L'abjecte charité ?

Voilà un mot qui n'est plus politiquement correct.

Depuis que l'antichristianisme militant a voulu éradiquer le Christianisme de la société comme de la culture et se substituer à toutes les institutions qu'avait – la première – inventées l’Église  au service du prochain – et ceci  depuis la plus haute antiquité chrétienne romaine orientale d'abord, puis occidentale – en en supprimant toute référence au divin, le mot même de charité est devenu coupable, abject, et synonyme d'hypocrisie, de domination et de mépris, contribuant de façon ignoble à maintenir le peuple dans une dépendance, une aliénation et un assujettissement condamnables...

Comme si l'Assistance laïque désormais généralisée, anticipant – voire inventant et programmant – le moindre besoin présupposé du citoyen, sans discernement ni prise en compte de ses besoins réels exprimés, allant jusqu’à une prise en charge quasi obligatoire de tous les domaines de la vie des personnes, les privant de toute décision personnelle et leur laissant de moins en moins d'autonomie et de libre-arbitre, n'était pas une forme de domination   tout ce qu'il y a de plus totalitaire ! Un système coercitif mou et prégnant, condamnant le peuple à un réflexe de demande de prise en charge pour tout, lui ôtant toute initiative de puiser dans ses propres ressources, et l'affaiblissant chaque jour davantage, en lui faisant croire qu'il aura toujours besoin de la "société", en lui instillant de façon perverse l'illusion qu'il a avant tout des droits à être assisté ! Comme si cette assistance n'était pas une forme d'asservissement...

 De quel pouvoir abusivement dominateur le peuple s'est-il libéré ? De quelle idéologie aliénante s'est-il débarrassé en bannissant la "charité" ?

Il faudrait alors rappeler la signification complète et originelle du mot charité. Car de même que le mot Philanthropie [φιλανθρωπία ] qui est d'abord l'Amour de Dieu pour les hommes  a subi  une réduction de sens en désignant dans le langage commun les bonnes œuvres que font les hommes  pour leurs semblables, le mot caritas latin ne désigne plus l'Amour inconditionnel et sans mesure de Dieu, mais dans sa traduction française quelque chose d'équivalent aux bonnes œuvres également. De nos jours le mot charité a tendance à ne s'employer que dans l'expression "faire la charité" autrement dit faire l'aumône presque uniquement. Finalement l'infinie miséricorde divine, également contenue dans la caritas est devenue simple pitié humaine et la condescendance s'est teintée de mépris aux yeux des antichrétiens. Dans les deux cas on a confondu les fruits avec l'arbre de l'Amour. Ceci dit l'enseignement du Catholicisme  n'est pas totalement étranger à cette substitution :   trop insistant sur le moralisme, sur le juridisme et réduisant de plus en plus (sauf dans ses mouvements mystiques) la foi chrétienne à des interdits, des jugement moraux, un système de dettes, de rachats, de bonnes actions, réduisant l'Agapè [Ἡ ἀγάπη] à ses réalisations caritatives,  insistant dans le même mouvement davantage  sur l'humanité du Christ que sur sa divinité, sur sa passion plus que sa résurrection.

du Dictionnaire Gaffiot

Malgré cela, par ailleurs, je pose la question :
 Tout de même, qu'est-ce qui est le pire ?

- Est-ce la charité des bonnes bourgeoises faisant l'aumône ou se dévouant dans de bonnes œuvres pour avoir bonne conscience d'avoir fait de bonnes actions – ce qui finalement les rendait tout de même un peu meilleures, un peu moins égoïstes et qui faisait plutôt du bien aux personnes aidées sans pour cela qu'elles en ressentent du mépris et avec l'avantage de connaître la personne qui leur donnait ; en percevant l'effort que faisait cette dernière, ce qui n'était pas sans donner une perspective optimiste sur la nature humaine.



- En quoi les assistantes sociales, débordées, impuissantes trop souvent, rejetées – combien de fois – par les assistés eux-mêmes sont-elles mieux perçues et donc préférables par les assistés qui ne perçoivent bien souvent plus celles qui leur obtiennent telle ou telle aide que comme des employées obligées (elles sont payées pour ça non ?) de leur obtenir ce que les assistés "ont le droit" d'obtenir ( et plus vite que ça !). Croit-on que les employés divers des services sociaux, excédés, font moins souvent la morale que les bourgeoises bien intentionnées d'antan ?

La charité du latin caritas de carus a un sens bien plus profond que celui qu'a fini par lui donner l'église romaine et sa suite sécularisée...
  du Dictionnaire étymologique du latin Paul Regnaud
Ce qui est rare est cher dit-on,
la chanson dit aussi "Je t'aime encore plus quand tu n'es pas là..."

Quand on traduit le mot de l'Apôtre Ἡ ἀγάπη en latin par Caritas puis du latin en français par Charité, il ne s'agit pas d'aumône bien sûr,  il s'agit bien plutôt de l'Amour  qui s'origine en Dieu Lui-même, et c'est de cet amour divin  infini que prône St Paul comme modèle et dont il cerne les caractéristiques et qu'il vaudrait mieux substituer au mot galvaudé de charité.
Si linguis hominum loquar, et angelorum, caritatem autem non habeam...
Ἐὰν ταῖς γλώσσαις τῶν ἀνθρώπων λαλῶ καὶ τῶν ἀγγέλων, ἀγάπην δὲ μὴ ἔχω...
 1 Corinthiens 13

13.1 Quand je parlerais les langues des hommes et des anges, si je n'ai pas la charité, je suis un airain qui résonne, ou une cymbale qui retentit. 13.2 Et quand j'aurais le don de prophétie, la science de tous les mystères et toute la connaissance, quand j'aurais même toute la foi jusqu'à transporter des montagnes, si je n'ai pas la charité, je ne suis rien. 13.3 Et quand je distribuerais tous mes biens pour la nourriture des pauvres, quand je livrerais même mon corps pour être brûlé, si je n'ai pas la charité, cela ne me sert de rien. 13.4 La charité est patiente, elle est pleine de bonté; la charité n'est point envieuse; la charité ne se vante point, elle ne s'enfle point d'orgueil, 13.5 elle ne fait rien de malhonnête, elle ne cherche point son intérêt, elle ne s'irrite point, elle ne soupçonne point le mal, 13.6 elle ne se réjouit point de l'injustice, mais elle se réjouit de la vérité; 13.7 elle excuse tout, elle croit tout, elle espère tout, elle supporte tout. 13.8 La charité ne périt jamais. Les prophéties prendront fin, les langues cesseront, la connaissance disparaîtra. 13.9 Car nous connaissons en partie, et nous prophétisons en partie, 13.10 mais quand ce qui est parfait sera venu, ce qui est partiel disparaîtra. 13.11 Lorsque j'étais enfant, je parlais comme un enfant, je pensais comme un enfant, je raisonnais comme un enfant; lorsque je suis devenu homme, j'ai fait disparaître ce qui était de l'enfant. 13.12 Aujourd'hui nous voyons au moyen d'un miroir, d'une manière obscure, mais alors nous verrons face à face; aujourd'hui je connais en partie, mais alors je connaîtrai comme j'ai été connu. 13.13 Maintenant donc ces trois choses demeurent: la foi, l'espérance, la charité; mais la plus grande de ces choses, c'est la charité.
Maxime le minime

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