Les lèvres mensongères font horreur à l'Éternel, tandis que ceux qui agissent avec fidélité lui sont agréables. Proverbes 12:22 «C'est ce qui sort de l'homme qui le rend impur. En effet, c'est de l’intérieur, c'est du cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées, les adultères, l'immoralité sexuelle, les meurtres, les vols, la soif de posséder, les méchancetés, la fraude, la débauche, le regard envieux, la calomnie, l'orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et rendent l'homme impur.» Marc 7:20-23 Un témoin fidèle ne ment pas, tandis qu’un faux témoin dit des mensonges. Proverbes 14:5 « Vous, vous avez pour père le diable et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement et il ne s'est pas tenu dans la vérité parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, il parle de son propre fond, car il est menteur et le père du mensonge. » Jean 8:44 Si les paroles distinguées ne conviennent pas à un fou, les paroles mensongères conviennent d’autant moins à un noble. Proverbes 17:7 « Écarte de ta bouche la fausseté, éloigne de tes lèvres les détours ! Proverbes 4:24 Craindre l'Éternel, c'est détester le mal. L'arrogance, l'orgueil, la voie du mal et la bouche perverse, voilà ce que je déteste. » Proverbes 8:13 « Pierre lui dit : «Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, au point que tu aies menti au Saint-Esprit et gardé une partie du prix du champ? […] Comment as-tu pu former dans ton cœur un projet pareil? Ce n'est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu.»Actes 5:3-4Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les enchanteurs, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l'étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort.Apocalypse 21.8

dimanche 11 août 2019

"PARAKLITOS" et non "PERIKLYTOS"

Réfutation de l'affirmation commune des Musulmans selon laquelle Jésus-Christ avait prophétisé la venue de Mahomet.

Ce qui suit est extrait du livre,
Facing Islam, What the Ancient Church has to say about the Religion of Muhammad
Par Ralph Sidway

Celui à venir est le Saint-Esprit, pas un faux prophète d'Arabie


1. Preuve manuscrite

Fragment p75 du papyrus de Bodmer,
montrant Jean 14: 9-26a, avec le mot grec Παράκλητο “Paraklitos” aux versets 16 et 26.
Les tentatives des Musulmans de prouver que Mahomet avait été prophétisé par Jésus comme le «messager à venir» sont généralement basées sur ces passages de l'évangile de saint Jean:

«Et je prierai le Père et il vous donnera un autre "secoureur" [grec: Paraklitos], afin qu'il puisse demeurer avec vous pour toujours» (Jn 14, 16).

«Néanmoins, je vous dis la vérité. C'est à votre avantage que je m'en aille; car si je ne m'en vais pas, le Secoureur [grec: Παράκλητο] ne viendra pas à vous; mais si je m'en vais, je vous l'enverrai »(Jn 16, 7).

Les apologistes musulmans voudraient nous faire croire que le Nouveau Testament a été corrompu afin d'éradiquer les prophéties sur Mahomet. Ils prétendent que le vrai mot grec dans ces versets devrait être Periklytos, pas Parakletos. Periklytos peuvent être traduits par «glorieux», de sorte que les musulmans soutiennent qu'il se réfère à Muhammad (dont il est parlé dans la sourate 61: 6 comme Ahmad), dont le nom signifie «celui qui est loué [ou glorieux]».

Ceci est bien sûr absurde, mais il est instructif pour nous de nous tourner vers la preuve manuscrite, qui est indéniable. Il existe en fait plus de soixante-dix manuscrits grecs du Nouveau Testament, datant tous de bien avant l'époque de Mahomet, et qui prouvent tous que le mot grec original utilisé dans Jean 14:16, 14:26 et 16 : 7 c'est Parakletos. Deux des plus anciens manuscrits, Codex Sinaiticus (milieu du 4ème siècle) et Codex Alexandrinus (fin du 4ème ou début du 5ème siècle), sont actuellement conservés au British Museum de Londres et peuvent être examinés. Le manuscrit complet le plus ancien du Nouveau Testament, Codex Vaticanus (début du IVe siècle), confirme également l’utilisation de Parakletos dans ces versets. Le fragment encore plus ancien du papyrus Bodmer de l’Evangile de Saint Jean (environ 200 après JC) confirme également l’utilisation de Parakletos au chapitre 14: 16, 26.


Même le P. Theodore Pulcini, dans son livret Face To Face, s'oppose vivement à la doctrine islamique du tahriff et nous fournit un résumé pertinent de notre discussion sur les preuves manuscrites de l'Ancien et du Nouveau Testament:

Quiconque a étudié les manuscrits des Écritures juive et chrétienne sait qu'il n'existe aucune preuve de la corruption posée par la doctrine du tahriff. En fait, la preuve manuscrite, si elle établit quoi que ce soit, établit avec quel soin les textes de l'Ancien et du Nouveau Testament ont été transmis.

2. Il ne peut pas être un homme.


Au-delà de la preuve matérielle manuscrite, nous notons que la venue du Saint-Esprit est prophétisée par son nom tout au long des Evangiles et dans les Actes (par exemple, Jn 1:33, Jn 7:39, Mt 28:19, Actes 1: 4- 5) Il est clair qu'il ne peut pas être un homme. Il - le Saint-Esprit, le Parakletos - est quelqu'un de beaucoup plus grand avec un ministère et une mission spécifiques. Dans le seul contexte de l’Evangile de Saint Jean, nous le voyons très clairement:

Il n'est pas une simple personne humaine:

«Il demeurera avec vous pour toujours» (Jn 14, 16).

«Il sera l'Esprit de vérité» (Jn 14, 17).

«Il habite avec vous et demeurera en vous» (Jn 14, 17).

Il témoignera de Jésus Christ:

"Le Père l'enverra au nom de mon [Jésus]" (Jn 14, 26).

“[Il] vous rappellera tout ce que je vous ai dit” (Jn 14, 26).

«Il me glorifiera» (Jn 16, 14).


En conclusion, dans un seul verset, la personne du Saint-Esprit est spécifiquement identifiée comme le Paraklitos, le Secoureur:

«Mais le Paraklitos], le Saint-Esprit, que le Père enverra en mon nom, il vous enseignera tout et vous rappellera tout ce que je vous ai dit» (Jn 14, 26).

De manière décisive, le témoignage universel de l’Église, depuis l’époque du Christ jusqu’au présent, témoigne de la juste compréhension de qui est l’assistant, le Parakletos. Et, comme nous le savons, puisque le Saint-Esprit glorifie Jésus-Christ et prend ce qu’il appartient à Christ et le fait savoir à ses disciples, c’est-à-dire tout enseignant ou «prophète» qui nie Jésus-Christ, qui va à l’encontre de la révélation donnée par Christ, qui conteste ou contredit les enseignements du Christ - qui sont tous incarnés et vécus par l'Église orthodoxe - est de l'esprit de l'Antéchrist.

Saint Grégoire Palamas a tenu le même argument sous forme de question rhétorique en répudiant ses ravisseurs musulmans:

L'évangéliste dit: «Tout esprit qui ne confesse pas que Jésus-Christ est venu dans la chair n'est pas de Dieu» (1 Jn 4: 3a). Comment accepterons-nous un livre [le Coran] qui dit qu’il viendra un [Muhammad] de Dieu, qui n’est pas réellement le Seigneur, lorsque l’évangéliste déclare qu’il n’est pas de Dieu, s’il ne confesse pas que Jésus, est venu dans la chair, est le Seigneur? Ce n'est pas possible, non. (Patriarche Philothée Kokkinos, La vie de Grégoire Palamas, p. 369.)

Saint Grégoire ne cite pas la dernière partie de 1 Jn 4: 3 («Ceci est l'esprit de l'Antéchrist»), mais son propos est mis en exergue.

De même, l'apôtre Paul contrevient à cet esprit et évoque prophétiquement les affirmations de Mahomet dans sa deuxième lettre aux Corinthiens, où il répudie les faux apôtres:
Mais ce que je fais, je le ferai encore, pour retrancher l'occasion à ceux qui cherchent l'occasion; afin qu'en ce de quoi ils se glorifient, ils soient aussi trouvés tout tels que nous sommes.Car tels faux Apôtres sont des ouvriers trompeurs, qui se déguisent en Apôtres de Christ. Et cela n'est pas étonnant : car satan lui-même se déguise en Ange de lumière.
Ce n'est donc pas un grand sujet d'étonnement si ses ministres aussi se déguisent en ministres de justice; [mais] leur fin sera conforme à leurs œuvres (2 Cor 11: 12-15)

3. Le témoin apostolique

En condamnant ceux qu’il appelle sarcastiquement les «super apôtres», saint Paul condamne Mahomet (et tous ceux qui lui ressemblent), dont les motivations ne sont pas pures, ni l’amour de Dieu et de son prochain, mais qui maltraitent les autres et s’exaltent pour en tirer profit:

Car vous supportez volontiers les imbéciles, puisque vous êtes vous-même des sages! Car vous le supportez si on vous met dans l'esclavage, si on vous dévore, si on vous enlève, si on s'exalte, si on vous frappe au visage (2 Cor 11: 19-20).

Nous ne devons pas hésiter à affirmer que la meilleure preuve contre les affirmations des Musulmans selon lesquelles soit (1) Mahomet a été prophétisé dans l'Ancien ou le Nouveau Testament, soit (2) les Hébreux et les Chrétiens ont déformé délibérément leurs écritures, supprimant ainsi l'enseignement islamique, est le suivant : intégrité du témoignage apostolique, qui se traduit par la continuité même du témoignage vivant de l'esprit du Christ, de l'esprit des Pères, de l'esprit de la Sainte Église orthodoxe.

La Sainte Tradition, que nous savons être la vie du Saint-Esprit dans l'Église, ne connaît nulle part l'enseignement d'un «prophète» susceptible de naître après le Christ. De vrais prophètes sont apparus et continueront de naître du sein de l'Église, mais ce sont des croyants en Jésus-Christ, inspirés par le Saint-Esprit, et le témoignage de leur vie sainte et de leur foi orthodoxe témoigne de leur fidélité à Jésus Christ et digne d'être entendu.


4. Les propres paroles du Seigneur

Selon les paroles du Seigneur, un faux prophète sera toujours rejeté par le vrai troupeau:


10:1 En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui n'entre pas par la porte dans la bergerie, mais qui y monte par ailleurs, est un voleur et un brigand.

10:2 Mais celui qui entre par la porte est le berger des brebis.

10:3 Le portier lui ouvre, et les brebis entendent sa voix; il appelle par leur nom les brebis qui lui appartiennent, et il les conduit dehors.

10:4 Lorsqu'il a fait sortir toutes ses propres brebis, il marche devant elles; et les brebis le suivent, parce qu'elles connaissent sa voix.
10:5 Elles ne suivront point un étranger; mais elles fuiront loin de lui, parce qu'elles ne connaissent pas la voix des étrangers.
10:6 Jésus leur dit cette parabole, mais ils ne comprirent pas de quoi il leur parlait.
10:7 Jésus leur dit encore: En vérité, en vérité, je vous le dis, je suis la porte des brebis.
10:8 Tous ceux qui sont venus avant moi sont des voleurs et des brigands; mais les brebis ne les ont point écoutés.
10:9 Je suis la porte. Si quelqu'un entre par moi, il sera sauvé; il entrera et il sortira, et il trouvera des pâturages.
10:10 Le voleur ne vient que pour dérober, égorger et détruire; moi, je suis venu afin que les brebis aient la vie, et qu'elles soient dans l'abondance.
10:11 Je suis le bon berger. Le bon berger donne sa vie pour ses brebis.
10:12 Mais le mercenaire, qui n'est pas le berger, et à qui n'appartiennent pas les brebis, voit venir le loup, abandonne les brebis, et prend la fuite; et le loup les ravit et les disperse.
10:13 Le mercenaire s'enfuit, parce qu'il est mercenaire, et qu'il ne se met point en peine des brebis. Je suis le bon berger.
10:14 Je connais mes brebis, et elles me connaissent,
10:15 comme le Père me connaît et comme je connais le Père; et je donne ma vie pour mes brebis.
10:16 J'ai encore d'autres brebis, qui ne sont pas de cette bergerie; celles-là, il faut que je les amène; elles entendront ma voix, et il y aura un seul troupeau, un seul berger.
10:17 Le Père m'aime, parce que je donne ma vie, afin de la reprendre.
10:18 Personne ne me l'ôte, mais je la donne de moi-même; j'ai le pouvoir de la donner, et j'ai le pouvoir de la reprendre: tel est l'ordre que j'ai reçu de mon Père.
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samedi 10 août 2019

Modernité et Orthodoxie par Mgr Jovan

Le monde moderne fonctionne comme un marché planétaire unique sur lequel tout est vendu et acheté: territoires physiques, biens et objets, «monnaie électronique» virtuelle, valeurs boursières, identité et souveraineté, mémoire, âme, et même passé et avenir! Le principe de l'économie de marché est apparu comme universellement valable, concernant non seulement l’ économie, mais également la vie humaine en son entier. La vie de l’humanité, et de chaque être humain sous tous ses aspects, dans tous les fuseaux horaires, dépend des lois et mécanismes impersonnels et impitoyables de  l’économie de marché, de la dynamique agressive de l’offre et de la demande, de la production et de la consommation, input and output.L'esprit de cette civilisation de consommation moderne, "la civilisation de transformation d’un être humain en une chose", est l'esprit d'avidité et de convoitise, "une faim insatiable de choses et de leur possession".

En fait, l’un des traits fondamentaux de la civilisation moderne, «le carburant» de son progrès et de son développement, est ce «développement» artificiel de cette faim insatiable des hommes, ou plus précisément de la passion de posséder et de dépenser, une faim qui ne peut être satisfaite, puisque, comme nous le savons par la Tradition des Pères ascétiques de l'Église, la passion peut ne pas être «satisfaite»; plus elle est pratiquée, plus elle se développe et imprègne l'homme, le subordonne, réduit sa liberté, aspire son énergie vitale, rétrécit l'horizon de sa personne à l’image de Dieu, engourdit ses sens corporels et spirituels, paralysant les pouvoirs mentaux de son âme,  perturbant l’équilibre psychologique et psychique de sa personnalité, causant des maladies physiques et mentales, jusqu’à amener l’homme à la ruine complète de son esprit et de sa vie, voire à sa mort physique.


Le mode de vie économique susmentionné ; la vie d’idolâtrie d’une économie divinisée, le progrès économique et l'amélioration du niveau de vie sont imposés aux peuples et aux nations du monde, qu’ils le veuillent ou non, à travers tous les systèmes de civilisation, par des élites politiques, économiques et médiatiques mondiales qui  de manière organisée et systématique – en  agissant "dans l’ombre" des institutions politiques légales, mais en réalité hors de leur contrôle réel –  gèrent "l'ingénierie anthropologique et sociale" ou la production d'une société idéologiquement éligible et "politiquement correcte" , c’est-à-dire un «homme nouveau» pour une «société nouvelle», l’homme n’est plus «à l’image et à la ressemblance de Dieu» (1 Moïse 1: 4), mais à «l’image et à la ressemblance» de ce monde et de ses idéologies humaines et divines , ses «préjugés, convoitises et cupidité»; un monde qui s'appellerait lui-même «la société ouverte du futur» ou l'ère du triomphe mondial de la démocratie libérale comme «la fin de l'histoire».

C’est le monde dans lequel nous vivons en tant que chrétiens orthodoxes au XXIe siècle. Cependant, l'expérience pastorale vivante de l'Église, de ses hiérarques, pasteurs et bergers, indique que, dans un tel monde, «le labyrinthe sans fin de l'âme humaine et de son être demeure» ouvert, affamé et assoiffé; dans ce monde, il y a toujours la soif de vérité, la soif de la vraie vie qui dépasse sans cesse la logique économique (néo) libérale et la techno-métaphysique du «libre marché», ainsi que le nihilisme de la dynamique achat-vente et de la mentalité de consommateur , qui fait de l'homme un sujet personnel de l'histoire un objet sans visage, victime de son propre rejet de Dieu, de sa propre «convoitise de la chair, convoitise des yeux, et de l’orgueil de la richesse» (1 Jean 2:16). En tant que «consommateur», il est effectivement consommé et tombe dans une forme d'existence non historique. De cette façon, par le «lavage de cerveau (et de l'âme)» centré sur l’économie, imposant l'idolâtrie du faux dieu de l'argent, ce Mammon «du progrès économique» et de «la croissance du niveau de vie» présentés comme inéluctables [qui ne peut être servi si le Dieu vivant est servi (Matthieu 6, 24)], ils sont dépouillés de toute conscience historique, de l’historicité et du «rejet de l’histoire» - non seulement des individus, mais aussi des nations – les persuadant de la prétendue «fin de l’histoire (ancienne)». ) et les incitant à un "renouveau " du royaume terrestre humain et divin. Ainsi, l’idéologie géoéconomique du «marché libre», c’est-à-dire la religion de l’éconocentrisme mondial, sert à la destruction apocalyptique et à la destruction du tissu divin et humain de l’histoire en tant que point de rencontre de Dieu et de l’être humain, lieu de rencontre et de partage, de coopération de Dieu et de l'être humain, dont le but est le salut et la déification de tout et de tous, jusqu'à ce que «Dieu devienne tout en tous» (1 Corinthiens 15: 28).

 L'augmentation du niveau de vie, comme le montrent les exemples des pays occidentaux les plus développés sur le plan économique (qu'ils soient géographiquement occidentaux ou géographiquement orientaux), ne contribue en rien à «résoudre» les problèmes existentiels les plus profonds de l'être humain et les dilemmes, tels que la question de la signification de la vie personnelle et collective de l'être humain dans l'histoire. " Au contraire, comme l’indiquent les données statistiques année après année - sur la base de recherches scientifiques sérieuses - dans les pays où le niveau de vie est le plus élevé, le nombre de patients souffrant de dépression aiguë et de dépression chronique est proportionnellement plus élevé que dans les pays économiquement plus pauvres, le taux de suicide est proportionnellement plus élevé, de même que le taux de divorce (non seulement pour les mariages, mais également pour les unions extraconjugales), ainsi que le pourcentage de patients toxicomanes. «L’activisme immodéré de l’homme occidental, né de la convoitise excessive pour acquérir des choses et des  connaissances, et de la direction artificielle de la civilisation humaine, a provoqué de profonds stress, de la fatigue et des maladies, tant physiques que mentales."

En ce qui concerne le fait que la personne est le sujet de l’histoire ou le centre de la vie historique de toute société humaine, cette morbidité spirituelle de la personne est transférée à la vie de la communauté construite par cette personne dans l’histoire. La société malade est toujours une société de personnes malades (spirituellement, moralement)qui la constituent. C’est pourquoi une société historiquement (spirituellement, moralement) malade ne peut être traitée par des lois, des activités politiques, juridiques, économiques, médiatiques et éducatives «d’en haut», mais uniquement par la renaissance spirituelle et morale de ses membres, qui est naturellement possible uniquement par la vie en Christ, par une vie de repentance et de purification dans l’Église, par l’acte moral de se confronter à son propre péché et de s’auto-limiter dans ses propres désirs passionnés, selon les paroles prophétiques, au réveil moral de la société moderne. Aleksandr Isayevich Solzhenitsyn.

La culture new age, fondée sur le culte du ratio et de la connaissance rationnelle, et la civilisation technique et technologique qui en découle: «s’est répandue depuis le début, essayant de maîtriser le monde entier par la violence. La convoitise pour les choses qui la caractérise et la civilisation technique qui en dérive ont créé l’homme unidimensionnel, séparé non seulement de sa Source primordiale [i.e. Dieu, conformément à l'image et la ressemblance selon lesquelles il a été créé], mais aussi séparé des autres [voisins, fils de Dieu, frères en Dieu] et de la nature elle-même [càd Dieu, c’est la demeure donnée par Dieu dans laquelle nous devrions le servir avec gratitude.] "Plus l’homme moderne possède et dépense, utilisant des moyens techniques comme moyens pour maîtriser les choses et satisfaire sa soif de posséder, plus il ressent le manque essentiel et la privation, plus il maîtrise la nature sur le plan technique, plus il s'en éloigne et lui devient étranger.

Tout cela indique une vérité plus profonde, recouverte d'événements tragiques d'ordre historique et spirituel du XXe siècle et du début du XXIe siècle: cet homme, créé à «l'image et à la ressemblance de Dieu» (1 Moïse1: 27), a besoin de beaucoup plus que de simple «pain» et divertissements et des «jeux sans frontières» du consommateur. L'homme contemporain, en tant qu'homme de tous les siècles passés, a également besoin de l'éternel et impérissable qui ne peut être ni acheté ni vendu, de la perle inestimable évangélique qui incite l'homme à abandonner tout ce qu'il possédait (Matthieu 13: 45), cela ne peut être "dépensé", un trésor inépuisable de salut et de déification: «Une eau qui étanchera la soif à jamais» (Jean 4.14). 

Qu'est-ce qui rend une vie humaine pleine de sens ? Plus que la simple existence et la survie? Ou la vie de l'être réel ? C’est la vie consciente et responsable en Vérité, mais pas dans l’une des «vérités humaines ni dans toutes les vérités humaines réunies, mais dans la Vérité du Dieu vivant, comme cette vérité en elle-même est la vie» (Jean 14: 6), qui ne meurt pas, la vie éternelle (Jean 3:15). Et où est-il possible de trouver la vie dans la vérité? Seulement là où cette vérité habite - dans l'Église du Christ, c'est à dire son Corps, car la vérité chrétienne n'est pas abstraite, mais vivante et hypostatique; c'est la personne du Christ Dieu-homme, qui a dit: Je suis la vérité (Jean 14: 6), dans ses dogmes et sa vision du monde qui est toujours et d'abord liturgique, dérivant de la liturgie qui est un Sacrement de l’Église et Sacrement du Royaume de Dieu, faisant de l'Église ce qu'elle est. La vérité de l'Église est «Personne, Fils incarné et Logos de Dieu, qui est une vérité entière incarnée. La vérité de l’Église est la personne de notre Seigneur Jésus-Christ. »La vérité chrétienne n’est pas apprise comme la somme de faits logiquement corrects ou scientifiquement prouvés, mais elle est reçue en connaissant Dieu, et en premier lieu par la Sainte Eucharistie et la Communion avec la Chair et le Sang du Logos Incarné. « Le Dieu-Homme est l'Église et l'Église est le Dieu-Homme » et donc « ceux qui sont hors de l'Église (= Corps du Christ) sont hors de la Vérité », comme ils sont « hors du Christ » et donc hors de la «religion de la vérité» du Dieu-Homme (2 Sol.2: 12) dans laquelle «rien n'est par l'homme, mais tout est par le Dieu-Homme». La vie dans la vérité est la vie en Christ, une vie de participation au Christ, une vie de «corps commun» dans son corps, une vie liturgique, eucharistique, sacramentelle, de sainte ascèse, de connaissance Dieu.

En effet, la liturgie, en tant qu’événement cosmique et supra-cosmique sacramentel, s’appliquant elle-même au monde entier, à toute l’histoire, mais Eschaton également - la plénitude eschatologique de l’unité de tous et de tout par le Christ en Dieu "- ne peut pas " manquer " de témoigner au monde de sa véritable désignation, qui est la vie en communion avec Dieu. Par conséquent, il n’est pas surprenant que, tout au long de l’histoire de l’Église, les liturgistes de l’Église aient été ceux qui avaient le sens le plus vivant du moment historique, qui pouvaient ressentir avec acuité la question des relations entre contemporain et infini, c’est-à-dire l’Éternité, la tension entre des vérités relatives de l’environnement culturel et de la civilisation dans lesquels ils vivaient et la vérité éternelle de l’Église, par laquelle ils vivaient, vivant dans le Corps du Christ, en Christ.
9. décembre 2016 
Mgr Jovan (Puric)
(version française par  Maxime Martinez de la source)


À SUIVRE

vendredi 9 août 2019

Sur le Blog de Claude : appel à la prière pour Geronda Gabriel souffrant

Staretz Gabriel
Photo : unian.net

Mont Athos, le 9 août 2019

Des prières sont demandées pour le staretz Gabriel du Mont Athos, disciple du grand saint Paisios.

Selon vimaorthodoxias.gr, le staretz souffre beaucoup de zona. Sa santé s'est détériorée au cours des quatre derniers mois et il a cessé de recevoir des visiteurs dans sa cellule.

Le staretz Gabriel est lui-même l'un des startsy modernes les plus aimés. Il a œuvré pendant de nombreuses années dans la cellule de Saint Christodoulos du monastère de Koutloumousiou, près de Karyes, la capitale du Mont Athos, où d'innombrables pèlerins venaient pour obtenir sa bénédiction et entendre une parole pour leur salut.

Le staretz Gabriel faisait partie des douze personnes qui se sont adressées à la sainte communauté du Mont Athos pour défendre l'Église canonique ukrainienne, en protestation contre les actions anti-canoniques du patriarcat de Constantinople dans cette communauté.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Les vidéos ci-dessous offrent un bref aperçu du staretz Gabriel et de ses enseignements ( grec/roumain, avec sous-titres en anglais):


mercredi 7 août 2019

LE BONHEUR D'AIMER DIEU par Père FRANÇOIS de bienheureuse mémoire



Le Père François Brune, né le 18 août 1931, est décédé mercredi 16 janvier 2019. Ordonné prêtre dans l’Église catholique et membre des Sulpiciens, il est devenu à la fin de sa vie, le dimanche d’avant la grande fête de Pâques 2018, prêtre orthodoxe. 

Théologien, professeur, chercheur, le Père François Brune était un grand serviteur de Dieu, mondialement connu. 

Il a écrit une vingtaine d’ouvrages, certains traduits en 7 langues : « Pour que l’homme devienne Dieu » « Les morts nous parlent », « La fracture théologique, un Christ deux christianismes ». 



Sa vie a été un long cri d’amour pour Dieu, vécu dans une grande simplicité et humilité. Dans ses écrits, ses conférences, sa filmographie, il s’est toujours élevé contre une théologie fondée sur saint Augustin et saint Thomas d’Aquin. Il partageait la beauté et la vérité d’une vie qui incluait l’expérience de notre lien intime au divin. Il indiquait la voie de l’Église des premiers siècles, des pères grecs, et des mystiques chrétiens de tous les temps. 



Sans fermer les yeux sur ses faiblesses, il se référait toujours à l’Église orthodoxe comme ayant su garder le message vrai de la foi, inaltéré. Plusieurs de ses livres sont aujourd’hui traduits en russe. Le Père François Brune est devenu orthodoxe à la fin de sa vie. (source)


Voici le texte qui était proposé à l'entrée de la cathédrale de la Sainte Trinité :

"Qui suis-je ? Qui m'a mis là ? Mes parents, bien sûr ! Mais au-delà, avant eux, qui ? Et pour quoi ? Pourquoi dans ce monde, sur cette planète et dans ce pays, dans cette culture, cette religion ? Tout cela a-t-il un sens ? Lequel ? Et que dois-je faire ?
Tout cela, je l'ai personnellement vécu et éprouvé comme ça. Il ne s'agit pas de littérature. Je l'ai éprouvé avec d'autant plus de violence que le monde sortait à peine de la pire guerre de son Histoire. On découvrait peu à peu jusqu'où avaient pu aller les forces de haine dans le cœur des hommes ! L’homme, le seul parmi tous les vivants de cette planète à pratiquer des massacres périodiques de sa propre espèce, accompagnés d'actes de tortures, de recherches raffinées pour humilier, faire souffrir au maximum le groupe adverse avant de l’anéantir !
Mais, entre deux guerres, il y avait toujours des périodes de réconciliation, de bonne entente sur de nouvelles bases. Je devais découvrir que l'ensemble du monde, de la Création, ne connaissait même pas ces périodes de paix. Le monde dans lequel nous vivons comporte deux aspects profondément opposés. D'un côté il est merveilleux : je ne vais pas vous faire tout un passage lyrique sur la splendeur de la nature, des montagnes aux plaines, des fleuves aux océans, des couchers de soleil aux aurores boréales. Je ne vais pas vous décrire l'incroyable fantaisie des différentes formes de vie, sur terre, dans les airs ou au fond des eaux... tout cela vous le savez. Mais il y a aussi un autre aspect : derrière les frondaisons des arbres, à travers les chants variés des oiseaux, dans les profondeurs des océans, toute cette vie grouillante n'est qu'une immense partie de chasse épouvantable, chacun essayant d'échapper à son prédateur, mais poursuivant en même temps sa proie pour arriver à survivre. Au-delà de l'immense paix d'un beau coucher de soleil, il y a la transition entre la chasse de jour et la chasse de nuit qui n'est pas moins impitoyable. Notre corps lui-même est un terrible champ de bataille, non seulement à sa surface, mais en profondeur, entre cellules ! Je veux bien que chacun, selon son tempérament, soit plus sensible à l'harmonie de la nature ou à sa cruauté. Mais, qu'on le veuille ou non, les deux aspects sont là. Je sais qu'il y a aussi l'épisode des amours et des naissances qui nous attendrit toujours dans les films sur les animaux. Mais il ne s'agit que d'une variante au schéma général, car, ces petits, il faut bien les nourrir ! Il n'y a pas de lions végétariens. Il n'y a guère que les herbivores qui seraient des victimes innocentes, encore que l'on commence à deviner que les plantes ne sont peut-être pas totalement insensibles. Alors ?...
Mon tempérament, ma sensibilité, ont fait que je suis toujours resté profondément marqué par cette empreinte du mal dans le monde. J'aurais probablement sombré dans un nihilisme total,  un désespoir profond, si je n'avais pas eu, très tôt, une certaine force en moi qui m'a permis toujours de triompher, tant bien que mal, de ce pessimisme profond.
Cette petite force, c'est la prière ! Dans l'Église catholique et romaine, on ne donne pas la communion, le corps du Christ, aux nouveau-nés, mais seulement vers 7 ou 8 ans. En I938, j'avais 7 ans et je me préparais à cette première communion.
À cette époque-là, on sentait aussi l'approche de la guerre. Je me souviens que, le soir, dans mon lit, je priais le plus longtemps possible, jusqu'à ce que le sommeil l'emporte, pour que cette guerre soit évitée. Je pense que c'est ainsi qu'une certaine rencontre s'est faite entre moi et Dieu. Rien d'extraordinaire, pas d'extase, de paroles intérieures, de vision de lumière et autres phénomènes... Mais une certitude de Sa présence et de Son attention à ce que je Lui disais, la certitude que j'étais important pour Lui parce qu'Il m'aimait ; je n'étais pas non plus plus important que les autres, mais Il nous aimait tous, réellement.

Je crois que c'est ce contact avec Dieu, avec Jésus, qui m'a permis de traverser toutes ces années d'épreuves sans sombrer dans le désespoir. Quand j'avais 15/16 ans, nous habitions une petite ville de la banlieue de Paris. Après les cours de l'après-midi, qui finissaient vers 17 heures, j'allais, presque tous les jours, à la cathédrale qui n'était pas très loin de cette école et je m'y trouvais, seul, dans le silence, pour prier. C'était dans la chapelle de la Vierge, la Mère de Dieu, derrière le Chœur de la cathédrale, une magnifique église gothique du XIIIe siècle qui avait échappé aux bombardements.

J'étais alors en « terminale » et nous étions répartis en deux sections. Les « scientifiques » n'avaient que trois heures de philosophie par semaine, mais dans la section «littéraire », nous avions 9 heures, avec un professeur, ancien croyant, catholique, devenu communiste et athée. Je lui dois beaucoup par ailleurs, mais ce n'est pas lui qui m'a aidé à trouver le sens de ce monde. C'est ma petite prière quotidienne qui m'a aidé à tenir, dans un noir absolu, une incompréhension totale de ce monde et même du silence de Dieu ! Je ne comprenais rien, rien à rien, mais je continuais à Lui faire confiance, peut-être seulement parce que je n'avais aucun autre recours.

Les philosophes ont essayé d'expliquer cet état épouvantable du monde par différentes théories qui ne sont en réalité qu'une autre manière de se résigner à un état de fait, à ce que l'on ne peut pas changer. Ce monde, pour exister, nous expliquent-ils, a besoin de lois complexes, souvent contradictoires. Sans ces lois et les tensions qu'elles génèrent, ce monde ne pourrait pas exister. Dieu lui-même, avec toute Son intelligence, ne pouvait pas inventer, créer, un monde plus simple, sans tous ces conflits. La vache, nous expliquent-ils encore, en se déplaçant, écrase forcément des milliers d'insectes.
C'est la diversité des formes de vie qui engendre forcément tous ces conflits. Mais c'est cette diversité même qui fait la beauté de cet univers. Allez expliquer ça à une mère qui vient de perdre son enfant ! Le philosophe français Teilhard de Chardin, prêtre jésuite, mais aussi paléontologue, complétait ces explications traditionnelles par la notion d'évolution :
Il était physiquement (ou métaphysiquement ?) impossible à Dieu de créer un monde en état de perfection. L'état d‘harmonie du monde, de perfection, ne pouvait être que le résultat d'une longue évolution. Mais jusqu'à ce stade ultime, le mal et la souffrance régneront. 
Le Père Teilhard ne semble pas avoir expliqué, dans aucun de ses ouvrages, pourquoi il était impossible à Dieu de faire autrement. C'était, semble-t-il, pour lui, formé par la paléontologie, une évidence.

Dans ce monde sans cesse bouleversé par des guerres, des révolutions, des révoltes, des complots, des attentats, comment trouver un sens à tout cela et comment donner un sens à sa propre vie ?

« Oh, puissions-nous être nos arrière, arrière-grands-parents ! Une aile de mouette, une tête de libellule, ce serait déjà trop et souffrirait déjà trop » s'exclamait  Gottfried Benn, grand poète allemand, mais aussi chirurgien pendant la dernière guerre.

On se souvient de l’apologue imaginé par le philosophe français Henri Bergson : Le monde serait heureux, harmonieux, mais tout ce bonheur ne serait possible que parce que, quelque part, loin des regards, quelqu'un serait sans cesse horriblement torturé. Alors, disait le philosophe, plutôt rien, le néant, pas de monde heureux, plutôt que cette monstruosité !

Que de fois j'aurais anéanti le monde ! Oui, plutôt rien que tant de souffrance !

Ce monde n'est évidemment pas celui que Dieu a voulu ! C'est un monde détraqué, faussé. Même cette lutte permanente pour survivre, aux dépens des autres, en ne sauvant sa vie que par la mort des autres, ce monde ne peut pas avoir été conçu, voulu par Dieu ainsi.

Je me rappelle que, dans son autobiographie, le cardinal Newman (théologien de l'Église anglicane devenu catholique), cherchant à rendre évidente la tradition du « Paradis Perdu » rapportée dans le premier livre de la Bible, en était arrivé à une démonstration très simple, mais très efficace. J'en reprends ici l'idée : Descendez dans la rue ou dans le métro et regardez la tête des gens. De toute évidence, ce sont les survivants d'une catastrophe cosmique épouvantable dont les visages gardent le reflet. Ce ne sont pas des créatures rayonnantes de bonheur, heureuses de vivre, souriantes, épanouies, se sentant protégées par la bienveillance de tous, ni surtout attirées par Dieu. Ce n'est pas ce monde-là que Dieu a créé. Ce n'est pas possible ! Lisez les journaux, regardez les émissions de télévision, partout on se tue, on se mitraille. Même dans les opéras les nouveaux compositeurs remplacent la musique par des bruits de vaisselle que l'on casse à coups de marteau ou des grincements de porte et autres bruits désagréables, C'est bien le reflet de notre monde !

On trouve dans les littératures anciennes des textes de Stoïciens où un de ces philosophes, pour consoler un père qui vient de perdre son fils, lui explique : « un beau vase s'est brisé ! Mais tu savais bien que les vases sont fragiles ! ». Les bouddhistes, qui semblent avoir eu un lien avec nos Stoïciens, incitent de même leurs adeptes à ne pas trop aimer ceux qui partagent leur vie. Ils souffriront moins lorsque le malheur arrivera. C'est un renoncement à vivre pleinement, un demi-suicide ! Cela n'explique rien ; cela n'explique pas pourquoi le monde est dans cet état. C'est une sorte d'essai pour « faire avec », pour continuer à vivre quand même.

Tous ces essais d'explication de l'état de ce monde n'impliquent l'existence et l'action d'aucun Dieu créateur, tout au plus évoquent-ils un Dieu honoraire, sans lien réel avec ce monde. Les scientifiques  aujourd'hui sont de plus en plus ouverts à l'idée d'un Dieu créateur de toute l'immensité de l'univers. Mais l'essentiel n'est pas leur accord. Comme le disait Paul Evdokimov, théologien français de la communauté russe émigrée : « On ne prouve pas l'existence de Dieu, on l'éprouve. » Et ce n'est pas là un simple jeu de mots. Il rejoignait ainsi l’affirmation d'Évagre le Pontique, moine du IVe siècle «  Nul n'est théologien, s'il n'a vu Dieu. » Voir Dieu, l'éprouver ! C'est la seule vraie connaissance de Dieu, loin de tous les concepts philosophiques. Or, ce qu'éprouvent tous les mystiques, c'est non seulement son immensité, sa puissance, mais surtout son amour. Dieu est l'Amour absolu. Il n'a donc certainement pas créé un monde à moitié rongé par la haine et la souffrance. N'est sorti de Lui que de l'amour. L'expérience des mystiques est aujourd'hui confirmée par le témoignage de millions et même de dizaines de millions de personnes que l'on a crues mortes pendant quelques secondes, parfois quelques minutes, mais qui sont revenues à la vie de ce monde en rapportant l'expérience extraordinaire qu'elles avaient vécue pendant cette mort provisoire. J‘ai recueilli une anthologie de ces récits dans « Les morts nous parlent ». Il y a bien quelques variantes d'un récit à l'autre, mais le schéma central reste toujours le même : la rencontre d'un Amour inimaginable, total, infini, quoi  que l'on ait fait. Pas le moindre reproche, la moindre volonté de vous humilier. Certes, on y découvre aussi tout le chemin qu'il nous faudra faire pour rejoindre cet Amour, mais il n'y a que de l'Amour. Ces témoins ne savent pas trouver de termes assez forts. Ils se sont sentis « submergés » d'amour,  « écrasés » d'amour. le récit du Livre de la Genèse fausse tout. Dieu ne nous a jamais chassés de son Amour ! Ce serait se renier Lui-même, renier ce qui le constitue. Ce Dieu-là n'a pas créé pour nous un monde brisé, gangrené par le mal, comme une sorte de piège tendu, pour voir comment nous réagirions. Il ne fait pas des expériences avec nous comme nous le faisons avec des rats. Les épreuves, les horreurs de ce monde-là ne viennent pas de Dieu. Non. de Lui ne peut venir que de l’Amour, sans calcul, sans ruse. Dieu ne joue pas avec nous, nos vies, nos sentiments. Le mal qui est dans ce monde ne peut pas venir de Lui !

Contrairement à ce que racontent bien des philosophes et même des théologiens, Dieu, créateur de milliards de galaxies, sait très bien faire un monde sans souffrance et sans mal. Il l'a fait et des millions de morts provisoires ou de mystiques en sont témoins. Ils ont vu ou plutôt aperçu, lors d'une brève expérience, ces mondes de l'au-delà, en pleine harmonie, dans le bonheur, la joie, sans souffrance, mais aussi sans haine, sans rivalités, sans désir de domination, sans orgueil.

Alors, d'où vient ce mal ? Pourquoi ne sommes-nous pas déjà dans ces mondes-là ? Le problème, c'est que pour vivre dans ces mondes-là, dans ces mondes d'amour, il faut être capable d'aimer comme ceux qui y vivent déjà. L'amour ne s'impose pas. Il ne peut naître que dans une totale liberté. Or l'amour, c'est la seule chose que Dieu ne sait pas faire, qu'il ne peut pas créer. Il peut le solliciter, essayer de l’évoquer, de l’inspirer, mais Il ne peut pas le créer. Il aurait pu nous faire mille fois plus intelligents, capables de battre en calcul les ordinateurs les plus puissants. Il aurait pu nous faire capables de voler comme les oiseaux ou même de plonger dans l'espace comme les fusées. Il aurait pu nous créer hors d'atteinte de tous les virus, du feu et de l'eau. Dieu a su créer les fleurs, des milliards de fleurs, toutes différentes.
Il a même su créer le sourire d'un bébé heureux, ce qui est probablement le sommet de la Création. Mais il ne pouvait pas faire des machines capables d'aimer. Cette force mystérieuse qui fait justement le bonheur des saints, des mystiques et de ces morts provisoires est d'une nature différente de tout le reste. Dieu ne peut pas la créer directement. Cette force mystérieuse ne peut venir que de chacun de nous, du plus profond de chacun de nous. Les robots peuvent faire des choses extraordinaires, mais ils ne peuvent pas aimer. Dieu n'attend pas de nous l'obéissance mécanique des robots : ni même des esclaves ou des domestiques, guettant pour leur obéissance une petite gratification, peut-être une augmentation de salaire ou une promotion. L'amour est quelque chose de si merveilleux que Dieu même ne peut pas le créer en nous, le faire surgir en nous, sans nous. Il peut nous offrir de participer à son Amour, d'aimer avec Lui, en Lui, mais pour cela Il lui faut notre consentement. L'amour implique toujours une totale liberté. Dieu ne veut pas être toléré ; Il veut être invité, attendu, espéré, désiré. Si nous ne Le désirons pas, son amour ne pourra pas nous rendre heureux. Cela veut dire que nous pouvons accepter son Amour ou Le refuser. Il semble bien que nous tous, sur cette planète, nous n'ayons pas vraiment accepté, désiré l'Amour de Dieu.

François Varillon, reprenant Maurice Zundel, un grand spirituel et mystique suisse du siècle dernier, a fort bien analysé ce qu'implique l'amour :

« L'aimant dit à l'aimé: « Tu es ma joie », ce qui signifie « Sans toi je suis pauvre de joie ». Ou bien: « Tu es tout pour moi », ce qui veut dire: « Sans toi je ne suis rien ». Aimer, c'est vouloir être par l'autre et pour l'autre... Le plus aimant est donc le plus pauvre. L’infiniment aimant – Dieu – est infiniment pauvre...

Amour et volonté d'indépendance sont incompatibles, sinon en surface. Le plus aimant est donc le plus dépendant. L'infiniment aimant – Dieu – est   infiniment dépendant (ce qui est inintelligible si Dieu n'est pas pur Amour, je veux dire si on cède au prurit imaginatif de concevoir l'amour comme un aspect de Dieu, et non comme son être même, aussi infiniment intense qu’ infiniment pur) « L'aimant dit à l'aimé : « je ne puis te regarder de haut sans manquer à l'amour ». Si l'aimant est en quelque manière plus grand que l'aimé, son amour n'est amour que dans l'acte où il nie sa supériorité et se fait l'égal de l'aimé. Le plus aimant est donc le plus humble. L’infiniment aimant – Dieu – est  infiniment humble.
C'est pourquoi on ne peut voir Dieu dans la vérité de son Être qu'en considérant le Christ, qui signifie l'humilité divine par le geste du lavement des pieds. »

Je suis sûr que bien des croyants poursuivent intérieurement un dialogue avec quelque défunt qu'ils ont fortement aimé, ou avec leur ange-gardien, la Mère de Dieu ou avec Dieu lui-même. Pour moi, c'est, le plus souvent, directement avec le Christ. Oh, je ne suis pas dupe, je sais bien que n'importe qui me dira que c'est moi qui fais les demandes et les réponses. C'est sûrement un peu vrai. Mais les saints et surtout les mystiques ont tous connu et pratiqué ce genre de dialogues intérieurs et souvent la suite de leur vie et certaines circonstances ont prouvé que ce dialogue était vrai. Alors, avec le Christ, avec Dieu, je poursuis ce dialogue intérieur et je sens, il me semble qu'Il l'accepte et qu'Il me répond vraiment. Je crois même très bien sentir quand c'est moi qui fais la réponse et pas Lui. Cela sonne faux quand c'est moi qui réponds. Alors avec Lui, je peux tout me permettre, plaisanter, dire des bêtises, Il m'aime tellement que je peux faire et dire n'importe quoi avec Lui... comme un enfant avec son père ou sa mère, comme avec quelqu'un qui me suit dans tout ce que je fais, non pas pour me contrôler, mais pour me protéger, au besoin contre moi-même comme avec quelqu'un qui sait tout de moi, mais qui m'aime quand même. Aimer Dieu ainsi, c'est participer à I’Amour que les trois personnes divines se donnent entre elles. Tous les mystiques, même non chrétiens, l'ont compris, mais évidemment hors du contexte trinitaire, cela se comprend moins bien.

J'ai donc cette liberté incroyable avec Dieu au fond de moi-même. Mais il ne s'agit pas là d'un privilège unique. Dieu vous aime tout autant, chacun d'entre vous. Simplement, vous n'osez pas le croire. Ne vous imaginez pas non plus que dans la condition sociale où vous vous trouvez Dieu ne peut pas s'intéresser à vous autant qu'aux personnages influents dans la société. Balayeur de rue ou empereur, Dieu s'intéresse à vous et vous aime tous autant, infiniment. Acceptez pleinement la place dans le monde que Dieu vous a donnée et, à partir de là, cherchez à découvrir ce que Dieu attend de vous.
Si incroyable que cela nous paraisse, ce Dieu, créateur de milliards d'univers, est fou d'Amour pour chacun de nous. Il est prêt à mourir en croix des milliers de fois, indéfiniment, pour chacun de nous, si cela pouvait aider à notre salut.
C'est ce qu'Il a affirmé à Julienne de Norwich, une mystique anglaise du XIVe siècle. Aussi, ne voit-elle en Dieu jamais de colère envers nous, pas même « un soupçon de blâme » pour nos péchés, mais seulement une immense compassion.

Dieu nous aime tous infiniment, quoi que nous fassions et quand Il pardonne, c'est toujours uniquement pour nous ramener vers Lui, jamais pour nous humilier. C'est ce qu'a parfaitement ressenti Gabrielle Bossis, une mystique française du siècle dernier. Gabrielle ne vivait pas dans un couvent, perdue en prière. Elle n'a pas fondé d'association religieuse ou caritative. Elle n'avait rien d’extraordinaire. C'était une jeune femme toute simple, assez douée sur le plan artistique : elle composait des saynètes pour des pensions de jeunes filles et fabriquait elle-même décors et costumes. Elle poursuivait simplement, à travers toutes ses occupations, ce dialogue intérieur et continuel avec Jésus.

Au cours d'un de ces dialogues intérieurs, voici comment Il lui pardonnait : « Raconte la douleur de tes fautes, non pas tant parce qu’elles t'ont salie, que parce qu'elles m'ont peiné. Car tu as eu ce courage triste de peiner un Homme-Dieu qui avait donné Sa Vie pour toi. Tu le savais pourtant. Tu as passé outre et devant Son regard qui te suivait avec douleur, tu as fait tout ce que tu as voulu, et que, Lui, ne voulait pas.

« Connais-en le chagrin – chagrin sans larmes — dans ton vouloir renouvelé, qui te portera aux humbles amours, au sentiment de ton néant. Alors, je foncerai comme l'aigle avide de ravir, et Je t’emporterai dans les allées solitaires du jardin fermé. Tu chercheras à me parler du passé. Je poserai Ma main sur ta bouche. Tu entendras les mots de tendresse de la Miséricorde qui feront fondre ton cœur. »

Nos « fautes » ne sont pas niées, cependant elles ne sont pas comprises comme des « offenses », mais comme des blessures faites à l’Amour de Dieu et Dieu ne veut pas que nous ressassions le passé, même pour demander pardon. « Je poserai ma main sur ta bouche ».

Mais, évidemment, un tel Amour implique aussi, sans même le dire, une attente terrible d'un même amour en retour.
Avons-nous, nous tous, toute l'Humanité, ressenti cet Amour comme trop écrasant, trop absolu, trop exigeant ? Pourtant, cet Amour sait aussi être délicat, patient, discret. Quand Dieu nous incite à faire quelque chose, Il n'insiste jamais. Si nous le refusons. Il se retire aussitôt. Observez vous-même, en vous-même. Vous le sentirez bien, si vous êtes sincère avec vous-même.

Quand le refus de cet Amour a-t-il eu lieu ? Au début de la création de l'homme, comme dans le récit symbolique du livre de la Genèse, dans la Bible et comme le cardinal Newman se le représentait, sous forme de catastrophe cosmique spirituelle initiale ? Mais nous savons maintenant qu'à un niveau profond de la réalité le temps n'existe pas. Alors, si le mal est si puissant dans le monde, c'est peut-être qu'une grande partie de ce monde refuse l’Amour de Dieu, aujourd'hui, maintenant, à tout moment. Il faut probablement distinguer entre la cause et les effets. Les effets se déploient dans le temps. On ne le voit que trop.

Mais la cause, elle, comme la physique contemporaine nous permet de le comprendre, peut échapper au temps. Le récit symbolique du péché d'Adam et Ève, dans la Bible, correspond probablement à une vérité profonde. En hébreu « Adam » veut dire «  Homme ». Nous sommes tous Adam. Et si, à un niveau qui échappe à nos sens, il n'y a pas de temps, il n'y a pas non plus de réincarnation possible. Il ne peut y avoir d’incarnation antérieure à une autre, ni de progrès d'une incarnation à une autre.

Les hommes auraient refusé d'entrer dans ce jeu de  l’Amour infini de Dieu. Ils auraient réclamé le droit de chercher par eux-mêmes leur bonheur. Nous l'avons vu, l’Amour ne s'impose pas.

La science contemporaine tend de plus en plus à admettre que la matière et l'esprit ne sont que les deux faces de la même médaille. Certains spécialistes de physique quantique commencent à en faire l'hypothèse. L'un des plus avancés dans ces recherches est certainement Emmanuel Ransford, scientifique australien, mais qui écrit le plus souvent en français.
Il parle de «  psychomatière » ou d‘ « holomatière » pour tenter d'exprimer cette présence de l'esprit au cœur de la matière et, inversement, cette présence de la matière dans l'esprit.

Ceux qui ont déjà lu mes livres savent que j'attache une très grande valeur à certains messages qui nous sont parvenus de l'au-delà de personnes parfaitement mortes, mais qui sont arrivées, par différents moyens, à communiquer avec nous.
Il s'agit surtout de textes reçus en « écriture automatique », terme généralement employé en ésotérisme pour désigner ce processus. Le récepteur tient son crayon, mais à peine, seulement pour qu'il ne tombe pas et une force invisible fait bouger ce crayon entre ses doigts en formant des mots, puis des textes. Cela commence souvent par des gribouillis mais, peu à peu, les lettres prennent forme, puis des mots entiers apparaissent.

C'est un domaine que j'ai assez bien étudié et que l'on trouve dans toutes les langues. J'ai pu ainsi constater que la plupart des messages reçus, aussi bien en allemand qu'en espagnol, en anglais ou en italien ne contiennent rien d'important, pas plus qu'en français. C'est un véritable déluge de « révélations », toutes plus fantaisistes les unes que les autres, souvent sans intérêt, parfois dangereuses et même très dangereuses, la plupart des lecteurs de ces messages n'ayant aucune possibilité de faire par eux-mêmes le discernement nécessaire. C'est une véritable résurgence des « gnoses » anciennes.

Cependant, parfois, certains de ces messages font exception et peuvent même présenter un très grand intérêt. C'est notamment le cas des messages que Pierre Monnier, jeune officier français, mort en 1915, pendant la première guerre mondiale, envoya à sa mère, après sa mort, jusqu'en 1937. Ces textes sont connus sous le nom de « Lettres de Pierre ». Je l'ai déjà longuement exposé dans « Les morts nous parlent» et dans «  Christ et Karma ». Or, depuis l'au-delà, le 14 avril 1920, Pierre Monnier expliquait à sa mère : « Vous ne savez pas encore associer deux manifestations qui vous semblent diamétralement opposées... Ce que la science vous révélera, c'est la matérialité de l’effluence spirituelle, et la spiritualité de la matière, ce qui supprime de fait toute frontière entre les deux mondes dissemblables dans leurs résultats apparents, mais identiques en somme, la matière et l'esprit étant une même chose à un degré différent de condensation ».

Si esprit et matière sont vraiment si proches, l'un impliquant l'autre, on comprend mieux que le passage du corps du Christ de l'état charnel à l'état spirituel soit possible et, inversement de même, la matière ou l'esprit étant alternativement dominants, ce qui explique les différentes apparitions, à Marie-Madeleine, aux pèlerins d’Emmaüs, au Cénacle, les portes étant fermées, ou encore, à la fin de l'Évangile de St Jean : Le Christ, au bord du lac, attendant ses apôtres partis pécher et, finalement aussi lors de I’ Ascension. Tous ces allers et retours entre manifestation charnelle, dans la matière, et disparition dans l'autre monde, celui de l'esprit, n'ont alors plus rien de tellement extraordinaire et la Résurrection du Christ n'est rien d'autre que ce passage de notre monde matériel, charnel, au monde spirituel, le phénomène inverse se produisant parfois, lors de certaines apparitions du Christ.

Il n'est pas difficile alors de comprendre aussi que nos pensées, nos sentiments, puissent façonner le monde dans lequel nous vivons.  La constitution de ce monde dépend de la force créatrice de Dieu qui n’est qu’une force d’Amour, mais aussi de la force de nos pensées et de nos sentiments et là, c'est trop évident, il n'y a pas que de l'amour. Bien souvent la jalousie, la haine, l'emportent, entraînés par l'orgueil. Cependant, nous ne sommes pas non plus totalement pervers.
Nous sommes capables aussi d'un peu d'amour. Mais, parmi nous, la grande force d'Amour, c'est celle du Christ, avec nous, et surtout en nous. Mais, de la même façon, parmi nous et en nous, il y a une force de haine, d'orgueil, particulièrement puissante. La tradition lui donne plusieurs noms : Satan, Lucifer, le diable, le Malin.

Permettez-moi de citer encore Pierre Monnier : « Alors, frères, rentrez en vous-mêmes et regardez par quelle fuite votre âme se vide de toute force. La grande blessure a pour cause votre égoïsme qui naît de l'orgueil, générateur du péché sur la terre. Le Roi du Monde, le Malin, est tout orgueil et c'est lui qui attire les hommes dans le chemin de la perdition, par des flatteries pernicieuses qui détruisent l'âme. »

Jetez un regard sur l'Histoire du Monde. Vous comprendrez vite que les peuples ont été souvent entraînés à des massacres, des catastrophes, par des fous d'orgueil, tels Napoléon, Hitler, ou tant d'autres. Je vous laisse compléter la liste ! Mais, seuls, ceux-ci n'auraient pu rien faire, s'il n'y avait pas eu des foules entières à partager leur délire dans le même orgueil.

Le bonheur d'aimer Dieu ! Il y a déjà le bonheur bien connu d'être aimé de Dieu. Il est facile de comprendre que se sentir aimé de Dieu est une expérience merveilleuse, pleine de douceur. Cet amour peut même se manifester parfois avec une force extrême, presque avec violence comme en témoignent tous les mystiques qui ont éprouvé cet Amour lors d'une extase et ceux qui ont fait une expérience de mort provisoire. Ils se sont sentis « submergés », « écrasés » d'amour. Mais ce sont des expériences très brèves, presque instantanées. Après, reste le souvenir de les avoir vécues, mais on ne les éprouve plus. Le souvenir de ces expériences peut cependant suffire à soutenir toute une vie de recherche de Dieu. Elles agissent comme une nostalgie, merveilleuse et terrible.

Mais, le plus souvent, Dieu fait sentir son Amour de façon toute simple, dans une douceur merveilleuse. Oh ! Bien sûr, il y a dans ce monde des plaisirs et des bonheurs d'une intensité beaucoup plus grande, comme le bonheur d'un amour mutuel partagé ou l'amour d'un enfant auquel on peut tout donner. Mais dans l'amour que Dieu nous fait parfois sentir avec cette douceur, il y a une pureté extraordinaire qu'on ne retrouve pas dans nos amours humaines et ce bonheur grandit, peu à peu, à la mesure de notre réponse. II peut alors dépasser tous les bonheurs de ce monde.

Mais ce bonheur de se sentir vraiment aimé par Dieu n'est déjà pas accordé à tout le monde. Bien des croyants, profondément croyants, gens de prière et de générosité ne l'ont pas connu. Ils ne sont pas pour autant moins aimés de Dieu. Mais Dieu donne à chacun ce qu'il convient, en fonction de sa progression spirituelle personnelle, mais aussi en fonction de sa mission dans le milieu où il se trouve.

Encore faut-il aussi ouvrir son cœur à Dieu pour éprouver son Amour. Beaucoup d'hommes et de femmes vivent un peu comme des somnambules. Ils travaillent, s'amusent, s’étourdissent sans jamais se demander pourquoi ils sont dans ce monde, ni chercher à savoir ce qui les attend ensuite. Il semblerait, comme dans les contes de fées, qu'un méchant sorcier les ait frappés de sa baguette magique, non pour les figer dans le sommeil, comme dans « La Belle au bois dormant », mais pour les transformer en marcheurs éveillés, mais inconscients, en « morts-vivants » ou en « zombies », comme dans certains films d'horreur. Mais oui, c'est bien cela et ce sorcier qui nous détourne par tous les moyens de l'essentiel, vous le connaissez, c'est Satan, qui cherche sans cesse à pervertir l'œuvre de Dieu, et surtout dans ce qu'elle a de plus grand et de plus sublime : le cœur de l'homme.

Il est capital de bien comprendre que Dieu n'est absolument pour rien dans ce mal qui ronge et massacre son œuvre. Il n'y est pour rien ! Il est même venu, au contraire, par son Incarnation, partager notre misère pour nous aider à en sortir.
Il n'est pas du côté des bourreaux, mais du côté des victimes, avec nous, pour nous. Il est capital de bien comprendre cela. J'ai mis personnellement bien des années à innocenter Dieu complètement de tout ce mal qui ravage sans cesse le monde à un endroit ou à l'autre. Intellectuellement, je l'avais bien compris, j'en étais vraiment convaincu. Mais chaque fois qu'un nouveau drame, une nouvelle monstruosité, une nouvelle horreur, se présentait à moi, je sentais qu'en moi, sourdement, sans aller jusqu‘à me le formuler, mais irrésistiblement, montait en moi une accusation contre Dieu que j'essayais en vain de réprimer. Pourquoi, permets-Tu cela, pourquoi n’interviens-Tu pas davantage ? Or, tant qu'on ne s'est pas vraiment convaincu de cette totale innocence de Dieu, on ne peut pas vraiment l'aimer. Devant chacune des horreurs qui se multiplient sans cesse à travers le monde, je sais que Dieu en souffre plus que moi, parce qu'Il aime plus que moi et qu'Il en souffre directement dans ceux qui souffrent. Il faut que tout cela soit non seulement intellectuellement compris, mais surtout, psychologiquement assimilé en profondeur. Il faut que notre subconscient soit complètement imprégné de cette certitude, au point que cette sournoise accusation contre Dieu ne puisse pas remonter au fond de notre
cœur. Alors, on pourra connaître un très grand bonheur, on pourra, sans aucune réserve, se laisser aimer par Dieu, jouir du bonheur d'être aimé par Dieu, même au milieu de toute la souffrance de ce monde. Mais on pourra aussi, peu à peu, jouir d'un bonheur, nouveau sans doute pour la plupart d'entre nous et qui sera un soutien extraordinaire pour surmonter toutes les épreuves de notre vie : le bonheur d'aimer Dieu.

Car il y a un bonheur encore plus grand que de se sentir aimé de Dieu : aimer Dieu. Et cela aussi les mystiques l'ont éprouvé et ils ont aussi senti que Dieu en était heureux. Si incroyable que cela puisse paraître. Dieu, créateur de milliards de milliards de mondes attend, humblement, devant notre porte, que nous Lui ouvrions la porte de notre cœur, que nous L’aimions. On est là en pleine folie, c'est vrai ! Faire le bonheur de Dieu en L’aimant ! Mais le lavement des pieds que le Père Varillon évoquait, c'est cela. Une telle tâche incombait seulement à la femme du maître de maison. Il pouvait aussi l'exiger de ses esclaves étrangers, mais pas de ses autres esclaves, juifs (ou hébreux) comme lui. Petit détail le confirmant : Jésus s'est d'abord ceint d'un linge et c'est avec ce linge qu'il essuie les pieds de ses apôtres, tenue et fonction caractéristique de l'esclave, nous disent les experts. C'est vous dire toute la force d'un tel geste ! Dieu prend auprès de nous la place, le rôle de l'esclave étranger, de celui dont on peut tout exiger, même les services les plus humbles.
C'est St Jean qui nous rapporte cet épisode et il le fait à l'endroit du récit évangélique où les trois autres évangélistes rapportent le déroulement du repas pascal avec l'institution de l’eucharistie. Mais, pour St Jean, ce récit du lavement des pieds, qu'il est le seul à rapporter, est encore plus important. Dieu, créateur de milliards de milliards de mondes, nous montre par ce geste qu'il est prêt à se mettre à genoux devant chacun d'entre nous pour lui laver les pieds. Je n'invente rien. Je ne fais qu’expliciter ce que le récit de St Jean implique. Sinon, dans quel but nous aurait-il raconté cette scène ?
On est là en pleine folie ! Nous ne pouvons pas nous imaginer la puissance d'un tel Amour. Cela nous dépasse tellement !
Dieu est bien infini, tout-puissant, mais c'est un infini d‘Amour. Cet Amour, les saints dans leurs extases et ceux qui ont vécu une mort provisoire ont commencé non pas à le comprendre mais à l'éprouver.

Le bonheur d’aimer Dieu ! On peut le mesurer à la douleur de ceux qui l'ont connu et qui, brusquement, en ont été privés.
C'est ce bonheur-là que Mère Teresa de Calcutta, Ste Teresa, aujourd'hui proclamée sainte dans l'Église catholique, n’éprouvait plus. Elle n'avait pas du tout perdu la foi en l'existence de Dieu, comme on le raconte souvent, mais elle n'éprouvait plus aucun amour pour Dieu. Elle prononçait bien les mots d'amour de la liturgie ou des psaumes, mais ces mots n'avaient plus pour elle aucune charge affective : ils étaient aussi atones que ceux de l'annuaire du téléphone ou
des horaires de trains. Perte épouvantable ! Épreuve terrible ! Ce n'est pas qu'elle avait démérité aux yeux de Dieu. Mais il arrive que Dieu veuille associer ses saints à sa Passion, certains en partageant avec Lui sa crucifixion, comme St François d‘Assise ou Padre Pio, d'autres en partageant sa déréliction en Croix.

C'est par Amour pour nous qu'Il nous a créés. Il veut sentir que nous en sommes heureux et si nous sommes vraiment heureux de son Amour. Il le saura par la réponse de notre amour. Cette attente de Dieu, de nombreux mystiques l'ont ressentie. Ils en sont alors tout étonnés, bouleversés.

Mais, parfois, Dieu va encore plus loin. Il réclame notre amour, le quémande ; Il supplie presque. Ainsi auprès de Gabrielle Bossis : « Tu t'étonnes toujours de Mon Amour ? Ça, c'est la folie d'un Dieu. C'est la grande explication. Crois donc tout simplement à cet Amour d'un Être Tout-Puissant et d'un autre ordre que vous… Sois vaincue par l'Amour et demande grâce. Prends Mon  Amour pour M'aimer ». Il s'agit bien d'un Être Tout-Puissant, mais « d'un autre ordre » !

« Étrange chose n'est-ce pas, qu'une créature puisse consoler son Dieu ! Mon Amour renverse les rôles comme un moyen nouveau pour vous, comme une tendresse de protection à Me donner. » Zundel et Varillon avaient bien perçu ce « renversement » des rôles qu'implique le véritable Amour.

«  Ne Me quitte pas ! Je suis comme un enfant plein de terreur qui supplie qu'on ne le laisse pas seul... Je vois l'enfer déchaîné et Je suis Seul pour me défendre : prie avec Moi ! »

Ce dernier texte peut sembler excessif, mais n'oublions pas que, par son Incarnation,  le Christ est en tout homme et donc dans le cœur de tous les monstres de l'humanité, tous les tortionnaires des camps d'extermination de tous les pays. La lutte entre le Bien et le Mal, entre l’Amour et l'orgueil se déroule en chacun de nous, entre le Christ et le Malin. À nous
de choisir qui nous voulons suivre. avec qui nous voulons combattre.

Vous aussi vous pouvez entretenir avec Dieu un dialogue intérieur tout au long de votre vie, à travers toutes les circonstances de votre vie, en essayant d'accomplir la volonté de Dieu sur vous. C'est la première façon de L'aimer.

Acceptez pleinement le pays, la langue où vous êtes né. Acceptez votre condition sociale. Vous pourrez peut-être modifier tout cela selon les circonstances et selon la volonté de Dieu. Je suis né dans une famille catholique, pratiquante. J'ai été ordonné prêtre dans l'Église catholique et, au bout d'un long cheminement suis devenu prêtre orthodoxe. L'essentiel, c'est ce qui se passe dans votre cœur. Et cela agit sur le destin du monde, que vous soyez balayeur de rue ou empereur.
L'essentiel est d'aimer Dieu et de chercher sa volonté.

Mais L'aimer implique aussi qu'on cherche à Lui complaire et donc à faire ce qu'Il a envie de nous voir faire. C'est ce que certains, parmi nous, sous l'influence de Satan, ont refusé. Il y a d'ailleurs là comme un affinement progressif de conscience. On fait d’abord ce qu’Il veut pour les choses importantes, mais en faisant ce qu’il nous plaît pour les choses qui nous paraissent secondaires. Mais en Amour tout est important. L'Amour de Dieu est merveilleux, mais il est aussi
dévorant. Il donne Tout, mais il veut aussi tout. Il faut alors, progressivement, apprendre à faire coïncider ce qu'Il aime avec ce que l'on aime. C'est la conversion du cœur, le remplacement du vieil homme par l'homme nouveau, dont parle St Paul.

Pour arriver à cette coïncidence entre la volonté de Dieu et la nôtre, il faut s'habituer peu à peu à faire tout ce que l'on fait avec Lui, pour Lui, même s'il s'agit des choses les plus insignifiantes. Alors, ce bonheur de L’aimer se fera de plus en plus constant et de plus en plus intense, car c'est une participation à l'Amour dont Dieu s'aime Lui-même, à l’Amour de la vie intra trinitaire.

Aussi longtemps que Dieu vous l’accordera développez donc en vous ce bonheur d'aimer Dieu, développez-le pour votre bonheur, à vous, et, plus encore, pour le plus grand bonheur, l'immense bonheur de Dieu, ce bonheur, que vous ne pouvez pas imaginer qu'Il puisse éprouver à vous aimer et à sentir votre amour en retour, parce que Son Amour est d’« un autre ordre »."

Père François BRUNE, prêtre orthodoxe



MÉMOIRE ÉTERNELLE !




vendredi 2 août 2019

PATIENCE, CONSTANCE, SILENCE


  1. PSAUME 140

    Seigneur, je crie vers toi, exauce-moi ; 
Sois attentif à la voix de ma supplication
lorsque je crie vers toi.
Que ma prière monte devant toi comme l’encens,
que l’élévation de mes mains soit un sacrifice du soir.
Place, Seigneur, une garde à ma bouche,
une porte fortifiée sur mes lèvres.

N’incline pas mon cœur vers des paroles perverses pour chercher des excuses aux péchés ;
non, je ne me joindrai pas
aux hommes qui commettent l’iniquité,
ni à ceux qu’ils se sont choisis.
Que le juste me reprenne avec miséricorde et me corrige,
mais que l’huile du pécheur jamais ne parfume ma tête,
car ma prière s’élève aussi contre ce qui fait leur délice.
Lorsque leurs juges seront engloutis par le rocher,
alors ils comprendront combien mes paroles étaient douces.
Comme une motte brisée sur le sol,
leurs os sont dispersés au bord des enfers.
Seigneur, Seigneur, c’est vers toi que se tournent mes yeux,
c’est en toi que j’ai mis mon espérance, ne m’ôte pas la vie.
Garde-moi du piège qu’ils m’ont tendu,
des embûches de ceux qui commettent l’iniquité.
Que les pécheurs tombent dans leur propre filet ;
pour moi, je me tiens seul jusqu’à ce que je passe