Prière pour mon père

Demain mon père va subir une intervention chirurgicale importante. Il aura 90 ans cette année. Je ne sais rien de la gravité de cette opération. Il ne m’en a rien dit. Je suppose que si le chirurgien a pris cette décision c’est qu’il a la conviction que ce qu’il va faire sera bon pour la santé à venir de mon père. Cependant mon père a préparé sa tombe depuis longtemps. Il est à la fois las de vivre et en même temps paradoxalement il a toujours pris grand soin de sa santé jusqu’à maintenant. Il a fait graver dans le marbre quelque chose comme : « La croyance en Dieu est pour les faibles, je n’ai jamais eu besoin de cela ni de personne » A une époque, celle de la commande de sa future sépulture je crois, il avait même distribué des sortes de tracts explicatifs pour faire une forme de propagande athée et anticléricale. Je ne suis jamais allé « visiter » le monument qu’il a fait ériger de son vivant à la gloire de l’athéisme. Il ne veut aucun office de quelque sorte que ce soit évidemment et il a déjà réglé depuis longtemps les formalités, les frais et le déroulement de l’enterrement. Moi je sais bien que sans son épouse, ma mère, bien qu’ils aient eu de fréquentes périodes de séparation et que l’amour n’ait guère été évident entre eux depuis longtemps, sa vie eut été moins facile souvent et que donc il a bien eu besoin de quelqu’un pour ne pas être « faible ».
Je ne pourrai pas le jour où il mourra rester les bras croisés et rentrer chez moi sans avoir rien fait. J’ai proposé à mon frère de réciter le psautier en entier sur sa tombe, tant pis pour son refus. Qui sait ce qu’un homme ressent, pense et décide juste au dernier moment, avant de partir. J’en ai vu dont le visage exprimait quelque chose de totalement en contradiction avec ce qu’ils avaient toujours exprimé jusqu’alors. Tout peut changer jusqu’à l’ultime instant, j’en suis convaincu. De toute façon ce sont mes convictions, un homme a besoin d’accompagnement « spirituel » avant, pendant, et après sa mort. Je ne sais quand il mourra et je ne sais si je pourrai être là pour lui procurer quelque assistance. Ce serait pourtant bien. Sinon j’apporterai mon assistance après, je prierai après sa mort pour le salut de son âme dans ma langue spirituelle qui est l’Orthodoxie. Je ne saurai faire autrement ; ce sont mes convictions. J’ai été bouddhiste, si je l’étais resté j’aurais fait ce qu’il fallait pour son passage sur l’autre rive dans le langage spirituel bouddhiste. Réciter le psautier donc, bien sûr entre un moine et mon père à part la solitude il n’y a guère de points communs. Mais bien que ce ne soit pas l’usage pour un laïc et d’autant quand il est non seulement non-orthodoxe mais athée c’est la forme d’assistance spirituelle, de prière que je sens le mieux. Le psautier fait défiler toute la gamme de nos sentiments, de nos états physiques et spirituels, et chacun peut s’y retrouver à un passage ou à un autre. Il sera comme un retour en arrière sur les états de sa vie, je le réciterai à sa place, comme si c’était lui qui parlait…à Dieu. Je ne le réciterai pas seulement pour lui mais pour moi, pécheur que je suis également.
Les croyances ne font pas la foi. Moi j’ai eu la foi et puis ensuite il m’a fallu composer avec les croyances. Mais j’ai eu foi également dans la pratique dont les croyances étaient un élément indissociable. J’ai décidé de mettre mon rationalisme de côté et de « jouer le jeu » et bien m’en a pris… je ferai un autre message plus tard pour parler de cela.

Commentaires

Nous prions aujourd'hui pour votre père.
Que le Seigneur lui accorde la santé et un rayon de lumière !
Maxime le minime a dit…
Merci de tout coeur !