je ne pense pas vraiment que l’ Athos ait changé du tout pendant ce temps. L'ordre monastique se poursuit depuis plus de mille ans. Ceci est crucial pour la vie des moines, qui consacrent plusieurs heures par jour à la Divine Liturgie. La prière est leur travail principal et cela parfume leur vie.
Le fait que certaines routes ont été construites et que certaines voitures apparaissent, cela n’a qu’une importance mineure. Mais d'un autre côté, il faut être très attentif au respect du lieu et de l'environnement. Certains anciens passages ont été détruits et ce fut un erreur.
Les progrès techniques doivent être utilisés correctement et avec mesure. Je ne pense pas que remplacer la lampe à huile par une lampe électrique supprime la tradition. Certaines personnes ne viennent à la Montagne Sainte qu'une seule fois dans leur vie, ayant une idée romantique à ce sujet et pensent que c'est un musée pétrifié sans vie, sans mouvement et sans évolution. Ils deviennent des critiques sévères et ils ne font que critiquer et ne sont pas avares de prescriptions. Cependant, s'ils doivent se déplacer, ils exigent un véhicule décent, ils sont dérangés par la poussière et ils demandent à être logés confortablement, comme s'ils séjournaient dans un hôtel. Je crois que si la Montagne Sainte a été modifiée, ce n’est que de l'extérieur et non de l'intérieur. D’importants travaux de restauration ont été entrepris au cours des dernières années et ont été indispensables au maintien du legs millénaire de la vie monastique, fondé sur des règles antiques et sacrées préservant la constitution monastique, une vie de dévotion et de quiétude.
EP : Peut-on encore trouver sur la Sainte Montagne des personnes de la stature spirituelle des Anciens Païssios, Porphyrios, Joseph et autres? Moine Moïse : J'ai reçu un appel téléphonique un soir d'une certaine femme. «Père Moïse, m’a-t-elle dit, maintenant que Geronda Païssios est décédé, qui le remplacera ?», J'ai répondu : «C'est votre père spirituel.
— Est-ce-que vous le connaissez?"
— Non
— Alors pourquoi dîtes-vous ça?
— Écoutez, madame, la sainteté n'est pas transférable, mais réalisable. Si la personne ne lutte pas avec patience, la sainteté ne peut être transmise.
— Je vous remercie. »
Elle n'a probablement pas aimé ma réponse. Les gens d’aujourd’hui cherchent en permanence des solutions rapides et faciles. Le «fast food» de la vie laïque a été transposé à la vie spirituelle. Même les dévots ne veulent pas patienter et encore moins s'épuiser. Ils veulent des solutions immédiates à leurs problèmes. C’est pourquoi ils recherchent des Anciens pour résoudre leurs problèmes immédiatement. Ils ne veulent pas persévérer dans la prière, s'humilier pour faire preuve de patience.
S'ils ne peuvent pas trouver de tels Anciens, ils les créent. La pire chose à faire est de croire que vous êtes un saint. Le plus gros problème aujourd'hui est la sainteté factice. Que le Seigneur nous sauve de ces faux saints ! Sur la Sainte Montagne, il y a un dicton qui dit: «Il est facile de se leurrer. La chose difficile est d'être sauvé de l'illusion ».
Le bienheureux et vertueux Geronda Païssios disait: « Celui qui croit être en bonne santé est le pire de tous car il n'ira jamais chez le médecin.»
La glorification des anciens saints de la péninsule ibérique a été célébrée dimanche par les hiérarques orthodoxes en Espagne.
Photo: www.obispadoortodoxo.es
La fête a été célébrée dans l'église orthodoxe roumaine de la Dormition de la Mère de Dieu à Saragosse, capitale de la région d'Aragon, au nord-est de l'Espagne. La liturgie était dirigée par Son Eminence le métropolite Joseph d'Europe occidentale et de la Méditerranée (Eglise orthodoxe roumaine) et concélébrée par Monseigneur Nestor de Korsun (Église orthodoxe russe), et l'évêque Timothée d'Espagne et du Portugal (Eglise orthodoxe roumaine), et Le clergé du diocèse local de l'église roumaine, rapporte le site du diocèse orthodoxe roumain d'Espagne et du Portugal.
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Plus de 200 anciens saints d'Espagne et du Portugal ont ainsi été officiellement ajoutés au calendrier liturgique de l'Église orthodoxe. Ils seront célébrés chaque année le dimanche précédant le 12 octobre, jour de la commémoration de Notre-Dame du Pilier - nom donné à l'apparition de la Theotokos à l'apôtre Jacques le Majeur alors qu'il priait près des rives de l'Èbre à Caesaraugusta (Saragosse de nos jours), Hispanie, en 40 ap.
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L’initiative d’ajouter une telle fête a été prise par l’Assemblée des Hiérarques orthodoxes d’Espagne et du Portugal, qui s’est réunie à Madrid en avril. Son Eminence le métropolite Polycarpe d'Espagne et du Portugal (Patriarcat œcuménique), Bp. Nestor et Bp. Timothée.
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Au cours de la session de l’assemblée, les hiérarques ont approuvé le menologion, des saints qui ont brillé dans la péninsule ibérique avant le schisme occidental, compilée par l’archiprêtre Andrei Kordochkin. En conséquence, les hiérarques ont décidé de demander aux primats de leurs églises locales d'établir une date pour une vénération panorthodoxe de l'ensemble des saints ibériques, et le dimanche précédant la fête de la Theotokos.
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Cette journée a fa marqué le 15e anniversaire de l'établissement de l'église de la Dormition à Saragosse.
À la suite de la Divine Liturgie, les fidèles ont tous eu l’occasion de vénérer une icône et des reliques de saint Vincent d’Espagne, martyrisé à Saragosse au début du IVe siècle lors des persécutions de Dioclétien.
Zat Rana est l’un de ces bloggueurs très populaires du domaine anglosaxon qui se tiennent «à l’intersection de la science, de l’art et de la philosophie» et essaient de redéfinir une éthique et un rapport à la réalité pour les générations de l’ère numérique. Dans ce texte que nous avons choisi de traduire, il offre une intéressante adaptation d’une pensée de Pascal aux circonstances concrètes de notre vie «en réseau». On peut suivre le reste de ses écrits sur Medium ou via son site .
Cette faculté essentielle qu’on ne vous a jamais enseignée
Avant de mourir à l’âge de 39 ans, Blaise Pascal avait eu le temps d’apporter des contributions immenses à la science physique et aux mathématiques, notamment dans les domaines de la mécaniques des fluides, de la géométrie et des calculs de probabilités.
L’influence de son travail allait cependant s’étendre bien au-delà du domaine des sciences naturelles. Ce que nous appelons aujourd’hui les sciences humaines ont également profité du socle qu’il a contribué à bâtir.
Ce qui est étonnant, c’est qu’il fit une grande partie de ses découvertes dans l’adolescence, voire dans la vingtaine. A l’âge adulte, inspiré par son expérience religieuse, il s’est davantage consacré à la philosophie et à la théologie.
Juste avant de mourir, il rassemblait des fragments de réflexions qui seraient ultérieurement publiées sous le titre de Pensées.
Bien que ce livre soit essentiellement le plaidoyer d’un esprit scientifique en faveur d’une vie de foi et de religion, il contient des méditations frappantes de netteté et de lucidité sur ce qu’être humain veut dire. C’est une esquisse de psychologie moderne élaborée bien avant que la psychologie soit établie comme branche des sciences.
Il y a énormément d’observations intellectuellement provocantes à citer dans ce livre, qui aborde la nature humaine à partir d’une grande variété d’angles, mais l’un de ses aphorismes les plus célèbres résume assez bien le fond de sa pensée:
«Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne pas savoir demeurer en repos dans une chambre.» (Fragment 126, note SD)
D’après Pascal, nous redoutons le silence de l’existence, par peur de l’ennui nous optons pour des distractions sans but, et nous ne pouvons nous empêcher d’esquiver le fardeau de nos émotions en nous réfugiant dans les fausses consolations de l’esprit.
Le fond du problème, en somme, c’est que nous n’avons jamais appris l’art d’être seul.
Les dangers de la connectivité
Aujourd’hui plus que jamais, la mise en garde de Pascal paraît pertinente. S’il fallait décrire notre évolution depuis ces cent dernières années en un seul mot, ce pourrait être: connectivité.
Les technologies de l’information dominent notre développement culturel. Du téléphone à l’internet en passant par la radio et la TV, nous avons trouvé moyen de nous rapprocher constamment les uns des autres, à l’échelle planétaire.
Sans quitter mon bureau au Canada, je peux me transporter pratiquement n’importe où grâce à Skype. Je peux me trouver à l’autre bout du monde et savoir ce qui se passe chez moi en un clic.
Je ne crois pas qu’il soit nécessaire de souligner les bénéfices de ces innovations. Mais leurs contrecoups commencent aussi à se manifester. Au-delà des préoccupations générales sur la protection de la sphère privée et la collecte de données, il y a peut-être un effet secondaire bien plus néfaste.
Nous vivons aujourd’hui dans un monde où nous sommes connectés à tout, sauf à nous-mêmes.
Si l’observation de Pascal sur notre incapacité à demeurer en repos dans une chambre vaut pour la condition humaine en général, alors le problème a certainement été aggravé de manière exponentielle par les facilités modernes.
La logique est évidemment séduisante. Pourquoi rester seul quand vous pouvez constamment avoir de la compagnie?
Eh bien, la réponse, c’est que n’être jamais seul n’est pas la même chose que ne jamais se sentir seul. Pire encore: moins vous vous sentez à l’aise en étant seul, et plus vous risquez de ne jamais vous connaître vous-même. Du coup, vous allez passer encore plus de temps à éviter cette situation et à regarder ailleurs. Au fil du temps, vous devenez accro à ces technologies mêmes qui étaient censées vous libérer.
Le fait que nous puissions utiliser le bruit du monde pour occulter le malaise de notre confrontation avec nous-mêmes ne va pas pour autant éloigner le malaise.
Pratiquement tout le monde s’estime conscient. Les gens croient savoir ce qu’ils ressentent, ce qu’ils veulent et où se trouvent leurs problèmes. En réalité, très peu d’individus le savent vraiment. Et ceux qui y sont parvenus seront les premiers à vous dire combien la conscience est un terrain mouvant et la quantité de solitude qu’il faut pour y parvenir.
Dans le monde actuel, on peut vivre toute une vie sans jamais égratigner le masque qu’on porte; de fait, c’est ainsi que vivent nombre de gens. Nous perdons de plus en plus le contact avec notre être, et là est le vrai problème.
L’ennui comme stimulant
Si nous en revenons aux fondamentaux — et c’est à quoi Pascal s’emploie — notre aversion à la solitude s’avère une aversion à l’ennui.
Au fond, nous ne sommes pas nécessairement accro à notre TV parce qu’elle nous apporte une gratification irremplaçable, de même que nous ne sommes pas accro à la plupart des stimulants parce qu’ils nous profitent plus qu’ils ne nous nuisent. Non, ce à quoi nous sommes accro, c’est l’état de non-ennui.
Pratiquement toutes les influences malsaines qui s’exercent sur nos vies prennent racine dans le fait que nous craignons la néantitude du néant. Nous ne pouvons nous imaginer être, simplement, plutôt que faire. Et du coup nous recherchons le divertissement, la compagnie, voire plus si affinités.
Nous voulons ignorer le fait que ne jamais affronter cette néantitude revient à ne jamais nous affronter nous-mêmes. Or l’évitement de cette confrontation nous rend solitaires et anxieux malgré notre connectivité si intime avec tout ce qui nous entoure.
Par chance, il existe une solution. Le seul moyen de ne pas être détruit par cette peur — comme par n’importe quelle peur — consiste à lui faire face. Cela revient à laisser l’ennui vous conduire où il veut, afin d’éprouver tout ce qui peut arriver à votre perception de vous-mêmes. C’est alors que vous vous entendrez penser, et c’est alors que vous apprendrez à connaître ces régions de vous-mêmes masquées par les divertissements.
Ce qui est formidable, c’est qu’une fois qu’on a franchi cette barrière initiale, on se rend compte que d’être seul, ce n’est pas si grave. Que l’ennui lui-même peut être un stimulant.
Quand vous vous entourez de moments de solitude et de silence, vous vous découvrez une intimité avec votre environnement que les stimuli forcés ne permettent pas. Le monde devient plus riche, les voiles commencent à s’écarter et vous voyez les choses comme elles sont vraiment, dans leur entièreté, dans toutes leurs contradictions et dans toute leur étrangeté.
Vous apprenez qu’il y a d’autres choses auxquelles vous pouvez prêter attention que celles qui emplissent l’espace de leur rumeur. Si une pièce silencieuse ne vous fait pas saliver d’excitation comme l’idée de vous immerger dans un fil ou un programme TV, cela ne signifie pas forcément qu’il n’y a pas là des profondeurs à explorer.
Parfois la direction où cette solitude vous emmène peut être déplaisante, surtout lorsqu’on entre dans l’introspection — vos pensées et vos sentiments, vos doutes et vos espoirs — mais dans le long terme, c’est bien plus agréable que de vivre une vie de fuite sans même comprendre qu’on est un fuyard.
Etreindre la solitude vous permet de découvrir la nouveauté dans des choses que vous croyiez entendues: c’est comme redevenir un enfant vierge de tout conditionnement qui découvre le monde. Cela permet également de résoudre la plupart des conflits intimes.
Pour résumer
Plus ce monde évolue, et plus il va nous inciter à sortir de notre être et à le renier.
Même si la formule de Pascal affirmant que le manque d’aisance dans la solitude est la racine de tous nos problèmes peut être une généralisation sommaire, elle n’est pas entièrement exagérée.
Tout ce qui nous a connectés nous a également isolés. Nous sommes si accaparés par les distractions que nous en oublions de nous occuper de nous-mêmes, ce qui en retour nous fait sentir de plus en plus seuls.
Curieusement, le principal coupable n’est pas notre accaparement par un stimulus externe en particulier. C’est la peur du néant, notre accoutumance à un état de non-ennui. Nous éprouvons une horreur instinctive face au simple état d’être.
Si nous ne comprenons pas la vertu de la solitude, nous ne saurons jamais que l’ennui, une fois qu’on lui a fait face, peut devenir à son tour un stimulant. Et la seule manière de lui faire face consiste à se trouver du temps, chaque jour ou chaque semaine, pour simplement rester là, assis, avec nos pensées, nos sentiments, notre moment de calme.
Le plus ancien des préceptes philosophiques nous apporte un conseil personnel: connais-toi toi-même. Il y a à cela une bonne raison.
Sans nous connaître nous-mêmes, il est presqu’impossible de trouver une bonne manière d’interagir avec le monde qui nous entoure. Sans prendre le temps de comprendre cela, nous n’avons pas de socle sur quoi bâtir le reste de notre existence.
Rester seul et se connecter intérieurement est une faculté que personne ne nous enseigne. C’est un manquement cocasse, parce qu’elle est plus importante que la plupart de celles qui nous sont enseignées.
La solitude n’est peut-être pas un remède à tout, mais c’est un déjà un bon départ.
Après la publication de notre étude sur les privilèges choquants des fonctionnaires de l’Assemblée nationale, Europe 1, le 07/06, puis Le Parisien du 25/06, avaient également mené leur propre enquête sur nos révélations. Ils concluaient tous deux sur des chiffres comparables aux nôtres quant aux salaires (primes incluses) des agents de la Chambre basse. Deux autres rapports ont été commandés cet été, mais cette fois en interne de l’Assemblée nationale. L’un devait proposer une réforme ambitieuse pour supprimer ces avantages mirobolants, et l’autre, le rapport Vigier, fournir des éclaircissements sur les mêmes zones d’ombre que nous n’avions pu pénétrer. Le poids des syndicats de fonctionnaires a eu raison du premier, qui a été enterré. Le second est incomplet, l’institution ayant délibérément fait de l’obstruction. Pourtant, ces deux rapports « officiels » reprenaient, ou complétaient, notre étude et appelaient à davantage de transparence ! Et puis, l’accalmie. Plus rien sur ce sujet dans les medias… jusqu’au 27 septembre. Le 27 septembre 2018, Challenges publie un article dans lequel un journaliste déclare avoir enquêté au Palais Bourbon auprès de deux députés, dont les noms ne sont pas révélés, pour découvrir la vérité sur les fonctionnaires de l’Assemblée. Le récit est édifiant et les résultats confirment nos travaux.
Des salaires élevés, des primes nombreuses et en partie inexplicables
L’article révèle des salaires élevés, jusqu’à 2,5 fois supérieurs à la norme générale dans la fonction publique d’État. « Les secrétaires perçoivent, en moyenne, près de 6 000 euros nets par mois et les agents (accueil, logistique) environ 4 800 euros (…), un employé du restaurant ou un gardien tourne à 4 200 euros, autant que le salaire moyen des cadres du privé toutes catégories confondues ». Sans oublier que les deux secrétaires généraux perçoivent 19 000€ nets par mois et les 19 grands directeurs 16 000€ ! Soit de 2 120€ à 5 120€ nets de plus que le président de la République.
Nous y découvrons aussi que treize sortes de primes coexistent, telles que « l’indemnité de doctorat, pour les titulaires d’une thèse. Ou celle qui gratifie de 375 euros mensuels les chauffeurs de ‘personnalités politiques’ ».
Challenges révèle encore que les fonctionnaires peuvent obtenir 25 jours de congés supplémentaires qui s’ajoutent à leurs 5 semaines dues. Pis, certains « stakhanovistes et des tire-au-flanc » font en sorte de ne jamais assumer de travail de nuit tout en bénéficiant des primes attachées aux heures nocturnes. Ce que nous avions dénoncé en juin dernier !
Enfin, et nous l’avions également dévoilé lorsque nous avions révélé le rapport interne (toujours non public) des deux secrétaires généraux de l’Assemblée nationale, les retraites s’élèvent à 7 000€ par mois pour un administrateur, 3 500€ pour une secrétaire et 2 900€ pour un chef d’agents. Ce qui est plutôt conséquent, en comparaison de la retraite moyenne française (1 300€).
Pourtant, ces chiffres ne semblent choquer ni le premier questeur, François Bachelier, ni un conseil du président de l’Assemblée qui n’y voit « rien d’incongru ». À croire qu’ils ne vivent pas dans le même monde que le nôtre. Ahurissant !
Cette enquête confirme nos travaux
L’enquête de Challenges confirme notre étude, comme celle du Parisien et d’Europe 1. Si certains salaires sont ici plus faibles que ceux que nous avions énoncés, globalement nos conclusions et calculs concordent. L’Assemblée nationale refusant de fournir un taux de prime par catégorie, nous avions appliqué un taux moyen à tous. Elle confirme également notre dénonciation de la distribution infondée des primes de nuit et des avantages en congés. Tous la perçoivent, qu’ils aient ou non bien effectué ces heures.
Ainsi convergent les conclusions de toutes les enquêtes citées : celle des deux députés, celle du journaliste de Challenges et celle de l’IREF. Toutes démontrent donc, entre autres, que les secrétaires ont des taux de primes plus élevés que ceux des agents, que certaines primes de nuit sont totalement indues et les avantages en congés, non justifiés.
Notre étude exploratoire, que l’ancien président du Palais Bourbon n’avait pas hésité à qualifier de mensongère, était donc en réalité très proche de la vérité. Elle aura, sans doute, permis à certaines langues de se délier et à certains observateurs de poser les bonnes questions.
Parmi les groupes de vieux-croyants présents dans la partie orientale de la vaste Fédération de Russie, les branches avec prêtres (popovtsy) se révèlent les plus dynamiques, tandis que les courants sans clergé (bezpopovtsy) souffrent de vieillissement, rapporte Danila Rygovskij (doctorant à l'Université européenne de Saint-Petersbourg) dans un article publié en allemand par le mensuel Religion & Gesellschaft in Ost und West (déc. 2017). Rappelons que les circonstances postérieures aux réformes associées à la figure du patriarche Nikon (1605-1681) et au schisme entre vieux-croyants et Église russe amenèrent les vieux-croyants à être privés de clergé (sauf ceux qui acceptaient des prêtres se ralliant à eux), mais des groupes parvinrent à reconstituer des épiscopats au 19e et au 20e siècle grâce à la défection d'évêques qui les rejoignirent.
L'un des plus importants courants de vieux-croyants en Russie, l'Église orthodoxe russe vieille-ritualiste (hiérarchie de Belaïa Krinitsa), compte pas moins de quatre éparchies en Sibérie. La plupart des églises du groupe y ont été construites ou rénovées au cours des vingt dernières années. L'implantation est surtout urbaine et les membres ont un niveau de formation plutôt élevé, dont nombre de personnes dans des professions libérales, signale Rygovskij. Ce groupe développe une activité missionnaire vers des groupes de vieux-croyants sans prêtres et est aussi celui qui accueille le plus de néophytes : des personnes jeunes ou d'âge moyen, qui se convertissent au vieux-ritualisme sans origines familiales dans ce milieu, qu'ils associent à la préservation de l'héritage russe.
Autre branche de vieux-croyants avec prêtres, mais organisée au 20e siècle, l'Église vieille-orthodoxe russe (hiérarchie de Novozybkov) serait particulièrement implantée dans des zones méridionales de la Sibérie (en Bouriatie et dans l'oblast de Keremovo). Connue pour son activité éditoriale (ses publications, qui ont pu être éditées même pendant la période soviétique, sont appréciées dans les autres groupes de vieux-croyants), ce groupe entreprend également une activité missionnaire en direction des groupes sans prêtres.
Parmi ces derniers, l'Église vieille-orthodoxe pomore (pomorcy) est présente en Sibérie, mais son activité y est mal connue, et c'est surtout aux tchassovennyïe(moins structurés) que l'auteur prête attention. Des ermitages dans le bas Ienisseï sont leur centre spirituel. On trouve aussi parmi eux un groupe descendant de vieux-croyants émigrés aux États-Unis et revenu récemment en Russie pour s'installer dans la région du Primorié. Prudents envers les personnes extérieures et nullement enclins à une activité missionnaire, les tchassovennyïe manquent de dirigeants bien formés. L'interdiction des alliances matrimoniales jusqu'au septième degré de parenté dans cette branche des vieux-croyants pose également des difficultés pour les mariages avec des personnes de même orientation religieuse, relève Rygovskij.
« Certaines gens ont la rage de faire des vilenies à leur prochain, souvent sans aucune raison. Un monsieur haut gradé, des plus décoratifs, plaque à la poitrine, vous serre la main, vous tient des propos élevés, pour aussitôt vous faire en public une crasse, une crasse plus digne d’un gratte-papier que d’un monsieur portant plaque à la poitrine et tenant des propos élevés ; vous demeurez stupide, et ne pouvez que hausser les épaules. »
« Que chacun accomplisse son œuvre, en priant en silence. La société ne sera régénérée que lorsque chacun en particulier s’occupera de soi et vivra chrétiennement, en servant Dieu selon ses moyens et en s’efforçant d’exercer une bonne influence sur son entourage. Tout s’arrangera alors ; des rapports normaux s’établiront d’eux-mêmes entre les hommes ; les limites légales de tout seront fixées. Et l’humanité progressera... Ne soyez pas des âmes mortes, mais des âmes vivantes. Il n’y a pas d’autre porte que celle qu’a indiquée Jésus-Christ, et quiconque veut s’introduire autrement est un larron et un brigand. »