INTERPRÉTATION ORTHODOXE DE L'APOCALYPSE [1]
Le christianisme, en tant qu'esprit...
se retire du milieu de l'humanité, l'abandonnant [le monde] à sa chute.
Saint Ignace Brianchaninov
Aux chrétiens orthodoxes mystiquement liés, historiquement et structurellement, par le Saint-Esprit, pour les jours à venir
Il existe une perception croissante selon laquelle la grande saga de l’humanité a atteint un certain point de finalité, ou du moins de transformation finale. Les commentateurs contemporains sont cependant incertains quant à la signification de ce point et à ce qui peut se trouver au-delà. Les tentatives d’explication sont généralement tâtonnantes et futiles, basées sur des modèles linéaires cartésiens/kantiens, au sein desquels aucune « fin » n’est vraiment plausible.
Pourtant, rares sont ceux qui se sont tournés vers le christianisme orthodoxe, seul interprète authentique de cette période. Au lieu de cela, la « religion de l’homme », dans ses diverses mutations, balaie la civilisation comme une épidémie ; la foi en l’humanité a finalement rendu la foi en Dieu presque impossible, ou du moins hérétique. Jésus-Christ est considéré comme un concept dépassé – une simple sucette sentimentale pour les immatures ou les superstitieux. « Le christianisme dans son ensemble, écrit l'archimandrite Constantin du monastère de la Sainte Trinité de Jordanville, New York, est carrément déclaré comme une catégorie historique qui a survécu à elle-même. »
L’homme se considère désormais non pas comme un membre intégral (bien que modeste) du plan céleste, mais comme un membre isolé et accidentel dans un cosmos totalement matériel. Il ne croit pas en Dieu, il n’a donc ni espoir du ciel ni peur de l’enfer. En outre, il considère son attitude laïque et athée comme la meilleure preuve de maturité, avec la conviction qui s'est développée que l'homme est entré dans la "dernière période" — la période de maturité de l'humanité — où le concept de Dieu peut être rejeté. Pourtant, Dieu n’a pas été rejeté, mais plutôt coopté. L'homme ne se contente plus d'être simplement un homme (même s'il n'a visiblement pas réussi à répondre aux exigences élevées de son travail) : il veut être « Dieu » ! Se considérant par nature divin, un dieu en devenir, il ne tolère désormais aucune restriction à sa volonté et à son plaisir. Par la science et la magie, il force les portes de l'univers, notamment celles qui étaient autrefois fermées par la foi. Tout est possible; il fera ce qu'il voudra, car il a adopté le credo nihiliste de Nietzsche : « Tout est faux, tout est permis ! »
Mais alors que le monde est à la portée de l’homme, il semble toucher à sa fin ! Et ayant abandonné la foi et la vérité, l’homme ne peut honnêtement faire face à la crise. Comme le déplorait le Bienheureux père Séraphim Rose : « Il est incapable de penser (ou ne veut pas), en termes de fins, de choses ultimes. La soif de vérité absolue a disparu ; elle a été engloutie dans la mondanité. » Un grand gouffre se profile et la lumière qui avait guidé les pas précédents de l'homme ne s'étend pas dans le vide. Soudain, de l’obscurité effrayante, le monstre déformé qu’il a si imprudemment et sans vergogne attiré commence à émerger… (à suivre)
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