"Apprenons ce grand art : remettre tout entre les mains du Christ" par Mgr ATHANASIOS


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Une réconfortante et fortifiante homélie du
Métropolite Athanasios de Limassol. 
"Invoquer le Nom du Seigneur."
Athanasios 5


Dans l’éparchie d’Ekaterinbourg s’est déroulée du 27 au 29 mai 2016 une conférence monastique internationale «L’héritage patristique à la lumière de la tradition athonite : la guidance spirituelle», à laquelle ont pris part des archimandrites et higoumènes de Russie, de Grèce, de Chypre, de France, d’Allemagne et d’Ukraine. Le 28 mai, son Éminence le Métropolite Athanasios de Limassol, arrivé en Russie pour participer à la conférence, a également rencontré le clergé, les moines et des laïcs de l’éparchie. Cette rencontre fut consacrée à l’importance pour le Chrétien, particulièrement en ces temps de crise, de s’en remettre à la Providence Divine et de se sentir proche du Christ. Voici la traduction de son intervention, publiée sur le site Pravoslavie.ru le 06 juin 2016.

Notre époque connaît de nombreuses difficultés et de nombreux problèmes. Il y en eut beaucoup aussi en d’autres époques. De nombreux nuages s’amoncellent à l’horizon et les cœurs des hommes sont habités par de grandes inquiétudes. Dans le monde se produisent beaucoup d’événements difficiles, des «crises», mais nous, Chrétiens, nous devons nous occuper d’une seule crise, la crise du jugement de Dieu (En grec, jugement et crise peuvent se traduire par le même terme κρίση). Toute société reçoit une récompense en fonction de la vie qu’elle mène. Il en va de même en ce qui concerne chaque homme. Et dans toutes ces difficultés, nous entendons une voix, la voix de l’Évangile, la voix de notre Seigneur le Christ, Qui nous dit «Vous aurez à souffrir dans le monde, mais prenez courage: moi, j’ai vaincu le monde» (Jean 16:33).




Je vous dis aujourd’hui ce que je dis toujours lors des entretiens dans ma métropole. Il s’agit de mon expérience de vie. Quand j’étais moine à la Sainte Montagne, j’accomplissais mon obédience près de mon ancien, Geronda Joseph, et mon expérience m’a appris comment le diable combattait le moine. Ensuite, je suis devenu higoumène à Chypre, dans un grand monastère, et j’ai vu comment le diable attaque un higoumène. La lutte était plus forte que pour le simple moine car l’higoumène doit penser au monastère et à tous les moines. Mais avec l’aide de Dieu, j’ai pu soutenir ce combat. Après je suis devenu évêque et j’ai vu la guerre que le diable mène contre l’évêque. Elle est beaucoup plus intense qu’avec l’higoumène, car l’évêque se trouve à la tête de l’Église. Les différentes formes de service dans l’Église requièrent effort et labeur ; il faut toujours surmonter une multitude d’obstacles et de tentations. Rien ne se déroule sans tentation, aussi fort que nous puissions le souhaiter. Le diable élève des murs entiers à chaque pas que nous voulons accomplir. Arrive alors un moment où, en tant qu’homme, nous disons «C’est impossible!» Mais il est toujours possible d’accomplir l’œuvre de Dieu. La volonté de Dieu est telle que toutes les œuvres divines se réalisent à travers de grandes difficultés, par la lutte, afin qu’il soit évident que c’est Dieu qui les accomplit et non les efforts de l’homme, et afin que nous louions Dieu. En tant qu’évêque, j’ai pris conscience de ce que Dieu dirige l’Église et le monde entier. J’ai compris la signification des paroles du Seigneur, quand Il dit dans l’Évangile : «Que Ta volonté soit faite!» (Mat. 26:42)
Cela signifie que nous tous devons confier à la volonté et à la Providence divines tout ce qui concerne l’Église et le monde entier. C’est cela que nous prions lors de chaque Divine Liturgie. Après avoir commémoré la Très Sainte Mère de Dieu et tous les saints, à la fin de chaque ekténie, nous disons «Et confions-nous nous-mêmes les uns les autres et toute notre vie au Christ notre Dieu». C’est-à-dire que nous devons nous remettre nous-mêmes, nos frères et sœurs et parents, entre les mains du Christ. Nous confier, cela veux dire tout remettre, tout le poids, de nos mains aux mains du Christ. Il s’agit pour nous du plus grand acte d’amour et d’obéissance au Christ. C’est ce dont a parlé le Seigneur : «Je vous laisse la paix, Je vous donne Ma paix…Que votre cœur ne se trouble point et ne s’alarme point» (Jean 14:27).

Le Christ ne parle pas de la paix terrestre, qui dépend d’événements extérieurs, mais de la paix dont rien ne peut déposséder nos cœurs. Au cours des siècles, les Chrétiens ont témoigné de ce que rien ne peut enlever la paix du Christ de leur cœur. L’Église a vécu de nombreuses persécutions et difficultés. Jusqu’à une époque récente en Russie une grande persécution était dirigée contre la foi du Christ, et le Paradis se remplit de nouveaux saints et martyrs qui allèrent jusqu’au bout de leur ascèse pour le Christ. Malgré que des temps nouveaux soient arrivés, qui amènent aussi leurs difficultés, la parole de Dieu demeure immuable : Sa promesse d’être avec nous jusqu’à la fin des temps reste vraie et sûre. Il est possible que nous nous sentions opprimés par le poids des problèmes quotidiens, mais nous devons apprendre à nous défaire de ce fardeau et tout remettre dans les mains du Christ, dans l’esprit de l’Évangile. Il est dit dans l’Évangile : «Soyez toujours joyeux. Priez sans cesse». (1 Thess. 5:16,17) La joie et la prière doivent être les traits distinctifs de notre âme. Notre préoccupation principale doit être de devenir digne de l’union avec le Christ (et ce but s’atteint à travers l’Église). Quand nous nous inquiétons et nous tourmentons excessivement pour ce qui se passe autour de nous, nous offensons notre Père Céleste. C’est comme si nous Lui disions que nous nous préoccupions plus que Lui de ce qui se passe.
Au monastère, quand nous devions faire face à de grandes difficultés, nous allions chez notre geronda, le Père Joseph de Vatopedi et nous lui demandions : «Père, que faut-il faire quand nous sommes enferrés dans de telles épreuves? Comment en sortir?» Alors, Geronda nous apaisait :

«N’ayez crainte! Il ne vous arrivera ni plus ni moins que ce Dieu permettra».  

  

Et puisque Dieu sait ce qui va arriver, nous devons garder notre âme en paix et dire : «Que Ta volonté soit faite». Geronda Païssios donnait ce conseil aux moines : ceux qui vivent selon Dieu doivent se sentir comme des petits enfants dans les bras de leur mère. Dans les bras de sa mère, le petit ne craint rien. Rien ne peut l’inquiéter. Il ne pense à rien. Il se réjouit de la chaleur de l’étreinte et de l’amour de sa mère. De même, nous aussi devons dans nos âmes nous réjouir de l’amour du Christ. Saint Païssios disait encore ceci : «Le Christ est l’oxygène de l’homme. N’en faites pas du monoxyde de carbone!». Il disait cela quand les gens se tracassaient, soi-disant au nom du Christ, et avaient peur du lendemain. 

Un autre grand geronda qui vécut en Grèce, Saint Porphyrios le Kavsokalyvite, donnait tout le temps cette instruction à ses enfants spirituels : «Pensez seulement au Christ ! Ne vous occupez de rien d’autre que de Lui. Le Christ est tout. Remettez tout entre Ses mains et vous n’aurez rien à craindre». L’Esprit du Christ dans l’homme contemporain, c’est la joie et la liberté.


Souvent, nous éprouvons de l’inquiétude au sujet de notre salut, de celui de nos enfants, et des membres de notre famille, ou au sujet de notre patrie ou même de l’Église. Ce sont des sentiments humains et ils sont tout naturels, jusqu’à un certain point. Seulement si nous permettons à ces soucis de nous dominer, rapidement ils vont plonger toute notre âme dans les ténèbres. L’expérience pluriséculaire de l’Église nous a prouvé que la victoire qui triomphe du monde, c’est notre foi (1 Jean 5:4). La puissance de l’enfer ne vaincra jamais l’Église. L’Écriture nous dit aussi que pas un homme qui espère en Dieu ne sera confus (Isaïe 49:23). Il ne peut se faire qu’un homme faisant appel à Dieu ne reçoive pas de réponse.

Je terminerai cette brève intervention en narrant le sentiment que j’éprouve dans mon éparchie. Très nombreux sont ceux qui viennent à moi; ils sont des milliers. Ils se confessent, nous évoquons avec eux des sujets spirituels. Il existe des cas dans lesquels les gens ne peuvent rien faire. Malheureusement, ils vivent dans de telles conditions, dans une telle disposition d’esprit, qu’ils se préparent à un naufrage inévitable. Et malheureusement, ou heureusement, nous ne pouvons pas le leur dire, car le Christ ne nous le permet pas. Notre raison nous dit qu’ils vont à leur perte. Mais la foi dit qu’à Dieu tout est possible. Et quand de tels hommes nous demandent : «Que vais-je devenir ? Je ne ferai rien de bon de moi-même!», nous leur répondons par les mots de l’Ancien Testament, repris dans les Actes. Bien, tu ne peux rien y faire. Toutes les circonstances indiquent que tu vas à ta perte. Et cela peut concerner toutes les circonstances de notre vie; économiques, nationales, internationales. Mais que dit l’Esprit ? Dans les derniers temps, quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé. (Actes 2:21) Que nous reste-t-il à faire ? Invoquer le nom du Seigneur. Quels que nous soyons, quelles que soient nos difficultés, quelle que soit la situation dans laquelle nous nous trouvions, nous devons invoquer le nom du Seigneur. Et si nous avons la foi, et l’humilité, alors, le Seigneur sera toujours avec nous, Il sera toujours notre Sauveur et notre Libérateur.
Ici, en Russie, j’ai vu de nombreuses et superbes icônes byzantines de la Résurrection du Christ.


Le Christ, comme un homme fort, prend par la main Adam et Eve et les tire hors de l’enfer. Mais avez-vous remarqué un détail ? Il tient nos ancêtres non par la main mais par le poignet. Pourquoi fait-Il cela ? Pour montrer qu’Adam et Eve sont morts et qu’ils ne peuvent rien faire par eux-mêmes pour leur salut. Quand quelqu’un vous demande de lui donner la main, vous lui tendez la main et il vous prend par la main. Mais les morts on les prends par les poignets, car ils ne peuvent vous tendre la main, et on les soulève de force. Le Seigneur veut montrer ainsi qu’Il peut même ressusciter l’homme que le péché a mené à la mort. Et rien ne résiste à la force de l’amour du Christ. C’est pourquoi nous devons, chers frères et sœurs avoir la joie du Christ en nos cœurs, Son amour et Sa paix. N’acceptons rien qui puisse détruire cette paix, cette joie et cet amour en nous, que le Seigneur a installés en nos cœurs. Et apprenons ce grand art : remettre tout entre les mains du Christ. Je vous souhaite de conserver toujours cet amour et cette paix dans vos cœurs, par les prières de votre saint évêque, et des saints pères et frères moines. Amen.
Traduit du russe

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