Quelle sorte de pères sont nos évêques orthodoxes oecuménistes ?


Plusieurs des premiers seront les derniers, et plusieurs des derniers seront les premiers.
(Matthieu 19:30)




Ces évêques, archevêques et patriarches oecuménistes, nos "pères", qui passent leur temps à montrer de l'amour à tous pourvu qu'ils n'appartiennent pas à leur troupeau me font penser à d'autres pères assez communs de nos jours comme ceux-ci :
  • Ces pères tellement préoccupés par leur travail (avec l'admiration de "tous") qu'ils ne s'occupent pas de l'éducation de leurs enfants, tout en prétendant leur servir de modèle. Quand ils entrent un peu en contact avec la réalité de leur famille à l'occasion d'une crise, ils font preuve brusquement de la plus grande sévérité voire brutalité quand ils s'aperçoivent incidemment que leurs enfants ne les respectent pas, ne leur obéissent pas plus qu'à leur mère, et se conduisent même parfois comme de vrais  voyous…
  • Ces pères qui se consacrent "aux autres" (avec l'admiration de "tous")  en s'engageant  si à fond dans la politique, dans le syndicalisme ou dans diverses associations qu'ils négligent évidemment leur famille à laquelle ils ne consacrent que peu de temps sauf pour faire, à l'occasion, de grands, sévères et assommants discours sur ce qu'il faut faire pour rendre la société meilleure et plus juste,  pour quel parti il faut voter pour qu'il y ait plus de partage dans cette société… et qui sont durs, volontiers machos avec leur femme, ne les aidant en rien dans les tâches ménagères et injustes avec leurs enfants dont ils ne connaissent ni les désirs ni les besoins réels.
  • Ces pères qui sont des stars du showbiz, du cinéma ou autre spectacle qui ne voient presque jamais leurs enfants et n'apparaissent (avec l'admiration de "tous") que pour écraser leurs enfants en leur offrant un modèle inaccessible, tout en montrant par leur infidélité incessante à quel point leur mère n'a que peu d'importance, enfants qui finissent parfois par se suicider, sentant bien qu'ils ne sont eux aussi que peu d'importance si ce n'est une gêne pour la carrière de leur père.
  • Ces enseignants tellement dévoués à s'occuper des "élèves en difficulté" (avec l'admiration de "tous") toujours prêts à revendiquer le droit à l'éducation pour tous et surtout les enfants "défavorisés", recevant ces enfants et leurs parents pour leur expliquer comment ils doivent aider leurs enfants et  qui négligent quasi totalement leurs propres enfants au point qu'ils deviennent des cancres, et des asociaux et qui en parlent d'autant moins qu'ils en ont honte.
  • Ces gouvernants qui font de beaux discours, d'une haute tenue morale (avec l'admiration de "tous") donnant la  leçon à leurs concitoyens en leur reprochant leur crispation identitaire, leur repliement sur soi, leur manque d'ouverture, de tolérance, etc. quand ceux-ci souhaiteraient tout simplement que l'on s'occupe aussi - si ce n'est d'abord - de leurs problèmes de fin de mois, de l'insécurité dans laquelle ils vivent réellement (et non pas dans leurs fantasmes) et de leur incertitude quant à leur propre devenir et celui de leurs enfants. Ces "dirigeants" ne connaissent évidemment rien de la vie réelle de leurs administrés, ils vivent dans un cercle auto-reproducteur qui parcourt le monde, se congratulant les uns les autres, vivant avec des privilèges que l'on croyait abolis, une vie de luxe avec domestiques dans les lambris dorés de l'Ancien Régime. Le peuple se rend bien compte qu'il ne compte que pour fournir les votes nécessaires à un moment donné pour la réussite de leur carrière. Alors le peuple se révolte quelquefois en votant autrement avec un calme apparent, quelquefois en se révoltant violemment et alors le "pouvoir" envoie sa police pour mater de plus en plus brutalement la rébellion.

Que font nos évêques, archevêques et patriarches oecuménistes, (enfin ceux que l'on nomme nos "pères" dans la foi n'est-ce pas ?) du moins quand les moyens leur en sont fournis ?
- La même chose que tous les pères ci-dessus cités. 
Qu'ont-ils tous en commun ? 
- Un désir d'avoir eux aussi l'admiration de "tous",  c'est à dire de tous ceux qui ne sont pas sous leur autorité car les leurs ne leur servent qu'à s'appuyer sur un minimum de base pour asseoir leurs prétentions à avoir la reconnaissance sociale nécessaire pour réussir leur carrière ecclésiastique - qui n'est pas différente d'une autre. Faire carrière dans le syndicalisme, la politique, la religion permet de donner une image d'attention et de service aux autres valorisée car à priori noblement généreuse et désintéressée… mais qui se vend aussi bien que l'importance du chiffre d'affaires. Question de marketing.
Tous ces pères ont également en commun d'être bien loin de connaître les préoccupations et la vie quotidienne de leur famille spirituelle. Ils sont très préoccupés de donner une bonne image à ceux qui ne sont pas de leur famille mais ont un quasi mépris pour les leurs qui ne se conforment pas à l'image qu'ils veulent donner d'eux-mêmes en société. 
Ils ont beaucoup d'intérêt en revanche pour ceux qui ne dépendent pas d'eux et se posant en modèle, ils se glorifient volontiers  d'avoir bien agi avec ceux-ci,  en revanche non seulement il ne prennent pas réellement soin des leurs, mais en outre, en cas de crise, ils sont prompts à les menacer de reniement et si cela ne suffit pas ils sont prêts à utiliser la force brutale de la police à laquelle la société dans certains contextes, leur permet malheureusement de faire appel…

Visiblement leur conception de la paternité à tous ceux-là n'a que peu de rapport avec celle enseignée par le Christ  Jésus, Notre Seigneur et Notre Dieu. Puisse-t-Il dans son infinie miséricorde avoir pitié de leur incommensurable égoïsme et de leur peu de zèle à remplir leur divine mission, semblant ne plus connaître depuis un certain temps ni les dogmes de leur Église ni, et surtout, les préceptes évangéliques. Kyrie eleïson !
Maxime le minime, orthodoxe ordinaire.

Commentaires

Nikiforos a dit…
Cher Maxime,
Reconnaissant la pertinence et la justesse de votre propos, je souhaite toutefois poser une question: nous, Orthodoxes, n'avons-nous pas les évêques que nous méritons; ces évêques ne seraient-ils absolument pas le reflet de cette part de nous-même que nous ne voulons voir, faute d'être capables de la purifier?
Question subsidiaire : combien de grandes métanies faisons-nous chaque jour pour implorer le Seigneur d'éclairer nos évêques?
Fraternellement, en Christ,
Nikiforos
Maxime le minime a dit…
Cher Nikoforos,
Je me suis souvent posé la question. N'aurions-nous donc que ce que nous méritons ? Je n’en suis pas si sûr. Loin de moi l’idée de me comparer au plus petit des saints et encore aux plus grands mais il faut bien regarder l’histoire de notre Église et de nos saints : combien de grands saints ont eu à souffrir de leur entourage ecclésial même, non seulement de supérieurs injustes, sans discernement, voire indignes, imbus de leur fonction hiérarchique et abusant de leur pouvoir au détriment de saintes personnes reconnues ensuite ; sans parler par exemple de la période iconoclaste où ceux qui défendaient de toute leur âme la vraie foi ont été persécutés et martyrisés ?
N’oublions pas qu’il est même prévu dans les saints canons de quitter l’omophore d’un évêque s’égarant dans l’hétérodoxie et l’apostasie. Pour moi il n’est pas question de cela, Saint Païssios est mon guide et garde-fou en la matière : c’est à l‘intérieur de l’Église (et non en la quittant en provoquant un schisme) qu’il y a lieu de tenter de déciller les yeux d’un pasteur en train de s’égarer et pour cela la critique fraternelle est permise. Voilà ce que dit Saint Paissios :

"Dans le passé, de nombreux fidèles, moines ou laïcs, se sont détachés de l’Église à cause des unionistes. A mon avis chaque fois que des gens se séparent de l’Église à cause des fautes du Patriarche ils ne font pas bien du tout. C’est du dedans, tout près de notre Mère l’Eglise, qu’il est du devoir et de l’obligation de chaque membre de lutter à sa façon. Cesser de commémorer le Patriarche, se séparer et créer sa propre église et continuer à parler de façon blessante du Patriarche dénote un manque de sens." ST PAÏSSIOS L'ATHONITE )

Pour ce qui est de prier pour nos hiérarques, ne le faisons-nous pas plusieurs fois dans chacun de nos offices Le Seigneur ne nous a-t-Il pas dit :«Je vous dis encore que, si deux d'entre vous s'accordent sur la terre pour demander une chose quelconque, elle leur sera accordée par mon Père qui est dans les cieux. Car là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis au milieu d'eux… » (Matthieu 18:20). Pardonnez-moi mais si je n’ai aucun doute sur le bien-fondé des grandes métanies, j’ai tendance à penser que la prière communautaire vaut davantage que mes grandes métanies de grand pécheur.
J'ai par ailleurs le sentiment que prier pour quelqu'un de vivant ne peut être efficace que s'il entrouvre la porte de son coeur à un moment donné où est donnée la grâce de l'humilité (due souvent à une épreuve vécue par la personne) faute de quoi toutes nos prières butent contre le bois dur d'une porte fermée. Et penser que le redoublement de nos grandes métanies en direction et au bénéfice de la personne concernée puisse assurer sa conversion, cela risque fort de nous faire pécher nous-mêmes et de nous faire tomber dans le péché que nous aimerions voir abandonner chez l'autre : l'orgueil.
Bien fraternellement
Maxime