SAINT ÉLIE DE MAKEÏEVKA [1/2]

 


Dans le District de la région des cosaques du Don, aujourd'hui région de Donetsk


Très souvent, nous recherchons des miracles dans les temps anciens, sans remarquer ceux qui se produisent parmi nous alors que parfois, les saints vivent parmi nous et accomplissent des miracles. Un saint moine vivait au XXe siècle dans la ville minière de la région de Donetsk, Makeïevka ( à 5 km de Donetsk), avec une population de 356 000 personnes.

    Saint Élie de Makeïevka, tonsuré dans le grand schéma (dans le monde Ilya Yakovlevich Ganja), est né en 1837 dans le village de Makeïevka dans le District de la région des cosaques du Don (aujourd'hui la ville de Makeïevka, région de Donetsk, en Ukraine).

Les informations sur la vie de l'ascète, obtenues à partir des récits de témoins oculaires, sont rares – et elles concernent les dernières années de sa vie. À l'âge de quinze ans, il a quitté la maison de son père, comme il l'a dit de lui-même un jour : « Je suis parti à la recherche de lieux saints et maintenant je suis revenu ici pour mourir.»

    À propos de l'endroit où le l’Ancien a reçu la tonsure monastique et comment il a passé 90 ans de sa vie, sont connus de Dieu seul. Mais les œuvres merveilleuses que le Seigneur a révélées au monde dans les dernières années de la vie du starets témoignent des longues années de sa lutte spirituelle avec les passions et les tentations. Le Christ dispensateur de tous biens, l’a doté du don de l'amour, de la compassion, du réconfort, de la patience et de la clairvoyance.

Il n'a jamais parlé de sa vie ascétique. Une fois seulement, il a dit qu'il avait un kellion (cellule d’ermite) dans un endroit très difficile à atteindre, du haut duquel il fallait hisser la nourriture qu’on lui apportait avec une corde.

On sait que pendant de nombreuses années, le moine du grand Habit Élie a combattu dans le Skite du St Élie du Mont Athos, d'où il aurait déménagé à la Laure de Kiev-Pechersk ( Laure des grottes de Kiev) au début du XXe siècle.

    La révolution de 1917 et les persécutions qui s'en sont suivies contre les chrétiens ont changé le mode de vie traditionnel des pieux ascètes. Pour beaucoup, débuta alors le chemin du témoignage pour le nom du Christ, de l’errance et de l’érémitisme. Après l’établissement en 1926, par les sans-Dieu, d’un musée dans l’enceinte de la Laure, la communauté monastique fut progressivement expulsée des possessions monastiques, et en 1930, la Laure fut fermée.
    Le saint moine est apparu dans sa ville natale de Makeïevka en 1927 et fréquentait alors l’église de la Sainte-Trinité du village de Kalinovo à la périphérie de la ville, et après la fermeture du temple en 1936, il a déménagé dans la ville. Vivant dans la ville, le starets n'eut pour ainsi dire pas de logement qui lui soit propre jusqu'à la fin de sa vie, il ne possédait que des icônes et des livres des Saintes Écritures. Son refuge est devenu chez l'une ou l'autre famille de croyants de Makeïevka. Dans certaines maisons, il a vécu pendant longtemps, et dans d'autres deux, trois jours. était dû au fait que beaucoup venaient à lui pour obtenir des conseils, des enseignements, ce qui a provoqué l'irritation des autorités anti-religieuse. Par conséquent, dans les maisons où vivait le vieil homme, il y avait aussi des invités indésirables – la police et les gens du NKVD, dont l'apparition menaçait de graves ennuis imminents. Lors d'une de ces visites à la famille des Romanov, chez qui il vivait, quand il semblait que le vieil homme était sur le point d'être trouvé, il s’est dissimulé derrière le rideau qui couvrait l'une des chambres, tout en disant aux propriétaires : « Ne parlez pas de moi, et ne vous inquiétez pas, personne ne viendra ici.» Et en effet, le policier a tout examiné attentivement et a même regardé sous la table, et à l'endroit où se trouvait le vieil homme, il n'est même pas venu.
    L'Ancien était un homme de prière, la prière était pour lui l’essentiel dans sa vie. Il priait beaucoup, et particulièrement la nuit : il lisait quotidiennement l'Évangile, les acathistes, les Psaumes. Pour la prière de nuit, il invitait également des membres de la famille, et souvent des enfants. Quand il se reposait sur le banc devant la maison, il chantait des Psaumes. Il enseignait à prier à ceux qui venaient à lui et à ceux chez qui il vivait. En outre, il allait régulièrement au temple. « Le dimanche et les jours de fête, ne reste pas à la maison, va à l’église – et tout ira bien pour toi ! » conseillait-il.
    Malgré de fortes persécutions, menaçant non seulement d'arrestation, mais aussi de mort pour avoir caché un moine, beaucoup considéraient comme une grande joie le séjour de l’Ancien qui vivait dans leur maison. L'une des principales raisons en était qu'il était vénéré dans le peuple comme un vivant livre de prière, avec le don du discernement, dans lequel beaucoup de ceux qui venaient à lui avec des questions et des ennuis étaient éclairés. «Peu importe ce que le vieil homme demande dans sa prière, le Seigneur l'a entendu. » disaient-ils.
    Depuis quelque temps, il y avait des novices à côté de lui, qui prenaient soin de lui, lui trouvaient un abri, le préparaient ses repas et nettoyaient. C'étaient une pauvre jeune fille malade Thekla, la pélerine Pacha et la veuve Maria avec sa fille Elena. Avant de rencontrer le vénérable moine, elles étaient toutes ignorants et faibles dans la foi, mais la communion avec lui les a rendus spirituellement adultes,et profondément pieuses. Elles ont appris à lire les Psaumes en slavon d'église et les Saintes écritures
    Parfois, venaient secrètement des personnes de haut rang voir le starets pour parler et demander conseil, qui s'émerveillaient de son discernement et de sa sagesse.
    Selon la description de témoins oculaires le "vieil homme", comme il s'appelait lui-même, était beau, s'habillait d’une soutane claire, toujours lavée de sorte qu'elle semblait tout à fait nouvelle. Un de ses yeux était toujours couvert d'une paupière, de sorte que beaucoup pensaient qu'il n'avait qu’un œil. Cependant, sur les photos, il avait tout de même les deux yeux ouverts. Une fois qu’on lui en demandait la, il répondit : « Regarder ce monde avec un seul œil suffit. » Très probablement, c'est pourquoi les rideaux dans la cellule du vieil homme étaient toujours tirés. Le père Élie marchait rapidement, s'appuyant sur une canne. Beaucoup de jeunes et de personnes en bonne santé devaient accélérer le pas pour le suivre.
    « Et sa voix était spéciale, se souvient Nadejda Ivanovna, les voix des hommes sont généralement plutôt graves, et celles des personnes âgées sont en outre souvent rauques, mais le père Élie, bien qu’il eût la voix des hommes, avait un ton très gentil, affectueux, même doux, en un mot, bienheureux… »
    Mais cela ne l'empêchait pas de parler quelquefois aux gens avec rigueur et sévérité, quand ils le méritaient, cependant même quand le vieil homme prononçait quelque chose de terrible et réprobateur, il n'y avait pas de colère dans sa voix ni de méchanceté dans ses mots, jamais.
    L'ancien était doux, et bon. Des gens venaient constamment à lui, et jamais, même malade, il ne renvoyait personne sans un mot de réconfort et d'aide. Pour le soutien spirituel, les gens venaient non seulement de Makeïevka, mais aussi des villes voisines. N'étant pas lui-même un dignitaire de l’Église, le moine du grand schème accueillait des prêtres de Kiev et de Moscou. Ils le communiaient quand les temples étaient fermés, ils lui apportaient des soutanes neuves et des livres.
    Après avoir accumulé une riche expérience, il est retourné dans sa patrie par la Providence de Dieu pour devenir un phare spirituel pour le peuple de Dieu qui était perdu dans ces années difficiles d'épreuves. Il en a conduit beaucoup à la foi, leur a enseigné la prière, les a réconfortés, encouragés, instruits. Toute aide que le père Élie apportait aux gens était accompagnée d'un appel à la foi vivante en Dieu et à la prière. Il disait toujours à ceux qu'il aidait « Ce n'est pas le vieil homme qui t'a guéri, mais Dieu ! Dis merci au Seigneur ! Prie-Le, remercie-Le et tout ira bien dans votre vie !»
    

    Parfois, ses conversations étaient empreintes de reproches. Ainsi, une fois, une femme, allant chez le vieil homme, a décidé de lui apporter du lait en cadeau. Elle ne regrettait pas le lait, mais elle regrettait de lui laisser la carafe. Quand elle est venue à lui, la femme a dit : « Oh, père Élie, et moi qui suis venue les mains vides !». À quoi le starets a répondu « Et je sais! Tu ne regrettes pas le lait, mais tu regretterais la carafe. Si tu n’avais pas apporté de lait au vieil homme, ce ne serait pas bien grave ! Mais c'est effrayant que tu ne vénères pas Dieu ! Tu vis dans le monde sans Dieu – c'est cela qui est grave ! »
Ces femmes qui venaient à lui sans croix, il les appelait «musulmanes» [бусурманками] ; cependant, ces mots ne sonnaient pas comme des offenses. Quand il réprouvait de mauvaises actions, il traitait les gens de "scélérats". Mais même ceux que le vieil homme était loin d’appeler affectueusement, ont dit qu'il y avait plus de compassion paternelle, voire de chagrin pour ces «méchants», que de colère : ceux à qui étaient adressés de tels mots du vieil homme ne ressentaient pas du tout de ressentiment, mais seulement la douleur d'un père bienveillant et aimant pour les mauvaises actions de ses enfants. Il est arrivé, cependant, que certains de ses mots semblaient injustes et même cruels. Ainsi, un jour, deux jeunes femmes sont allées voir l'Ancien. L'une d'elles disait constamment en chemin : « Vers quel homme de Dieu allons-nous ! Et moi qui suis tellement pécheresse, juste une sale truie !» L'autre était simplement silencieuse. Quand elles sont arrivées chez le starets, il a ordonné la première de se tenir à la porte, et a invité l'autre à s'asseoir près du lit où il était couché. La femme douce a demandé : « Père Élie, pourquoi ne l'invitez-vous pas ? » Le starets a répondu «Les gens viennent à moi, beaucoup de gens, mais il n'y a jamais eu de truies ! Ça me manquait encore que des cochons viennent me voir ! » De ressentiment, la femme a interpellé le vieil homme pour le fait qu'il l'appelait un cochon, oubliant complètement comment, tout récemment, à cause d'une fausse humilité, elle s'appelait elle-même ainsi. Ainsi, le saint moine a révélé l'orgueil secret vivant dans l'âme de la visiteuse. Puis il a dit : "Oh, Oh! Si l'orgueil vit en toi, alors il vaut mieux te taire, ne dis rien de toi-même comme : "Je suis si mauvais…une sorte de...» (À suivre)

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