L'abjecte charité ?
Voilà un mot qui n'est plus politiquement correct.
Malgré cela, par ailleurs, je pose la question :
Tout de même, qu'est-ce qui est le pire ?
Ce qui est rare est cher dit-on,
la chanson dit aussi "Je t'aime encore plus quand tu n'es pas là..."
Quand on traduit le mot de l'Apôtre Ἡ ἀγάπη en latin par Caritas puis du latin en français par Charité, il ne s'agit pas d'aumône bien sûr, il s'agit bien plutôt de l'Amour qui s'origine en Dieu Lui-même, et c'est de cet amour divin infini que prône St Paul comme modèle et dont il cerne les caractéristiques et qu'il vaudrait mieux substituer au mot galvaudé de charité.
Depuis
que l'antichristianisme militant a voulu éradiquer le Christianisme de
la société comme de la culture et se substituer à toutes les
institutions qu'avait – la première – inventées l’Église au service du
prochain – et ceci depuis la plus haute antiquité chrétienne romaine orientale d'abord, puis occidentale – en en supprimant
toute référence au divin, le mot même de charité est devenu
coupable, abject, et synonyme d'hypocrisie, de domination et de mépris,
contribuant de façon ignoble à maintenir le peuple dans une dépendance,
une aliénation et un assujettissement condamnables...
Comme
si l'Assistance laïque désormais généralisée, anticipant – voire inventant et
programmant – le moindre besoin présupposé du citoyen, sans discernement
ni prise en compte de ses besoins réels exprimés, allant jusqu’à une
prise en charge quasi obligatoire de tous les domaines de la vie des
personnes, les privant de toute décision personnelle et leur laissant de
moins en moins d'autonomie et de libre-arbitre, n'était pas une forme
de domination tout ce qu'il y a de plus totalitaire ! Un système
coercitif mou et prégnant, condamnant le peuple à un réflexe de demande de prise en
charge pour tout, lui ôtant toute initiative de puiser dans ses propres
ressources, et l'affaiblissant chaque jour davantage, en lui faisant
croire qu'il aura toujours besoin de la "société", en lui instillant de
façon perverse l'illusion qu'il a avant tout des droits à être assisté !
Comme si cette assistance n'était pas une forme d'asservissement...
De
quel pouvoir abusivement dominateur le peuple s'est-il libéré ? De
quelle idéologie aliénante s'est-il débarrassé en bannissant la
"charité" ?
Il faudrait alors rappeler la signification complète et originelle du mot charité. Car de même que le mot Philanthropie [φιλανθρωπία ] qui est d'abord l'Amour de Dieu pour les hommes a subi une réduction de sens en désignant dans le langage commun les bonnes œuvres que font les hommes pour leurs semblables, le mot caritas latin ne désigne plus l'Amour inconditionnel et sans mesure de Dieu, mais dans sa traduction française quelque chose d'équivalent aux bonnes œuvres également. De nos jours le mot charité a tendance à ne s'employer que dans l'expression "faire la charité" autrement dit faire l'aumône presque uniquement. Finalement l'infinie miséricorde divine, également contenue dans la caritas est devenue simple pitié humaine et la condescendance s'est teintée de mépris aux yeux des antichrétiens. Dans les deux cas on a confondu les fruits avec l'arbre de l'Amour. Ceci dit l'enseignement du Catholicisme
n'est pas totalement étranger à cette substitution : trop insistant
sur le moralisme, sur le juridisme et réduisant de plus en plus (sauf
dans ses mouvements mystiques) la foi chrétienne à des interdits, des
jugement moraux, un système de dettes, de rachats, de bonnes actions,
réduisant l'Agapè [Ἡ ἀγάπη] à ses réalisations caritatives, insistant dans le même mouvement davantage sur l'humanité du Christ que sur sa divinité, sur sa passion plus que
sa résurrection.
du Dictionnaire Gaffiot |
Malgré cela, par ailleurs, je pose la question :
Tout de même, qu'est-ce qui est le pire ?
-
Est-ce la charité des bonnes bourgeoises faisant l'aumône ou se
dévouant dans de bonnes œuvres pour avoir bonne conscience d'avoir fait
de bonnes actions – ce qui finalement les rendait tout de même un peu
meilleures, un peu moins égoïstes et qui faisait plutôt du bien aux
personnes aidées sans pour cela qu'elles en ressentent du mépris et avec
l'avantage de connaître la personne qui leur donnait ; en percevant
l'effort que faisait cette dernière, ce qui n'était pas sans donner une
perspective optimiste sur la nature humaine.
- En quoi
les assistantes sociales, débordées, impuissantes trop souvent, rejetées
– combien de fois – par les assistés eux-mêmes sont-elles mieux perçues
et donc préférables par les assistés qui ne perçoivent bien souvent
plus celles qui leur obtiennent telle ou telle aide que comme des employées
obligées (elles sont payées pour ça non ?) de leur obtenir ce que les
assistés "ont le droit" d'obtenir ( et plus vite que ça !). Croit-on que
les employés divers des services sociaux, excédés, font moins souvent
la morale que les bourgeoises bien intentionnées d'antan ?
La charité du latin caritas de carus a un sens bien plus profond que celui qu'a fini par lui donner l'église romaine et sa suite sécularisée...
du Dictionnaire étymologique du latin Paul Regnaud |
la chanson dit aussi "Je t'aime encore plus quand tu n'es pas là..."
Quand on traduit le mot de l'Apôtre Ἡ ἀγάπη en latin par Caritas puis du latin en français par Charité, il ne s'agit pas d'aumône bien sûr, il s'agit bien plutôt de l'Amour qui s'origine en Dieu Lui-même, et c'est de cet amour divin infini que prône St Paul comme modèle et dont il cerne les caractéristiques et qu'il vaudrait mieux substituer au mot galvaudé de charité.
Si linguis hominum loquar, et angelorum, caritatem autem non habeam...
Ἐὰν ταῖς γλώσσαις τῶν ἀνθρώπων λαλῶ καὶ τῶν ἀγγέλων, ἀγάπην δὲ μὴ ἔχω...
1 Corinthiens 13
13.1
Quand je parlerais les langues des hommes et des anges, si je n'ai
pas la charité, je suis un airain qui résonne, ou une cymbale qui
retentit.
13.2
Et quand j'aurais le don de prophétie, la science de tous les
mystères et toute la connaissance, quand j'aurais même toute la foi
jusqu'à transporter des montagnes, si je n'ai pas la charité, je ne suis
rien.
13.3
Et quand je distribuerais tous mes biens pour la nourriture des
pauvres, quand je livrerais même mon corps pour être brûlé, si je n'ai
pas la charité, cela ne me sert de rien.
13.4
La charité est patiente, elle est pleine de bonté; la charité n'est
point envieuse; la charité ne se vante point, elle ne s'enfle point
d'orgueil,
13.5
elle ne fait rien de malhonnête, elle ne cherche point son intérêt,
elle ne s'irrite point, elle ne soupçonne point le mal,
13.6
elle ne se réjouit point de l'injustice, mais elle se réjouit de la
vérité;
13.7
elle excuse tout, elle croit tout, elle espère tout, elle supporte
tout.
13.8
La charité ne périt jamais. Les prophéties prendront fin, les
langues cesseront, la connaissance disparaîtra.
13.9
Car nous connaissons en partie, et nous prophétisons en partie,
13.10
mais quand ce qui est parfait sera venu, ce qui est partiel
disparaîtra.
13.11
Lorsque j'étais enfant, je parlais comme un enfant, je pensais comme
un enfant, je raisonnais comme un enfant; lorsque je suis devenu homme,
j'ai fait disparaître ce qui était de l'enfant.
13.12
Aujourd'hui nous voyons au moyen d'un miroir, d'une manière obscure,
mais alors nous verrons face à face; aujourd'hui je connais en partie,
mais alors je connaîtrai comme j'ai été connu.
13.13
Maintenant donc ces trois choses demeurent: la foi, l'espérance, la
charité; mais la plus grande de ces choses, c'est la charité.
Maxime le minime
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