HOMMAGE à l'Archimandrite Père PLACIDE DESEILLE



Père Placide Deseille (ad multos annos !) aura été et demeure pour beaucoup d’entre nous francophones (re)venus à l’Orthodoxie, un guide spirituel précieux à bien des points de vue : par sa connaissance de notre milieu culturel et religieux d’origine, son érudition, sa connaissance solide et étendue des Saints Pères, la profondeur de son expérience spirituelle, et ses attaches irremplaçables avec la Sainte Montagne qui nous offre l’assurance d’une transmission et d’un enseignement orthodoxe authentiquement vécu. Les tribulations qui furent les siennes, conséquences de son engagement, témoignent d’une foi comme le roc et d’une espérance sans faille dont les « néo-orthodoxes » peuvent s’inspirer largement.
Nous pouvons nous réjouir de son irremplaçable témoignage (qui a sa part de martyre au sens plus restreint) comme nous devrions plus souvent avoir à l’esprit tous ces hommes de Dieu français, qui selon des charismes différents, ont témoigné et témoignent encore de l’Orthodoxie la plus exigeante dans notre pays. Il serait d’ailleurs préférable de prendre conscience de leur importance bien avant qu’ils ne nous quittent comme cela a été le cas de Père Denis (Mémoire éternelle !), les citer, les célébrer sans timidité, prier pour eux et... et les aider matériellement autant que nous le pouvons, car ils ont bien souvent à faire face à des diffcultés matérielles et administratives qui si elles ne nuisent pas à leur avancement spirituel, ne servent pas le développement de la véritable Eglise locale.

Les Pages orthodoxes de La Transfiguration ont transcrit le récit de son cheminement spirituel que je n’ai lu que lors d’un séjour au monastère de Simonos Petra à la Sainte Montagne il y a quelques années.
Le site pigizois nous offre également un précieux enregistrement de l'expérience spirituelle du Géronda en français traduit en grec, si j’ai bien reconnu la voix, par Mère Hypandia, higoumène du monastère de La Protection de la Mère de Dieu au mas de Solan, une des trois dépendances du monastère de Simonos Petra. Bien que cela date d'une visite à Chypre d'environ dix ans je crois, il n'est pas sans intérêt de l'entendre.
Pour écouter cet enregistrement cliquez   ICI

L'archimandrite Placide nous rappelle bien des choses importantes et essentielles sur ce qu'est vraiment l'Orthodoxie que nous ne devrions pas oublier si rapidement (sous le bon prétexte du désir de coexistence pacifique oecuméniste) et la difficulté à vivre sa foi en Occident quelquefois. En tout cas pour ce qui me concerne je me sens parfaitement en accord avec ce qu'il dit.

Commentaires

Anonyme a dit…
Merci pour votre article, j'apprécie beaucoup le père Placide que je ne connais qu'à travers ses écris. Chaque jour, je prie pour lui.
Vous qui semblez le connaître personnellement, permettez-moi de vous posez une question.
Je me suis toujours demandé comment fait le père Placide pour défendre l'Orthodoxie la plus stricte tout en restant soumis à l'autorité d'un patriarcat à la limite(?) de l'uniatisme ou pour enseigner à l'institut Saint-Serge, institut totalement pro-œcuménique ? Question délicate, je l'avoue mais qui me tourmente depuis longtemps.

Philippe K.
Maxime le minime a dit…
Je ne permettrai pas de dire ce que pense Père Placide à sa place. Tout ce que je sais, c'est que le rôle qu'il joue dans les lieux où il a pris place non sans difficultés est irremplaçable. Là où il se trouve à chaque fois,il est bon qu'il y soit, pour l'avenir de l'orthodoxie en France. On peut appeler ça de l'opportunisme, du pragmatisme, un bon équilibre entre acribie et économie...comme l'on voudra. Mais encore une fois je considère qu'il est où il peut être, et là où il est, il nous est précieux à nous orthodoxes "occidentaux" et surtout il confesse une foi orthodoxe sans faille quel que soit le contexte et les couleuvres qu'il a du avaler bien souvent et depuis longtemps, je n'en doute pas. Son sens de la mesure et la qualité de son expression sont autant de marques d'une courtoisie typiquement française que nous avons bien besoin d'entendre en ces temps, que quelques unes des vertus d'un moine véritable qui l'est depuis son plus jeune âge. Quant à moi, je ne suis qu'un orthodoxe ordinaire, alors... Que Dieu lui donne une longue vie pour sa propre divinisation et pour la nôtre !
Anonyme a dit…
Merci cher Maxime pour votre réponse.
Je comprends, bien sûr, que vous ne puissiez répondre à la place de père Placide.
Je ne maîtrise pas bien votre langue, c'est pourquoi je me permets de résumer avec mes mots ce que j'ai cru comprendre de votre réponse :
Père Placide fait tout ce qu'il peut pour garder et transmettre l'Orthodoxie la plus stricte et pour cela il se contraint à côtoyer certains milieux plus que "douteux" mais c'est pas facile !
Anonyme a dit…
Merci cher Maxime pour votre article sur le père Placide. Bien que n'étant pas orthodoxe, mais aspirant à le devenir, je suis touché par son expérience. Ayant lu le récit de son cheminement sur les pages de la Transfiguration, je me pose depuis longtemps une question concernant la venue à l'orthodoxie : je suis catholique de naissance et la plupart des Eglises orthodoxes en France proposent dans ce cas une chrismation ; pourtant, il semble d'après ce qu'en dit le père Placide que les moines de l'Athos préconisent un nouveau baptême complet. Pour ma part, je me pose effectivement des questions sur la valeur du baptême que j'ai reçu dans l'Eglise romaine. Que pouvez vous me dire sur ce sujet ? Quelle serait la meilleure solution ?

Thomas B.
Maxime le minime a dit…
Cher Thomas,
Merci pour votre commentaire et la confiance que vous voulez bien accorder au pécheur que je suis.
L’importance que vous donnez à la question indique à l'évidence un réel désir d’une nouvelle vie spirituelle, d’un réel et profond renouvellement de votre foi chrétienne. Dans ce sens votre désir d’un (« re »)baptême complet me parait on ne peut plus légitime.
J’ai eu aussi ce désir mais à l'époque, par souci de ne point heurter mon entourage j’ai accepté la seule chrismation d’autant que je n’avais pas reçu la confirmation catholique. Cependant, avec le recul des années cette précaution, qui a été un sacrifice de ma part, s'est avérée assez vaine. Ce serait donc à refaire, je désirerai l’immersion complète et je la conseille à ceux qui la désirent.
Seulement, comme notre clergé pour la plupart est soucieux de ménager la susceptibilité des hétérodoxes et comme cela ne contredit pas les canons concernant la réception des hétérodoxes dans l'Orthodoxie, on se contente généralement de la chrismation.
Je signale au passage que la chrismation est majoritairement pratiquée (sauf dans quelques rares Eglises où l'on se contente d'encore moins puisque la récitation du Credo sans le filioque suffit) ce qui signifie que si l'on ne "rebaptise" pas, on n'en "reconfirme" pas moins. Pourquoi le baptême n'est-il pas remis en question alors que la confirmation l'est ? Tout cela ressemble fort à un souci seulement "diplomatique" d'autant qu'il n'y a pas de discontinuité dans l'Orthodoxie - comme vous le savez sans doute - entre immersion, onction du Saint Esprit et Communion aux Saint Dons.
J'attache personnellement (mais c'est seulement la tradition de l'Église authentique après tout) beaucoup d'importance aux symboles expérimentés et vécus et pas seulement pensés ou imaginés, ce qui fait la valeur vitale de l'initiation chrétienne traditionnelle, autrement dit orthodoxe. L'immersion dans l'eau (d'un baptistère, d'un cours d'eau ou de la mer) est une expérience forte et qui grave dans le corps et l'esprit l'engagement que l'on prend pour une nouvelle vie. La spiritualité détachée du corps n'est que construction conceptuelle ou illusion spirituelle. Voilà mes convictions.
Alors si vous en éprouvez le besoin réel, allez-y !
Reste maintenant à savoir où et par qui ?
Si vous avez la possibilité de vous faire immerger à la Sainte Montagne ou dans un pays orthodoxe comme la Grèce, n'hésitez pas, c'est la solution la plus simple. Soyez tout de même prudent avec tout ce qui est zélotes du Vieux Calendrier, car si l'on vous y immergera à coup sur, il vous faudra ensuite faire face à toutes les paroisses des Eglises orthodoxes qui les considèrent comme schismatiques et qui vous refuseront la communion.
Mais il faudrait faire exprès, ils ne sont pas si nombreux et ce serait alors votre choix.
Pour ce qui est de la France, contactez d'abord le prêtre ou le moine qui vous paraît le plus à même de vous recevoir dans l'Orthodoxie, exprimez lui clairement et fermement votre désir et écoutez sa réponse.
Père Placide a indéniablement souffert pendant toute une période d'un certain ostracisme (de la part d'écclésiatiques catholiques - ce qui est assez logique - et même orthodoxes, sans doute plus préoccupés de diplomatie que de transmission de la foi authentique) à cause de ce "re-baptême" imposé sur la Sainte Montagne, mais il n'a jamais émis le moindre regret de l'avoir reçu que je sache. Adressez-vous à lui, exposez lui votre désir qui me parait suffisamment authentique pour être reçu favorablement.
Que Notre Seigneur vous guide !
Thomas B. a dit…
Merci, cher Maxime, pour votre réponse. J'envisageais depuis quelques temps de me rendre au monastère du Père Placide Deseille, voilà qui m'y encourage pleinement.

Merci également pour les divers textes que vous publiez en particulier celui sur le dimanche du pardon qui m'a particulièrement touché car je me sens moi aussi bien petit et, contrairement à vous, doté d'une foi bien fragile pour entreprendre ce "voyage".
Thomas
Maxime le minime a dit…
C'est un bon choix Thomas. Saluez bien Père Placide de ma part.Que Notre Seigneur, Dieu et Sauveur vous bénisse !